20000 Lieues sous les mers Part 2

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20000 Lieues sous les mers Part 2 Page 21

by Jules Verne


  Je termine là cette nomenclature un peu sèche, mais très exacte, par la série des poissons osseux que j'observai : passans, appartenant au genre des apléronotes. dont le museau est très obtus et blanc de neige, le corps peint d'un beau noir, et qui sont munis d'une lanière charnue très longue et très déliée ; odontagnathes aiguillonnés, longues sardines de trois décimètres, resplendissant d'un vif éclat argenté ; scombres-guares, pourvus de deux nageoires anales ; centronotes-nègres, à teintes noires, que l'on pêche avec des brandons, longs poissons de deux mètres, à chair grasse, blanche, ferme, qui, frais, ont le goût de l'anguille, et secs, le goût du saumon fumé ; labres demi-rouges, revêtus d'écailles seulement à la base des nageoires dorsales et anales ; chrysoptères, sur lesquels l'or et l'argent mêlent leur éclat à ceux du rubis et de la topaze ; spares-queues-d'or, dont la chair est extrêmement délicate, et que leurs propriétés phosphorescentes trahissent au milieu des eaux ; spares-pobs, à langue fine, à teintes orange ; sciènes-coro à caudales d'or, acanthures-noirauds, anableps de Surinam, etc.

  Cet « et coetera » ne saurait empêcher de citer encore un poisson dont Conseil se souviendra longtemps et pour cause.

  Un de nos filets avait rapporté une sorte de raie très aplatie qui, la queue coupée, eût formé un disque parfait et qui pesait une vingtaine de kilogrammes. Elle était blanche en dessous, rougeâtre en dessus, avec de grandes taches rondes d'un bleu foncé et cerclées de noir, très lisse de peau, et terminée par une nageoire bilobée. Étendue sur la plate-forme, elle se débattait, essayait de se retourner par des mouvements convulsifs, et faisait tant d'efforts qu'un dernier soubresaut allait la précipiter à la mer. Mais Conseil, qui tenait à son poisson, se précipita sur lui, et, avant que je ne pusse l'en empêcher, il le saisit à deux mains.

  Aussitôt, le voilà renversé, les jambes en l'air, paralysé d'une moitié du corps, et criant :

  « Ah ! mon maître, mon maître ! Venez à moi. »

  C'était la première fois que le pauvre garçon ne me parlait pas « à la troisième personne ».

  Le Canadien et moi, nous l'avions relevé, nous le frictionnions à bras raccourcis, et quand il reprit ses sens, cet éternel classificateur murmura d'une voix entrecoupée :

  « Classe des cartilagineux, ordre des chondroptérygiens, à branchies fixes, sous-ordre des sélaciens, famille des raies, genre des torpilles ! »

  Oui, mon ami, répondis-je, c'est une torpille qui t'a mis dans ce déplorable état.

  Ah ! monsieur peut m'en croire, riposta Conseil, mais je me vengerai de cet animal.

  Et comment ?

  En le mangeant. »

  Ce qu'il fit le soir même, mais par pure représaille, car franchement c'était coriace.

  L'infortuné Conseil s'était attaqué à une torpille de la plus dangereuse espèce, la cumana. Ce bizarre animal, dans un milieu conducteur tel que l'eau, foudroie les poissons à plusieurs mètres de distance, tant est grande la puissance de son organe électrique dont les deux surfaces principales ne mesurent pas moins de vingt-sept pieds carrés.

  Le lendemain, 12 avril, pendant la journée, le Nautilus s'approcha de la côte hollandaise, vers l'embouchure du Maroni. Là vivaient en famille plusieurs groupes de lamantins. C'étaient des manates qui, comme le dugong et le stellère, appartiennent à l'ordre des syréniens. Ces beaux animaux, paisibles et inoffensifs, longs de six à sept mètres, devaient peser au moins quatre mille kilogrammes. J'appris à Ned Land et à Conseil que la prévoyante nature avait assigné à ces mammifères un tôle important. Ce sont eux, en effet, qui, comme les phoques, doivent paître les prairies sous-marines et détruire ainsi les agglomérations d'herbes qui obstruent l'embouchure des fleuves tropicaux.

  « Et savez-vous, ajoutai-je, ce qui s'est produit, depuis que les hommes ont presque entièrement anéanti, ces races utiles ? C'est que les herbes putréfiées ont empoisonné l'air, et l'air empoisonné, c'est la fièvre jaune qui désole ces admirables contrées. Les végétations vénéneuses se sont multipliées sous ces mers torrides, et le mal s'est irrésistiblement développé depuis l'embouchure du Rio de la Plata jusqu'aux Florides ! »

  Et s'il faut en croire Toussenel, ce fléau n'est rien encore auprès de celui qui frappera nos descendants, lorsque les mers seront dépeuplées de baleines et de phoques. Alors, encombrées de poulpes, de méduses, de calmars, elles deviendront de vastes foyers d'infection, puisque leurs flots ne posséderont plus « ces vastes estomacs, que Dieu avait chargés d'écumer la surface des mers ».

