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Opération bague au doigt

Page 10

by Lynda Curnyn


  Pas la peine de mettre des sous-titres. Je sais de quoi il parle.

  De sa demande en mariage.

  Je sirote une gorgée d’eau, je me plaque sur le visage le sourire de circonstance et j’écoute… Josh me raconte tout de cette glorieuse soirée où il a demandé à Emily Fairbanks de devenir sa femme. Aucun détail ne m’est épargné. Josh se dit fier d’être romantique. En fait, il continue à m’enfoncer, à me reprocher l’air de rien de n’avoir pas apprécié à leur juste valeur ses vaillantes tentatives de me faire la cour (d’accord, pardonne-moi si je n’ai pas trouvé romantique la traversée à la rame du lac qui borde la petite cabane de tes parents dans les Poconos, par quarante degrés à l’ombre ! C'était la journée la plus chaude de l’été.).

  Le voilà qui me parle de la promenade en fiacre à Central Park (un peu trop cliché à mon goût, mais il faut lui reconnaître qu’il a mis le paquet), de la lune qui auréolait le ciel, et du silence que seul le rythme cadencé des sabots venait troubler (je suis sûre qu’il y avait de la circulation, il y en a toujours… mais bon !).

  Il me parle de la lumière dans les yeux d’Emily lorsqu’il s’est tourné vers elle, lui a pris la main et lui a dit ces mots qu’il n’avait jamais prononcés auparavant…

  Je dois avouer que j’ai la gorge nouée en voyant cette petite étincelle dans les yeux de Josh tandis qu’il se remémore la scène.

  L’amour. Son amour pour Emily Fairbanks, dont les qualités les plus évidentes sont une certaine noblesse dans la démarche et une belle peau.

  Je souris, mais ma gorge se serre de plus en plus. Je suis heureuse pour lui. Réellement, sincèrement heureuse. Car si Josh, avec lequel je partage non seulement les mêmes antihistaminiques mais aussi les mêmes angoisses paralysantes, a pu se marier, eh bien, pourquoi pas moi ?

  — N’oublie pas de me dire quand je dois amener mon smoking.

  Ça, c’est une vieille blague entre nous : comme je suis, d’après lui, « son meilleur ami », c’est moi qui dois jouer le rôle de garçon d’honneur !

  Josh baisse aussitôt la tête et se met à rougir.

  Je continue de persifler, ignorant la raison de son trouble.

  — Bon, d’accord. Je porterai une robe s’il le faut, mais attention, pas de taffetas !

  Josh continue d’éviter mon regard, et je me rends compte que notre bonne vieille blague a fait son temps. Il ne trouve plus ça drôle, et je crois savoir pourquoi.

  — Ote-moi un doute. Je suis bien invitée au mariage ?

  Josh finit par relever la tête, le regard toujours fuyant.

  — C’est que… Emily et moi… eh bien, justement nous en parlions et… c’est-à-dire… tu… elle ne se sent pas très chaude pour inviter… enfin, tu vois ce que je veux dire… euh… pour t’inviter, toi.

  Et sur ce, il replonge la tête en bas.

  J’ouvre la bouche pour parler, mais aucun son ne vient. Même si nous ne nous voyons plus guère depuis quelque temps, c’est quand même mon ami ! Et même si notre couple n’a pas tenu la route, d’une certaine façon, nous sommes encore très attachés l’un à l’autre. Du moins jusqu’à ce qu’Emily ne pointe son nez.

  — Je t’en prie, Ange. Essaie de comprendre ce qu’Emily peut ressentir. Pour elle, tu es mon ex…

  Je scrute en vain le visage de Josh pour essayer d’y voir un signe, un simple signe que cet homme empêtré dans son embarras a bien été mon meilleur ami.

  Oui, je suis son ex… Et apparemment, je ne serai jamais rien d’autre.

