20000 Lieues sous les mers Part 2

Home > Fiction > 20000 Lieues sous les mers Part 2 > Page 14
20000 Lieues sous les mers Part 2 Page 14

by Jules Verne


  Mais bientôt ces derniers représentants de la vie animale disparurent, et, au-dessous de trois lieues, le Nautilus dépassa les limites de l'existence sous-marine, comme fait le ballon qui s'élève dans les airs au-dessus des zones respirables. Nous avions atteint une profondeur de seize mille mètres quatre lieues et les flancs du Nautilus supportaient alors une pression de seize cents atmosphères, c'est-à-dire seize cents kilogrammes par chaque centimètre carré de sa surface !

  « Quelle situation ! m'écriai-je. Parcourir dans ces régions profondes où l'homme n'est jamais parvenu ! Voyez, capitaine, voyez ces rocs magnifiques, ces grottes inhabitées, ces derniers réceptacles du globe, où la vie n'est plus possible ! Quels sites inconnus et pourquoi faut-il que nous soyons réduits à n'en conserver que le souvenir ?

  Vous plairait-il, me demanda le capitaine Nemo, d'en rapporter mieux que le souvenir ?

  Que voulez-vous dire par ces paroles ?

  Je veux dire que rien n'est plus facile que de prendre une vue photographique de cette régions sous-marine ! »

  Je n'avais pas eu le temps d'exprimer la surprise que me causait cette nouvelle proposition, que sur un appel du capitaine Nemo, un objectif était apporté dans le salon. Par les panneaux largement ouverts, le milieu liquide éclairé électriquement, se distribuait avec une clarté parfaite. Nulle ombre, nulle dégradation de notre lumière factice. Le soleil n'eût pas été plus favorable à une opération de cette nature. Le Nautilus, sous la poussée de son hélice, maîtrisée par l'inclinaison de ses plans, demeurait immobile. L'instrument fut braqué sur ces sites du fond océanique, et en quelques secondes. nous avions obtenu un négatif d'une extrême pureté.

  C'est l'épreuve positive que j'en donne ici. On y voit ces roches primordiales qui n'ont jamais connu la lumière des cieux, ces granits inférieurs qui forment la puissante assise du globe, ces grottes profondes évidées dans la masse pierreuse, ces profils d'une incomparable netteté et dont le trait terminal se détache en noir, comme s'il était dû au pinceau de certains artistes flamands. Puis, au-delà, un horizon de montagnes, une admirable ligne ondulée qui compose les arrière-plans du paysage. Je ne puis décrire cet ensemble de roches lisses. noires, polies, sans une mousse, sans une tache, aux formes étrangement découpées et solidement établies sur ce tapis de sable qui étincelait sous les jets de la lumière électrique.

  Cependant, le capitaine Nemo, après avoir terminé son opération, m'avait dit :

  « Remontons monsieur le professeur. Il ne faut pas abuser de cette situation ni exposer trop longtemps le Nautilus à de pareilles pressions.

  Remontons ! répondis-je.

  Tenez-vous bien. »

  Je n'avais pas encore eu le temps de comprendre pourquoi le capitaine me faisait cette recommandation, quand je fus précipité sur le tapis.

  Son hélice embrayée sur un signal du capitaine, ses plans dressés verticalement, le Nautilus, emporté comme un ballon dans les airs, s'enlevait avec une rapidité foudroyante. Il coupait la masse des eaux avec un frémissement sonore. Aucun détail n'était visible. En quatre minutes, il avait franchi les quatre lieues qui le séparaient de la surface de l'Océan, et, après avoir émergé comme un poisson volant, il retombait en faisant jaillir les flots à une prodigieuse hauteur.

  XII. CACHALOTS ET BALEINES

  Pendant la nuit du 13 au 14 mars, le Nautilus reprit sa direction vers le sud. Je pensais qu'à la hauteur du cap Horn, il mettrait le cap à l'ouest afin de rallier les mers du Pacifique et d'achever son tour du monde. Il n'en fit rien et continua de remonter vers les régions australes. Où voulait-il donc aller ? Au pôle ? C'était insensé. Je commençai à croire que les témérités du capitaine justifiaient suffisamment les appréhensions de Ned Land.

