City Girl

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City Girl Page 2

by Sarah Mlynowski


  Chez elle, le point P doit tenir lieu de point G. P comme Ponctuation.

  — Je réunis l’équipe à quatre heures moins le quart. Ça te va ?

  — Super.

  — Parfait, j’envoie la confirmation à toutes mes secrétaires d’édition, annonce-t-elle en rentrant la tête dans son box.

  « Toutes » mes secrétaires… Quel cinéma ! L'équipe d’Amour Vrai est en tout et pour tout composée de deux secrétaires d’édition, Julie et moi. Comme si Helen ne pouvait pas aller voir Julie, de l’autre côté du couloir…

  Et j’aimerais aussi qu’elle cesse de nous revendiquer comme sa propriété. La rédactrice en chef, c’est Shauna, et il se trouve seulement que la collection que dirige Helen est aussi celle à laquelle Julie et moi avons été nommées.

  — Excuse ! Me revoilà.

  La voix de Wendy surgit dans le combiné.

  — Bon, je lis ton mail. Na na na… « Aujourd’hui, encore pris un ecstasy. Planant. » Comment peux-tu gâcher ta belle jeunesse avec ce camé ? « Me suis fait faucher mon T-shirt X-Files qui séchait à la fenêtre. » Quel ringard… « Ai rencontré une super nana, on taille la route ensemble depuis le mois dernier. » C'est tout ?

  — Lis jusqu’au bout.

  — « Je voulais que tu le saches, prends bien soin de toi, Jer. » C'est une blague ?

  — J’ai peur que non.

  Quoique… Et si c’était vraiment une plaisanterie ? Un nouveau virus informatique ultra-sophistiqué qui aurait eu accès à mes angoisses les plus secrètes pour les transcoder via ma messagerie Internet ?

  — Et tu passes tous tes week-ends enfermée chez toi à l’attendre pendant qu’il s’envoie en l’air avec la moitié de la Thaïlande ? s’énerve Wendy. Grotesque ! Tu te rends compte que depuis ton déménagement, tu n’as pas vu un seul homme de près ?

  Si. Sur Beauxmecs.com. Je proteste mollement :

  — Je ne suis pas obligée de sortir avec tous les hommes que je rencontre.

  — Tu n’es pas obligée d’être aussi ridicule, surtout !

  Wendy ne m’a jamais ménagée, mais dans le cas présent je ne peux pas lui donner tort. C'était effectivement ridicule de refuser de sortir avec le sosie de Pierce Brosnan, que m’avait présenté Natalie, sous le fallacieux prétexte que l’affaire risquait de revenir aux oreilles de Jeremy. Et si Jer allait me larguer en découvrant mon infidélité ? Et s’il appelait pendant que j’étais sortie ?

  D’un autre côté, c’est assez délicat d’inviter à la maison un homme qui ne soit pas Jeremy. L'appartement est un sanctuaire à la gloire de Jeremy. Les murs sont couverts de photos de Jeremy, jusque dans le petit coin. Jer et moi à la plage. Jer et moi au mariage de sa sœur. Jer le jour de sa remise de prix de fin d’études. Jer, Jer, Jer…

  Soudain, je me dis que Jeremy ne pose sans doute aucune photo de nous à côté de son sac à dos, le soir avant de s’endormir. C'est l’heure des prises de conscience douloureuses. Il va être temps de rendre droit de cité au papier peint — et ce n’est pas Samantha qui s’en plaindra.

  Adieu, Jeremy !

  Wendy a raison, j’ai été ridicule. Hum… Pas de précipitation. Un faible espoir brille encore.

  — Par « rencontré », il voulait peut-être simplement dire « rencontré » ? je demande à Wendy. Une rencontre amicale ?

  Sa réponse tombe, telle une hache de boucher dans une motte de beurre oubliée au soleil.

  — Non.

  Je laisse échapper un soupir. La petite lueur d’espoir vacille et s’éteint. Me voilà dans le noir.