  Mais je n’ai pas le temps de ruminer sur le déclin de ma relation avec Josh. Car à ma grande satisfaction, ma liaison avec Kirk prend soudain un nouveau tournant.

  En rentrant chez moi après le dîner, je vois que mon répondeur clignote. C'est la voix de Kirk qui me dit avec une certaine insistance :

  « Appelle-moi dès que tu rentres. »

  Je choisis de ne pas appeler.

  Quoi ? Il est tard… Je n’ai pas envie de le réveiller.

  Et puis… je n’ai pas très envie non plus de renoncer à cette sensation de puissance ! Le sentiment de détenir le pouvoir…

  Et qui ne fait que croître et embellir lorsque le lendemain, assise à mon bureau à Lee & Laurie, Jerry Landry se penche par-dessus la cloison, les yeux brillant d’une étrange lueur — comme s’il allait me confier je ne sais quel secret inavouable.

  — Vous avez un appel de Kirk au standard. Voulez-vous que je le transfère ?

  — Bien sûr.

  Je suis dans un état d’excitation que je n’ai pas connu depuis le tout début de ma liaison avec Kirk. Michelle me regarde d’un air perplexe : Kirk n’a jamais appelé au bureau. Il est pratiquement impossible de me joindre pendant la journée mais, soyons franc, Kirk n’en a jamais éprouvé le besoin non plus. Jusqu’à aujourd’hui.

  Je réponds d’une voix très professionnelle… en priant le ciel pour qu’on m’ait passé l’appel de Kirk avant celui d’un client.

  — Merci d’avoir appelé Lee & Laurie Catalogue, le style décontracté à votre portée…

  — Ange, c’est moi.

  Je réponds d’un ton calme et serein.

  — Oh, bonjour, Kirk. Que se passe-t-il ?

  — Pourquoi ne m’as-tu pas rappelé hier soir ?

  Il y a une fêlure dans sa voix qui me rendrait presque coupable.

  — Je suis désolée, mon chéri, mais je suis rentrée un peu tard, et j’ai pensé que tu étais fatigué. J’ai préféré…

  Me voilà presque en train de faire amende honorable ! Que voulez-vous, c’est ma nature. Et vous pouvez penser ce que bon vous semble de ma conduite, je ne suis décidément pas faite pour ce petit jeu du chat et de la souris.

  — A quelle heure es-tu rentrée chez toi ?

  — Vers 23 h 30, je crois.

  Youpi ! Il est en train de craquer…

  Ce que j’omets de lui dire, c’est que j’ai passé le plus clair de la soirée à expliquer à Josh ce que je pensais de son attitude. Je n’ai pas du tout apprécié qu’il ait jugé nécessaire de m’exclure du jour le plus important de sa vie ! En fait, je n’ai fait que parler dans le vide… Non seulement je ne comprends pas la position de cette Emily Fairbanks, mais celle de Josh encore moins !

  Kirk se met à aboyer.

  — Mais enfin, que fabriquais-tu pendant tout ce temps ? Oh, et puis zut… Tu viens ce soir ?

  — Ce soir ?

  Je regarde Michelle, qui fait oui de la tête.

  — Bon, d’accord.

  — Parfait, parce qu’il faut qu’on parle… 22 h 30, ça te va ?

  — Très bien.

  Et je coupe la ligne. Je me tourne vers Michelle.

  — Il veut me parler…

  — Bingo ! lance-t-elle en applaudissant.

  Je n’en reviens pas. C’est pas vrai… Ça marche !

  Je me pointe chez Kirk aux alentours de 22 h 45. Je ne savais pas à quoi m’en tenir, mais je ne m’attendais sûrement pas à voir Kirk faire le poireau devant la porte de son appartement.

  Je m’approche avec circonspection.

  — Bonjour !

