ELEANOR DÉBARQUE !

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ELEANOR DÉBARQUE ! Page 26

by Lee Nicols


  — Maintenant, vous savez l’effet que ça fait, dit la bénévole.

  — Quoi ?

  — Sa fourrure. Elle va repousser en un rien de temps.

  Oh !

  Je signe. Ce chien bouleversant et désespéré m’appartient désormais.

  Elle aime la pizza à l’ananas et à l’ail. Elle aime fourrer son museau par la fenêtre. Je jette un œil dans le rétroviseur latéral. Elle ressemble à un chien normal, quand on ne voit que sa tête. Une bajoue pendouille. J’accélère, et la bajoue reste coincée en position retroussée. L'intérieur est d’un rose vif. Miu n’a pas l’air de se soucier d’être coincée, mais je ralentis quand même.

  Nous allons nous promener sur la propriété Wilcox. Enfin, maintenant, c’est la réserve Douglas, puisque Michael Douglas a fait une importante donation, mais quand j’étais enfant, c’était la propriété Wilcox, alors c’est ainsi que Miu et moi l’appelons. Je me gare dans la rue, refusant de reconnaître combien je suis proche de la maison névrotique — obsessionnelle compulsive — de Merrick, et noue autour de Miu sa cape genre couverture de cheval. C'est qu’elle n’a pas de fourrure. Il lui faut bien quelque chose. Tout en jouant avec la cape, je lui dis qu’elle est la mieux dressée des chiennes du show-biz. Elle bave.

  Nous avançons lentement le long du chemin, reniflant les terriers de taupe et admirant la vue de l’océan depuis les rochers. A mi-chemin, un essaim de petits chiens nous encercle en jappant. Miu les laisse la renifler avec une patience admirable. La maîtresse des petits chiens me félicite pour son joli petit pull. Je ne veux pas que les gens croient que je suis le genre à mettre des pulls aux chiens sans raison, aussi je le retrousse pour découvrir sa peau graveleuse et squameuse. A ma grande satisfaction, la femme se recule avec horreur.

  Nous sommes presque revenues à la voiture quand un gros rottweiler mâle bondit. Miu s’assied. Pas d’agressivité. Pas de bagarre. Pas de je-me-fais-désirer. Pas de grognement. Mais reniflements interdits. J’aime ce chien.

  Quatre jours plus tard, Miu et moi prenons un sandwich chez Tuttis à Montecito et déjeunons sur Butterfly Beach. Miu dort durant le trajet en voiture, puis boitille assez agilement en haut des escaliers. Elle se dirige droit vers son panier et s’installe sur son cachemire.

  Lovée dans un recoin, je la regarde dormir. C’est effrayant d’être responsable pour deux alors qu’on a totalement échoué à s’occuper de soi-même. Mais je peux le faire. C'est exactement comme je le disais aux personnes qui appelaient quand j’étais voyante : « Faites-le, réfléchissez ensuite. » Pas dans l’autre sens. Ainsi, j’ai achevé mon premier exercice. Maintenant, il faut que j’y réfléchisse.

  Je fais mes comptes. Mon loyer est de six cents dollars par mois. Cent dollars pour l’eau et l’électricité. Cent dollars pour l’essence et la nourriture. Peut-être deux cent cinquante. Bon, disons quatre cent cinquante, assurance auto, magazines et frais divers — genre vingt dollars de taxi pour revenir de la Mesa — inclus. Trois cent cinquante dollars pour Carlos et les créditeurs. Soit un total de mille cinq cents dollars par mois.

  J’écris « 1 500 dollars » sur mon carnet, et l’entoure deux fois. Miu Miu se tient debout et s’appuie contre moi en pressant son nez sec contre les anneaux de la reliure.

  — Pas de problème, lui dis-je. Plus cinquante par mois pour toi — mais ça ne compte même pas puisque je fais l’économie de l’inscription à un club de sport pour me maintenir en forme.