  Mais pas pour longtemps.

  — Tu as raison, Wendy. Je vais recommencer à draguer. Je vais devenir la Serial Dragueuse la plus frénétique de Boston. Je vais tomber tous les mecs de Back Bay.

  Back Bay, c’est le coin furieusement tendance de Boston où j’ai eu la bonne idée de migrer — comme quoi on ne peut pas se tromper tout le temps.

  Ça va être l’hécatombe. Messieurs, numérotez vos abattis ! Jackie la croqueuse d’hommes est de retour !

  Je vais vivre des moments de passion intense avec des garçons beaux, riches et fous de moi qui me couvriront de bijoux, noieront mon bureau sous les roses et me murmureront des choses idiotes et tendres tout en massant mon pauvre dos martyrisé par mes heures de dur labeur chez Cupidon.

  D’ailleurs, je n’aurai plus besoin d’aller m’user les lombaires et les cervicales au service de l’Amour Vrai : je l’aurai rencontré. Je serai courtisée, les meilleurs partis de Boston s’entr’égorgeront pour me demander en mariage, je serai riche, oisive et décadente.

  Ma vie sera une brassée de pétales de roses sur un lit de miel.

  — Finies les jérémiades ! je lance, avec ce bel à-propos dont je suis capable dans mes grands jours.

  Puis je prends conscience que je ne peux pas sortir seule. Si je ne suis pas accompagnée, j’ai peur. Je gémis :

  — Le seul problème, c’est que je n’ai pas d’amis avec qui sortir.

  — Pas d’amis ? répète Wendy, incrédule.

  — Pas beaucoup.

  Oh ! Je hais le monde entier. Ma vie est une planche à clous rouillés coincée entre deux haut-parleurs diffusant l’intégrale du répertoire des Bee Gees en continu. Je vais devoir m’envoyer moi-même des bouquets de roses et me murmurer toute seule des mots doux.

  La schizophrénie me guette.

  — Je peux toujours appeler Natalie ? je suggère.

  — Tu n’as rien de mieux sous la main ? laisse tomber Wendy après un silence polaire.

  Faut-il le préciser ? Wendy déteste cordialement Natalie, qui d’ailleurs le lui rend bien. On s’est connues toutes les trois en cité universitaire, à Penn. Natalie considère Wendy comme une intello snobinarde ; Wendy surnomme Natalie « la Brahmane », ou « la Bostonienne fin de race », allusion au prestigieux pedigree de cette héritière d’une des plus anciennes familles de Boston.

  Je dois reconnaître que Wendy est effectivement une intello snobinarde et que Natalie peut parfois paraître agaçante, surtout quand elle rentre les bras chargés de paquets de chez Laura Ashley, « cette petite boutique pas chère et tellement sympa » où papa-maman lui ont ouvert un compte à l’année. Mais comme je l’explique à Wendy, je n’ai pas d’autres amies qu’elles.

  Ce que je garde pour moi, en revanche, c’est qu’à part les cinglées du bureau, les seules personnes à qui j’ai adressé la parole depuis mon déménagement sont ma concierge et ma manucure, qui ont chacune la soixantaine bien tassée.

  En fait, je ne suis pratiquement pas sortie de l’appartement, préférant consacrer mon temps aux rediffusions d’ Ally MacBeal et à la lecture de Cosmo, Elle et City Girls. Car j’ai entrepris de me constituer une sorte de bibliothèque de références perso, mon Guide de la Routarde de la Vie moderne, destiné à me sauver la mise en cas d’impasse. Comment proposer à un homme de sortir avec lui ? Voir le Cosmopolitan de mars, page cinquante-sept. Faut-il attendre qu’il rappelle le premier ? Elle m’a répondu sur ce point dans son numéro de janvier. Préfèrent-ils les femmes indépendantes ? City Girls m’éclairait justement le mois dernier sur ce sujet crucial.

