Moi, l'amour et autres catastrophes

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Moi, l'amour et autres catastrophes Page 10

by Karen Templeton


  — Vous avez une idée de ce que nous sommes censés faire de lui…

  Comme l’officier de police a posé la question en regardant Nick, je n’ai aucune raison d’avoir l’impression qu’elle m’était adressée.

  — … en attendant de savoir si la victime avait pris des dispositions concernant son chien ?

  Je continue de gratter Geoff derrière les oreilles, me refusant à lever les yeux.

  — Le mieux serait de le mettre à la fourrière en attendant, répond Nick.

  L'officier me regarde. Nick me regarde. Les deux clochards assis sur le banc deux mètres plus loin me regardent.

  Et ne me demandez pas ce que fait le chien !

  — Cessez de me regarder ainsi !

  Je m’adresse principalement au chien, mais je me suis assurée que tout le monde entende ma protestation.

  — Geoff, dis-je, la fourrière c’est génial, tu sais ? De la nourriture tous les jours, de délicieuses odeurs de chien à profusion. Et puis c’est temporaire, en attendant qu’ils trouvent à qui Brice voulait te laisser…

  Mais ces grands yeux bruns limpides me font fondre. J’imagine ses questions : si le gardien est méchant? Si la nourriture est mauvaise ? Si personne ne nettoie ma cage et que je doive dormir avec mes crottes ?

  — Ça ira très bien, dis-je.

  J’avais vraiment besoin d’entendre ces mots et comme personne d’autre ne semblait volontaire…

  — … C'est un endroit géré par la ville de New York, non ? Qu’est-ce qui pourrait aller de travers ?

  Derrière moi, un rire fuse. Geoff baisse lentement son petit menton sur le bras du flic et… me fixe.

  Non. Non. D’accord, j’ai toujours voulu un chien. Mais, zut, je n’en ai vraiment pas besoin maintenant. Même temporairement. Mon existence est en ruine, je viens de perdre mon job, j’aime dormir jusqu’à 7 heures passées si je le désire…

  Et pourras-tu fermer l’œil sachant qu’il suffit d’une erreur, à n’importe quel moment, pour que Geoff se retrouve par accident au paradis des toutous ?

  Le chien pousse un soupir sincère. Presque aussi sincère que celui que je pousse dans la foulée.

  — Vous avez une corde ou quelque chose que je pourrais utiliser en guise de laisse ?

  Trois personnes bondissent comme des flèches pour satisfaire ma demande et, une minute plus tard, j’ai une laisse dans les mains. Une vraie, même si elle semble avoir été conçue pour un éléphant.

  Je l’attache au collier du chien et nous sortons, la laisse tendue entre nous comme une chaîne. Geoff ne semble pas s’en soucier. En fait, maintenant que ses besoins immédiats ont été satisfaits, il ne semble pas non plus bouleversé outre-mesure par la mort de Brice.

  Sourcils froncés, Nick regarde le chien.

  — C'est normal que ses oreilles soient si grandes ?

  Le chien lève les yeux vers moi.

  — Ne fais pas attention à cet homme qui n’y connaît rien, dis-je en louchant vers lui. Bon, nous allons rentrer tranquillement…

  — Dis… Ça te dirait d’aller prendre un café, ou un truc, un de ces jours ?

  Mes sourcils se haussent.

  — Tu parles de sortir ensemble ?

  — Je parle de prendre un café.

  A la lumière du jour, les yeux de Nick paraissent encore plus bleus. Et cette ombre de barbe le rend encore plus dangereux.

  Je détourne le regard, la chaleur et le soleil me piquent les yeux. Geoff tire sur sa laisse.

  — Attends une minute, dis-je, irritée.

  Le chien pousse un lourd soupir et s’affale dans la parcelle d’ombre aux pieds de Nick.

  — Tu veux qu’on parle de la personne qui t’a tenu éveillé…?

  Je rougis.

  — ... jusqu’à 4 heures du matin ?

  — Merde, murmure-t-il. Pourquoi les femmes s’imaginent-elles qu’on les drague dès qu’on les invite à prendre un café ?

  — Je ne sais pas… l’expérience peut-être ?

  Il soupire, exaspéré.

  — Tu viens juste de m’offrir à déjeuner. Est-ce que ça signifie que tu me draguais ?

  — Bien sûr que non ! C'était un… un simple geste amical.

  — Alors en quoi est-ce différent ?

  — Parce que… c’est comme ça.

  Incroyable qu’il ne comprenne pas.

  — Hé, ce n’est pas moi qui fais les règles. Mais je les connais.

  — Et certaines règles n’ont aucun sens, dit-il en croisant les bras.

  — Tu veux me faire croire que tu désires simplement — simplement — être mon ami ?

  — Oui. Quoi de si étrange ?