  Le Canadien, depuis quelque temps, ne me parlait plus de ses projets de fuite. Il était devenu moins communicatif, presque silencieux. Je voyais combien cet emprisonnement prolongé lui pesait. Je sentais ce qui s'amassait de colère en lui. Lorsqu'il rencontrait le capitaine, ses yeux s'allumaient d'un feu sombre, et je craignais toujours que sa violence naturelle ne le portât à quelque extrémité.

  Ce jour-là, 14 mars, Conseil et lui vinrent me trouver dans ma chambre. Je leur demandai la raison de leur visite.

  « Une simple question à vous poser, monsieur, me répondit le Canadien.

  Parlez, Ned.

  Combien d'hommes croyez-vous qu'il y ait à bord du Nautilus ?

  Je ne saurais le dire, mon ami.

  Il me semble, reprit Ned Land, que sa manoeuvre ne nécessite pas un nombreux équipage.

  En effet, répondis-je, dans les conditions où il se trouve, une dizaine d'hommes au plus doivent suffire à le manoeuvrer.

  Eh bien, dit le Canadien, pourquoi y en aurait-il davantage ?

  Pourquoi ? » répliquai-je.

  Je regardai fixement Ned Land, dont les intentions étaient faciles à deviner.

  « Parce que, dis-je, si j'en crois mes pressentiments, si j'ai bien compris l'existence du capitaine, le Nautilus n'est pas seulement un navire. Ce doit être un lieu de refuge pour ceux qui, comme son commandant, ont rompu toute relation avec la terre.

  Peut-être, dit Conseil, mais enfin le Nautilus ne peut contenir qu'un certain nombre d'hommes, et monsieur ne pourrait-il évaluer ce maximum ?

  Comment cela, Conseil ?

  Par le calcul. Étant donné la capacité du navire que monsieur connaît, et, par conséquent, la quantité d'air qu'il renferme ; sachant d'autre part ce que chaque homme dépense dans l'acte de la respiration, et comparant ces résultats avec la nécessité où le Nautilus est de remonter toutes les vingt-quatre heures... »

  La phrase de Conseil n'en finissait pas, mais je vis bien où il voulait en venir.

  « Je te comprends, dis-je ; mais ce calcul-là, facile à établir d'ailleurs, ne peut donner qu'un chiffre très incertain.

  N'importe, reprit Ned Land, en insistant.

  Voici le calcul, répondis-je. Chaque homme dépense en une heure l'oxygène contenu dans cent litres d'air, soit en vingt-quatre heures l'oxygène contenu dans deux mille quatre cents litres. Il faut donc chercher combien de fois le Nautilus renferme deux mille quatre cents litres d'air.

  Précisément, dit Conseil.

  Or, repris-je, la capacité du Nautilus étant de quinze cents tonneaux, et celle du tonneau de mille litres, le Nautilus renferme quinze cent mille litres d'air, qui, divisés par deux mille quatre cents... »

  Je calculai rapidement au crayon :

  « ... donnent au quotient six cent vingt-cinq. Ce qui revient à dire que l'air contenu dans le Nautilus pourrait rigoureusement suffire à six cent vingt-cinq hommes pendant vingt-quatre heures.

  Six cent vingt-cinq ! répéta Ned.

  Mais tenez pour certain, ajoutai-je, que, tant passagers que marins ou officiers, nous ne formons pas la dixième partie de ce chiffre.

  C'est encore trop pour trois hommes ! murmura Conseil.

  Donc, mon pauvre Ned, je ne puis que vous conseiller la patience.

  Et même mieux que la patience, répondit Conseil, la résignation. »

  Conseil avait employé le mot juste.

  « Après tout, reprit-il, le capitaine Nemo ne peut pas aller toujours au sud ! Il faudra bien qu'il s'arrête, ne fût-ce que devant la banquise, et qu'il revienne vers des mers plus civilisées ! Alors, il sera temps de reprendre les projets de Ned Land. »

  Le Canadien secoua la tête, passa la main sur son front, ne répondit pas, et se retira.

