by Jules Verne
« Comment ? ils tirent sur nous ! m'écriai-je.
Braves gens ! murmura le Canadien.
Ils ne nous prennent donc pas pour des naufragés accrochés à une épave !
N'en déplaise à monsieur.... Bon, fit Conseil en secouant l'eau qu'un nouveau boulet avait fait jaillir jusqu'à lui.- N'en déplaise à monsieur, ils ont reconnu le narwal, et ils canonnent le narwal.
Mais ils doivent bien voir, m'écriai-je qu'ils ont affaire à des hommes.
C'est peut-être pour cela ! » répondit Ned Land en me regardant.
Toute une révélation se fit dans mon esprit. Sans doute, on savait à quoi s'en tenir maintenant sur l'existence du prétendu monstre. Sans doute, dans son abordage avec l'Abraham-Lincoln, lorsque le Canadien le frappa de son harpon, le commandant Farragut avait reconnu que le narwal était un bateau sous-marin, plus dangereux qu'un cétacé surnaturel ?
Oui, cela devait être ainsi, et sur toutes les mers, sans doute, on poursuivait maintenant ce terrible engin de destruction !
Terrible en effet, si comme on pouvait le supposer, le capitaine Nemo employait le Nautilus à une oeuvre de vengeance ! Pendant cette nuit, lorsqu'il nous emprisonna dans la cellule, au milieu de l'Océan Indien, ne s'était-il pas attaqué à quelque navire ? Cet homme enterré maintenant dans le cimetière de corail, n'avait-il pas été victime du choc provoqué par le Nautilus ? Oui, je le répète. Il en devait être ainsi. Une partie de la mystérieuse existence du capitaine Nemo se dévoilait. Et si son identité n'était pas reconnue, du moins, les nations coalisées contre lui, chassaient maintenant, non plus un être chimérique, mais un homme qui leur avait voué une haine implacable !
Tout ce passé formidable apparut à mes yeux. Au lieu de rencontrer des amis sur ce navire qui s'approchait, nous n'y pouvions trouver que des ennemis sans pitié.
Cependant les boulets se multipliaient autour de nous. Quelques-uns, rencontrant la surface liquide, s'en allaient par ricochet se perdre à des distances considérables. Mais aucun n'atteignit le Nautilus.
Le navire cuirassé n'était plus alors qu'à trois milles. Malgré sa violente canonnade, le capitaine Nemo ne paraissait pas sur la plate-forme. Et cependant, l'un de ces boulets coniques, frappant normalement la coque du Nautilus, lui eût été fatal.
Le Canadien me dit alors :
« Monsieur, nous devons tout tenter pour nous tirer de ce mauvais pas. Faisons des signaux ! Mille diables ! On comprendra peut-être que nous sommes d'honnêtes gens ! »
Ned Land prit son mouchoir pour l'agiter dans l'air. Mais il l'avait à peine déployé, que terrassé par une main de fer, malgré sa force prodigieuse, il tombait sur le pont.
« Misérable, s'écria le capitaine, veux-tu donc que je te cloue sur l'éperon du Nautilus avant qu'il ne se précipite contre ce navire ! »
Le capitaine Nemo, terrible à entendre, était plus terrible encore à voir. Sa face avait pâli sous les spasmes de son coeur, qui avait dû cesser de battre un instant. Ses pupilles s'étaient contractées effroyablement. Sa voix ne parlait plus, elle rugissait. Le corps penché en avant, il tordait sous sa main les épaules du Canadien.
Puis, l'abandonnant et se retournant vers le vaisseau de guerre dont les boulets pleuvaient autour de lui :
« Ah ! tu sais qui je suis, navire d'une nation maudite ! s'écria-t-il de sa voix puissante. Moi, je n'ai pas eu besoin de tes couleurs pour te reconnaître ! Regarde ! Je vais te montrer les miennes ! »
Et le capitaine Nemo déploya à l'avant de la plate-forme un pavillon noir. semblable à celui qu'il avait déjà planté au pôle sud.
