by Jules Verne
--Monsieur, répondit Bronsfield, nous avons en ce moment, vingt et un mille cinq cents pieds de ligne dehors, et le boulet qui entraîne la sonde n'a pas encore touché le fond, car la sonde serait remontée d'elle-même.
--Un ingénieux appareil que cet appareil Brook, dit le capitaine Blomsberry. Il permet d'obtenir des sondages d'une grande exactitude.
--Touche!» cria en ce moment un des timoniers de l'avant qui surveillait l'opération.
Le capitaine et le lieutenant se rendirent sur le gaillard.
«Quelle profondeur avons-nous? demanda le capitaine.
--Vingt et un mille sept cent soixante-deux pieds, répondit le lieutenant en inscrivant ce nombre sur son carnet.
--Bien, Bronsfield, dit le capitaine, je vais porter ce résultat sur ma carte. Maintenant, faites haler la sonde à bord. C'est un travail de plusieurs heures. Pendant cet instant, l'ingénieur allumera ses fourneaux, et nous serons prêts à partir dès que vous aurez terminé. Il est dix heures du soir, et, avec votre permission, lieutenant, je vais aller me coucher.
Faites donc, monsieur, faites donc!» répondit obligeamment le lieutenant Bronsfield.
Le capitaine de la Susquehanna, un brave homme s'il en fut, le très humble serviteur de ses officiers, regagna sa cabine, prit un grog au brandy qui valut d'interminables témoignages de satisfaction à son maître d'hôtel, se coucha non sans avoir complimenté son domestique sur sa manière de faire les lits, et s'endormit d'un paisible sommeil.
Il était alors dix heures du soir. La onzième journée du mois de décembre allait s'achever dans une nuit magnifique.
La Susquehanna, corvette de cinq cents chevaux, de la marine nationale des États-Unis, s'occupait d'opérer des sondages dans le Pacifique, à cent lieues environ de la côte américaine, par le travers de cette presqu'île allongée qui se dessine sur la côte du Nouveau-Mexique.
Le vent avait peu à peu molli. Pas une agitation ne troublait les couches de l'air. La flamme de la corvette, immobile, inerte, pendait sur le mât de perroquet.
Le capitaine Jonathan Blomsberry -- cousin germain du colonel Blomsberry, l'un des plus ardents du Gun-Club, qui avait épousé une Horschbidden, tante du capitaine et fille d'un honorable négociant du Kentucky -- le capitaine Blomsberry n'aurait pu souhaiter un temps meilleur pour mener à bonne fin ses délicates opérations de sondage. Sa corvette n'avait même rien ressenti de cette vaste tempête qui, balayant les nuages amoncelés sur les montagnes Rocheuses, devait permettre d'observer la marche du fameux projectile. Tout allait à son gré, et il n'oubliait point d'en remercier le ciel avec la ferveur d'un presbytérien.
La série de sondages exécutés par la Susquehanna avait pour but de reconnaître les fonds les plus favorables à l'établissement d'un câble sous-marin qui devait relier les îles Hawaï à la côte américaine.
C'était un vaste projet dû à l'initiative d'une compagnie puissante. Son directeur, l'intelligent Cyrus Field, prétendait même couvrir toutes les îles de l'Océanie d'un vaste réseau électrique, entreprise immense et digne du génie américain.
C'était à la corvette la Susquehanna qu'avaient été confiées les premières opérations de sondage. Pendant cette nuit du 11 au 12 décembre, elle se trouvait exactement par 27° 7' de latitude nord, et 41° 37' de longitude à l'ouest du méridien de Washington.[Exactement 119° 55' de longitude à l'ouest du méridien de Paris.]
La Lune, alors dans son dernier quartier, commençait à se montrer au-dessus de l'horizon.
