ELEANOR DÉBARQUE !

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ELEANOR DÉBARQUE ! Page 20

by Lee Nicols


  — La plupart du temps. Pas douze heures. Pas toujours. Je fais d’autres choses. Je vais dans les galeries d’art, parfois…

  — Vous faites assez de shopping pour savoir quels jours Bloomies et Nieman Marcus reçoivent de nouveaux modèles. En fait, vous avez une vendeuse attitrée qui met votre taille de côté quand arrivent les modèles Chloe et Gucci. Comment s’appelle-t-elle ? Cathy… Karen ?

  — Carrie. Comment le savez-vous ?

  Les vendeuses portent toujours des noms commençant par K ou C.

  — Ce n’est pas tout ce que je sais, Nyla. Je sais que lorsque vous rentrez chez vous avec vos nouvelles fringues Prada, Calvin Klein, ou Roberto Cavalli, vous croyez que vous allez être heureuse, mais vous ne l’êtes pas. Vous les essayez tout de suite devant le miroir de votre placard, ou celui de votre salle de bains — vous savez, le seul, le seul et unique auquel vous pouvez faire confiance pour vous montrer la réalité, pas comme ces minuscules miroirs du magasin. Deux fois par semaine, vous décidez que quelque chose vous plaît, vous enlevez les étiquettes et le suspendez dans votre placard avec les autres vêtements dont vous avez décidé un jour qu’ils vous plaisaient, mais que vous n’avez jamais portés parce que l’occasion adéquate ne s’est jamais présentée. Mais la plupart du temps, vous trouvez que la tenue que vous avez achetée vous fait paraître gonflée, ou trapue, ou tordue, ou plate, ou bouffie, vous la repliez dans le sac et la laissez sur le plancher du placard, espérant qu’un jour vous aurez assez d’énergie pour la rapporter.

  — Je n’ai jamais raconté à personne…

  — Combien de sacs y a-t-il au fond de votre placard, Nyla ?

  — Je ne sais pas. Quelques-uns ?

  Sa voix se casse.

  — Six ?

  — Plus que six.

  — Une douzaine ?

  — Etes-vous heureuse, Nyla ?

  Elle renifle.

  — Non.

  — Je ne l’étais pas non… Je ne suis pas heureuse de savoir que vous n’êtes pas heureuse. Maintenant, vous avez deux solutions. Tout oublier, continuer à faire semblant et rester malheureuse. Ou bien essayer quelque chose de nouveau, quelque chose de radical.

  — Arrêter le shopping ?

  Je ris.

  — Ce serait vraiment trop radical, non ?

  — Oh, Dieu merci !

  — Je vais vous demander d’effectuer un travail. Quand nous aurons raccroché, vous allez vous asseoir avec du papier et un crayon et penser à cinq métiers qui vous plairaient. Ne vous interrogez pas sur le salaire, écrivez simplement cinq choses que vous aimeriez faire, et demain nous étudierons votre liste. Et restez raisonnable — il semblerait que des carrières comme architecte ou vétérinaire demandent beaucoup d’études.

  — Mais je ne sais rien faire.

  — Vous n’êtes pas la seule — je veux dire, beaucoup de gens ne savent rien faire, et ils le font quand même, et ils se sentent mieux qu’ils ne l’ont jamais été.

  — Cinq métiers ?

  — Cinq métiers.

  — Je vais le faire. J’appellerai demain. Et, Elle… merci.

  A la fin de la journée, je suis épuisée. Sur le chemin du retour, je conduis l’esprit dans les nuages. J’aime les appels légers, où l’on bavarde de tout et de rien. Les appels sérieux me plaisent aussi. Les appels critiques sont difficiles, mais utiles. Quand je donne un numéro d’urgence à une personne qui en a besoin, j’ai l’impression de vraiment servir à quelque chose. J’aime Darwin et Adèle. Et j’aime C. Burke, bien que je ne l’aie jamais rencontré.

