by Jean M. Auel
— Oui, j’ignore sous quel nom vous le connaissiez, mais là-bas on l’appelait Ardemun. Il était resté invalide à la suite d’une blessure. Il marchait en boitant, et comme il ne pouvait pas courir, Attaroa le laissait aller et venir dans le Camp. C’est lui qui a libéré les hommes.
— Je me souviens d’un jeune homme qui avait entrepris le Voyage, dit une vieille femme. J’ai su son nom... Comment était-ce déjà ? Il avait un surnom... Ardemun... Ardi... non, Mardi. C’est ça, il se faisait appeler Mardi !
— Ah, tu veux dire Menardi ? intervint quelqu’un. Je l’ai rencontré dans une Réunion d’Été. On l’appelait Mardi et c’est vrai qu’il a fait le Voyage. C’est donc ce qui lui est arrivé ! Son frère serait content de le savoir encore en vie.
— Tant mieux qu’on puisse de nouveau voyager par là-bas, déclara Laduni. Tu as eu de la chance de les éviter à l’aller, Jondalar.
— Thonolan était pressé d’arriver au bout de la Grande Rivière Mère, expliqua Jondalar. Il ne voulait pas s’arrêter, et nous sommes restés sur ce côté-ci du fleuve. Nous avons eu de la chance, c’est certain.
Après la soirée, Ayla fut contente de retrouver une couche chaude dans un endroit sec à l’abri du vent. Elle s’endormit sur-le-champ.
Ayla adressa un sourire à Solandia qui nourrissait Micheri. Elle s’était levée de bon matin et cherchait la pile de bois ou d’excréments qu’on rangeait d’habitude près du foyer, mais ne vit qu’un tas de pierres brunâtres.
— J’aimerais faire une infusion, dit-elle à Solandia. Qu’est-ce que vous utilisez pour le feu ? Dis-moi où c’est et j’irai le chercher.
— Pas la peine, il y en a plein ici.
Ayla regarda autour d’elle mais ne vit aucun combustible, et se demanda si elle avait bien compris.
Devant son air déconcerté, Solandia ne put réprimer un sourire. Elle étendit le bras et ramassa une des pierres brunes.
— Nous utilisons ça, expliqua-t-elle. Des pierres qui brûlent.
Ayla prit la pierre et l’examina de près. Elle avait le grain du bois, et pourtant c’était bien une pierre. Elle n’avait jamais rien vu de pareil. C’était du lignite, un charbon brun, à mi-chemin entre la tourbe et la houille. Jondalar était réveillé et il s’approcha d’elle par-derrière. Elle lui sourit et lui tendit la pierre.
— Solandia prétend qu’ils brûlent ça pour faire le feu, dit-elle en remarquant que la pierre avait laissé une tache dans sa main.
Ce fut au tour de Jondalar d’examiner la pierre d’un air incrédule.
— Ça ressemble à du bois, mais c’est pourtant de la pierre, fit-il. Mais ce n’est pas aussi dur que du silex. Ça doit se casser facilement.
— Oui, dit Solandia. Les pierres qui brûlent cassent facilement.
— Où les trouvez-vous ? demanda Jondalar.
— Au sud, près des montagnes, il y a des champs entiers de pierres qui brûlent. Nous utilisons du bois pour commencer le feu, mais ceci brûle plus fort et dure plus que le bois.
Ayla et Jondalar se regardèrent d’un air complice.
— J’y vais, dit Jondalar.
Lorsqu’il revint, Losaduna et le fils aîné, Larogi, étaient réveillés.
— Vous avez des pierres qui brûlent, nous, une pierre à feu, déclara Jondalar d’une voix triomphante. Une pierre pour faire jaillir le feu.
— Et c’est Ayla qui l’a découverte ? demanda Losaduna comme s’il connaissait déjà la réponse.
— Comment l’as-tu deviné ? s’étonna Jondalar.
— Peut-être parce que c’est lui que a trouvé les pierres qui brûlent, intervint Solandia.
— Ça ressemblait tellement à du bois que j’ai voulu essayer, et ça a brûlé, expliqua Losaduna.