Après le départ du capitane Blomsberry, le lieutenant Bronsfield et quelques officiers s'étaient réunis sur la dunette. A l'apparition de la Lune, leurs pensées se portèrent vers cet astre que les yeux de tout un hémisphère contemplaient alors. Les meilleures lunettes marines n'auraient pu découvrir le projectile errant autour de son demi-globe, et cependant toutes se braquèrent vers son disque étincelant que des millions de regards lorgnaient au même moment.
«Ils sont partis depuis dix jours, dit alors le lieutenant Bronsfield. Que sont-ils devenus?
--Ils sont arrivés, mon lieutenant, s'écria un jeune midshipman, et ils font ce que fait tout voyageur arrivé dans un pays nouveau, ils se promènent!
--J'en suis certain, puisque vous me le dites, mon jeune ami, répondit en souriant le lieutenant Bronsfield.
--Cependant, reprit un autre officier, on ne peut mettre leur arrivée en doute. Le projectile a dû atteindre la Lune au moment où elle était pleine, le 5 à minuit. Nous voici au 11 décembre, ce qui fait six jours. Or, en six fois vingt-quatre heures, sans obscurité, on a le temps de s'installer confortablement. Il me semble que je les vois, nos braves compatriotes, campés au fond d'une vallée, sur le bord d'un ruisseau sélénite, près du projectile à demi enfoncé par sa chute au milieu des débris volcaniques, le capitaine Nicholl commençant ses opérations de nivellement, le président Barbicane mettant au net ses notes de voyage, Michel Ardan embaumant les solitudes lunaires du parfum de ses londrès...
--Oui, cela doit être ainsi, c'est ainsi! s'écria le jeune midshipman, enthousiasmé par la description idéale de son supérieur.
--Je veux le croire, répondit le lieutenant Bronsfield, qui ne s'emportait guère. Malheureusement, les nouvelles directes du monde lunaire nous manqueront toujours.
--Pardon, mon lieutenant, dit le midshipman, mais le président Barbicane ne peut-il écrire?»
Un éclat de rire accueillit cette réponse.
«Non pas des lettres, reprit vivement le jeune homme. L'administration des postes n'a rien à voir ici.
--Serait-ce donc l'administration des lignes télégraphiques? demanda ironiquement un des officiers.
--Pas davantage, répondit le midshipman qui ne se démontait pas. Mais il est très facile d'établir une communication graphique avec la Terre.
--Et comment?
--Au moyen du télescope de Long's peak. Vous savez qu'il ramène la Lune à deux lieues seulement des montagnes Rocheuses, et qu'il permet de voir, à sa surface, les objets ayant neuf pieds de diamètre. Eh bien, que nos industrieux amis construisent un alphabet gigantesque! qu'ils écrivent des mots longs de cent toises et des phrases longues d'une lieue, et ils pourront ainsi nous envoyer de leurs nouvelles!»
On applaudit bruyamment le jeune midshipman qui ne laissait pas d'avoir une certaine imagination. Le lieutenant Bronsfield convint lui-même que l'idée était exécutable. Il ajouta que par l'envoi de rayons lumineux groupés en faisceaux au moyen de miroirs paraboliques, on pouvait aussi établir des communications directes; en effet, ces rayons seraient aussi visibles à la surface de Vénus ou de Mars, que la planète Neptune l'est de la Terre. Il finit en disant que des points brillants déjà observés sur les planètes rapprochées, pourraient bien être des signaux faits à la Terre. Mais il fit observer que si, par ce moyen, on pouvait avoir des nouvelles du monde lunaire, on ne pouvait en envoyer du monde terrestre, à moins que les Sélénites n'eussent à leur disposition des instruments propres à faire des observations lointaines.
«Évidemment, répondit un des officiers, mais ce que sont devenus les voyageurs, ce qu'ils ont fait, ce qu'ils ont vu, voilà surtout ce qui doit nous intéresser. D'ailleurs, si l'expérience a réussi, ce dont je ne doute pas, on la recommencera. La Columbiad est toujours encastrée dans le sol de la Floride. Ce n'est donc plus qu'une question de boulet et de poudre, et toutes les fois que la Lune passera au zénith, on pourra lui envoyer une cargaison de visiteurs.
