by Jean M. Auel
Le silence était chargé d’attente, mais on le laissa mourir de lui-même. Il n’était pas question de célébrer une cérémonie mais simplement de réunir le Camp pour passer une soirée agréable à parler, ce que les gens faisaient le mieux.
Tulie commença par annoncer qu’un accord avait été conclu, et que l’Union de Deegie et de Branag serait officialisée l’été suivant. Chacun s’y attendait, ce qui n’empêcha pas les manifestations d’approbation et les félicitations. Le jeune couple rayonnait de joie. Talut, ensuite, demanda à Wymez de leur faire un rapport sur sa mission de commerce : on apprit qu’elle concernait des échanges de sel, d’ambre et de silex. Plusieurs personnes posèrent des questions ou se livrèrent à des commentaires. Jondalar écoutait avec attention. Ayla, qui ne comprenait pas de quoi il était question, résolut de lui demander des précisions un peu plus tard. Après quoi, Talut questionna Danug sur ses progrès, au grand embarras du garçon.
— Il a du talent, une certaine habileté. Encore quelques années d’expérience, et il sera très bon. On l’a laissé partir à regret. Il a beaucoup appris. Cette année d’absence n’a pas été vaine, déclara Wymez.
Le groupe exprima de nouveau son approbation. Il se fit une pause, meublée par quelques conversations particulières. Talut, enfin, se tourna vers Jondalar ; ce qui souleva un mouvement d’intérêt.
— Dis-nous, homme des Zelandonii, comment tu te trouves ici, au Camp du Lion des Mamutoï ? demanda le chef.
Jondalar but une gorgée à l’une des petites outres brunes emplies de boisson fermentée. Son regard passa sur les gens qui l’entouraient et qui attendaient sa réponse avec impatience. Il sourit à Ayla. Il s’est déjà trouvé dans une telle situation, se dit-elle, un peu surprise. Elle comprenait qu’il créait une atmosphère, avant de conter son histoire. Elle se disposa à l’écouter, comme les autres.
— C’est une longue histoire, commença-t-il.
Des têtes l’approuvèrent : c’était précisément ce qu’on avait envie d’entendre.
— Mon peuple vit bien loin d’ici, très loin vers le couchant, au-delà même de la source de la Grande Rivière Mère, qui termine sa course dans la mer de Beran. Nous habitons aussi, comme vous, près d’une rivière, mais la nôtre se jette dans les Grandes Eaux du couchant.
« Les Zelandonii sont un grand peuple. Comme vous, nous sommes des Enfants de la Terre. Celle que vous nommez Mut, nous l’appelons Doni, mais elle reste la Grande Terre Mère. Nous chassons, nous commerçons et nous faisons parfois de longs voyages. Mon frère et moi, un jour, nous avons décidé d’en faire un.
Un instant, Jondalar ferma les yeux, et la souffrance creusa sur son front des plis profonds.
— Thonolan... c’était mon frère... riait sans cesse et il aimait l’aventure. C’était un favori de la Mère.
La souffrance était bien réelle. Ce n’était pas de l’affectation pour embellir l’histoire, et tout le monde le sentait. Sans qu’il en eût rien dit, on en devinait la cause. Chez eux aussi, on disait que la Mère emportait de bonne heure ceux qu’Elle aimait le mieux. Jondalar n’avait pas eu l’intention de révéler ainsi ses sentiments. Le chagrin l’avait pris au dépourvu et le laissait quelque peu embarrassé. Mais une perte aussi douloureuse est universellement ressentie ; cette démonstration inattendue provoqua la sympathie de ceux qui l’écoutaient et éveilla chez eux une compréhension qui dépassait la curiosité et la courtoisie généralement témoignée aux visiteurs étrangers.
Jondalar reprit son souffle, essaya de renouer le fil de son récit.
