LE GRAND VOYAGE

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LE GRAND VOYAGE Page 54

by Jean M. Auel


  Les chevaux étaient des animaux sociables, aimant la compagnie des autres chevaux. Les juments surtout tendaient à nouer des relations durables. Mais contrairement aux autres bandes d’animaux, où les filles restaient avec leurs mères, les juments se regroupaient hors des liens parentaux, après avoir quitté leur bande natale en atteignant leur maturité vers l’âge de deux ans. Leur société était hiérarchisée. Le groupe était cimenté par les soins mutuels comme la toilette, la criasse aux moucherons.

  Poulains, ils se battaient entre eux pour jouer. Mais c’était à l’âge adulte, vers leur quatrième année, lorsqu’ils rejoignaient les étalons, que les jeunes mâles commençaient à s’entraîner pour de bon, en prévision du jour où ils devraient affronter un rival pour obtenir le droit de s’accoupler. Ils continuaient de s’entraider mais la lutte pour le pouvoir constituait leur principale activité. D’abord simples poussées, défécations rituelles ensuite reniflées, les défis s’intensifiaient, surtout pendant la saison du rut : morsures, coups de sabot dans les genoux, ruades à la tête et à la poitrine. Ce n’était qu’après plusieurs années passées de la sorte que les mâles parvenaient à enlever de jeunes femelles, ou à destituer un mâle dominant.

  En tant que femelle sans attache qui venait de pénétrer sur leur territoire, Whinney excitait la curiosité de la bande de femelles comme celle des mâles célibataires. Ayla n’aimait décidément pas la façon fière et arrogante de l’étalon, prêt à réclamer son dû.

  — Vas-y si tu veux, Loup ! fit-elle en le libérant d’un signe.

  Elle le regarda se mettre en position. Loup croyait avoir affaire à une bande de Whinney et de Rapide, et il voulait jouer avec eux. Ayla savait qu’il ne menaçait pas les chevaux. Un loup seul n’attaquerait pas de si grosses bêtes. En bande, à la rigueur, bien que les loups attaquassent rarement un animal adulte en bonne santé.

  Ayla pressa Whinney de rentrer au campement. La jument hésita, mais l’habitude d’obéir aux ordres de la jeune femme domina sa curiosité, et elle se mit lentement au pas, non sans regarder en arrière à plusieurs reprises. Alors Loup fonça dans la troupe et se régala de folles poursuites. Ayla vit avec soulagement les chevaux s’égailler. Tant qu’ils ne s’occupaient plus de Whinney... !

  Au camp, tout était prêt. Jondalar venait d’installer les trois perches pour y suspendre la nourriture hors d’atteinte des rôdeurs que l’odeur risquait d’attirer. La tente était montée, le trou dans le sol creusé, et tapissé de cailloux, Jondalar avait même construit un cercle de pierres pour le feu.

  — Tu as vu cette île ? demanda-t-il dès qu’Ayla fut descendue de cheval.

  Il lui montra au milieu de la rivière une langue de terre faite de limon et plantée de laîches, de roseaux et d’arbres.

  — J’ai vu s’y poser toute une compagnie de cigognes, des blanches, des noires, reprit-il avec un sourire béat. J’aurais voulu que tu sois là, C’était magnifique. Elles piquaient, remontaient toutes ensemble. Elles repliaient leurs ailes pour se laisser tomber, et les rouvraient d’un coup en arrivant au sol. J’ai l’impression qu’elles migrent vers le sud. Elles partiront sans doute demain matin.

  Ayla observa les grands oiseaux majestueux aux longues pattes et au long bec. Ils se nourrissaient avec frénésie, marchant, courant sur l’île ou dans l’eau peu profonde, attrapant tout ce qui bougeait d’un coup de bec : poissons, lézards, grenouilles, insectes, ou vers de terre. Ils dévoraient même la charogne, à en juger par la façon dont ils se ruèrent sur la carcasse d’un bison échouée sur la rive. Les deux espèces se ressemblaient quant à la forme mais les cigognes blanches, plus nombreuses, avaient le bout des ailes noir, alors que les cigognes noires avaient le ventre blanc et pêchaient dans l’eau pour la plupart.

