Le Chateau des Carpathes

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Le Chateau des Carpathes Page 6

by Jules Verne


  Le docteur Patak avait encore un dernier espoir c'est que Nic Deck rie tarderait pas à s'égarer au milieu du labyrinthe de ces bois, où son service ne l'avait jamais amené. Mais il comptait sans ce flair merveilleux, cet instinct professionnel, cette aptitude « animale » pour ainsi dire, qui permet de se guider sur les moindres indices, projection des branches en telle ou telle direction, dénivellation du sol, teinte des écorces, nuance variée des mousses selon qu'elles sont exposées aux vents du sud ou du nord. Nie Deck était trop habile en son métier, il l'exerçait avec une sagacité trop supérieure, pour se jamais perdre, même en des localités inconnues de lui. Il eût été le digne rival d'un Bas-de-Cuir ou d'un Chingachgook au pays de Cooper.

  Et, pourtant, la traversée de cette zone d'arbres allait offrir de réelles difficultés. Des ormes, des hêtres, quelques-uns de ces érables qu'on nomme « faux platanes », de superbes chênes, en occupaient les premiers plans jusqu'à l'étage des bouleaux, des pins et des sapins, massés sur les croupes supérieures à la gauche du col. Magnifiques, ces arbres, avec leurs troncs puissants, leurs branches chaudes de sève nouvelle, leur feuillage épais, s'entremêlant de l'un à l'autre pour former une cime de verdure que les rayons du soleil ne parvenaient pas à percer.

  Cependant le passage eût été relativement facile en se courbant sous les basses branches. Mais quels obstacles à la surface du sol, et quel travail il aurait fallu pour l'essarter, pour le dégager des orties et des ronces, pour se garantir contre ces milliers d'échardes que le plus léger attouchement leur arrache ! Nic Deck n'était pas homme à s'en inquiéter, d'ailleurs, et, pourvu qu'il pût gagner à travers le bois, il ne se préoccupait pas autrement de quelques égratignures. La marche, il est vrai, ne pouvait être que très lente dans ces conditions, — fâcheuse aggravation, car Nic Deck et le docteur Patak avaient intérêt à atteindre le burg dans l'après-midi. Il ferait encore assez jour pour qu'ils pussent le visiter, — ce qui leur permettrait d'être rentrés à Werst avant la nuit.

  Aussi, la hachette à la main, le forestier travaillait-il à se frayer un passage au milieu de ces profondes épinaies, hérissées de baïonnettes végétales, où le pied rencontrait un terrain inégal, raboteux, bossue de racines ou de souches, contre lesquelles il buttait, quand il ne s'enfonçait pas dans une humide couche de feuilles mortes que le vent n'avait jamais balayées. Des myriades de cosses éclataient comme des pois fulminants, au grand effroi du docteur, qui sursautait à cette pétarade, regardant à droite et à gauche, se retournant avec épouvante, lorsque quelque sarment s'accrochait à sa veste, comme une griffe qui eût voulu le retenus Noir ! il n'était point rassuré, le pauvre homme. Mais, maintenant, il n'eût as osé revenir seul en arrière, et il s'efforçait de ne point se laisser distancer par son intraitable compagnon.

  Parfois dans la forêt apparaissaient de capricieuses éclaircies. Une averse de lumière y pénétrait. Des couples de cigognes noires, troublées dans leur solitude, s'échappaient des hautes ramures et filaient à grands coups d'aile. La traversée de ces clairières rendait la marche plus fatigante encore. Là, en effet, s'étaient entassés, énorme jeu de jonchets, les arbres abattus par l'orage ou tombés de vieillesse, comme si la hache du bûcheron leur eût donné le coup de mort. Là gisaient d'énormes troncs, rongés de pourriture, que charroi ne devait entraîner jusqu'au lit de la Sil valaque. Devant ces obstacles, rudes à franchir, parfois impossibles à tourner, Nie Deck et son compagnon avaient fort à faire. Si le jeune forestier, agile, souple, vigoureux, parvenait à s'en tirer, le docteur Patak, avec ses jambes courtes, son ventre bedonnant, essoufflé, époumoné, ne pouvait éviter des chutes, qui obligeaient à lui venir en aide.

