by Jean M. Auel
« Le drame, je crois, c’est que nous nous sommes établis sur leurs terres. Au début, cela n’a pas causé trop de difficultés. Il y avait de la place, de nombreux abris vides. Nous pouvions facilement partager avec eux. Ils avaient tendance à garder leurs distances et nous les évitions. A l’époque, nous ne les traitions pas d’animaux, nous les appelions Têtes Plates, terme plus descriptif que désobligeant.
« Mais à mesure que le temps passait et que d’autres enfants naissaient, il nous a fallu plus de place. Certains se sont emparés des abris des Têtes Plates, parfois par la force. Ils se battaient contre eux, ils les tuaient ou se faisaient tuer. Nous vivions alors depuis longtemps dans la région, elle était devenue aussi la nôtre. Les Têtes Plates l’avaient certes occupée les premiers mais nous avions besoin d’endroits où vivre. Nous avons pris les leurs.
« Lorsque des hommes en maltraitent d’autres, ils doivent justifier leur conduite à leurs propres yeux pour pouvoir continuer à se supporter. Nous nous inventons des excuses. Là, nous avons argué que la Grande Mère nous avait donné la Terre, « ainsi que l’eau, le sol, toute la création ». Cela signifiait que les plantes et les animaux étaient à notre disposition. Nous nous sommes ensuite convaincus que les Têtes Plates étaient des bêtes, et que, puisqu’ils étaient des bêtes, nous pouvions leur voler leurs abris.
— Ce sont des êtres humains, rappela Ayla.
— Oui. Tu as raison. Mais nous l’avons oublié, par commodité. La Mère a dit également, en parlant de la Terre, que nous pouvions « en user, jamais en abuser ». Les Têtes Plates sont aussi des Enfants de la Terre. C’est l’autre chose que j’ai apprise de ma méditation. Si Elle mêle leurs esprits aux nôtres, c’est qu’ils doivent être humains, eux aussi. Je pense toutefois que cela n’aurait pas changé grand-chose si nous les avions considérés comme tels. Nous aurions agi de la même façon. Doni a rendu la chose plus facile pour les autres créatures qui tuent pour vivre. Ton loup ne se soucie pas des lapins qu’il égorge. Il est né pour les tuer. Sans eux, il ne pourrait survivre, et Doni anime chaque créature du désir de continuer à vivre.
« Aux êtres humains, Elle a donné en plus la capacité de penser. C’est ce qui nous permet d’apprendre et de nous développer. C’est aussi ce qui nous fait comprendre que la coopération et l’entente sont nécessaires à notre survie. C’est enfin ce qui a conduit à la compassion, mais ce sentiment a un double aspect. La compassion que nous éprouvons pour notre espèce s’étend parfois aux autres créatures vivantes. Si nous refusions de tuer un cerf ou tout autre animal, nous ne pourrions survivre très longtemps. Comme le désir de vivre est le plus fort, nous apprenons à ressentir une compassion sélective. Nous la limitons. Ayla écoutait, fascinée.
— La difficulté consiste à savoir comment juguler ce sentiment sans le pervertir, poursuivit Zelandoni. C’est ce qui est la racine des préoccupations de Joharran devant les révélations que tu nous as faites. Tant que la plupart des Zelandonii croyaient que les Têtes Plates n’étaient que des animaux, ils pouvaient les massacrer sans réfléchir. C’est plus difficile de tuer des êtres humains. La compassion est alors si forte que l’esprit doit inventer de nouvelles raisons. Si nous lions l’acte de tuer à notre survie, l’esprit opère les contorsions nécessaires pour le justifier. Nous excellons dans cet exercice. Mais il change les hommes. Ils apprennent à haïr. Ton loup n’a pas besoin de haïr ce qu’il croque. Ce serait plus facile si nous pouvions tuer sans scrupule, comme ton animal, mais alors nous ne serions pas humains.
