Bohemian Flats

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by Mary Relindes Ellis




  DU MÊME AUTEUR

  Wisconsin, Buchet Chastel, 2007 ; 10/18, 2008

  Vous pouvez consulter le site de l’auteur à l’adresse suivante :

  http://maryrelindesellis.com

  MARY RELINDES ELLIS

  BOHEMIAN FLATS

  Traduit de l’américain

  par Marc Auligny

  À ma mère

  Relindes Catherine Alexander Berg

  qui s’intéressait aux gens de tous les milieux

  et de toutes les ethnies,

  qui croyait à la justice sociale,

  qui chérissait les histoires secrètes,

  qui adorait la vie au grand air

  et qui célébrait la différence.

  À ces gens extraordinaires, édifiants et indomptables

  du village bordant le fleuve, à Minneapolis,

  jadis connu sous le nom de

  Bohemian Flats.

  Aux Anishinaabeg/Chippewa du Wisconsin

  dont la résistance civile continuelle

  représente l’un des grands exemples

  de survie à un génocide physique et culturel.

  À la vérité, la mer en a rejeté quelques-uns & par ordre

  de la destinée, pour exécuter une action

  dont ce qui vient d’arriver n’est que le prologue. Ce qui

  doit suivre nous regarde, c’est votre rôle & le mien.

  Shakespeare, La Tempête, II, 1, 255-258,

  traduction de Pierre Le Tourneur

  Être adulte était, en majeure partie, être dans les ténèbres.

  Claire Keegan, « La Nuit des Sorbiers ».

  Prologue

  * * *

  1919

  IL EST DU MAUVAIS CÔTÉ DU FLEUVE. Il jauge la profondeur du Mississippi et réfléchit à la force du courant en cet endroit. Quelques pas derrière lui se dresse un relief calcaire couvert d’arbres et connu sous le nom de Falaise du Père Hennepin. Il peut facilement rejoindre le pont de pierre à arches multiples, un peu plus au nord, et gagner l’autre rive à pied. Mais il décide de traverser le fleuve à la nage car ici il est assez étroit, les chutes de Saint-Antoine en ayant réduit la largeur. Il enlève ses chaussures de ville, ses chaussettes, sa veste et son pantalon, sa cravate et sa chemise, et plie chacun des vêtements avant de les empiler soigneusement sur la rive couverte de galets. Il garde ses sous-vêtements et hésite seulement à ôter son maillot de corps. Estimant que cet habit créerait une résistance dans l’eau, il l’ôte. Il pénètre dans le fleuve jusqu’à la taille et entame une brasse. Parvenu à mi-distance, il laisse le courant œuvrer pour lui et écarte bras et jambes afin de flotter jusqu’au pont de Washington Avenue. Les falaises se font plus hautes. Il dépasse l’Institut de recherche et de ressources minéralogiques, situé au sommet de la falaise, sur la rive est, à l’entrée de l’université. Le fleuve s’élargit, devient une étendue familière ; il sent la chaleur du soleil sur l’eau et regarde fixement les nuages duveteux qui se détachent sur le bleu du ciel. Quelqu’un crie ; il lève la tête : deux personnes se tiennent sur la rive ouest. Comme il se rapproche, il voit que l’une d’elles est son neveu : ce dernier arbore une tunique vert olive, des hauts-de-chausses et des molletières de laine enroulées en spirale, ainsi que des chaussures de combat. L’allure de son neveu a quelque chose d’étrange. Il s’aperçoit que c’est le chapeau : il est coiffé d’un M1917, ce casque en forme de bol, et non du chapeau réglementaire qu’il porte en service normal ; il serre un nourrisson dans ses bras. À son côté se tient Alžběta Dvořák, sa voisine des Flats. Raymond le regarde donner le bébé à Alžběta. Puis son neveu ramasse une longue perche terminée par un crochet et pénètre dans l’eau jusqu’aux cuisses. Raymond se dirige peu à peu vers lui en jouant du bras gauche. Lorsque l’extrémité de la perche est quasiment à sa portée, il tend son bras droit. Il essaie à grand-peine d’attraper le crochet et le manque.

