Opération bague au doigt

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Opération bague au doigt Page 19

by Lynda Curnyn


  En arrivant à l’appartement, mon euphorie retombe comme un soufflé : aucun message sur mon répondeur !

  Kirk ne m’a même pas appelée pour me souhaiter bonne nuit, ni pour me dire bonne chance pour mon interview de demain. Je suppose qu’il a dû rester tranquillement assis devant son ordinateur jusqu’à en avoir des crampes aux mains et les yeux larmoyants. Chaque fois qu’il a un nouveau client à chouchouter, il devient fou et se met à travailler jusqu’aux première heures de l’aube avant de ramper jusqu’à son lit dans un état d’abrutissement avancé…

  Je jette un coup d’œil à la pendule. Il est 23 heures. Comme il a prévu de remettre sa proposition à Norwood d’ici à la fin du mois, j’en déduis qu’il est probablement encore assis devant son portable et qu’il va user ses doigts jusqu’aux os ! Je pourrais l’appeler, moi, pour lui dire bonne nuit. Seulement voilà, j’en ai marre de lui courir après, et d’ailleurs, à l’heure où je vous parle, j’ai d’autres choses en tête !

  Forte de cette décision, je file vers l’armoire à classeurs de ma chambre et j’exhume les photos d’identité que je conserve au cas où. Ça fait un moment que je n’ai pas eu l’occasion de remettre le nez dedans. Lorsque je tombe sur la chemise où elles sont classées, j’hésite quelques secondes avant d’ouvrir. Ces photos ont été prises il y a trois ans. A l’époque, je m’entraînais depuis un an aux HB Studios, et je commençais à me dire qu’il était temps de faire un effort si je voulais réussir un jour…

  J’ai toujours la même longueur de cheveux, simplement j’ai un peu peur d’être, à trente et un ans, légèrement différente !

  Quand je me décide à ouvrir la chemise, je me demande qui est cette fille qui me fixe du haut de ses vingt-neuf ans… Elle regarde l’objectif avec une confiance en elle que je ne soupçonnais pas, un petit sourire entendu, et un côté… sexy qui me déstabilise complètement. Et ces cheveux !

  Je soupire. Plus question d’arborer cette coiffure. A l’époque, j’avais fait appel à une styliste visagiste pour mon brushing, afin d’avoir le cheveu bien raide, et à une maquilleuse géniale pour me faire un teint de pêche et mettre mes yeux en valeur. Pour couronner le tout, le photographe a pris le cliché immédiatement après la touche finale.

  Si seulement je pouvais encore avoir cette tête-là !

  Bon, pas le temps de m’appesantir là-dessus. Allez, au travail ! Je glisse une photo dans une des enveloppes que j’ai judicieusement placées avec mon CV à côté de la chemise. J’ajoute au dossier des éléments d’info sur mon expérience Réveil tonique… Il y a quelques mois, un matin où je n’avais rien à faire, après une séance d’enregistrement épuisante, j’ai décidé de changer de vie mais je ne suis pas allée plus loin que la mise à jour de mon CV.

  Bien. La tenue, maintenant. Mon choix s’arrête sur un petit haut rouge tout simple, sans manches (pour mettre en valeur la musculature de mes bras… Faire des levers de bras cinq jours par semaine, ç’a quand même des effets bénéfiques…) et un pantalon corsaire noir. Puis je me dirige vers la salle de bains pour me frotter énergiquement la peau sous la douche. Pas le moment de prendre le risque de voir mes pores bouchés par la graisse du pop-corn ! Ensuite, au lit !

  Impossible de m’endormir. Il le faut pourtant si je veux éviter d’avoir des valises sous les yeux. J’essaie de me décontracter de mille et une façons, mais l’angoisse infiltre sournoisement mon cerveau. Je pense à des trucs flippants, du genre : comment convaincre Viveca Withers que je suis la star de demain alors que mes six mois chez Réveil tonique n’ont fait que souligner la vacuité de ma vie. Franchement, à part une poignée de parents anxieux — éventuellement quelques insomniaques —, qui peut bien se lever à cette heure indue pour nous regarder à la télé ?