  — Tu verras, Nic, que je finirai par me casser quelque membre ! répétait-il.

  — Vous le raccommoderez.

  — Allons, forestier, sois raisonnable... Il ne faut pas s'acharner contre l'impossible ! »

  Bah ! Nic Deck était déjà en avant, et le docteur, n'obtenant rien, se hâtait de le rejoindre.

  La direction suivie jusqu'alors, était-ce bien celle qui convenait pour arriver en face du burg ? Il eût été malaisé de s'en rendre compte. Cependant, puisque le sol ne cessait de monter, il y avait lieu de s'élever vers la lisière de la forêt, qui fut atteinte à trois heures de l'après-midi.

  Au-delà, jusqu'au plateau d'Orgall, s'étendait le rideau des arbres verts, plus clairsemés à mesure que le versant du massif gagnait en altitude.

  En cet endroit, le Nyad reparaissait au milieu des roches, soit qu'il se fût infléchi au nord-ouest, soit que Nic Deck eût obliqué vers lui. Cela donna au jeune forestier la certitude qu'il avait fait bonne route, puisque le ruisseau semblait sourdre des entrailles du plateau d'Orgall.

  Nie Deck ne put refuser au docteur une heure de halte au bord du torrent. D'ailleurs, l'estomac réclamait son dû aussi impérieusement que les jambes. Les bissacs étaient bien garnis, le rakiou emplissait la gourde du docteur et celle de Nic Deck. En outre, une eau limpide et fraîche, filtrée aux cailloux du fond, coulait à quelques pas. Que pouvait-on désirer de plus ? On avait beaucoup dépensé, il fallait réparer la dépense.

  Depuis leur départ, le docteur n'avait guère eu le loisir de causer avec Nic Deck, qui le précédait toujours. Mais il se dédommagea, dès qu'ils furent assis tous les deux sur la berge du Nyad. Si l'un était peu loquace, l'autre était volontiers bavard. D'après cela, on ne s'étonnera pas que les questions fussent très prolixes, et les réponses très brèves.

  « Parlons un peu, forestier, et parlons sérieusement, dit le docteur.

  — je vous écoute, répondit Nic Deck.

  — je pense que si nous avons fait halte en cet endroit, c'est pour reprendre des forces.

  — Rien de plus juste.

  — Avant de revenir à Werst...

  — Non... avant d'aller au burg.

  — Voyons, Nic, voilà six heures que nous marchons,

  et c'est à peine si nous sommes à mi-route...

  — Ce qui prouve que nous n'avons pas de temps à perdre.

  — Mais il fera nuit, lorsque nous arriverons devant le château, et comme j'imagine, forestier, que tu ne seras pas assez fou pour te risquer sans voir clair, il faudra attendre le jour...

  — Nous l'attendrons.

  — Ainsi tu ne veux pas renoncer à ce projet, qui n'a pas le sens commun ?...

  — Non.

  — Comment ! Nous voici exténués, ayant besoin d'une bonne table dans une bonne salle, et d'un bon lit dans une bonne chambre, et tu songes à passer la nuit en plein air ?...

  — Oui, si quelque obstacle nous empêche de franchir l'enceinte du château.

  — Et s'il n'y a pas d'obstacle ?...

  — Nous irons coucher dans les appartements du donjon.

  — Les appartements du donjon ! s'écria le docteur Patak. Tu crois, forestier, que je consentirai à rester toute une nuit à l'intérieur de ce maudit burg...

  — Sans doute, à moins que vous ne préfériez demeurer seul au-dehors.

  — Seul, forestier !... Ce n'est point ce qui est convenu, et si nous devons nous séparer, j'aime encore mieux que ce soit en cet endroit pour retourner au village ! — Ce qui est convenu, docteur Patak, c'est que vous me suivrez jusqu'où j'irai...