A ce moment, un boulet frappant obliquement la coque du Nautilus , sans l'entamer, et passant par ricochet près du capitaine. alla se perdre en mer.
Le capitaine Nemo haussa les épaules. Puis, s'adressant à moi :
« Descendez, me dit-il d'un ton bref, descendez, vous et vos compagnons.
Monsieur, m'ecriai-je, allez-vous donc attaquer ce navire,
Monsieur, je vais le couler. Vous ne ferez pas cela !
Je le ferai, répondit froidement le capitaine Nemo. Ne vous avisez pas de me juger, monsieur. La fatalité vous montre ce que vous ne deviez pas voir. L'attaque est venue. La riposte sera terrible. Rentrez.
Ce navire, quel est-il ?
Vous ne le savez pas ? Eh bien ! tant mieux ! Sa nationalité, du moins, restera un secret pour vous. Descendez. »
Le Canadien, Conseil et moi, nous ne pouvions qu'obéir. Une quinzaine de marins du Nautilus entouraient le capitaine et regardaient avec un implacable sentiment de haine ce navire qui s'avançait vers eux. On sentait que le même souffle de vengeance animait toutes ces âmes.
Je descendis au moment où un nouveau projectile éraillait encore la coque du Nautilus, et j'entendis le capitaine s'écrier :
« Frappe, navire insensé ! Prodigue tes inutiles boulets ! Tu n'échapperas pas à l'éperon du Nautilus. Mais ce n'est pas à cette place que tu dois périr ! Je ne veux pas que tes ruines aillent se confondre avec les ruines du Vengeur ! »
Je regagnai ma chambre. Le capitaine et son second étaient restés sur la plate-forme. L'hélice fut mise en mouvement, le Nautilus, s'éloignant avec vitesse se mit hors de la portée des boulets du vaisseau. Mais la poursuite continua, et le capitaine Nemo se contenta de maintenir sa distance.
Vers quatre heures du soir, ne pouvant contenir l'impatience et l'inquiétude qui me dévoraient, je revins vers l'escalier central. Le panneau était ouvert. Je me hasardai sur la plate-forme. Le capitaine s'y promenait encore d'un pas agité. Il regardait le navire qui lui restait sous le vent à cinq ou six milles. Il tournait autour de lui comme une bête fauve, et l'attirant vers l'est, il se laissait poursuivre. Cependant, il n'attaquait pas. Peut-être hésitait-il encore ?
Je voulus intervenir une dernière fois. Mais j'avais a peine interpellé le capitaine Nemo, que celui-ci m'imposait silence :
« Je suis le droit, je suis la justice ! me dit-il. Je suis l'opprimé, et voilà l'oppresseur ! C'est par lui que tout ce que J'ai aime, chéri, vénéré, patrie, femme, enfants, mon père, ma mère, j'ai vu tout périr ! Tout ce que je hais est là ! Taisez-vous ! »
Je portai un dernier regard vers le vaisseau de guerre qui forçait de vapeur. Puis, je rejoignis Ned et Conseil.
« Nous fuirons ! m'écriai-je.
Bien, fit Ned. Quel est ce navire ?
Je l'ignore. Mais quel qu'il soit, il sera coulé avant la nuit. En tout cas, mieux vaut périr avec lui que de se faire les complices de représailles dont on ne peut pas mesurer l'équité.
C'est mon avis, répondit froidement Ned Land. Attendons la nuit. »
La nuit arriva. Un profond silence régnait à bord. La boussole indiquait que le Nautilus n'avait pas modifié sa direction. J'entendais le battement de son hélice qui frappait les flots avec une rapide régularité. Il se tenait à la surface des eaux, et un léger roulis le portait tantôt sur un bord, tantôt sur un autre.
