Robur-le-Conquerant

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Robur-le-Conquerant Page 8

by Jules Verne


  Rien de particulier ne se produisit pendant cette journée. Uncle Prudent et Phil Evans furent absolument livrés à eux-mêmes. C'est à peine s'ils aperçurent Frycollin, étendu à l'avant, fermant les yeux pour ne rien voir. Et cependant, il n'était pas en proie au vertige, comme on pourrait le penser. Faute de repères, ce vertige n'aurait pu se manifester ainsi qu'il arrive au sommet d'un édifice élevé. L'abîme n'attire pas quand on le domine de la nacelle d'un ballon ou de la plate-forme d'un aéronef, ou, plutôt, ce n'est pas un abîme qui se creuse au-dessous de l'aéronaute, c'est l'horizon qui monte et l'entoure de toutes parts.

  A deux heures, l'Albatros passait au-dessus d'Omaha, sur la frontière du Nebraska, - Omaha-City, véritable tête de ligne de ce chemin de fer du Pacifique, longue traînée de rails de quinze cents lieues, tracée entre New York et San Francisco. Un moment, on put voir les eaux jaunâtres du Missouri, puis la ville, aux maisons de bois et de briques, posée au centre de ce riche bassin, comme une boucle à la ceinture de fer qui serre l'Amérique du Nord à sa taille. Sans doute aussi, pendant que les passagers de l'aéronef observaient tous ces détails, les habitants d'Omaha devaient apercevoir l'étrange appareil. Mais leur étonnement à le voir planer dans les airs ne pouvait être plus grand que celui du président et du secrétaire du Weldon-Institute de se trouver à son bord.

  En tout cas, c'était là un fait que les journaux de l'Union allaient commenter. Ce serait l'explication de l'étonnant phénomène dont le monde entier S'occupait et se préoccupait depuis quelque temps.

  Une heure après, l'Albatros avait dépassé Omaha. Il fut alors constant qu'il se relevait vers l'est, en s'écartant de la Platte-River dont la vallée est suivie par le Pacifiquerailway à travers la Prairie. Cela n'était pas pour satisfaire Uncle Prudent et Phil Evans.

  « C'est donc sérieux, cet absurde projet de nous emmener aux antipodes? dit l'un.

  - Et malgré nous? répondit l'autre. Ah! que ce Robur y prenne garde! Je ne suis pas homme à le laisser faire!...

  - Ni moi! répliqua Phil Evans. Mais, croyez-moi, Uncle Prudent, tâchez de vous modérer...

  - Me modérer!...

  - Et gardez votre colère pour le moment où il sera opportun qu'elle éclate. »

  Vers cinq heures, après avoir franchi les montagnes Noires, couvertes de Sapins et de cèdres, l'Albatros volait au-dessus de ce territoire qu'on a justement appelé les Mauvaises-Terres du Nebraska, - un chaos de collines laissées tomber sur le sol et qui se seraient brisées dans leur chute. De loin, ces blocs prenaient les formes les plus fantaisistes. Çà et là, au milieu de cet énorme jeu d'osselets, on entrevoyait des ruines de cités du Moyen Age avec forts, donjons, châteaux à mâchicoulis et à poivrières. Mais, en réalité, ces Mauvaises-Terres ne sont qu'un ossuaire immense où blanchissent, par myriades, les débris de pachydermes, de chéloniens, et même, dit-on, d'hommes fossiles, entraînés par quelque cataclysme inconnu des premiers âges.

  Lorsque le soir vint, tout ce bassin de la Platte-River était dépassé. Maintenant la plaine se développait jusqu'aux extrêmes limites d'un horizon très relevé par l'altitude de l'Albatros.

  Pendant la nuit, ce ne furent plus des sifflets aigus de locomotives, ni des sifflets graves de steam-boats qui troublèrent le calme du firmament étoilé. De longs mugissements montaient parfois jusqu'à l'aéronef, alors plus rapproché du sol. C'étaient des troupeaux de bisons qui traversaient la prairie, en quête de ruisseaux et de pâturages. Et, quand ils se taisaient, le froissement des herbes, sous leurs pieds, produisait un sourd bruissement, semblable au roulement d'une inondation et très différent du frémissement continu des hélices.

