by Jean M. Auel
En fin de journée, tout était prêt. En attendant que la nuit tombe, Ayla faisait les cent pas sur la plage et regardait avec inquiétude les nuages qui s’amoncelaient dans le ciel à l’est. Si jamais ils se rapprochaient, ils obscurciraient la lune et elle serait obligée de renoncer à son expédition nocturne.
Juste avant de partir, elle fouilla à nouveau dans le tas d’ossements et choisit l’humérus d’un cerf, un os long à l’extrémité arrondie. Le prenant par un bout, elle s’en servit pour frapper sur une défense de mammouth avec une telle force qu’elle en eut mal au bras. L’os tint bon : il ferait une excellente massue.
Un peu avant que le soleil se couche, la lune apparut dans le ciel : le moment était venu de se mettre en route. Ayla aurait aimé connaître les rites de chasse pratiqués par le Clan. Malheureusement, les femmes n’y avaient pas accès car les chasseurs pensaient qu’elles risquaient de leur porter malheur.
Jusqu’ici, bien que je sois une femme, j’ai toujours eu de la chance à la chasse, songea-t-elle. Mais je ne me suis jamais attaquée à un animal de grande taille. Pour se rassurer, elle saisit son amulette et pensa à son totem. Au fond, c’était le Lion des Cavernes qui l’avait poussée à chasser la première fois. Sans lui, jamais elle n’aurait pu devenir aussi habile à la fronde et même surpasser les hommes du Clan. Elle espérait que son puissant totem allait lui venir en aide cette nuit.
Quand Ayla atteignit le coude de la rivière près duquel les chevaux passaient la nuit, le soleil se couchait. Elle avait emporté avec elle sa tente en peau et l’os plat à bord tranchant. Elle se dirigea sans bruit vers la trouée où, la veille, elle était allée porter du bois. C’est à cet endroit que les chevaux venaient boire au lever du jour. Pour l’instant, c’était le crépuscule, le feuillage des arbres prenait une teinte grisâtre dans la lumière déclinante et, un peu plus loin, on apercevait des arbres dont les troncs noirs se détachaient sur le ciel rougeoyant. Ayla étendit sa tente sur le sol et se mit à creuser avec sa pelle en os.
En surface, le sol était dur, mais dès qu’elle eut entamé cette couche superficielle, elle creusa avec plus de facilité. Au fur et à mesure qu’elle retirait de la terre, elle la lançait sur la peau et, quand celle-ci fut entièrement recouverte, elle la tira vers les bois et y déversa la terre. Lorsque la fosse fut plus large et plus profonde, elle posa la peau au fond du trou et s’en servit pour sortir la terre au fur et à mesure. Elle y voyait tout juste et c’était une tâche épuisante. Bien plus dure que quand elle aidait les femmes du Clan à creuser une fosse qui servait à rôtir des quartiers de viande. Cette fois-ci, elle était seule à travailler et les dimensions de la fosse étaient bien plus importantes.
Les bords de la fosse lui arrivaient à la taille quand soudain elle sentit de l’eau sous ses pieds. Elle avait creusé trop près de la rivière ! L’eau montait rapidement et le fond était déjà tout boueux quand elle se précipita hors de la fosse, sa tente à la main.
Pourvu que ce soit assez profond, songea-t-elle. De toute façon, elle devait s’arrêter là : plus elle creuserait et plus l’eau monterait. Relevant la tête, elle regarda la lune et fut surprise de voir à quel point elle était déjà haute. Si elle voulait avoir fini ses préparatifs avant le lever du jour, elle devait se dépêcher.
Elle courut vers l’endroit où elle avait empilé du bois, trébucha sur une racine qu’elle n’avait pas vue, et tomba de tout son long sur le sol. C’est le moment d’être prudente, se dit-elle en frottant son menton douloureux. Les paumes de ses mains et ses genoux la brûlaient et un filet de sang coulait le long de sa jambe droite.