  « Que monsieur me permette de lui faire une observation, me dit alors Conseil. Ce pauvre Ned pense à tout ce qu'il ne peut pas avoir. Tout lui revient de sa vie passée. Tout lui semble regrettable de ce qui nous est interdit. Ses anciens souvenirs l'oppressent et il a le coeur gros. Il faut le comprendre. Qu'est-ce qu'il a à faire ici ? Rien. Il n'est pas un savant comme monsieur, et ne saurait prendre le même goût que nous aux choses admirables de la mer. Il risquerait tout pour pouvoir entrer dans une taverne de son pays ! »

  Il est certain que la monoton
ie du bord devait paraître insupportable au Canadien, habitué à une vie libre et active. Les événements qui pouvaient le passionner étaient rares. Cependant, ce jour-là, un incident vint lui rappeler ses beaux jours de harponneur.

  Vers onze heures du matin, étant à la surface de l'Océan, le Nautilus tomba au milieu d'une troupe de baleines. Rencontre qui ne me surprit pas, car je savais que ces animaux, chassés à outrance, se sont réfugiés dans les bassins des hautes latitudes.

  Le rôle joué par la baleine dans le monde marin, et son influence sur les découvertes géographiques, ont été considérables. C'est elle, qui, entraînant à sa suite, les Basques d'abord, puis les Asturiens, les Anglais et les Hollandais, les enhardit contre les dangers de l'Océan et les conduisit d'une extrémité de la terre à l'autre. Les baleines aiment à fréquenter les mers australes et boréales. D'anciennes légendes prétendent même que ces cétacés amenèrent les pêcheurs jusqu'à sept lieues seulement du pôle nord. Si le fait est faux, il sera vrai un jour et c'est probablement ainsi, en chassant la baleine dans les régions arctiques ou antarctiques, que les hommes atteindront ce point inconnu du globe.

  Nous étions assis sur la plate-forme par une mer tranquille. Mais le mois d'octobre de ces latitudes nous donnait de belles journées d'automne. Ce fut le Canadien il ne pouvait s'y tromper qui signala une baleine à l'horizon dans l'est. En regardant attentivement, on voyait son dos noirâtre s'élever et s'abaisser alternativement au-dessus des flots, à cinq milles du Nautilus.

  « Ah ! s'écria Ned Land, si j'étais à bord d'un baleinier, voilà une rencontre qui me ferait plaisir ! C'est un animal de grande taille ! Voyez avec quelle puissance ses évents rejettent des colonnes d'air et de vapeur ! Mille diables ! pourquoi faut-il que je sois enchaîné sur ce morceau de tôle !

  Quoi ! Ned, répondis-je, vous n'êtes pas encore revenu de vos vieilles idées de pêche ?

  Est-ce qu'un pêcheur de baleines, monsieur, peut oublier son ancien métier ? Est-ce qu'on se lasse jamais des émotions d'une pareille chasse ?

  Vous n'avez jamais pêché dans ces mers, Ned ?

  Jamais, monsieur. Dans les mers boréales seulement, et autant dans le détroit de Bering que dans celui de Davis.

  Alors la baleine australe vous est encore inconnue. C'est la baleine franche que vous avez chassée jusqu'ici, et elle ne se hasarderait pas à passer les eaux chaudes de l'Équateur.

  Ah ! monsieur le professeur, que me dites-vous là ? répliqua le Canadien d'un ton passablement incrédule.

  Je dis ce qui est.

  Par exemple ! Moi qui vous parle, en soixante-cinq, voilà deux ans et demi, j'ai amariné près du Groenland une baleine qui portait encore dans son flanc le harpon poinçonné d'un baleinier de Bering. Or, je vous demande, comment après avoir été frappé à l'ouest de l'Amérique, l'animal serait venu se faire tuer à l'est, s'il n'avait, après avoir doublé, soit le cap Horn, soit le cap de Bonne Espérance, franchi l'Équateur ?