  Puis, de temps à autre, un hurlement de loup, de renard ou de chat Sauvage, un hurlement de coyote, ce canis latrans, dont le nom est bien justifié par ses aboiements sonores.

  Et, aussi, des odeurs pénétrantes, la menthe, la sauge et l'absinthe, mêlées aux senteurs puissantes des conifères qui se propageaient à travers l'air pur de la nuit.

  Enfin, pour noter tous les bruits venus du sol, un sinistre aboiement qui, cette fois, n'était pas celui des coyotes; c'était le cri du Peau-Rouge qu'un pionnier n 'eut pu confondre avec le cri des fauves.

  Phil Evans quitta sa cabine. Peut-être, ce jour-là, se trouverait-il en face de l'ingénieur Robur?

  En tout cas, désireux de savoir pourquoi il n'avait pas paru la veille, il s'adressa au contremaître Tom Turner.

  Tom Turner, d'origine anglaise, âgé de quarante-cinq ans environ, large de buste, trapu de membres, charpenté en fer, avait une de ces têtes énormes et caractéristiques, à la Hogarth, telles que ce peintre de toutes les laideurs saxonnes en a tracé du bout de son pinceau. Si l'on veut bien examiner la planche quatre du Harlots Progress, on y trouvera la tête de Tom Turner sur les épaules du gardien de la prison, et on reconnaîtra que sa physionomie n a rien d'encourageant.

  « Aujourd'hui verrons-nous l'ingénieur Robur? dit Phil Evans.

  - Je ne sais, répondit Tom Turner.

  - Je ne vous demande pas s'il est sorti.

  - Peut-être.

  - Ni quand il rentrera.

  - Apparemment, quand il aura fini ses courses! »

  Et, là-dessus: Tom Turner rentra dans son roufle.

  Il fallut se contenter de cette réponse, d'autant moins rassurante que, vérification faite de la boussole, il fut constant que l' Albatros continuait à remonter dans le nord-ouest.

  Quel contraste, alors, entre cet aride territoire des Mauvaises-Terres, abandonné avec la nuit, et le paysage qui se déroulait actuellement à la surface du sol.

  L'aéronef, après avoir franchi mille kilomètres depuis Omaha, se trouvait au-dessus d'une contrée que Phil Evans ne pouvait reconnaître par cette raison qu'il ne l'avait jamais visitée. quelques forts, destinés à contenir les Indiens, couronnaient les bluffs de leurs lignes géométriques, plutôt formées par des palissades que par des murs. Peu de villages, peu d'habitants en ce pays si différent des territoires aurifères du Colorado, situés à plusieurs degrés au sud.

  Au loin commençait à se profiler, très confusément encore, une suite de crêtes que le soleil levant bordait d'un trait de feu.

  C'étaient les montagnes Rocheuses.

  Tout d'abord, ce matin-là, Uncle Prudent et Phil Evans furent saisis par un froid vif. Cet abaissement de la température n'était point dû à une modification du temps, et le soleil brillait d'un éclat superbe.

  « Cela doit tenir à l'élévation de l'Albatros dans l'atmosphère », dit Phil Evans.

  En effet, le baromètre, placé extérieurement à la porte du roufle central, était tombé à cinq cent quarante millimètres - ce qui indiquait une élévation de trois mille mètres environ. L'aéronef se tenait donc alors à une assez grande altitude, nécessitée par les accidents du sol.

  D'ailleurs, une heure avant, il avait dû dépasser la hauteur de quatre mille mètres, car, derrière lui, se dressaient des montagnes que couvrait une neige éternelle.

