by Lee Nicols
— Je t’appellerai. On pourrait peut-être dîner ensemble ?
— Super.
Menteuse.
Je suis sûre que c’est un type bien, probablement. Mais… beurk. Un coup d’une nuit ? Qu’est-ce que je trafique ?
Son autre chaussette gît au milieu de mes chaussures. Il apprécie d’un œil de connaisseur ma collection tout en enfilant sa chaussette sur son pied plutôt disgracieux.
— Hé ! où se trouvent les chaussures les plus chères du monde ?
— Hein ?
— Les BCBG. Trois mille dollars pour une paire de chaussures. Je voudrais bien les vendre ce prix-là.
— Quoi ? Trois mille ? De quoi parles-tu ?
Il remet sa ceinture, un moment désorienté.
— Tu sais bien. L'arrangement.
— Le quoi ?
— Trois mille. Quand le talon s’est cassé et que tu as glissé dans le magasin, ce type que tu as engagé pour te représenter était plutôt convaincant.
Trois mille ? Sur trois mille foutus dollars, Joshua m’en a donné deux cents, et je l’ai aimé pour ça ?
— C'est un type intelligent.
Salaud de Joshua ! Je n’ai probablement jamais été dupe. Il faisait effectivement semblant de voler chez Super 9, afin de pouvoir engager des poursuites. Et il n’a probablement jamais payé Citronnelle. Pauvre Michel Richard.
Et maintenant, j’en suis réduite à passer la nuit avec mes ex du lycée. Non. Je raccompagne Todd en bas, moyen le plus efficace de l’éjecter de l’immeuble et de ma vie.
En bas des escaliers : Merrick. Habillé, décontracté, l’air détendu. Il a belle allure. En plus, il a l’air de quelqu’un qui assure. D’un homme, pas d’un gamin pré-pubère. C'est le genre d’homme dont vous espérez qu’il soit célibataire, qu’il s’intéresse à vous (et dont, peut-être, vous souhaitez qu’il se teigne les cheveux), mais avec qui ça n’arrive jamais. Je réalise brutalement que j’ai fait une sacrée erreur.
— Bonjour.
— Merrick, dis-je, la gorge sèche.
— Joshua, je suppose, dit-il à Todd. Je suis Louis Merrick.
— Joshua ?
Todd cille.
— Non, je suis Todd.
— C'est ça, Todd.
Merrick incline poliment la tête, et j’ai l’impression que je vais avoir la nausée.
— Excusez-moi, je n’ai pas encore pris mon café.
— Je sais ce que c’est, dit Todd. Je peux à peine marcher sans ma dose de caféine, mais il faut que je sois à la hauteur aujourd’hui. C'est le jour des soldes semi-annuelle au rayon chaussures de Nordstrom. Belle sélection de modèles pour hommes. Vous devriez venir faire un tour.
Il fait mine de m’embrasser, mais je l’esquive.
— Bonnes soldes, lui dis-je.
— Nordstrom ? dit Merrick. Le rayon chaussures.
— Oui, dit Todd. Ravi de vous avoir rencontré.
Et il sort.
Merrick se tourne vers moi — les mots « rayon chaussures » restent suspendus dans l’air.
— C'est un copain de lycée…
Silence.
— … nous étions en cours de chimie ensemble.
Nouveau silence.
Je ne peux pas le supporter. Je ne peux pas supporter d’être toujours gauche et stupide, d’avoir toujours tort, d’être un éternel sujet de plaisanterie. Mon humiliation se transforme en quelque chose qui ressemble à de la rage.
— O.K., d’accord. Nom de Dieu. C'est lui qui m’a pris en train de voler. Sauf que je ne volais pas. Et Joshua m’a arnaquée de presque trois mille dollars, et tout ce qu’il voulait de moi, c’était que je l’aide à monter une escroquerie, d’accord ? Et je me suis encore fait virer ! Le seul boulot où j’aie jamais réussi, le seul boulot que j’aie jamais aimé. La seule chose que je, je… O.K. ? Vous êtes content, maintenant ?
