Ex in the City

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Ex in the City Page 2

by Wendy Markham


  Elle se regarde d’un air critique.

  — Rappelle-moi ce jour-là que les robes à volant ne me flattent pas ! Mais dans celle-ci, je me trouve énorme.

  — Enorme ? Mais tu es toute mince !

  — Non, pas là-dedans, il y a trop de froufrous. Quand je marcherai dans l’église, je veux paraître mince et sexy. Tu m’aides à sortir de là ? demande-t-elle en se tortillant pour essayer d’atteindre les boutons dans son dos.

  Tout en l’aidant, je me dis que je suis très contente de ma robe rouge. Je vais l’acheter et je la porterai pour la soirée de Noël. Qui sait ? Peut-être que je rencontrerai quelqu’un ? Blaire Barnett est une compagnie très importante qui compte beaucoup de personnel, et particulièrement beaucoup de jeunes hommes célibataires. Vous ne croyez pas qu’une soirée de fin d’année dans votre entreprise est un bon endroit pour « harponner » un joli petit poisson tout frétillant ?

  2

  Tout faux !

  La fête de Noël de l’entreprise n’est pas du tout l’endroit idéal pour « harponner » qui que ce soit. En tout cas, si l’on en croit cet article de Elle que je suis en train de lire. C'est dans ce magazine que Raphaël travaille comme assistant styliste.

  Je lis, allongée sur le canapé de Raphaël, en attendant que celui-ci ait fini de se préparer pour notre petite virée du samedi soir.

  L'article est intitulé : « Les dix choses à ne pas faire lors d'une soirée ».

  — « 1/ Ne pas s'habiller trop sexy ». Bon, ça part mal, dis-je à Raphaël.

  — Qu’est-ce qui part mal ? demande-t-il en passant la tête à travers le rideau à volant qui sépare le dressing du reste du loft où il habite.

  Ses yeux paraissent plus grands et plus sombres que d’habitude. Je l’interroge :

  — Je rêve ou tu t’es mis du rimmel ?

  — Non, c’est un maquillage permanent, je l’ai fait faire hier, tu aimes ?

  Mon Dieu ! Il s’est fait tatouer un trait noir autour des yeux !

  — C'est ravissant !

  Il m’adresse une grimace en battant des cils.

  Je poursuis :

  — D’après cet article de Elle, je dois porter une tenue boulot parce que c’est tout de même une soirée boulot. Ils disent que je dois m’habiller comme pour aller travailler. Le problème, c’est que pour porter la robe que j’ai achetée cet après-midi, il faudrait que je bosse la nuit sur la 12e Avenue et que j’aie un patron peu fréquentable, si tu vois ce que je veux dire.

  — Tracey ! Ne prends pas cet article au pied de la lettre ! Si tu voyais la journaliste qui l’a écrit, tu comprendrais. C'est Talbot.

  Venant de Raphaël, qui se veut à la pointe de la mode, c’est la pire des références.

  — Elle n’a peut-être pas complètement tort. Ce n’est sans doute pas une bonne idée que j’aille à cette soirée dans une robe trop sexy. Elle fait un peu garce sur les bords.

  — C'est toujours bien de faire un peu garce, ma chérie, me dit Raphaël, qui sait apparemment de quoi il parle.

  Quand il sort de derrière le rideau, il est moulé dans un T-shirt de soie noire sur un pantalon en cuir hyperserré. Pendant qu’il enfile une paire de mules, je lui demande :

  — Je croyais que nous allions au cinéma ?

  — Nous y allons, Tracey, et ensuite nous irons danser.

  Je baisse les yeux sur mon jean et mon gilet bleu marine.

  — Mais je ne suis pas du tout habillée pour aller danser !

  — Tu as tout à fait raison.

  Il détaille ma tenue d’un air vaguement écœuré.

  — Ce pull a connu des jours meilleurs.

