Les chasseurs de mammouths

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Les chasseurs de mammouths Page 86

by Jean M. Auel


  Ayla était sincère : elle avait envie de pouvoir parler avec quelqu’un, de discuter des traitements, de développer ses connaissances.

  Pourquoi pas, pensa Lomie, touchée par la foi et l’élan de la jeune femme.

  — Ayla a un cadeau pour toi, dit Mamut. Fais entrer ceux qui le désirent et ensuite, nous fermerons le rabat de la tente, si tu veux bien. La plupart de ceux qui se trouvaient dehors à leur arrivée avaient profité de leur discussion pour entrer et ceux qui attendaient encore, debout devant l’ouverture, se précipitèrent à l’intérieur, bien décidés à ne rien rater. Mamut ferma alors le rabat et l’attacha. Puis il dessina de la main sur le sol un grand cercle en ramassant une poignée de terre dont il se servit pour éteindre le feu. Il ne faisait pas totalement sombre à l’intérieur de la tente car la lumière pénétrait par le trou à fumée et à travers les interstices des parois en peau. La démonstration d’Ayla allait être moins spectaculaire que dans la complète obscurité de l’habitation du Camp du Lion, mais cela n’empêcherait pas les Mamutoï de reconnaître les extraordinaires possibilités du cadeau qu’elle avait apporté.

  Ayla défit le petit sac en peau, fabriqué par Barzec, et elle en sortit les matériaux inflammables, la pierre à feu et le silex. Quand tout fut prêt, elle marqua un temps d’arrêt et, pour la première fois depuis de nombreuses lunes, elle eut une pensée silencieuse pour son totem. Elle ne lui demanda rien de précis, imaginant simplement une grande étincelle, capable d’impressionner les Mamutoï présents, afin que Mamut obtienne l’effet escompté. Puis, à l’aide du silex, elle frappa la pyrite de fer. Bien que l’obscurité ne soit pas totale, l’étincelle fut bien visible. Ayla frappa à nouveau les deux pierres et cette fois-ci l’étincelle mit le feu aux herbes sèches. Un instant plus tard, un nouveau feu brûlait dans le foyer.

  Les Mamutoï s’y connaissaient en matière d’artifices et ils avaient l’habitude d’impressionner leur auditoire avec des tours de passe-passe. Ils se vantaient d’être capables de deviner comment ces tours pouvaient être accomplis. Il en fallait beaucoup pour les surprendre. Mais la démonstration d’Ayla les laissa sans voix.

  — La magie est dans la pierre à feu elle-même, intervint Mamut alors qu’Ayla replaçait les deux pierres dans le sac en peau, puis remettait celui-ci à Lomie. Mais la manière d’en faire sortir le feu a été dévoilé à Ayla, continua-t-il sur un ton différent. Je n’ai pas eu besoin de l’adopter, Lomie. Elle était destinée à faire partie du Foyer du Mammouth et a été choisie par la Mère. Elle ne peut que suivre sa destinée. Mais maintenant, je sais que j’ai été choisi pour en faire partie moi aussi, et j’ai enfin compris pourquoi il m’a été donné de vivre aussi vieux.

  Ses propos firent courir un frisson dans l’assistance et tout le monde en eut la chair de poule. Mamut venait de toucher du doigt le vrai mystère, l’appel plus profond que chacun d’eux, dans une certaine mesure, avait entendu au-delà de l’apparat attaché à sa fonction et d’un cynisme fortuit. Vieux Mamut était un phénomène. Le fait qu’il soit encore en vie était magique à lui seul. Personne n’avait jamais vécu aussi vieux. Au fil du temps, il avait perdu jusqu’à son nom. Chacun d’eux était un mamut, le chaman de son Camp, mais lui, on l’appelait Mamut, tout court : sa vocation et son nom ne faisaient plus qu’un. Tous ceux qui se trouvaient là étaient persuadés qu’il n’avait pas vécu aussi longtemps sans raison. S’il disait que c’était à cause d’Ayla, cela signifiait qu’elle était en plein cœur des profonds et inexplicables mystères de la vie et du monde autour d’eux, ces mystères auxquels chacun d’eux avait pour mission de se mesurer.

