— Drôle ? s'étonna-t-il.
— Étrange. Je pensais que ce phénomène n'affectait que moi. Parce que moi aussi je me suis éparpillée en mille morceaux. Voilà longtemps que je n'ai pas réussi à respirer à fond. (J'emplis mes poumons, jouissant de la délicieuse sensation.) Quant à mon cœur, j'ai bien cru qu'il était définitivement perdu.
Fermant les paupières, il reposa son oreille contre mon sein. De mon côté, j'enfouis mes joues dans ses cheveux, m'imprégnant de leur texture, humant leur merveilleuse odeur.
— La traque n'a donc pas constitué une grosse distraction ? demandai-je avec curiosité.
Et pour me distraire également, car j'étais dangereusement près d'espérer. Je n'allais pas pouvoir me retenir encore très longtemps. Dans ma poitrine, mon cœur douloureux chantait.
— Non, soupira-t-il. De plus, ça n'a jamais été une distraction, rien qu'une nécessité.
— Qu'est-ce que ça signifie ?
— Que, même si je ne m'étais pas attendu à ce que Victoria représente un quelconque danger, il était hors de question que je la laisse... Comme j'ai dit, j'ai été nul. Je l'ai pourchassée jusqu'au Texas, puis je me suis laissé détourner par une fausse piste qui m'a amené au Brésil, alors qu'en réalité elle revenait ici. Je n'étais même pas sur le bon continent ! Pendant ce temps, mon pire cauchemar...
— Tu as traqué Victoria ! m'exclamai-je d'une voix suraiguë.
Dans la pièce voisine, les ronflements de Charlie eurent quelques ratés avant de reprendre leur régularité.
— Pas très brillamment, répondit Edward en contemplant ma stupéfaction avec étonnement. Ne t'inquiète pas, désormais, je me débrouillerai mieux. Elle ne contaminera plus l'air en le respirant très longtemps.
— C'est... exclu, parvins-je à bredouiller.
Quelle folie ! Même si Emmett ou Jasper l'aidaient. Même si les deux l'aidaient. C'était pire que ce que j'avais envisagé : Jacob Black à deux pas de la silhouette féline et néfaste de Victoria. Je ne supportais pas l'image d'Edward sur les lieux, bien qu'il fût plus résistant que mon ami à moitié loup.
— Pour elle, c'est trop tard, répliqua-t-il. Si elle m'a échappé, une première fois, plus maintenant, pas après que...
Je le coupai derechef en affichant un calme que j'étais loin d'éprouver.
— Ne viens-tu pas de me jurer que tu ne m'abandonnerais plus ? ripostai-je en résistant à l'envie de croire à ces mots à mesure que je les prononçais. Voilà qui n'est pas franchement compatible avec une expédition de chasse, non ?
Il fronça les sourcils, et un grondement naquit au fond de sa gorge.
— Je tiendrai ma promesse, Bella. Mais Victoria doit mourir. Très vite.
— Inutile de se précipiter, objectai-je en dissimulant mon angoisse. Elle ne reviendra peut-être pas. Jake l'a sans doute effrayée définitivement. Il n'y a aucune raison de la pourchasser. De plus, j'ai un problème plus important sur les bras qu'elle.
— C'est vrai, admit-il. Les loups-garous.
— Je ne parlais pas de Jacob, grondai-je. Ce à quoi je pense dépasse largement une poignée de jeunes animaux qui se fourrent dans toutes sortes d'ennuis.
Il faillit protester, se ravisa. Ses dents claquèrent, et il susurra :
— Vraiment ? Alors quel est ce fameux problème ? Qu'est-ce qui te donne l'impression que le retour de Victoria serait de la petite bière, en comparaison ?
— Très bien, disons alors qu'il ne viendrait qu'en deuxième position dans l'ordre de mes soucis.
— Mouais, acquiesça-t-il, soupçonneux.
J'hésitai, à peu près certaine que je n'arriverais pas à prononcer le nom.