Mes compagnons et moi, nous avions résolu de fuir au moment où le vaisseau serait assez rapproché, soit pour nous faire entendre, soit pour nous faire voir, car la lune. qui devait être pleine trois jours plus tard, resplendissait. Une fois à bord de ce navire, si nous ne pouvions prévenir le coup qui le menaçait, du moins nous ferions tout ce que les circonstances nous permettaient de tenter. Plusieurs fois, je crus que le Nautilus se disposait pour l'attaque. Mais il se contentait de laisser se rapprocher son adversaire, et, peu de temps après, il reprenait son allure de fuite.
Une partie de la nuit se passa sans incident. Nous guettions l'occasion d'agir. Nous parlions peu, étant trop émus. Ned Land aurait voulu se précipiter à la mer. Je le forçai d'attendre. Suivant moi, le Nautilusdevait attaquer le deux-ponts à la surface des flots, et alors il serait non seulement possible, mais facile de s'enfuir.
A trois heures du matin, inquiet, je montai sur la plate-forme. Le capitaine Nemo ne l'avait pas quittée. Il était debout, à l'avant, près de son pavillon. qu'une légère brise déployait au-dessus de sa tête. Il ne qu
ittait pas le vaisseau des yeux. Son regard, d'une extraordinaire intensité, semblait l'attirer, le fasciner, l'entraîner plus sûrement que s'il lui eût donné la remorque !
La lune passait alors au méridien. Jupiter se levait dans l'est. Au milieu de cette paisible nature, le ciel et l'Océan rivalisaient de tranquillité, et la mer offrait a l'astre des nuits le plus beau miroir qui eût jamais reflété son image.
Et quand je pensais à ce calme profond des éléments, comparé à toutes ces colères qui couvaient dans les flancs de l'imperceptible Nautilus, je sentais frissonner tout mon être.
Le vaisseau se tenait a deux mille de nous. Il s'était rapproché, marchant toujours vers cet éclat phosphorescent qui signalait la présence du Nautilus Je vis ses feux de position, vert et rouge, et son fanal blanc suspendu au grand étai de misaine. Une vague réverbération éclairait son gréement et indiquait que les feux étaient poussés à outrance. Des gerbes d'étincelles, des scories de charbons enflammés, s'échappant de ses cheminées, étoilaient l'atmosphère.
Je demeurai ainsi jusqu'à six heures du matin, sans que le capitaine Nemo eût paru m'apercevoir. Le vaisseau nous restait à un mille et demi, et avec les première, lueurs du jour. sa canonnade recommença. Le moment ne pouvait être éloigné où, le Nautilus attaquant son adversaire, mes compagnons et moi, nous quitterions pour jamais cet homme que je n'osais juger.
Je me disposais à descendre afin de les prévenir, lorsque le second monta sur la plate-forme. Plusieurs marins l'accompagnaient. Le capitaine Nemo ne les vit pas ou ne voulut pas les voir. Certaines dispositions furent prises qu'on aurait pu appeler le « branle-bas de combat » du Nautilus. Elles étaient très simples. La filière qui formait balustrade autour de la plate-forme. fut abaissée. De même, les cages du fanal et du timonier rentrèrent dans la coque de manière à l'affleurer seulement. La surface du long cigare de tôle n'offrait plus une seule saillie qui pût gêner sa manoeuvre.
Je revins au salon. Le Nautilus émergeait toujours. Quelques lueurs matinales s'infiltraient dans la couche liquide. Sous certaines ondulations des lames, les vitres s'animaient des rougeurs du soleil levant. Ce terrible jour du 2 juin se levait.
A cinq heures, le loch m'apprit que la vitesse du Nautilus se modérait. Je compris qu'il se laissait approcher. D'ailleurs les détonations se faisaient plus violemment entendre. Les boulets labouraient l'eau ambiante et s'y vissaient avec un sifflement singulier.
« Mes amis, dis-je, le moment est venu. Une poignée de main, et que Dieu nous garde ! »
Ned Land était résolu, Conseil calme, moi nerveux, me contenant à peine.
Nous passâmes dans la bibliothèque. Au moment où je poussais la porte qui s'ouvrait sur la cage de l'escalier central, j'entendis le panneau supérieur se fermer brusquement.