  Lorsqu’ils quittèrent tous deux la tente, Ayla était encore préoccupée par les paroles de Mamut. Elle aussi, elle avait senti une tension soudaine et avait eu la chair de poule quand il avait parlé de sa destinée. Elle n’aimait pas être l’objet d’un intérêt aussi marqué de la part de forces qu’elle ne pouvait contrôler. Que Mamut ait parlé de sa destinée l’effrayait. Elle ne se sentait pas différente des autres et ne voulait pas l’être. Elle n’aimait pas non plus les commentaires qu’avait suscités sa manière de parler. Dans le Camp du Lion, personne n’y faisait plus attention. Elle avait fini par oublier que certains mots lui échapperaient toujours, malgré tous ses efforts.

  — Ayla ! C’est là que tu es. Je t’ai cherchée partout.

  Elle aperçut les yeux noirs et rieurs et le large sourire de l’homme auquel elle avait donné sa Promesse. Chassant les pensées qui l’obsédaient, elle lui sourit en retour et se tourna vers Mamut pour voir s’il avait encore besoin d’elle. Il lui dit en souriant qu’elle pouvait aller faire un tour dans le campement avec Ranec.

  — Je voudrais te faire rencontrer quelques sculpteurs, lui dit Ranec en l’entraînant, le bras posé autour de sa taille. Certains d’entre eux font un merveilleux travail. Nous avons toujours un Camp près du Foyer du Mammouth. Il n’est pas réservé qu’aux sculpteurs : tous les artistes s’y retrouvent.

  Ranec semblait très excité. Comme elle, un peu plus tôt, quand elle avait appris que Lomie était une Femme Qui Guérit. Même s’il y avait toujours une certaine rivalité à propos du talent et du statut de chacun, seuls ceux qui pratiquaient une même activité étaient capables d’en comprendre toutes les subtilités. Si Ayla désirait discuter des mérites comparés du bouillon-blanc et de la petite pervenche dans le traitement de la toux, par exemple, elle ne pouvait le faire qu’avec une Femme Qui Guérit et ce genre d’échange lui manquait. Elle avait noté que Jondalar, Wymez et Danug pouvaient passer un temps fou à discuter des silex et de la taille des outils et elle se rendait compte que Ranec, lui aussi, se réjouissait de rencontrer ceux qui, comme lui, travaillaient l’ivoire.

  Alors qu’ils traversaient la clairière, Ayla remarqua Danug et Druwez, debout au milieu d’un groupe de jeunes gens qui traînaient autour d’une pied-rouge en riant nerveusement. Quand Danug l’aperçut, il lui sourit et, après s’être excusé, traversa rapidement l’herbe sèche et piétinée pour la rejoindre.

  — Je t’ai vue lorsque tu discutais avec Latie, Ayla, lui dit-il. J’aurais bien aimé te rejoindre car je voulais te présenter quelques amis. Mais nous n’avons pas le droit de nous approcher du Camp des Filles Qui Gloussent...

  Il s’interrompit et rougit, gêné d’avoir employé devant Ayla le sobriquet que les jeunes gens donnaient au Camp dont l’entrée leur était interdite.

  — Ne t’en fais pas, Danug. C’est vrai qu’elles gloussent pas mal.

  Le jeune homme se détendit.

  — Ce petit nom n’est pas bien méchant, reconnut-il. Es-tu pressée ? Peux-tu venir maintenant pour que je te présente mes amis ?

  Ayla lança un regard interrogateur à Ranec.

  — Moi aussi, je comptais lui présenter des gens. Mais nous avons le temps. Nous pouvons commencer par tes amis.

  Danug les entraîna à sa suite. La femme aux pieds rouges était toujours au milieu du groupe de jeunes gens.

  — Je désirais faire ta connaissance, Ayla, dit-elle quand Danug eut fait les présentations. Tout le monde parle de toi, se demande d’où tu viens et pourquoi les animaux t’obéissent. Tout ça est tellement mystérieux que je sens que nous allons en parler pendant des années. (Elle sourit et fit un clin d’œil à Ayla.) Suis mon conseil. Ne leur dis pas d’où tu viens. Laisse-les se poser des questions. C’est bien plus amusant.