Et si je m’étais cassé la jambe ? se demanda-t-elle, soudain paniquée. Qu’est-ce que je fais ici en pleine nuit ? Sans feu pour me protéger au cas où un animal m’attaquerait ? Se souvenant soudain d’un lynx qui, une fois, l’avait attaquée, elle crut voir deux yeux briller sous le couvert des arbres. Elle toucha la fronde qu’elle portait attachée à sa ceinture et ce contact la rassura un peu. De toute façon, je suis déjà morte, se dit-elle. Ce qui doit arriver arrivera. Si je commence à m’inquiéter, je ne serai jamais prête quand le soleil se lèvera.
Elle s’approcha du bois qu’elle avait empilé au bord de la rivière et commença à le transporter aux abords de la fosse. Elle savait que si elle se précipitait sans crier gare sur les chevaux, ceux-ci s’éparpilleraient dans la nature. Elle savait aussi qu’il n’existait dans la vallée aucun endroit sans issue où elle puisse acculer un des chevaux, comme Broud avait fait avec le mammouth. Mais, à force de réfléchir, elle avait fini par avoir un éclair de génie – comme il lui était déjà arrivé d’en avoir lorsqu’elle faisait partie du Clan. Il n’y a pas ici de canyon sans issue, s’était-elle dit, mais je peux peut-être en créer un.
A ses yeux, c’était une trouvaille sans grande valeur. Elle avait simplement l’impression d’adapter une des techniques de chasse du Clan à ses propres besoins. En réalité, c’était une invention majeure car elle allait permettre à une femme seule de tuer un animal qu’aucun homme du Clan n’aurait jamais osé chasser sans l’aide de ses congénères.
Avec les troncs et les branches ramassés la veille, Ayla construisit deux palissades qui, par rapport à deux des côtés de la fosse, formaient une sorte d’entonnoir. Elle en boucha tous les trous pour qu’il n’y ait aucune brèche et les suréleva légèrement en rajoutant des branches sur le faite. Quand elle eut terminé, le ciel commençait à s’éclaircir et les oiseaux pépiaient pour saluer la venue du jour.
Elle contempla alors son travail. La fosse était légèrement plus longue que large. Ses bords étaient boueux à cause des dernières pelletées de terre qu’Ayla y avait jetées et légèrement en pente. Le triangle formé par les deux palissades convergeait vers l’entrée de la fosse. Quand on se plaçait de ce côté-là, on apercevait au fond de la trouée la rivière qui commençait à scintiller sous les premiers rayons du soleil. Sur l’autre rive, on commençait tout juste à distinguer dans le lointain les sommets de la falaise qui barrait la vallée au sud.
Ayla regarda autour d’elle pour déterminer exactement la position des chevaux. L’autre versant de la vallée remontait en pente douce vers l’ouest et formait la haute barrière rocheuse qui se trouvait en face de sa caverne. Puis celle-ci redescendait graduellement pour rejoindre à l’est le fond de la vallée où dormaient les chevaux. Bien qu’il fît encore très sombre à cet endroit, Ayla eut l’impression qu’ils commençaient à bouger.
Elle reprit sa tente et l’os qui lui avait servi de pelle et revint en courant vers la plage. Elle rajouta du bois sur son feu qui était en train de mourir, se servit d’un bâton pour aller pêcher au centre du foyer une braise qu’elle plaça dans la corne d’aurochs. Elle ramassa au passage les torches qu’elle avait préparées, les deux épieux et sa massue en os et, toujours courant, revint vers la fosse. Elle posa un des épieux d’un côté de la fosse, l’autre de l’autre côté avec la massue, puis elle décrivit une large boucle pour se retrouver derrière les chevaux avant qu’ils ne se mettent à bouger.