— Ayla, montre-leur, demanda Jondalar en lui tendant la pyrite de fer, le silex et de l’amadou.
Ayla arrangea l’amadou, cala la pyrite pour l’avoir bien en main, la partie usée vers l’extérieur, et prit le morceau de silex. Avec l’habitude, elle déclenchait toujours l’étincelle du premier coup. La minuscule flammèche tomba sur l’amadou et en soufflant deux ou trois fois, Ayla fit apparaître une flamme qui provoqua des murmures d’approbation.
— C’est stupéfiant ! déclara Losaduna.
— Pas davantage que vos pierres qui brûlent, protesta Ayla. J’aimerais t’en offrir une pour ta Caverne. Nous en avons d’autres. Nous pourrons peut-être faire une démonstration à la Cérémonie.
— Oui, ce serait le moment idéal ! Et j’accepte ton présent avec joie, déclara Losaduna. Mais nous devons vous offrir quelque chose en échange.
— Laduni nous a déjà promis de nous donner ce dont nous avons besoin pour traverser le glacier, dit Jondalar. J’ai un Droit à Venir sur lui, mais il nous aurait donné de quoi manger de toute façon. Les loups nous ont volé nos vivres.
— Vous pensez traverser le glacier avec les chevaux ? demanda Losaduna.
— Bien sûr fit Ayla.
— Comment allez-vous les nourrir ? Et l’eau ? Deux chevaux boivent davantage que deux hommes, où trouverez-vous l’eau alors qu’il n’y a que de la glace dure comme le roc ? demanda Celui Qui Sert.
Ayla lança un regard interrogateur à Jondalar.
— J’y ai pensé, dit-il, et je crois que nous allons emporter de l’herbe sèche dans le canot.
— Et pourquoi pas des pierres qui brûlent ? fit Losaduna. Vous n’aurez qu’à choisir un endroit pour faire du feu sur la glace. Peut importe qu’elles soient mouillées, et vous serez moins encombrés.
Jondalar prit le temps de la réflexion, et un sourire radieux illumina alors son visage.
— Excellente idée ! s’exclama-t-il. Nous les emporterons dans le bateau. Il glissera aussi bien sur la glace s’il est chargé, et nous prendrons aussi quelques pierres pour supporter le foyer. Je me suis longtemps creusé la tête... je ne sais comment te remercier, Losaduna, tu me soulages d’un gros souci.
En surprenant par hasard une conversation, Ayla apprit qu’elle parlait avec un accent mamutoï, bien que Solandia penchait plutôt pour un léger défaut d’élocution. Elle avait beau faire des efforts, elle n’arrivait pas à surmonter sa difficulté à prononcer certains sons. Mais personne ne semblait en faire grand cas, ce qui la rassura.
Les jours suivants, Ayla se lia avec le groupe de Losadunaï qui habitait près du Puits Chaud. Chaque groupe constituait une Caverne, même s’il ne vivait pas dans une grotte. Elle appréciait particulièrement ceux avec qui elle partageait le foyer, Solandia, Losaduna et les quatre enfants, et elle s’aperçut à quel point la compagnie d’humains amicaux lui avait manqué. La femme parlait assez bien le Zelandonii qu’elle mélangeait avec des mots de losadunaï, mais Ayla et elle se comprenaient sans peine.
Ayla sympathisa davantage avec la compagne de Celui Qui Sert la Mère quand elle découvrit qu’elles partageaient des intérêts communs. Bien que Losaduna fût celui qui était censé connaître les plantes, les herbes et les remèdes, c’était surtout Solandia qui avait retenu le savoir ancestral. Le couple rappela à Ayla, Iza et Creb. Comme Iza, Solandia soignait les maux de son peuple avec ses herbes médicinales, laissant l’exorcisme des esprits et autres émanations malfaisantes à son compagnon. Ayla était intriguée par la passion de Losaduna pour les contes, légendes et mythes, pour le monde des esprits – tout ce qu’elle n’avait pas le droit de connaître lorsqu’elle vivait parmi le Clan – et elle en vint à admirer l’étendue de son savoir.