  Cependant, sans dédaigner ces théories, l'équipage du Nautilus s'empara d'une demi-douzaine de manates. Il s'agissait, en effet, d'approvisionner les cambuses d'une chair excellente, supérieure à celle du boeuf et du veau. Cette chasse ne fut pas intéressante. Les manates se laissaient frapper sans se défendre. Plusieurs milliers de kilos de viande, destinée à être séchée, furent emmagasinés à bord.

  Ce jour-là, une pêche, singulièrement pratiquée, vint encore accroître les réserves du Nautilus, tant ces mers se montraient giboyeuses. Le chalut avait rapporté dans ses mailles un certain nombre de poissons dont la tête se terminait par une plaque ovale à rebords charnus. C'étaient des échénéïdes, de la troisième famille des malacoptérygiens subbrachiens. Leur disque aplati se compose de lames cartilagineuses transversales mobiles, entre lesquelles l'animal peut opérer le vide, ce qui lui permet d'adhérer aux objets à la façon d'une ventouse.

  Le rémora, que j'avais observé dans la Méditerranée, appartient à cette espèce. Mais celui dont il s'agit ici. c'était l'échénélde ostéochère, particulier à cette mer. Nos marins, a mesure qu'ils les prenaient, les déposaient dans des bailles pleines d'eau.

  La pêche terminée, le Nautilus se rapprocha de la côte. En cet endroit, un certain nombre de tortues marines dormaient à la surface des flots. Il eût été difficile de s'emparer de ces précieux reptiles, car le moindre bruit les éveille, et leur solide carapace est à l'épreuve du harpon. Mais l'échénéïde devait opérer cette capture avec une sûreté et une précision extraordinaires. Cet animal, en effet, est un hameçon vivant, qui ferait le bonheur et la fortune du naïf pêcheur a la ligne.

  Les hommes du Naulilus attachèrent à la queue de ces poissons un anneau assez large pour ne pas gêner leurs mouvements, et à cet anneau, une longue corde amarrée à bord par l'autre bout.

  Les échénéïdes, jetés à la mer, commencèrent aussitôt leur rôle et allèrent se fixer au plastron des tortues. Leur ténacité était telle qu'ils se fussent déchirés plutôt que de lâcher prise. On les halait à bord, et avec eux les tortues auxquelles ils adhéraient.

  On prit ainsi plusieurs cacouannes, larges d'un mètre, qui pesaient deux cents kilos. Leur carapace, couverte de plaques cornées grandes, minces, transparentes, brunes, avec mouchetures blanches et jaunes, les rendaient très précieuses. En outre, elles étaient excellentes au point de vue comestible, ainsi que les tortues franches qui sont d'un goût exquis.

  Cette pêche termina notre séjour sur les parages de l'Amazone, et, la nuit venue, le Nautilus regagna la haute mer.

  XVIII. LES POULPES

  Pendant quelques jours, le Nautilus s'écarta constamment de la côte américaine. Il ne voulait pas, évidemment, fréquenter les flots du golfe du Mexique ou de la mer des Antilles. Cependant, l'eau n'eût pas manqué sous sa quille, puisque la profondeur moyenne de ces mers est de dix-huit cents mètres ; mais, probablement ces parages, semés d'îles et sillonnés de steamers, ne convenaient pas au capitaine Nemo.

  Le 16 avril, nous eûmes connaissance de la Martinique et de la Guadeloupe, à une distance de trente milles environ. J'aperçus un instant leurs pitons élevés.

  Le Canadien, qui comptait mettre ses projets à exécution dans le golfe, soit en gagnant une terre, soit en accostant un des nombreux bateaux qui font le cabotage d'une île à l'autre, fut très décontenancé. La fuite eût été très praticable si Ned Land fût parvenu a s'emparer du canot à l'insu du capitaine. Mais en plein Océan, il ne fallait plus y songer.
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  La Canadien, Conseil et moi, nous eûmes une assez longue conversation à ce sujet. Depuis six mois nous étions prisonniers à bord du Nautilus. Nous avions fait dix-sept mille lieues, et, comme le disait Ned Land, il n'y avait pas de raison pour que cela finît. Il me fit donc une proposition à laquelle je ne m'attendais pas. Ce fut de poser catégoriquement cette question au capitaine Nemo : Le capitaine comptait-il nous garder indéfiniment à son bord ?