  Cet après-midi, je me suis glissée dans son bureau pour obtenir les documents que m’a demandés Joshua. Rien d’important, juste des trucs sur notre prestataire de services, le leasing du matériel, des ordres d’achat, des argumentaires, des manuels. Le bureau de C. Burke est un box amélioré, muni d’une porte. Je l’ai refermée derrière moi, terrifiée à l’idée de me faire piquer et de perdre mon travail. Mais si je ne ramène pas ces documents, c’est Joshua que je vais perdre. Au moment de fouiller dans les tiroirs, j’ai entendu quelqu’un à l’extérieur. J’ai paniqué, certaine d’être virée, humiliée et réduite à la misère. Mais la personne n’a fait que passer. J’ai attendu qu’elle soit partie, ai ouvert la porte et me suis enfuie. Les mains vides.

  Je me gare sur la place de parking voisine de la Volvo de Merrick. Malgré ses feux arrière carrés, ma BM paraît vraiment bonne pour la casse, à côté de son modèle argent dernier cri. Mais vous savez quoi ? Je m’en moque ! J’aime être voyante — même fausse voyante. J’aime mon appartement — même s’il a été dessiné par Merrick. J’aime mon petit ami — même s’il ne se considère pas du tout comme tel.

  J’ai payé ses six cents dollars à Monty — virtuellement à temps ! — et il m’en reste encore environ deux cents. L'appartement est vraiment à moi, même s’il m’oblige à utiliser du Chanel n° 5 avec la même largesse que s’il s’agissait d’eau. J’en vaporise un peu chaque fois que je passe devant la porte de Merrick, afin qu’il sache définitivement que je ne sens pas les égouts.

  Ma petite liste ne paraît plus si stupide. J’ai rayé « appartement », « voiture » et « boulot ». Pour « mec », j’ai tracé un trait au crayon.

  Quand j’ouvre ma porte, le téléphone sonne. Je réponds joyeusement — prête à parler à n’importe qui.

  — Eleanor Medina.

  A n’importe qui, sauf Carlos. Merde.

  — Vous pensiez vous débarrasser de moi en déménageant, n’est-ce pas ?

  — Non, Carlos, cela ne me traverserait pas l’esprit. J’ai juste… Le trolley était affreux, alors j’ai déménagé. Je voulais vous appeler, mais j’ai été occupée.

  — Le nouvel endroit coûte plus cher ?

  — Pareil, je mens. Pratiquement pareil. Et devinez quoi ? J’ai un boulot.

  — J’ai besoin d’un chèque, Elle.

  — J’en ai envoyé un. Vous ne l’avez pas reçu ?

  — Celui de douze dollars ?

  — C'est un début. C'est la Nouvelle Elle. Je sais que ce n’est pas beaucoup, mais c’est parce que je ne possède presque rien. Et maintenant que j’ai un boulot, je vais pouvoir envoyer davantage.

  — Pas d’entourloupes avec moi, Elle.

  — Pas d’entourloupes, promis.

  — Où travaillez-vous ? Dans votre dossier, il est écrit que vous n’avez jamais occupé d’emploi, et…

  — C'est faux, j’ai été… euh… J’ai occupé un emploi dans une reconstitution… euh… historique.

  — Ne m’en dites pas plus. Que faites-vous maintenant ?

  Je lui décris mes nouvelles fonctions, et nous redevenons copains. Il demande le numéro de téléphone de Top Job.

  — Voyante par téléphone, répète-il en riant, sans cacher son incrédulité.

  — Je fais ça très bien.

  — Pouvez-vous dire ce que je pense à l’instant ?

  Dieu merci, la séduction latine a réapparu dans sa voix.

  — Non, je pouffe.

  — Je pense que vous feriez mieux de m’envoyer cinq cents dollars, Elle, ou je vais faire une saisie sur votre salaire.

  ¡ Ay caramba !

