RÉVÉLATION

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RÉVÉLATION Page 36

by Stephenie Meyer


  — Oui, acquiesça-t-il, content. À présent, attends une bourrasque… Que sens-tu ?

  Lui, surtout – son étrange parfum de lilas, de soleil et de miel. Mais aussi les riches effluves de la terre, des racines et de la mousse, la résine des pins, l’arôme de noisette des petits rongeurs qui se cachaient au pied des arbres. Puis, tout à coup, l’odeur fraîche de l’eau, étonnamment peu attirante malgré ma soif. Remontant le torrent, je dénichai le fumet qui accompagnait les bruits de lapement et les chamades des cœurs. Des fragrances tièdes, puissantes, plus fortes que les autres. Et presque aussi peu appétissantes que le ruisseau. Je fronçai le nez. Il rit.

  — Je sais, il faut un peu de temps pour s’habituer.

  — Trois ?

  — Cinq. Il y en a deux autres dans les bois, à l’écart du torrent.

  — Qu’est-ce que je fais, maintenant ?

  — Qu’as-tu envie de faire ? riposta-t-il, l’air de sourire.

  J’y réfléchis, paupières closes, humant les traces du gibier. Une autre flamme brûlante me submergea et, brusquement, l’odeur animale sembla moins repoussante. Cette tiède moiteur allait humecter ma bouche desséchée. J’ouvris les yeux.

  — Ne te pose pas trop de questions, me conseilla Edward en reculant. Suis tes instincts.

  Je me laissai entraîner vers l’odeur, à peine consciente de mes mouvements, tandis que je dévalais en silence la pente menant à la clairière où coulait le ruisseau. Mon corps se tapit de lui-même dans les fougères, à l’orée des arbres. Sur la rive, j’aperçus un gros mâle dont la tête s’ornait de deux douzaines d’andouillers ; les silhouettes de ses quatre compagnons se découpaient sous la ramure. Ils s’enfonçaient dans la forêt à pas lents.

  Je me focalisai sur le fumet du mâle et sur le point chaud qui, au niveau de son cou velu, abritait une pulsation plus forte. Trente mètres – deux ou trois bonds – nous séparaient. Je me tendis, prête à m’élancer.

  À cet instant, le vent tourna, plus violent, en provenance du sud. Sans réfléchir, je surgis des bois en suivant une ligne perpendiculaire au plan que j’avais formé au départ, effrayant la bête qui s’enfuit, et me ruai sur les traces d’une odeur nouvelle, si enivrante que je n’avais d’autre choix que d’en localiser la source. C’était compulsif. Le parfum me dirigeait entièrement. Il m’obsédait, promettant d’étancher la soif qui me dévorait, pire maintenant, si douloureuse qu’elle m’égarait, et que je commençais à me souvenir de l’incendie que le venin avait déclenché dans mes veines.

  Seule une chose avait encore le pouvoir de m’atteindre, un instinct encore plus puissant que le besoin d’apaiser le feu – celui de préservation. Or, je m’aperçus soudain que j’étais suivie. L’attrait irrésistible de l’odeur lutta contre l’impulsion de me retourner et de protéger mon gibier. Un grondement monta de ma poitrine, mes lèvres se retroussèrent sur mes dents. Je ralentis, déchirée entre deux envies. Mais j’entendis que mon traqueur se rapprochait, et la défense l’emporta. Je virevoltai, et le grognement m’échappa.

  Le cri de bête fut tellement inattendu que je stoppai net. Déboussolée, je revins à moi, et le besoin de boire s’éloigna, bien que ma gorge brûlât encore. De nouveau, le vent tourna, m’envoyant à la figure l’odeur de terre humide et de pluie imminente, me libérant de l’emprise féroce de l’autre arôme – si exquis qu’il ne pouvait être qu’humain.