— Maintenant je comprends pourquoi tu es la Première parmi Ceux Qui Servent la Mère, dit Ayla après un silence. Je sais combien c’est difficile de tuer. Je me souviens du premier animal que j’ai tué avec ma fronde. C’était un porc-épic. J’avais tellement de remords que je ne suis pas retournée chasser avant un long moment et que j’ai dû me trouver une raison. J’ai décidé de m’en prendre uniquement aux carnivores parce qu’ils volaient parfois la viande du Clan et chassaient eux aussi les bêtes dont nous tirions notre subsistance.
— C’est à ce moment-là que nous perdons notre innocence, Ayla. Quand nous découvrons ce que nous devons faire pour vivre. Voilà pourquoi la première bête abattue par un jeune chasseur est si importante. Il ne s’agit pas seulement des changements physiques qui font de lui un adulte. La première chasse est la plus difficile. Outre l’obligation de surmonter sa peur, l’adolescent doit montrer qu’il est capable d’accomplir l’acte indispensable pour survivre. C’est aussi pour cela que nous célébrons certaines cérémonies afin d’honorer les Esprits des animaux que nous tuons. C’est une façon d’honorer Doni. Nous devons nous rappeler que la vie de ces créatures est sacrifiée afin que nous puissions vivre, et nous devons en éprouver de la gratitude. Sinon, nous courons le risque de trop nous endurcir, et cela pourrait se retourner contre nous.
« Nous devons toujours exprimer notre gratitude pour ce que nous prenons ; nous devons aussi honorer les Esprits des arbres, des plantes et des autres nourritures qui poussent. Nous devons traiter avec respect tous les Dons de la Mère. Si nous ne le faisons pas, Elle pourrait se fâcher et reprendre la vie qu’Elle nous a donnée. Si nous oublions un jour notre Grande Terre Mère, Elle ne pourvoira plus à nos besoins. Si Elle décide de tourner le dos à Ses enfants, nous n’aurons plus d’endroit où vivre.
— Zelandoni, tu me rappelles Creb de maintes façons. Il était bon et je l’aimais, mais surtout, il comprenait les gens. Je pouvais toujours compter sur lui. J’espère que je ne t’offense pas, je n’en avais pas l’intention.
La doniate sourit.
— Je ne suis pas offensée. Je voudrais l’avoir connu, au contraire. Et tu peux toujours compter sur moi, j’espère que tu le sais, Ayla.
La compagne de Jondalar repensa à sa conversation avec la Première en s’apprêtant à préparer la terre rouge. Lorsqu’elle entreprit le dur labeur consistant à écraser les morceaux de minerai de fer avec sa pierre ronde, elle s’efforça de se concentrer sur sa tâche pour oublier l’incident avec Brukeval. L’effort contribua à diminuer sa tension nerveuse, mais le caractère répétitif du travail lui laissait l’esprit libre, et Zelandoni lui avait donné à réfléchir.
Elle a raison, se dit-elle. Je me suis fait un ennemi de Brukeval. Qu’y puis-je, maintenant ? Pas un instant elle n’avait songé à mentir en déclarant qu’elle ne pensait pas qu’il avait l’aspect d’un homme du Clan. C’eût été faux. Elle était convaincue qu’il était un esprit mêlé. Ayla songea à la grand-mère de Brukeval, la femme qui s’était perdue. A son retour, elle avait raconté qu’elle avait été attaquée par des animaux, mais ces animaux ne pouvaient être que ceux qu’elle appelait Têtes Plates. Comment aurait-elle survécu si longtemps si elle n’avait pas été recueillie par eux ? S’ils l’avaient recueillie et nourrie, ils avaient forcément exigé d’elle qu’elle travaille, comme leurs propres femmes. Et tout homme du Clan s’était alors senti autorisé à user d’elle pour assouvir ses désirs. Si elle avait résisté, l’un d’eux l’avait peut-être forcée, comme Broud. Il était impensable qu’une femme du Clan résiste. Ils l’auraient remise à sa place.