  Soudain, je me sens comme une candidate de l’émission « Etes-vous sexy ? »

  « Eh, non, chère candidate, vous n’êtes pas assez sexy. Au revoir et merci ! »

  — Ne t’inquiète pas, Tracey, après le film, on fera les boutiques.

  — Impossible, j’ai dépensé tous mes sous chez Bloomingdale cet après-midi. Il ne me reste plus rien.

  — C'est moi qui régale, je paierai avec ma carte professionnelle, je mettrai ça sur le compte de la boîte.

  Ce qui est génial dans le job de Raphaël, c’est qu’il peut se permettre ce genre de choses. Vous ne pouvez pas savoir le nombre de fois où il m’a offert des vêtements de cette façon. Sans parler des soirées sushi !

  — Ils ne vont pas trouver que tu exagères à ton boulot ?

  — Mais, Tracey, ils m’adorent, répond-il en lissant ses longues mèches brunes.

  — Ecoute, Raphaël, (par mimétisme, quand je suis avec lui, j’utilise les prénoms abusivement), je suis un peu gênée… Je ne voudrais surtout pas te créer de problèmes. On va au cinoche, tu sors danser et moi, je rentre chez moi.

  — Chez toi ? dit-il sur un ton horrifié.

  — Oui, chez moi.

  Mon chez moi, c’est un minuscule studio dans l’East Village. Il fait environ la taille d’un des ascenseurs des immeubles chic de Central Park South. Je le sais parce qu’avec mon job d’appoint pour un grand traiteur new-yorkais, j’ai travaillé souvent dedans. Je veux parler des immeubles, pas des ascenseurs, bien sûr.

  Mon appartement ne sera jamais aussi beau qu’un ascenseur de Central Park South, mais il est beaucoup plus sympa depuis que j’ai investi dans des meubles, des rideaux, des tapis et même une chaîne hi-fi. Ça ne veut pas dire que j’ai particulièrement envie de passer un samedi soir enfermée chez moi toute seule. D’un air apeuré, comme si j’allais le quitter tout de suite, Raphaël dit précipitamment :

  — Certainement pas, Tracey. Il est hors de question que tu rentres chez toi. On se fait une toile, on fait les boutiques pour te trouver une tenue sympa et on sort en boîte. Tiens, on ne va pas au cinéma, j’ai changé d’avis. On fait des courses et on va danser.

  — Je croyais que tu voulais absolument voir ce film ?

  — Peut-être, mais…

  Il jette un coup d’œil derrière lui comme s’il craignait d’être espionné. Il baisse le ton jusqu’à ce que sa voix soit réduite à un simple murmure.

  — Je pense que Madonna est plus faite pour la chanson que pour le cinéma.

  — Mais tu disais qu’elle aurait mérité un Oscar pour son dernier film !

  — C'était seulement pour l’encourager, répond-il avec une parfaite mauvaise foi.

  Il s’interrompt pour remettre en place une de ces minuscules sculptures de verre que lui et ses petits copains successifs appellent des objets d’art. J’appellerais plutôt ça des nids à poussière. Je connais des milliards de façons plus sympa de dépenser son argent. Je reviens à Raphaël qui continue à parler de cinéma :

  — Je parlais de l’Oscar pour son avant-dernier film, et puis, il faut reconnaître que Madonna n’est pas Cher. Elle en faisait beaucoup trop dans la dernière comédie romantique qu’elle a jouée, et j’ai entendu dire que son nouveau film n’est pas terrible non plus. J’aime autant attendre que le DVD sorte, à moins que tu n’aies absolument envie de le voir ?

  — Moi ? Pas du tout, j’y allais pour te faire plaisir.

  — C'est donc réglé, dit-il avec soulagement.

  Et prenant le ton surexcité d’un motard s’embarquant pour un voyage de groupe en Harley Davidson :

  — Ce soir, on fait du shopping !

  En route pour le shopping.