Le Canadien s'élança sur les marches, mais je l'arrêtai. Un sifflement bien connu m'apprenait que l'eau pénétrait dans les réservoirs du bord. En effet, en peu d'instants, le Nautilus s'immergea à quelques mètres au-dessous de la surface des flots.
Je compris sa manoeuvre. Il était trop tard pour agir.
Le Nautilus ne songeait pas a frapper le deux-ponts dans son impénétrable cuirasse, mais au-dessous de sa ligne de flottaison, là ou la carapace métallique ne protège plus le bordé.
Nous étions emprisonnés de nouveau, témoins obligés du sinistre drame qui se préparait. D'ailleurs, nous eûmes à peine le temps de réfléchir. Réfugiés dans ma chambre, nous nous regardions sans prononcer une parole. Une stupeur profonde s'était emparée de mon esprit. Le mouvement de la pensée s'arrêtait en moi.. Je me trouvais dans cet état pénible qui précède l'attente d'une détonation épouvantable. J'attendais, j'écoutais, je ne vivais que par le sens de l'ouïe !
Cependant, la vitesse du Nautilus s'accrut sensiblement. C'était son élan qu'il prenait ainsi. Toute sa coque frémissait.
Soudain, je poussai un cri. Un choc eut lieu, mais relativement léger. Je sentis la force pénétrante de l'éperon d'acier. J'entendis des éraillements, des raclements. Mais le Nautilus, emporté par sa puissance de propulsion, passait au travers de la masse du vaisseau comme l'aiguille du voilier à travers la toile !
Je ne pus y tenir. Fou, éperdu, je m'élançai hors de ma chambre et me précipitai dans le salon.
Le capitaine Nemo était là. Muet, sombre, implacable, il regardait par le panneau de bâbord.
Une masse énorme sombrait sous les eaux, et pour ne rien perdre de son agonie, le Nautilus descendait dans l'abîme avec elle. A dix mètres de moi, je vis cette coque entr'ouverte, où l'eau s'enfonçait avec un bruit de tonnerre, puis la double ligne des canons et les bastingages. Le pont était couvert d'ombres noires qui s'agitaient.
L'eau montait. Les malheureux s'élançaient dans les haubans, s'accrochaient aux mâts, se tordaient sous lés eaux. C'était une fourmilière humaine surprise par l'envahissement d'une mer !
Paralysé, raidi par l'angoisse, les cheveux hérissés, l'oeil démesurément ouvert, la respiration incomplète, sans souffle, sans voix, je regardais, moi aussi ! Une irrésistible attraction me collait à la vitre !
L'énorme vaisseau s'enfonçait lentement. Le Nautilus le suivant, épiait tous ses mouvements. Tout à coup, une explosion se produisit. L'air comprimé fit voler les ponts du bâtiment comme si le feu eût pris aux soutes. La poussée des eaux fut telle que le Nautilus dévia.
Alors le malheureux navire s'enfonça plus rapidement. Ses hunes, chargées de victimes, apparurent, ensuite des barres, pliant sous des grappes d'hommes. enfin le sommet de son grand mât. Puis, la masse sombre disparut, et avec elle cet équipage de cadavres entraînés par un formidable remous...
Je me retournai vers le capitaine Nemo. Ce terrible justicier, véritable archange de la haine, regardait toujours. Quand tout fut fini, le capitaine Nemo, se dirigeant vers la porte de sa chambre, l'ouvrit et entra. Je le suivis des yeux.
Sur le panneau du fond, au-dessous des portraits de ses héros, je vis le portrait d'une femme jeune encore et de deux petits enfants. Le capitaine Nemo les regarda pendant quelques instants, leur tendit les bras, et, s'agenouillant. il fondit en sanglots.
XXII. LES DERNIÈRES PAROLES DU CAPITAINE NEMO
Les panneaux s'étaient refermés sur cette vision effrayante, mais la lumière n'avait pas été rendue au salon. A l'intérieur du Nautilus , ce n'étaient que ténèbres et silence. Il quittait ce lieu de désolation, à cent pieds sous les eaux, avec une rapidité prodigieuse. Où allait-il ? Au nord ou au sud ? Où fuyait cet homme après cette horrible représaille ?
