Master of the Crossroads

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Master of the Crossroads Page 93

by Madison Smartt Bell


  FROM CHAPTER 29

  Un colon blanc qui possédait sa confiance voulut aussi se rétirer; il l’arrêta et luis dit: “Non, restez, vous n’êtes trop avec moi. Je pourrais bien le faire arrêté . . .; mais Dieu m’en garde . . . j’ai besoin de M. Rigaud . . . il est violent . . . il me convient pour faire la guerre . . . et cette guerre m’est necessaire. . . . La caste des mulâtres est supérieure à la mienne . . . si je lui enlevais M. Rigaud, elle trouverait peut-être un chef qui vaudrait mieux que lui. . . . je connais M. Rigaud . . . il abandonne son cheval quand il galope . . . mais il montre son bras quand il frappe . . . moi je galope aussi, mais je sais m’arrêter sur place; et quand je frappe, on me sent, mais on ne me voit pas. . . . M. Rigaud ne sait faire des insurrections que par du sang et des massacres . . . moi je sais aussi mettre le peuple en mouvement. Il gémit, M. Rigaud de voir en fureur le peuple qu’il excite . . . mais je ne souffre pas la fureur . . . quand je parais il faut que tout se tranquilise.”22

  FROM CHAPTER 30

  “Quoi, n’ai-je pas donné ma parole au général anglais? Comment pouvez-vous supposer que je me couvrirais d’infâmie en la violant? La confiance qu’il a en ma bonne foi l’engage à se livrer à moi, et je serais déshonoré pour jamais, si je suivais vos conseils. Je suis tout dévoué à la cause de la République; mais je ne la servirai jamais au dépens de ma conscience et de mon honneur.”23

  FROM CHAPTER 31

  Gens de couleur qui depuis le commencement de la révolution trahissez les noirs, que désirez-vous aujourd’hui? Personne ne l’ignore; vous voulez commander en maîtres dans la colonie; vous voulez l’extermination des blancs et l’asservissement des noirs! . . . Mais y réfléchissez-vous hommes pervers qui vous êtes à jamais déshonorés par l’embarquement et ensuite l’égorgement des troupes noires connues sous la dénomination des suisses. Avez-vous hésité à sacrifier à la haine des petits-blancs ces malheureux qui avaient versé leur sang pour votre cause? Pourquoi les avez-vous sacrifiés? Pourquoi le général Rigaud refuse-t-il à m’obéir? C’est parce que je suis noir; c’est parce qu’il m’a voué, à cause de mon couleur, une haine implacable. Pourquoi refuserait-t-il d’obéir à un général français comme lui, qui a contribué plus que n’importe qui à l’expulsion des Anglais? Hommes de couleur, par votre fol orgueil, par votre perfidie vous avez déjà perdu la part que vous possédiez dans l’exercice des pouvoirs politiques. Quant au général Rigaud, il est perdu; il est sous mes yeux au fond d’un abîme; rebelle et traître à la patrie, il sera dévoré par les troupes de la liberté. Mulâtres, je vois au fond de vos âmes; vous étiez prêts à vous soulever contre moi, mais bien que toutes les troupes aillent incessament quitter la partie de l’Ouest, j’y laisse mon oeil et mon bras: mon oeil pour vous surveiller, mon bras qui saura vous atteindre.24

  FROM CHAPTER 33

  à Christophe, commandant du Cap

  Port Républicain, 29 Messidor an VII (15 juillet 1799)

  La revolte du Môle, mon cher commandant, vient de s’opérer par les agents secrets du perfide Rigaud; ils ont des prosélytes partout, et partout ils opèrent le mal qu’il faut cependant arrêter dans sa source. Le Môle correspond directement avec le Fort-Liberté; il y sème la désunion, et j’ai la certitude que cette place devait aussi se soulever et arborer l’étendard de la révolte; au Cap même des agents y provoquent la rébellion; surveillez-les avec une rigeur étonnante; déployez le caractère dur que nécessitent les trames de ces scélérats; tous les hommes de couleur en général se sont donné la main pour culbuter St-Domingue, en les désunissant, et en armant les citoyens les uns contres les autres; ils servent la passion du rebelle Rigaud; ils ont juré de le servir et de l’élever le chef suprême sur des corps et des cendres; dans aucun cas ne molissez pas contre les hommes de couleur, et garantissez par une activité sans égal l’arrondissement que vous commandez, des horreurs qui menacent déjà quelques-uns.