  Dans leur mémoire, rien ne pouvait rappeler à Uncle Prudent ni à son compagnon quel était ce pays. Pendant la nuit, l'Albatros avait pu faire des écarts, nord et sud, avec une vitesse excessive, et cela suffisait pour les dérouter.

  Toutefois, après avoir discuté diverses hypothèses plus ou moins plausibles, ils s'arrêtèrent à celle-ci : ce territoire, encadré dans un cirque de montagnes, devait être celui qu'un acte du Congrès, en mars 1872, avait déclaré Parc national des Etats-Unis.

  C'était en effet cette région si curieuse. Elle méritait bien le nom de parc - un parc avec des montagnes pour collines, des lacs pour étangs, des rivières pour ruisseaux, des cirques pour labyrinthes, et, pour jets d'eau, des geysers d'une merveilleuse puissance.

  En quelques minutes, l'Albatros se glissa au-dessus de la Yellowstone-river, laissant le mont Stevenson sur la droite, et il aborda le grand lac qui porte le nom de ce cours d'eau. quelle variété dans le tracé des rives de ce bassin, dont les plages, semées d'obsidienne et de petits cristaux, réfléchissent le soleil
par leurs milliers de facettes! quel caprice dans La disposition des îles qui apparaissent à sa surface! quel reflet d'azur projeté par ce gigantesque miroir! Et autour de ce lac, l'un des plus élevés du globe terrestre, quelles nuées de volatiles, pélicans, cygnes, mouettes, oies, barnaches et plongeons! Certaines portions de rives, très escarpées, sont revêtues d'une toison d'arbres verts, pins et mélèzes, et, du pied de ces escarpements, jaillissent d'innombrables fumerolles blanches. C'est la vapeur qui s'échappe de ce sol, comme d'un énorme récipient, dans lequel l'eau est entretenue par les feux intérieurs à l'état d'ébullition permanente.

  Pour le maître coq, c'eût été ou jamais le cas de faire une ample provision de truites, le seul poisson que les eaux du lac Yellowstone nourrissent par myriades. Mais l'Albatros se tint toujours à une telle hauteur que l'occasion ne se présenta pas d'entreprendre une pêche, qui, très certainement, aurait été miraculeuse.

  Au surplus, en trois quarts d'heure, le lac fut franchi, et, un peu plus loin, la région de ces geysers qui rivalisent avec les plus beaux de l'Islande. Penchés au-dessus de la plate-forme, Uncle Prudent et Phil Evans observaient les colonnes liquides qui s'élançaient comme pour fournir à l'aéronef un élément nouveau. C'étaient « l'Eventail » dont les jets se disposent en lamelles rayonnantes, le « Château fort », qui semble se défendre à coups de trombes, le « Vieux fidèle » avec sa projection couronnée d'arcs-en-ciel, le « Géant », dont la poussée interne vomit un torrent vertical d'une circonférence de vingt pieds, à plus de deux cents pieds d'altitude.

  Ce spectacle incomparable, on peut dire unique au monde, Robur en connaissait sans doute toutes les merveilles, car il ne parut pas sur la plate-forme. Etait-ce donc pour le seul plaisir de ses hôtes qu'il avait lancé l'aéronef au-dessus de ce domaine national? Quoi qu'il en soit, il s'abstint de venir chercher leurs remerciements. Il ne se dérangea même pas pendant l'audacieuse traversée des montagnes Rocheuses, que l'Albatros aborda vers sept heures du matin.

  On sait que cette disposition orographique s'étend, comme une énorme épine dorsale, depuis les reins jusqu'au cou de l'Amérique septentrionale, en prolongeant les Andes mexicaines. C'est un développement de trois mille cinq cents kilomètres que domine le pic James, dont la cime atteint presque douze mille pieds.