— Elle, je ne…
— Non ! Taisez-vous, Merrick !
Je cours en haut et claque la porte. Puis je fais comme si je n’entendais pas quand Merrick frappe à la porte, ce qui prouve ma maturité et ma bonne nature. Puis je finis le second gâteau à la noix de coco.
Ainsi, c’est arrivé.
Dites-moi, que puis-je faire ? Que suis-je supposée faire ? Je suis dans une spirale descendante, je tourbillonne dans le siphon. Je n’arrive pas à sortir de mes pensées, je ne peux penser à rien d’autre qu’au gouffre sans fond que je représente. Je ne peux penser à rien d’autre qu’à mon exclusion, mon humiliation, mes erreurs et ma stupidité.
Je me hais. Même la seule chose où j’étais bonne était une imposture. Voyante par téléphone sans être voyante. Sans avoir la moindre idée de ce en quoi ça consiste. Adèle avait raison.
Oui… Mais Adèle pensait que je faisais du bon travail. Elle disait que j’étais super avec les clients. Et je l’étais. Les gens sont tellement absorbés par leurs problèmes qu’ils ne peuvent pas voir que tout est mieux que rien. Les exercices servaient à ça. Briser le cercle vicieux, les faire bouger. Leur faire faire quelque chose, n’importe quoi, pour eux-mêmes ou quelqu’un d’autre. Les sortir de leurs pensées…
Je m’assieds.
J’ai besoin d’un exercice. Et je sais exactement lequel.
Je fonce à Goleta, folle d’angoisse. Et si elle était partie ? Mon Dieu, faites qu’elle soit encore là, faites qu’elle soit encore là… J’ai besoin d’elle. Elle a besoin de moi.
Je m’arrête dans un crissement de pneus dans le parking et bondis à l’intérieur. Personne derrière le comptoir. Je pique un sprint jusqu’aux chenils. Dépasse les cages de chiens bien portants, brillants, qui aboient. Je dépasse les chiens mignons, les chiens sans problèmes et les chiens à pedigree.
Jusqu’à sa cage. La cage de Pustule. Ma pustule.
Elle n’est plus là.
Un calme effrayant s’empare de moi. J’allais l’adopter. J’allais l’aimer et la soigner, et faire passer ses besoins avant les miens. J’allais arrêter de chercher quelqu’un qui vienne à mon secours, et à la place venir à son secours à elle. Mais elle est partie.
Je marche, abasourdie, jusqu’à ma voiture. Et elle est là. Mon lézard-rat chauve à bajoues qu’une bénévole promène — si on peut dire, vu la façon dont elle boitille au bout de la laisse.
Je m’agenouille et ouvre les bras, la bénévole laisse tomber la laisse, et Pustule titube vers moi comme un enfant effectuant ses premiers pas. Je la serre doucement tout contre moi. Elle sent la maladie. Elle est frêle comme un oiseau. Sa peau est chaude et graveleuse et sa bajoue exsude un ectoplasme d’environ quinze centimètres jusqu’à son genou. Je ne me souviens pas avoir été aussi heureuse.
Je susurre à son oreille. Je lui dis que je me moque de ce qu’elle fait ou de quoi elle a l’air, je me moque que sa fourrure repousse ou pas, je me moque qu’elle soit bien portante, ou heureuse ou quoi — elle est à moi et je suis à elle.
Dans le bureau, la bénévole qui nous a rapprochées me dit que Pustule a besoin de rester deux jours de plus, pour un autre traitement contre la gale. Les chances que sa fourrure repousse ne sont que de cinquante pour cent. Je dis à la femme que je veux la ramener chez moi aujourd’hui, mais elle me convainc d’attendre. Pour le bien du chien. De plus, je peux lui rendre visite demain. Quand je l’embrasse — le chien, pas la femme — pour lui dire au revoir, un bénévole me demande :
— Oh, vous adoptez Pustule ?