  L’arrondissement de l’Est doit faire encore l’objet de votre sollicitude dans des circonstances aussi critiques, vous savez combien sont remuants les habitants de cette partie de la colonie; faites former des camps qui fassent respecter cette place, et employez et faites même descendre des mornes les cultivateurs armés desquels vous croyez avoir besoin, pour également garantir cette place importante; les hommes de couleur y sont aussi dangereux que vindictifs; n’ayez aucun ménagement pour eux; faites arrêter et même punir de mort ceux qui seraient tentés d’opérer le moindre mouvement; Vallière doit être aussi l’objet de tous vos soins.

  Je compte plus que jamais sur votre imperturbable sévérité; que rien n’échappe à votre vigilance.

  Je vous desire une bonne santé.

  Salut et amitié

  Toussaint-Louverture25

  FROM CHAPTER 36

  Les consuls de la République française aux citoyens de Saint-Domingue:

  Paris, le 4 nivôse, l’an VIII de la République française, une et indivisible (25 decembre 1799)

  Citoyens, une constitution qui n’a pu se soutenir contre des violations multipliées est remplacée par un nouveau pacte destiné à affermir la liberté.

  L’art. 91 porte que les colonies françaises seront régies par des lois spéciales.

  Cette disposition dérive de la nature des choses and de la différence des climats. La différence des habitudes, des moeurs, des intérêts; la diversité du sol, des cultures, des productions, exige des modifications diverses.

  Un des premiers actes de la nouvelle législature sera la redaction des lois destinées à vous régir.

  Loin qu’elles soient pour vous un sujet d’alarmes, vous y reconnaîtrez la sagesse et la profondeur des vues qui animent les législateurs de la France.

  Les consuls de la République, en vous annonçant le nouveau pacte social, vous déclarent que les principes SACRÉS de la liberté et de l’égalité des noirs N’ÉPROUVERONT JAMAIS parmis vous d’atteinte ni de modification.

  S’il est dans la colonie des homme malintentionnés, s’il en est qui conservent des relations avec les puissances ennemis, braves noirs souvenez-vous que le peuple français seul reconnaît votre liberté et l’égalité de vos droits.

  Signé, Le Premier Consul, BONAPARTE

  Les mots suivants: «Braves noirs, souvenez-vous que le peuple français seul reconnait votre liberté et l’égalité de vos droits» seront écrits en lettres d’or sur tous les drapeaux des bataillons de la garde nationale de la colonie de Saint Domingue.26

  FROM CHAPTER 36

  Rapport de Caffarelli au Premier Consul

  Paris, le 2 vendémaire an XI (24 septembre 1802)

  Mon Général,

  Vous m’avez ordonné de me rendre auprès de Toussaint-Louverture pour entendre les révélations qu’il avait annoncé vouloir faire au gouvernment, savoir de lui quels traités il avait fait avec les agents de L’Angleterre, pénétrer ses vues politiques et obtenir des renseignements sur ses trésors. Je me suis attachés à remplir cette mission, de manière à atteindre le but que vous désirez et si je n’y suis parvenu, c’est que cet homme profondément fourbe et dissimulé, maître de lui, fin et adroit, avait son thème préparé et n’a dit que ce qu’il voulait bien dire.

