années avant de connaître le gain. Ou la perte.
Pendant les jours qui ont suivi Tableaux 12 j’ai examiné la question du mal mortel dont j’ai prétendu l’existence délétère et ai sautillé, de droite, de gauche, pour construire une représentation satisfaisante de la science qui nous manque.
J’en ai déjà parlé et esquissé quelques contours pour aboutir à la science de l’Homme vivant. Une approximation.
Nous sommes maintenant capables d’étudier une cellule dans la totalité de son volume et en fonctionnement. Avant nous n’avions qu’une cellule écrasée ou coupée par sonr travers. Donc nos connaissances sont d’abord celles des cellules mortes. La connaissance d’une cellule vivante est récente.
Il en est de même des sociétés humaines et des humains. Les connaissances que nous avons sont celles de sociétés mortes et d’humains qui ne valent pas mieux. La mort a déjà eu lieu, on écrase ce qui vit, on coupe dans le vif et nous fixons.
Ainsi lorsque nous votons. Il est supposé que notre opinion faite, nous ne devons plus être influencés par le moindre évènement. L’opinion se serait cristallisée. Ce qui est faux. Ceux qui tiennent à leur vote n’en changeront jamais quoiqu’il se passe. Quant aux autres, les indécis, jusqu’au dernier moment nous utiliserons divers événements pour fabriquer et nous justifier notre choix. Pourquoi laisser le temps, la température, la visite aux beaux-parents dicter notre choix ? Pour quelle raison nous interdire de décider en fonction du vote qui se fait et de prendre subitement parti pour l’un ou l’autre des candidats ? Pour quelle raison nous interdire le rôle d’arbitre ?
Je connais la réponse. C’est pour que le bookmaker soit toujours gagnant.
Dressons d’autres tableaux !
Du côté du stratège, lorsque notre système d’observation reste braqué sur la France, nous pouvions constater jusqu’à ces derniers jours que seul not’Président en présentait le plus de ces qualités que nous avions définies. La possible innocence de DSK a rendu tous les autres prétendants indistincts en même temps. Aucun n’ose être l’Homme révolté.
Reste l’inconsistance logique dont not’Président est le Grand Maître. Il guerroie au loin. Tous les autres prétendants sont plutôt arqués sur leur sillon, faisant le pari que, le dos rond, la tempête ne gâtera pas trop leur récolte espérée. Je crois entendre Perette et le pot au lait sempiternellement répétée, accompagnée au violon par un Zinoviev grinçant.
J’ai le sentiment que mon Isleurofrika a quelque consistance et que les Etats-Unis d’Afrique espérés tant par Wade que Kadhafi étaient déjà une tentative de résistance au broyage du continent par les nouveaux Empire en formation. Alors ces deux là sont de bons stratèges.
L’appel du Président polonais à reformer l’Europe est bien la conscience – enfin je l’espère – que rien n’est fait tant que la forme n’est pas forgée. Une agence de notation européenne est une bonne idée car de toute façon nous le savons bien, personne n’est neutre dans cette histoire.
Une blague ? Un commentateur voulant sauver Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch, a eu la bonne idée, à propos du Portugal, d’affirmer qu’elles n’avaient fait que ratifier ce qui se passe déjà sur les marchés. Or les marchés ne sont que l’opinion. Si ces agences ne reflètent que l’opinion et l’amplifient alors gloire à Mandelbrot ! Car il n’existe plus d’outils de régulation, juste des amplificateurs de résonnance !
Et nous savons ce qui se passe. Tout pète !
La Turquie ne semble pas s’en sortir avec ses rêves d’Empire – il est impossible de revenir en arrière. C’est le moment de l’intégrer et qu’elle vienne épauler la Grèce. Ce sera dur, très dur mais il nous faut conforter notre frontière à l’Est puisque nous quittons l’Afghanistan.
Quant à notre frontière du sud, elle se redéfinit. Nous devons aider l’Algérie à se refonder en n’ayant plus comme horizon de cohérence sa guerre de Libération. Cet horizon là va la faire exploser en milles morceaux si les gouvernants tentent de la maintenir à tout prix.
Pourtant je constate que nous sommes incapables de lier les deux faces de nos frontières, l’interne et l’externe. Nous n’arrivons pas à intégrer cette dernière et lui donner des représentations honorables à l’intérieur. Alors quant à les brandir à l’extérieur ! C’est une erreur fondamentale. Ça nous perdra.
C’est pourquoi je considère la crise financière comme secondaire. Elle est secondaire parce qu’elle ne sera pas la dernière. Je la trouve systémiquement normale. Elle n’est qu’un symptôme.
Cependant des stratèges de l’Isleurofrika sont observables. Peut-être nous devons prendre exemple sur la Papauté. Elle sait où elle doit aller chercher les prochains Papes. Elle a lu Schiavone .. ; et j’espère Filippi !
FIN
Sur l’auteur :
Michel Filippi
Archives Poincaré, Groupe de recherche Academos, Nancy 2.
Connect with Les Editions Lexemplaire on line :
https://lexemplaireeditions.tumblr.com
Clinique Stratégique (3). Tableaux. Page 5