Ayla tenta d’imaginer la réaction d’une femme née Zelandonii dans une telle situation. Pour les Zelandonii, le Don des Plaisirs venait de la Grande Terre Mère, il ne devait jamais être imposé. Il devait être partagé, mais uniquement quand l’homme et la femme le souhaitaient. La grand-mère de Brukeval s’était sans doute sentie agressée. Comment réagit-on lorsqu’on est assaillie par un être que l’on considère comme un animal ? Lorsqu’on est forcée de partager le Don avec une telle créature ? Cette violence avait-elle affecté l’esprit de la grand-mère de Brukeval ? Peut-être. Les femmes Zelandonii n’avaient pas l’habitude de recevoir des ordres. Elles étaient indépendantes, aussi indépendantes que les hommes.
Ayla cessa de moudre l’ocre rouge. Un homme du Clan avait forcé la grand-mère de Brukeval à s’accoupler avec lui, puisqu’elle était enceinte à son retour. C’était ce qui avait fait naît
re la vie en elle et amené la naissance de la mère de Brukeval. Elle était faible, disait Jondalar. Rydag lui aussi l’était. Peut-être y avait-il quelque chose dans les mélanges qui causait la faiblesse des rejetons.
Durc n’était pas faible, pourtant, et Echozar non plus. Ni les S’Armunaï. Ils n’étaient pas faibles et beaucoup d’entre eux avaient l’aspect du Clan. Peut-être les faibles mouraient-ils jeunes, comme Rydag ; peut-être seuls les forts survivaient-ils. Se pouvait-il que le peuple des S’Armunaï fût le résultat d’un mélange qui avait commencé longtemps auparavant ? Les mélanges ne les préoccupaient pas beaucoup, peut-être parce qu’ils en avaient l’habitude. Ils ressemblaient aux Autres mais présentaient certaines caractéristiques du Clan.
Était-ce pour cette raison que le compagnon d’Attaroa avait essayé de dominer les femmes avant qu’elles le tuent ? L’attitude des hommes du Clan à l’égard des femmes avait-elle été transmise en même temps que certains de leurs traits physiques ? Il existait cependant beaucoup d’aspects positifs chez les S’Armunaï. Bodoa la S’Armuna avait découvert comment transformer en pierre l’argile d’une rivière en la chauffant, et son acolyte était un habile sculpteur. Quant à Echozar, il était à part. Comme les Zelandonii, les Lanzadonii pensaient que c’était le mélange d’esprits qui lui donnait les caractéristiques des deux peuples, mais sa mère avait été agressée par un homme des Autres.
Ayla se remit à écraser la terre rouge. Quelle ironie ! pensa-t-elle. Brukeval hait ceux qui ont fait germer la vie dont il est issu. Ce sont les hommes qui font naître la vie à l’intérieur des femmes, j’en suis sûre. Pas étonnant que la Caverne des S’Armunaï ait été en passe de disparaître quand Attaroa se trouvait à sa tête. Elle ne pouvait pas amener les esprits des femmes à se mêler pour créer la vie. Seules les femmes qui rendaient visite aux hommes, en cachette, la nuit, avaient des bébés.
Ayla songea à la vie qui croissait en elle. Le bébé serait autant à Jondalar qu’à elle. Cela avait commencé quand ils avaient quitté le glacier, elle en était certaine. Elle n’avait pas préparé son infusion spéciale, celle qui avait empêché la vie de germer en elle pendant leur long Voyage. La dernière fois qu’elle avait saigné, c’était peu avant que Jondalar et elle entament la traversée du glacier. Elle n’avait presque pas eu de nausées, cette fois, contrairement à l’époque où elle était enceinte de Durc. Les mélanges infligeaient apparemment plus de difficultés aux mères, ainsi qu’à certains bébés. Cette fois, elle se sentait bien la plupart du temps. Aurait-elle une fille ou un garçon ? Et Whinney aurait-elle un poulain ou une pouliche ?