  28

  J’hésite entre un cavalier king-charles, un labrador chocolat ou peut-être un barzoï. Je ne sais pas vraiment à quoi ressemblent le king-charles ni le barzoï, mais j’ai toujours aimé leurs noms : l’un précieux, l’autre exotique.

  J’ai interrompu le petit déjeuner de Maya pour la traîner à la SPA. L'idée était de lui remonter le moral, lui faire penser à autre chose qu’à sa fausse couche. Quand j’ai débarqué, elle sirotait son café en peignoir et pantoufles. Je me suis versé un café pendant qu’elle gagnait sa chambre en traînant des pieds. Elle est réapparue cinq minutes plus tard, mutine et en pleine forme, dans un pull bleu marine que j’ai reconnu comme datant du lycée. Je la hais.

  — Ça n’est pas bon pour le moral, dit Maya quand nous arrivons au chenil.

  Le temps est glacial, des bourrasques de
vent nous surprennent. Les chiens laissés-pour-compte frissonnent dans leurs cages, et aboient avec servilité.

  — Tu as raison. La seule chose du lycée qui m’aille encore, ce sont mes boucles d’oreilles.

  — Ce n’est pas vrai, dit-elle. Il y a aussi les chaussettes.

  Je roule des yeux et m’agenouille devant un chien rouge pelucheux à la langue mouchetée.

  — Priscilla. Bâtard de chow-chow. Quatre ans. Ses maîtres n’avaient pas le temps de s’occuper d’elle. Ils l’ont élevée pendant quatre ans avant de réaliser qu’ils n’avaient pas le temps ?

  — Tu sais qu’on trouve des chiots à vendre, n’est-ce pas ? demande Maya. Pure race. Pour disons, quelques centaines de dollars.

  Je caresse le chow-chow en guise d’adieu et passe à la cage suivante : Têtard, un chien en forme de tube épais, avec une fourrure brillante et un visage anxieux.

  — Ouais, mais j’ai lu un truc dans Vogue ou Glamour, à propos des élevages où l’on s’occupe des chiots à la chaîne. En plus, il paraît qu’il y a plein de chiens pure race dans les refuges. Je vais certainement trouver un véritable lévrier Afghan.

  — Depuis quand as-tu décidé que tu avais besoin d’un chien ?

  — Depuis toujours. Quand j’étais enfant, mon père refusait que j’en aie un, et quand il est parti, ma mère a maintenu la règle comme si elle était immuable. Quand j’ai essayé d’intéresser Louis à la question, il s’est plaint de ses sinus.

  Nous nous arrêtons devant un bâtard de pit-bull à la fourrure marron et blanche avec une cicatrice sur le museau. A peu près le cinquième bâtard de pit-bull que nous voyons.

  — Ces pit-bulls sont de chauds lapins, n’est-ce pas ? dit Maya.

  Ce qui me fait penser :

  — Je dois me présenter devant la cour mardi.

  — Tu n’as pas rencontré de tête couronnée, n’est-ce pas ?

  — Une cour d’un genre différent.

  Pendant que nous continuons notre périple parmi les cages du chenil, j’avoue l’incident du Café Lustre.

  — Du jus de cassis ?

  Maya est ébahie.

  — Comment fais-tu, Elle ?

  — C'est un don.

  Notre circuit s’achève devant la cage d’un dalmatien géant baptisé Hoser. Il est grand, luisant, pure race et beau. En plus, il est assorti à mes meubles. Mais un petit mot sur sa cage dit qu’il a déjà été adopté. Alors je rejoins Priscilla. C'est un chow-chow presque pure race. Et elle s’est fait jeter après quatre ans. Moi, on m’a jetée au bout de six, alors je sais ce qu’elle ressent.

