by Jean M. Auel
Ayla, qui contemplait toujours la scène, remarqua que les deux partenaires se nourrissaient côte à côte. Puis la femelle s’éloigna pour arracher une touffe d’herbe particulièrement succulente. Un jeune mâle, à peine pubère, tenta de l’approcher. Elle se réfugia auprès de son compagnon qui envoya un jet d’urine vers le jeune intrépide, et poussa un barrissement menaçant. L’odeur âcre et le profond rugissement eurent raison de l’audace du jeunot. Il s’enfuit aussitôt, inclina la tête en signe de soumission, et garda ses distances. Tant qu’elle resta près du mâle en rut, la femelle noisette put se reposer et se nourrir sans crainte d’être importunée.
Ils savaient que l’accouplement était terminé, mais l’homme et la femme ne se résolvaient pas à quitter les lieux. Pourtant Jondalar ressentait à nouveau l’urgence du départ. Ils étaient émus et honorés d’avoir pu assister à l’accouplement des mammouths. Mais plus qu’une faveur accordée, c’était comme s’ils avaient fait partie d’une cérémonie de grande importance. Ayla aurait voulu courir toucher les deux partenaires pour leur témoigner sa reconnaissance et partager leur joie.
Avant de partir, Ayla remarqua qu’une quantité de plantes comestibles qu’elle avait vues en chemin poussaient dans les parages, et elle décida d’en collecter à l’aide de son bâton à fouir pour les racines, et d’un couteau spécial assez épais mais solide, pour couper les tiges et les feuilles. Jondalar s’agenouilla pour l’aider mais dut lui demander de spécifier ce qu’il devait ramasser.
Cela étonnait toujours Ayla. Pendant leur séjour au Camp du Lion, elle avait appris les coutumes des Mamutoï, différentes de celles du Clan. Déjà, alors qu’elle travaillait souvent avec Deegie ou Nezzie, la volonté de Jondalar de l’aider dans une tâche que les hommes du Clan réservaient aux femmes l’avait surprise. Pourtant, depuis les premiers jours où Jondalar avait vécu avec elle dans sa vallée, il n’avait jamais rechigné à faire les mêmes travaux qu’elle, et il ne comprenait pas qu’elle s’étonnât de le voir partager les tâches indispensables. A présent, seule avec lui, elle redécouvrait ce côté de sa personnalité.
Ils partirent enfin, et chevauchèrent en silence. Ayla pensait toujours aux mammouths, ainsi qu’aux Mamutoï qui l’avaient adoptée alors qu’elle était la femme de Nulle Part. Ce Peuple s’était donné le nom de Chasseurs de Mammouths, alors qu’il chassait aussi beaucoup d’autres espèces, et il accordait à l’énorme animal une place d’honneur exclusive. Il ne leur procurait pas seulement tout ce qui était nécessaire à leur existence – la viande, la graisse, le cuir, la laine pour les cordages, l’ivoire pour les outils et les sculptures, les os pour les charpentes d’habitation et même pour le combustible –, il était sacré. La chasse au mammouth revêtait pour eux un sens spirituel profond.
Bien qu’elle l’eût quitté, elle avait le sentiment d’appartenir encore plus qu’avant au peuple des Mamutoï. La rencontre avec le troupeau de mammouths ne pouvait être un simple hasard. Elle était persuadée qu’il s’agissait d’un signe, et elle se demandait si Mut, la Grande Terre Mère, ou encore son totem, n’essayaient pas de lui délivrer un message. Ces derniers temps, elle pensait souvent à l’esprit du Grand Lion des Cavernes, le totem que Creb avait choisi pour elle, et elle s’interrogeait : la protégeait-il toujours, même si elle n’appartenait plus au Clan ? L’esprit d’un totem du Clan trouverait-il sa place dans sa nouvelle vie avec Jondalar ?