  — Nous avons vu des chevaux en revenant, raconta Ayla en déchargeant les lagopèdes et les perdrix. Surtout des juments et quelques poulains. Une bande de mâles tournait autour. L’étalon dominant était blanc.

  — Blanc ?

  — Oui, aussi blanc que ces cigognes. Il n’avait même pas les jambes noires, précisa-t-elle en dénouant les sangles du porte-paniers. On ne le distinguerait pas dans la neige.

  — Un cheval blanc ? C’est rare. Je n’en ai jamais vu.

  D’un coup, il repensa à Noria et à la cérémonie des Premiers Rites. Il se souvint d’une peau de cheval blanche accrochée au mur, derrière la couche, et décorée avec les têtes de jeunes pics épeiches.

  — Ah, si ! Un jour j’ai vu la dépouille d’un cheval blanc, rectifia-t-il. Quelque chose dans l’intonation éveilla l’attention d’Ayla. Jondalar surprit son regard et, gêné, se tourna pour ôter le porte-paniers du dos de Whinney.

  — C’était pendant... pendant la cérémonie des Hadumaï, se sentit-il obligé de préciser.

  — Les Hadumaï sont-ils des chasseurs de chevaux ?

  Elle plia la couverture de Whinney, ramassa les oiseaux morts et se dirigea vers la rivière.

  — Oui, dit Jondalar en l’accompagnant, pourquoi ?

  — Tu te souviens que Talut nous avait parlé d’une chasse au mammouth blanc ? L’animal était sacré parce que les Mamutoï sont des chasseurs de mammouths. Alors si les Hadumaï utilisent la dépouille d’un cheval blanc dans leur cérémonie, je me demande si les chevaux n’ont pas une importance particulière à leurs yeux.

  — Je ne sais pas, nous ne sommes pas restés assez longtemps chez eux.

  — Mais chassent-ils les chevaux ? insista Ayla en commençant à plumer les volatiles.

  — Oui, c’est d’ailleurs ce qu’ils faisaient quand Thonolan les a rencontrés. Ils nous ont mal accueillis parce que nous avions effrayé la bande qu’ils pistaient. Nous l’ignorions, bien sûr.

  — J’ai bien envie d’attacher Whinney près de la tente pour cette nuit. Si des chasseurs de chevaux traînent dans les parages, je préfère savoir où elle est. En plus, je n’ai pas apprécié la façon dont l’étalon blanc venait la chercher.

  — Tu as peut-être raison. Je ferais mieux d’attacher Rapide aussi. Mais j’aimerais tout de même voir cet étalon blanc.

  — Eh bien, moi j’aimerais autant ne pas le revoir ! Il s’intéressait un peu trop à Whinney. Mais, c’est vrai qu’il est très beau. Et très rare.

  Les plumes qu’Ayla arrachait aux oiseaux d’un geste rapide voletaient autour d’elle. Elle s’immobilisa soudain, comme pour mieux réfléchir.

  — Le noir aussi est rare, reprit-elle. C’est Ranec qui l’affirmait, tu t’en souviens ? Il devait penser à lui en disant cela, même s’il était plus brun que noir.

  Jondalar ressentit un pincement au cœur. Sa jalousie se réveilla au nom de l’homme avec qui Ayla avait failli s’unir. C’était pourtant avec lui, Jondalar, qu’elle avait choisi de partir.

  — Regrettes-tu les Mamutoï ? Tu aurais peut-être préféré t’unir à Ranec ?

  Elle interrompit son ouvrage et le regarda en face.

  — Jondalar ! Tu sais très bien que je m’étais promise à Ranec uniquement parce que je croyais que tu ne m’aimais plus. Alors que Ranec m’aimait, lui... Mais c’est vrai que je regrette les Mamutoï. Si je ne t’avais pas rencontré, j’aurais pu vivre heureuse avec eux... et avec Ranec. D’une certaine façon, je l’aimais... Mais pas autant que toi.