  À quelques pas de là, Edward hésitait, bras levés comme pour m’enlacer – ou me retenir. Ses traits étaient tendus et prudents. Je me figeai sur place, horrifiée. J’avais failli l’attaquer ! Je me redressai vivement, abandonnant ma posture agressive, et retins mon souffle. Mes idées s’éclaircirent, et je me mis à redouter la force des fragrances que les bourrasques apportaient du sud. Voyant que je me calmais, Edward baissa les bras et avança.

  — Il faut que je file d’ici ! lançai-je entre mes dents serrées.

  — Quoi ? s’exclama-t-il, ahuri. Tu saurais t’éloigner ?

  Je n’eus pas le temps de lui demander ce qu’il entendait par là. Consciente que ma capacité à réfléchir raisonnablement ne durerait que tant que j’arriverais à ne pas penser à… Je repris ma course, droit en direction du nord, ne songeant qu’à la désagréable sensation de privation qui semblait être la réaction de mon corps face au manque d’oxygène. Je n’avais qu’un objectif, mettre le plus de distance possible entre moi et le délicieux arôme, le semer de façon à ce qu’il soit indétectable si jamais je changeais d’avis…

  Une fois encore, je me rendis compte qu’on me suivait, mais j’avais recouvré mes esprits et ne m’affolai pas. Je luttai contre l’instinct qui me poussait à respirer afin de vérifier qu’il s’agissait bien d’Edward. Je n’eus pas à résister très longtemps, cependant. J’avais beau courir plus vite qu’auparavant, filant comme une comète sur le sentier le plus direct que je pouvais trouver au milieu des arbres, il me rattrapa au bout d’une petite minute.

  Une nouvelle pensée me traversa la tête et, derechef, je me figeai sur place. J’étais à peu près certaine de ne plus rien risquer, ici, mais je retins mon souffle pour plus de sécurité. Edward me doubla, dérouté par mon brusque arrêt. Revenant en arrière, il fut près de moi dans la seconde qui suivit. Il posa ses mains sur mes épaules et planta ses yeux dans les miens. Il était encore sous le choc.

  — Comment as-tu réussi à faire cela ? me demanda-t-il.

  — Tu m’as laissée gagner, tout à l’heure, hein ? rétorquai-je en ignorant sa question. Et moi qui croyais me débrouiller comme un chef !

  Pour avoir parlé, je m’aperçus que l’air était pur, désormais, débarrassé de toute trace du parfum captivant. J’aspirai prudemment. Edward secoua la tête, refusant de se laisser entraîner sur un autre terrain.

  — Comment t’y es-tu prise, Bella ?

  — Pour me sauver ? J’ai cessé de respirer.

  — Mais comment as-tu réussi à interrompre ta chasse ?

  — Tu es arrivé derrière moi… Je suis désolée, à propos.

  — Tu es folle de t’excuser ? C’est moi qui me suis montré d’une imprudence impardonnable ! J’ai cru que personne ne s’écarterait aussi loin des sentiers de randonnée, or j’aurais dû vérifier au préalable. Quel imbécile ! Toi, tu n’as aucune raison d’être désolée.

  — Mais je t’ai grogné dessus !

  J’étais horrifiée de m’apercevoir que j’étais physiquement capable de pareil blasphème.

  — Bien sûr ! Rien de plus naturel. Ce que je ne comprends pas, c’est comment tu es parvenue à t’enfuir.

  — Et que voulais-tu que je fasse ? m’emportai-je, faute de comprendre son attitude. Si ça se trouve, c’était quelqu’un que je connais !

  Soudain, il éclata d’un rire homérique qui me désarçonna.

  — Pourquoi te moques-tu de moi ? m’écriai-je.

  Il se ressaisit immédiatement, et ses prunelles retrouvèrent leur éclat inquiet. « Contrôle-toi », m’exhortai-je. Il fallait que j’apprenne à surveiller mes emportements. Comme si j’avais été un jeune loup-garou plutôt qu’un vampire nouveau-né.

  — Je ne me moque pas de toi, Bella. Je ris, parce que je suis choqué. Stupéfait.

  — Pourquoi ça ?