  Certainement, en multipliant ses coups d'ailes, comme un oiseau de haut vol, l'Albatros aurait pu franchir les cimes les plus élevées de cette chaîne pour aller retomber d'un bond dans l'Oregon ou dans l'Utah. Mais la manuvre ne fut pas même nécessaire. Des passes existent qui permettent de traverser cette barrière sans en gravir la crête. Il y a plusieurs de ces « cañons », sortes de cols, plus ou moins étroits, à travers lesquels on peut se glisser, - les uns tels que la passe Bridger que prend le railway du Pacifique pour pénétrer sur le territoire des Mormons, les autres qui s'ouvrent plus au nord ou plus au sud.

  Ce fut à travers un de ces canons que l'Albatros s'engagea, après avoir modéré sa vitesse, afin de ne point se heurter contre les parois du col. Le timonier, avec une sûreté de main que rendait plus efficace encore l'extrême sensibilité du gouvernail, le manuvra comme il eût fait d'une embarcation de premier ordre dans un match du Royal Thames Club. Ce fut vraiment extraordinaire. Et, quelque dépit qu'en ressentissent les deux ennemis du « Plus lourd que l'air », ils ne purent qu'être émerveillés de la perfection d'un tel engin de locomotion aérienne.

  En moins de deux heures et demie, la grande chaîne fut traversée, et l'Albatros reprit sa première vitesse à raison de cent kilomètres. Il repiquait alors vers le sud-ouest, de manière à couper obliquement le territoire de l'Utah en se rapprochant du sol. Il était même descendu à quelques centaines de mètres, lorsque des coups de sifflet attirèrent l'attention d'Uncle Prudent et de Phil Evans.

  C'était un train du Pacific-Railway qui se dirigeait vers la ville du Grand-Lac-Salé.

  En ce moment, obéissant à un ordre secrètement donné, l'Albatros s'abaissa encore, de manière à suivre le convoi lancé à toute vapeur. Il fut aussitôt aperçu. quelques têtes se montrèrent aux portières des wagons. Puis, de nombreux voyageurs encombrèrent ces passerelles qui raccordent les « cars américains. quelques-uns même n'hésitèrent. pas à grimper sur les impériales, afin de mieux voir cette machine volante. Rips et hurrahs coururent. à travers l'espace; mais ils n'eurent pas pour résultat de faire apparaître Robur.

  L'Albatros descendit encore, en modérant le jeu de ses hélices suspensives, et ralentit sa marche pour ne pas laisser en arrière le convoi qu'il eût pu si facilement distancer. Il voletait au-dessus comme un énorme scarabée, lui qui aurait pu être un gigantesque oiseau de proie. Il faisait des embardées à droite et à gauche, il s'élançait en avant, il revenait sur lui-même, et, fièrement, il avait arboré son pavillon noir à soleil d'or, auquel le chef du train répondit en agitant l'étamine aux trente-sept étoiles de l'Union américaine.

  En vain les deux prisonniers voulurent-ils profiter de l'occasion qui leur était offerte de faire connaître ce qu'ils étaient devenus. En vain le président du Weldon-Institute cria-t-il d'une voix forte:

  « Je suis Uncle Prudent de Philadelphie! »

  Et le secrétaire:

  « Je suis Phil Evans, son collègue! »

  Leurs cris se perdirent dans les milliers de hurrahs dont les voyageurs saluaient leur passage.

  Cependant, trois ou quatre des gens de l'aéronef avaient paru sur la plate-forme. Puis l'un d'eux, comme font les marins qui dépassent un navire moins rapide que le leur, tendit au train un bout de corde - façon ironique de lui offrir une remorque.

  L'Albatros reprit aussitôt sa marche habituelle, et, en une demi-heure, il eut laissé en arrière cet express, dont la dernière vapeur ne tarda pas à disparaître.

  Vers une heure après midi, apparut un vaste disque qui renvoyait les rayons solaires, ainsi que l'eût fait un immense réflecteur.

  Ce doit être la capitale des Mormons, Salt-Lake-City! dit Uncle Prudent.

  C'était, en effet, la cité du Grand-Lac-Salé, et, ce disque, c'était le toit rond du Tabernacle, où dix mille saints peuvent tenir à l'aise. Comme un miroir convexe, il dispersait les rayons du soleil en toutes les directions.