  Il ne répond pas. Il se contente de me prendre dans ses bras et de m’embrasser comme jamais il ne l’a fait. Un peu brutalement. Ça ne me gêne pas, bien au contraire…

  Je noue mes bras autour de son cou et je presse mon corps contre le sien en plongeant mon regard dans ses yeux gris. Je les connais bien, et j’y vois une expression qui ne m’est pas familière. S'il ne cessait de me couvrir la bouche et le menton de petits baisers légers comme de la plume, je dirais que c’est de la colère.

  Ça y est, je vais avoir droit à un petit speech sur Josh…

  Kirk interrompt son baiser, le temps de m’entraîner dans le long couloir qui mène à sa chambre. Il me dépose sur le lit et se livre à des voies de fait sur moi.

  Dans le bon sens du terme…

  Jamais je n’ai vu Kirk aussi… fébrile. Lui qui a l’habitude de garder son self-control (notez bien, ce n’est pas une mauvaise chose, ça explique son e
ndurance au lit !).

  Il se transforme soudain en vrai démon et arrache mes vêtements (enfin, façon de parler, car il a un certain respect pour la mode et sait très bien que ces petites choses ne sont pas données). Et il se met à caresser mon corps comme s’il voulait en conserver l’empreinte dans sa mémoire.

  Puis il me pénètre, et l’intensité du regard qu’il pose sur moi m’amène au bord de la jouissance. Je lis dans ses yeux l’instinct de possession à l’état pur. Je laisse alors libre cours à mon plaisir et, cette fois, Kirk sait que le matelas n’a rien à voir dans tout ça…

  Nous sommes à présent lovés l’un contre l’autre, et je sens une nouvelle onde de plaisir parcourir mon corps. Peu importe ce qui a mis Kirk dans cet état, peut-être est-ce le résultat de mes techniques de manipulation… Toujours est-il que ce qui vient de se passer entre nous est bien réel.

  Kirk blottit son visage contre le mien, et je sens une nouvelle poussée de désir s’emparer de mon corps pourtant rassasié.

  — C'était bien, me dit-il.

  — Oui, c’était bien.

  Ses yeux ont retrouvé leur douceur et me contemplent avec une sorte de surprise émerveillée. D’extase.

  Le lendemain, après une nuit torride au cours de laquelle Kirk m’a fait trois fois l’amour, je rentre chez moi. En me raccompagnant, j’ai l’impression que Kirk est en train de se convaincre que je suis à lui et à personne d’autre. Une expérience assez vertigineuse, vous vous en doutez.

  Même après ma rude matinée de travail pour Réveil tonique, je me sens toujours aussi euphorique.

  En revenant chez moi en bus, je me rends compte de la bêtise que j’ai faite en dépensant de l’argent que je n’avais pas pour des malheureuses azalées dont je ne voulais pas et des steaks qui seraient forcément immangeables ! Kirk m’aime, il m’aime profondément. Je me sens stupide d’être allée aussi loin pour me prouver à moi-même ce que j’aurais toujours dû savoir.

  Pour m’éviter de me traiter une fois de plus d’imbécile le jour où je recevrai le relevé de ma carte Visa, je décide de réparer en partie les dégâts en rapportant l’azalée… Après tout, je n’ai jamais commandé d’azalée ! J’estime que j’ai parfaitement le droit de foncer chez Murray et de jouer la cliente mécontente pour me faire rembourser. Un plan on ne peut plus simple.

  Seulement voilà, c’était compter sans Justin.

  — Mais enfin, qu’est-ce qui t’a pris ?

  Je ne peux m’empêcher de hurler en découvrant le spectacle. Après avoir soigneusement contourné les pots de fleurs et les sacs de terreau qui jonchent le sol du salon, je viens de m’apercevoir que la jolie petite azalée qui ornait le rebord de la fenêtre est installée à présent dans une jardinière du dernier chic, et qu’elle est bien partie pour finir tranquillement ses vieux jours dans un bonheur parfait.

  Justin passe la tête par la porte de la cuisine, où il doit être une fois de plus en train de faire des siennes, si j’en juge le bruit qui m’agresse les tympans.

