by Jules Verne
C'était là, dans cette immense excavation naturelle, que Simon Ford avait bâti son nouveau cottage, et il ne l'eût pas échangé pour le plus bel hôtel de Princes-street, à Édimbourg. Cette habitation était située au bord du lac, et ses cinq fenêtres s'ouvraient sur les eaux sombres, qui s'étendaient au-delà de la limite du regard.
Deux mois après, une seconde habitation s'était élevée dans le voisinage du cottage de Simon Ford. Ce fut celle de James Starr. L'ingénieur s'était donné corps et âme à la Nouvelle-Aberfoyle. Il avait, lui aussi, voulu l'habiter, et il fallait que ses affaires l'y obligeassent impérieusement pour qu'il consentît à remonter au dehors. Là, en effet, il vivait au milieu de son monde de mineurs.
Depuis la découverte des nouveaux gisements, tous les ouvriers de l'ancienne houillère s'étaient hâtés d'abandonner la charme et la herse pour reprendre le pic ou la pioche. Attirés par la certitude que le travail ne leur manquerait jamais, alléchés par les hauts prix que la prospérité de l'exploitation allait permettre d'affecter à la main-d'uvre, ils avaient abandonné le dessus du sol pour le dessous, et s'étaient logés dans la houillère, qui, par sa disposition naturelle, se prêtait à cette installation.
Ces maisons de mineurs, construites en briques, s'étaient peu à peu disposées d'une façon pittoresque, les unes sur les rives du lac Malcolm, les autres sous ces arceaux, qui semblaient faits pour résister à la poussée des voûtes comme les contreforts d'une cathédrale. Piqueurs qui abattent la roche, rouleurs qui transportent le charbon, conducteurs de travaux, boiseurs qui étançonnent les galeries, cantonniers auxquels est confiée la réparation des voies, remblayeurs qui substituent la pierre à la houille dans les parties exploitées, tous ces ouvriers enfin, qui sont plus spécialement employés aux travaux du fond, fixèrent leur domicile dans la Nouvelle-Aberfoyle et fondèrent peu à peu Coal-city, située sous la pointe orientale du lac Katrine, dans le nord du comté de Stirling.
C'était donc une sorte de village flamand, qui s'était élevé sur les bords du lac Malcolm. Une chapelle, érigée sous l'invocation de Saint-Gilles, dominait tout cet ensemble du haut d'un énorme rocher, dont le pied se baignait dans les eaux de cette mer subterranéenne.
Lorsque ce bourg souterrain s'éclairait des vifs rayons projetés par les disques, suspendus aux piliers du dôme ou aux arceaux des contre-nefs, il se présentait sous un aspect quelque peu fantastique, d'un effet étrange, qui justifiait la recommandation des Guides Murray ou Joanne. C'est pourquoi les visiteurs affluaient.
Si les habitants de Coal-city se montraient fiers de leur installation, cela va sans dire. Aussi ne quittaient-ils que rarement la cité ouvrière, imitant en cela Simon Ford, qui, lui, n'en voulait jamais sortir. Le vieil overman prétendait qu'il pleuvait toujours « là-haut », et, étant donné le climat du Royaume-Uni, il faut convenir qu'il n'avait pas absolument tort. Les familles de la Nouvelle-Aberfoyle prospéraient donc. Depuis trois ans, elles étaient arrivées à une certaine aisance, qu'elles n'eussent jamais obtenue à la surface du comté. Bien des bébés, qui étaient nés à l'époque où les travaux furent repris, n'avaient encore jamais respiré l'air extérieur.
Ce qui faisait dire à Jack Ryan :
« Voilà dix-huit mois qu'ils ont cessé de téter leurs mères, et, pourtant, ils n'ont pas encore vu le jour ! » Il faut noter, à ce propos, qu'un des premiers accourus à l'appel de l'ingénieur avait été Jack Ryan. Ce joyeux compagnon s'était fait un devoir de reprendre son ancien métier. La ferme de Melrose avait donc perdu son chanteur et son piper ordinaire. Mais ce n'est pas dire que Jack Ryan ne chantait plus. Au contraire, et les échos sonores de la Nouvelle-Aberfoyle usaient leurs poumons de pierre à lui répondre.
