by Jean M. Auel
— Ne dis pas non, mère ! implora Lanidar. Je veux le faire. Elle m’a laissé les toucher, ils ont mangé dans mes mains, mes deux mains ! Elle m’a montré aussi comment lancer une sagaie avec leur instrument. Tous les garçons en lancent, moi je ne l’avais jamais fait.
Mardena savait que son fils mourait d’envie d’être comme les autres, mais elle pensait qu’il devait comprendre qu’il ne le serait jamais. Elle avait souffert quand l’homme qui avait été son compagnon était parti après la naissance de Lanidar. Elle était sûre qu’il avait honte de l’enfant. En plus de son infirmité, Lanidar était petit pour son âge, et elle faisait tout pour le protéger. Le lancer de sagaie ne signifiait rien pour elle. Elle était venue assister à la démonstration uniquement parce que les autres y allaient et qu’elle pensait que cela pourrait plaire à Lanidar. Mais, quand elle l’avait cherché, elle ne l’avait pas trouvé. Nul n’avait été plus ébahi qu’elle quand l’étrangère avait appelé son fils pour essayer la nouvelle arme.
La voyant hésiter, Ayla proposa :
— Si tu n’es pas trop occupée, pourquoi ne passerais-tu pas demain matin avec Lanidar au camp de la Neuvième Caverne ? Tu verras ton fils avec les chevaux, tu jugeras par toi-même.
— Mère, je peux le faire, plaida Lanidar. Je sais que je peux le faire.
26
— Il faut que je réfléchisse, répondit Mardena. Mon fils n’est pas comme les autres, il ne peut pas faire les mêmes choses.
Ayla la regarda.
— Je ne suis pas sûre de comprendre.
— Tu te rends bien compte que son bras le limite.
— Quelque peu, mais beaucoup apprennent à surmonter ce genre de limites.
— Jusqu’à quel point ? Il ne sera jamais chasseur, il n’arrivera jamais à fabriquer quelque chose avec ses mains. Cela ne lui laisse pas beaucoup d’autres possibilités.
— Pourquoi ne pourrait-il pas chasser ou apprendre à fabriquer des choses ? repartit Ayla. Il est intelligent, il voit bien. Il a un bras normal et peut se servir un peu de l’autre. Il marche, il court, même. J’ai vu des gens surmonter des difficultés bien plus graves. Il a juste besoin de quelqu’un pour lui apprendre.
— Qui ? répliqua Mardena. Même l’homme de son foyer n’a pas voulu.
Ayla eut l’impression de commencer à saisir.
— Je m’en chargerais volontiers, dit-elle, et je pense que Jondalar nous apporterait son aide. Le bras gauche de Lanidar est solide. Je suis sûre qu’il pourrait apprendre à lancer une sagaie, en particulier avec le nouvel instrument.
— Pourquoi prendrais-tu cette peine ? Tu ne vis pas dans notre Caverne. Tu ne le connais même pas.
Ayla supposa que Mardena ne croirait jamais qu’elle était prête à le faire parce qu’elle aimait bien cet enfant, alors qu’elle venait à peine de le rencontrer. Aussi répondit-elle :
— Nous avons tous l’obligation de transmettre aux enfants ce que nous savons, et je viens de devenir zelandonii. Je dois apporter à mon nouveau peuple une contribution qui montrera que j’en suis digne. En outre, si Lanidar m’aide pour les chevaux, j’aurai une dette envers lui et je serai tenue de lui donner en échange quelque chose d’égale valeur. C’est ce qu’on m’a inculqué quand j’étais enfant.
— Et s’il n’arrive pas à chasser malgré tes efforts ? Je ne voudrais pas lui donner de faux espoirs.
— Il doit apprendre certaines activités. Sinon, que fera-t-il quand il grandira et que tu seras trop vieille pour le protéger ? Tu ne veux pas qu’il soit un fardeau pour les Zelandonii ? Moi non plus, où qu’il vive.