  — Eh bien, voilà une réponse honnête !

  — J’aurais aussi pu rester chez les Sharamudoï, mais je veux être toujours là où tu es. Tu veux retourner chez les tiens, alors je veux y aller aussi, poursuivit Ayla, désireuse de s’expliquer.

  A la mine déconfite de Jondalar, elle comprit que ce n’était pas la réponse qu’il attendait.

  — Tu m’as posé une question, Jondalar. Quand tu m’interroges, je te réponds ce que je pense. Et je veux que tu agisses de même. Que tu me dises tout, même si je ne te le demande pas. Je ne veux plus de malentendus entre nous comme l’hiver dernier. Je ne comprenais pas ce que tu voulais, et que tu refusais d’en parler. Toi, tu croyais deviner mes sentiments mais tu n’osais rien en dire. Promets-moi de
toujours me dire la vérité, Jondalar.

  Une telle sincérité et un si grand sérieux arrachèrent un sourire de tendresse à Jondalar.

  — C’est promis. Moi non plus, je ne veux pas revivre ce cauchemar. Je ne supportais pas de te voir avec Ranec, d’autant qu’il avait beaucoup de succès auprès des femmes, tout le monde le savait. Il était drôle, sympathique, c’était un excellent tailleur de pierres, un véritable artiste. Ma mère l’aurait aimé. Les sculpteurs et les artistes lui ont toujours plu. Dans d’autres circonstances, j’en aurais volontiers fait mon ami. Il me rappelait un peu Thonolan. Il était différent des Mamutoï, mais il était sûr de lui et franc, comme eux.

  — C’était un vrai Mamutoï ! déclara Ayla. Ah, comme le Camp du Lion me manque ! Les gens me manquent ! Nous n’avons guère rencontré de monde jusqu’à présent. Je ne me rendais pas compte que tu avais voyagé aussi loin. Les terres sont si vastes, et si peu habitées !

  A mesure que le soleil déclinait à l’horizon, les nuages flamboyants au-dessus des montagnes à l’ouest paraissaient se rassembler joyeusement pour enlacer la sphère rougeoyante. Puis l’embrasement de l’écrin nuageux s’évanouit peu à peu, et l’obscurité enveloppa les deux voyageurs qui terminaient leur repas. Ayla se leva et mit de côté ce qu’il restait des oiseaux. Elle en avait fait cuire beaucoup trop. Jondalar replaça les pierres dans le feu en prévision de leur infusion du soir.

  — C’était délicieux, affirma-t-il. Tu avais raison, ça valait la peine de s’arrêter plus tôt.

  Le hasard voulut qu’Ayla regardât du côté de l’île, et ce qu’elle vit lui arracha un cri. Jondalar leva les yeux à son tour.

  Des silhouettes armées de sagaies sortaient de la pénombre et apparaissaient sur la rive à la lueur du feu. Deux hommes, vêtus d’une cape taillée dans une dépouille de cheval, et dont la tête était rabattue sur leur crâne comme un capuchon. Jondalar se leva. L’un des hommes rejeta la tête de cheval en arrière et s’avança vers lui.

  — Zel-an-don-yee ! s’écria-t-il en montrant le géant blond. Hadumaï ! Jeren ! fit-il ensuite en se frappant la poitrine, le visage éclairé d’un large sourire.

  Surpris, Jondalar l’examina de plus près, et lui rendit son sourire.

  — Jeren ! Est-ce bien toi ? Par la Grande Mère, je n’arrive pas à le croire !

  L’homme se mit à parler dans une langue aussi incompréhensible pour Jondalar que celle de Jondalar l’était pour le visiteur. Mais les sourires amicaux se passaient de traduction.

  — Ayla ! dit Jondalar en lui faisant signe d’approcher. Voici Jeren. C’est le chasseur hadumaï que nous avons rencontré à l’aller.

  Les deux hommes semblaient réjouis. Jeren examina Ayla, et d’un hochement de tête, fit part à Jondalar de son appréciation flatteuse.