  Une semblable démarche me répugnait. Suivant moi, elle ne pouvait aboutir. Il ne fallait rien espérer du commandant du Nautilus, mais tout de nous seuls. D'ailleurs, depuis quelque temps, cet homme devenait plus sombre, plus retiré, moins sociable. Il paraissait m'éviter. Je ne le rencontrais qu'à de rares intervalles. Autrefois, il se plaisait à m'expliquer les merveilles sous-marines ; maintenant il m'abandonnait à mes études et ne venait plus au salon.

  Quel changement s'était opéré en lui ? Pour quelle cause ? Je n'avais rien à me reprocher. Peut-être notre présence à bord lui pesait-elle ? Cependant, je ne devais pas espérer qu'il fût homme à nous rendre la liberté.

  Je priai donc Ned de me laisser réfléchir avant d'agir. Si cette démarche n'obtenait aucun résultat, elle pouvait raviver ses soupçons, rendre notre situation pénible et nuire aux projets du Canadien. J'ajouterai que je ne pouvais en aucune façon arguer de notre santé. Si l'on excepte la rude épreuve de la banquise du pôle sud, nous ne nous étions jamais mieux portés, ni Ned, ni Conseil, ni moi. Cette nourriture saine, cette atmosphère salubre, cette régularité d'existence, cette uniformité de température, ne donnaient pas prise aux maladies, et pour un homme auquel les souvenirs de la terre ne laissaient aucun regret, pour un capitaine Nemo, qui est chez lui, qui va où il veut, qui par des voies mystérieuses pour les autres, non pour lui-même, marche à son but, je comprenais une telle existence. Mais nous, nous n'avions pas rompu avec l'humanité. Pour mon compte, je ne voulais pas ensevelir avec moi mes études si curieuses et si nouvelles. J'avais maintenant le droit d'écrire le vrai livre de la mer, et ce livre, je voulais que, plus tôt que plus tard, il pût voir le jour.

  Là encore, dans ces eaux des Antilles, à dix mètres au-dessous de la surface des flots, par les panneaux ouverts, que de produits intéressants j'eus à signaler sur mes notes quotidiennes ! C'étaient, entre autres zoophytes, des galères connues sous le nom de physalie spélagiques, sortes de grosses vessies oblongues, à reflets nacrés, tendant leur membrane au vent et laissant flotter leurs tentacules bleues comme des fils de soie ; charmantes méduses à l'oeil, véritables orties au toucher qui distillent un liquide corrosif. C'étaient, parmi les articulés, des annélides longs d'un mètre et demi, armés d'une trompe rose et pourvus de dix-sept cents organes locomoteurs, qui serpentaient sous les eaux et jetaient en passant toutes les lueurs du spectre solaire. C'étaient, dans l'embranchement des poissons, des raies-molubars, énormes cartilagineux longs de dix pieds et pesant six cents livres, la nageoire pectorale triangulaire, le milieu du dos un peu bombé, les yeux fixés aux extrémités de la face antérieure de la tête, et qui, flottant comme une épave de navire, s'appliquaient parfois comme un opaque volet sur notre vitre. C'étaient des balistes américains pour lesquels la nature n'a broyé que du blanc et du noir, des bobies plumiers, allongés et charnus, aux nageoires jaunes, à la mâchoire proéminente, des scombres de seize décimètres, à dents courtes et aiguës, couverts de petites écailles, appartenant à l'espèce des albicores. Puis, par nuées, apparaissent des surmulets, corsetés de raies d'or de la tête à la queue, agitant leurs resplendissantes nageoires ; véritables chefs-d'oeuvre de bijouterie consacrés autrefois à Diane, particulièrement recherchés des riches Romains, et dont le proverbe disait : « Ne les mange pas qui les prend ! » Enfin, des pomacanthes-dorés, ornés de bandelettes émeraude, habillés de velours et de soie, passaient devant nos yeux comme des seigneurs de Véronèse ; des spareséperonnés se dérobaient sous leur rapide nageoire thoracine ; des clupanodons de quinze pouces s'enveloppaient de leurs lueurs phosphorescentes ; des muges battaient la mer de leur grosse queue charnue ; des corégones rouges semblaient faucher les flots avec leur pectorale tranchante, et des sélènes argentées, dignes de leur nom, se levaient sur l'horizon des eaux comme autant de lunes aux reflets blanchâtres.

  Que d'autres échantillons merveilleux et nouveaux j'eusse encore observés, si le Nautilus ne se fût peu à peu abaissé vers les couches profondes ! Ses plans inclinés l'entraînèrent jusqu'à des fonds de deux mille et trois mille cinq cents mètres. Alors la vie animale n'était plus représentée que par des encrines, des étoiles de mer, de charmantes pentacrines tête de méduse, dont la tige droite supportait un petit calice, des troques, des quenottes sanglantes et des fissurelles, mollusques littoraux de grande espèce.