  Là s'étendait la grande cité, au pied des monts Wasatsh revêtus de cèdres et de Sapins jusqu'à mi-flanc, sur la rive de ce Jourdain qui déverse les eaux de l'Utah dans le Great-Salt-Lake. Sous l'aéronef se développait le damier que figurent la plupart des villes américaines, - damier dont on peut dire qu'il a « plus de dames que de cases », puisque la polygamie est si en faveur chez les Mormons. Tout autour, un pays bien aménagé, bien cultivé, riche en textiles, dans lequel les troupeaux de moutons se comptent par milliers.

  Mais cet ensemble s'évanouit comme une ombre, et l'Albatros prit vers le sud-ouest une vitesse plus accélérée qui ne laissa pas d'être très sensible, puisqu'elle dépassait celle du vent.

  Bientôt l'aéronef s'envola au-dessus des régions du Nevada et de son territoire argentifère, que la Sierra seule sépare des placers aurifères de la Californie. « Décidément, dit Phil Evans, nous devons nous attendre à voir San Francisco avant la nuit!

  - Et après?... » répondit Uncle Prudent.

  Il était six heures du soir, lorsque la Sierra Nevada fut franchie précisément par le col de Truckie qui sert de passe au railway. Il ne restait plus que trois cents kilomètres à parcourir pour atteindre, sinon San Francisco, du moins Sacramento, la capitale de l'Etat californien.

  Telle fut alors la rapidité imprimée à l'Albatros, que, avant huit heures, le dôme du Capitole pointait à l'horizon de l'ouest pour disparaître bientôt à l'horizon opposé.

  En cet instant, Robur se montra sur la plate-forme. Les deux collègues allèrent à lui.

  « Ingénieur Robur, dit Uncle Prudent, nous voilà aux confins de l'Amérique! Nous pensons que cette plaisanterie va cesser...

  - Je ne plaisante jamais, » répondit Robur.

  Il fit un signe. L'Albatros s'abaissa rapidement vers le sol; mais, en
même temps, il prit une telle vitesse qu'il fallut se réfugier dans les roufles.

  A peine la porte de leur cabine s'était-elle refermée sur les deux collègues :

  « Un peu plus, je l'étranglais! dit Uncle Prudent.

  Il faudra tenter de fuir! répondit Phil Evans.

  - Oui!... coûte que coûte! »

  Un long murmure arriva alors jusqu'à eux.

  C'était le grondement de la mer qui se brisait sur les roches du littoral. C'était l'océan Pacifique.

  IX. Dans lequel l'Albatros franchit près de dix mille kilomètres, qui se terminent par un bond prodigieux.

  Uncle Prudent et Phil Evans étaient bien résolus à fuir. S'ils n'avaient eu affaire aux huit hommes particulièrement vigoureux qui composaient le personnel de l'aéronef, peut-être eussent-ils tenté la lutte. Un coup d'audace aurait pu les rendre maîtres à bord et leur permettre de redescendre sur quelque point des Etats-Unis. Mais à deux - Frycollin ne devant être considéré que comme une quantité négligeable -, il n'y fallait pas songer. Donc, puisque la force ne pouvait être employée, il conviendrait de recourir à la ruse, dès que l'Albatros prendrait terre. C'est ce que Phil Evans essaya de faire comprendre à son irascible collègue, dont il craignait toujours quelque violence prématurée qui eût aggravé la situation.

  En tout cas, ce n'était pas le moment. L'aéronef filait à toute vitesse au-dessus du Pacifique-Nord. Le lendemain matin, 16 juin, on ne voyait plus rien de la côte. Or, comme le littoral s'arrondit depuis l'île de Vancouver jusqu'au groupe des Aléoutiennes, -- portion de l'Amérique russe cédée aux Etats-Unis en 1867, -- très vraisemblablement l'Albatros le croiserait à son extrême courbure. si sa direction ne se modifiait pas.

 

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