  J’avoue ne pas maîtriser encore toutes les subtilités de la séduction de la Femme moderne. Par exemple, une ombre à paupières taupe fumée peut-elle rendre mon regard plus mystérieux ? Très important, le mystère. Une valeur à cultiver. Autre question essentielle, suis-je Printemps ou Automne (je ne parle pas de mon signe astrologique sumérien, mais de ma gamme de couleurs idéale) ? Plus préoccupant, que dois-je penser de l’épilation du maillot à la cire, et quelle est l’épilation tendance cette saison — tanga, brésilien, string ? intégral ? Tout cela est bien confus.

  — Bon, me dit Wendy, mais il va falloir te trouver de meilleures fréquentations. Comment est Samantha ?

  Sam est ma colocataire — ou plutôt ma demi-colocataire, l’autre moitié étant constituée par son petit ami à qui elle semble collée à la superglu. Ce n’est pas un couple, ce sont des siamois.

  — Bof ! d
is-je. Un peu spéciale. Elle m’oblige à utiliser une éponge rose pour la vaisselle, une bleue pour les casseroles et une verte pour le plan de travail.

  — Normal.

  Normal pour une fille comme Wendy, qui ouvre les portes des toilettes publiques avec les pieds. Pourquoi faut-il que je m’entoure de gens aussi coincés ?

  Parce que mieux vaut des amies coincées que pas d’amies du tout.

  — Elle a l’air plus futée que cette gourde de Natalie, reprend Wendy.

  Nat n’est peut-être pas une lumière, mais elle sait s’amuser. C'est qu’elle a ses bons côtés, ma bostonienne fin de race ! Elle fréquente un tas d’endroits dans le coup et connaît plein de bostoniens fin de race qu’elle serait ravie de me présenter, si je la laissais faire. D’ailleurs, c’est elle qui m’a trouvé ce plan pour l’appartement avec Samantha.

  — Si tu venais t’installer à Boston avec moi, je bougonne, Natalie ne serait pas ma seule connaissance ici.

  Disons-le tout net, Wendy peut être exaspérante. Elle fait partie de ces petits génies qui ne supportent pas la lenteur des médiocres — les gens normaux — et vous regardent toujours avec un brin de commisération vous dépatouiller avec votre feuille d’impôts. La ligne G18, alinéa 4 ter ? Elle l’a trouvée avant que vous n’ayez eu le temps de tailler votre crayon. L'abattement compensatoire au prorata de la déduction réactualisée déduite des majorations forfaitaires ? Franchement, où est le problème ? De toute façon, sa feuille d’impôts, il y a longtemps qu’elle l’a remplie sur le Net. Il faut vivre avec son siècle, bon sang !

  Wendy et moi sommes amies depuis la classe de cinquième. Notre amitié s’est scellée autour d’une passion partagée pour Michael Jackson et Les Malheurs de Candy, et elle a vaillamment résisté aux aléas de l’école primaire, du secondaire, de l’université et de Ted Abramson. Surtout de Ted Abramson, en particulier quand il a cassé avec moi et demandé à Wendy de sortir avec lui à l’époque de sa bar mitsvah, pour la laisser tomber ensuite et revenir avec moi.

  Par la suite, notre amitié a également survécu à ma tentative d’assassinat sur la personne de Wendy, le jour où celle-ci a dit à Andrew Mackenzie que je trouvais son copain Jeremy à croquer. Avec Wendy, on avait repéré Jeremy au cours de littérature américaine contemporaine. Plus Tom Sawyer et Huckleberry Finn se perdaient dans les méandres du Mississippi, plus j’étais fondue de Jer.

  Bien sûr, Andrew s’était empressé de tout raconter à ce dernier.

  — Tout ça, c’est ta faute…

  — Comment, ma faute ? glapit Wendy dans le téléphone. Je ne suis pas responsable de ton incapacité à te faire des amis ! Et tu ne vas pas me reprocher d’avoir accepté ce poste à Wall Street !

  — Je parle de ma relation avec Jeremy. C'est quand même toi qui as tout combiné.