Dès qu’il découvrit l’authenticité de son intérêt pour la Grande Terre Mère et pour le monde immatériel des esprits, sa vive intelligence et sa mémoire surprenante, Losaduna s’empressa de transmettre ses connaissances à Ayla. Sans les comprendre tout à fait, elle put bientôt réciter de longs versets de légendes et de contes, ainsi que le contenu précis et l’ordre des rituels et des cérémonies. Losaduna parlait Zelandonii couramment avec un fort accent et des expressions losadunaï, rendant les deux langues si proches qu’il avait réussi à conserver le rythme et les mètres de
s versets, ne perdant que quelques rimes. Il était passionné par les différences mineures et les grandes similitudes entre son interprétation du monde surnaturel et la sagesse du savoir que Mamut avait transmis à la jeune femme. Ayla partageait cette passion, et devant l’insistance de Losaduna à comprendre les divergences et les similitudes, elle découvrit qu’elle n’était plus seulement un servant, comme avec Mamut, mais qu’elle transmettait à son tour les traditions venues de l’est, du moins celles qu’elle connaissait.
Jondalar appréciait aussi la compagnie des Losadunaï, et découvrait combien la présence d’humains lui avait manqué. Il passait beaucoup de temps avec Laduni et les chasseurs, mais Solandia fut surprise de l’intérêt particulier qu’il portait à ses enfants. A n’en pas douter, il aimait les enfants, mais il était davantage intéressé par la façon dont Solandia s’en occupait. Lorsqu’elle prenait soin du bébé, il se mettait à regretter qu’Ayla n’en eût pas. Ah, un enfant de mon esprit ! soupirait-il, ou au moins un fils, ou une fille de mon foyer.
Micheri, le bébé de Solandia, éveillait les mêmes sentiments chez Ayla, mais elle n’en continuait pas moins à prendre tous les jours son infusion contraceptive. Les descriptions du glacier qu’ils devaient encore traverser étaient suffisamment impressionnantes pour lui ôter l’envie d’avoir un enfant dès maintenant.
Bien que soulagé qu’Ayla ne fût pas devenue enceinte pendant le Voyage, Jondalar était en proie à des sentiments contradictoires. Le refus de la Grande Terre Mère d’honorer Ayla d’un enfant commençait à l’inquiéter, et il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il en était responsable. Un après-midi, il fit part de ses craintes à Losaduna.
— La Mère décidera quand le moment sera venu, lui assura Celui Qui Sert. Elle comprend sans doute qu’un enfant compliquerait votre Voyage. Toutefois, il est peut-être temps d’organiser une cérémonie pour L’honorer. Tu en profiteras pour Lui demander d’accorder un bébé à Ayla.
— Tu as raison, admit Jondalar. Cela ne peut pas faire de mal. (Il éclata soudain d’un rire amer.) Un jour quelqu’un m’a dit que j’étais un favori de la Mère, et qu’Elle ne me refuserait jamais rien... Ça n’a pas empêché Thonolan de mourir, remarqua-t-il avec tristesse.
— Lui as-tu expressément demandé de ne pas le laisser mourir ?
— Euh... non. Tout s’est passé tellement vite. Le lion m’a aussi attaqué, tu sais.
— Penses-y tout de même. Essaie de te souvenir si Elle t’a déjà refusé une chose que tu avais demandée... De toute façon, je vais proposer à Laduni et au Conseil d’organiser une cérémonie en l’honneur de la Mère. Je veux aider Madenia, et une Cérémonie pour Honorer la Mère serait certainement la bienvenue. Elle refuse de se lever. Elle ne s’est même pas déplacée pour écouter le récit de vos aventures. Et pourtant, elle adorait ce genre d’histoires.
— Quelle terrible épreuve elle a subie ! s’exclama Jondalar en frémissant d’horreur.
— Oui, en effet. J’avais espéré qu’elle s’en remettrait plus vite. Une purification au Puits Chaud lui ferait peut-être le plus grand bien, suggéra-t-il.