  Le 20 avril, nous étions remontés à une hauteur moyenne de quinze cents mètres. La terre la plus rapprochée était alors cet archipel des îles Lucayes, disséminées comme un tas de pavés a la surface des eaux. Là s'élevaient de hautes falaises sous-marines, murailles droites faites de blocs frustes disposés par larges assises, entre lesquels se creusaient des trous noirs que nos rayons électriques n'éclairaient pas jusqu'au fond.

  Ces roches étaient tapissés de grandes herbes, de laminaires géants, de fucus gigantesques, un véritable espalier d'hydrophytes digne d'un monde de Titans.

  De ces plantes colossales dont nous parlions, Conseil, Ned et moi, nous fûmes naturellement amenés à citer les animaux gigantesques de la mer. Les unes sont évidemment destinées à la nourriture des autres. Cependant, par les vitres du Nautilus presque immobile, je n'apercevais encore sur ces longs filaments que les principaux articulés de la division des brachioures, des l'ambres à longues pattes, des crabes violacés, des clios particuliers aux mers des Antilles.

  Il était environ onze heures, quand Ned Land attira mon attention sur un formidable fourmillement qui se produisait à travers les grandes algues.

  « Eh bien, dis-je, ce sont là de véritables cavernes à poulpes, et je ne serais pas étonné d'y voir quelques-uns de ces monstres.

  Quoi ! fit Conseil, des calmars, de simples calmars, de la classe des céphalopodes ?

  Non, dis-je, des poulpes de grande dimension. Mais l'ami Land s'est trompé, sans doute, car je n'aperçois rien.

  Je le regrette répliqua Conseil. Je voudrais contempler face à face l'un de ces poulpes dont j'ai tant entendu parler et qui peuvent entraîner des navires dans le fond des abîmes. Ces bêtes-là, ça se nomme des krak...

  Craque suffit, répondit ironiquement le Canadien.

  Krakens, riposta Conseil, achevant son mot sans se soucier de la plaisanterie de son compagnon.

  Jamais on ne me fera croire, dit Ned Land, que de tels animaux existent.

  Pourquoi pas ? répondit Conseil. Nous avons bien cru au narval de monsieur.

  Nous avons eu tort, Conseil.

  Sans doute ! mais d'autres y croient sans doute encore.

  C'est probable, Conseil, mais pour mon compte, je suis bien décidé à n'admettre l'existence de ces monstres que lorsque je les aurai disséqués de ma propre main.

  Ainsi, me demanda Conseil, monsieur ne croit pas aux poulpes gigantesques ?

  Eh ! qui diable y a jamais cru ? s'écria le Canadien.

  Beaucoup de gens, ami Ned.

  Pas des pêcheurs. Des savants, peut-être !

  Pardon, Ned. Des pêcheurs et des savants !

  Mais moi qui vous parle, dit Conseil de l'air le plus sérieux du monde, je me rappelle parfaitement avoir vu une grande embarcation entraînée sous les flots par les bras d'un céphalopode.

  Vous avez vu cela ? demanda le Canadien.

  Oui, Ned.

  De vos propres yeux ?

  De mes propres yeux.

  Où, s'il vous plaît ?

  A Saint-Malo ? repartit imperturbablement Conseil.

  Dans le port ? dit Ned Land ironiquement.

  Non, dans une église, répondit Conseil.

  Dans une église ! s'écria le Canadien.

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bsp; Oui, ami Ned. C'était un tableau qui représentait le poulpe en question !

  Bon ! fit Ned Land, éclatant de rire. Monsieur Conseil qui me fait poser !

  Au fait, il a raison, dis-je. J'ai entendu parler de ce tableau ; mais le sujet qu'il représente est tiré d'une légende, et vous savez ce qu'il faut penser des légendes en matière d'histoire naturelle ! D'ailleurs, quand il s'agit de monstres, l'imagination ne demande qu'à s'égarer.

  Non seulement on a prétendu que ces poulpes pouvaient entraîner des navires, mais un certain Olaus Magnus parle d'un céphalopode, long d'un mille, qui ressemblait plutôt à une île qu'à un animal. On raconte aussi que l'évêque de Nidros dressa un jour un autel sur un rocher immense. Sa messe finie, le rocher se mit en marche et retourna à la mer. Le rocher était un poulpe.

  Et c'est tout ? demanda le Canadien.

  Non, répondis-je. Un autre évêque, Pontoppidan de Berghem, parle également d'un poulpe sur lequel pouvait manoeuvrer un régiment de cavalerie !

  Ils allaient bien, les évêques d'autrefois ! dit Ned Land.

  Enfin, les naturalistes de l'antiquité citent des monstres dont la gueule ressemblait à un golfe, et qui étaient trop gros pour passer par le détroit de Gibraltar.

  A la bonne heure ! fit le Canadien.

  Mais dans tous ces récits, qu'y a-t-il de vrai ? demanda Conseil.

 

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