  Je pense comme l'ami Ned, dit Conseil, et j'attends ce que répondra monsieur.

  Monsieur vous répondra, mes amis, que les baleines sont localisées, suivant leurs espèces, dans certaines mers qu'elles ne quittent pas. Et si l'un de ces animaux est venu du détroit de Béring dans celui de Davis, c'est tout simplement parce qu'il existe un passage d'une mer à l'autre, soit sur les côtes de l'Amérique, soit sur celles de l'Asie.

  Faut-il vous croire ? demanda le Canadien, en fermant un oeil.

  Il faut croire monsieur, répondit Conseil.

  Dès lors, reprit le Canadien, puisque je n'ai jamais pêché dans ces parages, je ne connais point les baleines qui les fréquentent ?

  Je vous l'ai dit, Ned.

  Raison de plus pour faire leur connaissance, répliqua Conseil.

  Voyez ! voyez ! s'écria le Canadien la voix émue. Elle s'approche ! Elle vient sur nous ! Elle me nargue ! Elle sait que je ne peux rien contre elle ! »

  Ned frappait du pied. Sa main frémissait en brandissant un harpon imaginaire.

  « Ces cétacés, demanda-t-il, sont-ils aussi gros que ceux des mers boréales ?

  A peu près, Ned.

  C'est que j'ai vu de grosses baleines, monsieur, des baleines qui mesuraient jusqu'à cent pieds de longueur !

  Je me suis même laissé dire que le Hullamock et l'Umgallick des îles Aléoutiennes dépassaient quelquefois cent cinquante pieds.

  Ceci me paraît exagéré, répondis-je. Ces animaux ne sont que des baleinoptères, pourvus de nageoires dorsales, et de même que les cachalots, ils sont généralement plus petits que la baleine franche.

  Ah ! s'écria le Canadien, dont les regards ne quittaient pas l'Océan, elle se rapproche, elle vient dans les eaux du Nautilus ! »

  Puis, reprenant sa conversation :

  « Vous parlez, dit-il, du cachalot comme d'une petite bête ! On cite cependant des cachalots gigantesques. Ce sont des cétacés intelligents. Quelques-uns, dit-on, se couvrent d'algues et de fucus. On les prend pour des îlots. On campe dessus, on s'y installe, on fait du feu...

  On y bâtit des maisons, dit Conseil.

  Oui, farceur, répondit Ned Land. Puis, un beau jour l'animal plonge et entraîne tous ses habitants au fond de l'abîme.

  Comme dans les voyages de Simbad le marin, répliquai-je en riant.

  Ah ! maître Land, il paraît que vous aimez les histoires extraordinaires ! Quels cachalots que les vôtres ! J'espère que vous n'y croyez pas !

  Monsieur le naturaliste, répondit sérieusement le Canadien, il faut tout croire de la part des baleines !

  Comme elle marche, celle-ci ! Comme elle se dérobe !

  On prétend que ces animaux-là peuvent faire le tour du monde en quinze jours.

  Je ne dis pas non.

  Mais, ce que vous ne savez sans doute pas, monsieur Aronnax, c'est que, au commencement du monde, les baleines filaient plus rapidement encore.

  Ah ! vraiment, Ned ! Et pourquoi cela ?

  Parce que alors, elles avaient la queue en travers, comme les poissons, c'est-à-dire que cette queue, comprimée verticalement, frappait l'eau de gauche à droite et de droite à gauche. Mais le Créateur, s'apercevant qu'elles marchaient trop vite, leur tordit la queue, et depuis ce temps-là, elles battent les flots de haut en bas au détriment de leur rapidité.

  Bon, Ned, dis-je, en reprenant une expression du Canadien, faut-il vous croire ?

  Pas trop, répondit Ned Land, et pas plus que si je vous disais qu'il existe des baleines longues de trois cents pieds et pesant cent mille livres.

  C'est beaucoup, en effet, dis-je. Cependant, il faut avouer que certains cétacés acquièrent un développement considérable, puisque, dit-on, ils fournissent jusqu'à cent vingt tonnes d'huile.