Le mur d’herbes hautes s’éclaircit enfin, et ils se rapprochèrent de la rivière, à la recherche d’un lieu propice pour camper. Le soleil déclinait à l’ouest, et Jondalar décida qu’il était trop tard pour chasser. Il ne regrettait pas leur halte auprès des mammouths, mais il avait espéré trouver de la viande pour leur repas du soir, et les jours suivants. L’idée d’entamer leur réserve de viande séchée lui déplaisait, il préférait l’épargner pour les cas d’extrême nécessité. Il leur faudrait chasser le lendemain, avant de lever le camp.
Les riches terres alluviales qui bordaient la rivière avaient changé l’aspect de la vallée et de sa végétation. A mesure que les berges s’élevaient, la nature de l’herbe se modifiait, arrivant à peine au ventre des chevaux, au grand soulagement de Jondalar. Il préférait voir où ils allaient. Comme ils approchaient du sommet d’une côte, le paysage leur sembla familier. Ils n’étaient jamais venus dans cette région, mais elle ressemblait à celle qui abritait le Camp du Lion, avec ses hautes berges escarpées creusées de ravines qui menaient à la rivière.
Ils gravirent une pente douce et Jondalar s’aperçut que la rivière obliquait vers la gauche, en direction de l’est. Il était grand temps de quitter cette artère de vie, qui après quelques méandres vers le sud, traversait l’ouest du pays. Il s’arrêta pour consulter la carte que Talut avait gravée sur un morceau d’ivoire. En levant la tête, il vit Ayla, descendue de cheval et postée sur la berge, qui regardait au-delà de la rivière. A son maintien, il devina qu’elle était soucieuse ou malheureuse.
Il se laissa glisser de sa monture, la rejoignit et découvrit ce qui la captivait. Sur l’autre rive, saillant d’un terre-plein à flanc de côte, on distinguait un large monticule planté d’herbe. Il aurait pu s’agir d’une éminence naturelle si une ouverture en arc, fermée par une lourde peau de mammouth, n’avait dévoilé sa vraie nature. C’était en fait un abri, semblable à celui du Camp du Lion où ils avaient séjourné l’hiver dernier.
L’habitation semi-souterraine creusée dans le lœss et aux dimensions spacieuses était bâtie pour durer plusieurs années. Les murs enduits d’argile et le toit circulaire semé d’herbe étaient soutenus par une armature d’os de mammouth pesant plus d’une tonne. Entre le toit et le plafond composé de bois de cerf entremêlés et enduit d’argile, s’intercalait une couche épaisse de chaume et de roseaux. Adossés au mur, des bancs de terre faisaient office de lit, et des fosses creusées dans le permafrost servaient de réfrigérateurs naturels. Deux défenses de mammouth, posées en vis-à-vis sur le sol, pointes en l’air, formaient la voûte d’entrée. Loin d’être une construction provisoire, c’était plutôt un foyer permanent, assez spacieux pour abriter plusieurs familles. Ayla en conclut que ses occupants reviendraient y passer l’hiver, comme le faisaient ceux du Camp du Lion.
— Je me demande qui habite ce Camp, remarqua Ayla.
— C’est peut-être le foyer du Camp des Fougères, avança Jondalar.
— Oui, peut-être, admit Ayla dont le regard se perdit au-delà du cours d’eau. Il a l’air vide. Tu sais, je ne pensais pas que je ne reverrais jamais le Camp du Lion. Quand je suis partie pour la Réunion d’Été, j’ai laissé au camp beaucoup de choses qui m’appartenaient. Je ne savais pas que je ne reviendrais jamais, sinon, je les aurais emportées.
— Regrettes-tu d’être partie, Ayla ? demanda Jondalar dont l’inquiétude se lisait toujours à son front creusé de rides. Je serais resté, et je serais devenu un Mamutoï moi aussi, si tu l’avais voulu. Je te l’avais promis. Je sais que tu étais heureuse parmi eux. Il n’est pas trop tard, nous pouvons encore faire demi-tour.