  « Non ! » hurle-t-il au moment où son neveu s’enfonce davantage dans l’eau. Il continue à flotter et passe devant eux. Son neveu crie, mais il ne l’entend pas. Alžběta l’interpelle également. Le bébé se met à pleurer.

  — Monsieur Davies !

  Une infirmière le secoue pour le réveiller.

  — Où suis-je ? demande-t-il.

  — À Londres. À l’hôpital. Vous aviez une forte fièvre, mais elle a baissé maintenant. Tout à l’heure, vous avez crié. Vous avez passé une de ces nuits ! Pendant un moment, j’ai cru que vous étiez allemand. Vous hurliez, et c’était de l’allemand. Enfin, d’après votre dossier, vous êtes anglais. Et à vous entendre tout à l’heure, on aurait dit un Américain.

  Il se redresse sur ses coudes, regarde les autres lits, puis tente de se rappeler. Où était-il avant ? Le bureau de Kell. Il observe un silence avant de répondre, le temps de rassembler ses esprits.

  L’infirmière éclate de rire.

  — Vous êtes comédien ?

  — Quelque chose comme ça, répond-il avec l’accent du nord de Londres.

  — Vous devez être très bon comédien, dit-elle en souriant. Un des médecins vous a entendu hier soir et il a cru à une erreur dans le dossier. C’est un Anglais, mais il a grandi en Allemagne avant la guerre. D’après lui, vous parliez un allemand impeccable, exactement comme un habitant du pays. Il a pensé que vous étiez peut-être né là-bas.

  Il esquisse un faible sourire.

  — Oh non. C’est seulement que j’ai eu un très bon professeur, répond-il. Je suis fatigué. Je crois que je vais dormir encore un peu.

  À la vérité, il est seulement désireux qu’elle s’en aille.

  — Très bien, alors.

  En la regardant s’éloigner, il prie le ciel de faire qu’il ne se soit pas trahi. C’est d’être ainsi malade, en proie à la fièvre et aux hallucinations, qui est le plus dangereux : cela ne manque jamais de le faire revenir en arrière, de le ramener à son enfance.

  À ce pays qui fut le premier de sa vie.

  Historia

  * * *

  1881-1896

  RAIMUND CROYAIT AUX MIRACLES, À L’ÉPOQUE. Si avec l’âge il devait les mettre en doute, il ne pouvait nier que ce goût pour le miraculeux avait été essentiel à sa décision de fuir l’Allemagne. Enfant bavard dès l’âge de deux ans, il savait lire à quatre et, au grand agacement de ses frères et sœurs, tout l’intéressait. L’Histoire, surtout, le passionnait et il ne trouvait pas incompatible de croire aux miracles également. C’était à cause de sa mère, dirait-il par la suite à ses étudiants : une fervente catholique doublée d’une rebelle qui avait entrepris une quête silencieuse de la vérité.

  C’était la veille de son dixième anniversaire. Il parlait des miracles avec Leo Kritz, son meilleur ami. N’était-ce pas un miracle, disait Raimund, que tous deux soient nés la même année, le même jour et presque à la même heure ?

  — Peut-être, répondit Leo.

  Ils étaient assis sur les marches du Rathaus, le somptueux hôtel de ville d’Augsbourg. Leo avait apporté des cartes pour qu’ils puissent s’exercer au poker, un jeu américain.

  — Vous, les luthériens, vous ne croyez pas aux miracles.

  Leo répondit sans lever les yeux de ce que Raimund soupçonnait d’être une main gagnante :

  — Si, on y croit. C’est seulement qu’on n’en parle pas tout le temps comme vous, les papistes.