Jack Ryan s'était installé au nouveau cottage de Simon Ford. On lui avait offert une chambre qu'il avait acceptée sans façon, en homme simple et franc qu'il était. La vieille Madge l'aimait pour son bon caractère et sa belle humeur. Elle partageait tant soit peu ses idées au sujet des êtres fantastiques qui devaient hanter la houillère, et, tous deux, quand ils étaient seuls, se racontaient des histoires à faire frémir, histoires bien dignes d'enrichir la mythologie hyperboréenne.
Jack Ryan devint ainsi la joie du cottage. C'était, d'ailleurs, un bon sujet, un solide ouvrier. Six mois après la reprise des travaux, il était chef d'une brigade des travaux du fond.
« Voilà qui est bien travaillé, monsieur Ford, disait-il, quelques jours après son installation. vous avez trouvé un nouveau filon, et, si vous avez failli payer de votre vie cette découverte, eh bien, ce n'est pas trop cher !
— Non, Jack, c'est même un bon marché que nous avons fait là ! répondit le vieil overman. Mais ni M. Starr, ni moi, nous n'oublierons que c'est à toi que nous devons la vie !
— Mais non, reprit Jack Ryan. C'est à votre fils Harry, puisqu'il a eu la bonne pensée d'accepter mon invitation pour la fête d'Irvine...
— Et de n'y point aller, n'est-ce pas ? répliqua Harry, en serrant la main de son camarade. Non, Jack, c'est à toi, à peine remis de tes blessures, à toi, qui n'as perdu ni un jour, ni une heure, que nous devons d'avoir été retrouvés vivants dans la houillère !
— Eh bien, non ! riposta l'entêté garçon. Je ne laisserai pas dire des choses qui ne sont point ! J'ai pu faire diligence pour savoir ce que tu étais devenu, Harry, et voilà tout. Mais, afin de rendre à chacun ce qui lui est dû, j'ajouterai que sans cet insaisissable lutin...
— Ah ! nous y voilà ! s'écria Simon Ford. Un lutin !
— Un lutin, un brawnie, un fils de fée, répéta Jack Ryan, un petit-fils des Dames de feu, un Urisk, ce que vous voudrez enfin ! Il n'en est pas moins certain que, sans lui, nous n'aurions jamais pénétré dans la galerie, d'où vous ne pouviez plus sortir !
— Sans doute, Jack, répondit Harry. Il reste à savoir si cet être est aussi surnaturel que tu veux le croire.
— Surnaturel ! s'écria Jack Ryan. Mais il est aussi surnaturel qu'un follet, qu'on verrait courir son falot à la main, qu'on voudrait attraper, qui vous échapperait comme un sylphe, qui s'évanouirait comme une ombre ! Sois tranquille, Harry, on le reverra un jour ou l'autre !
— Eh bien, Jack, dit Simon Ford, follet ou non, nous chercherons à le retrouver, et il faudra que tu nous aides à cela.
— Vous vous ferez là une mauvaise affaire, monsieur Ford ! répondit Jack Ryan.
— Bon ! laisse venir, Jack ! »
On se figure aisément combien ce domaine de la Nouvelle Aberfoyle devint bientôt familier aux membres de la famille Ford, et plus particulièrement à Harry. Celui-ci apprit à en connaître les plus secrets détours. Il en arriva même à pouvoir dire à quel point de la surface du sol correspondait tel ou tel point de la houillère. Il savait qu'au-dessus de cette couche se développait le golfe de Clyde, que là s'étendait le lac Lomond ou le lac Katrine. Ces piliers, c'était un contrefort des monts Grampians qu'ils supportaient. Cette voûte, elle servait de soubassement à Dumbarton. Au-dessus de ce large étang passait le railway de Balloch. Là finissait le littoral écossais. Là commençait la mer, dont on entendait distinctement les fracas, pendant les grandes tourmentes de l'équinoxe. Harry eût été un merveilleux « leader » de ces catacombes naturelles, et, ce que font les guides des Alpes sur les sommets neigeux, en pleine lumière, il l'eût fait dans la houillère, en pleine ombre, avec une incomparable sûreté d'instinct.