— Non, je suis triste, mais je ne regrette rien. C’est avec toi que je veux vivre. Et toi, tu veux retourner chez les tiens, Jondalar, je l’ai su tout de suite. Oh, bien sûr, tu te serais habitué à vivre chez les Mamutoï, mais tu n’y aurais jamais été heureux. Ton peuple, ta famille, te manqueraient. Pour moi, cela n’a pas la même importance. Jamais je ne connaîtrai ceux qui m’ont donné le jour. Mon peuple, c’était le Clan.
Ayla resta songeuse et Jondalar surprit un sourire de douceur sur ses lèvres.
— Iza aurait été tellement contente si elle avait su que je partais avec toi. Elle t’aurait aimé, Jondalar. Tu sais, il y a très longtemps, elle m’avait dit que je n’étais pas du Clan, et pourtant je n’avais pas d’autres souvenirs que parmi eux. Pour moi, Iza était ma mère, mais elle voulait que je quitte le Clan. Elle avait peur. Avant de mourir, elle m’a dit : « Va retrouver ton peuple, cherche-toi un compagnon. » Elle pensait à un Autre, un homme de mon peuple, quel
qu’un qui ne serait pas du Clan. Un homme que je pourrais aimer et qui prendrait soin de moi. Je suis restée seule longtemps dans la vallée, et je désespérais de trouver quelqu’un. C’est alors que tu es venu. Iza avait raison, il fallait que je retrouve mon peuple. Vois-tu, si Durc n’existait pas, je remercierais presque Broud de m’avoir forcée à partir. Jamais aucun homme ne m’aurait aimée si je n’avais pas quitté le Clan et jamais je n’aurais rencontré un homme qui me soit si cher.
— Nous ne sommes pas si différents, Ayla. Moi non plus, je ne pensais pas m’éprendre d’une femme un jour. J’en ai pourtant connu beaucoup chez les Zelandonii, et pendant mon voyage. Thonolan se liait facilement avec tout le monde et il me facilitait la tâche.
Il avait tressailli en prononçant le nom de son frère et ferma les yeux pendant de longues minutes, le visage assombri. Ayla avait remarqué que chaque fois qu’il parlait de son frère, la douleur se réveillait, toujours aussi vive.
Elle contempla l’homme d’une taille exceptionnelle, aux longs cheveux blonds noués sur la nuque par une lanière, et s’émerveilla encore de sa magnifique stature. Après l’avoir vu à l’œuvre à la Réunion d’Été, elle doutait qu’il eût besoin de son frère pour se faire des amis, surtout parmi les femmes. Plus que sa carrure ou la finesse de ses traits, c’étaient ses yeux, étonnamment vifs et expressifs, des yeux qui semblaient révéler l’âme profonde de cet homme secret, qui lui donnaient cette présence imposante, ce magnétisme, ce charme presque irrésistible.
Il la regardait, l’œil brûlant de désir. Ayla sentit son corps répondre à la douce caresse de ses yeux. Elle songea à la femelle noisette qui se refusait aux autres mâles dans l’attente du géant roux jusqu’à presque en défaillir. Prolonger l’anticipation du plaisir, c’était aussi du plaisir.
Elle adorait le regarder, s’emplir de son image. Tout de suite, elle l’avait trouvé beau, bien qu’elle n’ait eu personne à qui le comparer. Depuis, elle avait découvert que les autres femmes aussi aimaient le regarder, qu’elles étaient sensibles à son charme troublant. Elle avait aussi découvert son embarras devant un tel succès. Sa beauté remarquable lui avait causé au moins autant de peine que de plaisir. Être apprécié pour des qualités dont il n’était pas responsable ne lui procurait aucune fierté. C’étaient des dons accordés par la Mère, et non le fruit de ses efforts.
Mais la Grande Terre Mère ne s’en était pas tenue à l’apparence, elle l’avait aussi doté d’une vive intelligence du monde physique, et d’une grande dextérité. Conseillé par l’homme avec qui sa mère s’était unie, et que l’on considérait comme le meilleur tailleur d’outils en pierre, Jondalar était devenu expert dans ce domaine. Il avait encore perfectionné son art en étudiant les techniques des tailleurs de silex rencontrés pendant le Voyage.