  — Tu ne devrais pas être en mesure d’agir ainsi. Tu ne devrais pas être aussi… rationnelle. Tu ne devrais pas être ici, en train de discuter calmement du sujet avec moi. Mieux encore, tu n’aurais pas dû pouvoir interrompre ta chasse, alors que l’air embaumait le sang humain. Même les vampires matures éprouvent des difficultés, dans ce genre de situation. Nous sommes toujours très prudents quand nous chassons, nous nous arrangeons pour ne pas croiser le chemin de la tentation. Tu te conduis comme si tu avais des dizaines d’années, Bella, pas quelques jours seulement !

  — Oh !

  Mais j’avais été prévenue que ce serait dur. Voilà pourquoi j’étais sur mes gardes. Edward prit mon visage entre ses mains. Ses yeux exprimaient un réel émerveillement.

  — Comme je regrette de
ne pouvoir lire dans tes pensées en ce moment, murmura-t-il.

  Que d’émotions ! J’avais été préparée à ressentir la soif dévorante, pas à réagir ainsi quand il me toucherait, cependant. Je m’étais persuadée que ce ne serait plus pareil. C’était d’ailleurs vrai. C’était différent. Plus puissant. À mon tour, je caressai ses traits, et mes doigts s’attardèrent sur ses lèvres.

  — Je croyais que je n’éprouverais rien de tel pendant très longtemps, chuchotai-je. Or, je te désire encore.

  — Comment y parviens-tu ? s’exclama-t-il, étonné. Tu dois mourir de soif, non ?

  Maintenant qu’il en parlait… oui ! Je déglutis puis, en soupirant, je fermai les paupières afin de mieux me concentrer. Je libérai mes sens, un peu tendue, au cas où la formidable odeur taboue m’assaillirait de nouveau.

  Edward me lâcha, cessa même de respirer, tandis que j’écoutais, m’enfonçant de plus en plus dans la forêt, à l’affût de traces olfactives et de bruits susceptibles de soulager ma gorge desséchée. Je finis par repérer quelque chose de différent, une piste, quelque part à l’est. J’ouvris les yeux d’un seul coup et je filai dans cette direction, guidée par mes sens aiguisés. Le terrain ne tarda pas à devenir raide. Je courais à demi accroupie, près du sol, en chasseuse, m’agrippant aux troncs quand cela m’aidait. Je sentais plus que je n’entendais Edward, derrière moi.

  Au fur et à mesure que nous grimpâmes, la végétation s’amenuisa, et le parfum de résine se renforça, à l’instar de l’odeur que je traquais, un fumet chaud et plus fort que celui des élans, plus attirant aussi. Au bout de quelques secondes, je perçus le frôlement étouffé de pattes énormes, bien plus subtil que le martèlement des sabots. Le son provenait de la ramure, pas du sol. Je me perchai aussitôt dans les branches d’un pin immense, escaladant les arbres jusqu’à une position plus élevée, stratégique.

  Plus bas, le bruit de pas se poursuivait, à présent furtif. La trace était toute proche. Je repérai les mouvements qui l’accompagnaient et distinguai le dos fauve du grand félin qui rampait sur une grosse branche d’épicéa, à ma gauche, légèrement en dessous de moi. Imposant, il devait faire quatre fois mon poids. Ses prunelles fixaient le sol – lui aussi était en chasse. Je captai l’odeur, insipide en compa raison de celle de ma proie, d’une créature plus petite qui se blottissait dans les broussailles. Le puma agita la queue, prêt à plonger.

  Je m’élançai dans l’air avec légèreté et atterris sur le perchoir qu’il occupait. Percevant le frémissement du bois, il se retourna vivement en feulant, à la fois surpris et agressif. Les iris enragés, il lacéra la branche. Ignorant ses crocs dévoilés et ses griffes sorties, je me jetai sur lui. Mon élan nous fit tomber par terre.

  Le duel fut aisé.

