by Jean M. Auel
— Quel langage ? Les Têtes Plates ne savent pas parler. Qui t’a raconté ces histoires ?
— Il s’agit d’un langage par signes. Il parle avec ses mains, dit Frébec.
Il y eut un concert de rires moqueurs. La curiosité d’Ayla s’éveillait. Elle observait Frébec. Il n’aimait pas qu’on se moquât de lui.
— Ne me croyez pas si vous voulez, dit-il.
Il haussa les épaules, fit quelques pas pour s’éloigner, comme si tout cela était sans importance. Mais il se retourna vers l’homme qui avait tourné Rydag en ridicule.
— Mais je vais te dire quelque chose. Il peut aussi parler avec ce loup, et, s’il commande à ce loup de se jeter sur toi, je ne donne pas cher de ta peau.
A l’insu de Chaleg, Frébec avait adressé des signes à Rydag. Les mouvements de ses mains n’avaient pour Chaleg aucun sens particulier. Rydag, à son tour, avait questionné Ayla de la même façon. Tout le Camp du Lion suivait la scène et se réjouissait en comprenant, grâce à ce langage secret, ce qui allait se passer. Ils pouvaient converser devant tous ces gens sans qu’aucun s’en rendît compte.
Sans se retourner, Frébec reprit :
— Pourquoi ne pas le lui montrer, Rydag ?
Brusquement, Loup ne se trouva plus assis au creux d’un bras d’enfant. Loup, d’un seul bond, attaquait l’homme, le poil dressé, les crocs à nu, avec un grondement qui fit se hérisser les cheveux sur la nuque de tous les spectateurs. Saisi d’une terreur panique, les yeux agrandis, l’homme fit un saut en arrière. La plupart de ceux qui se trouvaient près de lui en firent autant, mais Chaleg reculait toujours. Sur un signal de Rydag, Loup vint calmement reprendre sa place près de l’enfant. Il avait l’air très satisfait de lui-même. Il se tourna, se retourna à plusieurs reprises, avant de se coucher le museau sur les pattes, les yeux fixés sur Ayla.
Ils avaient pris un risque, se disait intérieurement la jeune femme. Cependant, le signal n’était pas tout à fait celui d’attaquer. Il s’agissait d’un jeu auquel les enfants jouaient avec Loup : une attaque simulée qui était aussi un jeu naturel entre les louveteaux. On avait simplement enseigné à Loup à se retenir de mordre. Quand Ayla chassait avec lui et qu’elle voulait lui faire lever du gibier, elle utilisait un signal semblable. Certes, il lui arrivait de bondir et de tuer l’animal pour son propre compte, mais cela n’avait rien du signal qui l’aurait lancé dans une véritable attaque contre un être humain. Loup n’avait pas touché l’homme. Il s’était contenté de bondir sur lui. Le danger, c’était qu’il avait eu la possibilité de le tuer. Les loups, la jeune femme le savait, se montraient très protecteurs en ce qui concernait leur territoire ou leur troupe. Ils étaient capables de tuer pour les défendre. Cependant, en regardant revenir l’animal, elle se dit que, si les loups avaient su rire, il aurait ri. Elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il savait ce qui se passait : il s’agissait de jouer un bon tour, et il savait précisément comment s’y prendre. L’attaque n’avait pas été une simple feinte, ses mouvements n’avaient pas donné l’impression d’un jeu. Il avait donné tous les signes d’une agression. Simplement, il s’était arrêté avant la conclusion. Se trouver soudain en présence d’une masse de gens avait représenté une épreuve pour le jeune loup, mais il s’était acquitté à merveille de son rôle. Le seul plaisir de voir l’expression de terreur répandue sur le visage de l’homme valait bien la peine d’avoir pris le risque. Rydag n’était pas un animal !