Maintenant, il ne lui restait plus qu’à attendre. Mais cette attente était plus difficile à supporter que la longue nuit passée à faire tous les préparatifs. Elle se demandait avec inquiétude si elle n’avait rien oublié, repassait dans sa tête toutes les phases de son plan en espérant qu’il marcherait. Elle vérifia si le charbon de bois brûlait toujours, examina les torches. Les chevaux commencèrent à remuer. Elle fut tentée de se précipiter derrière eux pour qu’ils avancent plus vite, mais se ravisa. Il fallait encore attendre.
Au lieu d’avancer normalement, les chevaux tournaient en rond. Ayla se dit qu’ils semblaient bien nerveux. Finalement, la jument prit la tête de la petite troupe et se dirigea vers la rivière. Les autres suivirent, s’arrêtant ici et là pour brouter. Plus ils approchaient de la rivière et plus ils semblaient inquiets. Ils avaient dû sentir l’odeur de la terre retournée et celle d’Ayla. Quand la jeune femme, qui ne les quittait pas des yeux, vit que la jument allait faire de
mi-tour, elle se dit que le moment était venu de passer à l’attaque.
Elle se servit de son charbon de bois pour allumer les deux torches. Lorsque celles-ci se furent enflammées, elle abandonna derrière elle la corne d’aurochs et s’élança en direction des chevaux en agitant les torches au-dessus de sa tête et en poussant des cris stridents. Malheureusement, elle était encore trop loin pour que les chevaux la voient. En revanche, ils avaient senti l’odeur de la fumée et, craignant d’instinct un feu de prairie, ils partirent au galop. En arrivant près de la rivière et de la fosse creusée par Ayla, ils réalisèrent qu’un nouveau danger les guettait et une partie de la horde amorça un mouvement vers l’est. Ayla prit la même direction dans l’espoir de leur couper la route. Arrivée à hauteur de la horde, elle s’aperçut que la plupart des chevaux faisaient un large détour pour éviter le piège et elle courut au milieu d’eux en hurlant. Ils s’écartèrent aussitôt. Les oreilles basses, les naseaux dilatés, hennissant de terreur, ils essayaient de s’échapper. Et s’ils réussissaient à s’enfuir ? A cette seule idée, Ayla sentait, elle aussi, la panique l’envahir.
Elle se trouvait à l’extrémité est de la palissade quand elle aperçut soudain la jument qui venait vers elle. Tenant toujours ses deux torches à bout de bras, elle se précipita à sa rencontre en hurlant de plus belle. Le choc semblait inévitable. Au dernier moment, la jument fit un écart pour l’éviter. Puis elle partit au galop. Malheureusement pour elle, du mauvais côté. Arrêtée par la palissade, elle la longea au galop dans l’espoir de sortir du piège. Hors d’haleine et les jambes en feu, Ayla courait derrière elle.
Quand la jument aperçut la rivière tout au bout de la trouée, elle se crut sauvée. Puis elle vit la fosse. Trop tard ! Elle ramassa ses pattes sous elle pour sauter, mais les bords de la fosse étaient glissants, et, entraînée par son élan, elle tomba au fond du piège.
Ayla, qui était à bout de souffle, continua pourtant à courir jusqu’à ce qu’elle arrive au bord de la fosse. Elle aperçut alors la jument qui, les yeux fous, remuait la tête en poussant des hennissements déchirants. Elle s’était cassé une jambe et se débattait dans la boue pour s’extraire de la fosse. Bien campée sur le sol, Ayla saisit son épieu à deux mains et le plongea dans la fosse. Elle s’aperçut trop tard qu’elle avait visé le flanc de la jument. Le coup qu’elle venait de lui porter n’était pas mortel. Elle courut de l’autre côté de la fosse pour aller chercher son second épieu, glissa sur la terre humide et manqua rejoindre la jument.
