by Jean M. Auel
Ils se faisaient face au milieu des épis, pas vraiment hostiles mais animés de certitudes contradictoires. Jondalar remarqua que des mèches blondes éclaircies par le soleil s’étaient échappées de la lanière en cuir qui retenait la chevelure d’Ayla et fouettaient son visage dans le vent. Elle était pieds nus, bras et seins hâlés découverts au-dessus du vêtement de cuir simple qui enveloppait sa taille et tombait jusqu’aux genoux pour la protéger des tiges sèches et piquantes. Son regard était résolu, rempli d’un défi presque rageur, mais elle paraissait en même temps si vulnérable que l’expression de Jondalar s’adoucit.
— C’est sans importance, de toute façon. Je t’aime, Ayla. Je veux prendre soin de toi et de ton bébé, dit-il en la prenant dans ses bras.
— Notre bébé, corrigea-t-elle. Notre bébé, Jondalar. Quand elle se pressa contre lui, il sentit sa poitrine nue, son ventre rond, et fut content de l’un et de l’autre.
— D’accord, Ayla. Notre bébé. Il avait envie d’y croire.
Une fraîcheur perceptible régnait au-dehors quand ils sortirent de la hutte. Dans les boqueteaux proches, les feuilles des arbres avaient viré au jaune ou au rouge ; autour du camp, l’herbe qui n’avait pas été piétinée était brune, desséchée. Tout le bois mort et toutes les broussailles sèches de la région avaient brûlé depuis longtemps, et les bosquets s’étaient considérablement éclaircis.
Jondalar souleva les paquets posés par terre, près de l’ouverture de la hutte.
— Avec les perches à tirer, les chevaux nous aideront à rapporter les provisions d’hiver. La saison a été bonne, dit-il à Ayla.
Loup courut vers eux, la langue pendante. L’une de ses oreilles tombait un peu et avait un bord déchiqueté, ce qui lui donnait un air canaille.
— Je crois qu’il sait que nous partons, dit Ayla. Je suis heureuse qu’il soit revenu vivre auprès de nous, même s’il a fallu pour cela qu’il soit grièvement blessé. Il m’aurait manqué. Je suis impatiente de retourner à la Caverne, mais je me souviendrai toujours de cette Réunion d’Été. La Réunion où nous nous sommes unis.
— J’y ai pris plaisir moi aussi, cela faisait longtemps que je n’avais pas participé à une Réunion, mais, maintenant que nous partons, je suis pressé de rentrer.
Jondalar sourit en songeant à la surprise qui attendait sa compagne. Elle remarqua un changement dans son expression, un côté mystérieux dans son air réjoui, et eut le sentiment qu’il lui cachait quelque chose. Quoi ? Elle n’en avait aucune idée.
— Je suis content que les Lanzadonii soient venus, poursuivit-il. Ils ont fait un long voyage mais Dalanar a maintenant la doniate qu’il voulait, et Joplaya s’est unie à Echozar dans le respect des traditions. Les Lanzadonii sont encore peu nombreux mais ils ne tarderont pas à fonder une deuxième Caverne. Ils ont eu beaucoup d’enfants et, par chance, la plupart ont survécu.
— Je me réjouis que Joplaya soit enceinte. La Mère l’avait honorée avant même leur union ; pourtant, je ne crois pas qu’on y ait prêté grande attention pendant les Matrimoniales.
— Certains avaient d’autres choses en tête. En tout cas, je suis ravi pour eux. Joplaya me paraît changée, un peu triste, curieusement. C’est peut-être d’un bébé qu’elle a besoin.
— Dépêchons-nous. Joharran tient à ce que nous partions de bonne heure.
