Complete Works of Gustave Flaubert

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Complete Works of Gustave Flaubert Page 5

by Gustave Flaubert


  — Je ne sais guère que dire ensuite, car il y a une lacune dans l’histoire, un vers de moins dans l’élégie. Plusieurs temps passèrent donc de la sorte. Au mois de mai, la mère de ces jeunes filles vint en France conduire leur frère. C’était un charmant garçon, blond comme elle et pétillant de gaminerie et d’orgueil britannique.

  Leur mère était une femme pâle, maigre et nonchalante. Elle était vêtue de noir ; ses manières et ses paroles, sa tenue avaient un air nonchalant, un peu mollasse, il est vrai, mais qui ressemblait au farniente italien. Tout cela cependant était parfumé de bon goût, reluisant d’un vernis aristocratique. Elle resta un mois en France.

  Puis elle repartit et nous vécûmes ainsi comme si tous étaient de la famille, allant toujours ensemble dans nos promenades, nos vacances, nos congés. Nous étions tous frères et sœurs.

  Il y avait dans nos rapports de chaque jour tant de grâce et d’effusion, d’intimité et de laisser aller, que cela peut-être dégénéra en amour, de sa part du moins, et j’en eus des preuves évidentes.

  Pour moi, je peux me donner le rôle d’un homme moral, car je n’avais point de passion. Je l’aurais bien voulu.

  Souvent, elle venait vers moi, me prenait autour de la taille, elle me regardait, elle causait. La charmante petite fille ! Elle me demandait des livres, des pièces de théâtre dont elle ne m’a rendu qu’un fort petit nombre ; elle montait dans ma chambre. J’étais assez embarrassé. Pouvais-je supposer tant d’audace dans une femme ou tant de naïveté ? Un jour, elle se coucha sur mon canapé dans une position très équivoque ; j’étais assis près d’elle sans rien dire.

  Certes, le moment était critique : je n’en profitai pas, je la laissai partir. D’autres fois, elle m’embrassait en pleurant. Je ne pouvais croire qu’elle m’aimait réellement. Ernest en était persuadé, il me le faisait remarquer, me traitait d’imbécile, tandis que vraiment j’étais tout à la fois timide et nonchalant.

  C’était quelque chose de doux, d’enfantin, qu’aucune idée de possession ne ternissait, mais qui, par cela même manquait d’énergie ; c’était trop niais cependant pour être du platonisme.

  Au bout d’un an, leur mère vint habiter la France ; puis au bout d’un mois elle repartit pour l’Angleterre. Ses filles avaient été tirées de pension et logeaient avec leur mère dans une rue déserte au second étage.

  Pendant son voyage je les voyais souvent aux fenêtres, un jour que je passais, Caroline m’appela, je montai. Elle était seule, elle se jeta dans mes bras et m’embrassa avec effusion. Ce fut la dernière fois, car depuis elle se maria.

  Son maître de dessin lui avait fait des visites fréquentes. On projeta un mariage, il fut noué et dénoué cent fois. Sa mère revint d’Angleterre sans son mari dont on n’a jamais entendu parler ; Caroline se maria au mois de janvier. Un jour je la rencontrai avec son mari, à peine si elle me salua.

  Sa mère a changé de logement et de manière, elle reçoit maintenant chez elle des garçons tailleurs et des étudiants, elle va aux bals masqués et y mène sa jeune fille.

  Il y a dix-huit mois que nous ne les avons vus.

  Voilà comment finit cette liaison qui promettait peut-être une passion avec l’âge, mais qui se dénoua d’elle-même.

  Est-il besoin de dire que cela avait été à l’amour ce que le crépuscule est au grand jour, et que le regard de Maria fit évanouir le souvenir de cette pâle enfant ?

  C’est un petit feu qui n’est plus que de la cendre froide.

  XVI

  Cette page est courte, je voudrais qu’elle le fût davantage. Voici le fait.

  La vanité me poussa à l’amour, non, à la volupté ; pas même à cela, à la chair.