Ce n’était pas parce que Jondalar répondait idéalement aux canons de son propre peuple qu’Ayla le trouvait beau. C’était surtout la première fois qu’elle rencontrait un être qui lui ressemblait. Il n’était pas du Clan, c’était un Autre. Lorsqu’il était arrivé dans sa vallée, elle avait étudié ses traits minutieusement – effrontément, même – y compris pendant qu’il dormait. Quel étonnement de voir un visage ressemblant au sien après tant d’années passées à être seule de son espèce ! Jondalar n’avait pas d’arcades sourcilières saillantes, ni une nuque plate, ni un grand nez busqué haut perché au-dessus d’une lourde mâchoire dépourvue de menton.
Tout comme le sien, le front de Jondalar s’élevait, droit et lisse. Son nez, et même ses dents, étaient petits, et comme elle, il possédait une protubérance osseuse sous sa bouche, un menton. Elle avait alors compris pourquoi le Clan lui trouvait la tête plate et le front proéminent. Elle avait vu son propre reflet dans l’eau, et elle s’était fiée à leur jugement. Certes, Jondalar la dépassait en taille, tout comme elle dépassait ceux du Clan, et plus d’un homme lui avait parlé de sa beauté, mais dans son for intérieur, elle continuait de se trouver laide et trop grande.
Jondalar, parce qu’il était un homme, qu’il avait une ossature plus forte et des traits plus marqués, aux yeux d’Ayla, ressemblait davantage à ceux du Clan. Elle avait grandi dans le Clan, appris à mesurer la beauté suivant leurs canons, et contrairement à ceux de sa race, elle persistait à juger ceux du Clan plutôt séduisants. Et Jondalar, dont le visage était à la fois semblable au sien et plus proche de ceux du Clan, représentait pour Ayla le summum de la beauté.
— Je suis heureux d’apprendre qu’Iza m’aurait accepté, affirma Jondalar, la mine réjouie. Ah, comme j’aurais aimé la connaître ! Elle, et tous ceux de ton Clan. C’est une chance pourtant que je t’aie rencontrée d’abord, sinon je n’aurais jamais soupçonné qu’ils étaient humains. Mais, à t’entendre parler d’eux, on devine que c’étaient des êtres sensibles et bons. J’aimerais un jour rencontrer l’un d’entre eux.
— Il existe des êtres bons partout. Le Clan m’a recueillie après le tremblement de terre, quand j’étais petite. Et puis, Broud m’a chassée, je n’avais plus de peuple, et je devins Ayla de Nulle Part. Alors le Camp du Lion m’a accueillie à son tour, il m’a offert une place, et je suis devenue Ayla des Mamutoï.
— Les Mamutoï et les Zelandonii se ressemblent beaucoup, tu verras. Je crois qu’ils te plairont, et ils t’aimeront aussi.
— Tu n’en as pas toujours été sûr, rétorqua Ayla. Rappelle-toi, tu avais peur qu’ils ne me rejettent parce que j’avais vécu parmi le Clan. Et puis, à cause de Durc.
Gêné, Jondalar rougit.
— Tu craignais qu’ils traitent mon fils de monstre, d’esprit mêlé, de demi-animal – d’ailleurs, tu l’as toi-même appelé de cette façon, une fois – et tu pensais qu’ils me jugeraient mal pour avoir enfanté un être pareil.
— Ayla, avant de quitter la Réunion d’Été, tu m’as fait promettre de ne plus jamais te cacher la vérité. Alors écoute : c’est vrai, au début, j’étais inquiet. Je voulais que tu m’accompagnes chez les miens, mais à condition que tu ne racontes rien de ton histoire. Bien que je déteste les mensonges, je voulais que tu mentes sur tes origines... mais tu n’as jamais su mentir. Oui, j’avais peur que mon peuple ne te rejette et je connais la souffrance que l’on éprouve alors, et je désirais te l’éviter. Mais c’était aussi pour moi que j’avais peur. Peur qu’on me bannisse à cause de toi, et je refusais d’endurer cette épreuve une deuxième fois. Et pourtant, je ne pouvais pas supporter l’idée de vivre sans toi. J’étais désemparé, tu comprends.