— Il y a ceux qui ne manqueront pas de venir me chercher.
Il soupira ; une réaction moins violente que celle à laquelle je m'étais attendue.
— Les Volturi ne sont pas le premier de tes soucis ?
— Ça n'a pas l'air de te bouleverser beaucoup.
— Nous avons amplement le loisir d'y réfléchir, répondit-il d'un ton léger. Le temps a une tout autre signification pour eux que pour toi, et même moi. Ils comptent les années comme toi les jours. Je ne serais pas surpris que tu aies trente ans avant qu'ils se souviennent de toi.
Je fus submergée par l'horreur. Trente ans !
Sa promesse n'avait donc aucun sens. Si je devais atteindre l'âge de trente ans, c'est qu'il n'avait pas l'intention de prolonger son séjour en ma compagnie. La brusque douleur de cette révélation me permit de m'apercevoir que j'avais commencé à espérer, alors que je me l'étais interdit.
— N'aie pas peur, murmura-t-il, inquiété par les larmes qui s'accumulaient au bord de mes yeux. Je les empêcherai de te faire du mal.
— Tant que tu seras là, répliquai-je.
Quant à ce qui se produirait ensuite, je m'en fichais comme d'une guigne.
— Je ne te quitterai plus jamais, répéta-t-il en coinçant mon visage entre ses paumes de pierre, cependant que ses yeux de nuit sans lune vrillaient les miens avec la force gravitationnelle d'un trou noir.
— Mais tu as parlé de trente ans ! gémis-je, et mes larmes débordèrent. Ça veut dire quoi ? Que tu vas rester mais que tu me laisseras vieillir ? C'est ça ?
Son regard s'adoucit, mais sa bouche se durcit.
— Exactement, répondit-il. Je n'ai pas le choix. Je ne peux pas vivre sans toi, et je refuse de te priver de ton âme.
— Est-ce vraiment...
Je tentai de garder une voix égale, en vain — la question était trop difficile. Je revoyais son visage quand Aro l'avait presque supplié de me rendre immortelle. Son air révulsé. Son obsession à me conserver humaine relevait-elle véritablement du souci de mon âme ? N'était-ce pas plutôt qu'il hésitait à vouloir de ma compagnie pour aussi longtemps ?
— Oui ?
J'optai pour un autre sujet, presque aussi pénible.
— Qu'en sera-t-il lorsque je serai si vieille qu'on me prendra pour ta mère ?
L'idée même me dégoûtait. Me revenait en mémoire l'image de grand-mère dans le miroir.
— Je m'en fiche, murmura-t-il, adouci, en séchant mes larmes de ses lèvres. Tu seras toujours la plus belle créature de mon univers. Bien sûr, si tu... mûrissais plus que moi, si tu exigeais plus, je le comprendrais. Et je te promets que je ne m'opposerais pas à ce que tu me quittes.
Ses yeux d'onyx liquide étaient absolument sincères, comme s'il avait consacré des heures de réflexion interminables à ses projets idiots.
— Tu te rends compte que je finirai par mourir, n'est-ce pas ?
À ça aussi, il avait pensé.
— Je te suivrai dans la tombe aussi vite que possible.
— Tu es complètement cinglé.
— Bella ! C'est notre seule manière de...
— Faisons marche arrière un instant ! l'interrompis-je, et la colère rendait la lucidité beaucoup plus facile. Tu n'as quand même pas oublié les Volturi ? Je n'ai pas le droit de rester humaine. Ils me tueront. Même s'ils ne songent pas à moi avant que j'aie trente ans, tu crois vraiment qu'ils me laisseront passer à travers les mailles du filet ?
— Non, admit-il lentement, mais...
— Mais ?
— J'ai quelques plans en réserve, annonça-t-il avec un sourire triomphal.
Décidément, je n'étais pas la seule à avoir perdu la raison.
