Opération bague au doigt

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Opération bague au doigt Page 24

by Lynda Curnyn


  — Tu plaisantes…

  — Ah, tu crois ça ? Quand je suis descendue pour voir ce que cet homme pouvait bien fabriquer dans son appartement à 2 heures du matin, elle m’a répondu — en robe de chambre — qu’ils jouaient aux cartes ! Tu as bien entendu, aux cartes ! Mais avec ce petit sourire au coin des lèvres… j’aurais parié qu’elle venait de gagner une partie de strip-poker !

  — M’man, voyons. Artie a quatre-vingt-six ans ! Que veux-tu qu’il… je veux dire, ça m’étonnerait qu’il puisse faire grand-chose.

  — Détrompe-toi, ma fille ! Il est encore frais comme un gardon. L’autre jour, je faisais la lessive de ta grand-mère et devine ce que je trouve dans ses affaires ? Un caleçon moulant ! Et je sais que ça ne pouvait pas être à tes frères.

  Alors là, je suis bluffée ! Cette Nonnie quand même… On croit qu’elle joue bien sagement aux cartes, mais quand elle gagne, elle ne doit pas se contenter de quelques malheureuses pièces de cinq cents. Il faudrait peut-être que quelqu’un se décide à lui parler. Mais franchement, que voulez-vous qu’on lui dise ? De sortir couverte ? A quatre-vingt-quatre ans, elle ne risque pas grand-chose. A part une crise cardiaque, éventuellement…

  Voilà que je commence à avoir la trouille. Nonnie sort à peine d’une angioplastie, il y a moins de trois ans… Ce bon vieil Artie Matarrazzo ne va quand même pas nous la tuer !

  — M’man, tu crois que c’est bon pour sa santé ?

  — Bon pour sa santé ? Mais c’est une véritable honte !

  La honte, c’est plutôt ce que je découvre quelques instants plus tard. Ma mère a fait de ma chambre un véritable sanctuaire en hommage à mon père. La placard est encore plein de ses vieux costumes. On a eu beau conseiller à maman de les jeter ou de les donner, tout ce qu’elle a réussi à faire, c’est de les changer de pièce. Il y a des photos de lui partout — dont une demi-douzaine au moins sont glissées dans le Sacré-Cœur placé près de la porte.

  Sans compter toutes nos photos glissées dans le portrait en couleur de Jésus, ma mère étant persuadée qu’en conservant l’image de sa famille tout contre cette huile au cadre doré, elle nous assurera une meilleure protection du Seigneur.

  Je m’arrête un instant devant ces photos pendant que ma mère s’active à tourner le lit (eh oui, j’aurais pu le faire moi-même, mais je préfère ne pas priver ma mère du plaisir de me gâter comme si j’étais toujours une petite fille). Il y a des photos de Sonny, Joey et moi, enfants. De Sonny et Vanessa le jour de leur mariage. Et aussi de Miranda, qui se tient fièrement devant un sapin de Noël avec Timmy et Tracy. Et puis, bien sûr, il y a Grace, car maman l’a toujours considérée comme un membre de notre famille. La photo a été prise au lycée. On nous voit toutes les deux, arborant fièrement des corsages assortis que Nonnie nous avait achetés chez Alexander (celui de Grace était déjà bien rempli !). Nous sourions d’un air suffisant comme si le monde nous appartenait. Et c’était vrai. A l’époque, le monde était à nous !

  Mon regard s’arrête sur une photo de Justin, assis à la table de la cuisine devant un plat de pâtes à moitié vide et un sourire radieux aux lèvres. Ma mère a mis sa photo ici après que Justin est tombé d’une échelle et s’est cassé une jambe. Ça remonte à quelques années…

  Je ne vois aucune photo de Kirk, et ça me chiffonne.

  — Dis, m’man, comme se fait-il que tu n’aies pas mis de photo de Kirk, ici ?

  — Hein ?