— Il sait cueillir les fruits avec les femmes.
— C’est une contribution valable, mais il devrait découvrir d’autres choses. Du moins essayer.
— Tu as sans doute raison, convint Mardena. Mais quoi ? Je ne crois pas qu’il puisse chasser un jour.
— Tu l’as vu lancer une sagaie ? Même s’il ne devient pas un excellent chasseur – et je pense qu’il en est capable –, apprendre à chasser lui ouvrirait d’autres perspectives.
— Lesquelles ?
Ayla chercha en hâte une réponse.
— Il siffle bien, je l’ai entendu. Un bon siffleur peut souvent imiter les cris d’animaux. S’il en est capable, il pourrait devenir un appelant, attirer les bêtes là où les chasseurs sont embusqués.
— C’est vrai, il siffle bien, dit Mardena, considérant l’argument. Tu crois que ça pourrait lui servir à quelque chose ? Lanidar intervint :
— Elle aussi, elle siffle, mère. Comme les oiseaux. Elle sait imiter un cheval...
— Vraiment ?
Ayla était sûre que Mardena allait réclamer une démonstration et n’avait pas envie d’émettre un hennissement strident avec autant de monde autour d’elle. Pour créer une diversion, elle réitéra son invitation :
— Venez donc demain matin au camp de la Neuvième Caverne, ton fils et toi.
— Je peux aussi amener ma mère ? demanda Mardena.
— Bien sûr. Venez tous les trois, vous partagerez notre repas.
— Alors, à demain.
Ayla regarda la mère et l’enfant s’éloigner. Avant de se retourner pour aller rejoindre Marthona, Folara et Loup, elle vit Lanidar lui adresser par-dessus son épaule un sourire débordant de reconnaissance.
— Voilà ton oiseau, cria Folara en lui montrant le lagopède transpercé quand elle s’approcha. Que comptes-tu en faire ?
— Eh bien, comme je viens de lancer des invitations pour le repas de demain matin, je pense que je vais le cuire.
— Qui as-tu invité ?
— La femme à qui je parlais.
— Mardena ? s’étonna la jeune fille.
— Ainsi que sa mère et son fils.
— Personne ne les invite jamais, sauf pour les festins communautaires.
— Pourquoi ?
— Maintenant que j’y pense, je ne sais pas trop. Mardena vit un peu à l’écart. Elle se croit responsable de l’infirmité de son garçon ou du moins elle croit que les gens le pensent.
— Certains le pensent, dit Marthona, et Lanidar aura peut-être du mal à trouver une compagne. Il y aura des mères pour craindre qu’il n’apporte des Esprits infirmes à une union.
— En plus, Mardena le traîne avec elle partout où elle va, reprit Folara. Elle a peur que les autres garçons se moquent de lui si elle le laisse aller seul quelque part. Ils le feraient sûrement. Je ne crois pas qu’il ait des amis. Elle ne lui offre aucune possibilité.
— Je me posais justement la question, dit Ayla. Elle a envers lui une attitude protectrice. Trop protectrice, je pense. Elle est persuadée que son bras infirme limite ses capacités, mais sa plus grande limite, à mon avis, ce n’est pas son bras, c’est sa mère. Elle a peur de le laisser essayer. Il faut pourtant qu’il grandisse.
— Pourquoi l’as-tu choisi pour lancer une sagaie ? demanda Marthona. J’ai eu l’impression que tu le connaissais.
— Quelqu’un lui avait dit qu’il y avait des chevaux là où nous avons notre camp – le Pré d’En-Haut, comme il l’appelle –, il est venu les voir et je me trouvais là. Je pense qu’il cherchait à échapper à la foule, ou à sa mère, mais celui qui lui avait parlé des chevaux avait omis de lui dire que nous campons là-bas. Jondalar et Joharran ont demandé que tous les participants à la Réunion évitent de s’approcher des chevaux. Le « quelqu’un » qui a parlé des chevaux à Lanidar pensait peut-être qu’il aurait des ennuis s’il venait les voir. En fait, cela ne me dérange pas qu’on vienne les voir, je veux juste que personne n’ait l’idée de les chasser. Ils sont trop habitués à l’homme, ils ne s’enfuiraient pas.