  — Le jour, oui !... La nuit, non !

  — Eh bien, libre à vous de partir, et tâchez de ne point vous égarer sous les futaies. »

  S'égarer, c'est bien ce qui inquiétait le docteur. Abandonné à lui-même, n'ayant pas l'habitude de ces interminables détours à travers les forêts du Plesa, il se sentait incapable de reprendre la route de Werst. D'ailleurs, d'être seul, lorsque la nuit serait venue — une nuit très noire peut-être —, de descendre les pentes du col au risque de choir au fond d'un ravin, ce n'était pas pour lui agréer. Quitte à ne point escalader la courtine, quand le soleil serait couché, si le forestier s'y obstinait, mieux valait le suivre jusqu'au pied de l'enceinte. Mais le docteur voulut tenter un dernier effort pour arrêter sort compagnon.

  « Tu sais
bien, mon cher Nic, reprit-il, que je ne consentirai jamais à me séparer de toi... Puisque tu persistes à te rendre au château, je ne te laisserai pas y aller seul.

  — Bien parlé, docteur Patak, et je pense que vous devriez vous en tenir là.

  — Non... encore un mot, Nic. S'il fait nuit, lorsque nous arriverons, promets-moi de ne pas chercher à pénétrer dans le burg...

  — Ce que je vous promets, docteur, c'est de faire l'impossible pour y pénétrer, c'est de ne pas reculer d'une semelle, tant que je n'aurai pas découvert ce qui s'y passe.

  — Ce qui s'y passe, forestier ! s'écria le docteur Patak en haussant les épaules. Mais que veux-tu qu'il s'y passe ?...

  — Je n'en sais rien, et comme je suis décidé à le savoir, je le saurai...

  — Encore faut-il pouvoir y arriver, à ce château du diable ! répliqua le docteur, qui était à bout d'arguments. Or, si j'en juge par les difficultés que nous avons éprouvées jusqu'ici, et par le temps que nous a coûté la traversée des forêts du Plesa, la journée s'achèvera avant que nous soyons en vue..— je ne le pense pas, répondit Nic Deck. Sur les hauteurs du massif, les sapinières sont moins embroussaillées que ces futaies d'ormes, d'érables et de hêtres. — Mais le sol sera rude à monter !

  — Qu'importe, s'il n'est pas impraticable.

  Mais je me suis laissé dire que l'on rencontrait des ours aux environs du plateau d'Orgall !

  — J'ai mon fusil, et vous avez votre pistolet pour vous défendre, docteur.

  — Mais si la nuit vient, nous risquons de nous perdre dans l'obscurité !

  — Non, car nous avons maintenant un guide, qui, je l'espère, ne nous abandonnera plus.

  — Un guide ? » s'écria le docteur.

  Et il se releva brusquement pour jeter un regard inquiet autour de lui.

  « Oui, répondit Nie Deck, et ce guide, c'est le torrent du Nyad. Il suffira de remonter sa rive droite pour atteindre la crête même du plateau où il prend sa source. je pense donc qu'avant deux heures, nous serons à la porte du burg, si nous nous remettons sans tarder en route.

  — Dans deux heures, à moins que ce ne soit dans six !

  — Allons, êtes-vous prêt ?...

  — Déjà, Nic, déjà !... Mais c'est à peine si notre halte a duré quelques minutes !

  — Quelques minutes qui font une bonne demi-heure.

  — Pour la dernière fois, êtes-vous prêt ?

  — Prêt... lorsque les jambes me pèsent comme des masses de plomb... Tu sais bien que je n'ai pas tes jarrets de forestier, Nie Deck !... Mes pieds sont gonflés, et c'est cruel de me contraindre à te suivre...

  — A la fin, vous m'ennuyez, Patak ! je vous laisse libre de me quitter ! Bon voyage ! »

  Et Nic Deck se releva.

  « Pour l'amour de Dieu, forestier, s'écria le docteur Patak, écoute encore !