  On me raillait de ma chastet, j’en rougissais, elle me faisait honte, elle me pesait comme si elle eût été de la corruption.

  Une femme se présenta à moi, je la pris ; et je sortis de ses bras plein de dégoût et d’amertume. Mais, alors, je pouvais faire le Lovelace d’estaminet, dire autant d’obscénités qu’un autre autour d’un bol de punch ; j’étais un homme alors, j’avais été comme un devoir faire du vice, et puis je m’en étais vanté. J’avais quinze ans, je parlais de femmes et de maîtresses.

  Cette femme-là, je la pris en haine ; elle venait à moi, je la laissais ; elle faisait des frais de sourire qui me dégoûtaient comme une grimace hideuse.

  J’eus des remords, comme si l’amour de Maria eût été une religion que j’eusse profanée.

  XVII

  Je me demandais si c’était bien là les délices que j’avais rêvés, ces transports de feu que je m’étais imaginés dans la virginité de ce cœur tendre et enfant.

  Est-ce là tout ? est-ce qu’après cette froide jouissance, il ne doit pas y en avoir une autre, plus sublime, plus large, quelque chose de divin et qui fasse tomber en extase ? Oh ! non, tout était fini, j’avais été éteindre dans la boue ce feu sacré de mon âme. Oh ! Maria, j’avais été traîner dans la fange l’amour que ton regard avait créé, je l’avais gaspillé à plaisir, à la première femme venue, sans amour, sans désir, poussé par une vanité d’enfant, par un calcul d’orgueil, pour ne plus rougir à la licence, pour faire une bonne contenance dans une orgie. Pauvre Maria ! J’étais lassé, un dégoût profond me prit à l’âme, j’eus en pitié ces joies d’un moment, et ces convulsions de la chair. Il fallait que je fusse bien misérable, moi qui étais si fier de cet amour si haut, de cette passion sublime, et qui regardais mon cœur comme plus large et plus beau que ceux des autres hommes ; moi, aller comme eux !… Oh ! non, pas un d’eux peut-être ne l’a fait pour les mêmes motifs, presque tous y ont été poussés par les sens, ils ont obéi comme le chien à l’instinct de la nature ; mais il y avait bien plus de dégradation à en faire un calcul, à s’exciter à la corruption, à aller se jeter dans les bras d’une femme, à manier sa chair, à se vautrer dans le ruisseau, pour se relever et montrer ses souillures.

  Et puis j’en eus honte comme d’une lâche profanation ; j’aurais voulu cacher à mes propres yeux l’ignominie dont je m’étais vanté.

  Je me reportais vers ces temps où la chair pour moi n’avait rien d’ignoble et où la perspective du désir me montrait des formes vagues et des voluptés que mon cœur me créait. Non, jamais on ne pourra dire tous les mystères de l’âme vierge, toutes les choses qu’elle sent, tous les mondes qu’elle enfante. Comme ses rêves sont délicieux ! comme ses pensées sont vaporeuses et tendres ! comme sa déception est amère et cruelle !… Avoir aimé, avoir rêvé le ciel, avoir vu tout ce que l’être a de plus pur, de plus sublime, et s’enchaîner ensuite dans toutes les lourdeurs de la chair, toute la langueur du corps ! Avoir rêvé le ciel et tomber dans la boue !

  Qui me rendra maintenant toutes les choses que j’ai perdues, ma virginité, mes rêves, mes illusions, toutes choses fanées, pauvres fleurs que la gelée a tuées avant d’être épanouies.

  XVIII

  Si j’ai éprouvé des moments d’enthousiasme, c’est à l’art que je les dois ; et cependant quelle vanité que l’art ! vouloir peindre l’homme dans un bloc de pierre, ou l’âme dans des mots, les sentiments par des sons et la nature sur une toile vernie !