  — Jeren, voici Ayla, Ayla des Mamutoï, annonça Jondalar avec cérémonie. Ayla, voici Jeren du Peuple d’Haduma.

  — Bienvenue dans notre camp, Jeren du Peuple d’Haduma, dit Ayla en tendant ses deux mains.

  Le geste ne faisait pas partie de la coutume des Hadumaï, mais Jeren en comprit l’intention. Il rangea sa sagaie dans l’étui qu’il portait en bandoulière, et serra les mains d’Ayla.

  — Ayla, fit-il. Jeren, ajouta-t-il en se frappant de nouveau la poitrine. Soudain il sursauta. Il venait d’apercevoir Loup qui approchait d’Ayla. La jeune femme, voyant sa réaction, s’agenouilla et enlaça le cou de l’animal. Les yeux de Jeren s’agrandirent de stupeur.

  — Jeren, dit Ayla en se relevant. Voici Loup. Loup, voici Jeren, du Peuple d’Haduma.

  — Loup ? répéta Jeren, le regard inquiet.

  Ayla approcha sa main du museau de la bête, comme pour lui faire respirer son odeur. Elle s’agenouilla de nouveau et enlaça le loup, témoignant ainsi de sa confiance et de sa familiarité. Elle toucha la main de Jeren, fit renifler la sienne à Loup, essayant d’inciter l’homme à l’imiter. Jeren tendit craintivement la main vers le jeune carnassier.

  Loup lui toucha la main de sa truffe froide et humide, et se recula. Chez les Sharamudoï, Ayla lui avait souvent fait subir ce genre de présentations, et il savait ce qu’elle attendait de lui. Ayla leva son regard sur Jeren, lui prit la main, et lui montra comment caresser la tête du loup. Quand Jeren lui adressa un sourire et tapota la tête de l’animal, Ayla put enfin se détendre, soulagée.

  — Loup ! annonça Jeren en se retournant vers ses compagnons et en désignant l’animal.

  Il ajouta d’autres mots, et prononça ensuite le nom d’Ayla. Quatre hommes s’avancèrent dans la lueur du feu. Ayla leur adressa des signes de, bienvenue, et les invita à s’asseoir.

  Jondalar, qui l’avait observée, sourit pour marquer son approbation.

  — Oui, c’est une bonne idée, Ayla.

  — Crois-tu qu’ils aient faim ? Il nous reste de la nourriture.

  — Alors, offres-en, on verra bien.

  Dans une écuelle en ivoire de mammouth où elle avait déposé les volatiles, Ayla prit quelque chose qui ressemblait à une boule de foin, et l’ouvrit. Apparut un lagopède braisé entier qu’elle apporta à Jeren et aux autres. Il embaumait. Jeren détacha une cuisse tendre et juteuse et son sourire après qu’il l’eut goûté encouragea ses compagnons à faire de même.

  Ayla servit aussi une perdrix avec la farce de racines dans des bols et de petites écuelles en ivoire, en bois ou simplement tressées. Elle laissa les hommes se partager les victuailles comme ils l’entendaient, et sortit une grande jatte en bois qu’elle avait fabriquée elle-même. Elle la remplit d’eau pour l’infusion.

  Après le repas, les hommes se montrèrent beaucoup plus détendus, même lorsqu’Ayla amena Loup pour qu’il les reniflât. Assis autour du feu, un bol d’infusion à la main, ils tentèrent d’engager la conversation, la curiosité de chacun ne pouvant plus se satisfaire de simples sourires amicaux ou de gestes de bienvenue.

  Jondalar commença.

  — Haduma ? interrogea-t-il.

  Jeren hocha la tête d’un air triste, et désigna le sol. Ayla devina qu’elle était retournée auprès de la Grande Terre Mère. Jondalar comprit également que la vieille femme, avec qui il s’était lié d’amitié, était partie.

  — Tamen ? demanda-t-il ensuite.

  Tout sourire, Jeren hocha vigoureusement la tête. Il désigna ensuite l’un de ses compagnons et prononça quelques mots, dont le nom de Tamen. Celui dont il était question, un tout jeune homme, sourit et Jondalar lui trouva une ressemblance avec l’homme qu’il avait connu.