— Ce voyage, à l’origine, devait être celui de Thonolan. J’avais l’intention de faire avec lui un bout de chemin, jusqu’aux lieux où habitaient certains de nos parents. Mais finalement, j’ai décidé de l’accompagner au long de son voyage. Après avoir traversé un glacier à la source du Danube, la Grande Rivière Mère, nous nous sommes dit que nous allions la suivre jusqu’au bout. Personne ne nous en croyait capables, pas même nous, peut-être. Pourtant, nous avons suivi notre chemin, traversé de nombreux affluents, rencontré bien des gens.
« Un jour, pendant le premier été, nous nous étions arrêtés pour chasser. Pendant que nous faisions sécher la viande, nous nous sommes retrouvés encerclés par des hommes qui pointaient sur nous leurs sagaies...
Jondalar avait retrouvé sa cadence, et le récit de ses aventures retenait l’attention passionnée de son auditoire. C’était un bon conteur, qui savait tenir en haleine ceux qui l’écoutaient. Ils ponctuaient ses paroles de hochements de tête, de murmures d’approbation, d’encouragements et même de cris. Même quand ils écoutent, pensa Ayla, les gens qui parlent avec des mots ne peuvent garder le silence.
Elle était fascinée, comme tout le monde, mais elle se surprit à observer un moment ceux qui l’entouraient. Les adultes tenaient sur leurs genoux les plus jeunes enfants, tandis que les autres, étroitement groupés, fixaient sur le séduisant étranger des yeux brillants. Danug, en particulier, semblait captivé. Penché en avant, il écoutait avec une attention profonde.
— ... Thonolan est entré dans le canyon : la lionne était partie, il se croyait en sécurité. Mais nous avons entendu rugir un lion...
— Et alors, que s’est-il passé ? demanda Danug.
— Je vais laisser le soin à Ayla de vous raconter le reste. Je ne me souviens pas de grand-chose, après ça.
Tous les yeux se tournèrent vers la jeune femme. Ayla était frappée de stupeur. Elle ne s’était pas attendue à cela. Jamais elle n’avait parlé en public. Jondalar lui souriait. La meilleure façon de l’habituer à s’exprimer devant des inconnus, s’était-il dit tout à coup, c’était de l’y contraindre. L’occasion se représenterait certainement pour elle de retracer une expérience vécue. Par ailleurs, chacun gardait encore en mémoire son extraordinaire maîtrise sur les chevaux : l’histoire du lion n’en serait que plus crédible. C’était une histoire qui ajouterait encore à son mystère. Et, peut-être, si l’auditoire s’en satisfaisait, n’aurait-elle pas à parler de ses origines.
— Qu’est-il arrivé, Ayla ? demanda Danug.
Rugie, jusqu’à présent, s’était montrée timide avec ce grand frère qui était resté si longtemps absent, mais elle retrouva le souvenir d’autres assemblées où l’on avait raconté des histoires et elle décida sur l’instant de s’installer sur ses genoux. Danug l’accueillit d’une caresse et d’un sourire distrait, sans pour autant détourner ses yeux d’Ayla.
Celle-ci regarda tous ces visages tournés vers elle. Elle essaya de parler mais elle avait la bouche sèche.
— Oui, qu’est-il arrivé ? répéta Latie.
Rydag sur les genoux, elle était assise près de Danug.
Les grands yeux sombres de l’enfant brillaient d’excitation. Il ouvrit la bouche pour poser une question, lui aussi, mais personne ne comprit le son qu’il émit. Personne, sauf Ayla. Elle n’avait pas saisi le mot lui-même, mais seulement sa signification. Elle avait déjà entendu des sons semblables, elle avait même appris à s’en servir. Les gens du Clan n’étaient pas muets : leur capacité d’articulation était simplement limitée. Ils avaient donc créé peu à peu pour communiquer un langage par signes, très riche, très complet. Les mots leur servaient uniquement à souligner certaines nuances. L’enfant, Ayla le savait, lui demandait de continuer l’histoire. Elle sourit, s’adressa particulièrement à lui.