  Deux heures, trois taxis et un passage éclair à mon appartement plus tard, je suis assise en face de Raphaël dans un bar assez sombre. Il a troqué son pantalon en cuir moulant contre un autre délavé et à pattes d’éléphant. Il n’a pas pu résister à un nouveau look rétro, inventé durant notre lèche-vitrines. Quant à moi, je porte une adorable minirobe vintage de chez Pucci, dont l’imprimé se marie superbement bien avec le boa vert acide que Raphaël a exigé que j’achète.

  En ce moment, on ne porte que ça à Paris !

  Pour l’instant, il repose sur le dossier de ma chaise par-dessus ma veste en cuir marron… Tant pis pour Paris !

  — Je ne suis pas du genre à mettr
e un boa, ai-je protesté vainement alors qu’il le drapait autour de mes épaules.

  — C'était vrai il y a quelques mois, a-t-il objecté, mais aujourd’hui, il y a une nouvelle Tracey qui crie qu’elle a envie de porter un boa !

  Je baisse les yeux, m’attendant presque à voir un autre corps que le mien. Je bois une gorgée du cocktail mortel qu’il a commandé pour nous deux. Il y a quelque temps, Raphaël sortait avec un barman, et il se targue depuis d’être incollable en matière de cocktails ! Je ne sais même plus comment s’appelle celui-ci. Au début, il avait un goût de détergent, mais il descend de mieux en mieux. Pour en revenir au boa, je lui dis :

  — Je ne m’entends pas crier que j’ai une furieuse envie d’un boa !

  — C'est parce que tu n’es pas à l’écoute de toi-même. Tu caches la nouvelle Tracey sous l’ancienne qui n’osait rien et qui avait peur de tout. Lâche-la !

  — En lui mettant autour du cou un boa vert acide ? Tu es dur avec elle, je trouve, dis-je ironiquement.

  Je finis mon verre. Raphaël se penche vers moi.

  — Tu en veux un autre ou on va tout de suite au Boys Club ?

  Le Boys Club, c’est la boîte où nous sortons ce soir. Autour de nous, le bar est bondé, et je meurs d’envie d’une cigarette. Mais comme dans tous les bars de Manhattan, les murs sont couverts d’affichettes anti-tabac. Au moment où je m’apprête à lui dire que je suis prête à lever le camp, mon regard croise celui d’un type supermignon. Installé au fond du bar, entre les toilettes et le juke-box, il est en compagnie d’une bande de mecs canons. Il me fait un clin d’œil avec un sourire. Le genre de signe qui ne trompe pas, le regard appréciateur du type qui vous a remarquée et qui vous le fait comprendre. Enfin, d’habitude, ce genre de regard craquant est adressé à Kate, pas à moi. Jamais à moi, jusqu’à ce soir. Je sens que je dois saisir ma chance si je ne veux pas finir la soirée toute seule.

  — Je veux bien un autre verre, s’il te plaît, dis-je à Raphaël, en prenant le parti de rester un peu plus longtemps.

  J’espère que le type qui me regarde toujours ne va pas croire que je sors avec Raphaël. Je regarde de nouveau son T-shirt noir moulant, son cocktail rose fuchsia et son maquillage permanent. Aucun risque !

  — Es-tu sûre que tu veux rester, Tracey ? Tu ne trouves pas qu’il y a un monde fou, ici ?

  TSM — Type Super Mignon — se dirige vers moi, à moins qu’il ne tente d’échapper à la fumée de cigarette qui s’échappe des toilettes ou aux braillements de Bon Jovi.

  Attendons un peu. Je pense être rapidement fixée.

  — On reste, dis-je fermement à Raphaël.

  TSM s’appelle Jeff.

  Jeff Stanton, de Stilton, ou un truc comme ça.

  Vous vous demandez comment je le sais ?

  Tout simplement parce que quelques minutes après l’arrivée de notre deuxième cocktail, il s’est pointé à notre table et s’est présenté. Jeff est courtier à Wall Street, un boulot qui a l’air très ennuyeux. Ah, oui, j’ai aussi appris autre chose sur lui : il a une passion un peu déplacée pour Star Wars, vous savez, cette saga horripilante avec des tas de sabres laser ?