Mais il était manifeste qu’il n’attendait pas de réponse de Jondalar. Il se perdit dans ses réflexions, visiblement absorbé par la préparation du futur rituel.
— Sais-tu où est Ayla ? demanda-t-il à brûle-pourpoint. Je vais lui proposer de se joindre à la purification. Elle pourra nous être utile.
— Losaduna m’a tout expliqué, et ce rituel m’intéresse beaucoup, avoua Ayla. Mais je ne suis pas sûre de vouloir participer à la cérémonie.
— C’est une cérémonie importante, protesta Jondalar. Tout le monde l’attend avec impatience.
Devant sa réticence, il se demandait si la cérémonie lui serait bénéfique.
— Elle me plairait davantage si j’en savais un peu plus, concéda Ayla. J’ai tant à apprendre, et Losaduna ne demande pas mieux que de m’instruire. J’aimerais bien rester ici quelque temps.
— Nous devons partir bientôt. Si nous tardons, ce sera le printemps. Nous resterons jusqu’à la Cérémonie pour Honorer la Mère, et nous partirons tout de suite après.
— J’aimerais bien rester jusqu’à l’hiver prochain. Je suis lasse de voyager, avoua Ayla.
Elle se garda bien d’exprimer ce qui la tracassait : ce peuple est prêt à m’accepter, lui, mais le tien ?
— Moi aussi je suis fatigué du Voyage, admit Jondalar. Mais une fois que nous serons de l’autre côté du glacier, il nous restera un peu de chemin à parcourir. Nous nous arrêterons pour visiter Dalanar, et le reste sera facile.
Ayla eut l’air d’approuver, mais elle avait l’impression que le Voyage serait encore long, et que c’était plus facile à dire qu’à faire.
36
— Que devrai-je faire ? demanda Ayla.
— Je ne sais pas encore, répondit Losaduna. Mais étant donné les circonstances, j’ai l’impression que la présence d’une femme serait rassurante. Madenia sait que je suis Celui Qui Sert la Mère, mais je suis un homme, et les hommes lui font peur en ce moment. Il vaudrait mieux qu’elle puisse en parler, et il est parfois plus facile de se confier à un étranger compatissant. Les gens n’aiment pas que quelqu’un soit le dépositaire de leurs secrets douloureux, ils craignent qu’en voyant cette personne, les souvenirs resurgissent et réveillent leurs souffrances.
— Mais y a-t-il quelque chose que je devrais dire ou faire ? insista Ayla.
— Sois naturelle, laisse-toi guider par ta sensibilité, conseilla Losaduna. Tu possèdes un don rare pour les langues, je suis stupéfait par la vitesse à laquelle tu as appris le losadunaï. C’est une chance pour Madenia.
Ayla rougit sous les louanges et détourna les yeux. Elle ne se trouvait pas de dons extraordinaires.
— C’est très proche du Zelandonii, assura-t-elle.
Devinant sa gêne, il n’insista pas. L’arrivée opportune de Solandia détourna la conversation.
— Tout est prêt, déclara-t-elle. J’emmènerai les enfants et vous pourrez disposer de cet endroit quand vous aurez terminé. Oh, ça me rappelle... Ayla, puis-je prendre Loup avec moi ? Le bébé s’est attaché à lui, et Loup l’occupe. Si on m’avait dit qu’un jour je demanderais à un loup de surveiller mes enfants ! s’esclaffa-t-elle.
— Oui, il vaut mieux que Loup t’accompagne, fit Ayla. Il risquerait d’effaroucher Madenia.
— Allons la chercher, proposa Losaduna.
En se rendant au foyer où demeuraient Madenia et sa mère, Ayla remarqua qu’elle était plus grande que Losaduna et se souvint de la première impression qu’elle gardait de lui. Elle l’avait trouvé petit et timide. Elle le considérait différemment maintenant. Certes, il n’avait pas une prestance considérable, mais son attitude réservée et sa dignité tranquille cachaient une profonde sensibilité et une forte personnalité.