J'étais rentré dans ma chambre où Ned et Conseil se tenaient silencieusement. J'éprouvais une insurmontable horreur pour le capitaine Nemo. Quoi qu'il eût souffert de la part des hommes, il n'avait pas le droit de punir ainsi. Il m'avait fait, sinon le complice, du moins le témoin de ses vengeances ! C'était déjà trop.
A onze heures, la clarté électrique réapparut. Je passai dans le salon. Il était désert. Je consultai les divers instruments. Le Nautilus fuyait dans le nord avec une rapidité de vingt-cinq milles à l'heure, tantôt à la surface de la mer, tantôt à trente pieds au-dessous.
Relèvement fait sur la carte, je vis que nous passions à l'ouvert de la Manche, et que notre direction nous portait vers les mers boréales avec une incomparable vitesse.
A peine pouvais-je saisir à leur rapide passage des squales au long nez, des squales-marteaux, des roussettes qui fréquentent ces eaux, de grands aigles de mer, des nuées d'hippocampes, semblables aux cavaliers du jeu d'échecs, des anguilles s'agitant comme les serpenteaux d'un feu d'artifice, des armées de crabes qui fuyaient obliquement en croisant leurs pinces sur leur carapace, enfin des troupes de marsouins qui luttaient de rapidité avec le Nautilus. Mais d'observer, d'étudier, de classer, il n'était plus question alors.
Le soir, nous avions franchi deux cents lieues de l'Atlantique. L'ombre se fit, et la mer fut envahie par les ténèbres jusqu'au lever de la lune.
Je regagnai ma chambre. Je ne pus dormir. J'étais assailli de cauche
mars. L'horrible scène de destruction se répétait dans mon esprit.
Depuis ce jour, qui pourra dire jusqu'où nous entraîna le Nautilus dans ce bassin de l'Atlantique nord ? Toujours avec une vitesse inappréciable ! Toujours au milieu des brumes hyperboréennes ! Toucha-t-il aux pointes du Spitzberg, aux accores de la Nouvelle-Zemble ? Parcourut-il ces mers ignorées, la mer Blanche, la mer de Kara, le golfe de l'Obi, l'archipel de Liarrov, et ces rivages inconnus de la côte asiatique ? Je ne saurais le dire. Le temps qui s'écoulait je ne pouvais plus l'évaluer. L'heure avait été suspendue aux horloges du bord. Il semblait que la nuit et le jour, comme dans les contrées polaires, ne suivaient plus leur cours régulier. Je me sentais entraîné dans ce domaine de l'étrange où se mouvait à l'aise l'imagination surmenée d'Edgard Poë. A chaque instant, je m'attendais à voir, comme le fabuleux Gordon Pym, « cette figure humaine voilée, de proportion beaucoup plus vaste que celle d'aucun habitant de la terre, jetée en travers de cette cataracte qui défend les abords du pôle » !
J'estime mais je me trompe peut-être , j'estime que cette course aventureuse du Nautilus se prolongea pendant quinze ou vingt jours, et je ne sais ce qu'elle aurait duré, sans la catastrophe qui termina ce voyage. Du capitaine Nemo, il n'était plus question. De son second, pas davantage. Pas un homme de l'équipage ne fut visible un seul instant. Presque incessamment, le Nautilus flottait sous les eaux. Quand ii remontait à leur surface afin de renouveler son air, les panneaux s'ouvraient ou se refermaient automatiquement. Plus de point reporté sur le planisphère. Je ne savais où nous étions.
Je dirai aussi que le Canadien, à bout de forces et de patience, ne paraissait plus. Conseil ne pouvait en tirer un seul mot, et craignait que, dans un accès de délire et sous l'empire d'une nostalgie effrayante, il ne se tuât. Il le surveillait donc avec un dévouement de tous les instants.