  Je me force à ne pas lever les yeux au ciel.

  — Hum. Tu es vraiment capable de me regarder sans arrière-pensée ?

  — Absolument.

  Il a répondu trop vite, ce qui bizarrement ne me rassure pas autant que ça le devrait.

  — Je vois.

  — C'est pas vrai…

  — Quoi ?

  — Tu devrais voir ton visage, Ginger, on dirait que je viens de t’insulter.

  Il fait la grimace.

  — Un mec a toujours tort, tu sais ça ? S'il dit à une femme qu’il la trouve sexy, elle part dans une tirade où il est question des hommes qui cherchent tous la même chose. S'il lui dit qu’il n’est pas attiré par elle, elle déprime en se demandant ce qui cloche chez elle. Nous sommes perdants sur tous les tableaux.

  Je dois admettre qu’il n’a pas tort.

  — Alors… qu’est-ce que cela signifie, quand un homme prétend ne pas être attiré par une femme ?

  J’ai entendu ces mots assez souvent dans ma vie. Comme Nick semble avoir creusé le sujet en profondeur, autant en tirer quelques informations.

  — Cela signifie qu’il n’est pas attiré par elle. Peut-être parce que le moment n’est pas favorable, ou que quelqu’un d’autre occupe ses pensées… ce que tu veux. Cela ne signifie pas forcément qu’elle n’est pas séduisante.

  Un sourire penaud et un haussement d’épaules accompagnent ces paroles.

  — Et c’est mon cas ?

  Seigneur, je suis pitoyable.

  — Tu cherches les compliments, dit Nick.

  — Après la semaine que j’ai vécu, ce n’est pas surprenant.

  Il rit.

  — Oui Ginger, c’est ton cas. Sur une échelle de 1 à 10, je te mettrais peut-être... 8 ?

  Je prends. Hé, je ne suis pas Catherine Zeta Jones et je le sais.

  — Et toi ? ajoute-il. Tu as des arrière-pensées quand tu me regardes ?

  Ce que je pense, quand je le vois, c’est « Dieu qu’il fait chaud ici ! »

  — Non, dis-je, parce que je voudrais que ce soit la vérité. Après ce que je viens de vivre, je ne serais pas surprise de ne plus jamais en avoir.

  Il hausse les sourcils d’un air de doute.

  — Alors quel est le problème ?

  Le problème est que je suis certaine que sa proposition cache un piège et ça m’énerve de ne pas comprendre quoi.

  — Je ne sais pas… je n’ai jamais eu un mec pour ami. Pas un mec hétéro en tout cas.

  — Alors c’est peut-être une opportunité en or. Ecoute Ginger, je ne trompe pas mes petites amies…

  Naturellement, je me demande combien exactement ont eu droit à ce titre ces dix dernières années.

  — ... jamais. Je t’aime bien. Nous appartenons à la même famille, quand même. Et oui, pour répondre à la question qui traîne dans ce cerveau féminin, si nous avons rendez-vous pour… un café, ou autre chose, je le dirai à Amy.

  C'est l’éventualité d’un « autre chose » qui me rend nerveuse. Je ne veux pas d’« autre chose ». Jamais. Parce que je sais à quoi ressemble l’« autre chose » de Nick Wojowodski…

  Mais je devrais cesser de me rendre ridicule parce que ce mec partage « autre chose » avec une autre de façon probablement régulière et, zut, que risque-t-on à boire une tasse de café dans un snack bondé ?

  — Je dois rentr
er, dis-je au bout d’un moment, consciente de ne pas avoir répondu.

  — Bon, dit-il les mains dans les poches, fais attention à toi, d’accord ?

  Dites-moi que j’ai pris la bonne décision.

  Dès que j’ouvre la porte de l’appartement, Geoff file droit sur mon canapé. Défiant toutes les lois connues de la physique, il hisse son corps à courtes pattes sur le canapé, où il s’effondre en haletant si fort que j’ai peur que ses poumons n’explosent. Poils de chien marron et bave sur velours rouge. Eh oui.

  Trop épuisée et anéantie par la chaleur pour m’en soucier — il ne s’agit que de quelques jours et je me souviens vaguement comment faire fonctionner un aspirateur —, je lance mon sac sur le comptoir et remarque qu’un message m’attend sur le répondeur. Dur. Cela peut attendre. Pour l’instant mes priorités consistent à boire, arracher mon collant et faire pipi, dans cet ordre.

  Quand il me voit ouvrir le robinet de la cuisine, Geoff bondit du sofa en un éclair. Je trouve un bol de plastique, le remplis et le pose sur le sol, puis me saisis du plus grand gobelet que je possède, le remplis et le porte à mes lèvres. Des glouglous anarchiques résonnent durant une bonne minute. Si j’ai une crampe d’estomac parce que j’ai trop bu et trop vite, je m’en fiche carrément.