Elle ne voulait pas parler de la tristesse de Joplaya, parce qu’elle en connaissait la raison, et ne voulait pas non plus mentionner la longue conversation qu’elle avait eue avec Jerika. La mère de Joplaya désirait obtenir d’elle des renseignements précis. Elle avait expliqué les difficultés qu’elle avait eues elle-même en accouchant et voulait apprendre d’Ayla tout ce qui pouvait faciliter un enfantement qui s’annonçait délicat. Elle voulait aussi connaître cette médecine qui empêchait la vie de germer et les moyens de provoquer une fausse couche si elle n’avait pas fait effet. Jerika craignait pour la vie de son unique enfant et aurait préféré se passer de petits-enfants plutôt que de courir le risque de perdre sa fille. Mais, comme Joplaya était déjà enceinte et déterminée à avoir le bébé, Jerika était résolue, elle, à ce qu’il n’y ait plus d’autres grossesses si sa fille survivait à l’accouchement.
La Onzième Caverne avait apporté tous ses radeaux, et Joharran avait pris des dispositions pour qu’une partie des vivres fût transportée par ce moyen. Bord de Rivière ne possédait cependant qu’un nombre limité d’embarcations et toutes les Cavernes voulaient les utiliser. La Neuvième chargea le plus grand nombre possible de paquets de viande séchée et de paniers pleins de graines et de plantes sur les travois et le dos de Whinney et de Rapide. Les huttes qui avaient abrité les Zelandonii pendant l’été furent démontées ; les parties récupérables et réutilisables furent également chargées sur les chevaux. Chacun portait aussi un sac plein sur le dos, et certains Zelandonii, s’inspirant des travois, assemblèrent des perches qu’ils traîneraient eux-mêmes. Ayla songea à fabriquer un travois pour Loup mais elle ne lui avait pas encore appris à en tirer un. L’année suivante, peut-être, il assumerait lui aussi sa part du fardeau.
Joharran parcourait tout le camp, incitant chacun à se presser, lançant des suggestions, veillant à ce que tout fût en ordre. Quand il se fut assuré que la Neuvième Caverne avait tout emballé et était prête, il donna le signal du départ et se plaça en tête de la colonne. Il tenait une sagaie à la main, en un geste plus symbolique que nécessaire. Ils marcheraient de jour, formant un groupe nombreux, et tant qu’ils resteraient ensemble aucun prédateur ne se risquerait à s’approcher d’eux. Toutefois, au moindre signe de danger, Joharran serait prêt à faire usage de son lance-sagaie. Il s’était entraîné avec l’instrument pendant tout l’été et avait acquis une certaine adresse. Une demi-douzaine d’autres Zelandonii avaient été désignés pour protéger les flancs de la colonne, cependant que Solaban et Rushemar fermaient la marche. Cette garde serait relevée par d’autres Zelandonii, qui, pour le moment, contribuaient à porter le riche butin d’été à la Neuvième Caverne.
Ayla contempla une dernière fois le site de la Réunion d’Été. Des monticules d’os et de détritus jonchaient la petite vallée. Plusieurs Cavernes étaient déjà parties, laissant de vastes espaces vides entre les camps de celles qui étaient encore là. Des poteaux, des cadres en rondins demeuraient debout ; des cercles et des rectangles noirs marquaient les endroits où avaient brûlé les feux. Une tente trop usée pour servir encore avait été abandonnée, et un pan de cuir déchiré claquait dans le vent qui faisait rouler un vieux panier. Sous les yeux d’Ayla, on abattait les dernières huttes. Le camp de la Réunion d’Été prenait un air désolé.
Les détritus venaient de la terre et y retourneraient. Au printemps suivant, il resterait peu de traces des Cavernes qui avaient séjourné en ce lieu. La terre se remettrait de leur invasion.
Le voyage de retour fut ardu. Les Zelandonii, lourdement chargés, avançaient à pas lents sous leur fardeau, s’écroulaient sur leur couche le soir, épuisés. Au début, Joharran avait imprimé un rythme rapide à leur marche puis il avait ralenti pour permettre aux plus faibles de suivre. A tous il tardait de retrouver leur foyer, et ils avaient bon moral. Les charges qu’ils transportaient constituaient leurs chances de survivre pendant les durs mois d’hiver.