  — Salut, Ange ! Un problème ?

  Un problème ? Il me demande si j’ai un problème ! Je fais un geste en direction du buisson coloré.

  — Tu as rempoté ma plante !

  — Selon moi, vois-tu, il s’agit d’un arbre. Mais si tu préfères la traiter de buisson, libre à toi, dit-il en faisant un pas dans le salon et en regardant l’azalée avec tendresse.

  — Mais enfin, pourquoi as-tu fait une chose pareille ?

  — Pourquoi ? Est-ce que tu as vu la taille du pot dans lequel elle était ? Cette pauvre créature avait besoin de place pour respirer à son aise et grandir. Alors j’ai fait un saut chez Murray pour expliquer le problème, et ils m’ont donné cette grande jardinière. Un cadeau… Ce Murray, c’est vraiment un mec bien !

  Ma colère explose.

  — Mais j’avais l’intention de la rendre à… à Murray, justement!

  — La rendre ? Quelle idée de vouloir se débarrasser d’une si jolie…

  Il s’arrête net, comme s’il venait seulement de se rappeler les circonstances dans lesquelles cette magnifique azalée s’était introduite dans notre vie. Il fait la grimace.

  — Ça y est, je commence à comprendre ! Maintenant que cette innocente azalée a servi tes petites… intrigues — il faut voir sur quel ton il a prononcé le mot « intrigues » —, tu n’as plus qu’une envie, c’est la rendre. C’est bien ça ?

  — Ce n’était pas par calcul. C'était juste… un malentendu.

  — Pourquoi ? Parce que tu n’obtenais pas ce que tu voulais ? De grands serments d’amour éternel…

  Il m’agrippe la main avec une rage que je ne lui connaissais pas.

  — ... et une bague, bien sûr !

  — Je ne te demande pas de me comprendre, Justin.

  — Tant mieux, car justement, je ne te comprends pas. Ce désir soudain de te marier… Je croyais que tu voulais devenir actrice.

  — Y a-t-il une loi qui interdise aux acteurs de se marier ?

  Justin réfléchit quelques secondes.

  — Je ne sais pas. Se marier, ça… ça prend du temps.

  C’est alors que le souvenir du mariage de mon frère Sonny me revient à la mémoire. Je me souviens de Vanessa, lorsqu’elle n’était encore que sa fiancée. On peut dire qu’elle y a passé du temps, à préparer son mariage ! Elle s’y est consacrée corps et âme… Du choix de la robe à celui des petits-fours pour le cocktail, rien ne lui a échappé.

  Je reviens sur Terre.

  — Pour toi, le mariage est une espèce de cirque, et je ne comprends pas pourquoi. Et puis je suis… je suis mûre pour le mariage. J’ai un bon boulot en ce moment et…

  — Tu parles de Réveil tonique ?

  — C'est de la télé, que ça te plaise ou non. Et ça va peut-être m’ouvrir des portes…

  — En effet, je verrais bien une porte de prison pour mauvais traitements sur mineurs. J’ai visionné les bandes que tu ramènes chez toi. Je me souviens très précisément d’une posture de yoga… Mortel ! Au sens littéral du terme. Tu es sûre que c’est bon pour les gosses de se contorsionner comme ça ?

  — C'est ça, cause toujours. Moi, je voudrais bien te voir prendre ta carrière en main et dépasser un peu le stade des concours d’amateurs ! Quand je pense à toutes ces soirées que tu passes au bar Fence, il ne te viendrait pas à l’idée de t’y produire sur scène ? Depuis que tu as quitté le métier, je ne t’ai jamais vu lever le petit doigt pour… pour réussir dans la musique.

  J’ai failli dire « pour réaliser ton rêve », mais c’est faux. Le rêve de Justin, c’est le cinéma… Et il a dû l’abandonner pour une basse besogne de technicien. Et même ça, il ne le fait plus.