  Ranec se mit à rire.

  — Elle a sûrement raison, Ayla. Dis-moi, Mygie, comment se fait-il que tu aies les pieds rouges cette année ?

  — Quand Zacanen et moi nous nous sommes séparés, je n’ai pas voulu rester dans son Camp. Mais je n’étais pas sûre, non plus, de vouloir retourner dans le Camp de ma mère. J’ai donc choisi de devenir pied-rouge. Cela m’a permis de trouver un endroit où vivre pendant quelque temps et si la Mère décide de me récompenser avec un enfant, je n’aurai pas à me plaindre. Tiens, ajouta-t-elle soudain, ça me fait penser à quelque chose. Sais-tu que la Mère a donné un enfant de ton esprit à une autre femme, Ranec
? Tu te souviens de Tricie ? La fille de Marlie ? Celle qui vit dans le Camp du Loup ? Elle avait choisi d’avoir les pieds rouges l’année dernière et cette année, elle a un petit garçon. La fille de Toralie avait la peau noire comme la tienne, tandis que ce garçon à la peau claire et des cheveux roux comme les siens. Mais il te ressemble beaucoup, il a le même nez que toi et exactement tes traits. Elle l’a appelé Ralev.

  Ayla regarda Ranec en souriant d’un air bizarre. Elle remarqua que son visage semblait encore plus sombre qu’à l’ordinaire. Il rougit, songea-t-elle. Mais pour le savoir, il faut bien le connaître. Je suis sûre qu’il se souvient de Tricie.

  — Si nous y allions, proposa Ranec en la prenant par la taille, comme s’il était brusquement pressé de traverser la clairière.

  Mais Ayla lui résista un court instant.

  — Cette rencontre était très intéressante, Mygie, dit-elle. J’espère que nous aurons à nouveau l’occasion de parler ensemble. Puis, se tournant vers le fils de Nezzie, elle continua :

  — Cela m’a fait plaisir de rencontrer tes amis, Danug. (Elle lui sourit ainsi qu’à Druwez, un de ses sourires à vous couper le souffle.) J’ai été heureuse de faire votre connaissance, ajouta-t-elle en regardant chacun à leur tour les amis de Danug.

  Le jeune homme la regarda s’éloigner en compagnie de Ranec.

  — J’aurais bien aimé qu’Ayla ait les pieds rouges, avoua-t-il avec un soupir.

  Un murmure d’approbation suivit cette déclaration.

  Quand Ayla et Ranec passèrent devant la grande hutte cernée sur trois de ses côtés par la clairière, la jeune femme entendit le son d’un tambour et un autre son qui lui était inconnu. Elle jeta un coup d’œil en direction de l’entrée, mais celle-ci était fermée. Au moment où ils allaient pénétrer dans un autre Camp qui se trouvait en lisière de la clairière, une femme leur barra la route. Elle était plus petite que la moyenne et sa peau d’un blanc laiteux était parsemée de taches de rousseur. Ses yeux bruns, pailletés d’or et de vert, brillaient de colère.

  — Tu es donc arrivé avec le Camp du Lion, Ranec, dit-elle. Pourquoi ne t’es-tu pas arrêté à notre hutte pour dire bonjour ? En ne te voyant pas, j’ai pensé que tu t’étais noyé dans la rivière ou que tu avais été écrasé par les sabots d’un troupeau, ajouta-t-elle d’une voix venimeuse.

  — Tricie ! Je... euh... J’avais l’intention de passer mais... il a fallu installer le Camp.

  Lui qui avait un tel bagou d’habitude, il semblait avoir perdu sa langue et s’il n’avait pas eu la peau noire, son visage aurait été en cet instant aussi rouge que les pieds de Mygie.

  — Tu ne me présentes pas à ton amie, Ranec ? demanda la jeune femme d’un air sarcastique.

  — Si, bien sûr. Ayla, voici Tricie, une de mes... amies.

