Si tu ordonnes aux nôtres de te suivre…
Je n’en ai pas l’intention. Je ne suis pas du genre à priver quiconque de son libre arbitre, moi.
Il tressaillit face à l’accusation, et sa queue fouetta l’air. Puis il avança d’un pas, et nous nous retrouvâmes nez à nez, ses crocs à seulement quelques centimètres des miens. Je me rendis compte brusquement que j’étais devenu plus grand que lui.
Il ne peut y avoir deux Alpha, Jacob. La meute m’a choisi. Seras-tu celui qui nous divisera ce soir ? Tourneras-tu le dos à tes frères ? Ou cesseras-tu de débiter des insanités pour rallier nos rangs ?
Chaque mot avait beau être lesté du poids de l’ordre, j’étais désormais immunisé. Un sang de pur Alpha coulait dans mes veines. La raison pour laquelle chaque meute n’avait qu’un seul chef me devint soudain évidente. Mon corps réagit à la provocation de Sam. L’instinct me poussa à défendre mon dû. L’essence même de ma personnalité primitive de loup m’incita à lutter pour la suprématie. Je mis toute mon énergie à y résister. Inutile de tomber dans un combat destructeur et dénué de sens. Sam restait mon frère, même si je rejetais son commandement.
Cette meute n’a qu’un Alpha, je ne le conteste pas. Je choisis juste ma propre voie.
Ferais-tu partie de leur clan, Jacob ?
Je frémis sous l’insulte.
Je l’ignore, Sam. En revanche, je sais ceci… Je m’interposerai entre vous et les Cullen. Je ne me bornerai pas à regarder la meute tuer des innocents – qualifier les vampires de ce mot était difficile, mais si vrai. La meute vaut mieux que cela. Mène-la dans la bonne direction.
Le poids de l’Alpha dans ma voix lui fit courber l’échine. Mon autorité l’atteignait plus que moi la sienne, parce que j’étais né pour le diriger.
Un chœur de hurlements salua ma déclaration, et je partis. Plantant mes griffes dans le sol, je m’enfuis du tohu-bohu que je venais de provoquer. Je ne disposais pas de beaucoup de temps. Heureusement, Leah était la seule susceptible de me rattraper, et j’avais une bonne longueur d’avance.
Les cris s’estompèrent avec la distance, et cela me rassura. Ils ne s’étaient pas encore lancés à ma poursuite. Il fallait que j’avertisse les Cullen avant que la meute ne se reprenne et ne m’arrête. Si le clan était préparé, Sam serait obligé de revoir ses plans avant qu’il ne soit trop tard. Je fonçai vers la villa blanche, que j’abhorrais toujours autant, abandonnant mon foyer. D’ailleurs, je n’avais plus de foyer. Je lui avais tourné le dos.
Cette journée avait commencé comme n’importe quelle autre. J’étais rentré chez moi après une nuit de patrouille, par une aube pluvieuse, j’avais pris mon petit déjeuner en compagnie de Billy et de Rachel, j’avais regardé des âneries à la télévision, je m’étais chamaillé avec Paul… Comment les choses avaient-elles réussi à changer de manière aussi brutale et irréelle ? Comment la situation avait-elle pu prendre un tour si compliqué que je me retrouvais seul, Alpha malgré moi, coupé de mes frères auxquels je préférais les vampires ?
Le son que j’avais redouté interrompit mes réflexions sans queue ni tête – le doux impact de grosses pattes sur le sol, à mes trousses. J’accélérai. Il me suffisait d’approcher suffisamment pour qu’Edward saisisse mes pensées et l’avertissement dont j’étais porteur. Seule, Leah ne serait pas en mesure de m’arrêter.
Puis je captai l’humeur de l’esprit qui était derrière moi. Pas de colère, de l’enthousiasme. Pas une chasse… une escorte.
Trébuchant, je manquai de tomber avant de me ressaisir.