  Raimund regarda ses propres cartes. Leo avait raison : les luthériens d’Augsbourg considéraient les miracles à la fois en tant que manifestations éclatantes du mysticisme catholique et comme un prétexte éhonté pour faire du trafic de saintes reliques – choses dont les protestants s’étaient débarrassés au moment de la Réforme. Deux semaines plus tôt, ils avaient étudié le traité de paix d’Augsbourg qui, en 1555, avait p
ermis aux deux religions de coexister dans une dualité fragile. Pendant la récréation, Raimund avait joué à être le pape Marcel II et Leo, Martin Luther. Ils marchaient çà et là dans la cour en se faisant la révérence et en disant « Paix » avant de se livrer à un duel oratoire au sujet de leurs différences. Puis, la semaine suivante, leur professeur avait entamé une leçon sur la guerre de Trente Ans. Leo avait alors endossé le rôle du Lion du Nord, le roi Gustave Adolphe de Suède, qui envoyait ses armées aider les protestants à s’emparer de la ville ; Raimund, quant à lui, était général dans l’armée catholique, et ils s’affrontaient à coups de branches de chêne dépouillées de leurs feuilles. En apercevant ce simulacre de bataille, le directeur avait reconnu les branches du jeune arbre planté par ses soins quinze ans plus tôt afin d’ombrager le côté sud de l’école.

  — Cette guerre est terminée ! cria-t-il en traînant les deux garçons par l’oreille jusqu’à l’intérieur du bâtiment.

  — Mais ça, on ne l’a pas encore appris ! protesta Leo.

  — Alors vous allez l’apprendre !

  Il leur fut interdit d’accéder à la cour jusqu’à la fin de la semaine et ils passèrent donc leurs récréations dans la classe à lire le reste de la leçon sur cette guerre. Leo fut le premier à achever sa lecture et referma son livre d’un air déconfit. Raimund ne tira cependant aucune gloire en découvrant que les catholiques avaient fini par l’emporter, après avoir assiégé Augsbourg au mois d’octobre 1634 et affamé la garnison suédoise tout l’hiver pour forcer l’ennemi à sortir. Leo, lui, prit cette défaite vieille de deux cent quarante-sept ans comme un affront personnel, jusqu’à ce qu’il se console en répétant l’histoire qu’il avait déjà maintes fois racontée à Raimund.

  Il jurait que l’une de ses arrière-arrière-arrière-grands-mères (il ne savait pas très bien jusqu’où remontait cet épisode), qui était catholique, avait épousé un de ces soldats suédois affamés et lui avait ainsi sauvé la vie. Mais, pour ce faire, elle avait dû se convertir.

  — Ça, c’était un miracle, ne manquait jamais de souligner Leo.

  Raimund avait rapporté l’histoire de Leo à sa mère la première fois qu’il l’avait entendue, sans oublier de préciser que, d’après son ami, il s’agissait d’un miracle. Elle avait haussé un sourcil.

  — Il n’y a là rien de miraculeux. Elle est tombée amoureuse et elle a perdu la tête. Le soldat était assez malin pour en profiter. Il a eu la vie sauve et il a ajouté une convertie à sa foi. C’est elle qui a été conquise, pour finir. Mais ne va pas dire ça à Leo. Chaque famille a droit à ses histoires, vraies ou fausses.

  — Regarde ! On voit bien que je suis suédois, fit Leo en désignant ses cheveux d’un blond presque blanc.

  Puis il plaqua ses mains sur son visage et tira sur sa peau afin de mettre en valeur ce qu’il appelait son « faciès scandinave ». Leo avait des yeux d’un bleu-gris pâle qui évoquait à Raimund de la glace par une journée maussade, et sa peau claire rougissait au soleil plus qu’elle ne bronzait. Pour cette raison, ses parents veillaient toujours à ce qu’il porte un chapeau, des manches longues et un pantalon, alors que les autres garçons portaient la culotte courte de l’uniforme de l’école. Il voulait devenir Viking plus tard, mais il était tout petit à l’époque et n’atteindrait pour finir qu’une taille d’un mètre soixante-deux. Même si, comme Raimund, il venait d’une famille de fermiers, Leo était un enfant méticuleux, il se lavait avec du savon parfumé à la menthe. Ce qui lui valait des quolibets de ses camarades et le surnom de « Pastille de Menthe ». Pour sa part, Raimund ne prêtait guère attention aux vêtements de son ami ni à son odeur de bonbon : il aimait Leo parce qu’il était intelligent et loyal.