Branag paraissait un peu choqué, mais Deegie arborait un large sourire, lorsqu’ils rejoignirent Tulie et Talut avec un autre couple. Ayla fut cérémonieusement présentée aux deux chefs du Camp qui les recevait et elle comprit aussitôt ce que tout le monde savait déjà. Marlie était gravement malade. Elle n’aurait même pas dû se trouver là, se dit Ayla. Mentalement, elle prescrivait pour elle des remèdes, des préparations. A voir le teint de la femme, l’expression de ses yeux, la texture de sa peau et de ses cheveux, elle se demandait si quelque chose pouvait encore lui venir en aide mais, en même temps, elle sentait sa force de caractère : elle ne lâcherait pas facilement. Cette résistance pouvait être plus efficace que tous les remèdes.
— Tu nous as offert une remarquable démonstration, Ayla, dit Marlie.
Elle avait remarqué l’intéressante particularité de prononciation de la jeune femme.
— Était-ce l’enfant ou toi qui commandiez le loup ?
— Je n’en sais rien, répondit Ayla en souriant. Loup répond à des signaux, mais nous lui en avons donné tous les deux.
— Loup ? Tu dis ce mot comme si c’était son nom, remarqua Valez.
— C’est son nom.
— Les chevaux ont-ils des noms, eux aussi ? demanda Marlie.
— La jument s’appelle Whinney.
Ayla prolongeait la dernière syllabe à la manière d’un hennissement. La jument répondit, ce qui fit naître sur les visages du petit groupe des sourires peut-être un peu nerveux.
— L’étalon est son fils, continua Ayla. Jondalar l’a nommé Rapide dans sa langue, c’est un mot qui désigne quelqu’un qui court très vite et qui aime arriver le premier.
Marlie hocha la tête. La jeune femme la dévisagea un instant, avant de se tourner vers Talut.
— Je me sens très fatiguée, après avoir construit cet abri pour les chevaux. Tu vois cette grosse bûche ? Voudrais-tu l’apporter jusqu’ici, pour que je puisse m’asseoir ?
Le géant fut un instant totalement déconcerté. Cela ne ressemblait pas à Ayla. Jamais elle n’aurait fait pareille demande, surtout au beau milieu d’une conversation avec la Femme Qui Ordonne du Camp. Si quelqu’un avait besoin d’un siège, c’était bien Marlie. Et l’idée le frappa soudain. Mais bien sûr ! Pourquoi n’y avait-il pas songé plus tôt ? Il se hâta d’aller chercher la bûche et la manœuvra lui-même jusqu’au petit groupe.
Ayla s’assit.
— Vous ne m’en voudrez pas, j’espère. Je suis vraiment très fatiguée. Ne veux-tu pas t’asseoir près de moi, Marlie ?
Marlie accepta. Elle tremblait légèrement. Au bout d’un moment, elle sourit.
— Merci, Ayla. Je n’avais pas l’intention de rester ici si longtemps. Comment as-tu su que j’avais des vertiges ?
— C’est une Femme Qui Guérit, déclara Deegie.
— Elle invoque et elle guérit. Voilà une bien étrange combinaison. Je ne m’étonne plus que le Foyer du Mammouth ait voulu se l’attacher.
— J’aimerais préparer quelque chose pour toi, si tu veux bien le prendre, dit Ayla.
— D’autres m’ont examinée, mais tu peux encore essayer, Ayla. Voyons, avant d’enterrer définitivement le sujet, j’ai encore une question à poser : étais-tu certaine que le loup ne ferait aucun mal à cet homme ? Ayla prit un temps très bref avant de répondre.
— Non, je n’en étais pas certaine. Il est encore très jeune, et ses réactions ne sont pas toujours prévisibles. Mais je jugeais que j’étais assez près pour briser son attaque s’il ne s’arrêtait pas à temps de lui-même.
Marlie hocha la tête d’un air entendu.
— Les gens ne sont pas toujours absolument prévisibles. On ne saurait s’attendre à ce que des animaux le soient. Si tu m’avais fait une autre réponse, je ne t’aurais pas crue. Dès qu’il sera remis, Chaleg va se plaindre, tu sais, pour sauver la face. Il formulera sa plainte devant le Conseil des Frères qui nous la transmettra.