Attends ! Mes pattes ne sont pas aussi longues que les tiennes.
Seth ! Qu’est-ce que tu fiches ici ? Rentre à la maison !
Il ne répondit pas, mais je perçus son entrain. Je voyais à travers ses yeux comme lui à travers les miens. Cette nuit, qui signifiait tristesse et désespoir pour moi, était prometteuse pour lui. Soudain, il fut à mon flanc. Je ne m’étais pas rendu compte que j’avais ralenti.
Je ne plaisante pas, Seth ! Tu n’as rien à faire ici. File !
Je suis avec toi, Jacob, répliqua-t-il. Je pense que tu as raison. Pas question de me rallier à Sam, alors qu’il…
Oh que si, tu vas te rallier à lui ! Tire ton derrière poilu d’ici, retourne à La Push et obéis à Sam !
Non.
Vas-y, Seth !
Est-ce un ordre, Jacob ?
Sa question me désarçonna tant que je stoppai net.
Je ne donne d’ordre à personne. Je te dis juste ce que tu sais déjà.
Il se laissa tomber à côté de moi.
Je vais te dire ce que je sais, moi. Je sais que le calme est incroyable. Tu as remarqué ?
Je tressaillis. Ma queue s’agita nerveusement quand je me rendis compte de la signification de ces paroles. Le calme ne régnait pas, dans un certain sens. Les hurlements continuaient de résonner, loin, très loin à l’ouest.
Ils ne se sont pas encore transformés, lâcha Seth.
Bien sûr. La meute était en alerte rouge, à présent, et c’est en gardant les liens de l’esprit qu’elle surveillerait sans relâche les alentours. Toutefois, je ne captais plus les pensées de mes frères. Je n’entendais que Seth, personne d’autre.
J’ai bien l’impression que des meutes différentes ne sont pas connectées mentalement, commenta ce dernier. Mais bon, nos ancêtres n’avaient aucune raison d’être au courant de ce phénomène, vu que la meute ne s’est jamais divisée avant. Faute d’un nombre suffisant de loups. Wouah ! Quel sacré silence ! Bizarre. Pas mal non plus, remarque. Non ? Je te parie que c’était plus facile pour Ephraïm, Quil et Levi. À trois, pas de bavardages incessants. Ni à deux.
La ferme, Seth.
À vos ordres.
Ça suffit ! Il n’y a pas deux meutes. Il y a la meute, et il y a moi. Rien de plus. Alors rentre à la maison.
S’il n’y a pas deux meutes, pourquoi toi et moi, mais pas eux, communiquons mentalement ? À mon avis, ta défection auprès de Sam est très significative. C’est un changement. Que je te suive en est un aussi.
D’accord, admis-je. Mais un changement est toujours réversible.
Il se leva, trottina vers l’est.
On discutera de ça une autre fois. Pour l’instant, mieux vaudrait avancer.
Il avait raison. Inutile de perdre du temps à se disputer. Je repartis, moins vite qu’auparavant cependant. Seth suivait, au poste traditionnel de second de la meute.
Je peux m’en aller, proposa-t-il, le museau bas. Je ne me suis pas rallié à toi pour obtenir une promotion.
Va où tu veux, je m’en fiche.
Nous ne percevions aucun bruit de poursuite, ce qui ne nous empêcha pas d’accélérer. J’étais inquiet, désormais. Si j’étais coupé de la meute, la situation n’en serait que plus difficile. À l’instar des Cullen, je ne serais pas prévenu à l’avance d’une éventuelle attaque.
On n’aura qu’à organiser des patrouilles, suggéra Seth.
Et si la meute nous défie ? Tu te battrais contre tes frères ? Contre ta sœur ?
Non. On sonne l’alarme, puis on s’écarte.