--Il est évident, répondit le lieutenant Bronsfield, que J.-T. Maston ira l'un de ces jours rejoindre ses amis.
--S'il veut de moi, s'écria le midshipman, je suis prêt à l'accompagner.
--Oh! les amateurs ne manqueront pas, répliqua Bronsfield, et, si on les laisse faire, la moitié des habitants de la Terre aura bientôt émigré dans la Lune!»
Cette conversation entre les officiers de la Susquehanna se soutint jusqu'à une heure du matin environ. On ne saurait dire quels systèmes étourdissants, quelles théories renversantes furent émis par ces esprits audacieux. Dep
uis la tentative de Barbicane, il semblait que rien ne fût impossible aux Américains. Ils projetaient déjà d'expédier, non plus une commission de savants, mais toute une colonie vers les rivages sélénites, et toute une armée avec infanterie, artillerie et cavalerie, pour conquérir le monde lunaire.
A une heure du matin, le halage de la sonde n'était pas encore achevé. Dix mille pieds restaient dehors, ce qui nécessitait encore un travail de plusieurs heures. Suivant les ordres du commandant, les feux avaient été allumés, et la pression montait déjà. La Susquehanna aurait pu partir à l'instant même.
En ce moment -- il était une heure dix-sept minutes du matin -- le lieutenant Bronsfield se disposait à quitter le quart et à regagner sa cabine, quand son attention fut attirée par un sifflement lointain et tout à fait inattendu.
Ses camarades et lui crurent tout d'abord que ce sifflement était produit par une fuite de vapeur; mais, relevant la tête, ils purent constater que ce bruit se produisait vers les couches les plus reculées de l'air.
Ils n'avaient pas eu le temps de s'interroger, que ce sifflement prenait une intensité effrayante, et soudain, à leurs yeux éblouis, apparut un bolide énorme, enflammé par la rapidité de sa course, par son frottement sur les couches atmosphériques.
Cette masse ignée grandit à leurs regards, s'abattit avec le bruit du tonnerre sur le beaupré de la corvette qu'elle brisa au ras de l'étrave, et s'abîma dans les flots avec une assourdissante rumeur!
Quelques pieds plus près, et la Susquehanna sombrait corps et biens.
A cet instant, le capitaine Blomsberry se montra à demi vêtu, et s'élançant sur le gaillard d'avant vers lequel s'étaient précipités ses officiers:
«Avec votre permission, messieurs, qu'est-il arrivé?» demanda-t-il.
Et le midshipman, se faisant pour ainsi dire l'écho de tous, s'écria:
«Commandant, ce sont «eux» qui reviennent!»
XXI. J.-T. Maston rappelé
L'émotion fut grande à bord de la Susquehanna. Officiers et matelots oubliaient ce danger terrible qu'ils venaient de courir, cette possibilité d'être écrasés et coulés par le fond. Ils ne songeaient qu'à la catastrophe qui terminait ce voyage. Ainsi donc, la plus audacieuse entreprise des temps anciens et modernes coûtait la vie aux hardis aventuriers qui l'avaient tentée.
«Ce sont «eux» qui reviennent», avait dit le jeune midshipman, et tous l'avaient compris. Nul ne mettait en doute que ce bolide ne fût le projectile du Gun-Club. Quant aux voyageurs qu'il renfermait, les opinions étaient partagées sur leur sort.
«Ils sont morts! disait l'un.
--Ils vivent, répondait l'autre. La couche d'eau est profonde, et leur chute a été amortie.
--Mais l'air leur a manqué, reprenait celui-ci, et ils ont dû mourir asphyxiés!