— J’étais avec Whinney, commença-t-elle.
La manière dont elle prononçait le nom de la jument avait toujours été une imitation du doux hennissement d’un cheval. Les gens de la caverne n’y virent qu’un merveilleux embellissement à l’histoire. Ils sourirent, l’encouragèrent de la voix à continuer dans la même veine.
— Elle a bientôt petit cheval. Elle très grosse, dit Ayla.
Elle portait les mains en avant de son ventre pour indiquer que la jument était presque à terme. Il y eut des sourires de compréhension.
— Tous les jours, nous sortons. Whinney a besoin sortir. Pas loin, pas vite. T
oujours aller côté soleil levant. Côté soleil levant facile. Trop facile : rien nouveau. Un jour, aller soleil couchant. Voir endroit nouveau, poursuivit Ayla.
Elle s’adressait toujours à Rydag.
Jondalar lui avait enseigné le langage des Mamutoï ainsi que d’autres qu’il connaissait, mais elle le parlait moins couramment que celui de son compagnon, le premier qu’elle avait appris. Elle s’exprimait d’une manière étrange et elle cherchait ses mots, ce qui la mettait mal à l’aise. Mais, pour le petit garçon qui, lui, ne pouvait se faire comprendre de personne, elle devait essayer. Parce qu’il le lui avait demandé.
— J’entends lion...
Elle ne comprit pas bien ce qui l’avait poussée. Peut-être fut-ce le regard de Rydag, la façon dont il tournait la tête pour mieux entendre, ou peut-être fut-ce son instinct. Toujours est-il qu’elle fit suivre le mot « lion » d’un grondement menaçant qui évoquait parfaitement un véritable lion. Elle perçut des cris de frayeur étouffés, des rires nerveux, des murmures d’approbation. Elle possédait une incroyable faculté pour imiter les animaux. Jondalar, lui aussi, hochait la tête en lui souriant.
— J’entends homme crier.
Elle regarda son compagnon, et ses yeux s’emplirent de tristesse.
— J’arrête. Que faire ? Whinney grosse de son enfant...
Cette fois, elle reproduisait les petits sons aigus émis par un poulain et en fut récompensée par un sourire radieux de Latie.
— Je suis inquiète pour cheval, mais homme crie. J’entends encore lion. J’écoute.
Par sa bouche, le rugissement d’un lion devenait presque espiègle.
— C’est Bébé. J’entre dans canyon, alors. Je sais cheval pas blessé... Elle vit autour d’elle des regards perplexes. Le mot qu’elle avait employé n’était pas familier à ces gens. En d’autres circonstances, Rydag l’aurait peut-être reconnu, lui. Ayla avait dit à Jondalar que, pour le Clan, ce mot désignait un tout petit enfant. Elle essaya d’expliquer :
— Bébé est lion. Je trouve homme mort. Autre homme, Jondalar, beaucoup blessé. Whinney ramène à vallée.
— Ha ! fit une voix moqueuse.
Ayla leva la tête. C’était Frébec, l’homme qui s’était querellé un peu plus tôt avec la vieille femme.
— Tu voudrais me faire croire, continua-t-il, que tu as écarté un lion d’un homme blessé ?
— Pas lion comme autres. Bébé, précisa-t-elle.
— Qu’est-ce que c’est... ce mot que tu dis ?
— » Bébé » est un mot du Clan. Veut dire enfant, tout petit. Je donne nom à lion quand vit avec moi. Bébé est lion je connais. Cheval connaît aussi. Pas peur.
Ayla était inquiète : il se passait quelque chose, mais quoi ?
— Tu vivais avec un lion ? Tu ne me feras pas croire ça, ricana l’homme.
— Tu ne le crois pas ? intervint Jondalar, furieux.