  Et vous vous demandez comment je sais tout cela sur lui ?

  Parce qu’il a des draps Star Wars dans son lit. Vrai de vrai !

  En ce moment précis, je suis couchée dedans.

  Si vous en déduisez que j’ai fait l’amour avec ce garçon dont le nom de famille commence par un S et finit par un N, vous avez gagné !

  Si vous voulez savoir si je regrette de me réveiller dans ce lit inconnu, au cœur d’une banlieue inconnue, vous avez aussi gagné. Et c’est très ennuyeux. Me réveiller à Manhattan, dans l’Upper East Side, ou même à Tribeca, passe encore… Mais pas en banlieue ! Au moins, on n’est pas dans le New Jersey, dit une petite voix réconfortante en moi.

  Je me redresse dans le lit jumeau (oui, vous avez bien lu !) de la chambre. Je m’enroule dans le drap Star Wars, en tentant de me souvenir de la façon dont je suis arrivée ici.

  Il gèle dans cette chambre, je vois même de la buée qui sort de ma bouche ! Pourquoi n’y a-t-il pas de couette ? Oh, mais si, je la vois, elle est roulée en boule sur le sol, mêlée à mes vêtements, à l’exception de mon boa qui est accroché à une patère près de la porte. Comment a-t-il atterri ici ? Et puisqu’on en est aux questions sans réponses, comment ai-je moi-même atterri ici ? Et du reste, où suis-je ? Je me souviens d’avoir demandé à Jeff S...N, s’il habitait le New Jersey. Je me souviens qu’il a ri en disant « Bien sûr que non ! » Comme si je l’accusais d’être un trafiquant d’armes ! En revanche, je ne me souviens pas du tout du moment où Raphaël m’a abandonnée aux mains de ce parfait étranger qui vit dans une banlieue inconnue et avec lequel j’ai couché cette nuit. Je sais que nous avons beaucoup bu, je me souviens vaguement d’un long trajet en taxi et du passage d’un pont. Etait-ce le Golden Gate ? Je n’en sais fichtre rien, j’étais en train d’embrasser passionnément Jeff S...N sur la banquette arrière.

  Et que s’est-il passé une fois arrivés ici, où que nous soyons ?

  J’ai beau fouiller dans ma mémoire — rêvant d’un grand immeuble avec portier, hall de marbre et ascenseurs —, je ne trouve qu’une rue noire pleine de voitures garées le long de bâtiments sombres et de petites maisons de banlieue. J’ai l’impression que nous sommes dans l’une d’elles, mais il y a beaucoup trop de trous noirs dans mes souvenirs de la nuit. Je sais qu’il faisait sombre quand nous sommes entrés et qu’il n’a pas allumé la lumière. Heureusement, du reste, sinon, la vision de Yoda sur la taie d’oreiller m’aurait sûrement fait prendre mes jambes à mon cou. Et après tout, est-ce si épouvantable qu’un homme adulte dorme dans une chambre avec des lits jumeaux et des draps Star Wars ? Je regarde l’homme encore endormi à mon côté, prête à un geste de tendresse envers lui. Mais le spectacle que j’ai sous les yeux m’en dissuade immédiatement.

  Vision d’horreur ! Il a la bouche ouverte, une terrible haleine de bière, et j’ai une vue imprenable sur ses plombages, sans parler du filet de bave épais et blanchâtre qui relie la lèvre supérieure à la lèvre inférieure.

  Au secours ! Fuyons !

  Il ne bouge pas quand je sors de mon lit. Je me rhabille le plus silencieusement possible. Je regarde autour de moi, m’attendant à trouver des posters de voitures ou de filles à poil, mais je dois reconnaître qu’il n’y a rien de tel. La chambre est totalement impersonnelle, à part une étagère avec des médailles et des coupes, et une autre supportant une collection complète des œuvres de Tolkien et de C.S. Lewis.