Ayla ne se rappelait que trop bien l’état de confusion et de désespoir dans lequel l’avait jetée la dramatique indécision de Jondalar. Elle n’avait jamais été malheureuse à ce point.
— A présent, je sais ce que je veux, reprit Jondalar. Il m’a fallu presque te perdre pour comprendre. Pour moi, Ayla, tu comptes plus que tout. Sois toi-même, dis ce que tu penses, fais comme bon te semble, c’est comme cela que je t’aime. Et maintenant, je suis sûr que mon peuple t’acceptera, j’en ai eu la preuve. Les Mamutoï et le Camp du Lion m’ont appris une chose importante : tout le monde ne pense pas de la même façon, et on peut changer d’opinion. Certains te défendent, et parfois ceux-là même dont tu l’attends le moins, d’autres ont assez de compassion et d’amour pour élever un enfant considéré par la plupart comme un monstre.
— Je n’ai pas aimé la façon dont on a traité Rydag à la Réunion d’Été. Il y en avait même qui lui refusaient une sépulture décente ! s’exclama-t-elle, au bord des larmes, la voix tremblante de colère.
— Je n’ai pas aimé cela, moi non plus. Il y a des gens qui ne changeront jamais, leurs yeux ne verront jamais l’évidence. Moi-même, cela m’a pris du temps. Je ne peux te promettre que les Zelandonii t’accepteront, Ayla. Mais s’il le faut, nous irons ailleurs. Je veux revoir mon peuple, ma famille, mes amis, c’est vrai. Je veux raconter à ma mère ce qui est arrivé à Thonolan, et demander à Zelandoni de retrouver son esprit, s’il n’a pas réussi à rejoindre l’autre monde. J’espère que nous aurons notre pla
ce parmi les miens. Mais, sinon, peu m’importe maintenant. C’est là, la deuxième chose que j’ai apprise. Voilà pourquoi je t’avais proposé de rester avec toi chez les Mamutoï si tu le désirais. J’étais sincère, crois-moi.
Il posa fermement ses mains sur les épaules d’Ayla et plongea dans ses yeux un regard résolu. Elle y lut sa détermination et son amour, mais c’était elle à présent qui se demandait s’ils avaient bien fait d’entreprendre ce Voyage.
— Et si ton peuple ne nous accepte pas, où irons-nous ?
— Ailleurs, répondit-il en souriant. Mais je ne pense pas que ce sera nécessaire. Je te l’ai dit, les Zelandonii ne sont pas très différents des Mamutoï. Ils t’aimeront, tout comme je t’aime. Je ne suis plus inquiet pour cela, et je me demande même comment j’ai pu l’être.
Ayla lui rendit son sourire, heureuse que Jondalar eût tant confiance en son peuple. Si seulement elle pouvait la partager ! Il avait sans doute oublié, à moins qu’il ne s’en fût jamais rendu compte, la profonde et durable impression qu’avait laissée sur elle la réaction qu’il avait eue en apprenant son passé et l’existence de son fils. Elle reverrait toujours son brusque mouvement de recul et sa moue de dégoût, comme s’il avait devant lui une hyène répugnante.
Lorsqu’ils se remirent en route, Ayla pensait encore à ce qui l’attendait au bout de ce Voyage. C’était vrai, les gens changeaient, Jondalar le premier. Il n’éprouvait plus d’aversion pour elle, mais qu’en serait-il du peuple qui la lui avait enseignée ? Sa réaction avait été si vive, si spontanée, qu’on avait dû la lui inculquer dans son éducation. Alors pourquoi les siens réagiraient-ils autrement que lui ? Elle voulait être auprès de Jondalar, elle était heureuse de l’accompagner chez son peuple, mais sa rencontre avec les Zelandonii l’emplissait d’appréhension.