--Brûlés! répliquait celui-là. Le projectile n'était plus qu'une masse incandescente en traversant l'atmosphère.
--Qu'importe! répondait-on unanimement. Vivants ou morts, il faut les tirer de là!»
Cependant le capitaine Blomsberry avait réuni ses officiers, et, avec leur permission, il tenait conseil. Il s'agissait de prendre immédiatement un parti. Le plus pressé était de repêcher le projectile. Opération difficile, non impossible, pourtant. Mais la corvette manquait des engins nécessaires, qui devaient être à la fois puissants et précis. On résolut donc de la conduire au port le plus voisin et de donner avis au Gun-Club de la chute du boulet.
Cette détermination fut prise à l'unanimité. Le choix du port dut être discuté. La côte voisine ne présentait aucun atterrage sur le vingt-septième degré de latitude. Plus haut, au-dessus de la presqu'île de Monterey, se trouvait l'importante ville qui lui a donné son nom. Mais, assise sur les confins d'un véritable désert, elle ne se reliait point à l'intérieur par un réseau télégraphique, et l'électricité seule pouvait répandre assez rapidement cette importante nouvelle.
A quelques degrés au-dessus s'ouvrait la baie de San Francisco. Par la capitale du pays de l'or, les communications seraient faciles avec le centre de l'Union. En moins de deux jours, la Susquehanna , forçant sa vapeur, pouvait être arrivée au port de San Francisco. Elle dut donc partir sans retard.
Les feux étaient poussés. On pouvait appareiller immédiatement. Deux mille brasses de sonde restaient encore par le fond. Le capitaine Blomsberry, ne voulant pas perdre un temps précieux à les haler, résolut de couper sa ligne.
«Nous fixerons le bout sur une bouée, dit-il, et cette bouée nous indiquera le point précis où le projectile est tombé.
--D'ailleurs, répondit le lieutenant Bronsfield, nous avons notre situation exacte: 27° 7' de latitude nord et 41° 37' de longitude ouest.
--Bien, monsieur Bronsfield, répondit le capitaine, et, avec votre permission, faites couper la ligne.»
Une forte bouée, renforcée encore par un accouplement d'espars, fut lancée à la surface de l'Océan. Le bout de la ligne fut solidement frappé dessus, et, soumise seulement au va-et-vient de la houle, cette bouée ne devait pas sensiblement dériver.
En ce moment, l'ingénieur fit prévenir le capitaine qu'il avait de la pression, et que l'on pouvait partir. Le capitaine le fit remercier de cette excellente communication. Puis il donna la route au nord-nord-est. La corvette, évoluant, se dirigea à toute vapeur vers la baie de San Francisco. Il était trois heures du matin.
Deux cent vingt lieues à franchir, c'était peu de chose pour une bonne marcheuse comme la Susquehanna. En trente-six heures, elle eut dévoré cet intervalle, et le 14 décembre, à une heure vingt-sept minutes du soir, elle donnait dans la baie de San Francisco.
A la vue de ce bâtiment de la marine nationale, arrivant à grande vitesse, son beaupré rasé, son mât de misaine étayé, la curiosité publique s'émut singulièrement. Une foule compacte fut bientôt rassemblée sur les quais, attendant le débarquement.
Après avoir mouillé, le capitaine Blomsberry et le lieutenant Bronsfield descendirent dans un canot armé de huit avirons, qui les transporta rapidement à terre.
Ils sautèrent sur le quai.
«Le télégraphe!» demandèrent-ils sans répondre aucunement aux mille questions qui leur étaient adressées.
L'officier de port les conduisit lui-même au bureau télégraphique, au milieu d'un immense concours de curieux.
Blomsberry et Bronsfield entrèrent dans le bureau, tandis que la foule s'écrasait à la porte.