  Ses griffes qui se débattaient auraient pu être des doigts caressants, vu le peu d’effet qu’elles avaient sur ma peau. Ses crocs n’avaient pas de prise sur mon épaule ou mon cou. Son poids était celui d’une plume. La résistance qu’il m’opposa fut d’une faiblesse pitoyable, cependant que ma mâchoire cherchait sa gorge et se refermait sans mal autour de l’endroit exact où le flux se concentrait. J’eus l’impression de mordre dans du beurre. Mes dents d’acier acérées comme des lames de rasoir transpercèrent le poil, la graisse, les tendons comme s’ils n’avaient pas existé.

  Le goût me déplut, mais le sang était chaud et il apaisa ma soif. Je bus à longs traits. Les soubresauts de la bête devinrent de plus en plus faibles, et ses cris s’étranglèrent dans un bouillonnement. La tiédeur du liquide envahit mon corps, jusqu’au bout de mes doigts et de mes orteils.

  Ma victime ne suffit pas à me rassasier, et mes besoins repartirent de plus belle lorsque j’eus vidé l’animal. Dégoûtée, je repoussai sa carcasse. Comment était-il possible que j’eusse encore soif après tout ça ? Je me remis debout rapidement… pour me rendre compte que j’étais dans un sale état. Essuyant ma bouche d’un revers du poignet, je tentai d’arranger ma robe. Les griffes du puma, inefficaces sur ma peau, l’avaient réduite en lambeaux.

  — Hum…, commenta Edward.

  Levant les yeux, je découvris qu’il était nonchalamment appuyé à un tronc et me contemplait, pensif.

  — Je reconnais que j’aurais pu être plus soigneuse, admis-je.

  J’étais couverte de terre, j’avais les cheveux en bataille, des taches rouges maculaient ma tenue déchirée de toutes parts. Edward, lui, ne revenait pas de ses parties de chasse avec ces allures de souillon.

  — Tu t’es très bien débrouillée, me rassura-t-il. Simplement, j’ai eu plus de mal que je ne l’avais imaginé à assister au spectacle.

  Je le regardai sans comprendre.

  — Te laisser attaquer des pumas va à l’encontre des règles. J’ai cru mourir d’angoisse.

  — Bêta !

  — Oui. Les vieilles habitudes s’accrochent. En revanche, j’apprécie beaucoup ta nouvelle tenue.

  Si j’avais pu, j’aurais rougi. À défaut, je me contentai de changer de sujet.

  — Pourquoi suis-je encore assoiffée ?

  — Parce que tu es jeune.

  — Et je suppose qu’il n’y a pas d’autres fauves dans les parages, soupirai-je.

  — Non, mais des tas de cerfs.

  — Ils ne sentent pas aussi bons, grimaçai-je.

  — Parce que ce sont des herbivores. L’arôme des carnivores est ce qui se rapproche le plus de celui des humains.

  — Pas tant que ça, objectai-je.

  — On y retourne, si tu veux, me provoqua-t-il. Quels que soient les types qui étaient là-bas, si ce sont des hommes, ils accepteront sûrement la mort avec joie quand ils verront que c’est toi qui la leur administres. D’ailleurs, ajouta-t-il après avoir balayé mon corps indécent du regard, ils trépasseront et gagneront le paradis dès le moment où ils t’apercevront.

  — Allons plutôt traquer des herbivores puants ! grognai-je.

  Nous dénichâmes une harde importante sur le chemin du retour. Edward chassa avec moi, maintenant que je savais m’y prendre. J’abattis un gros mâle en faisant à peu près autant de saletés qu’avec le puma. Edward en tua deux alors que je n’avais pas encore terminé le mien. Pas un de ses cheveux ne dépassait, et sa chemise blanche était immaculée. Nous poursuivîmes le troupeau, qui s’était dispersé. Cependant, au lieu de me ruer sur mes proies, j’examinai la façon dont il s’y prenait pour chasser aussi proprement.