— Non, je réponds, j’adopte Miu Miu.
Elle ressemble peut-être à Pustule, elle a peut-être l’air d’une pathétique créature recroquevillée, mais moi je la vois telle qu’elle est : un bijou.
Quand je me gare sur le parking de chez moi, Neil s’emploie à charger un outil électrique dans la benne de son pick-up.
— Salut, Neil. Je viens juste d’adopter un chien ! C'est un boxer. Elle est chauve et galeuse. Elle s’appelle Miu Miu.
— Un chien de refuge. Grand bien vous fasse. Vous savez ce que je ne supporte pas ?
— Vous voulez dir
e, à part la politique, les gens, la plupart des endroits, le pop-corn…
Il fait la tête.
— Je ne supporte pas les gens qui adoptent des bébés étrangers. Qu’est-ce qu’ils ont tous avec ça ? On dirait que c’est à la mode d’adopter un bébé chinois ou roumain
— ils ne peuvent pas adopter les enfants du coin ? Ces gens achètent les produits locaux pour l’amour du ciel, et ils ne peuvent pas adopter local ? Je veux dire, c’est branché ? Adopter un enfant comme si c’était un chiot. Vous avez un jack russel ? J’ai un Coréen, et j’envisage de prendre un Tchèque ou un Albanais.
— Neil, dis-je, j’ai été adoptée. Au Canada.
— Oh, flûte. Je suis désolé, je parlais comme ça et…
Il me regarde et éclate de rire.
— Oh, c’est pas vrai ! Au Canada !
Il monte dans son pick-up et en claque la porte.
— … Je hais aussi les Canadiens.
Il démarre le moteur.
— Au fait, il y a une vieille dame qui vous cherche. Elle est à l’intérieur.
— Qui ?
Mais il a déjà démarré.
Je me glisse jusqu’à la porte d’entrée et jette un œil à l’intérieur. C'est certain, il y a une vieille dame dans l’entrée. Qui porte un tailleur Chanel jaune canari. Je me demande dans quelle mesure cela pourrait être une bonne nouvelle — peut-être un riche oncle dont je n’ai jamais entendu parler qui est mort ou un truc de ce genre — mais je ne vois pas.
Alors je décide d’aller traîner chez Anthropologie et Border’s, et quand je reviens, deux heures plus tard, elle est partie. Ha !
Le lendemain matin, je vends la moindre miette des tenues de créateurs qu’il me reste, sauf deux. Peut-être trois. Ou quatre. Tout dépend de ce qu’on entend par « tenue ». Mais vraiment presque tout.
Je traîne trois valises au dépôt-vente. Je porte un jean et un T-shirt miteux de chez Limited. Je suis en sueur et déterminée, et la femme aux yeux fureteurs derrière la caisse m’accueille avec un sourire en me disant que j’ai belle allure. Elle me donne aussi deux mille deux cents dollars. Ces vêtements ont coûté dix fois plus à Louis, en quatre ans.
J’aimais ces vêtements, mais je comprends soudain qu’ils représentent une énorme somme d’argent. Je me sens légère de m’être débarrassée de ces tenues. Légère à en avoir la tête qui tourne, mais débarrassée d’un poids aussi. Ces vêtements appartenaient à une vie différente, et ils étaient sublimes. Mais ils ne me convenaient plus.
Je remballe tous mes meubles IKEA dans les boîtes d’origine. A part le fauteuil taché, les ustensiles de cuisine et deux coussins décoratifs. Je renvoie le tout avec un mot. Je paierai pour ce que je garde. Je ne sais pas quand, mais je paierai.