Bien vu. Et ensuite ? Je ne crois pas que…
Je sais, reconnut-il en perdant un peu de son assurance. Je ne pense pas non plus que je serai capable de les affronter. Mais ce sera pareil pour eux. Ce qui pourrait suffire à calmer le jeu, à ce stade. Et puis, ils ne sont plus que huit, maintenant.
Arrête d’être aussi… optimiste. Ça me tape sur le système.
O.K. Tu veux que je sois triste comme un lendemain de fête, ou juste que je la ferme ?
Juste que tu la fermes.
C’est envisageable.
Ah bon ? Tu n’en donnes pas l’air.
Pourtant, il se tut.
Nous ne tardâmes pas à traverser la route puis la forêt qui bordait la demeure des Cullen. Edward nous avait-il déjà repérés ?
On devrait peut-être penser un truc du style : « Nous sommes des émissaires de la paix. »
Je t’en prie.
> Edward ? Edward, tu es là ? Bon, d’accord, je me sens idiot.
Tu l’es.
Tu crois qu’il nous a détectés ?
Nous étions à moins de deux kilomètres.
Oui. Hé, Edward ! Si tu m’entends, prépare la poix bouillante ! T’es dans les ennuis, buveur de sang !
Nous sommes dans les ennuis, corrigea Seth.
Nous déboulâmes sur la vaste pelouse. La maison était plongée dans l’obscurité, mais pas déserte. Edward se tenait sur le perron, encadré par Emmett et Jasper. Dans la lueur de la nuit, ils étaient blancs comme de la neige.
— Jacob ? Seth ? Que se passe-t-il ?
Je ralentis, puis reculai de quelques pas. L’odeur était si forte, quand j’étais loup, que j’avais vraiment l’impression qu’elle me brûlait. Seth gémit doucement, hésita, puis s’assit derrière moi.
Pour répondre à la question d’Edward, je laissai mon esprit dérouler ma confrontation avec Sam. Seth m’imita, comblant les lacunes, montrant la scène selon un point de vue différent. Nous nous interrompîmes au moment où le mot « abominable » résonnait, car Edward avait bondi des marches, outragé.
— Ils veulent tuer Bella ? demanda-t-il d’une voix atone.
Ses frères, qui n’avaient pas pu suivre notre conversation, prirent son interrogation pour une constatation. Ils le rejoignirent en un éclair, lèvres retroussées, prêts à nous foncer dessus.
Hé, du calme ! pensa Seth en reculant.
— Pas eux ! intervint Edward. Les autres. La meute arrive.
Emmett et Jasper se figèrent sur place, puis Emmett se tourna vers Edward pendant que Jasper nous fixait du regard.
— C’est quoi, leur problème, à ces deux-là ? demanda Emmett.
— Le même que le mien, rétorqua son frère. Ils ont un plan. Va chercher les autres ! Appelle Carlisle. Que lui et Esmé rentrent immédiatement !
Ils s’étaient séparés ! La nouvelle m’agaça.
— Ils ne sont pas loin, me rassura Edward, sur le même ton morne.
Je vais jeter un coup d’œil autour de la propriété, annonça Seth. Je m’occupe du périmètre ouest.
— Cours-tu un danger ? lança Edward.
Seth et moi échangeâmes un coup d’œil.
Je ne crois pas, pensâmes-nous en même temps.
Mais je devrais peut-être l’accompagner, ajoutai-je. Juste au cas où.
Je doute qu’ils me défient, objecta Seth. Pour eux, je ne suis qu’un môme.
Pour moi aussi, le môme.
J’y vais. Toi, organise les choses avec les Cullen.
Il fila dans l’obscurité. Comme je me refusais à commander, je le laissai faire. Edward et moi nous regardâmes en silence. Emmett marmonnait dans son téléphone. Jasper contemplait l’endroit où Seth avait disparu dans les bois. Alice apparut sur le porche et, après m’avoir observé d’un air anxieux, rejoignit Jasper. Rosalie devait être à l’intérieur, avec Bella. À monter la garde. À la protéger des dangers qui n’étaient pas les bons.