  Dès le premier jour il entama une conversation dans laquelle il me fit un narré fort long de ce qui était arrivé à Saint-Domingue. Cette conversation qui durait longtemps n’aboutait à rien, ne m’apprenait rien. Je le quittai, le prévenant que je reviendrais le lendemain pour savoir s’il n’avait rien de plus à m’apprendre. Je m’y rendais effectivement dans la matinée. Je le trouvai tremblant de froid et malade; il souffrait beaucoup et avait de la peine à parler. Je l’interrogeai de nouveau sur les révélations qu’il avait à faire, je le pressai de m’accorder un peu de confiance l’annonçant que je n’en abuserais pas. Il prit alors le mémoire ci-joint, il me pria de l’emporter et que j’y trouverais ce qu’il avait à me dire. . . .

  . . . je l’ai vu montrer de l’élévation dans deux circonstances.

  L’une, lorsqu’
on lui apporta les habits et le linge qu’on avait fait faire pour lui.

  La seconde, lorsqu’on lui redemanda son rasoir. Il dit que les hommes qui lui enlevaient cet instrument fussent bien petits puisqu’ils soupçonnent qu’il manquait du courage nécessaire pour supporter son malheur, qu’il avait une famille et que sa réligion, d’ailleurs, lui défendait d’attenter à lui-même. Il m’a paru, dans sa prison, patient, resigné, et attendant du Premier Consul, toute la justice qu’il croit mériter. . . .

  . . . Les divers objets dont il est question dans ce rapport sont le résultat de sept entretiens, la plupart très longs dans lesquels les mêmes sujets ont été ramenés à plusieurs intervalles. Il a toujours répondu de la même manière et presque dans les mêmes termes.

  Sa prison est froide, saine, et très sûre. Il ne communique avec personne.27

  ENDNOTES

  1 A glossary of Creole and French expressions.

  2 . Wade Davis, The Serpent and the Rainbow (New York: Simon and Schuster, 1985), p. 181.

  3 . Davis, The Serpent and the Rainbow, p. 181.

  4 . Davis, The Serpent and Rainbow, p. 181.

  5 . Pierre Pluchon, Toussaint Louverture (Paris: Fayard, 1989), p. 94.

  6 . Pluchon, p. 93.

  7 . Gerard M. Laurent, Toussaint Louverture à Travers Sa Correspondance (1953) p. 106.

  8 . Saint-Rémy, Mémoires du Général Toussaint-Louverture, Écrits par Lui-Même, Pouvant Servir à l’Histoire de Sa Vie (Paris: Libraire-éditeur, 1859), p. 29.

  9 . Laurent, p. 168.

  10 . Thomas Madiou, Histoire D’Haïti (Port-au-Prince: Editions Henri Deschamps, 1989), vol. I, p. 255.

  11 . Madiou, vol. I, p. 288.

  12 . Victor Schoelcher, Vie de Toussaint Louverture (Paris: Karthala, 1982), p. 127.

  13 . Schoelcher, p. 136.

  14 . Colonel Alfred Nemours, Histoire de la Captivité et de la Mort de Toussaint-Louverture (Paris: Éditions Berger-Levrault, 1929), p. 73.

  15 . Saint-Rémy, p. 86.

  16 . Laurent, p.468.

  17 . Laurent, p. 424.

  18 . Schoelcher, p. 175.

  19 . Laurent, p. 430.

  20 . Schoelcher, p. 192.

  21 . Faine Scharon, Toussaint Louverture et la Revolution de Saint-Domingue (Port-au-Prince: Imprimerie de l’Etat, 1959), p. 102.

  22 . Madiou, vol. I, p. 406.

  23 . Madiou, vol. I, p. 400.

  24 . Madiou, vol. I, p. 429.

  25 . Madiou, vol. I, p. 446.

  26 . Schoelcher, p. 263.

  27 . Nemours, p. 241.

  CLASSIFICATION OF RACES IN COLONIAL SAINT DOMINGUE

  From Description Topographique, Physique, Civile, Polique et Historique de la Partie Française de l’Isle Saint Domingue by Médéric-Louis-Elie Moreau de Saint Méry, 1797.