  J’ai quand même d’autres atouts… Finalement, ça ne fait pas si longtemps que j’ai joué le rôle de Puck dans Le songe d’une nuit d’été à Washington Square Park. Et je me souviens que j’ai fait une belle performance : j’entends encore le rire des gens… Pourtant, je ne donnais pas beaucoup dans le comique. J’ai toujours eu un faible pour les rôles dramatiques. J’ai été magnifique dans La chatte sur un toit brûlant où j’interprétais Maggie. Et dans le personnage de Nora, de La maison de poupée, j’ai atteint des sommets. J’ai aussi épaté les foules en jouant pendant un an Mrs Claus dans A Christmas Story (certains ont même prétendu que j’avais donné un peu de poids à la condition misérable de la femme du Père Noël. Avec le recul, je me demande si c’était vraiment un compliment…).

  L’angoisse m’étreint de nouveau. Il faut absolument que je dorme. Dormir, il faut dormir. Je referme les yeux et j’essaie de me détendre en recourant à une technique de relaxation que j’ai apprise pendant ma formation aux HB Studios. Mon esprit commence à se libérer de ses contraintes et, tout à coup, l’image de mon père surgit… Ça m’arrive souvent lorsque je reste trop longtemps éveillée et qu’un sentiment de solitude prend insidieusement possession de moi. Il était normal qu’il vienne ce soir après le festin d’images au cinéma.

  L'amour du cinéma est le seul point commun que j’aie jamais eu avec mon père. Je ne pouvais parler avec lui ni de base-ball, ni de voitures, ni de toutes ces choses qu’il partageait avec mes frères. Mais lorsqu’il s’agissait de cinéma, nous pouvions passer toute la nuit devant la télé ou à discuter sur le perron de l’immeuble. Qui de Pacino ou de DeNiro est le meilleur acteur ? Qui sera le prochain Brando ?

  Je sais qu’il adorait ces moments-là, car ses yeux pétillaient chaque fois qu’il était lancé sur le sujet. C'étaient les seuls moments où il oubliait tout : les hypothèques, la famille, un boulot avec des hauts et des bas… Je me suis parfois demandé s’il avait jamais eu d’autre ambition dans sa vie, mais comme tout bon mâle qui se respecte, il ne dévoilait jamais ses sentiments. J’ai obtenu un indice, peu de temps avant sa mort, alors qu’il passait ses journées avachi dans une chaise longue au fond de notre petit jardin. Il a regardé ses plants de tomates stériles et a commencé à évoquer ses souvenirs comme s’il était conscient de ne plus avoir beaucoup de temps à vivre. Je crois bien que j’en ai appris beaucoup plus sur mon père au cours des quelques semaines qui ont précédé sa mort que durant le reste de ma vie.

  Il m’a raconté comment son propre père avait lancé sa petite affaire à partir de rien. Il m’a confié que lorsqu’il était petit, il détestait travailler le samedi alors que tous ses copains allaient au cinéma. Qu’il s’était juré de ne jamais travailler aussi dur que son père pour gagner aussi peu. Et d’une certaine façon, il a tenu sa promesse. Car Enterprise est devenu le meilleur fournisseur de Brooklyn. Il faut dire qu’il avait tout fait pour !

  Mais ça n’avait pas suffi. C'est ce que j’ai compris un jour où il était si faible qu’il ne pouvait même plus sortir de son lit. Il était là, les yeux trop brillants, le visage pâle. « J’aurais pu tous les avoir ! » a-t-il plaisanté en soulevant péniblement son bras décharné dans un ultime effort pour lever le poing. Puis il a fermé les yeux pour s’endormir.