Losaduna gratta à la peau de cuir brut tendue entre deux perches. Une vieille femme souleva le rabat et les fit entrer. Elle sourcilla en apercevant Ayla et lui jeta un regard amer. Visiblement, l’étrangère n’était pas la bienvenue.
Sans attendre, la vieille se lança avec colère dans des récriminations.
— L’a-t-on retrouvé, celui qui m’a volé mes petits-enfants avant qu’ils aient eu la chance de naître ?
— Trouver Charoli ne te rendra pas tes petits-enfants, Verdegia, riposta Losaduna, et ce n’est pas ce qui nous amène. Pour l’instant, c’est Madenia qui nous préoccupe. Comment va-t-elle ?
— Elle refuse de se lever, et elle mange à peine. Elle ne m’adresse même pas la parole. C’était une gentille petite fille, et elle était en train de devenir une belle femme. Elle n’aurait jamais eu de mal à trouver un compagnon si Charoli et ses hommes ne l’avaient abîmée.
— Qu’est-ce qui te fait dire qu’elle est abîmée ? demanda Ayla.
La vieille femme la dévisagea comme si elle avait affaire à une demeurée.
— Cette femme ne sait donc pas ? apostropha-t-elle Losaduna. Madenia n’avait pas encore re
çu ses Premiers Rites. Elle est gâchée, abîmée. La Mère ne la bénira plus jamais.
— N’en sois pas si sûre, conseilla l’homme. La Mère n’est pas aussi impitoyable. Elle connaît Ses enfants et offre de multiples moyens pour leur venir en aide. Madenia sera purifiée et ramenée à la vie, pour qu’elle puisse recevoir les Rites des Premiers Plaisirs.
— Ça ne changera rien ! Elle refuse qu’un homme la touche, même pour les Premiers Rites ! glapit Verdegia. Tous mes fils sont partis vivre avec leur compagne, ils disaient qu’il n’y avait pas assez de place dans notre caverne pour de nouvelles familles. Madenia est mon dernier enfant, ma seule fille. Depuis que mon compagnon est mort, j’attends avec impatience qu’elle en trouve un. J’espérais qu’elle vivrait avec un homme qui l’aiderait à nourrir les enfants qu’elle porterait. Mes petits-enfants. Maintenant, je sais que je n’aurai jamais de petits-enfants chez moi. Et tout ça à cause de... de cet homme, cracha-t-elle. Et personne ne fait rien !
— Tu sais parfaitement que Laduni attend une réponse de Tomasi, protesta Losaduna.
— Tomasi ? Pfft ! A quoi servira-t-il ? C’est dans sa caverne qu’a éclos cet... cet homme.
— Laisse-leur le temps. Mais pour ce qui nous concerne, nous ne les attendrons pas pour aider Madenia. Après la purification, elle changera peut-être d’avis sur les Premiers Rites. En tout cas, il faut tout essayer.
— Essayez tant que vous voulez, mais elle ne se lèvera pas.
— Nous l’aiderons, assura Losaduna. Où est-elle ?
— Là, derrière, dit Verdegia en désignant un endroit près du mur de la caverne qu’une peau protégeait des regards.
Losaduna s’y dirigea, souleva le cuir, laissant le jour éclairer l’alcôve. La fille, allongée sur le lit, protégea vivement ses yeux de la lumière.
— Madenia, lève-toi, ordonna Losaduna d’une voix douce mais ferme. Ayla, aide-moi, ajouta-t-il comme la fille détournait la tête.
Ils la firent d’abord asseoir, et l’aidèrent ensuite à se mettre debout. Madenia se laissa faire de mauvaise grâce. Ils l’encadrèrent et la conduisirent hors de l’alcôve, puis à l’extérieur de la caverne. Pieds nus, la fille ne semblait pourtant pas sentir le sol recouvert de neige gelée. Ils la guidèrent vers une grande tente conique qu’Ayla n’avait pas encore remarquée. Elle était disposée sur le côté de la caverne, cachée derrière des rochers et des buissons. De la vapeur s’échappait du trou d’aération et une forte odeur de soufre imprégnait l’air.