  — Tamen, ah oui ! s’exclama Jondalar d’un air entendu. C’est le fils de Tamen, ou son petit-fils. Je regrette que Tamen ne soit pas là. Il parlait un peu Zelandonii, expliqua-t-il à l’adresse d’Ayla. Il avait fait le Voyage jusque là-bas quand il était jeune.

  Jeren promena son regard dans le camp, puis le posa sur Jondalar d’un air interrogateur.

  — Zel-an-don-yee... Ton... Thonolan ? demanda-t-il.

  Ce fut au tour de Jondalar de secouer la tête avec tristesse. Il pensa alors à désigner le sol du doigt, et Jeren, d’abord surpris, prit un air grave. Il questionna ensuite Jondalar d’un mot que celui-ci ne saisit pas.

  — As-tu compris sa question ? demanda Jondalar en se tournant vers Ayla.

  Bien que cette langue lui fût totalement inconnue, certains sons lui paraissaient familiers. A la façon dont Jeren répéta sa question, Ayla eut une idée. La main en forme de griffe, elle imita le rugissement du lion des cavernes.

  L’imitation était si parfaite que les Hadumaï sursautèrent, mais Jeren fit un signe d’assentiment. Il avait demandé comment était mort Thonolan et Ayla le lui avait expliqué. Un des hommes dit quelques mots à Jeren qui lui répondit en citant un nom que Jondalar reconnut : Noria. Celui qui avait posé la question sourit au géant blond en le montrant du doigt. Il désigna ensuite ses yeux en souriant de plus belle.

  L’excitation gagna Jondalar. Avait-il voulu dire que Noria avait mis au monde un bébé aux yeux bleus comme les siens ? Ou bien le chasseur avait-il entendu dir
e que l’homme aux yeux bleus avait partagé les Premiers Rites avec Noria ? Jondalar était perplexe. Les autres montrèrent ses yeux en s’esclaffant. Riaient-ils d’un bébé aux yeux bleus ? Ou s’amusaient-ils des Plaisirs partagés avec un homme possédant de tels yeux ?

  Il faillit prononcer le nom de Noria en faisant le geste de bercer un bébé, mais un coup d’œil vers Ayla le retint. Il ne lui avait pas parlé de Noria, ni de la prédiction d’Haduma au lendemain de la cérémonie : la jeune femme mettrait au monde un garçon aux yeux identiques aux siens et on le nommerait Jondal. Il savait trop bien qu’Ayla voulait un fils de son... ou de son esprit. Accepterait-elle que Noria en eût déjà un ? A sa place, il serait certainement jaloux.

  Par gestes, Ayla proposait aux chasseurs de dormir près du feu. Plusieurs firent signe qu’ils acceptaient et partirent chercher leurs fourrures. Ils les avaient cachées près de la rivière avant d’approcher du feu dont ils avaient senti la fumée, espérant sans en être sûrs que c’était un feu ami. Lorsqu’Ayla les vit contourner la tente dans l’intention de s’installer là où elle avait attaché les chevaux, elle courut les en empêcher. Ils se regardèrent avec surprise en la voyant disparaître dans la nuit. Ils allaient avancer plus loin lorsque Jondalar leur fit signe d’attendre un peu. Ils acquiescèrent avec force sourires.

  Mais leur sourire se figea en un rictus effaré en voyant Ayla revenir accompagnée de deux chevaux. Les tenant par la bride, elle essaya d’expliquer, à grand renfort de gestes et de mimiques du Clan à l’appui, que ces chevaux n’étaient pas comme les autres et qu’il ne fallait pas les tuer. Ni elle ni Jondalar n’étaient sûrs qu’ils eussent compris. Jondalar craignait qu’ils pussent croire qu’elle avait l’extraordinaire Don d’Appel des chevaux et leur avait apporté Whinney et Rapide pour leur offrir comme trophée de chasse. Il proposa à Ayla de leur faire une démonstration.

 

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