  Elle vient se poster derrière moi pour examiner les photos.

  — Oh, euh, elle doit être tombée…

  Mon œil ! D’après le ton de sa voix, je jurerais qu’elle l’a enlevée. D’ailleurs, je sais très précisément quand elle l’a fait… Juste après avoir appris que Kirk était allé voir ses parents sans moi. Il est clair qu’elle ne lui a pas pardonné. Ça ne va pas être facile de lui faire admettre que nous sommes destinés l’un à l’autre ! Il faudra peut-être attendre le mariage, et encore ! Je ne me sens pas très à l’aise.

  Ma mère interrompt le flot de mes pensées en me montrant du doigt — avec une certaine vénération — une photo d’elle avec mon père. Ils devaient avoir dans les vingt-cinq ans (je le sais parce que mon père est penché fièrement sur la nouvelle Cadillac, achetée juste après la naissance de Joey, à l’époque où ses affaires étaient florissantes).

  — Il était si beau, ton père. Qu’il repose en paix.

  — Oui, c’est vrai.

  J’examine ses yeux sombres pétillants de bonheur, et son sourire hollywoodien… J’essaie de prendre de la distance, de le regarder d’un œil critique comme s’il n’était pour moi qu’un étranger dont je découvre le visage sur grand écran. Oui, il était vraiment très beau. Il aurait pu être acteur !

  Il est parti depuis quatre ans déjà, et j’ai l’impression que ça fait une éternité. Je n’étais pas très proche de lui. L’ai-je réellement connu ? J’en doute, quand je pense à toutes ces conversations que nous n’avons jamais eues.

  — J’ai eu de la chance d’aimer un tel homme ! murmure ma mère d’un air pensif.

  Puis elle se tourne vers moi, cherchant mon regard, et me dit avec une sorte d’angoisse dans la voix :

  — Il te faut un homme comme lui, Angela. Un homme qui t’aime autant que ton père m’a aimée. Tu m’entends ? Sinon, ça ne vaut pas la peine…

  Et elle m’attrape par les épaules comme si elle s’apprêtait à me secouer.

  J’échappe à son étreinte.

  — Aïe ! Voyons, maman, tu me fais mal !

  — D’accord, d’accord.

  Elle m’attire vers elle et me prend dans ses bras avant de quitter furtivement la pièce. Ce geste de tendresse me fait plus mal encore que celui d’avant.

  Elle me laisse là, plantée devant le Sacré-Cœur. Et devant la photo jaunie d’un homme qui reste pour moi un inconnu enlaçant la seule femme qu’il ait jamais aimée… Est-il possible d’éprouver aujourd’hui pareil amour, un amour qui résiste au temps et dont témoignent une vieille photo et le chagrin inconsolable de ma mère ?

  Le lendemain, je rentre chez moi après une journée interminable à Lee & Laurie. J’ai le moral à zéro. J’ai commencé par arriver en retard… Forcément, avec tout ce trajet à pied depuis Brooklyn. Sans parler de ma gueule de bois ! Michelle n’a pas été épargnée non plus, bien qu’elle mette un point d’honneur à nous le cacher. Elle s’est montrée très discrète sur ses capacités d’absorption d’alcool et ses excentricités de femme soûle.

  — Attendez, je n’ai pas couché avec ce mec !

  C’est tout ce qu’elle a trouvé pour sa défense. Pour elle, elle n’a pas commis l’irréparable. Ce n’était qu’un petit flirt sans conséquences. Cette réaction m’attriste encore davantage. Il n’y a donc plus rien de sacré, en ce bas monde ?

  — Enfin, tu es rentrée ! me dit Justin en levant le nez, tout content.

  Je l’ai trouvé assis sur le canapé numéro trois et, au ton de sa voix, on dirait que je me suis absentée durant des semaines sans donner de nouvelles.