  — Arrête de gémir, tu veux ? Tu ne devrais pas être surprise, après toutes les crasses qu’il t’a faites.

  — Je n’ai pas envie d’y revenir.

  Et puis je n’aime pas qu’elle utilise contre Jer toutes les horreurs que je lui ai dites sur lui.

  — Très bien. Contacte la Brahmane et demande-lui de te présenter des garçons dans les plus brefs délais.

  — Promis.

  — Et rappelle-moi pour me tenir au courant des résultats.

  On dirait un médecin prescrivant un lavement, ou la pose de sangsues. En tout cas, quelque chose de bien répugnant.

  — Promis, je répète, un peu hébétée.

  — Alors à bientôt. Et bon courage !

  Ça, c’est l’humour de Wendy. Je n’ai pas le temps de répondre qu’elle a déjà raccroché. Le moral au fond des Converses, je compose le numéro de Natalie.

  A l’exception de son séjour à l’université, Natalie a toujours vécu chez papa-maman à Boston. Shopping, coiffeuse, manucure, cocktails (elle pratique assidûment la chasse au mari)… sa vie est un combat de tous les jours. Quand ce dur quotidien lui en laisse le temps, elle fait du bénévolat pour une bonne œuvre.

  — Salut, Jackie ! s’exclame-t-elle après trois sonneries. Comment vas-tu ?

  Nat consulte toujours l’identificateur d’appel avant de décrocher. Je la soupçonne de modifier sa voix selon l’interlocuteur : timbre joyeux pour les copines, roucoulement sensuel pour ses proies masculines, ton neutre pour les amis de papa-maman. Je l’ai déjà vue, ou plutôt entendue à l’œuvre, elle est redoutable. Ça doit faire partie de l’entraînement des petites bostoniennes fin de race.

  Encore une subtilité qu’il faudra que j’ajoute à mon Guide de la Routarde en cours de constitution.

  — Je vais mal, il faut que je flirte de toute urgence. Ce soir, on sort.

  — Sortir ? Pas question, je suis au régime.

  D’un soupir excédé, je balaie cette objection. Nat pèse quarante-trois kilos toute mouillée pour un mètre soixante-huit, et aujourd’hui je n’ai aucune patience pour les sempiternelles trois calories qu’elle s’évertue à perdre.

  — Comment veux-tu que je rencontre des hommes si je ne sors pas ?

  — Parce que tu rencontres des hommes, maintenant ?

  — Exactement. Et ne me pose pas de questions, s’il te plaît. Alors, on va où ?

  — C'est que…

  — S'il te plaît ? je supplie, modifiant ma stratégie. S'il te plaît s’il te plaît s’il te plaît ?

  — C'est bon. Je passe te chercher chez toi à 9 heures. On ira à l’Orgasme.

  L'Orgasme est un bar à cocktails à quelques rues de chez moi. Le top de la branchitude — on n’y rencontre que des bons coups.

  — Mais il faudra que tu me prêtes des vêtements, je ne rentre plus dans rien.

  Merci, Nat. Je raccroche, le cœur en fête. Pour une fois, le venin que distille Nat avec une perverse naïveté glisse sur mon ego comme sur les ailes d’un bœing au décollage. Je sors ! Je vais aller siroter des cocktails aux noms exotiques en robe dos nu et sandales à talons tout en matant les plus jolis garçons de Boston, et je me choisirai le plus sexy pour finir la soirée.

  Jeremy? Connais pas!

  Et d’abord, je suis sûre qu’elle est vulgaire, sa blondasse en string et sac à dos. Elle doit avoir les seins gonflés à l’hélium, un piercing dans la narine et des tatouages ethniques dans les oreilles.

  Moi je veux être aimée pour moi-même, pas pour mon look de vache primée. Et je suis sûre qu’il existe à Boston un homme qui n’attend pour commencer à vivre que de rencontrer la fille formidable que je suis. Cette ville doit fourmiller de célibataires prêts à vivre pour le Grand Amour. Il y a au moins… Bon sang ! je ne sais même pas combien il y a d’hommes à Boston !