Cet homme accusait Ayla de mensonge, et lui-même savait trop bien à quel point son histoire était vraie.
— Ayla ne ment pas, déclara-t-il.
Il se leva, dénoua la lanière qui retenait autour de la taille ses jambières de cuir. Il découvrit l’aine et la cuisse striées de cicatrices encore enflammées.
— Ce lion m’a attaqué, et Ayla ne s’est pas contentée de m’arracher à ses griffes. C’est une guérisseuse de grand talent. Sans elle, j’aurais suivi mon frère dans l’autre monde. Je vais te dire autre chose. Je l’ai vue monter sur le dos de ce lion, comme elle le fait avec le cheval. Vas-tu me traiter de menteur ?
— Aucun invité du Camp du Lion n’est traité de menteur, déclara Tulie.
Elle essayait d’éviter une scène regrettable et fixait sur Frébec un regard menaçant.
— A mon avis, tu as bien été cruellement lacéré, et nous avons certainement vu de nos yeux cette femme... Ayla... monter la jument. Je ne vois aucune raison de douter d’elle ni de toi.
Il y eut un silence tendu. Le regard perplexe d’Ayla allait d’un visage à l’autre. Le mot « menteur » lui était inconnu, et elle ne comprenait pas pourquoi Frébec déclarait qu’il ne la croyait pas. Elle avait grandi parmi des gens pour qui le mouvement représentait le moyen de communication essentiel. Plus encore que les gestes des mains, le langage du Clan utilisait les postures, les expressions pour nuancer ce qu’on voulait dire. Mentir de tout son corps d’une façon convaincante était impossible. On pouvait tout au plus utiliser la restriction mentale, et cela même était discernable : on le tolérait par souci de discrétion. Ayla n’avait jamais appris à mentir.
Elle savait pourtant que quelque chose n’allait pas. Elle déchiffrait la colère et l’hostilité qui venaient de naître aussi clairement que si ces gens les avaient criées. Elle savait aussi qu’ils s’efforçaient de ne pas les exprimer. Talut vit les yeux d’Ayla se poser sur l’homme à la peau sombre, s’en détourner. A la vue de Ranec, le chef eut l’idée d’un moyen pour apaiser les tensions et revenir aux histoires que chacun racontait.
— C’est une belle aventure, Jondalar, dit-il de sa voix claironnante, non sans gratifier Frébec d’un regard sévère. Les récits de voyages sont toujours passionnants. Aimerais-tu en entendre un autre ?
— Oui, très volontiers.
Il y eut des sourires dans toute l’assistance. Le calme se rétablit. L’histoire était l’une des préférées du groupe et l’occasion était rare de la partager avec des gens qui ne l’avaient pas encore entendue.
— C’est l’histoire de Ranec... commença Talut. Ayla regarda Ranec avec intérêt.
— Aime savoir comment homme à peau brune est à Camp du Lion, dit-elle.
Il lui sourit mais se tourna vers l’homme de son foyer.
— C’est mon histoire, mais c’est à toi de la raconter, Wymez. Jondalar avait repris sa place. Il ne savait trop s’il devait apprécier le nouveau tour de la conversation – ou peut-être l’intérêt que témoignait Ayla à Ranec. Mais mieux valait cela qu’une hostilité presque déclarée. D’ailleurs, son intérêt à lui aussi s’éveillait.
Wymez s’installa plus confortablement, adressa un signe de tête à Ayla, un sourire à Jondalar, avant de commencer :
— Nous avons d’autres points communs que la connaissance de la pierre, jeune homme. Moi aussi, dans ma jeunesse, j’ai accompli un long voyage. J’ai pris d’abord la direction du sud, en passant du côté du soleil levant. J’ai dépassé la mer de Beran et j’ai poursuivi mon chemin jusqu’aux rivages d’une mer beaucoup plus vaste. Cette mer du Sud porte différents noms, car de nombreux peuples vivent sur ses côtes. Je les ai d’abord suivies en direction du soleil levant, puis, vers le soleil couchant, j’ai longé les rivages du sud, à travers des terres couvertes de forêts, où il fait beaucoup plus chaud, où il pleut plus souvent qu’ici.