J’achète un énorme sac de nourriture pour chien. « Or en barres », ça s’appelle. Nourriture biologique spirituelle pour chien. Elle est composée d’agneau, de yucca, de myrtilles et se vend dans un sac de papier brillant doré. Je me contenterai de riz et de haricots. J’ai des cheveux, moi. Miu Miu a besoin de toute l’aide que je peux lui offrir.
J’envoie quatre cents dollars à Carlos.
Je vais chez Shika.
— Billy the, je salue Kid. Qu’as-tu en rayon aujourd’hui ?
— Du Martini.
Et il en sert un à M. Goldman.
Il est du genre à prendre les choses à la lettre.
Je me hisse sur le tabouret près de M. Goldman et de Monty.
— J’ai encore perdu mon job, leur dis-je. Qui m’offre un thé glacé ?
— Le job de voyante par téléphone ? demande M. Goldman. Maya m’a dit que tu travaillais au téléphone, mais je n’ai jamais vraiment compris…
Je leur raconte toute l’histoire, sauf les parties impliquant Joshua. Je ne suis pas sûre que M. Goldman comprenne en quoi consistait mon travail, mais quand j’ai fini, il me dit :
— Tu es une bonne fille, Elle. Aider ces gens…
— Je ne sais pas. J’ai essayé. Enfin, si l’un d’entre vous entend parler d’un boulot, qu’il me le dise. Je me fiche de ce que c’est. N’importe quoi. Et Monty… voilà pour vous.
Je fais glisser une enveloppe contenant le loyer du mois prochain. Ainsi, j’ai encore un mois d’assuré.
Il la refait glisser vers moi.
— Je ne peux pas accepter.
Mais j’insiste. Ce n’est pas pour lui. Pas vraiment.
— En plus, lui dis-je, six cents dollars pour cet appartement ? Vous ne pouvez même pas prétendre que sa valeur sur le marché est de moins de huit cents dollars.
Monty et M. Goldman échangent un regard et j’ai l’impression qu’ils ont comploté derrière mon dos.
— Neuf cent cinquante, dit Monty en empochant l’enveloppe. Mais qui parle de compter ?
— Pas moi. Je ne pourrais pas me permettre neuf cent cinquante, même si j’avais un job.
Je termine mon thé glacé et demande quand Maya doit arriver. Pas avant une heure ou deux. Alors je l’appelle chez elle et lui dis combien je l’aime. Elle me demande si je suis soûle. Je réponds oui. De thé glacé et de liberté.
J’ai un mois devant moi sans autres dépenses que la nourriture et l’essence. J’ai un appartement vide, un agenda vide, une vie sociale vide et des placards vides.
Je fais les petites annonces dans le journal de Merrick, et envoie quatre lettres. Femme de ménage, réceptionniste, vendeuse et même aide-soignante à domicile. Si je dois enfiler un tuyau dans le derrière de quelqu’un pour six dollars cinquante de l’heure, je le ferai. Parce qu’il ne s’agit plus que de moi. Il s’agit de Miu. Il s’agit de payer mes dettes — pas seulement auprès des banques des cartes de crédit, mais aussi des gens qui croient en moi : Maya, Brad, Monty, M. Goldman, même Carlos. Et je suppose qu’il s’agit de moi. Je suis de nouveau prête à y croire.
32
Je passe la matinée au refuge, à assurer à Miu que je vais revenir dès le lendemain, et à lui parler de l’appartement.
C'est spartiate. Des lignes et des surfaces épurées. Vierge de tout désordre. Un fauteuil de lin blanc pour moi, et un panier dans son coin à elle, avec une couverture de cachemire blanc et deux coussins.
Je lui parle de ses nouvelles écuelles et de sa nouvelle nourriture et de mes nouveaux projets de boulot. Elle n’a pas l’air rassuré. Je l’embrasse sur le front pour lui dire au revoir — l’un des rares îlots avec fourrure — et l’abandonne entre les mains expertes d’un vétérinaire qui paraît âgé de seize ans.