37
La Neuvième Caverne construisit un abri pour les chevaux sous le surplomb rocheux, dans la partie sud moins fréquentée de la terrasse, près du pont menant à En-Aval. Ayla avait demandé à Joharran si quelqu’un s’opposait à ce que Jondalar et elle installent un enclos pour les animaux. Elle avait envisagé une construction sommaire qui les protégerait simplement de la pluie et de la neige. Mais, à la réunion que Joharran avait convoquée pour consulter les Zelandonii, tous décidèrent de s’y mettre et de bâtir un véritable abri pour les chevaux, avec des murets de pierre surmontés de panneaux arrêtant le vent. Il n’y avait cependant pas de rideau à l’entrée ni de barrière pour fermer.
Les animaux avaient toujours été libres d’aller et venir à leur gré. Whinney avait partagé la grotte d’Ayla dans la vallée, les chevaux s’étaient habitués à l’appentis que les membres du Camp du Lion avaient construit pour eux contre leur longue hutte. Une fois qu’Ayla eut montré l’abri à la jument et à l’étalon et qu’elle leur eut donné du foin, de l’avoine et de l’eau, ils parurent comprendre que l’endroit leur était destiné. Du moins, ils y retournèrent souvent, passant par le chemin plus direct qui partait du bord de la Rivière. Ils utilisaient rarement le sentier qui traversait la partie fréquentée de la terrasse, devant les habitations, à moins qu’Ayla ne les conduisît elle-même.
Une fois l’abri construit, Ayla et Jondalar décidèrent de fabriquer une auge en utilisant la technique avec laquelle les Sharamudoï faisaient leurs boîtes rainurées. Cela leur demanda plusieurs jours, encore qu’il y eût beaucoup de Zelandonii pour les aider, et plus encore pour les observer. Ils durent d’abord trouver l’arbre adéquat et portèrent leur choix sur un grand pin qui poussait au milieu d’un épais bosquet. La proximité des autres arbres obligeait chaque pin à atteindre une haute taille pour recevoir la lumière du soleil et diminuait le nombre des branches basses, ce qui évitait les nœuds.
Ils durent abattre l’arbre avec des haches de silex qui ne tranchaient pas le bois en profondeur et détachaient de minces éclats.
Une fois l’abattage terminé, la souche donnait l’impression d’avoir été grignotée par des castors. Le tronc fut coupé une seconde fois, juste en dessous des branches les plus basses. Le reste de l’arbre ne serait pas perdu : les sculpteurs et les fabricants d’outils lorgnaient déjà sur cette abondance de bois, et les menus morceaux alimenteraient les feux. Selon la coutume sharamudoï, des pignes furent enterrées près de l’arbre abattu pour remercier la Grande Mère, et Zelandoni fut impressionnée par cette cérémonie simple.
Ayla et Jondalar montrèrent aux autres comment tirer des planches du tronc, à l’aide de coins et de maillets. Les plaques de bois obtenues, qui s’amincissaient de l’extérieur vers le centre, trouvaient de nombreuses utilisations, notamment comme étagères. Les boîtes rainurées étaient une idée ingénieuse. Avec un burin de silex ou un outil comparable, ressemblant à un ciseau, ils aplanirent une planche sur toute sa longueur puis tracèrent des rainures en travers, à trois endroits. Passée à la vapeur, la planche fut ensuite pliée à l’endroit des rainures pour former une boîte rectangulaire.
Pour le fond, ils aplanirent une autre planche, la taillèrent au couteau et la polirent à la pierre pour qu’elle vînt se loger dans une rainure creusée sur le bord inférieur de la boîte. Trempé dans l’eau, le bois gonflait, ce qui rendait la boîte étanche et permettait d’y conserver des liquides ou des graisses. Il était probable que beaucoup de ces boîtes seraient fabriquées plus tard.
Marthona regardait Ayla gravir le sentier. Les joues rouges, la jeune femme exhalait un nuage blanc à chacune de ses expirations. Elle avait chaussé des mocassins à semelle épaisse, surmontés de sortes de guêtres qui lui entouraient le mollet par-dessus ses jambières, et portait la veste doublée de fourrure que la mère de Matagan lui avait offerte. Le vêtement ne cachait pas sa grossesse, encore soulignée par la ceinture nouée haut, à laquelle pendaient son couteau et quelques bourses. La capuche était rabattue, la chevelure emprisonnée en un chignon dont quelques mèches s’échappaient, fouettées par le vent.