  Pour ça, je l'ai vu, dit le Canadien.

  Je le crois volontiers, Ned, comme je crois que certaines baleines égalent en grosseur cent éléphants. Jugez des effets produits par une telle masse lancée à toute vitesse !

  Est-il vrai, demanda Conseil, qu'elles peuvent couler des navires ?

  Des navires, je ne le crois pas, répondis-je. On raconte, cependant, qu'en 1820, précisément dans ces mers du sud, une baleine se précipita sur l'Essex et le fit reculer avec une vitesse de quatre mètres par seconde. Des lames pénétrèrent par l'arrière, et l' Essex sombra presque aussitôt. »

  Ned me regarda d'un air narquois.

  « Pour mon compte, dit-il, j'ai reçu un coup de queue de baleine dans mon canot, cela va sans dire. Mes compagnons et moi, nous avons été lancés à une hauteur de six mètres. Mais auprès de la baleine de monsieur le professeur, la mienne n'était qu'un baleineau.

  Est-ce que ces animaux-là vivent longtemps ? demanda Conseil.

  Mille ans, répondit le Canadien sans hésiter.

  Et comment le savez-vous, Ned ?

  Parce qu'on le dit.

  Et pourquoi le dit-on ?

  Parce qu'on le sait.

  Non, Ned, on ne le sait pas, mais on le suppose, et voici le raisonnement sur lequel on s'appuie. Il y a quatre cents ans, lorsque les
pêcheurs chassèrent pour la première fois les baleines, ces animaux avaient une taille supérieure à celle qu'ils acquièrent aujourd'hui. On suppose donc, assez logiquement, que l'infériorité des baleines actuelles vient de ce qu'elles n'ont pas eu le temps d'atteindre leur complet développement. C'est ce qui a fait dire à Buffon que ces cétacés pouvaient et devaient même vivre mille ans. Vous entendez ? »

  Ned Land n'entendait pas. Il n'écoutait plus. La baleine s'approchait toujours. Il la dévorait des yeux.

  « Ah ! s'écria-t-il, ce n'est plus une baleine, c'est dix, c'est vingt, c'est un troupeau tout entier ! Et ne pouvoir rien faire ! Etre là pieds et poings liés !

  Mais, ami Ned, dit Conseil, pourquoi ne pas demander au capitaine Nemo la permission de chasser ?... »

  Conseil n'avait pas achevé sa phrase, que Ned Land s'était affalé par le panneau et courait à la recherche du capitaine. Quelques instants après, tous deux reparaissaient sur la plate-forme.

  Le capitaine Nemo observa le troupeau de cétacés qui se jouait sur les eaux à un mille du Nautilus.

  « Ce sont des baleines australes, dit-il. Il y a là la fortune d'une flotte de baleiniers.

  Eh ! bien, monsieur, demanda le Canadien, ne pourrais-je leur donner la chasse, ne fût-ce que pour ne pas oublier mon ancien métier de harponneur ?

  A quoi bon, répondit le capitaine Nemo, chasser uniquement pour détruire ! Nous n'avons que faire d'huile de baleine à bord.

  Cependant, monsieur, reprit le Canadien, dans la mer Rouge, vous nous avez autorisés à poursuivre un dugong !

  Il s'agissait alors de procurer de la viande fraîche à mon équipage. Ici, ce serait tuer pour tuer. Je sais bien que c'est un privilège réservé à l'homme, mais je n'admets pas ces passe-temps meurtriers. En détruisant la baleine australe comme la baleine franche, êtres inoffensifs et bons, vos pareils, maître Land, commettent une action blâmable. C'est ainsi qu'ils ont déjà dépeuplé toute la baie de Baffin, et qu'ils anéantiront une classe d'animaux utiles. Laissez donc tranquilles ces malheureux cétacés. Ils ont bien assez de leurs ennemis naturels, les cachalots, les espadons et les scies, sans que vous vous en mêliez. »

 

‹ Prev