Quelques minutes plus tard, une dépêche, en quadruple expédition, était lancée: 1° au secrétaire de la Marine, Washington; 2° au vice-président du Gun-Club, Baltimore; 3° à l'honorable J.-T. Maston, Long's Peak, montagnes Rocheuses; 4° au sous-directeur de l'Observatoire de Cambridge, Massachusetts.
Elle était conçue en ces termes:
«Par 20 degrés 7 minutes de latitude nord et 41 degrés 37 minutes de longitude ouest, ce 12 décembre, à une heure dix-sept minutes du matin, projectile de la Columbiad tombé dans le Pacifique. Envoyez instructions Blomsberry, commandant Susquehanna.»
Cinq minutes après, toute la ville de San Francisco connaissait la nouvelle. Avant six heures du soir, les divers États de l'Union apprenaient la suprême catastrophe. Après minuit, par le câble, l'Europe entière savait le résultat de la grande tentative américaine.
On renoncera à peindre l'effet produit dans le monde entier par ce dénouement inattendu.
Au reçu de la dépêche, le secrétaire de la Marine télégraphia à la Susquehanna l'ordre d'attendre dans la baie de San Francisco, sans éteindre ses feux. Jour et nuit, elle devait être prête à prendre la mer.
L'Observatoire de Cambridge se réunit en séance extraordinaire, et, avec cette sérénité qui distingue les corps savants, il discuta paisiblement le point scientifique de la question.
Au Gun-Club, il y eut explosion. Tous les artilleurs étaient réunis. Précisément, le vice-président, l'honorable Wilcome, lisait cette dépêche prématurée, par laquelle J.-T. Maston et Belfast annonçaient que le projectile venait d'être aperçu dans le gigantesqu
e réflecteur de Long's Peak. Cette communication portait, en outre, que le boulet, retenu par l'attraction de la Lune, jouait le rôle de sous-satellite dans le monde solaire.
On connaît maintenant la vérité sur ce point.
Cependant, à l'arrivée de la dépêche de Blomsberry, qui contredisait si formellement le télégramme de J.-T. Maston, deux partis se formèrent dans le sein du Gun-Club. D'un côté, le parti des gens qui admettaient la chute du projectile, et par conséquent le retour des voyageurs. De l'autre, le parti de ceux qui, s'en tenant aux observations de Long's Peak, concluaient à l'erreur du commandant de la Susquehanna. Pour ces derniers, le prétendu projectile n'était qu'un bolide, rien qu'un bolide, un globe filant qui, dans sa chute, avait fracassé l'avant de la corvette. On ne savait trop que répondre à leur argumentation, car la vitesse dont il était animé avait dû rendre très difficile l'observation de ce mobile. Le commandant de la Susquehanna et ses officiers avaient certainement pu se tromper de bonne foi. Un argument, néanmoins, militait en leur faveur: c'est que, si le projectile était tombé sur la Terre, sa rencontre avec le sphéroïde terrestre n'avait pu s'opérer que sur ce vingt-septième degré de latitude nord, et -- en tenant compte du temps écoulé et du mouvement de rotation de la Terre --, entre le quarante et unième et le quarante-deuxième degré de longitude ouest.
Quoi qu'il en soit, il fut décidé à l'unanimité, dans le Gun-Club, que Blomsberry frère, Bilsby et le major Elphiston gagneraient sans retard San Francisco, et aviseraient au moyen de retirer le projectile des profondeurs de l'Océan.
Ces hommes dévoués partirent sans perdre un instant, et le rail-road, qui doit traverser bientôt toute l'Amérique centrale, les conduisit à Saint-Louis, où les attendaient de rapides coachs-mails.
Presque au même instant où le secrétaire de la Marine, le vice-président du Gun-Club et le sous-directeur de l'Observatoire recevaient la dépêche de San Francisco, l'honorable J.-T. Maston éprouvait la plus violente émotion de toute son existence, émotion que ne lui avait même pas procuré l'éclatement de son célèbre canon, et qui faillit, une fois de plus, lui coûter la vie.