Aussi l'aimait-il, cette Nouvelle-Aberfoyle ! Que de fois, sa lampe au chapeau, il s'aventurait jusque dans ses plus extrêmes profondeurs ! Il explorait ses étangs sur un canot qu'il manuvrait adroitement. Il chassait même, car de nombreux oiseaux sauvages s'étaient introduits dans la crypte, pilets, bécassines, macreuses, qui se nourrissaient des poissons dont fourmillaient ces eaux noires. Il semblait que les yeux d'Harry fussent faits aux espaces sombres, comme les yeux d'un marin aux horizons éloignés.
Mais, courant ainsi, Harry était comme irrésistiblement entraîné par l'espoir de retrouver l'être mystérieux, dont l'intervention, pour dire le vrai, l'avait sauvé plus que toute autre, et les siens
avec lui. Réussirait-il ? Oui, à n'en pas douter, s'il en croyait ses pressentiments. Non, s'il fallait conclure du peu de succès que ses recherches avaient obtenu jusqu'alors.
Quant aux attaques dirigées contre la famille du vieil overman, avant la découverte de la Nouvelle-Aberfoyle, elles ne s'étaient pas renouvelées.
Ainsi allaient les choses dans cet étrange domaine.
Il ne faudrait pas s'imaginer que, même à l'époque où les linéaments de Coal-city se dessinaient à peine, toute distraction fût écartée de la souterraine cité, et que l'existence y fût monotone.
Il n'en était rien. Cette population, ayant mêmes intérêts, mêmes goûts, à peu près même somme d'aisance, constituait, à vrai dire, une grande famille. On se connaissait, on se coudoyait, et le besoin d'aller chercher quelques plaisirs au-dehors se faisait peu sentir.
D'ailleurs, chaque dimanche, promenades dans la houillère, excursions sur les lacs et les étangs, c'étaient autant d'agréables distractions.
Souvent aussi, on entendait les sons de la cornemuse retentir sur les bords du lac Malcolm. Les Écossais accouraient à l'appel de leur instrument national. On dansait, et ce jour-là, Jack Ryan, revêtu de son costume de Highlander, était le roi de la fête.
Enfin, de tout cela il résultait, au dire de Simon Ford, que Coal-city pouvait déjà se poser en rivale de la capitale de l'Écosse, de cette cité soumise aux froids de l'hiver, aux chaleurs de l'été, aux intempéries d'un climat détestable, et qui, dans une atmosphère encrassée de la fumée de ses usines, justifiait trop justement son surnom de « Vieille-Enfumée ».
XIV. Suspendu à un fil
Dans de telles conditions, ses plus chers désirs satisfaits, la famille de Simon Ford était heureuse. Cependant, on eût pu observer qu'Harry, déjà d'un caractère un peu sombre, était de plus en plus « en dedans », comme disait Madge. Jack Ryan, malgré sa bonne humeur si communicative, ne parvenait pas à le mettre « en dehors ».
Un dimanche — c'était au mois de juin —, les deux amis se promenaient sur les bords du lac Malcolm. Coal-city chômait. A l'extérieur, le temps était orageux. De violentes pluies faisaient sortir de la terre une buée chaude. On ne respirait pas à la surface du comté.
Au contraire, à Coal-city, calme absolu, température douce, ni pluie ni vent. Rien n'y transpirait de la lutte des éléments du dehors. Aussi, un certain nombre de promeneurs de Stirling et des environs étaient-ils venus chercher un peu de fraîcheur dans les profondeurs de la houillère.
Les disques électriques jetaient un éclat qu'eût certainement envié le soleil britannique, plus embrumé qu'il ne convient à un soleil des dimanches.
Jack Ryan faisait remarquer ce tumultueux concours de visiteurs à son camarade Harry. Mais celui-ci ne semblait prêter à ses paroles qu'une médiocre attention.