  Il avait disparu depuis longtemps quand j’ai enfin compris la signification de ce geste. Il avait essayé de me dire que la vie était courte, et que si j’avais un rêve, il fallait que je m’y accroche très vite et de toutes mes forces.

  J’ignore s’il serait fier de moi aujourd’hui, moi qui vis si chichement et avec le peu d’espoir qui me reste… Tout ce que je sais, c’est que je dois essayer de vivre mon rêve. Tenter le coup ! Et j’ai la sensation que mon père me comprendrait.

  ***

  Le lendemain matin, à 5 heures, le son strident de mon réveil me vrille les tympans. Je me demande pourquoi je me donne tout ce mal. Mes bras et mes jambes pèsent une tonne, et mon cerveau est plus embrumé que d’habitude. Il faut dire que je n’ai réussi à sombrer dans un sommeil agité qu’à 1 heure du matin. Quand je réussis enfin à extirper de mon lit ma misérable carcasse, je suis terrifiée à la pensée de la journée qui m’attend. Je vais d’abord être obligée de garder le sourire pour aff
ronter une ribambelle de gamins aux grands yeux innocents. Ensuite, ce sera le moment de répit du midi, au cours duquel je n’arrive jamais à faire quoi que ce soit d’utile en attendant ma nouvelle épreuve, les sept heures à Lee & Laurie !

  C'est à ce moment-là que mon regard tombe sur la tenue que j’ai soigneusement préparée la veille. Mais bien sûr ! Aujourd’hui, ce n’est pas une journée comme les autres. J’ai rendez-vous avec un agent !

  Je me frotte la figure et je me plante devant la glace. Je sens mon sang se glacer en faisant la deuxième découverte de la journée.

  J’ai une tête à faire peur ! On se croirait dans un remake de Scary Movie…

  Mes yeux sont gonflés, et les poches en dessous ont pris des proportions dramatiques à cause du manque de sommeil. Sans parler de ces rides sur mon front qui ne se manifestaient jusque-là qu’à titre exceptionnel, quand j’avais de gros soucis ! Elles ont l’air bien décidées à s’incruster…

  Je décide de po-si-ti-ver. Avec une bonne douche bien chaude, je retrouverai une figure avenante. Enfin, j’espère !

  Je sors de ma chambre et je passe devant la porte ouverte de Justin à pas de loup. Un bref coup d’œil : on dirait qu’il sourit dans son sommeil… C’est dingue, non ? Il réussit à rester présentable même quand il dort ! C’est sûrement un truc de mec. Tenez, prenez Kirk : il est toujours adorable au réveil, le visage encore tout ensommeillé. C’est tellement facile d’être un homme…

  D’un autre côté, si j’étais un mec, je n’aurais pas à ma disposition tous ces cosmétiques au service de ma beauté ! A propos, il faut que je pense à en emporter quelques-uns…

  Je les range soigneusement dans mon grand sac de voyage avec la tenue que j’ai choisie et la chemise contenant mes photos et mon CV. J’ai l’intention de prendre une douche et de me relooker pour l’entretien au studio, juste après l’émission. Puis de convaincre Colin de prendre son petit déjeuner avec moi et de faire un tour dans les environs en attendant l’heure du rendez-vous. L’Actors’ Forum n’est pas tout près du studio, mais je ne vois pas l’intérêt de retourner jusqu’à East Village pour revenir sur mes pas un peu plus tard…

  J’ignore comment je réussis à surmonter la routine de Réveil tonique. Remarquez, je dois avouer que l’exercice physique m’a un peu calmé les nerfs. Pas pour longtemps, hélas. Après l’enregistrement, j’ai eu de la peine à avaler trois bouchées en guise de petit déjeuner, l’estomac noué en dépit de l’avalanche d’encouragements prodigués par Colin. Après avoir vidé en un clin d’œil son assiette de l’omelette jambon-oignon qui l’occupait, il me dit tout de go :

  — C’est un nouveau départ, Ange. Pour toi et moi.