  — Ça se pourrait bien, fit remarquer Raimund après avoir observé le visage de Leo. Mais ton pif, il est allemand ! ajouta-t-il, taquin.

  Et il lui donna une tape sur le nez.

  Le matin même, ils avaient découvert une autre des raisons pour lesquelles la guerre de Trente Ans avait pris fin. Les deux camps, exténués et démoralisés, s’étaient en effet rendu compte qu’ils avaient un ennemi plus grand que leurs différences spirituelles : non seulement l’Allemagne avait perdu un tiers de sa population, mais la guerre avait anéanti sa position centrale en matière d’échanges. La menace qui pesait sur les grandes industries commerciales et la place de la nation sur le marché mondial avait apporté une unité timide, mais nécessaire. Cependant, l’économie allemande stagnait.

  — Vous, les jeunes, vous n’imaginez pas la chance que vous avez d’être nés après 1850, avait commenté Herr Professor Schmidt. Nous n’avons retrouvé notre puissance et notre stabilité commerciales qu’au cours de ces cinquante dernières années.

  Raimund jeta un coup d’œil au chapeau de feutre de Leo. Il ne lui avait jamais demandé en quoi les luthériens différaient tant des catholiques. Le dimanche, le cabriolet de la famille Kaufmann suivait celui de la famille Kritz : elles se rendaient à la même église, la basilique Saint-Ulrich-et-Sainte-Afre. Mais la famille de Raimund accédait à la partie la plus vaste et la plus dorée de la basilique, qu’on appelait Sainte-Afre, alors que celle de Leo pénétrait par une porte de la façade nord dans une petite salle réservée à la prédication, Saint-Ulrich. C’est à son frère Albert que Raimund avait fini par poser la question.

  — Leurs prêtres peuvent se marier et avoir des enfants. Et ils ne gigotent pas autant, avait-il répondu en mimant la gymnastique qui consistait à s’agenouiller, se lever, s’asseoir, tremper les doigts dans l’eau bénite et faire le signe de croix. Ils n’ont pas non plus de statues et ils pensent que l’art est décadent.

  Albert avait ensuite affiché un large sourire, persuadé que Raimund ignorait le sens de décadent. Et c’était le cas, en effet, mais il n’allait sûrement pas l’avouer à Albert.

  — Qu’est-ce que tu veux pour ton anniversaire ? demanda Leo.

  — Un miracle. Mais je ne peux pas dire ce que c’est. Il se pourrait que ce soit un péché.

  — Tu peux me le dire à voix basse ? demanda Leo. Je ne le répéterai à personne. Promis. Ensuite, je te dirai ce que moi, je veux.

  Raimund se pencha et chuchota quelques mots à l’oreille de Leo.

  — C’est ce que je veux aussi ! s’écria ce dernier. Et puis devenir plus grand.

  — C’est vrai ?

  — Ja.

  Il regarda derrière Raimund et, voyant Albert qui approchait à cheval, ramassa précipitamment les cartes avant de les fourrer dans sa poche.

  — Voilà ton frère qui arrive.

  — Il faut qu’on prie pour ça ce soir. Quelle prière tu vas réciter ? demanda Raimund en se dépêchant de se lever et en essuyant la poussière de sa culotte d’uniforme.

  — Moi, je vais dire le Notre Père, répondit Leo, et toi, le Je vous salue Marie. Ensuite, on verra laquelle aura marché.