« Regarde donc, Harry ! s'écriait Jack Ryan. Quel empressement à venir nous voir. ! Allons, mon camarade ! Chasse un peu tes idées tristes pour mieux faire les honneurs de notre domaine ! Tu donnerais à penser, à tous ces gens du dessus, que l'on peut envier leur sort !
— Jack, répondit Harry, ne t'occupe pas de moi ! Tu es gai pour deux, et cela suffit !
— Que le vieux Nick m'emporte ! riposta Jack Ryan, si ta mélancolie ne finit pas par déteindre sur moi ! Mes yeux se rembrunissent, mes lèvres se resserrent, le rire me reste au fond du gosier, la mémoire des chansons m'abandonne ! voyons, Harry, qu'as-tu ?
— Tu le sais, Jack.
— Toujours cette pensée ?...
— Toujours.
— Ah ! mon pauvre Harry ! répondit Jack Ryan en haussant les épaules, si, comme moi, tu mettais tout cela sur le compte des lutins de la mine, tu aurais l'esprit plus tranquille !
— Tu sais bien, Jack, que les lutins n'existent que dans ton imagination, et que, depuis la reprise des travaux, on n'en a pas revu un seul dans la Nouvelle-Aberfoyle.
— Soit, Harry ! mais, si les brawnies ne se montrent plus, il me semble que ceux auxquels tu veux rapporter toutes ces choses extraordinaires ne se montrent pas davantage !
— Je les retrouverai, Jack !
— Ah ! Harry ! Harry ! Les génies de la Nouvelle-Aberfoyle ne sont pas faciles à surprendre !
— Je les retrouverai, tes prétendus génies ! reprit Harry avec l'accent de la plus énergique conviction.
— Ainsi, tu prétends punir ?...
— Punir et récompenser, Jack. Si une main nous a emprisonnés dans cette galerie, je n'oublie pas qu'une autre main nous a secourus ! Non ! je ne l'oublie pas !
— Eh ! Harry ! répondit Jack Ryan, es-tu bien sûr que ces deux mains-là n'appartiennent pas au même corps ?
— Pourquoi, Jack ? D'où peut te venir cette idée ?
— Dame... tu sais... Harry ! Ces êtres, qui vivent dans les abîmes... ne sont pas faits comme nous !
— Ils sont faits comme nous, Jack !
— Eh non ! Harry... non... D'ailleurs, ne peut-on supposer que quelque fou est parvenu à s'introduire...
— Un fou ! répondit Harry ! Un fou qui aurait une telle suite dans les idées ! Un fou, ce malfaiteur qui, depuis le jour où il a rompu les échelles du puits Yarow, n'a cessé de nous faire du mal !
— Mais il n'en fait plus, Harry. Depuis trois ans, aucun acte malveillant n'a été renouvelé ni contre toi, ni contre les tiens !
— Il n'importe, Jack, répondit Harry. J'ai le pressentiment que cet être mauvais, quel qu'il soit, n'a pas renoncé à ses projets. Sur quoi je me fonde pour te parler ainsi, je ne pourrais le dire. Aussi, Jack, dans l'intérêt de la nouvelle exploitation, je veux savoir qui il est et d'où il vient.
— Dans l'intérêt de la nouvelle exploitation ?... demanda Jack Ryan, assez étonné.