  Entre la promener et nettoyer ses ectoplasmes de bave sur les murs, je travaille à la fois les parties inférieures et supérieures de mon corps. Oh, et puis je l’aime. Elle est dépressive, dépendante et pathétique, et fait pipi par terre chaque fois que je rentre à la maison. Et j’en suis folle. Qui l’aurait cru ?

  — Mais ça, je lui explique, c’est avant les impôts. Or, nous avons besoin de mille cinq cents dollars net d’impôts. Donc, disons… deux mille par mois ? Dans ces eaux-là ? On ne peut pas prendre plus de cinq cents dollars à une pauvre femme célibataire avec quelqu’un à charge, n’est-ce pas ? Il me faut cinq cents dollars par semaine…

  Je fais le calcul.

  — … Douze dollars de l’heure.

  Mon Dieu, je ne peux pas gagner douze dollars de l’heure ! J’en gagnais dix chez Connexion extralucide, et c’était un maximum. Il va me falloir deux jobs, alors que je n’arrive même pas à en avoir un. Je m’allonge sur le dos et contemple le plafond. Je ne sais pas quoi faire. Miu se tient au-dessus de moi, sa poitrine à six centimètres de mon nez. Sa peau est lamentable. Je la frotte.

  Gagner douze dollars de l’heure, huit heures par jour, cinq jours par semaine, c’est le minimum pour mettre de la nourriture pour chien dans la gamelle. Peut-être pourrais-je travailler le week-end ? Sept jours par semaine. Je peux le faire parce que je dois le faire.

  J’enfile les plus beaux vêtements qui me restent et dis à Miu que je serai de retour dans une heure. Il y a des douzaines de magasins que j’aime à Santa Barbara. Je vais me présenter dans chacun et demander du travail. Je vais commencer par Chérie, Chérie, le petit fleuriste. Puis je ferai la même chose avec les restaurants. Ai toujours voulu être serveuse.

  Je sais que Merrick est absent, car sa voiture n’est pas là, mais je jette un œil par habitude. La femme qui me harcèle se tient sur les marches. Vêtue de ce qui semble être un manteau de vison — un épais manteau marron démodé. Il fait vingt degrés dehors et elle porte un manteau ? De plus près, je distingue ses cheveux, d’une teinte improbable de coca à la cerise, à outrance, et son rouge à lèvres fuchsia coule dans les rides autour de sa bouche.

  Je tente de me reculer, mais elle m’a vue.

  — Elle ? Elle Medina ?

  J’ai envie de répondre : Qui la demande ? Mais je dis :

  — C'est moi.

  — Oh ! Dieu merci ! Je suis Valentine. Je vous ai appelée chez Connexion extralucide.

  Oh non ! Très mauvais. C'est la femme de Montecito avec le chien amoché — et j’ai conseillé de l’acupuncture pour chien. Le chien est probablement mort et elle veut me poursuivre en justice.

  — Valentine, bien sûr, je me souviens. Quel joli manteau !

  — Ce vieux truc ? Un cadeau de mon second mari. Après sa mort, je veux dire. Il était trop radin de son vivant pour m’acheter davantage qu’un tablier neuf à chaque anniversaire de mariage.

  Je ris, principalement pour dissimuler ma gêne.

  — Eh bien, vous devez avoir une jolie collection de tabliers.

  — Pas du tout. Nous n’avons été mariés que seize mois.

  — Oh ! Je vois. Euh… c’est une surprise. Et comment m’avez-vous retrouvée ?

  — J’ai appelé pour vous parler, et on m’a dit que vous aviez été virée ! J’ai dit ma façon de penser à cette femme. Virée ? ai-je dit. Comment avez-vous pu virer la meilleure voyante que vous ayez jamais eue ? Et la femme — Adélaïde ? — était d’accord avec moi et m’a donné votre adresse.

  — Ah.