  Malgré tout, l’idée de lui avoir manqué me réconforte. Je lis dans ses yeux un sentiment de solitude qui n’a d’égal que le mien.

  — Pas de Smirk ce soir ?

  Je souris.

  — Non. Pas ce soir !

  J’avise soudain l’appareil photo numérique qu’il tient à la main.

  — Et toi, pas de réunion prévue avec le reste de la troupe?

  — Non, c’est fini. Et puis ces mecs commençaient à me taper sur le système. Pete qui n’arrêtait pas de parler de son projet de long métrage… Je me demande s’il va trouver un jour quelqu’un pour le financer !

  Il ponctue sa phrase d’un ricanement qui m’inciterait volontiers à croire qu’il ne fait pas une confiance démesurée aux rêves de grandeur de Pete.

  Je prends ça comme le reflet du peu de confiance qu’il a en ses propres rêves.

  — Qu’est-ce que tu fabriques ?

  — Oh, j’allais partir en balade, pour faire quelque
s photos. Tu veux venir ?

  Je lis sur le visage de Justin un mélange d’espoir et de quelque chose d’indéfinissable. Est-ce à cause de cela, ou parce que j’ai envie de fuir cet appartement, et ce téléphone — qui restera encore silencieux ce soir, j’en suis sûre, parce que Kirk va passer la nuit entière à travailler —, toujours est-il que j’accepte son offre.

  Deux stations de métro plus tard, je me retrouve dans l’Upper West Side sans trop savoir ce que Justin est venu faire ici, mais satisfaite de marcher à ses côtés dans un silence complice. Nous nous dirigeons vers la 71e Rue Ouest. Parfois, Justin s'arrête pour me faire un petit commentaire sur un porche particulièrement décoratif qu’il s’empresse aussitôt après de prendre en photo. Chaque fois, ça me fait sourire… Combien de fois l’ai-je suivi dans ces flâneries nocturnes, sans but, tandis que Justin s’attachait à mitrailler la moindre lézarde, la moindre devanture barrée de cicatrices.

  Je finis par me décider à parler. A confier tous les doutes qui ne cessent de me hanter depuis que je passe toutes ces nuits seule, sans Kirk.

  — Tu crois que certaines personnes sont vraiment faites l’une pour l’autre ?

  Justin hausse les épaules. Puis détachant l’œil de l’objectif, il me regarde.

  — Je ne sais pas.

  — Mais Lauren et toi, par exemple. Tu crois que ça va durer?

  Il réfléchit un instant.

  — Bien sûr. Pourquoi pas ? Mais qui sait ce qui peut arriver à son retour de Floride.

  Si jamais elle revient… Je garde mon commentaire pour moi. Lauren a l’air très attachée à cette compagnie de théâtre, et je n’ai jamais compris pourquoi Justin n’a pas rompu lorsqu’elle a décidé de rester là-bas pour une nouvelle saison. Peut-être est-il réellement amoureux d’elle ? Ou réfractaire à tout engagement à long terme ?

  « Comme toi », me chuchote une petite voix. Bon, ça suffit, j’aime Kirk. Je l’aime, je l’aime !

  Je décide de chasser ces pensées moroses et de changer de sujet ou, plus exactement, d’aborder d’autres problèmes. Finalement, c’est plus facile de se faire du souci pour les autres. Et je suis vraiment inquiète pour Grace, surtout depuis que j’ai été forcée de me faire à l’idée que tout est fini entre Drew et elle. Jusqu’à hier, j’avais encore le secret espoir qu’ils se remettent ensemble. J’y croyais tellement que je n’ai même pas parlé de leur séparation à Justin.

  — Es-tu au courant que Grace et Drew ont rompu ?

  — C’est vrai ?

  Et il se met à rire. J’ai bien dit, à rire.

  — Tu sais, en fait, je m’y attendais un peu.

  — Comment ça ?

  — Eh bien, la façon qu’il avait d’être toujours derrière elle. Toutes les femmes détestent ça, surtout une femme comme Grace.