— Et ces plans, marmonnai-je, de plus en plus acide, tournent autour d'une idée centrale, me garder humaine ?
— Évidemment ! s'emporta-t-il à son tour.
Il me toisa avec une divine arrogance, et nous nous affrontâmes du regard pendant une longue minute. Puis j'inspirai profondément, carrai les épaules et repoussai ses bras, de façon à m'asseoir.
— Souhaites-tu que je m'en aille ? s'enquit-il.
Je frémis en constatant que cette perspective le blessait, bien qu'il tentât de le cacher.
— Non, répondis-je. C'est moi qui m'en vais.
Suspicieux, il me suivit des yeux tandis que je me levais et tâtonnais dans la cha
mbre obscure pour tenter de trouver mes chaussures.
— Puis-je me permettre de te demander où tu vas ?
— Chez toi.
Se mettant vivement debout, il me tendit ce que je cherchais.
— Tiens, les voici. On peut savoir comment tu as l'intention de t'y rendre ?
— Avec la Chevrolet.
— Ça risque de réveiller Charlie, essaya-t-il de me dissuader.
— Je sais. Honnêtement, je m'en moque. Il va déjà me punir pendant des semaines, alors...
— Non. C'est à moi qu'il en veut.
— Tu as une meilleure idée ? Je suis tout ouïe.
— Reste ici.
— Des clous ! Mais je t'en prie, pars devant.
Et je me dirigeai vers la porte. Il y fut avant moi, me bloquant le passage. Furieuse, je me tournai vers la fenêtre. Ce n'était pas si haut, il y avait de l'herbe en dessous...
— Très bien, gronda-t-il, je t'y emmène.
— À ta guise. De toute façon, il vaudrait mieux que tu sois là-bas également.
— Pourquoi donc ?
— Parce que tu es une tête de mule. Au passage, conseil d'amie, tu devrais apprendre à t'ouvrir l'esprit.
— Sur quoi ?
— Cette histoire n'est plus de ton seul ressort. Tu n'es pas le centre du monde, tu sais ? (Là, je ne parlais évidemment pas de mon monde.) Si tu dois attirer les Volturi dans les parages parce que tu refuses bêtement de me transformer, il me semble que ta famille a le droit de dire son mot.
— Son mot sur quoi ?
— Ma mortalité. Je vais la mettre au vote.
24
LE VOTE
Il n'était pas content, aucun doute là-dessus. Mais, sans tergiverser davantage, il me prit dans ses bras et sauta agilement par la fenêtre. Il atterrit en bas avec une souplesse de chat. (Bon, à la réflexion, le bond était un peu plus important que je l'avais jaugé.)
— Allez, grimpe sur mon dos, grommela-t-il, rageur.
Sitôt que je fus installée, il décampa. Malgré les mois écoulés depuis la dernière fois, cela ressembla à une routine. Facile. Apparemment, c'était comme le vélo, ça ne s'oubliait pas. Il s'enfonça dans la forêt lourde de silence et d'ombres, le souffle lent et régulier. Seul le vent fouettant mon visage laissait deviner la vitesse à laquelle nous progressions. L'air humide ne me brûlait pas les yeux comme le vent l'avait fait sur la place principale de Volterra, et c'était un soulagement. À l'instar de la nuit d'ailleurs, après cette trop violente clarté italienne. Pareille au plaid épais sous lequel j'avais joué, enfant, l'obscurité était familière et protectrice. Je me rappelai combien courir ainsi dans les bois m'avait effrayée au point d'avoir dû fermer les paupières. À présent, ma réaction me paraissait bête. Menton sur son épaule et joue contre son cou, je gardai les yeux grands ouverts. La vitesse était enivrante. C'était cent fois mieux qu'une moto. J'appuyai mes lèvres contre sa peau à la froideur de pierre.
— Merci, dit-il, tandis que les silhouettes vagues des arbres défilaient autour de nous. Dois-je comprendre que tu as décidé que tu étais bien éveillée ?