  — J’aurais aimé te montrer quelque chose, dit Tricie, en ignorant grossièrement les présentations. Mais je suppose que ça n’a plus d’importance maintenant. Une Promesse qui n’est pas officielle ne signifie pas grand-chose. Je suppose que c’est la femme à laquelle tu vas t’unir lors de la Cérémonie de l’Union de la saison.

  Il y avait dans sa voix une note douloureuse, en plus de la colère. Ayla avait deviné quel était le problème, elle plaignait Tricie et se demandait comment elle allait s’y prendre pour sortir de cette situation délicate. Elle s’avança vers elle et lui dit, les deux mains tendues :

  — Tricie, je suis Ayla des Mamutoï, fille du Foyer du Mammouth du Camp du Lion et sous la protection du Lion des Cavernes.

  Cette présentation en règle rappela à Tricie qu’elle était la fille d’une Femme Qui Ordonne et que c’était le Camp du Loup qui accueillait cette année la Réunion d’Été. Cela lui conférait des responsabilités.

  — Au nom de Mut, la Grande Mère, le Camp du Loup te souhaite la bienvenue, Ayla des Mamutoï, dit-elle.

  — On m’a dit que tu étais la fille de Marlie.

  — Oui, répondit Tricie.

  — J’ai eu l’occasion de faire sa connaissance. C’est une femme remarquable. Je suis heureuse de te connaître.

  Ayla entendit le soupir de soulagement de Ranec. Elle lui jeta un coup d’œil puis, regardant par-dessus son épaule, aperçut Deegie qui se dirigeait vers la hutte où elle avait entendu le son du tambour. Elle se dit soudain qu’il valait mieux laisser Ranec seul avec Tricie.

  — Ranec, j’aperçois Deegie, dit-elle. Il y a quelque chose dont j’aimerais parler avec elle. J’irai voir les sculpteurs plus tard, ajouta-t-elle en le quittant brusquement.

  Quand elle fut partie, Ranec réalisa soudain qu’il ne pouvait plus se dérober : qu’il le veuille ou non, il allait être obligé d’avoir une explication avec Tricie. Il jeta un coup d’œil à la jeune femme debout en face de lui : malgré sa colère, elle semblait bien vulnérable. La saison précédente, ses longs cheveux roux et ses pieds rouges la rendaient doublement désirable et elle était, elle aussi, une artiste. Ranec avait été très impressionné par la qualité de son travail. Ses paniers étaient d’une beauté exquise et la natte d’une qualité exceptionnelle qui se trouvait chez lui sortait de ses mains. Elle avait pris tellement au sérieux son offrande à la Mère qu’il n’était pas question qu’elle commence par accorder ses faveurs à un homme expérimenté. Et cela n’avait fait que décupler le désir de Ranec.

  Malgré le désir qu’il en avait, il ne s’était pas engagé officiellement vis-à-vis d’elle, Tricie n’avait pas voulu. Comme elle s’était consacrée à Mut, elle craignait, en cas de Promesse officielle, que la Mère se sente offensée et la prive de Sa bénédiction. La Mère ne devait pas être si en colère que ça, se dit Ranec, puisqu’Elle s’est servie de l’essence de mon Plaisir pour que Tricie ait un enfant. Il supposait que c’était ce que Tricie voulait lui montrer : cet enfant de son esprit qu’elle pouvait maintenant amener dans son foyer. Dans d’autres circonstances, cela l’aurait rendue irrésistible. Mais Ranec aimait Ayla. S’il en avait eu les moyens, il les aurait demandées toutes les deux. Mais il était obligé de choisir, la question ne se posait même pas. A la simple pensée qu’il risquait de perdre Ayla, son estomac se contractait sous l’effet de la panique. Il la désirait plus qu’aucune autre femme.

  Ayla appela Deegie et, quand elle l’eut rattrapée, elles se dirigèrent ensemble vers la hutte.

  — J’ai vu que tu avais rencontré Tricie, dit Deegie.

  — Oui. Mais elle semblait avoir besoin de parler avec Ranec. Quand je t’ai aperçue, j’ai sauté sur cette excuse pour les laisser seuls.

  — Je comprends qu’elle veuille parler avec lui, La saison dernière, tout le monde disait qu’ils avaient l’intention de s’unir.