« Je n’essaierai pas de vous conter tout ce qui m’est arrivé. Ce sera pour une autre fois. Je veux vous dire l’histoire de Ranec. En voyageant vers le couchant, j’ai rencontré bien des gens. J’ai vécu quelque temps chez certains, j’ai appris de nouvelles coutumes. Mais je finissais toujours par en avoir assez et je me remettais en route. Je voulais savoir jusqu’où je pourrais aller vers le couchant.
« Au bout de plusieurs années, je suis arrivé en un lieu qui se trouve non loin de tes Grandes Eaux, je crois, Jondalar, mais de l’autre côté du passage resserré où la mer du Sud s’unit à elles. Là-bas, j’ai rencontré un peuple dont la peau était si sombre qu’elle paraissait noire et, là-bas aussi, j’ai connu une femme. Une femme vers laquelle je me suis senti attiré. Peut-être au début était-ce à cause de son aspect différent... Ses vêtements étranges, la couleur de sa peau, ses yeux sombres étincelants... Son sourire était irrésistible... comme sa façon de danser, de se mouvoir... C’était la femme la plus extraordinaire que j’aie jamais rencontrée.
Wymez s’exprimait d’un ton direct, d’une voix presque neutre, mais le récit était si passionnant que tout effet dramatique était inutile. Néanmoins, quand l’homme trapu, réservé, commença de parler d
e cette femme, son attitude changea visiblement.
— Quand elle accepta de s’unir à moi, je décidai de rester avec elle. Dès ma prime jeunesse, le travail de la pierre m’a toujours intéressé. J’appris leur méthode de façonner des pointes de sagaies. Ils taillent les faces de la pierre, tu comprends ?
La question était posée directement à Jondalar.
— Oui, comme une hache, répondit celui-ci.
— Mais ces pointes étaient moins épaisses, moins grossières. Ils possédaient une bonne technique. Je leur ai enseigné certaines choses, moi aussi, et je me suis volontiers plié à leurs coutumes, surtout quand la Mère a béni ma compagne en lui accordant un enfant, un garçon. Elle m’a demandé de lui donner un nom. J’ai choisi Ranec.
Voilà qui explique tout, se dit Ayla. Sa mère avait la peau sombre.
— Qu’est-ce qui t’a décidé à revenir ? demanda Jondalar.
— Quelques années après la naissance de Ranec, les difficultés ont commencé. Le peuple à la peau noire chez qui je vivais s’était installé en ces lieux après avoir quitté une région plus éloignée vers le sud.
Certains des habitants des Camps voisins ne voulaient pas partager les territoires de chasse. Il y avait aussi des différences de coutumes. Je suis presque parvenu à les convaincre de se réunir pour en discuter. Mais quelques jeunes, des têtes brûlées, ont choisi plutôt de se battre. Une mort en amenait une autre, par vengeance. Vinrent ensuite des attaques contre les Camps.
« Nous avions établi de solides défenses, mais ils étaient plus nombreux que nous. La lutte a continué pendant quelque temps. Bientôt, la seule vue d’une personne à la peau plus claire suffit à déchaîner la peur et la haine. J’avais beau être l’un des leurs, ils se sont mis à se méfier de moi et même de Ranec. Sa peau était un peu plus pâle que la leur, ses traits étaient différents. J’ai parlé à la mère de Ranec, et nous avons décidé de partir. La séparation fut bien triste : nous laissions derrière nous une famille, de nombreux amis. Mais nous n’étions plus en sécurité. Quelques-unes de ces têtes brûlées ont même essayé de s’opposer à notre départ, mais avec de l’aide nous avons pu leur échapper durant la nuit.