Cette fois-ci, elle prit le temps de viser. Quand l’épieu s’enfonça dans le cou de la jument, celle-ci fit vaillamment un dernier effort pour s’échapper, avant de lancer un hennissement de douleur qui ressemblait à un gémissement. Un coup de massue, appliqué sur le sommet du crâne, mit fin à ses souffrances.
Ayla était trop hébétée pour réaliser ce qui arrivait. Debout à côté de la fosse, elle s’appuyait de tout son poids sur la massue qu’elle tenait toujours à la main et, le souffle court, contemplait sans bien comprendre la jument qui gisait au fond de la fosse. Sa robe grisâtre tachée de sang et maculée de boue, elle ne bougeait plus.
Petit à petit, Ayla sentit monter en elle une émotion qu’elle n’avait encore jamais ressentie. Venu du plus profond d’elle-même, un cri de victoire franchit ses lèvres. Elle avait réussi !
A cette seconde, dans une vallée solitaire nichée au cœur d’un vaste continent, à la frontière entre les steppes arides du nord et les prairies plus verdoyantes du sud, une jeune femme, armée d’une massue en os, mesurait pour la première fois l’étendue de son pouvoir. Elle était capable de rester en vie ! Elle resterait en vie.
L’exaltation d’Ayla fut de courte durée. Un coup d’œil lui suffit pour comprendre qu’elle ne pourrait jamais sortir l’animal de la fosse. Elle devrait découper la jument sur place et transporter la viande jusqu’à la plage avant que l’odeur du sang n’attire les prédateurs. Seul le feu saurait les éloigner et il faudrait qu’elle l’entretienne jusqu’à ce que la viande ait fini de sécher.
Même si elle était épuisée par la nuit qu’elle venait de passer, elle ne pouvait pas se permettre de se reposer. C’était bon pour les hommes du Clan d’aller s’allonger après la chasse en laissant aux femmes le soin de découper le gibier et de le transporter. Pour Ayla, le travail ne faisait que commencer.
Après avoir tranché la gorge de la jument, elle retourna à la plage pour prendre sa tente en peau d’aurochs et ses outils en silex. En revenant vers la fosse, elle aperçut la horde de chevaux qui, galopant toujours, se trouvait maintenant à l’extrême limite de la vallée.
Aussitôt, elle se mit à l’ouvrage. Pataugeant dans la boue et le sang, elle commença à découper l’animal en essayant de ne pas abîmer la peau plus qu’elle ne l’était déjà. Au fur et à mesure, elle plaçait les morceaux de viande dans la peau d’aurochs. Quand celle-ci fut pleine, les charognards étaient déjà arrivés et ils arrachaient des lambeaux de chair aux os de la jument qu’elle avait mis de côté. En arrivant à la plage, Ayla déchargea la viande le plus près possible du feu et alimenta celui-ci avec de grosses branches.
Cette fois-ci, lorsqu’elle s’approcha de la fosse, elle tenait sa fronde à la main et s’en servit aussitôt contre un renard qui s’enfuit en poussant un glapissement. Ayla l’aurait bien tué, mais elle n’avait plus de cailloux. Elle s’avança jusqu’au bord de la rivière pour en choisir quelques-uns et en profita pour se rafraîchir avant de se remettre au travail.
Lorsqu’elle revint pour la seconde fois sur la plage, elle se servit à nouveau de sa fronde et tua un glouton qui s’était approché du feu et était en train d’emporter un énorme quartier de viande. Avant de repartir, elle récupéra la dépouille du glouton et la plaça près du feu, comme la viande, en se disant que la fourrure de l’animal lui serait bien utile pendant l’hiver.
Elle eut moins de chance en revanche avec une hyène qui s’était approchée de l’a fosse et qui réussit à emporter un des jarrets de la jument. Jamais, depuis qu’elle vivait dans la vallée, elle n’avait vu autant de carnassiers. Il n’y avait pas que les renards, les hyènes et les gloutons qui s’intéressaient à son gibier. Des loups et, plus cruels qu’eux encore, des dholes[4] tournaient autour de la fosse en restant hors de portée de la fronde. Les faucons et les milans se montraient beaucoup plus téméraires et ne s’enfuyaient d’un coup d’aile qu’à l’approche d’Ayla. Elle s’attendait à tout moment à voir apparaître un lynx, un léopard ou le terrible lion des cavernes.