  Elle ne me poursuit pas en justice, alors.

  — Eh bien me voilà.

  — Je suis tellement contente de vous avoir trouvée. Vous avez sauvé la vie de Voyou. Gambader, c’est sa vie, vous savez. S'il ne peut se servir de ses pattes, alors à quoi bon vivre ? Deux visites chez l’acupuncteur, et il était presque redevenu lui-même. Je vous en suis tellement reconnaissante. Je voulais vous le dire en personne.

  — Merci à vous. Je suis heureuse de savoir que Voyou est redevenu… euh… un voyou.

  Nous restons un moment silencieuses.

  — Bon…

  J’esquisse un geste vers la porte.

  — Il faut que je… enfin, vous voyez.

  — Oh non ! Pas maintenant. J’ai besoin d’une consultation. Je suis désespérée.

  Une consultation ? C'est une chose de faire semblant d’être voyante, sous l’égide d’une organisation qui encourage cette mascarade. Mais face à face ? Hors de question.

  — Vous voyez, Valentine. Le problème, c’est que je ne suis pas
vraiment une… Je veux dire… Bien sûr, avec Voyou j’ai reçu un genre de… euh… message intuitif, mais en fait je ne suis pas…

  — Je paierai, bien sûr. Cent dollars de l’heure. Cela vous semble juste ?

  « … voyante. »

  Le sigle dollars explose devant mes yeux et m’empêche de prononcer le mot à voix haute. J’entends Carlos murmurer à mon oreille avec son accent latino : « Prends l’argent, Elle, prend-le et tire-toi. »

  Je suis un imposteur. Que vais-je lui dire pendant une heure ? Et si je me trompe totalement et qu’elle me poursuit en justice ? Et si 60 minutes fait une émission sur les escroqueries à la voyance et que je passe dedans ? Et si… Et si je suis forcée de déménager à Sedona et de vivre avec ma mère parce que je ne peux pas payer le loyer ? Et si je ne peux pas m’occuper de Miu Miu parce que je n’ai pas un sou ?

  Je souris.

  — Cent dollars, c’est parfait. Voulez-vous monter ?

  Dans mon cabinet.

  34

  Cent dollars. Cash. Pour avoir dit à Valentine ce qu’elle devait porter lors du bal de gala du musée d’art.

  — Je vois une longue robe fluide en soie blanche.

  — Je n’ai pas de robe en soie blanche.

  — Oui, je sais. Vous allez en acheter une pour le bal.

  — Oh ! bien sûr ! dit-elle en souriant. Comment n’y ai-je pas pensé ?

  — Tout le monde ne possède pas le don.

  Je ne sais pas où poser le regard. Dans ses yeux ? Par la fenêtre ? En réalité, je me contente d’imaginer en quoi elle aurait fière allure, mais il est difficile de ne pas montrer que je suis simplement en train d’étudier les nuances de son teint et de ses cheveux. Je comprends l’utilité de la boule de cristal.

  Mon appartement l’a impressionnée.

  — Si sobre !

  — Un bon feng shui. Cela m’aide à me concentrer durant les consultations. Je trouve que désordre et distraction mènent à…

  — Mon Dieu ! Est-ce un chien ?

  Nous partageons alors quinze minutes d’histoires canines. Elle me conseille son acupuncteur vétérinaire, puis reste interdite et me dit :

  — Mais bien sûr, vous le savez déjà.

  J’avais déjà gagné vingt-cinq dollars avant d’avoir même entamé la consultation. Je crois que je dois facturer une heure, quel que soit le sujet de la conversation. C'est comme un avocat. En plus, pendant tout ce temps, je pourrais très bien être en train de lire son aura ou quelque chose de ce genre.

  Nous étudions les créateurs envisageables pour sa robe, puis elle veut savoir si M. Tupner va l’inviter à danser.

  — Hum, je vous vois sans nul doute danser ensemble…

  Elle s’éclaire.