  — Écouter vos sottises !

  — Voyons, puisqu'il est déjà tard, pourquoi ne pas rester en cet endroit, pourquoi ne pas camper sous l'abri de ces arbres ?... Nous repartirions demain dès l'aube, et nous aurions toute la matinée pour atteindre le plateau...

  — Docteur, répondit Nic Deck, je vous répète que mon intention est de passer la nuit dans le burg.

  — Non ! s'écria le docteur, non... tu ne le feras pas, Nic !... je saurai bien t'en empêcher...

  — Vous !

  — Je m'accrocherai à toi... je t'entraînerai !... je te battrai, s'il le faut... »

  Il ne savait plus ce qu'il disait, l'infortune Patak.

  Quant à Nic Deck, il ne lui avait même pas répondu, et, après avoir remis son fusil en bandoulière, il fit quelques pas en se dirigeant vers la berge du Nyad.

  « Attends... attends ! s'écria piteusement le docteur. Quel diable d'homme !... Un instant encore !... J'ai les jambes raides... mes articulations ne fonctionnent plus... »

  Elles ne tardèrent pourtant pas à fonctionner, car il fallut que l'ex-infirmier fit trotter ses petitesjambes pour rejoindre le forestier, qui ne se retournait même pas.

  Il était quatre heures. l, es rayons solaires, effleurant la crête du Plesa, qui ne tarderait pas à les intercepter, éclairaient d'un jet oblique les hautes branches de la sapinière. Nic Deck avait grandement raison de se hâter, car ces dessous de bois s'assombrissent en peu d'instants au déclin du jour.

  Curieux et étrange aspect que celui de ces forêts où se groupent les rustiques essences alpestres. Au lieu d'arbres contournés, déjetés, grimaçants, se dressent des fûts droits, espacés, dénudés jusqu'à cinquante et soixante pieds au-dessus de leurs racines, des troncs sans nodosités, qui étendent comme un plafond leur verdure persistante. Peu de broussailles ou d'herbes enchevêtrées à leur base. De longues racines, rampant à fleur de terre, semblables à des serpents engourdis par le froid. Un sol tapissé d'une mousse jaunâtre et rase, faufilée de brindilles sèches et semée de pommes qui crépitent sous le pied. Un talus raide et sillonné de roches cristallines, dont les arêtes vives entament le cuir- le plus épais. Aussi le passage fut-il rude au milieu de cette sapinière sur un quart de mille. Pour escalader ces blocs, il fallait une souplesse de reins, une vigueur de jarrets, une sûreté de membres, qui ne se retrouvaient plus chez le docteur Patak. Nic Deck n'eût mis qu'une heure, s'il eût été seul, et il lui en coûta trois avec l'impedimentum de son compagnon, s'arrêtant pour l'attendre, l'aidant à se hisser sur quelque roche trop haute pour ses petites jambes. Le docteur n'avait plus qu'une crainte, — crainte effroyable : c'était de se trouver seul au milieu de ces mornes solitudes.

  Cependant, si les pentes devenaient plus pénibles à remonter, les arbres commençaient à se raréfier sur la haute croupe du Plesa. Ils ne formaient plus que des bouquets isolés, de dimension médiocre. Entre ces bouquets, on apercevait la ligne des montagnes, qui se dessinaient à l'arrière-plan et dont les linéaments émergeaient encore des vapeurs du soir.

  Le torrent du Nyad, que le forestier n'avait cessé de côtoyer jusqu'alors, réduit à ne plus être qu'un ruisseau, devait sourdre à peu de distance. A quelques centaines de pieds au-dessus des derniers plis du terrain s'arrondissait le plateau d'Orgall, couronne par les constructions du burg.

  Nic Deck atteignit enfin ce plateau, après un dernier coup de collier qui réduisit le docteur à l'état de masse inerte. Le pauvre homme n'aurait pas eu la force de se traîner vingt pas de plus, et il tomba comme le boeuf qui s'abat sous la masse du boucher.