— Et, bien sûr, tu as laissé Lanidar les toucher et il était ravi, comme tout le monde, dit Folara en souriant. Ayla lui rendit son sourire.
— Peut-être pas tout le monde, mais je pense que, si les gens ont l’occasion de les connaître, ils ne seront pas tentés de les chasser.
— Tu as sans doute raison, approuva Marthona.
— Les cheva
ux l’aiment bien, semble-t-il, et il a su tout de suite siffler comme moi pour les appeler. Alors je lui ai demandé de s’occuper d’eux en mon absence. Je ne pensais pas que sa mère y verrait une objection.
— Rares sont les mères qui s’opposeraient à ce que leur fils de douze ans en sache davantage sur les chevaux ou sur n’importe quel autre animal, observa Marthona.
— Douze ans ? Je pensais qu’il en avait neuf ou dix. Il disait qu’il ne voulait pas aller à la démonstration de Jondalar parce qu’il ne sait pas lancer une sagaie. Il semblait croire qu’il n’y arriverait jamais, mais son bras gauche est normal, et, comme j’avais mon lance-sagaie avec moi, je lui ai montré comment s’en servir. A son âge, il devrait faire mieux que de cueillir des framboises avec sa mère. Ayla s’interrompit, regarda les deux femmes.
— Comment se fait-il que vous connaissiez Lanidar et Mardena ? Ce fut Marthona qui répondit :
— Chaque fois que naît un bébé infirme comme lui, toutes les Cavernes en entendent parler, et tout le monde en parle. Pas nécessairement en mal. Les gens se demandent pourquoi et veulent éviter qu’une telle chose arrive à leurs enfants. Quand le compagnon de Mardena est parti, la plupart des Zelandonii ont pensé que c’était parce qu’il avait du mal à reconnaître Lanidar comme le fils de son foyer, mais je pense que Mardena est à moitié responsable. Elle ne voulait montrer le bébé à personne, pas même à son compagnon. Elle le cachait, elle dissimulait son bras. Elle est devenue très protectrice.
— Le problème de Lanidar, c’est qu’elle l’est toujours, dit Ayla. Quand je lui ai annoncé que j’avais proposé à son fils de s’occuper des chevaux en mon absence, elle n’a pas voulu. Pourtant, je ne lui demandais pas une chose dont il aurait été incapable. Il s’agit juste de voir s’ils vont bien et de me prévenir en cas de problème. C’est pour cela que je les ai invités à venir demain, pour essayer de la convaincre que les chevaux ne feront aucun mal à son fils. Et j’ai promis de lui apprendre à chasser ou du moins à lancer une sagaie. Je ne sais pas pourquoi, mais plus elle se montrait réticente, plus j’étais déterminée.
Folara et sa mère sourirent, hochèrent la tête pour signifier qu’elles comprenaient.
— Pouvez-vous prévenir Proleva que nous aurons de la visite demain matin ? leur demanda Ayla. Moi, je vais chercher autre chose pour le repas de demain. Et si vous retournez au camp, vous pouvez prendre le lagopède ?
— N’oublie pas ton lièvre, rappela Marthona. Salova m’a dit que tu en as tué un aujourd’hui. Veux-tu de l’aide pour le repas ?
— Uniquement si tu penses que d’autres pourraient se joindre à nous. Je vais creuser un four dans le sol, y mettre des pierres brûlantes, et laisser cuire le lagopède et le lièvre toute la nuit. Avec des herbes et des légumes.
— Folara, je pense qu’il faudra l’aider, dit la mère de Jondalar. Si c’est Ayla qui prépare le repas, tout le monde voudra goûter, par curiosité... Oh, j’allais oublier : Ayla, j’ai été chargée de te prévenir qu’il y aura demain après-midi une réunion de toutes les femmes qui s’apprêtent à prendre un compagnon, et de leurs mères, dans la hutte de la Zelandonia.