Je ris, un bruit aisé et naturel. Juste.
— Pas vraiment, répondis-je. D'ailleurs, je n'essaie pas de me réveiller. Pas cette nuit.
— Un jour ou l'autre, je regagnerai ta confiance, murmura-t-il. Même si ça doit être ma dernière action.
— J'ai confiance en toi, affirmai-je. C'est en moi que je ne crois pas.
— Pardon ?
Il avait ralenti pour se mettre à marcher, maintenant — ce dont je me rendis compte uniquement parce que le vent avait cessé de souffler -, et je devinai que nous n'étions plus très loin de la villa blanche. J'eus même l'impression d'entendre la rivière qui bouillonnait, tout près de nous, quelque part dans la pénombre.
— Eh bien... disons que je ne suis pas sûre d'être... à la hauteur. De te mériter. Rien en moi ne devrait être capable de te retenir.
Il s'arrêta et me remit debout, m'enlaçant tendrement contre lui.
— Ton emprise sur moi est définitive et incassable, chuchota-t-il. N'en doute jamais.
Comment cela était-il possible ? Il reprit.
— Tu ne m'as toujours pas dit...
— Quoi ?
— Quel était ton plus grand souci.
— Devine.
Je caressai son nez du bout du doigt.
— Je suis pire que les Volturi, finit-il par lâcher, morose. J'imagine que j'ai mérité ça.
Je levai les yeux au ciel.
— Le pire que les Volturi puissent faire, c'est me tuer. Toi, tu as le loisir de me quitter. En comparaison, les Volturi, Victoria... ce n'est rien.
Malgré l'obscurité, je vis que l'anxiété déformait ses traits, comme quand Jane l'avait torturé des yeux. Je frissonnai, regrettant d'avoir lâché la vérité.
— Ne sois pas triste, chuchotai-je en effleurant son visage.
Il m'offrit un demi-sourire contraint.
— Si j'avais le moyen de te convaincre que je ne t'abandonnerai jamais ! souffla-t-il. J'imagine qu'il ne me reste plus qu'à compter sur l'œuvre du temps, pour ça.
— D'accord, acquiesçai-je, séduite par la perspective des années à venir avec lui.
Comme il paraissait encore malheureux, je passai à une chose plus anodine.
— Puisque tu restes, me rendras-tu mes affaires ? demandai-je en adoptant le ton le plus léger possible.
Il rit — ma ruse avait fonctionné — bien que la mélancolie de son regard persistât.
— Elles sont toujours chez toi. Je t'avais promis la paix et l'oubli, et ça n'a pas été très fair-play de ma part, c'était infantile et idiot même, mais je voulais laisser une trace de moi. Le CD, les photos, les billets d'avion sont dans ta chambre, sous une latte du plancher.
— Quoi ?
Il hocha la tête, visiblement rasséréné par le plaisir que cette annonce me procurait. Cela ne suffit pas cependant à gommer toute trace de chagrin sur ses traits.
— J'ai le sentiment, bien que je n'en sois pas certaine, que je m'en doutais depuis le début.
— De quoi donc ?
Je n'avais souhaité, au départ, qu'effacer la tristesse de ses iris, mais je me rendis compte que ma réponse était vraie.
— Une part de moi, mon subconscient peut-être, n'a jamais cessé de croire que tu ne te fichais pas entièrement que je vive ou meure. C'est sûrement pourquoi j'entendais ces voix.
Il y eut un silence.
— Des voix ?
— Juste la tienne. Ce serait un peu long à raconter.
Sa soudaine inquiétude me fit regretter d'avoir abordé le sujet. Allait-il me juger folle, comme tous les autres ? Ceux-là n'avaient-ils d'ailleurs pas raison ? Heureusement, il parut recouvrer son calme.
— J'ai du temps à revendre ! répondit-il.
— C'est aussi assez minable.
Il patientait.
— Tu te souviens de ce qu'Alice a dit des sports extrêmes ?