  Direction le Net, source d’informations inépuisable. Après quarante-cinq minutes d’étude prospective sur Oùsontleshommes.net et ses rubriques instructives — « Pour ou contre la modification des dates d’ouverture de la chasse au prince charmant ? » ; « Customisez votre voisin de palier ! » ; « Soixante-neuf positions pour le rendre fou » — je trouve enfin les statistiques nationales.

  Boston. Revenu mensuel moyen : 581. Dollars ? Kilo-dollars ? Giga-dollars ? Tout cela manque de précision.

  Population de la capitale du Massachusetts, banlieue comprise : environ trois millions, dont 1 324 994 hommes et 1 450 376 femmes. Enfer et damnation ! la lutte va être âpre.

  Bon, classement par âge… dix-huit à vingt ans. Trop jeune.

  Vingt et un à vingt-quatre ans. Encore trop jeune.

  Vingt-quatre à quarante-quatre ans. Comment, quarante-quatre ? C'est pratiquement l’âge de mon père ! D’un autre côté, je suppose qu’un homme de quarante-quatre ans possède une maturité sécurisante, une expérience sexuelle diversifiée et un compte en banque agréablement capitonné. Alors pourquoi pas un homme de quarante-quatre ans ?

  On dénombre 210 732 Bostoniens dans cette tranche d’âge, soit environ 100 000 hommes. Bon sang ! faudrait que Wendy soit là pour me dessiner un schéma.

  Cent mille hommes. Il doit bien y en avoir un pour moi ! Un qui soit séduisant,
cultivé, pas encore chauve, pourvu d’une carrière prestigieuse (je ne serais pas non plus contre une voiture prestigieuse et une maison prestigieuse), ne porte pas de jeans en Tergal ni de cols roulés, ne se cure pas les ongles à table, soit très sensible… non, très musclé… non, très sensible… Oui, sensible. Enfin, pas au point de pleurer devant moi. Quoique. Un homme qui pleure, c’est craquant, non ? D’accord, mais pas trop souvent.

  Bon, un homme qui pleure de temps en temps, et qui…

  « Vous avez un message. »

  Mon cœur émet un hoquet plaintif. Jeremy s’est aperçu que sa bimbo batave était une truffe, il vient de mesurer la profondeur de son amour pour moi et rentre à la maison ventre à terre.

  « A l’attention de l’équipe d’ Amour vrai. Le groupe de réflexion “Point, virgule et point-virgule” commence dans cinq minutes dans la salle de réunion. Merci d’être ponctuelles. »

  Flûte ! C'est seulement E.T-mère.

  Une fois passée ma déception, je relis le message. « Ponctuelles » ? Helen posséderait-elle un humour sophistiqué que je ne lui soupçonnais pas ?

  Quoi qu’il en soit, me voilà condamnée à l’écouter disserter pendant une heure sur les amours contre nature de monsieur Point et de madame Virgule, et sur leur monstrueux fruit. Dire que c’est moi qui me suis fichue toute seule dans cette galère ! Je voudrais qu’Helen s’étouffe avec un point-virgule de travers.

  Non, c’est Jeremy que je voudrais voir s’étrangler. Et, s’il le faut, je l’aiderai en lui faisant avaler de force un bon litre de points d’exclamation bien acérés. Le salaud !

  Mais rira bien qui rira le dernier…

  2

  Jackie face à son destin

  — Sam, tu es là ?

  Pas de réponse. J’insiste quand même.

  — Il y a quelqu’un ?

  (Voilà bien une question idiote. Que ferai-je le jour où une voix d’outre-tombe me répondra « Non, il n’y a personne » ?) Je referme la porte d’un coup de pied enthousiaste. Super, l’appartement est vide ! Il n’y a rien que j’aime tant que de rentrer le soir du travail et d’avoir la maison pour moi toute seule.

 

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