Ayla continuait à utiliser son sac mamutoï, de préférence à la poche de style zelandonii. Elle s’était habituée au sac porté sur une épaule et l’emportait souvent dans ses petites chasses. Il laissait une épaule libre pour le gibier abattu. Ce jour-là, trois lagopèdes blancs attachés par leurs pattes duveteuses faisaient contrepoids dans son dos aux deux lièvres blancs de bonne taille qui ballottaient sur sa poitrine.
Loup trottait derrière elle. Ayla l’emmenait souvent quand elle sortait. Non seulement il excellait à débusquer les oiseaux et d’autres animaux, mais il lui montrait aussi où les petites bêtes blanches étaient tombées dans la neige.
— Je ne sais pas comment tu fais, dit Marthona en lui emboîtant le pas quand elle atteignit le bord de la corniche. Quand j’étais aussi avancée que toi dans ma grossesse, je me sentais énorme, malhabile. L’idée de continuer à chasser ne me serait jamais venue. Toi, tu chasses et tu rapportes presque toujours quelque chose.
— Je me sens énorme et malhabile, répondit Ayla en souriant, mais lancer un bâton ou utiliser une fronde n’exige pas beaucoup d’efforts, et Loup m’aide plus que tu ne peux l’imaginer. Je serai coincée ici bien assez tôt.
Marthona sourit à l’animal qui marchait entre elles à pas feutrés. Bien qu’elle se fût inqui
étée pour lui lorsqu’il avait été attaqué par une meute, elle aimait bien son oreille un peu tombante, maintenant. Cela permettait en outre de le reconnaître plus facilement. Elle attendit qu’Ayla eût déposé le gibier devant son habitation, sur un bloc de calcaire parfois utilisé comme siège.
— Je n’ai jamais été très bonne pour chasser de petits animaux, lui confia Marthona, sauf avec un piège. Il fut un temps où je prenais plaisir à me joindre à un groupe pour une grande chasse. Je n’ai pas chassé depuis si longtemps que je dois avoir tout oublié, mais j’avais l’œil, autrefois, pour repérer une trace. Je n’y vois plus très bien, comme tu le sais.
— Regarde ce que je rapporte d’autre, dit Ayla en ouvrant son sac.
Elle avait trouvé un pommier dépourvu de feuilles mais encore décoré de petites pommes rouge vif, moins dures et moins acides après les premières gelées.
Les deux femmes se dirigèrent vers l’abri des chevaux. Ayla ne s’attendait pas à les y rencontrer au milieu de la journée ; elle vérifia qu’ils avaient de l’eau. En hiver, quand il gelait pendant de longues périodes, elle faisait fondre de la neige pour eux, même si les autres chevaux se débrouillaient seuls pour trouver de l’eau. Elle fit tomber quelques pommes dans la mangeoire puis alla au bord de la terrasse et regarda la Rivière bordée d’arbres et de broussailles. Comme elle n’apercevait pas les chevaux, elle émit le sifflement auquel ils étaient habitués à répondre. Elle ne dut pas attendre longtemps pour voir Whinney escalader le sentier abrupt, suivie de Rapide. Loup frotta son museau contre le chanfrein de la jument quand elle parvint à la terrasse ; Rapide le salua d’un hennissement auquel il répondit par un jappement enjoué.
Confrontée à des preuves aussi patentes du pouvoir d’Ayla sur ces animaux, Marthona avait encore peine à y croire. Elle s’était accoutumée à Loup, qui passait une grande partie de son temps à la Caverne et répondait à ses caresses. Les chevaux étaient plus ombrageux, moins amicaux, plus farouches, et ressemblaient davantage aux chevaux sauvages qu’elle chassait autrefois.