  Je me garde bien de lui dire ce que Viveca représente réellement pour moi : un billet de sortie pour fuir Réveil tonique. Je me demande comment il prendrait la nouvelle car, pour lui, notre futur contrat est la réalisation d’un rêve. Je le regarde, un peu gênée, avaler son café et grignoter le toast qui accompagne mon omelette. Au bout de deux bouchées, je suis prise de nausées.

  — J’espère que tu en es consciente… Tout le puzzle se met en place : ta relation avec Kirk, ta carrière d’actrice…

  S'il a raison, pourquoi ai-je la sensation que tout se délite ?

  Colin me quitte peu après 9 h 30, car il a prévu de garder son neveu tout l’après-midi (vous vous rappelez ce que je vous ai dit sur Colin ? Plus il côtoie les enfants des autres, plus il est content !).

  Comme je ne sais pas trop où aller, et que je n’ai même pas envie de faire du lèche-vitrines pour admirer les collections automne-hiver, je décide d’aller à la New York Public Library, qui n’est qu’à six pâtés de maisons de mon lieu de rendez-vous. Il faut dire que la salle de lecture est l’un des endroits de New York que je préfère pour décompresser, avec ses hauts plafonds, ses longues tables de bois équipées de lampes pour un confort optimal. Il se dégage de ce lieu une impression de sérénité.

  J’arrive là-bas à 10 heures, juste au moment de l’ouverture des portes. Je fonce tout droit vers mon petit coin de paradis et je m’installe dans une chaise confortable en bout de table. Je sors mon bouquin contenant des morceaux choisis pour acteurs. J’ai l’impression qu’en me replongeant dans les monologues sur lesquels j’ai travaillé dur à l’époque où je passais mes fameuses auditions, j’aborderai mon entretien avec un état d’esprit différent, plus favorable. Et j’essaie de me relaxer.

  En quelques minutes, je m’endors…

  Comment est-ce arrivé ? Je l’ignore. Enfin… j’ai bien ma petite idée. J’ai ouvert le livre sur un de mes monologues favoris, et très vite, les mots ont commencé à danser devant moi, ma vue s’est brouillée. J’ai donc décidé de poser la tête sur mon livre ouvert, juste quelques minutes, pour reposer mes yeux et faire disparaître cette sensation de brûlure.

  Malheureusement, ça m’a pris plus longtemps que les « quelques minutes » prévues.

  Quarante-cinq, pour être précise ! C’est ce que je constate en me réveillant en sursaut et en jetant un coup d’œil à ma montre.

  Je ne sais pas ce qui m’a réveillée. Tout ce que je sais, c’est qu’il est 10 h 45 : j’ai quinze minutes pour reprendre mes esprits et foncer à l’Actors’ Forum. A présent, les six pâtés de maisons à traverser prennent des allures de marathon.

  Un taxi ! Je vais prendre un taxi. Je chasse de ma pensée les rares pièces de monnaie que j’ai découvertes dans mon sac à main juste après avoir payé le petit déjeuner. Si seulement j’avais dit oui à Justin quand il a voulu m’offrir mon entrée au ciné hier soir pour fêter ma prise de rendez-vous ! Ce qui était une fête est en train de virer au cauchemar. Je range le livre dans mon grand sac et je me mets à courir vers la porte pour plonger dans l’humidité qui m’attend dehors, en essayant de ne pas penser aux dégâts que ça va faire à mes cheveux.

  En descendant au pas de charge les larges marches en béton qui me séparent du trottoir, j’ai l’impression que tout mon corps est secoué comme un prunier. Je sonde la Ve Avenue du regard, cherchant désespérément un taxi. En levant la main pour en arrêter un, je note le léger tremblement de mes doigts. Allons bon, qu’est-ce que j’ai ? Mon estomac gargouille, ce qui constitue la meilleure réponse à ma question. Je crève de faim !