  J’essaie de ne pas montrer combien je suis vexée qu’il ait remarqué tout ce que moi, je n’ai pas su voir. Je lui demande :

  — Pour toi, quel genre de fille est Grace ?

  — Difficile à dire. Un peu comme toi.

  Et le voilà qui dirige son appareil photo vers moi, sentant probablement que je vais y aller de mon commentaire. Il sait très bien que je n’accepterai jamais de le faire devant un objectif.

  — Enlève-moi cet appareil, Justin, s’il te plaît.

  Il s’exécute en soupirant.

  — Tu me trouves pénible ?

  — Je n’ai pas dit ça, dit-il en concentrant son attention sur l’appareil.

  — Alors, que voulais-tu dire par là ?

  — Je… je voulais seulement dire que tu es… difficile à saisir. Complexe. Un peu comme un vieux vin.

  Charmant ! Voilà que je suis vieille, maintenant.

  — Alors, d’après toi, pourquoi les hommes ne sortent qu’avec des femmes de moins de trente ans ?

  Je pense à Lauren. Elle est dans la splendeur de ses vingt-cinq printemps. Qu’est-ce que Justin fabrique avec une fille de cet âge ? Il a un an de plus que moi !

  — Parlons d’autre chose.

  Et avec la sagesse d’un homme qui sait qu’il y a mieux à faire que de poursuivre cette conversation avec une femme — qui plus est, sa coloc —, il pointe le doigt au loin et s’exclame :

  — Regarde, Angie. C’est un passage. Tu vois ça ? Allez, viens!

  Et il se rue en avant. Je n’ai pas d’autre choix que de le suivre de mon mieux !

  — C’est certainement un immeuble de Stanford White.

  C’est son architecte favori ! Un New-Yorkais, bien entendu. Il se remet à mitrailler une voûte extraordinaire qui surmonte une porte finement travaillée.

  En admirant cet immeuble et sa splendide architecture, je sens soudain toute velléité d’agressivité m’abandonner. Que mes problèmes me paraissent dérisoires devant une telle beauté !

  Justin a l’air comme envoûté. Il semble même en avoir oublié ma présence. Puis il finit par faire un pas en arrière et me regarde, le visage grave. Il me demande d’une voix un peu triste :

  — Tu sais quel jour nous sommes ?

  Je suis toujours hantée par le commentaire qu’il a fait sur moi…

  — Non, Justin, je ne vois pas du tout. Et puis tu sais, je ne suis pas si difficile à comprendre que ça…

  — Nous sommes le 24 août.

  — Oui, et alo…

  Soudain, la mémoire me revient. Je meurs de honte de ne pas m’en être souvenue plus tôt. C’est le vingtième anniversaire de la mort des parents de Justin.

  — Justin, je suis désolée, excuse-moi !

  Mais il n’écoute même pas ma tentative minable de me rattraper. Je suis tellement absorbée par mes problèmes personnels que j’ai oublié ce jour anniversaire que Justin ne manque jamais de célébrer. Avec moi, généralement… Et c’est vrai que, ces derniers jours, je ne me suis pas beaucoup comportée en amie avec lui.

  — Tu sais, ils se sont rencontrés ici. A New York. Quelque part dans ce quartier. Je te l’avais dit ?

  — Oui, Justin, tu me l’as dit.

  Je scrute son visage, essayant de partager avec lui cette émotion contre laquelle il se bat pour ne pas craquer. C’est une émotion que je connais bien, car j’ai perdu mon père. Mais j’ai eu plus de chance que Justin. Moi, j’ai profité de mon père beaucoup plus longtemps, alors que lui a perdu père et mère à l’âge de douze ans. Ce n’était encore qu’un gosse, mais son regard devait avoir à peu près la même expression qu’aujourd’hui, un mélange d’espérance et de tristesse infinie.

  Il émet un petit rire et détourne son regard.