  Raimund était content : sa mère préférait le Je vous salue Marie. Selon elle, la Vierge avait une plus grande compréhension des mortels, puisqu’elle avait jadis compté parmi eux.

  Albert arrêta son cheval, le temps que les deux garçons se mettent en selle derrière lui. Leo descendit lorsqu’ils parvinrent à la ferme familiale, à deux milles au sud d’Augsbourg, puis Raimund et Albert parcoururent le mille qui les séparait de chez eux.

  — N’oublie pas ! hurla Raimund tandis que Leo s’éloignait sur la route à toutes jambes.

  — Oublier quoi ? demanda Albert.

  — De faire ses devoirs, répliqua Raimund.

  Ce soir-là, Raimund pria, allongé dans son lit, la couverture ramenée par-dessus la tête. Il se réveilla tôt le lendemain matin ; mais lorsqu’il mesura son pénis à la règle, celui-ci n’avait pas changé de taille. Albert se retourna dans son lit et Raimund glissa la règle sous le matelas.

  — Ton Schwanz n’est pas plus grand. Tu auras beau prier autant que tu voudras, rien n’y fera. Ça viendra naturellement quand tu auras douze ans, dit Albert avec l’autorité nonchalante d’un enfant de treize ans
. Peut-être un peu plus, ajouta-t-il en regardant Raimund du coin de l’œil. Rendors-toi.

  Le lendemain matin, pendant la récréation, Raimund interrogea Leo :

  — Alors ?

  Leo enfonça le bout de sa chaussure dans la terre ; il était manifestement déçu.

  — Non, répondit-il. Et toi ?

  — Ça n’a pas marché pour moi non plus, dit Raimund. Peut-être l’année prochaine.

  Cependant, Raimund se sentit plus grand et plus fort, ce soir-là, lorsqu’il s’acquitta des corvées de la ferme après la classe. Estimant que la Sainte Vierge ne l’avait pas complètement abandonné, il récita le Je vous salue Marie alors qu’il menait les moutons de son père à un nouveau pâturage. Il bouscula un peu la dernière brebis pour l’y faire entrer, referma le portail, puis alla dans la cour afin de se débarbouiller à la pompe avant le dîner.

  Son père rentra avec deux heures de retard. Ils l’entendirent longer la maison à cheval et aller jusqu’à la grange. Il faudrait compter encore une demi-heure avant qu’il franchisse le seuil, puisqu’il donnait toujours la priorité aux animaux, surtout aux chevaux. Il dessellerait le hongre et l’épongerait avec de l’eau tiède pour que la sueur accumulée pendant le trajet ne colle pas les poils de sa robe en séchant, ce qui rendait l’animal difficile à étriller ensuite. Il remettrait de l’avoine dans la mangeoire et de l’eau fraîche dans le seau avant de le conduire à sa stalle.

  Assise à la table de la cuisine, la famille attendait. Selon la règle instaurée par le père de Raimund, le dîner devait être servi à six heures. La nourriture avait été disposée dans un plat, prête à être consommée au moment requis. À six heures et demie, sa mère et ses sœurs débarrassèrent le rôti de porc et les garnitures afin de les remettre sur le fourneau pour qu’ils restent chauds. Elles se taisaient. Otto, son frère aîné, regardait le feu qui brûlait dans la cheminée. Albert somnolait sur sa chaise. Greta et Liliane revinrent à table et s’assirent, résignées. Raimund jeta un coup d’œil à la Torte d’anniversaire qui attendait sur le plan de travail, puis à sa mère. Ce n’était pas la première fois que son père rentrait en retard et si cela agaçait sa mère, elle le supportait, comme eux, les incitant à boire un verre d’eau pour tromper leur faim. Mais ce jour-là, elle se leva à plusieurs reprises pour regarder par la fenêtre. Elle alla même jusque dans la brasserie, vaste extension à l’arrière de la maison, où son père fabriquait, buvait et vendait sa propre bière.

 

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