  — Je ne sais pas si tu es au courant, mais elle a eu un bébé. Un fils.

  — Non, je n’en savais rien ! J’ai tout juste eu le temps de saluer tous ceux que je connais et personne ne m’a rien dit. A cause de l’enfant, le Prix de la Femme va être encore plus élevé. Qui te l’a dit ?

  — Mygie, une des pieds-rouges. Elle dit que c’est le fils de son esprit.

  — C’est la seconde fois que cela lui arrive. Avec les autres hommes, on ne peut jamais dire avec certitude de quel esprit il s’agit. Mais avec lui, on ne peut pas se tromper, à cause de la couleur.

  — Mygie a dit que ce bébé avait la peau claire et les cheveux roux. Mais que son visage ressemblait beaucoup à celui de Ranec.

  — C’est très intéressant, tout ça ! J’ai l’impression qu’il va falloir que j’aille voir Tricie, dit Deegie avec un sourire. La fille d’une Femme Qui Ordonne se doit de rendre visite à la fille d’une autre Femme Qui Ordonne, surtout lorsqu’il s’agit du Camp qui nous offre l’hospitalité. Tu m’accompagneras ?

  — Je ne sais pas... Oui, je pense que je viendrai avec toi.

  Elles avaient atteint l’entrée en forme d’arche de la hutte d’où s’échappaient un peu plus tôt ces sons étonnants.

  — Je comptais m’arrêter à la Hutte des Musiciens, expliqua Deegie. Je suis certaine que cela va te plaire, a
jouta-t-elle en grattant la peau qui fermait l’entrée.

  Tandis qu’elles attendaient qu’on vienne leur ouvrir, Ayla jeta un coup d’œil autour d’elle.

  Au sud-ouest de l’entrée se trouvait une palissade, fabriquée avec sept défenses de mammouth et d’autres os, entre lesquels on avait entassé de l’argile pour la renforcer. Probablement un brise-vent, se dit Ayla. Le campement était situé dans une cuvette et le vent ne pouvait venir que de la vallée où coulait la rivière. Au nord-est se trouvaient quatre énormes foyers en plein air et deux aires de travail. L’une d’elles était réservée à la fabrication des outils en os et en ivoire, l’autre à la taille des silex que l’on ramassait non loin de là. Ayla ne fut pas surprise d’y voir Jondalar en compagnie de Wymez et d’autres Mamutoï, hommes et femmes, qui travaillaient la pierre.

  Comme on venait de soulever la tenture en peau, Deegie fit signe à Ayla de la suivre. Mais quelqu’un les arrêta.

  — Tu sais que nous ne laissons pas entrer les visiteurs quand nous répétons, Deegie.

  — Mais, Kylie, c’est une fille du Foyer du Mammouth, expliqua Deegie, un peu surprise.

  — Elle n’a pas de tatouage. Comment peut-elle être une mamutoï si elle n’est pas tatouée ?

  — C’est Ayla, la fille du vieux Mamut. Il l’a adoptée.

  — Un instant, je vais voir...

  Elles durent attendre à nouveau, malgré l’impatience de Deegie.

  — Pourquoi ne m’as-tu pas dit que c’était celle qui a les animaux s’écria Kylie quand elle revint. Entrez, leur dit-elle.

  — Tu aurais pu te douter que jamais je n’aurais amené ici quelqu’un qui ne convienne pas, dit Deegie.

  Il ne faisait pas sombre à l’intérieur car le trou à fumée était plus grand que d’ordinaire et laissait entrer la clarté. Néanmoins, après l’éclatante clarté du soleil, Ayla eut besoin d’un certain temps avant de pouvoir détailler celle qui les avait accueillies. Comme elle était beaucoup plus petite que Deegie, elle avait d’abord cru qu’il s’agissait d’une enfant. Mais en la regardant de plus près, elle s’aperçut qu’elle était légèrement plus âgée que Deegie. Elle était petite et très mince, ce qui l’avait induite en erreur. Mais elle avait une démarche souple et gracieuse et l’assurance d’une femme faite.

 

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