— Tu as sauté d'une falaise pour t'amuser.
— Euh... oui. Avant ça, il y a eu la moto...
— Plaît-il ?
Je le connaissais suffisamment pour deviner que, derrière sa retenue, il bouillait.
— Ah. Il faut croire qu'Alice ne t'a pas mis au courant.
— En effet.
— Eh bien... figure-toi que j'ai découvert que... quand je me mettais dans une situation dangereuse ou stupide, mes souvenirs de toi étaient plus clairs, avouai-je en me faisant l'effet d'une débile profonde. Je me rappelais ta voix quand tu étais en colère, je l'entendais comme si tu t'étais tenu juste à côté de moi. En général, je m'efforçais de ne pas penser à toi, mais ça, ça n'était pas trop douloureux. Comme si tu ne voulais pas que j'aie mal. Et je me demande si la raison pour laquelle j'arrivais à te percevoir aussi clairement n'était pas, malgré les apparences, que j'avais toujours su que tu n'avais cessé de m'aimer...
Une fois encore, au fur et à mesure qu'elles se dévidaient, mes paroles prenaient une
force de conviction réelle. Une authenticité. Au fond de moi, quelque chose reconnaissait la vérité.
— Tu... tu as risqué... ta vie pour... m'entendre ? bégaya-t-il.
— Chut ! Une seconde. Il me semble que je suis en train d'avoir une révélation, là.
Je repensai à la nuit passée à Port Angeles, lorsque j'avais eu ma première hallucination. Deux options s'étaient alors imposées à moi — folie ou expression du désir. Je n'en avais pas envisagé de troisième. Et pourtant... Et si, quand on croyait forcément avoir raison, on passait à côté de la vérité ? Celle-ci était-elle alors réduite au silence ou tentait-elle de s'exprimer malgré tout ? En ce qui me concernait : Edward m'aimait. Le lien nous unissant ne pouvait être brisé par l'absence, la distance ou le temps. Il avait beau être plus intrigant, plus beau, plus intelligent et plus parfait que moi, il avait lui aussi changé de manière irréversible. Comme je lui appartiendrais toujours, il serait à jamais mien.
Qu'étais-je en train d'essayer de me dire ?
— Oh !
— Bella ?
— Oh ! D'accord ! Je vois.
— C'est ta révélation ?
— Tu m'aimes ! m'émerveillai-je.
Une fois de plus, la force et la justesse de cette conviction me submergèrent. Malgré l'anxiété de son regard, Edward me décocha le sourire en coin auquel je ne résistais pas.
— Oui, je t'aime.
Mon cœur enfla au point qu'il parut vouloir échapper à ma cage thoracique, emplissant ma poitrine et bloquant ma gorge si bien que j'en eus le souffle coupé. Il me désirait vraiment comme je le désirais — pour l'éternité. Seule sa crainte pour mon âme, pour l'élément humain qu'il ne voulait pas m'arracher, le rendait aussi désespéré de me maintenir à l'état de mortelle. Comparé à la peur qu'il ne veuille pas de moi, cet obstacle — mon âme — semblait presque insignifiant. Il prit mon visage entre ses mains et m'embrassa jusqu'à ce que j'en aie le vertige. Puis il posa son front contre le mien — je n'étais pas la seule à respirer plus fort que d'habitude.
— Tu as été meilleure que moi, à ce petit jeu, finit-il par souffler.
— Quel jeu ?
— Survivre. Toi, au moins, tu as fait des efforts. Tu t'es levée le matin, as essayé de te comporter normalement avec Charlie, tu as suivi le canevas bien ordonné de ton existence. Moi, quand je ne partais pas en chasse, j'étais complètement... bon à rien. Je ne pouvais pas être en compagnie des miens, de personne. À ma grande honte, je suis obligé d'avouer que je me suis plus ou moins roulé en boule en laissant le chagrin me ballotter de toutes parts. C'était autrement plus minable qu'entendre des voix.
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