  — … mais la décision vous appartient. Il a peur que vous ne l’invitiez pas à danser.

  — Il est timide, admet-elle.

  Je ferme les yeux. Ça va beaucoup mieux.

  — On dirait que la danse est… une valse ?

  J’ouvre les yeux et la transperce d’un regard sérieux.

  — Mais Valentine, cela dépend de vous. Vous devez l’inviter à danser.

  — Oh ! je ne pourrais pas ! glousse-t-elle.

  — Vous pouvez le faire, Valentine. Vous le faites. Je l’ai vu.

  — Bon, je suppose que… Vous l’avez vu ?

  J’adresse une prière silencieuse au patron des faux voyants pour que M. Tupner ne soit pas en fauteuil roulant, marié ou atrocement ennuyeux, et confirme.

  — Je vous vois, Valentine, inviter un bel homme à danser. Je le vois accepter, et je vois votre sourire.

  Elle sourit d’un air triste et rêveur, et ressemble presque à une gamine.

  — Pourquoi pas ? Si cela ne fait de mal à personne et nous rend heureux ?

  Un moment plus tard, je souris aussi tout en glissant des billets dans mon porte-monnaie.

  — Je n’aurais pas mieux dit moi-même.

  Miu Miu n’est pas officiellement admise chez Shika, alors je prends place au bout du bar, avec elle derrière. Avant de s’installer sur sa serviette, une vieille serviette de plage de Maya, elle se secoue soigneusement — elle est tellement bien élevée qu’elle ne crache même pas de petites gouttes de bave un peu partout. L'avant de son corps s’arrête de trembler environ trois secondes avant son dos, ce qui fait que son derrière chauve et osseux se secoue tout seul un moment, suffisamment énergiquement pour presque faire plier ses frêles pattes de derrière sous elle.

  Je porte cet adorable attribut des boxers à l’attention de Maya et de Monty, mais ils m’ignorent.

  — Un lézard, dit Maya, encore que la peau ressemble à celle de l’autruche.

  — Un rat, dit Monty. A davantage l’air d’un mammifère que d’un reptile.

  — Tant que son proprio ne découvre pas qu’Elle est une herpétologiste en chambre, dit Maya.

  Monty a l’air perdu.

  — Qu’est-ce que ça vient faire là-dedans ?

  — Ce chien a des écailles, Monty.

  — Et alors, pourquoi ça veut dire que Elle est à la fois homme et femme ?

  Tout le monde paraît dérouté, jusqu’à ce que je m’en mêle.

  — Vous parlez d’un hermaphrodite, Monty. Un herpétologiste est quelqu’un qui étudie les reptiles. Mais Miu ne ressemble pas à un serpent.

  Je l’appelle d’une voix chantante :

  — Miu Miu. Miu.

  Elle lève le regard, avec son front interrogateur tout plissé, ses yeux alertes et son filet de bave dégoulinant.

  — Tu vois ? dis-je d’un air triomphant.

  — Tu as raison, dit Maya en penchant la tête. Elle ressemble à Winston Churchill.

  — Mets ça dans ton cigare et fume-le, dit Monty, avant de prendre congé pour se rendre à une réunion quelconque.

  Quand il est parti, je dis :

  — Tu connais mon fantasme à propos de Drôles de dames ?

  — Pas complètement.

  Elle remplit un bol d’eau et le pose devant Miu.

  — Eh bien, je crois que Monty pourrait être Bosley.

  J’ai envie d’avoir une conversation de filles, à cœur ouvert, avec Maya, mais j’ai peur de lui raconter ce qui s’est passé avec Merrick.

  — L'une de mes clientes de Connexion extralucide m’a retrouvée.

  — Oh non ! dit Maya. Encore des poursuites ?

  — C'était seulement le tribunal d’instance. Et j’ai gagné.