— « Nous » ?
— Le Conseil des Sœurs, expliqua Tulie. Les Sœurs représentent l’autorité sans appel. Elles sont plus proches de la Mère.
Marlie reprit :
— Je suis heureuse d’avoir assisté à toute l’affaire. Je n’aurai plus à me soucier de faire le tri entre plusieurs histoires contradictoires, de toute manière incroyables.
Elle reporta son regard sur les chevaux, puis sur Loup.
— Ils me paraissent parfaitement normaux. Ce ne sont pas des esprits ni d’autres créations magiques. Dis-moi, Ayla, que mangent-ils quand ils sont avec toi ? Car ils mangent, n’est-ce pas ?
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— Ce qu’ils mangent d’ordinaire. Pour Loup, c’est surtout de la viande, cuite ou crue. Il est comme tout le monde, dans l’habitation, il mange comme moi, même des légumes. Parfois, je chasse pour lui, mais il devient très habile à attraper seul des mulots ou d’autres petits animaux. Les chevaux se nourrissent d’herbe et de grains. Je pensais les emmener bientôt dans cette prairie de l’autre côté de la rivière pour les y laisser quelque temps.
Valez porta son regard vers l’autre rive, le ramena sur Talut. Ayla devina ce qu’il pensait.
— Ça m’ennuie de te le dire, Ayla, mais il pourrait être dangereux de les laisser seuls là-bas.
— Pourquoi ? questionna-t-elle, une nuance d’affolement dans la voix.
— A cause des chasseurs. Ils ressemblent à n’importe quels autres chevaux, la jument surtout. Le poil sombre du jeune est plus inhabituel. Nous pourrions peut-être faire passer le mot de ne tuer aucun cheval brun, surtout s’il paraît familier. Mais l’autre... Un cheval sur deux, sur la steppe, est de cette couleur, et je ne crois pas que nous puissions demander à nos gens de ne plus tuer de chevaux. Pour certains, c’est leur viande préférée, expliqua Valez.
— Alors, je resterai avec elle, dit Ayla.
— Ce n’est pas possible ! s’écria Deegie. Tu manquerais tout ce qui va se passer.
— Je ne veux pas qu’il lui arrive quelque chose. Je serai obligée de manquer les festivités.
— Ce serait dommage, dit Tulie.
— Tu n’as pas une idée ? demanda Deegie.
— Non... dit Ayla. Si seulement elle était brune, elle aussi.
— Eh bien, pourquoi ne pas la teindre ?
— La teindre ? Mais comment ?
— Si nous mélangions des couleurs, comme je le fais pour le cuir, et si nous la frottions avec le mélange ?
Ayla réfléchit un instant.
— Ça ne suffirait pas, je pense. Ton idée est bonne, Deegie, mais la teindre en brun ne ferait pas vraiment de différence. Rapide lui-même resterait en danger. Un cheval brun est toujours un cheval, et, si quelqu’un chasse le cheval, il aura du mal à se rappeler qu’il ne doit pas tuer les chevaux bruns.
— C’est vrai, approuva Talut. Un chasseur pense avant tout à la chasse, et deux chevaux bruns qui n’ont pas peur des gens feraient des cibles tentantes.
— Alors, que penserais-tu d’une couleur tout à fait différente comme... le rouge ? Pourquoi ne pas faire de Whinney une jument rouge ? Rouge vif ? Ainsi, elle se distinguerait de tous les autres chevaux.
Ayla fit la grimace.
— Cela ne me tente vraiment pas, Deegie. Elle aurait l’air si étrange. Mais il y a quand même quelque chose à retenir. Tout le monde comprendrait qu’il ne s’agit pas d’un cheval comme les autres. Oui, nous devrions le faire, mais... rouge vif... Attends ! Il me vient une autre idée.
Ayla se précipita à l’intérieur de la tente. Elle renversa son sac de voyage sur ses fourrures de couchage, trouva tout au fond ce qu’elle cherchait. Elle revint en courant.