— Oui, Jack, reprit Harry. Je ne sais si je m'abuse, mais je vois dans toute cette affaire un intérêt contraire au nôtre. J'y ai souvent songé, et je ne crois pas me tromper. Rappelle-toi la série de ces faits inexplicables, qui s'enchaînent logiquement l'un à l'autre. Cette lettre anonyme, contradictoire de celle de mon père, prouve, tout d'abord, qu'un homme a eu connaissance de nos projets et qu'il a voulu en empêcher l'accomplissement. M. Starr vient nous rendre visite à la fosse Dochart. A peine l'y ai-je introduit, qu'une énorme pierre est lancée sur nous, et que toute communication est aussitôt interrompue par la rupture des échelles du puits Yarow. Notre exploration commence. Une expérience, qui doit révéler l'existence du nouveau gisement, est alors rendue impossible par l'obturation des fissures du schiste. Néanmoins, la constatation s'opère, le filon est trouvé. Nous revenons sur nos pas. Un grand souffle se produit dans l'air. Notre lampe est brisée. L'obscurité se fait autour de nous. Nous parvenons, cependant, à suivre la sombre galerie... Plus d'issue pour en sortir. L'orifice était bouché. Nous étions séquestrés. Eh bien, Jack, ne vois-tu pas dans tout cela une pensée criminelle ? Oui ! un être, insaisissable jusqu'ici, mais non pas surnaturel, comme tu persistes à le croire, était caché dans la houillère. Dans un intérêt que je ne puis comprendre, il cherchait à nous en interdire l'accès. Il y était !... Un pressentiment me dit qu'il y est encore, et qui sait s'il ne prépare pas quelque coup terrible ! — Eh bien, Jack, dussé-je y risquer ma vie, je le découvrirai ! »
Harry avait parlé avec une conviction qui ébranla sérieusement son camarade.
Jack Ryan sentait bien qu'Harry avait raison, — au moins pour le passé. Que ces faits extraordinaires eussent une cause naturelle ou surnaturelle, ils n'en étaient pas moins patents.
Cependant, le brave garçon ne renonçait pas à sa manière d'expliquer ces événements. Mais, comprenant qu'Harry n'admettrait jamais l'intervention d'un génie mystérieux, il se rabattit sur l'incident qui semblait inconciliable avec le sentiment de malveillance dirigée contre la famille Ford.
« Eh bien, Harry, dit-il, si je suis obligé de te donner raison sur un certain nombre de points, ne penseras-tu pas avec moi que quelque bienfaisant brawnie, en vous apportant le pain et l'eau, a pu vous sauver de...
— Jack, répondit Har
ry en l'interrompant, l'être secourable dont tu veux faire un être surnaturel existe aussi réellement que le malfaiteur en question, et, tous deux, je les chercherai jusque dans les plus lointaines profondeurs de la houillère.
— Mais as-tu quelque indice qui puisse guider tes recherches ? demanda Jack Ryan.
— Peut-être, répondit Harry. Écoute-moi bien. A cinq milles dans l'ouest de la Nouvelle-Aberfoyle, sous la portion du massif qui supporte le Lomond, il existe un puits naturel qui s'enfonce perpendiculairement dans les entrailles mêmes du gisement. Il y a huit jours, j'ai voulu en sonder la profondeur. Or, pendant que ma sonde descendait, alors que j'étais penché sur l'orifice de ce puits, il m'a semblé que l'air s'agitait à l'intérieur, comme s'il eût été battu de grands coups d'ailes.
— C'était quelque oiseau égaré dans les galeries inférieures de la houillère, répondit Jack.
— Ce n'est pas tout, Jack, reprit Harry. Ce matin même, je suis retourné à ce puits, et là, prêtant l'oreille, j'ai cru surprendre comme une sorte de gémissement...
— Un gémissement ! s'écria Jack. Tu t'es trompé, Harry ! C'est une poussée d'air.., à moins qu'un lutin...
— Demain, Jack, reprit Harry, je saurai à quoi m'en tenir.
— Demain ? répondit Jack en regardant son camarade.
— Oui ! Demain, je descendrai dans cet abîme.
— Harry, c'est tenter Dieu, cela !
— Non, Jack, car j'implorerai son aide pour y descendre. Demain, nous nous rendrons tous deux à ce puits avec quelques-uns de nos camarades. Une longue corde, à laquelle je m'attacherai, vous permettra de me descendre et de me retirer à un signal convenu. — Je puis compter sur toi, Jack ?
— Harry, répondit Jack Ryan en hochant la tête, je ferai ce que tu me demandes, et cependant, je te le répète, tu as tort.
— Mieux vaut avoir tort de faire que remords de n'avoir pas fait, dit Harry d'un ton décidé. Donc, demain matin, à six heures, et silence ! Adieu, Jack ! »
Et, pour ne pas continuer une conversation dans laquelle Jack Ryan eût encore essayé de combattre ses projets, Harry quitta brusquement son camarade et rentra au cottage.