— Encore une fois, je suis obligé de t’exprimer ma gratitude, Jacob, murmura Edward. Jamais je ne me serais permis d’exiger pareil sacrifice de ta part.
Je repensai à la prière qu’il m’avait adressée, un peu plus tôt dans la journée. Quand il s’agissait de Bella, il n’y avait pas de ligne qu’il ne fût prêt à franchir.
Si.
— Tu as raison, oui, admit-il après avoir réfléchi quelques instants.
Mais, encore une fois, ce n’est pas pour toi que je le fais, soupirai-je.
— Oui.
Désolé de n’avoir servi à rien. Je t’avais prévenu qu’elle ne m’écouterait pas.
— Oui. Je n’y ai jamais vraiment cru. Mais…
Il fallait essayer. Va-t-elle mieux ?
— Non, c’est pire, lâcha-t-il d’une voix encore plus terne qu’avant.
Je fus soulagé qu’Alice intervienne et détourne mon attention de Bella.
— Tu voudrais bien changer de forme, Jacob ? J’aimerais comprendre ce qui se passe.
Je secouai la tête, et Edward lui répondit.
— Il faut qu’il reste en contact avec Seth.
— Bon, alors serais-tu assez aimable, toi, pour me mettre au courant ?
Il lui résuma la situation en quelques phrases dénuées d’émotion :
— La meute estime que Bella est devenue un problème. Ils jugent que la… que ce qu’elle porte représente un danger potentiel, et qu’il est de leur devoir d’éradiquer ce danger. Jacob et Seth se sont désolidarisés d’eux et nous ont avertis. Les autres s’apprêtent à nous attaquer. Cette nuit.
Alice s’éloigna de moi, mécontente. Emmett et Jasper échangèrent un regard, avant de fixer de nouveau les arbres.
Il n’y a personne dans les parages, annonça Seth. Tout est calme sur le front ouest.
Ils peuvent décider de nous prendre à revers.
Je vais remonter un peu, alors.
— Carlisle et Esmé rentrent, lâcha Emmett. Ils seront ici dans moins de vingt minutes.
— Bien, acquiesça Edward. Rentrons.
Je rejoins Seth dans sa ronde. Si je m’éloigne trop, et que tu ne m’entends plus, guette mon hurlement.
— D’accord.
Toujours rien, me communiqua Seth.
Je prends l’autre moitié du périmètre. Bouge-toi, il serait dommage qu’ils se faufilent entre nous deux.
Il accéléra. Nous courûmes en silence. Je prêtai l’oreille aux bruits alentour, vérifiant que Seth ne s’était pas trompé.
Hé ! Quelqu’un arrive à toute vitesse ! me prévint-il au bout d’un quart d’heure.
Je te rejoins !
Non, reste où tu es. Je ne crois pas que ce soit la meute. C’est différent.
Seth…
Il huma le vent, et je décryptai l’arôme qui avait envahi son esprit.
Vampire. Je te parie que c’est Carlisle.
Recule, Seth. Ça pourrait être autre chose.
Non, ce sont bien eux. Je reconnais leur odeur. Attends, je vais me transformer pour leur expliquer.
Seth, non ! Je ne…
Il avait déjà disparu. Anxieusement, je courus vers la bordure ouest du périmètre. Ne serait-ce pas génial si je me révélais incapable de veiller sur Seth le temps d’une nuit ? Et si quelque chose lui arrivait durant ma garde ? Leah me mettrait en pièces.
Il eut la grâce de faire vite. Moins de deux minutes plus tard, je le perçus de nouveau dans ma tête.
C’est bien ça. Carlisle et Esmé. Je ne te dis pas leur surprise quand ils m’ont vu. Ils sont sûrement rentrés dans la maison, là. Carlisle te remercie.
C’est un chic type.