  Je remplis le formulaire en un temps record, et le tends à l’employée. Pendant qu’elle le lit, je consulte les affichettes accrochées aux murs. Des gens qui promènent ou entraînent les chiens. Quelqu’un qui vend une barrière électronique. Une annonce à propos de cette chienne disparue, Holly, qui n’a toujours pas été retrouvée. C'est devenu une célébrité locale et on répand des avertissements de plus en plus alarmants à propos de sa santé si elle ne prend pas ses médicaments. Une pile de cartes de visite de quelqu’un qui vend des colliers et des laisses fabriqués à la main : j’en prends une. J’ai déjà la nourriture et les écuelles, bien sûr.

  — Impossible…

  La femme derrière le comptoir lève les yeux de ma candidature.

  — … Vous n’avez pas de jardin.

  — Eh bien, j’irai la promener. Au centre-ville, sur la plage et dans la Réserve Wilcox. Ce sera encore un meilleur exercice.

  — Il vous faut un jardin avec clôture. Une clôture d’au moins un mètre cinquante de haut, avec un périmètre de sécurité.

  — Un périmètre de sécurité ? On est où ici ? A Fort Knox, ou à la SPA ?

  — Je suis désolée, madame, c’est notre règlement.

  Je déteste, déteste, je déteste qu’on m’appelle « madame ».

  — Pourquoi ? Qu’est-ce que ça peut faire où je la promène, du moment que je la promène ?

  — Mais si vous ne la promenez pas ?

  — Mais je la promènerai…

  Maya s’évente avec une brochure sur la castration.

  Je sens mes mâchoires se crisper.

  — A lors vous dites que je ne peux pas adopter Priscilla.

  — Non, je suis désolée.

  — Y a-t-il un chien que je puisse adopter ?

  — Le règlement exige que pour adopter un chien vous ayez un jardin.

  — Et si vous recueillez un chien cul-de-jatte — aurai-je encore besoin d’une clôture d’un mètre cinquante ?

  La femme me regarde.

  — Nous n’avons pas souvent des chiens sans pattes.

  — Vous savez, il serait peut-être judicieux que vous mettiez une pancarte prévenant les gens qu’ils ne peuvent adopter un chien s’ils n’ont pas de jardin…

  Je ne peux pas croire que j’ai dit « judicieux ».

  — Ce n’est pas très humain de laisser les gens s’attacher à l’un de ces pauvres animaux, puis de leur arracher tranquillement le cœur à cause d’une espèce d’obsession pour les périmètres de sécurité. Vous croyez qu’ils sont plus heureux dans ces chenils ? Combien de chiens vont mourir parce que vous exigez des jardins ? Parce que les promener sur la plage ne suffit pas ? Hein ? Hein ? Quand cette folie cessera-t-elle ?

  Irradiant d’une furie légitime, je m’interromps pour reprendre ma respiration et l’employée me dit :

  — Notre refuge refuse l’euthanasie. Nous plaçons cent pour cent de nos chiens. Dans des maisons avec jardins.

  Après que nous nous sommes éclipsées, Maya me dit :

  — Tu sais, tu avais raison. Ça m’a remonté le moral.

  Je travaille dimanche. Je suis dépourvue de chien, mais invaincue. C'est un peu mou quand même. La première heure, j’ai une demi-douzaine de personnes qui finalement refusent qu’on leur lise l’avenir, puis plus aucun appel pendant une heure et demie.

  L'après-midi, une poignée de clients restent en ligne de vingt à vingt-cinq minutes, pour s’entendre dire les mêmes banalités. « Oui, vous allez rencontrer un homme, mais vous devez d’abord travailler sur vous-même. Le prince charmant n’arrive pas au galop pour épouser la première venue, mais pour épouser la princesse. La princesse n’est pas dépendante ni désespérée. Elle ne se laisse pas manquer de respect, n’est pas sans défense et serait fichtrement capable de grimper toute seule sur ce cheval si besoin était. Et souvenez-vous : il faut d’abord embrasser beaucoup de grenouilles. »

  Quand je le dis, ça sonne bien. J’ai pris ça dans Mademoiselle. Ou O. Ou ailleurs.