  Toutes les fois où Edward s’était absenté pour se nourrir, me laissant à la maison, j’avais éprouvé un secret soulagement. J’avais été persuadée, alors, que ces randonnées devaient être effrayantes, horribles ; qu’y assister aurait fini par m’amener à le considérer comme un vampire. Naturellement, c’était différent, maintenant, puisque j’étais moi-même une immortelle. Néanmoins, il me sembla que mes yeux d’humaine auraient su apprécier la beauté de la chose.

  Observer Edward en pleine action était d’une étrange sensualité. Ses bonds gracieux rappelaient les mouvements sinueux d’un serpent. Ses mains étaient sûres d’elles, puissantes, implacables. Ses lèvres conservaient leur perfection quand elles dévoilaient ses dents d’une blancheur éclatante. Il resplendissait, au point qu’une bouffée de fierté et de désir me submergea. Il était mien. Plus rien, désormais, ne nous séparerait. J’étais trop forte pour qu’on me l’arrache.

  Il fut rapide. Se tournant vers moi, il contempla avec curiosité mon air radieux.

  — Tu n’as plus soif ?

  — Tu m’as distraite. Tu es bien meilleur que moi.

  — J’ai surtout des siècles d’entraînement.

  Il sourit. Ses prunelles étaient d’une adorable et déconcertante couleur de miel doré.

  — Un seul siècle, le repris-je.

  Il s’esclaffa.

  — Alors, en as-tu terminé pour aujourd’hui ? Ou souhaites-tu continuer ?

  — Non, c’est bon, je crois.

  Je me sentais en effet remplie, presque trop, même. Sans savoir quelles doses supplémentaires de liq
uide j’aurais été capable d’absorber, je sentais que la brûlure de ma gorge s’était calmée. Tout en devinant qu’elle reviendrait bientôt, puisqu’elle était une part incontournable de ma nouvelle vie. Une part qui valait la peine, toutefois.

  J’avais l’impression de me contrôler. Je me trompais peut-être, mais je n’avais plus envie de tuer. Si j’étais en mesure de résister à un humain complètement étranger, serais-je capable de tenir, face à un loup-garou et à l’enfant à demi vampire que j’aimais ?

  — Je veux voir Renesmée, annonçai-je.

  Maintenant que ma soif était apaisée, à défaut d’être entièrement étanchée, mes premières inquiétudes me revenaient en force. Je tenais à réconcilier l’inconnue qu’était ma fille avec la créature que j’avais adorée, trois jours plus tôt. Ne plus l’avoir en moi était bizarre, et comme mal. Je me sentis soudain vidée et mal à l’aise.

  Edward me tendit la main, et je m’en emparai. Sa peau me sembla plus chaude qu’auparavant. Ses joues s’étaient colorées, ses cernes avaient disparu. Je ne pus m’empêcher de caresser son visage, encore et encore. Plongée dans ses iris dorés, j’en oubliai ma requête. Notant mentalement qu’il me fallait être prudente – ce qui fut presque aussi dur qu’il l’avait été de me détourner de l’odeur du sang humain –, j’enroulai mes bras autour de lui. Timidement. Lui ne fut pas aussi hésitant. M’enlaçant fermement, il m’attira à lui, et ses lèvres s’écrasèrent sur les miennes, avides et pourtant douces. Au lieu de s’y coller immédiatement, les miennes se retinrent.

  Comme autrefois, le contact de sa peau, de sa bouche, de ses mains parut pénétrer jusqu’au plus profond de moi-même. Je n’avais pas imaginé que je pouvais l’aimer encore plus qu’alors. Mon esprit d’humaine n’avait pas été capable d’envisager pareille passion. Mon cœur d’humaine n’avait pas été assez fort pour le supporter. C’était peut-être la partie de moi que j’avais emportée pour qu’elle fût intensifiée dans ma nouvelle vie. À l’instar de la compassion de Carlisle et de la dévotion d’Esmé. Je ne serais sans doute jamais en mesure de développer des dons aussi intéressants et particuliers que ceux d’Edward, Alice et Jasper. Je me bornerais peut-être à aimer Edward comme personne n’avait aimé dans l’histoire du monde.

 

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