Lorsqu’ils approchèrent de l’abri de la Neuvième Caverne, le paysage familier les encouragea à accélérer l’allure. Impatients de retrouver le surplomb protecteur, ils puisèrent dans leurs dernières forces pour éviter de passer encore une nuit dehors. Les premières étoiles scintillaient dans le ciel quand la falaise de la Pierre qui Tombe leur apparut. Ils traversèrent la Rivière des Bois au Gué, gênés autant par leurs fardeaux que par le jour déclinant, puis remontèrent le sentier conduisant à leur abri. Quand ils parvinrent enfin à la terrasse, il faisait presque nuit.
Il incombait à Joharran d’allumer le premier feu et d’y enflammer une torche avant de pénétrer dans l’abri, et il se félicita de disposer de pierres à feu. Puis les Zela
ndonii attendirent que la Première déplaçât la petite statue qu’on avait installée devant l’abri pour le protéger. Après avoir remercié la Mère d’avoir veillé sur leurs foyers en leur absence, ils allumèrent d’autres torches. Toute la Caverne se mit en file derrière Zelandoni, qui remit la donii à sa place, derrière le grand foyer, au fond de l’espace couvert. Puis ils s’égaillèrent, chacun regagnant son habitation pour y laisser tomber son sac avec soulagement.
La première inévitable corvée consistait à effacer les dégâts que des créatures maraudeuses avaient pu causer pendant qu’ils se trouvaient à la Réunion d’Été. Quelques crottes salissaient le sol, quelques pierres de foyer avaient été dérangées, un panier ou deux renversés, mais les dommages s’arrêtaient là. Ils allumèrent les foyers intérieurs, rangèrent les provisions, étendirent les fourrures sur les plates-formes familières. La Neuvième Caverne des Zelandonii était rentrée.
Comme Ayla empruntait le chemin de l’habitation de Marthona, Jondalar l’entraîna dans une autre direction. Loup suivit. Tenant une torche d’une main et la main d’Ayla de l’autre, Jondalar la mena un peu plus loin, vers une autre construction qu’elle ne se rappelait pas avoir vue. Il s’arrêta, écarta le rideau qui couvrait l’entrée et fit signe à sa compagne de pénétrer à l’intérieur.
— Cette nuit, tu dors dans ta propre demeure, Ayla.
— Ma propre demeure ? fit-elle, si émue qu’elle pouvait à peine parler.
Loup se glissa derrière elle quand elle entra ; Jondalar suivit, levant la torche pour qu’Ayla pût mieux voir.
— Ça te plaît ? demanda-t-il.
Elle regarda autour d’elle. L’intérieur était à peu près nu mais il y avait des étagères contre un des murs et une plate-forme, au fond, pour les fourrures de couchage. Le sol était pavé de pierres calcaires plates et lisses, jointoyées par de l’argile de rivière durcie. Du bois garnissait le foyer, et la niche située juste en face de l’entrée abritait une figurine petite et grasse.
— Ma propre demeure... répéta Ayla. (Les yeux brillants, elle tournoya au centre de l’habitation vide.) Rien que pour nous deux ?
Assis sur son arrière-train, le loup la regardait. L’endroit était nouveau, mais son foyer, c’était partout où Ayla se trouvait. Le visage de Jondalar se fendit d’un sourire béat, un peu ridicule.
— Nous trois, corrigea-t-il en tapotant le ventre de sa compagne. C’est un peu vide, ici.
— J’aime cette habitation. Je l’aime. Elle est magnifique.
Il était si content de la joie d’Ayla qu’il sentit des larmes monter à ses yeux et qu’il dut trouver quelque chose à faire pour les refouler. Tendant la torche à sa compagne, il lui dit :
— Alors tu dois allumer la lampe. Pour signifier que tu l’acceptes. J’ai de la graisse fondue, je la porte sur moi depuis que nous avons quitté notre dernier campement.