  — Alors encore des poursuites au tribunal d’instance ? pouffe-t-elle.

  — Très drôle. A part ça, je viens juste de gagner cent dollars. Cash.

  Je lui montre l’argent.

  — Pour cinquante minutes de mon temps. Je suis payée cent dollars de l’heure, et ce n’était même pas une heure entière !

  — Pour quoi faire ? demande Maya, nerveuse.

  — Pour être voyante. Face à face. En couleur. Elle me cherchait pour que je lui lise l’avenir.

  Elle me regarde droit dans les yeux, tente de prendre l’air solennel, et éclate de rire.

  — Lire l’avenir ?

  — Ce n’est pas drôle, je suis bonne pour ça.

  — Etre voyante !

  — Pas vraiment une voyante. Une conseillère intuitive. Ainsi, les gens ne me demanderont pas de leur faire les lignes de la main, les horoscopes ou des trucs comme ça.

  — Avec un châle et une boule de cristal…

  Elle trouve ça bien plus drôle que ça ne l’est.

  — Une étole, dis-je, sans avouer qu’en fait j’envisage la boule de cristal.

  Quand elle se calme, elle dit :

  — Oh, Elle. Merci. J’en avais besoin.

  — Ma présence sur terre n’a d’autre objet que de provoquer ton dédain amusé.

  — Ce n’est pas ce que je voulais dire. Enfin, seulement un peu. C'est juste que j’ai été un peu déprimée.

  J’émets quelques grognements de sympathie tandis qu’elle fait le tour du bar pour s’asseoir près de moi. Je me sens mal. Quand je suis
en crise, je me tourne tout de suite vers elle, mais quand c’est son tour, je ne suis pas là, enfermée dans mon propre univers.

  — Ce n’est pas vraiment la fausse couche, continue-t-elle. Mais ça m’a donné à penser. Je voudrais faire un break au bar. Comprendre ce que je suis en train de faire de moi. Mais on ne peut pas payer quelqu’un à plein temps, et mon père ne va pas très bien. Sa santé m’inquiète. Et je ne sais pas, est-ce que je veux rester barmaid pour le restant de mes jours ?

  Je suis sur le point de lui offrir une de mes perles de sagesse, quand je pense qu’il est peut-être préférable de me taire. De temps en temps, chez Connexion extralucide, je tombais sur un correspondant qui avait juste besoin de parler, besoin qu’on l’écoute. J’ai le sentiment que c’est ce que veut Maya, alors je me tais et attends.

  Elle parle. Pendant une demi-heure, de Brad, et de son père, et de retourner à l’école. De sa mère, et de tomber dans la routine, même si c’est une routine qui la rend très heureuse. Je continue de me taire, jusqu’à ce qu’elle ait fini. Elle s’essuie les yeux.

  — Tu sais, peut-être que tu as raison. Tu fais ça bien. Maintenant, si tu pouvais simplement lire mes lignes de la main.

  Je prends sa main, la presse, et lui souris ; il faut qu’elle sache que quoi qu’elle fasse et quoi qu’elle veuille, je suis là pour elle.

  — Ça fera cent dollars.

  Elle m’envoie une pichenette, puis m’interroge sur ma cliente, celle qui me cherchait.

  — J’ai sauvé la vie de son chien. Avec de l’acupuncture pour chien à distance.

  Je lui parle de Valentine et de Voyou.

  — Alors maintenant, tu piques de l’argent aux vieilles dames ?

  — Elle peut se le permettre. C'est de l’argent de Montecito. Enfin, je lui ai dit d’en parler à ses amis. Ça va être comme dans cette vieille pub pour Fabergé. Elle va le dire à deux amies, qui le diront à deux amies, et ainsi de suite, et ainsi de suite.

  J’essaie de faire prendre un son stéréo à ma voix en disant « ainsi de suite ».

  — J’adorais ce shampooing, dit Maya d’un air nostalgique.

 

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