— Regarde, Deegie ! Tu te rappelles ?
Elle déplia la peau d’un rouge vif qu’elle avait teinte elle-même.
— Je n’ai jamais pu trouver ce que je pourrais en faire. C’était la couleur qui me plaisait. Je pourrais l’attacher sur le dos de Whinney, quand elle sera seule dans la prairie.
Valez sourit, hocha la tête.
— C’est vraiment un rouge vif ! dit-il. Ça fera l’affaire, je crois. Si quelqu’un la voit avec ça sur le dos, il saura que ce n’est pas un cheval ordinaire et hésitera sans doute à le chasser, même s’il n’a pas été prévenu. Nous pourrons annoncer ce soir que la jument qui porte une couverture rouge et le cheval brun avec elle ne doivent pas être chassés.
— Ça ne ferait peut-être pas de mal d’attacher aussi quelque chose sur le dos de Rapide, suggéra Talut.
— Moi, j’ai une autre proposition à faire, déclara Marlie. On ne peut pas faire confiance à tout le monde, et une mise en garde n’est pas toujours suffisante. Il serait peut-être sage, pour toi et Mamut, d’imaginer une interdiction de tuer les chevaux. Une bonne malédiction suffirait sans doute à effrayer ceux qui pourraient être tentés de voir jusqu’à quel point ces animaux sont mortels.
— Tu peux toujours dire que Rydag lancera Loup contre celui qui leur ferait du mal, fit Branag en souriant. Cette histoire doit maintenant avoir fait le tour de toute la Réunion et avoir pris des proportions considérables au passage.
— L’idée n’est peut-être pas mauvaise, dit Marlie. Elle se leva pour partir.
— Elle aurait l’avantage de pouvoir se répandre comme une rumeur. Ils regardèrent s’éloigner les deux chefs du Camp du Loup. Tulie, en secouant tristement la tête, alla ensuite finir de s’installer. Talut décida d’aller voir qui organisait les concours : il en envisageait un pour le lancer de la sagaie. Il s’arrêta pour parler avec Jondalar et Brecie, et tous trois s’éloignèrent ensemble. Deegie et Branag se dirigèrent avec Ayla vers les chevaux.
— Je sais exactement à qui il faut nous adresser pour lancer la rumeur, déclara Branag. Avec les histoires qui circulent déjà, même si l’on n’y croit pas entièrement, on évitera de s’approcher des chevaux, je crois. Personne, à mon avis, ne courra le risque de voir Rydag lancer le loup contre lui. Je voulais vous demander... comment Rydag a-t-il su qu’il devait donner le signal au loup ?
Deegie considéra d’un air surpris l’homme auquel elle avait donné sa Promesse.
— Tu n’es pas au courant, n’est-ce pas ? Je ne sais pas pourquoi je crois toujours que, si je sais quelque chose, tu dois le savoir, toi aussi. Frébec n’a pas inventé quelque chose pour défendre le Camp du Lion.
Il disait vrai. Rydag comprend tout ce qu’on dit. Il a toujours tout compris. Nous n’en savions rien jusqu’au jour où Ayla nous a enseigné son langage par signes, pour nous permettre de le comprendre. Quand Frébec a fait mine de s’éloigner, il a fait signe à Rydag, qui a posé la question à Ayla. Nous avions tous compris ce qu’ils se disaient et nous savions donc ce qui allait se passer.
— Est-ce vrai ? demanda Branag. Vous vous parliez, et personne ne s’en doutait !
Il éclata de rire.
— Eh bien, si je veux être au courant des surprises du Camp, je ferais peut-être bien d’apprendre ce langage secret, moi aussi.
— Ayla ! appela Crozie, qui sortait de la tente. Les jeunes gens s’arrêtèrent pour l’attendre.