Je complète (à toute vitesse) des demandes d’emploi dans les agences d’intérim Manpower et Kelly. Dans la case « emplois précédents », Spenser et Top Job ont rejoint Martha Washington, ce qui remplit les trois espaces libres. Et me fait absurdement plaisir.
De retour chez moi, je suis affamée. Heureusement, il me reste environ quinze kilos de riz. J’enfile des vêtements plus confortables — un sweat-shirt gris de Georgetown et un caleçon DKNY — attrape le mesureur et descends. J’ouvre mon coffre, déplie le haut du sac de riz et plonge dedans.
Au moment où j’emplis le mesureur aux trois-quarts, j’entends des pas dans mon dos. Je ne me soucie pas de me retourner. Ce ne peut pas être Neil. Ni Monty. Ce ne peut pas être un inconnu. Comme la vieille dame qui me poursuit. Non, ce ne peut être que Merrick.
Son portfolio et ses clés de voiture sont posés sur le siège passager.
Adieu Merrick. Pars. Au revoir. Tu me plaisais bien. Je fourre ma tête dans le coffre, les yeux me piquent. Je ramasse quelques grains éparpillés. Il faudra que je trie le riz avant de le faire cuire, mais je ne peux pas me permettre d’en gaspiller. J’ai déjà gâché trop de choses ces derniers temps.
La voiture de Merrick bipe de nouveau. Je lève les yeux, il se tient près de moi.
— Poussez-vous.
Il s’empare du sac de riz et se dirige vers la maison.
— Et si je voulais le garder dans le coffre ?
— Ouvrez la porte.
J’ouvre la porte et le suis
silencieusement à l’étage où la porte de mon appartement est restée grande ouverte. Il dépose le sac sur le comptoir de la cuisine et regarde autour de lui.
— J’aime ce que vous avez fait ici.
Impossible de dire s’il plaisante. L'endroit est vide, si ce n’est le fauteuil et les coussins, la bougie à trois mèches et quelques menus accessoires.
— Je suis sérieux. J’aime bien. C'est sobre. Ça fait ressortir les lignes de l’architecture.
— Spartiate, dis-je en risquant un sourire.
Il me sourit en retour, et je suis plus soulagée que je ne veux l’admettre. A la vue du coin de Miu, des écuelles et de la couverture de cachemire, il hausse un sourcil.
— Pour le chien que je viens de prendre, dis-je. Un boxer. Je l’aurai demain.
— Vous avez réussi à trouver un pure race dans un refuge ?
— Eh bien, elle est dans un drôle d’état. Elle a la gale, chauve et il lui manque dix kilos. Bon, elle est malade à crever, mais elle a la plus mignonne des petites gueules, et elle est… Je vais…
Je hausse les épaules, embarrassée.
— Elle me plaît.
Il s’accroupit près du coin du chien et soulève l’une des petites écuelles. Elle est recouverte d’un genre de mosaïque constituée de timbres.
— Joli bol, dit-il.
— Je l’ai fait moi-même.
Il regarde de plus près.
— Hum… Elle ? Cela semble avoir de la valeur.
— Ne me dites pas que vous êtes collectionneur de timbres. S'il vous plaît, s’il vous plaît, dites-moi que non.
— Mon neveu est collectionneur. Il me harcèle pour que je lui en offre, à ses anniversaires. Où avez-vous eu ceux-ci ?
— Mon ex-fiancé. Il les collectionnait.
— Ah.
Il incline la tête et je me prépare à un sermon, mais il dit :
— Ça rend bien.
Devrais-je répondre ? Devrais-je lui dire quelque chose ? Je crois que je devrais, mais j’ai peur.
Il repose le bol.
— J’allais dans ma nouvelle maison. Vous voulez venir ?
Il m’invite dans sa maison ?
— Si vous avez cinq minutes, bien sûr.
Je parcours la pièce vide du regard.