  RÉSULTAT

  De toutes les nuances, produites par les diverses combinaisons du mélange des Blancs avec les Nègres, et des Nègres avec les Caraïbes ou Sauvages ou Indiens Occidentaux, et avec les Indiens Orientaux.

  A NOTE ON CREOLE ORTHOGRAPHY

  Haitian Creole, which evolved from the contact of various African languages with French during the epoch of slavery on Hispaniola, is today, officially and in fact, the language of Haiti—a language which enjoys a vast reservoir of oral history and proverbs, and a rapidly growing written literature. In the latter half of the twentieth century, several systems for writing Creole were proposed and one of these has now been almost universally adopted.

  In the colonial period, and for most of the nineteenth century, Haitian Creole had small status, and was considered to be a debased patois rather than a language in its own right; the official language of Haiti was French. The Creole of this period had no systematic orthography. To the extent that it was rendered in writing at all, it was written phonetically in a manner derived from French orthography.

  Most of the Creole in this book is a similar phonetic rendering, which approximates the way Creole was recorded by travelers and historians during the period these events take place, from 1794 to 1803. In some cases Creole passages (e.g., Vodou songs) follow the more recent orthographies from the sources from which they are derived, but in general the orthography used in this book is not current.

  PERMISSIONS ACKNOWLEDGMENTS

  Portions of this novel have appeared, sometimes in a slightly different form, in Granta, The Reading Room, The Idaho Review, Five Points, Virginia Quarterly Review, Agni, Gulf Coast, New England Review, and the Chattahoochee Review.

  Grateful acknowledgment is made to the following for permission to reprint previously published material: Universal Music Publishing Group: Excerpts from “Kalfou Danjere” words and music by Theodore Beaubrun, Jr., Daniel Beaubrun and Mimerose Beaubrun. Copyright © 1992 by Universal-Songs of PolyGram Int., Inc., a division of Universal Studios, Inc. (BMI). International copyright secured. All rights reserved. Reprinted by permission of Universal Music Publishing Group.

  The lyrics on pages 185, 314, and 396 are reprinted from Voodoo in Haiti by Alfred Métraux, published by Schocken Books, a division of Random House, Inc., New York. The lyrics on pages 651–52 are reprinted from Angels in the Mirror: Vodou Music of Haiti, edited by Elizabeth McAlister, published by Ellipsis Arts. The other Vodou songs quoted in the text are amalgams, without a single source.

  Madison Smartt Bell

  MASTER of the CROSSROADS

  Madison Smartt Bell is the author of fourteen works of fiction, including The Stone That the Builder Refused; All Souls’ Rising; Save Me, Joe Louis; Dr. Sleep; Soldier’s Joy; and Ten Indians. He lives in Baltimore, Maryland, with his family and teaches at Goucher College.

  ALSO BY MADISON SMARTT BELL

  The Stone That the Builder Refused

  Anything Goes

  All Souls’ Rising

  Narrative Design

  Ten Indians

  Save Me, Joe Louis

  Dr. Sleep

  Barking Man and Other Stories

  Soldier’s Joy

  The Year of Silence

  Zero db and Other Stories

  Straight Cut

  Waiting for the End of the World

  The Washington Square Ensemble

  FIRST VINTAGE BOOKS EDITION, NOVEMBER 2004

  Copyright © 2000 by Madison Smartt Bell

  Vintage and colophon are registered trademarks of Random House, Inc.

  Permissions acknowledgments appear at the end of the book.

  The Library of Congress has cataloged the Pantheon edition as follows:

  Bell, Madison Smartt.

  Master of the crossroads / Madison Smartt Bell.

  p. cm.

  1. Haiti—History—Revolution, 1791–1804—Fiction.

  2. Toussaint Louverture, 1743–1803—Fiction.

  3. Slave insurrections—Fiction.

  I. Title.

  PS3552.E517 M’.54—dc21 00-029835

  www.vintagebooks.com

  www.randomhouse.com

  eISBN: 978-0-307-42679-6

  v3.0

 

 

 


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