  — Je sais que ça va te paraître bêtement sentimental, mais parfois, j’imagine que je prends toutes ces photos pour eux… Et quand je me rends compte que jamais ils ne les verront, j’ai du mal à y croire. Ces immeubles, cet arbre là-bas, jamais ils ne les reverront !

  Et toi, tu ne les reverras jamais… Comme je le comprends ! C’est ce qui a été le plus dur à la mort de mon père, savoir que jamais plus je ne reverrais son sourire, que je ne pourrais plus lui dire que je l’aimais. Je crois d’ailleurs qu’il ne s’est jamais rendu compte à quel point je l’aimais…

  En plongeant mon regard dans celui de Justin, c’est tout cela que je vois. Ce sentiment de solitude qui ne disparaîtra jamais.

  C’est là le cœur du problème. Peu importe finalement combien de gens nous entourent, ou avec qui nous finissons par passer notre vie.

  Nous sommes condamnés à vivre dans la solitude.

  13

  Jusqu'à ce que la mort nous sépare…

  — Tu emmènes tout ce bazar ?

  C’est la première réflexion de Kirk en m’ouvrant la porte le vendredi soir, la veille de notre départ. Je suis là, suant sang et eau sur son paillasson, après avoir trimballé ma giga-valise dans le bus de la IIIe Avenue.

  Puis il ajoute, en montrant son grand sac de voyage posé dans l’entrée :

  — Je pensais faire suivre nos bagages…

  — Je… je n’ai pas pu tout faire tenir dans mon autre sac.

 
; En fait, je n’ai même pas sorti l’autre sac du placard. J’étais certaine qu’il serait bien trop petit pour contenir toutes les tenues indispensables pour mon premier voyage à Newton. J’ai imaginé tous les cas de figures possibles…

  Pour commencer, j’ai pris les deux jeans qui ne me quittent jamais en voyage : le premier a la coupe bootcut qui va superbien avec mes espadrilles à talons compensés (du coup, j'étais bien obligée d’emporter les espadrilles). L’autre jean est du genre tube. Il est parfait avec mes baskets (et vous me voyez aller à la campagne sans baskets, vous ?). En plus, j’ai pris quatre T-shirts : deux à manches courtes pour la journée, un à manches longues au cas où les soirées seraient fraîches, et un sans manches au cas où le temps se réchaufferait. Deux shorts (si jamais il fait trop chaud pour mettre un jean), deux pantalons corsaires (si jamais il fait chaud et que le port d’un short ne me semble pas très approprié) et un pull en coton épais. Ma veste en coton, c’est vrai, ça va avec tout ! Bien entendu, ma splendide robe toute neuve. Mes sandales à lanières (pour la robe), mes nu-pieds (c’est juste pour le cas où je n’aurais pas envie de mettre des espadrilles). Un pantalon de pyjama (je suis sûre que les parents de Kirk n’apprécieraient pas outre mesure que je me balade avec les boxers de Kirk) avec un T-shirt plus doux pour la nuit.

  Et je ne vous dis pas toute la lingerie que j’ai prise ! Comment voulez-vous que je décide à l’avance si je vais avoir envie de mettre des strings ou des minislips ? Et puis les soutien-gorge, les affaires de toilette, la trousse de maquillage, les brosses, et le séchoir, bien sûr ! Je ne peux pas compter à cent pour cent sur la famille Stevens pour tenir à ma disposition un appareil avec le bon voltage et qui me permette de dompter mes mèches folles…

  Et puis il y a le cadeau. Je l’ai enveloppé dans du papier à bulles que Justin avait justement sous la main.

  Enfin, il y a largement de quoi lire… Je ne peux pas m’en passer quand je pars en voyage. Au cas où je me retrouverais seule ou insomniaque, avec pour toute compagnie mes idées noires (c’est souvent le cas lorsque je suis avec Kirk, car il s’endort généralement avant moi).

 

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