  Je suis de nouveau dans une période creuse, à faire des mots croisés, quand James appelle. C'est le type qui en pinçait pour sa belle-sœur. Je suis soulagée d’être interrompue. Je n’ai trouvé que deux mots et ce sont des noms de célébrités. Je suis nulle en mots croisés. Peut-être que L devrait proposer des mots croisés pour dyslexiques.

  — Bonjour, James. Un mot en cinq lettres pour une cour d’abeilles ?

  — Ruche.

  Je compte les lettres.

  — Ça rentre ! Comment avez-vous deviné ?

  — C'est tout moi, Elle. Incollable à propos des abeilles, des fleurs et des petites graines.

  Je ris.

  — Que puis-je faire pour vous ? Vous voulez votre horoscope ?

  — Nan. Je voulais juste vous dire, je pense demander à Sandy de m’épouser.

  Sandy est la fille de l’église avec qui sa belle-sœur lui a arrangé un rendez-vous.

  — De vous épouser ? C'est rapide.

  — Nous nous sommes vus tous les jours depuis notre premier rendez-vous. Nous avons beaucoup de choses en commun. La même église, et nous aimons tous les deux le stock-car et McDonald’s.

  — Oh… Bien… Hum…

  — Que disent les cartes, Elle ?

  Les cartes disent que Louis et moi avons attendu six ans pour nous marier et que d’ailleurs nous ne sommes pas mariés.

  — Bien… Le stock-car et McDonald’s con
stituent un bon début, James. Mais ça ne fait que quoi ? Moins de deux semaines que vous avez commencé à vous voir ? Peut-être devriez-vous apprendre à vous connaître un peu mieux. C'est un pas important.

  — Ouais, le truc, c’est que…

  Il bafouille cinq minutes avant que je ne le fasse avouer :

  — … elle est contre les relations sexuelles avant le mariage.

  — Ooooh.

  Je comprends mieux.

  — Hum… pas de sexe-sexe, ou pas de sexe du tout ?

  Il ne comprend pas.

  — Bon, elle refuse la relation sexuelle du type plat de résistance, viande et légumes. Mais refuse-t-elle également les… euh… hors-d’œuvre ? Le sexe pas sexe-sexe ?

  Il ne comprend toujours pas.

  J’envisage de lui dire d’appeler Cheveux bleus — qui, en fait, s’appelle Ian et étudie les relations internationales à l’université de Californie de Santa Barbara. Installé au bureau voisin du mien, dans le secteur Amour Hétéro, il est de nouveau vêtu de velours orange. Mais James est mon client à moi. J’ai soudain une intuition : il est puceau.

  — Vous savez. Mains, bouches…

  Tous les trois jours environ, j’écoute pendant huit heures les relations sexuelles auditives les plus explicites possibles. Je ne peux pas en dire plus sous peine de gratifier James d’un monologue truffé de gémissements interdit au moins de dix-huit ans.

  — Oh, vous voulez dire… ne pas tirer un penalty direct ?

  Tirer un penalty ?

  — Oui. Les cartes disent que l’épouser pour avoir des relations sexuelles n’est pas une bonne idée. Vous devez d’abord apprendre à vous connaître. Il y a plein de choses possibles en dehors de… euh… tirer un penalty.

  — C'est la fille du pasteur. Je ne pourrai pas lui demander ce genre de choses…

  Je passe vingt minutes à l’informer que certaines femmes prennent du plaisir à ce genre de choses.

  — Et vous avez toujours la masturbation, James, si vous avez besoin de vous libérer de la tension.

  Il jure qu’il ne se masturbe pas.

  Je soutiens que si. C'est un homme. Tous les hommes le font.

  Il soutient que lui, non. Et je le crois. Ce type envisage le mariage, et il ne sait même pas comment se faire jouir. Ce n’est pas d’une voyante dont il a besoin, mais d’un repaire d’éphèbes. J’agite les doigts pour attirer l’attention de Ian. Il lève les yeux avec un grand sourire. Comme je le pensais, il a écouté toute la communication.

 

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