— Je n’ai pas de mère pour m’accompagner, murmura Ayla.
— Normalement, ce n’est pas la place de la mère de l’homme, mais puisque la femme dont tu es née ne peut être là, je suis prête à venir avec toi, si tu veux, proposa Marthona.
— Vraiment ? fit Ayla, très émue. Je t’en serais infiniment reconnaissante.
— Un festin matinal sorti d’un four dans la terre ! s’exclama Folara. La viande est toujours très tendre, cuite de cette façon. La journée de demain s’annonce merveilleuse.
Et bientôt je serai unie à Jondalar, songeait Ayla. Comme je voudrais qu’Iza soit là... C’est elle la mère qui devrait être à mes côtés, pas la femme dont je suis née. Puisqu’elles parcourent toutes deux le Monde d’Après, je suis reconnaissante à Marthona de m’accompagner, mais Iza aurait été tellement contente... Elle craignait que je ne trouve jamais d’homme à qui m’unir. Elle a eu raison de me conseiller de partir à la recherche de mon peuple, à la recherche de mon compagnon.
Derrière le camp principal, à droite, les collines calcaires formaient une large cuvette évasée qui s’incurvait sur les côtés mais était ouverte sur le devant. La base des pentes incurvées convergeait vers une étendue relativement plate, nivelée par les pierres et la terre accumulées au cours des nombreuses années écoulées depuis que le lieu servait aux réunions. A l’intérieur de la cuvette, les flancs herbeux des collines s’élevaient par paliers, et les parties les moins escarpées avaient été aplanies elles aussi pour que des groupes familiaux ou même des Cavernes entières puissent s’y asseoir ensemble et jouir de la vue sur l’espace découvert, en contrebas. La partie en pente était assez vaste pour accueillir tous les participants à la Réunion d’Été, soit plus de deux mille personnes.
Dans un boqueteau proche de la crête des collines jaillissait une source qui alimentait un petit étang puis coulait au milieu de la pente, traversait la partie plane du bas et se jetait dans le cours d’eau du camp. Ce ruisseau était si étroit qu’on pouvait l’enjamber aisément, et l’étang clair et froid, proche du sommet, constituait une source permanente d’eau potable.
Ayla monta vers les arbres en suivant un sentier, le long du ruisseau qui peignait d’une couche d’eau un lit caillouteux. Elle fit halte pour boire à la source puis se retourna. Son attention fut attirée par l’eau qui descendait la colline en miroitant, allait grossir le flot qui traversait le vaste camp puis se jetait dans la Rivière. C’était un paysage de hautes collines, de falaises calcaires et de vallées creusées par des cours d’eau.
Du camp montait une rumeur qui ne ressemblait à rien de ce qu’Ayla connaissait, les voix mêlées de tout un camp noir de monde, fondues en un seul grondement, ponctué parfois d’un cri, d’un appel, d’une exclamation. Cela lui rappelait une ruche, ou un troupeau d’aurochs meuglant au loin, et elle était soulagée de se retrouver seule un moment.
Enfin, pas tout à fait seule. Elle regarda Loup fourrer son museau dans les moindres recoins et sourit. Ayla aimait l’avoir auprès d’elle. Bien qu’elle ne fût pas habituée à voir tant de gens, surtout en si peu de temps et en un seul endroit, elle n’avait pas trop envie d’être seule. Elle avait eu son content de solitude dans la vallée qu’elle avait découverte après avoir quitté le Clan, et elle n’aurait sans doute pas supporté cette situation sans Whinney, et plus tard Bébé. Même avec ses animaux, la solitude lui avait pesé, mais elle avait su se procurer à manger et fabriquer les objets dont elle avait besoin ; elle avait appris la joie d’une liberté totale. Pour la première fois, elle pouvait faire ce qu’elle voulait, même adopter une pouliche ou un lionceau. Ne dépendre que d’elle-même lui avait révélé qu’un être humain livré à la solitude pouvait vivre un temps dans un bien-être relatif tant qu’il restait jeune, fort et en bonne santé. Ce n’est qu’en tombant gravement malade qu’elle avait pris conscience de sa vulnérabilité.