  Et comment en serait-il autrement ? Ce matin, je me suis offert une omelette royale à cinq dollars, et je n’ai réussi à avaler que deux misérables bouchées. Pauvre idiote ! Sans « carburant », je n’y arriverai jamais. Je m’imagine face à Viveca dans cet état, et cette seule pensée fait chuter mon taux de glucose largement au-dessous du niveau requis… En regardant autour de moi d’un air affolé, je repère un vendeur de hot-dogs à trois pas. Mais si la pensée de tomber dans les pommes au pied de l’immeuble de Viveca Withers parce que j’ai le ventre vide m’affole, l’idée d’ingurgiter ce curieux mélange de dérivé du bœuf me donne la nausée !

  Je presse le pas vers le marchand de hot-dogs et je consulte le menu. C'est effrayant ! (Les brochettes qui grésillent derrière la vitre, c’est quoi ? Je veux dire, c’est fait avec quel animal?)

  Ma décision est prise.

  — Un Coca Light, s’il vous plaît !

  Je ne peux vraiment pas faire mieux pour le moment. Et puis la caféine suffira peut-être à me maintenir éveillée… De toute façon, je n’ai pas le choix.

  — C'est combien ?

  — Deux dollars, me dit le vendeur.

  Comme il a un accent très prononcé, j’ai peur d’avoir mal compris.

  Deux dollars ! Depuis quand doit-on payer deux dollars la canette de Coca Light ? Il doit me prendre pour une de ces touristes stupides qui acceptent sans broncher de se faire arnaquer en beauté (je suis certaine que ce type fonctionne comme ça, il n’y a qu’à voir la lueur de son regard lorsque je lui balance les pièces !).

  Mais je n’ai pas le temps de discuter…

  Je me retourne vers la rue, et je me sens soulagée, l’espace d’un instant, car un taxi consent enfin à s’arrêter. Il ré
cupère sur le trottoir une pauvre épave au bord de l’asphyxie et — j’en suis sûre — aux dessous de bras ornés d’élégantes auréoles : moi !

  Cinq dollars plus loin (il y a de la circulation… évidemment !), je prends l’ascenseur qui me conduit au cinquième étage de l’immeuble de Park Avenue où Mlle Viveca Withers dirige son illustre agence. J’ai au moins l’illusion d’avoir l’estomac plein. Je me sens un peu plus humaine maintenant que j’ai absorbé ce mélange capiteux de bulles et de caféine dont je raffole. Et je n’ai que trois minutes de retard, ce qui constitue pour moi un record absolu. Espérons que Mlle Withers fera aussi bien que moi.

  La suite me prouve que oui.

  — Assayez-vous, me dit la secrétaire. Mlle Withers est occupée.

  Je passe les vingt-cinq minutes suivantes dans cette minuscule salle d’attente, assise en face d’une blonde élancée, le genre brindille. On a dû la larguer dans la pièce par hélicoptère car son maquillage est impeccable : pas une bavure, rien. Ses cheveux sont parfaitement lisses et sa robe de lin n’a même pas l’ombre d’un pli !

  Pourtant, question humidité, on est servi en ce mois d’août…

  Entre alors un type au visage buriné qui commence à faire du gringue à la secrétaire. De deux choses l’une, ou il cherche un moyen d’entrer, ou il a besoin d’attirer l’attention. A ma droite, j’ai un autre Adonis qui semble avoir des problèmes d’épiderme car il n’arrête pas de se gratter les bras. Serait-il nerveux ?

  Qui pourrait l’en blâmer ? Il doit avoir à peu près mon âge, et nous sommes là, entourés de gens beaux comme des statues. Si on additionnait leurs âges respectifs, on n’arriverait même pas à les faire bénéficier d’une carte Vermeil !

  Juste au moment où je suis en train d’envisager sérieusement quelques injections de Botox, prix et effets secondaires inclus, j’entends mon nom.

  — Angela DiFranco? Mlle Withers va vous recevoir.

 

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