  Tandis que l’eau noie mon estomac, je mets le ventilateur en marche. Je l’oriente dans ma direction, soulève ma jupe et ôte mes instruments de torture en Nylon avant de me glisser, pieds nus, dans la salle de bains. Mes activités ont dû déclencher un besoin du même type chez mon nouveau coloc, qui maintenant gémit devant la porte.

  — Tu rêves, dis-je en faisant glisser ma robe et ma combinaison trempées de sueur. Tu t’es soulagé au moins trois cents fois entre le commissariat et ici.

  (Oui nous sommes rentrés à pied. Ne cherchez pas pourquoi.) Debout en sous-vêtements face au ventilateur, j’attends que ma sueur s’évapore. Le chien, qui avait repris son halètement frénétique, ravale sa langue et observe ma poitrine, perplexe.

  — Crois-moi sur parole, dis-je. Mes seins existent.

  Geoff émet l’équivalent canin d’un haussement d’épaules du style — bien sûr, chérie, si tu le dis — avant de se hisser de nouveau sur le sofa.

  Les hommes.

  Vaguement plus fraîche que cinq minutes plus tôt, j’enfile une courte robe d’été, m’empare d’un Coca dans le frigo et m’écroule à côté du chien. J’ai décidé de faire le point sur ma situation, façon Bridget Jones.

  O.K.

  Perdu : Fiancé, un. Job, un.

  Gagné : Chien, un. Ami masculin éventuel, un. Mais seulement si je réunis assez de courage pour tenter l’expérience, ce qui est peu probable. Peut-être devrais-je rayer ça de la liste.

  Inchangé : Appartement, un. Mère, une (gros soupir). Grand-mère, une. Amies qui ne se parlent plus entre elles, deux. Autres amis, suffisamment. Argent sur mon compte — je me lève extirper mon chéquier de mon sac — assez pour me tenir à flot un mois, peut-être. Avec ce que je vais toucher de chez Fanning, un mois supplémentaire, peut-être un peu plus.

  Dans le fond, les choses pourraient être pires…

  Le téléphone sonne chez le voisin. Non, minute, c’est chez moi.

  Je traque le sans-fil et le trouve enfoui derrière un coussin du sofa, en compagnie de la télécommande et de trois emballages d’esquimaux. Je réponds juste avant que le répondeur ne se déclenche.

  — Ginger, salut ! C'est Annie Murphy !

  Oh-oh. C'est la fille à qui je sous-loue l’appartement, vous vous souvenez ? En cinq ans elle ne m’a jamais appelée.

  — Annie ! dis-je, joviale. Salut… hum, tu as bien reçu mon dernier chèque ?

  — Comment ? Oh oui. Je n’appelle pas pour ça. Je t’ai laissé un message sur le répondeur, mais je me suis dit que j’allais réessayer de te joindre, comme c’est important…

  Geoff enfonce son menton pelucheux dans ma jambe nue. Nan, nan, nan. Je le repousse, juste au moment où Annie poursuit :

  — Zut, je suis vraiment désolée de te faire ça…

  6

  — Incroyable ! Elle ne te donne que deux semaines ?

  Ted, vêtu d’un T-shirt trop grand de l’université du Michigan, s’affaire à verser une tonne de carottes dans le wok grésillant. Quand j’ai échoué à sa porte une demi-heure plus tôt, pauvre petite chose muette de terreur, le chien sur mes talons, Ted nous a fait entrer. Puis il nous a offert à moi un Evian, à Geoff une caresse sur la tête, et a insisté pour que nous restions dîner.

  — Comment pense-t-elle que tu vas faire ? Elle a bien compris que les meubles t’appartenaient, au moins ?

  Ce dernier coup du sort a grillé mon cerveau. Assommée. Même soupirer est trop me demander, bien que l’appel d’Annie date de plusieurs heures. Comment deviner qu’après cinq ans consacrés à créer des costumes de film sur la côte Ouest, elle recevrait la proposition soudaine de superviser la garde-robe d’un feuilleton tourné à New York ? Sa mère étant malade depuis un moment, Annie a saisi l’opportunité de se rapprocher de sa famille. Et compte évidemment récupérer son appartement.

  Que pouvais-je répondre ? Il est à moi maintenant, tu ne peux pas l’avoir ? Il ne s’agit pas d’un ballon sur un terrain de jeu. Ni du mec d’une autre. Officiellement, l’appart lui revient puisque le bail est à son nom. C'est même un coup de chance d’avoir pu rester si longtemps. Aucune de nous deux ne pensait que six mois se transformeraient en cinq ans. Maintenant, elle revient et je peux ajouter « sans-abri » à la liste de mes déboires, à la suite de « sans emploi » et « sans attache ».