Il tira de sa tunique une petite poche formée d’une vessie de cerf, placée dans une autre poche plus grande taillée dans la peau de l’animal, le pelage à l’intérieur. Quoique presque étanche, la vessie suintait un peu parfois, surtout dans les endroits chauds. La seconde enveloppe servait à recueillir ce qui s’en échappait, les poils constituant une couche supplémentaire pour absorber la graisse. Le haut de la vessie était fixé par un filament de tendon autour d’une vertèbre de cerf qu’on avait taillée pour lui donner une forme circulaire. L’orifice naturel par lequel passait normalement la moelle épinière servait de goulot. Il était obturé par une lanière de cuir nouée plusieurs fois, qui faisait office de bouchon.
Jondalar tira sur l’extrémité de la lanière pour extraire le nœud et versa un peu de graisse liquide dans une lampe de pierre neuve. Il y trempa une mèche absorbante, faite de lichen prélevé sur des branches au camp de la Réunion d’Été, et en approcha la torche. Une flamme s’éleva aussitôt. Quand la graisse fut chaude, Jondalar prit un paquet de mèches obtenues en découpant un champignon spongieux en bandes qu’on laissait ensuite sécher. Il aimait ces mèches, qui brûlaient plus longtemps et donnaient une lumière plus chaude. Il poussa la première mèche vers le bord de la cupule[4], la fit légèrement dépasser, en ajouta une deuxième puis une troisième, afin que cette seule lampe éclairât autant que trois.
Il remplit ensuite une autre lampe et tendit la torche à Ayla, qui l’approcha de la mèche. Une flamme s’éleva, crachota, finit par trouver sa taille et émettre une douce lumière. Jondalar porta la lampe à la niche qui contenait la donii, la plaça devant la petite statue féminine. Ayla le suivit. Quand il se retourna, elle leva les yeux vers lui.
— Cette demeure est maintenant tienne, Ayla. Si tu m’autorises à y allumer mon foyer, tous les enfants qui y naîtront seront nés de mon foyer. Le permets-tu ?
— Oui. Naturellement.
Il lui prit la torche, se dirigea vers le foyer délimité par un cercle de pierres, où s’entassaient des branches prêtes à flamber. Il approcha la flamme, regarda le feu s’étendre des brindilles aux branches les plus grosses. Il ne voulait pas courir le risque que le feu s’éteignît avant d’avoir bien pris. En se retournant, il vit Ayla qui l’observait avec amour. Il se releva, la serra dans ses bras.
— Jondalar, je suis si heureuse ! dit-elle.
Sa voix se brisa, des larmes emplirent ses yeux.
— Alors pourquoi pleures-tu ?
— Parce que je suis heureuse ! répondit-elle en s’accrochant à lui. Jamais je n’aurais osé rêver que je serais un jour si heureuse. Je vais avoir un bébé, je suis ta compagne. Oui, surtout, je suis ta compagne. Je t’aime, Jondalar, je t’aime tellement...
— Je t’aime aussi, Ayla. Voilà pourquoi j’ai construit cette habitation pour toi. Il pencha la tête pour embrasser les lèvres qui se tendaient vers les siennes, sentit le goût salé de ses larmes.
— Mais quand l’as-tu fait ? demanda-t-elle lorsqu’ils s’écartèrent enfin l’un de l’autre. Comment ? Nous étions tous à la Réunion d’Été.
— Tu te souviens de cette expédition de chasse pour laquelle je suis parti avec Joharran et quelques autres ? Nous n’avons pas seulement chassé, nous sommes revenus ici et nous avons construit cette demeure.
— Tu as fait tout ce chemin pour cela ? Pourquoi ne me l’as-tu pas dit ?
— Je voulais te faire la surprise, répondit-il, heureux de sa stupeur ravie.
— C’est la plus belle surprise qu’on m’ait jamais faite, dit-elle, de nouveau au bord des larmes.
— Tu sais, Ayla, reprit-il, l’air soudain grave, si tu disperses un jour les pierres de mon foyer, je devrai retourner chez Marthona ou ailleurs. Cela signifiera que tu romps le lien de notre union.
— Comment peux-tu dire une chose pareille ? Jamais je ne ferai cela !