  Je ne sais quelle puissance magique possède la musique. J’ai rêvé des semaines entières au rythme cadencé d’un air ou aux larges contours d’un chœur majestueux ; il y a des sons qui m’entrent dans l’âme et des voix qui me fondent en délices. J’aimais l’orchestre grondant avec ses flots d’harmonie, ses vibrations sonores et cette vigueur immense qui semble avoir des muscles et qui meurt au bout de l’archet ; mon âme suivait la mélodie déployant ses ailes vers l’infini et montant en spirales, pure et lente, comme un parfum vers le ciel. J’aimais le bruit, les diamants qui brillent aux lumières, toutes ces mains de femmes gantées et applaudissant avec des fleurs ; je regardais le ballet sautillant, les robes roses ondoyantes ; j’écoutais les pas tomber en cadence, je regardais les genoux se détacher mollement avec les tailles penchées.

  D’autrefois, recueilli devant les �
�uvres du génie, saisi par les chaînes avec lesquelles il vous attache, alors, au murmure de ces voix, au glapissement flatteur, à ce bourdonnement plein de charmes, j’ambitionnais la destinée de ces hommes forts qui manient la foule comme du plomb, qui la font pleurer, gémir, trépigner d’enthousiasme. Comme leur cœur doit être large à ceux-là qui y font entrer le monde, et comme tout est avorté dans ma nature ! Convaincu de mon impuissance et de ma stérilité, je me suis pris d’une haine jalouse ; je me disais que cela n’était rien, que le hasard seul avait dicté ces mots, je jetais de la boue sur les choses les plus hautes que j’enviais.

  Je m’étais moqué de Dieu ; je pouvais bien rire des hommes.

  Cependant cette sombre humeur n’était que passagère, et j’éprouvais un vrai plaisir à contempler le génie resplendissant au foyer de l’art, comme une large fleur qui ouvre une rosace de parfum à un soleil d’été.

  L’art ! l’art ! quelle belle chose que cette vanité !

  S’il y a sur la terre et parmi tous les néants une croyance qu’on adore, s’il est quelque chose de saint, de pur, de sublime, quelque chose qui aille à ce désir immodéré de l’infini et du vague que nous appelons âme, c’est l’art. Et quelle petitesse ! une pierre, un mot, un son, la disposition de tout cela que nous appelons le sublime. Je voudrais quelque chose qui n’eût pas besoin d’expression ni de forme, quelque chose de pur comme un parfum, de fort comme la pierre, d’insaisissable comme un chant, que ce fût à la fois tout cela et rien d’aucune de ces choses. Tout me semble borné, rétréci, avorté dans la nature.

  L’homme avec son génie et son art n’est qu’un misérable singe de quelque chose de plus élevé.

  Je voudrais le beau dans l’infini et je n’y trouve que le doute.

  XIX

  Oh ! l’infini, l’infini, gouffre immense, spirale qui monte du fond des abîmes aux plus hautes régions de l’inconnu, vieille idée dans laquelle nous tournons tous, pris par le vertige, abîme que chacun a dans le cœur, abîme incommensurable, abîme sans fond ! Nous aurons beau, pendant bien des jours, bien des nuits, nous demander dans notre angoisse : qu’est-ce que ces mots : Dieu, Éternité, Infini ? nous tournons là-dedans emportés par un vent de la mort, comme la feuille roulée par l’ouragan. On dirait que l’infini prend alors plaisir à nous bercer nous-mêmes dans cette immensité du doute.

  Nous nous disons toujours cependant : après bien des siècles, des milliers d’ans, quand tout sera usé, il faudra bien qu’une borne soit là. Hélas, l’éternité se dresse devant nous et nous en avons peur, peur de cette chose qui doit durer si longtemps, nous qui durons si peu.

  Si longtemps !

  Sans doute quand le monde ne sera plus – que je voudrais vivre alors, vivre sans nature, sans hommes, quelle grandeur que ce vide-là ! – sans doute alors il y aura des ténèbres, un peu de cendres brûlées qui aura été la terre, et peut-être quelques gouttes d’eau, la mer. Ciel ! plus rien, du vide,..... que le néant étalé dans l’immensité comme un linceul.