Ouais. Une des raisons qui justifient notre décision.
Je l’espère.
Pourquoi es-tu si pessimiste, Jake ? Je suis sûr que Sam ne bougera pas cette nuit. Il n’est pas du genre à se lancer dans une mission suicide.
Je poussai un soupir. Quoi qu’il se passe, ça paraissait ne guère avoir d’importance.
Oh ! Ce n’est pas lui qui te préoccupe, hein ?
La trace de Seth me chatouilla soudain les narines, et je sus que j’étais parvenu au bout de ma ronde. Nous avions couvert tout l’endroit.
Tu penses que Bella va mourir, de toute façon.
Oui.
Pauvre Edward. Il doit être fou.
Il l’est. Littéralement.
Le prénom raviva des souvenirs à la surface de mon cerveau. Seth les déchiffra, stupéfait.
Oh, mec ! se mit-il ensuite à hurler. Pas question ! Ne me dis pas que tu lui as promis ça ! C’est complètement nul, Jacob ! Et tu le sais ! Je n’en reviens pas que tu aies accepté de le tuer ! Tu es cinglé ou quoi ? Il faut que tu refuses !
La ferme, crétin ! Ils vont croire que la meute débarque !
Houps !
Il se tut.
Revenant sur mes pas, je filai vers la villa.
Ne te mêle pas de cela, Seth. Continue plutôt à patrouiller.
> J’ignorai ses protestations.
Fausse alerte ! pensai-je en me rapprochant. Fausse alerte ! Seth est jeune. Il s’est laissé aller. Personne n’attaque. Fausse alerte !
Quand je regagnai la pelouse, je vis Edward posté derrière une fenêtre sombre. Je poursuivis ma course afin de vérifier qu’il m’avait bien entendu.
Il n’y a rien. Tu as eu le message ?
Il hocha la tête. Tout cela aurait été plus facile si la communication ne s’était pas opérée dans un seul sens. En même temps, j’étais content de ne pas être dans son crâne.
Il regarda derrière lui, à l’intérieur de la villa, et un frisson le secoua tout entier. Sans se retourner vers moi, il me fit signe de partir, puis lui-même disparut de ma vue.
Qu’y a-t-il ?
Comme si j’allais obtenir une réponse !
Assis, immobile, je tendis l’oreille. Lorsque j’étais loup, j’entendais presque les doux bruits de pas de Seth, à des kilomètres d’ici. Les sons en provenance de la maison furent très simples à capter.
— Une fausse alerte, expliquait Edward, répétant ce que je venais de lui apprendre. Seth a mal réagi à quelque chose et a oublié que nous guettions un signal. Il est très jeune.
— Super ! grommela une voix plus grave. Le fort est gardé par des gosses.
— Ils nous ont rendu un fier service, ce soir, Emmett, intervint Carlisle. Qui implique aussi un gros sacrifice personnel.
— Ouais. Je suis jaloux, c’est tout. Je voudrais être dehors avec eux.
— Seth pense que Sam n’attaquera pas cette nuit, précisa Edward mécaniquement. Pas maintenant que nous sommes prévenus, et que la meute est privée de deux de ses membres.
— Et quel est l’avis de Jacob ? demanda Carlisle.
— Lui est moins confiant.
Ils se turent. Un bruit de gouttes prit le dessus, que je ne pus identifier. Des respirations me parvinrent, parmi lesquelles je reconnus celle de Bella, haletante, difficile, heurtée. J’entendis les battements de son cœur, trop rapides. Je les comparai aux miens, sans être sûr toutefois que c’était un bon étalon. Après tout, je n’étais pas dans mon état normal.
— Ne la touche pas ! chuchota Rosalie. Tu vas la réveiller.
Un soupir.
— Rosalie, murmura Carlisle.
— Fiche-moi la paix. Nous t’avons laissé agir pour ça, mais nous ne permettrons rien de plus.
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