Ayla avait alors compris qu’elle n’aurait pas survécu si le Clan n’avait permis à une petite fille faible et blessée, rendue orpheline par un tremblement de terre, de vivre en son sein, alors qu’elle appartenait à ceux que les membres du Clan appelaient les Autres. Plus tard, quand Jondalar et elle avaient vécu chez les Mamutoï, elle s’était aperçue que la vie en groupe, n’importe quel groupe, même si on y reconnaissait l’importance des souhaits et des désirs individuels, limitait la liberté de chacun car les besoins de la communauté étaient tout aussi importants. La survie reposait sur une volonté commune de coopérer, Clan, Camp ou Caverne, hommes et femmes résolus à travailler ensemble et à s’entraider. Il y avait toujours lutte entre l’individu et le groupe. Trouver un équilibre acceptable était un défi constant, mais qui n’allait pas sans avantages.
La cohésion du groupe assurait plus que la satisfaction des besoins essentiels de chacun. Elle offrait aussi du temps libre pour se consacrer à des tâches
plus agréables qui, chez les Autres, favorisaient l’éclosion d’un sens esthétique. Leur art était moins un art en soi qu’une partie inhérente de leur vie, de leur existence quotidienne. Presque tous les membres d’une Caverne Zelandonii pouvaient s’enorgueillir d’une habileté particulière et appréciaient à des degrés divers les résultats du talent des autres. Dès le plus jeune âge, les enfants tentaient différentes expériences pour trouver le domaine dans lequel ils excelleraient, et les activités pratiques n’étaient pas jugées plus importantes que l’art.
Ayla se rappela que Shevonar, l’homme qui était mort pendant la chasse aux bisons, avait fabriqué des lances. Il n’était pas le seul membre de la Neuvième Caverne à savoir en faire, mais la spécialisation développait le talent, talent qui conférait un statut particulier, souvent économique. Chez les Zelandonii, comme chez la plupart des autres peuples qu’Ayla connaissait, la nourriture était partagée, mais le chasseur ou le cueilleur qui la fournissait acquérait un certain prestige. Un homme ou une femme pouvait vivre sans jamais fournir d’efforts pour trouver à manger. Sans une activité spécialisée ou un talent particulier, source de prestige, personne ne pouvait vivre bien.
Même si c’était pour elle une notion difficile à saisir, Ayla avait appris comment les Zelandoni échangeaient biens et services. Presque tout ce qui était fait ou fabriqué avait de la valeur, même si son intérêt pratique n’était pas toujours évident. Cette valeur était généralement définie par le consensus, ou par le marchandage individuel. En conséquence, un talent exceptionnel était mieux récompensé qu’une habileté commune, en partie parce que, plus apprécié, l’objet était plus demandé, en partie parce qu’il fallait souvent plus de temps pour bien le fabriquer. Le talent et l’habileté étaient hautement considérés, et la plupart des membres d’une Caverne avaient un sens esthétique développé dans leur domaine.
Une lance bien faite et décorée avec goût avait plus de valeur qu’une lance bien faite mais simplement fonctionnelle, laquelle avait plus de valeur qu’une lance mal faite. Un panier tressé avec maladresse servait autant qu’un panier joliment orné, avec des motifs subtils, ou peint de couleurs variées, mais il suscitait beaucoup moins la convoitise. On réservait l’objet purement pratique aux racines qu’on venait de déterrer, puis, une fois ces racines nettoyées ou séchées, on les gardait dans un panier plus beau. Les objets et les outils qui remplissaient une fonction immédiate étaient souvent jetés après usage, alors que l’on conservait celui qui était beau et de bonne facture.