  Éternité ! Éternité ! cela durera-t-il toujours ? toujours, sans fin ? Mais cependant ce qui restera, la moindre parcelle des débris du monde, le dernier souffle d’une création mourante, le vide lui-même devra être las d’exister, tout appellera une destruction totale.

  Cette idée de quelque chose sans fin nous fait pâlir hélas ! et nous serons là-dedans, nous autres qui vivons maintenant, et cette immensité nous roulera tous. Que serons-nous ? Un rien, pas même un souffle.

  J’ai longtemps pensé aux morts dans les cercueils, aux longs siècles qu’ils passent ainsi sous la terre, pleine de bruits, de rumeurs et de cris, eux si calmes, dans leurs planches pourries et dont le morne silence est interrompu, parfois, soit par un cheveu qui tombe ou par un ver qui glisse sur un peu de chair. Comme ils dorment là, couchés sans bruit, sous la terre, sous le gazon fleuri !

  Cependant, l’hiver ils doivent avoir froid sous la neige.

  Oh ! s’ils se réveillaient alors, s’ils venaient à revivre et qu’ils vissent toutes les larmes dont on a paré leur drap de mort taries, tous ces sanglots étouffés, toutes les grimaces finies, ils auraient horreur de cette vie qu’ils ont pleurée en la quittant, et ils retourneraient vite dans le néant si calme et si vrai.

  Certes, on peut vivre, et mourir même, sans s’être demandé une seule fois ce que c’est que la vie et que la mort ; mais pour celui qui regarde les feuilles trembler au souffle du vent, les rivières serpenter dans les prés, la vie se tourmenter et tourbillonner dans les choses, les hommes vivre, faire le bien et le mal, la mer rouler ses flots et le ciel dérouler ses lumières, et qui se demande : pourquoi ces feuilles ? pourquoi l’eau coule-t-elle ? pourquoi la vie elle-même est-elle un torrent si terrible et qui va se perdre dans l’océan sans bornes de la mort ? pourquoi les hommes marchent-ils, travaillent-ils comme des fourmis ? pourquoi la tempête ? pourquoi le ciel si pur et la terre si infâme ? Ces questions mènent à des ténèbres d’où l’on ne sort pas.

  Et le doute vient après ; c’est quelque chose qui ne se dit pas, mais qui se sent. L’homme alors est comme ce voyageur perdu dans les sables, qui cherche partout une route pour le conduire à l’oasis, et qui ne voit que le désert. Le doute, c’est la vie. L’action, la parole, la nature, la mort, doute dans tout cela.

  Le doute, c’est la mort pour les âmes ; c’est une lèpre qui prend les races usées ; c’est une maladie qui vient de la science et qui conduit à la folie. La folie est le doute de la raison, c’est peut-être la raison elle-même qui le prouve.

  XX

  Il est des poètes qui ont l’âme toute pleine de parfums et de fleurs, qui regardent la vie comme l’aurore du ciel ; d’autres qui n’ont rien que de sombre, rien que de l’amertume et de la colère ; il y a des peintres qui voient tout en bleu, d’autres tout en jaune ou tout en noir. Chacun de nous a un prisme à travers lequel il aperçoit le monde ; heureux celui qui y distingue des couleurs riantes et des choses gaies. Il y a des hommes qui ne voient dans le monde qu’un titre, que des femmes, que la banque, qu’un nom, qu’une destinée ; folies ! J’en connais qui n’y voient que chemins de fer, marchés ou bestiaux ; les uns y découvrent un plan sublime, les autres une farce obscène.

  Et ceux-là vous demanderaient bien ce que c’est que l’obscène ? Question embarrassante à résoudre, comme les questions.

  J’aimerais autant donner la définition géométrique d’une belle paire de bottes ou d’une belle femme, deux choses importantes. Les gens qui voient notre globe, comme un gros ou un petit tas de boue sont de singulières gens ou difficiles à peindre.