— Si tu étais née zelandonii, je n’aurais pas à le dire. Tu le saurais. Je voulais simplement m’assurer que tu as bien compris : cette demeure est à toi et à tes enfants. Seul le foyer m’appartient.
— Comment pourrait-elle être à moi ? C’est toi qui l’as bâtie.
— Si je veux que tes enfants naissent à mon foyer, j’ai le devoir de vous fournir, à toi et à eux, un endroit où vivre. Un lieu qui vous appartiendra, quoi qu’il arrive.
— Tu veux dire que tu étais tenu de construire une habitation pour moi ?
— Pas exactement. J’étais tenu de veiller à ce que tu aies un endroit où vivre, mais j’ai voulu que tu possèdes ta propre demeure. Nous aurions pu habiter chez ma mère, ce qui n’est pas rare pour un jeune couple. Ou, si tu étais née zelandonii, nous aurions pu loger chez ta mère ou chez un autre de tes parents, jusqu’à ce que je puisse te donner un endroit à toi. En ce cas, j’aurais eu une dette envers ta famille, bien sûr.
— Je n’avais pas compris que tu prenais autant d’engagements envers moi quand nous nous sommes unis.
— Ce n’est pas uniquement pour la femme, c’est pour les enfants. Ils ne peuvent pas se débrouiller seuls, il faut subvenir à leurs besoins. Certains couples passent toute leur existence chez
un parent, souvent la mère de la femme. Quand la mère meurt, l’habitation revient à tous ses enfants mais, si l’un d’eux a vécu chez elle, il a priorité. Si une femme reçoit la demeure de sa mère, son compagnon n’est pas tenu de lui en fournir une, mais il peut avoir des obligations envers les frères et sœurs de sa compagne. Si la demeure de la mère va au fils, il aura une dette envers ses propres frères et sœurs.
— Je crois que j’ai encore beaucoup à apprendre sur les Zelandonii !
— Moi, j’ai encore beaucoup à apprendre sur toi, dit-il en l’enlaçant de nouveau.
Elle était plus que consentante. Pendant qu’ils s’embrassaient, il sentit son propre désir s’éveiller et celui d’Ayla qui lui répondait.
— Attends, dit-il.
Il sortit et revint avec leurs fourrures de couchage, les étendit sur la plate-forme. Loup l’observa depuis le milieu de la pièce vide puis leva la tête et se mit à hurler.
— Je crois qu’il est perturbé, remarqua Ayla. Il voudrait savoir où il est censé dormir.
— Je fais un saut chez ma mère pour rapporter sa couverture et son écuelle, décida Jondalar.
Il revint bientôt avec un vieux vêtement d’Ayla qui servait de couverture à Loup et le posa près de l’entrée. L’animal le renifla, tourna sur lui-même puis s’y allongea.
Jondalar s’approcha de la jeune femme qui l’attendait près du feu, la souleva et la porta à la plate-forme, la coucha sur les fourrures. Comme il commençait à la déshabiller, elle dénoua un lacet pour l’aider.
— Non, laisse, dit-il. Cela fait partie de mon plaisir.
La main d’Ayla retomba. Il continua à la déshabiller lentement, délicatement, ôta ensuite ses propres vêtements. Et, avec une tendresse exquise, il lui fit l’amour pendant la moitié de la nuit.
La Caverne reprit ses habitudes sans tarder. L’automne était magnifique, les épis mûrissaient en vagues dorées agitées par le vent ; les arbres au bord de la Rivière flamboyaient de jaunes et de rouges. Les branches des buissons ployaient sous les baies gonflées de jus ; les pommes, rosés mais aigres, attendaient la première gelée pour devenir sucrées. Comme le temps restait beau, les Zelandonii occupaient leurs journées à puiser dans l’abondance de fruits, de noix, de baies, de racines et d’herbes de la saison. Quand il se mit à geler la nuit, des groupes partirent chasser pour ajouter des réserves de viande fraîche à la viande séchée de l’été.