  En voyant le visage de Justin se décomposer, je regrette immédiatement ce que je viens de dire. Je ne sais pas ce qui a pu le retenir ces derniers temps, mais maintenant qu’il a fini par faire quelque chose, inutile d’étouffer dans l’œuf le peu d’élan créatif qui lui reste.

  — Je suis désolée, Justin. Tu sais combien je suis prête à t’épauler, quoi que tu fasses. J’espérais que tu m’épaulerais, moi aussi… pour cette chose avec Kirk.

  — Cette « chose » ? Tu veux dire, le mariage ?

  — Oui, dis-je d’un ton mal assuré. Enfin… je crois.

  — D’accord. Mais sache que tu dis adieu à ta carrière. Entre autres.

  Finalement, ma colère retombe vite. Car Justin me concocte une omelette à sa façon… Un vrai délice ! Je me sens presque coupable d’avoir essayé de me débarrasser de l’azalée. Je n’en reviens pas qu’il se soit autant attaché à cet arbuste en si peu de temps. En fait, Justin m’a l’air de s’attacher aux choses comme moi, je m’attache aux hommes…

  Et puis je sais qu’il a marqué un point.

  Maintenant que je suis rassurée sur les sentiments de Kirk, je ne ressens plus ce besoin pressant de faire avancer mes projets de mariage. Ne dit-on pas que : « Tout vient à point à qui sait attendre » ? Je saurai attendre…

  Michelle, en revanc
he, n’est pas du tout de cet avis.

  — Je t’avertis. Tu vas perdre du terrain, si tu ne passes pas à la phase suivante.

  J’ai envie de lui tenir tête. Seulement voilà, il y a eu cette conversation téléphonique avec Grace, beaucoup plus tard, en fin de soirée…

  J’ai demandé incidemment à ma copine ce qu’elle faisait pour le week-end, en me disant qu’un petit dîner à quatre avec Drew et Kirk pourrait être supersympa. Nous sommes rarement sortis ensemble — difficile de faire coïncider nos emplois du temps. Mais si j’en juge les rares fois où nous avons réussi à prendre un pot ou à voir un film ensemble, je sais que Kirk apprécie Drew. Et puis j’ai pensé qu’il n’y avait aucun mal à rappeler à Kirk qu’il existe d’autres hommes pleins d’ambition qui n’ont pas peur de s’engager…

  Le fait est que lorsqu’on regarde Drew, on a l’impression de voir les mots « mariage » et « enfants » écrits sur son front, en dépit des protestations de Grace, qui jure ses grands dieux qu’il n’en est pas question pour l’instant. Tout dépend de ce qu’on entend par « pour l’instant »…

  Bref, pour en revenir à ce fameux week-end, voilà ce qu’elle m’a répondu :

  — Drew veut que j’aille visiter des maisons avec lui à Westport.

  J’ai accusé le coup.

  — Tu veux dire, dans le Connecticut ?

  — Oui. Son patron vient d’y acheter un quatre pièces, et il a convaincu Drew que c’était un endroit de rêve. Pour être franche, je crois qu’il a juste besoin d’un partenaire pour le golf… Toujours est-il que c’est devenu une idée fixe pour Drew. Trouver une maison là-bas.

  — Grace, tu as conscience de ce que ça implique ?

  — Eh bien, pour commencer, Drew va obtenir un petit allègement d’impôt l’année prochaine.

  C'est insensé ! Comment une fille aussi intelligente peut-elle être aussi butée par moments ?

  — Grace, tu ne vois pas qu’il est en train de s’installer ! Et qu’il a l’intention de t’emmener avec lui…

  — Ange, tu sais bien que nous ne sommes ensemble que depuis un an à peine.

  Je reste convaincue que Grace veut nier l’évidence. Je ne serais pas surprise qu’elle se fiance d’ici à Noël et qu’elle aille vivre à Westport dès le printemps prochain ! Cette pensée m’a donné un sérieux coup de blues. Grace va me laisser toute seule à New York.

 

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