  Vous venez de parler avec un de ces gens infâmes, gens qui ne s’intitulent philanthropes et qui ne votent pas pour la démolition des cathédrales sans craindre qu'on les appelle carlistes ; Mais bientôt vous vous arrêtez tout court ou vous vous avouez vaincu, car ceux-là sont des gens sans principes qui regardent la vertu comme un mot, le monde comme une bouffonnerie. De là, ils partent pour tout considérer sous un point de vue ignoble ; ils sourient aux plus belles choses et, quand vous leur parlez de philanthropie, ils haussent les épaules et vous disent que la philanthropie s’exerce par une souscription pour les pauvres. La belle chose qu’une liste de noms dans un journal !

  Chose étrange que cette diversité d’opinions, de systèmes, de croyances et de folies ! Quand vous parlez à certaines gens, ils s’arrêtent tout à coup effrayés, et vous demandent : Comment, vous nieriez cela ? vous douteriez de cela ? peut-on révoquer le plan de l’univers et les devoirs de l’homme ? Et si, malheureusement, votre regard a laissé deviner un rêve de l’âme, ils s’arrêtent tout à coup et finissent là leur victoire logique, comme ces enfants effrayés d’un fantôme imaginaire, et qui se ferment les yeux sans oser regarder. Ouvre-les, homme faible et plein d’orgueil, pauvre fourmi qui rampes avec peine sur ton grain de poussière ; tu te dis libre et grand, tu te respectes toi-même, si vil pendant ta vie, et par dérision sans doute, tu salues ton corps pourri qui passe. Et puis tu penses qu’une si belle vie, agitée ainsi ent
re un peu d’orgueil que tu appelles grandeur et cet intérêt bas qui est l’essence de ta société, sera couronnée par une immortalité. De l’immortalité pour toi, plus lascif qu’un singe, et plus méchant qu’un tigre, et plus rampant qu’un serpent ? Allons donc ! faites-moi un paradis pour le singe, le tigre et le serpent, pour la luxure, la cruauté, la bassesse, un paradis pour l’égoïsme, une éternité pour cette poussière, de l’immortalité pour ce néant. Tu te vantes d’être libre, de pouvoir faire ce que tu appelles le bien et le mal ? Sans doute pour qu’on te condamne plus vite, car que saurais-tu faire de bon ? y a-t-il un seul de tes gestes qui ne soit stimulé par l’orgueil ou calculé par l’intérêt ? Toi, libre ! Dès ta naissance, tu es soumis à toutes les infirmités paternelles ; tu reçois, avec le jour, la semence de tous tes vices, de ta stupidité même, de tout ce qui te fera juger le monde, toi-même, tout ce qui t’entoure, d’après ce terme de comparaison, cette mesure que tu as en toi. Tu es né avec un esprit étroit, avec des idées faites ou qu’on te fera sur le bien ou sur le mal. On te dira qu’on doit aimer son père et le soigner dans sa vieillesse : tu feras l’un et l’autre et tu n’avais pas besoin qu’on te l’apprît, n’est-ce pas ? cela est une vertu innée comme le besoin de manger ; tandis que, derrière la montagne où tu es né, on enseignera à ton frère à tuer son père devenu vieux, et il le tuera, car cela, pense-t-il, est naturel, et il n’était pas nécessaire qu’on le lui apprît. On t’élèvera en te disant qu’il faut te garder d’aimer d’un amour charnel ta sœur ou ta mère ; tandis que tu descends comme tous les hommes d’un inceste, car le premier homme et la première femme, eux et leurs enfants, étaient frères et sœurs ; tandis que le soleil se couche sur d’autres peuples qui regardent l’inceste comme une vertu et le fratricide comme un devoir. Es-tu déjà libre des principes d’après lesquels tu gouverneras ta conduite ? Est-ce toi qui présides à ton éducation ? Est-ce toi qui as voulu naître avec un caractère heureux ou triste, phtisique ou robuste, doux ou méchant, moral ou vicieux ?

 

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