  Je me retourne pour regarder de nouveau Jeff. C'est peut-être un adolescent. En fait, il ne m’a pas donné beaucoup de détails sur sa vie (du moins d’après mes maigres souvenirs). Je remarque une barbe naissante sur ses joues encadrant le filet de bave précédemment cité, et sa poitrine est couverte de poils. Il ressemble à un homme et il ronfle comme un vrai mec !

  Mon Dieu, et si c’était la maison de ses parents ? Je me souviens qu’en rentrant cette nuit, il m’a recommandé de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller ses colocataires. Mais peut-être que ses colocataires sont du genre papa et maman ! Ça ne me dérangerait pas de sortir avec quelqu’un qui vit encore chez ses parents, mais je serais gênée de savoir que je me suis envoyée en l’air alors que ses parents dormaient de l’autre côté de la cloison. Dire que j’ai fait l’amour dans des draps sur lesquels batifolent Ewok et Yoda, les personnages de La Guerre des étoiles. Je jette un dernier regard sur Jeff qui dort paisiblement. Dois-je le réveiller pour lui dire au revoir ? Il grogne, bouge les lèvres, se retourne. Je fronce le nez. Et si je lui laissais un mot ?

  Je pourrais lui donner mon numéro de téléphone, me dis-je en enfilant ma veste en cuir. Oui, mais s’il appelle, je serai bien embêtée ! Il faudra que je le revoie. Et s’il ne me rappelle pas, ce sera pire encore !

  Ramassant mes chaussures, mon sac et mon boa, je sors de la chambre. J’arrive dans un couloir recouvert de moquette, m’attendant presque à tomber
sur un monsieur d’un certain âge en pyjama et peignoir, sortant de la salle de bains. Mais tout ce que je vois, c’est une rangée de portes fermées. Sauf une, entrouverte, qui révèle un lavabo et des toilettes. Je me demande si je peux boire un verre d’eau. Je meurs de soif, je suis totalement déshydratée. Mais je sens une odeur de café ; apparemment, un des colocataires est réveillé. Je ne veux pas courir le risque de rencontrer quelqu’un.

  Salut, Jeff, et merci pour euh… tout ! Puisque je ne me souviens de rien !

  Je descends les escaliers et je me retrouve dans une rue. Je fais une prière muette pour que ce soit une rue du Bronx ou de Staten Island.

  Il fait tellement froid que je claque des dents. J’aurais dû emprunter sa couette à Jeff pour m’enrouler dedans. Je suis à peine couverte et je grelotte sous ma veste de cuir. Ah, oui, j’oubliais, le boa ! Je l’enroule autour de mon cou, espérant me réchauffer. Et surtout éviter une pneumonie.

  J’avance à petits pas, tellement j’ai peur d’être submergée par une vague de nausée ou, pire, par une vague de panique. Je me calme au souvenir de mes pilules miraculeuses, mais je suis aussitôt terrassée par le cafard. J’ai envie de me retrouver chez moi, à Manhattan, dans mon petit studio et dans les bras de… Will.

  Will McCraw me manque.

  Ça fait pourtant trois mois que c’est terminé entre nous, mais je n’arrive pas à tourner la page. Je ne veux pas dire qu’il m’obsède au point de le chercher partout, à tous les coins de rue, mais je n’arrive pas à l’oublier, ni à oublier les réveils contre un corps chaud et familier, dans une chambre familière. Mais Will m’a quittée. Désormais, il forme un vrai couple avec Esme, la nana qu’il a rencontrée durant son festival de théâtre cet été.

  Je le sais parce qu’il me l’a dit lui-même.

  Et il me l’a dit parce qu’il croit que nous sommes restés amis.

  Eh oui ! Amis… C'est son propre terme !

  Cliché ou pas, il tient beaucoup à cette amitié entre nous. Alors il m’appelle toutes les semaines pour prendre des nouvelles. Je le laisse me raconter cette merveilleuse nouvelle vie dont je suis exclue. J’essaie d’avoir l’air ravi pour lui, alors je ponctue son discours de quelques sons enthousiastes.

 

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