Quand elle eut terminé de transporter la totalité de la viande jusqu’à la plage, l’après-midi était bien avancé. Elle se laissa tomber près du feu. Elle n’avait pas dormi de la nuit, pas eu le temps de manger et elle était épuisée. Finalement, ce furent les mouches qui l’obligèrent à se relever. En les entendant bourdonner autour d’elle, elle se rendit compte à quel point elle était sale : son corps et ses vêtements étaient couverts de boue et de sang. Elle se dirigea vers la rivière et y plongea tout habillée.
L’eau fraîche lui fit du bien. Elle remonta vers la caverne, mit ses vêtements mouillés à sécher devant l’ouverture, enfila son vêtement en peau et alla chercher sur sa couche la fourrure sous laquelle elle dormait. Avant de redescendre, elle s’avança au bord de la corniche et jeta un coup d’œil dans la vallée. Les chevaux avaient disparu, par contre une intense activité semblait régner autour de la fosse.
Soudain, Ayla se souvint des deux épieux qu’elle avait laissés là-bas. Devait-elle prendre le risque d’aller les rechercher ? Se souvenant du temps qu’elle avait mis pour les fabriquer, elle se dit que mieux valait les récupérer. Elle déposa sa fourrure sur la plage, reprit sa fronde qu’elle avait enlevée pour se baigner et remplit les replis de son vêtement de cailloux avant de repartir.
Quand elle arriva sur place, elle tomba en plein carnage. Une partie de la palissade avait été renversée par les animaux impatients de s’approcher, l’herbe était piétinée et la fosse, rougie de sang, f
aisait penser à une blessure béante. Deux loups étaient en train de grogner autour de ce qui restait de la tête de la jument. Des renardeaux se disputaient en glapissant la jambe de devant de l’animal, tirant sur les longs poils et s’attaquant même au sabot.
Quand Ayla s’approcha, une hyène releva la tête, soudain sur ses gardes, les milans s’enfuirent à tire-d’aile, mais le glouton qui se trouvait juste à côté de la fosse ne bougea pas. Je ferais bien de me dépêcher, se dit-elle en lançant une pierre sur le glouton qui s’enfuit aussitôt. Il va falloir que j’allume plusieurs feux pour protéger la viande. La hyène recula hors de portée de sa fronde en ricanant. Fiche le camp de là, affreuse ! songea Ayla qui détestait les hyènes. Elle ne pouvait pas voir une hyène sans songer aussitôt à celle qui avait essayé d’emporter le bébé d’Oga et qu’elle avait tuée avec sa fronde.
Alors qu’elle se penchait pour ramasser ses épieux, un mouvement derrière une des brèches de la palissade attira soudain son attention. Elle aperçut alors des hyènes qui s’approchaient sans bruit de la jeune pouliche couleur de foin.
Je suis désolée pour toi, songea Ayla. Je n’avais pas l’intention de tuer ta mère. Mais comme c’est elle qui est tombée dans le piège, je n’avais pas le choix. Elle n’éprouvait aucune culpabilité. Dans le monde où elle vivait, il y avait les chasseurs et les chassés. Et les chasseurs pouvaient devenir des proies. Si Ayla n’avait eu ni feu ni armes, cela aurait été son cas. La chasse faisait partie de la vie.
Elle savait que, sans sa mère, la jeune pouliche était condamnée et elle éprouvait de la pitié pour cet animal sans défense. Que de fois avait-elle ramené à Iza des animaux blessés pour que la guérisseuse les soigne, et provoqué du même coup la colère de Brun !