— Tulie m’a dit ce que tu avais décidé de faire pour marquer les chevaux, poursuivit la vieille femme en arrivant à leur hauteur. Excellente idée. Le rouge tranchera sur un poil clair. Mais tu n’as pas deux peaux rouge vif. En vidant mon sac, j’ai trouvé quelque chose que j’aimerais te donner.
Elle ouvrit un paquet, en tira une peau, la secoua pour la déplier.
— Oh, Crozie ! s’exclama la jeune femme. C’est magnifique !
Elle s’émerveillait devant une cape de cuir d’un blanc de craie, décorée de perles d’ivoire disposées en triangles et de piquants de porc-épic teints à l’ocre rouge et cousus pour former des spirales et des zigzags.
Devant cette admiration, les yeux de Crozie s’illuminèrent. Pour avoir fait une tunique, Ayla comprenait combien il était difficile d’obtenir cette teinte.
— C’est pour Rapide. Le blanc, à mon avis, ressortira bien sur son poil brun foncé.
— Crozie, c’est bien trop beau pour ça. La peau va se couvrir de taches et de poussière et, surtout si Rapide essaye de se rouler dans l’herbe, elle perdra tous ses ornements. Je ne peux pas lui laisser porter ça dans la prairie.
Crozie posa sur Ayla un regard sévère.
— Si quelqu’un est à la chasse aux chevaux et s’il voit un cheval qui porte sur son dos une couverture blanche très décorée, crois-tu qu’il essaiera de lancer une sagaie sur lui ?
— Non, mais tu t’es donné trop de peine pour faire cette cape : on ne peut pas la laisser s’abîmer ainsi.
— La peine est vieille de bien des ann�
�es, dit Crozie. Son visage s’adoucit, ses yeux s’embrumèrent.
— J’avais fait cette cape pour mon fils, le frère de Fralie. Je n’ai jamais eu le courage de la donner à quelqu’un d’autre. Je ne supporterais pas de voir un autre la porter et je ne pouvais pas la jeter. Je l’ai traînée d’un endroit à un autre... Un morceau de peau inutile, tout mon travail perdu. Si cette peau peut aider à protéger l’animal, elle ne sera plus inutile, mon travail aura retrouvé un peu de sa valeur. Je veux que tu l’acceptes, en échange de ce que tu m’as donné.
Ayla prit le paquet qu’on lui tendait, mais elle semblait perplexe.
— Que t’ai-je donc donné, Crozie ?
— C’est sans importance, répondit la vieille femme d’un ton brusque. Prends-la, c’est tout.
Frébec, qui entrait en courant dans la tente, leva la tête. Il vit les deux femmes, leur adressa un sourire satisfait, avant de pénétrer à l’intérieur. Elles lui rendirent son sourire.
— J’ai été stupéfait en voyant Frébec se manifester pour défendre Rydag remarqua Branag. J’aurais cru qu’il serait le dernier à le faire.
— Il a beaucoup changé, déclara Deegie. Il prend toujours plaisir à discuter, mais on a moins de mal à s’entendre avec lui. Parfois, il se montre disposé à écouter.
— Il n’a jamais eu peur de se mettre en avant pour dire ce qu’il pensait, fit Branag.
— C’est peut-être ce qui n’allait pas, dit Crozie. Je n’ai jamais compris ce que Fralie lui trouvait. J’ai fait de mon mieux pour la dissuader de s’unir à lui. Il n’avait rien à lui offrir. Sa mère n’avait aucun prestige, lui-même ne possédait aucun talent particulier. A mon avis, Fralie se sacrifiait inutilement. Peut-être le seul fait de s’être présenté pour la revendiquer parle-t-il en sa faveur. Et il désirait vraiment en faire sa compagne. Sans doute aurais-je dû me fier dès le début au jugement de Fralie : c’est ma fille, après tout. Ce n’est pas parce qu’un homme a connu des débuts difficiles qu’il ne cherchera pas à améliorer sa condition.
Branag, par-dessus la tête de Crozie, regarda Deegie, puis Ayla. A son avis, la vieille femme avait changé, elle aussi, plus encore que Frébec.