  Nie Deck se ressentait à peine de la fatigue de cette rude ascension. Debout, immobile, il dévorait du regard ce château des Carpathes, dont il ne s'était jamais approché.

  Devant ses yeux se développait une enceinte crénelée, défendue par un fossé profond, et dont l'unique pont-levis était redressé contre une poterne, qu'encadrait un cordon de pierres.

  Autour de l'enceinte, à la surface du plateau d'Orgall, tout était abandon et silence.

  Un reste de jour permettait d'embrasser l'ensemble. du burg qui s'estompait confusément au milieu des ombres du soir. Personne ne se montrait au-dessus du parapet de la courtine, personne sur la plate-forme supérieure du donjon, ni sur la terrasse circulaire du premier étage. Pas un filet de fumée ne s'enroulait autour de l'extravagante girouette, rongée d'une rouille séculaire.

  « Eh bien, forestier, demanda le docteur Patak, conviendras-tu qu'il est impossible de franchir ce fossé, de baisser ce pont-levis, d'ouvrir cette poterne ? »

  Nic Deck ne répondit pas. Il se rendait compte qu'il serait nécessaire de faire halte devant les murs du château. Au milieu de cette obscurité, comment aurait-il pu descendre au fond du fossé et s'élever le long de l'escarpe pour pénétrer dans l'enceinte ? Évidemment, le plus sage était d'attendre l'aube prochaine, afin d'agir en pleine lumière.

  C'est ce qui fut résolu au grand ennui du forestier, mais à l'extrême satisfaction du docteur.

  VI

  Le mince croissant de la lune, délié comme une faucille d'argent, avait disparu presque aussitôt après le coucher du soleil. Des nuages, venus de l'ouest, éte
ignirent successivement les dernières lueurs du crépuscule. L'ombre envahit peu à peu l'espace en montant des basses zones. Le cirque de montagnes s'emplit de ténèbres, et les formes du burg disparurent bientôt sous la crêpe de la nuit.

  Si cette nuit-là menaçait d'être très obscure, rien n'indiquait qu'elle dût être troublée par quelque météore atmosphérique, orage, pluie ou tempête. C'était heureux pour Nic Deck et son compagnon, qui allaient camper en plein air.

  Il n'existait aucun bouquet d'arbres sur cet aride plateau d'Orgall. Çà et là seulement des buissons ras à ras de terre, qui n'offraient aucun abri contre les fraîcheurs nocturnes. Des roches tant qu'on en voulait, les unes à demi enfouies dans le sol, les autres, à peine en équilibre, et qu'une poussée eût suffi à faire rouler jusqu'à la sapinière.

  En réalité, l'unique plante qui poussait à profusion sur ce sol pierreux, c'était un épais chardon appelé « épine russe », dont les graines, dit Elisée Reclus, furent apportées à leurs poils par les chevaux moscovites — « présent de joyeuse conquête que les Russes firent aux Transylvains ».

  A présent, il s'agissait de s'accommoder d'une place quelconque pour y attendre le jour et se garantir contre l'abaissement de la température, qui est assez notable à cette altitude.

  « Nous n'avons que l'embarras du choix... pour être mal ! murmura le docteur Patak.

  — Plaignez-vous donc ! répondit Nic Deck.

  — Certainement, je me plains ! Quel agréable endroit pour attraper quelque bon rhume ou quelque bon rhumatisme dont je ne saurai comment me guérir ! » Aveu dépouillé d'artifice dans la bouche de l'ancien infirmier de la quarantaine. Ah ! combien il regrettait sa confortable petite maison de Werst, avec sa chambre bien close et son lit bien doublé de coussins et de courtepointes !

  Entre les blocs disséminés sur le plateau d'Orgall, il fallait en choisir un dont l'orientation offrirait le meilleur paravent contre la brise du sud-ouest, qui commençait à piquer. C'est ce que fit Nic Deck, et bientôt le docteur vint le rejoindre derrière une large roche, plate comme une tablette à sa partie supérieure.

 

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