  Je joue avec mon joli petit téléphone Nokia, posé devant moi sur le bar. Je me devais de l’emporter avec moi, vous savez, au cas où Nick appellerait. A propos de Brice, du chien ou un truc de ce genre. Je lui ai assuré que je serais joignable.

  — Oui, elle sait que les meubles m’appartiennent. Elle se procurera ce qu’il lui faut à son arrivée.

  Poivrons et brocolis rejoignent les carottes sacrifiées.

  — Zut, ça fait vraiment suer.

  Je ne vais pas le contredire. Ted me jette un œil par-dessus son épaule.

  — Tu es certaine de ne pas désirer une boisson plus corsée ?

  Je secoue la tête. Je ne suis pas certaine que mon système digestif ait évacué la totalité du champagne.

  Le téléphone de Ted sonne. Il tire son portable de sa poche et répond, sans que cela ne perturbe d’un iota son activité culinaire. Depuis le salon, j’entends Alyssa glousser avec Geoff. Si personne ne réclame ce chien, je parviendrai peut-être à persuader Ted de l’adopter. A moins que les deux chats siamois — réfugiés depuis notre arrivée sur la plus haute étagère de verre en rêvant de la mort du chien — ne posent leur veto.

  Randall fait irruption dans la cuisine, son portable vissé à l’oreille, soupirant à tout va. Je crois comprendre qu’il parle avec sa mère. La conversation concerne son frère cadet, Davis, qui vient s’installer à New York. Leur mère souhaiterait que Randall l’héberge, le temps qu’il trouve un appartement. Inutile de dire que mon voisin tente de l’en dissuader. A mon avis, ce n’est pas lui qui va l’emporter. Il plante son séduisant derrière glissé dans un jean sur le tabouret à côté de moi et fronce les sourcils.

  Ted achève sa communication et vient chercher un saladier de céramique.

  — Hé chérie, souris. On va arranger ça, je te le promets.

  Un petit sourire éclaire mon visage. Mais vraiment petit.

  — C'est gentil, Ted. Mais ma vie est en mille morceaux et je ne vois pas comment les recoller…

  Randall pose son téléphone sur le comptoir. Les Nokia dépotent en ce moment.

  — Laisse-moi deviner, dit Ted en versant les légumes sautés dans le saladier. Nous aurons de la compagnie la semaine prochaine.

  — J’ai tenté de l’en dissuader, dit Randall à Ted. J’ai tout essayé.

  Ted apporte le saladier sur la table à l’autre bout du salon.

  — Hé, tu es le seul à qui ça pos
e un problème. Héberger ton frère ne me dérange pas. Evidemment moi, je n’ai aucun problème à admettre que je suis gay.

  — C'est parce que ta mère est morte.

  Imperturbable, Ted regagne la cuisine, gratifiant Randall d’une petite tape en passant.

  — Mettre ta mère au courant ne la tuera pas, Rand.

  — C'est ce que tu crois.

  Super, une distraction.

  — Oh allez, dis-je grappillant un morceau de champignon oublié par Ted. Choquer nos parents fait partie de notre boulot…

  Le champignon disparaît dans le vide béant qui occupe mon estomac. Avec tout ce qui m’arrive, je ne devrais pas avoir faim. Mais allez expliquer ça à mon estomac.

  — … Davis a rempli son quota en étant le premier à divorcer depuis trois générations, des deux côtés de la famille. Et toi qu’as-tu fait ? Rien. Je trouve que tu as un sacré retard à rattraper.

  — Tu dis n’importe quoi, tu le sais? soupire Randall.

  — En tout cas, moi je ne prétends pas être autre chose que ce que je suis vraiment.

  J’intercepte le regard qu’échangent les deux hommes, mais avant que je ne puisse creuser la question, Alyssa et Geoff apparaissent afin de s’enquérir du dîner.

  — Je ne peux te proposer que des légumes, dit Ted au chien avant de me regarder.

  — Ne me demande rien, je n’ai aucune idée de sa nourriture habituelle.

  Ted saisit le sac de carottes posé sur le comptoir et en tend une au chien. Geoff la renifle et coule un regard vers moi.

  — Pour le moment, je n’ai rien d’autre, lui dis-je. Tu auras de la vraie nourriture pour chien plus tard, d’accord ?

  Le chien soupire et s’empare de la carotte. Il reste immobile un moment, la carotte oscillant dans sa gueule comme un cigare. Il finit par l’emporter à contre-cœur pour la laisser tomber sur le tapis berbère sous la table basse. Après l’avoir contemplée une bonne minute, il la coince entre ses pattes et finit par la croquer avec un gros soupir. Mais tout son être clame que je vais devoir sérieusement me faire pardonner.

  — Je ne peux pas croire que tu n’habiteras plus en face, dit Alyssa en se glissant à mes côtés.

  Elle semble bouleversée.

  — … C'est vraiment nul.

 

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