by Jean M. Auel
— Et pour en trouver un, il faudrait que tu puisses traverser cette rivière. Ce qui est impossible !
— Exact, Petit Frère !
— Aide-moi à me relever, dit Thonolan. Je veux voir ce que j’ai. Jondalar faillit refuser, mais finalement accepta et le regretta aussitôt. Au moment où Thonolan voulut s’asseoir, il cria de douleur et retomba, inconscient, sur la fourrure.
— Thonolan ! hurla Jondalar.
La blessure de son frère qui, l’instant d’avant, saignait un peu moins, s’était rouverte. Il alla chercher la tunique propre et, après l’avoir pliée en quatre, la posa sur la plaie. Puis il sortit de la tente et s’occupa du feu qui était en train de mourir. Il l’alimenta, remit de l’eau à chauffer et coupa du bois pour en avoir d’avance.
Quand il revint voir son frère, il s’aperçut que la tunique qui lui servait de pansement était à nouveau pleine de sang. Cette fois-ci, il ne s’affola pas. Il écarta le pansement, examina la blessure et se rendit compte aussitôt qu’elle avait cessé de saigner. Il alla chercher dans son sac un vêtement dont il se servait quand il faisait très froid, l’étendit sur la blessure et rabattît la couverture en fourrure sur son frère. Puis, prenant la tunique ensanglantée, il se dirigea vers la rivière pour la laver. Il en profita pour se nettoyer les mains et, repensant à cette tunique qu’il était allé porter en haut de la colline dans l’espoir qu’elle attirerait les carnassiers, il se sentit un peu ridicule. Comment avait-il pu céder aussi facilement à la panique ?
Jondalar ne savait pas que, dans certaines situations extrêmes, quand tous les moyens rationnels ont échoué, la panique peut se révéler bonne conseillère. Parfois, un acte irrationnel ouvre une solution à laquelle on n’aurait jamais pensé et qui peut vous sauver la vie.
Ayant recouvré son sang-froid, Jondalar revint près du feu, alla chercher l’aulne qu’il avait coupé avant que son frère soit blessé, s’assit près de la tente et commença à l’écorcer rageusement. Même si ça ne rimait plus à rien de fabriquer cette sagaie, au moins ce travail l’occupait et il se sentait moins inutile.
La journée suivante fut un véritable cauchemar pour Jondalar. Il avait passé une très mauvaise nuit. Il s’était levé pour aller voir son frère chaque fois que celui-ci, à moitié inconscient, gémissait, et lui avait fait boire de l’infusion de saule, la seule chose qu’il puisse lui offrir. Dans la matinée, il lui avait préparé un bouillon, mais le blessé y avait à peine touché. Il grelottait de fièvre, sa blessure était brûlante, son côté gauche tout contusionné et il supportait à peine le contact de la fourrure sur son corps douloureux.
En fin de journée, alors que le soleil venait de disparaître à l’horizon, il ouvrit à nouveau les yeux. Jondalar se trouvait à côté de lui car, un moment plus tôt, il l’avait entendu gémir dans son sommeil. Il commençait à faire sombre à l’intérieur de la tente, mais pas assez pour qu’il ne remarque pas à quel point le regard de Thonolan était vitreux.
— Comment te sens-tu ? demanda-t-il avec un sourire qu’il espérait encourageant.
Thonolan souffrait trop pour lui rendre son sourire et l’inquiétude qu’il lisait dans le regard de son frère n’était pas faite pour le rassurer.
— Je ne me sens pas en état de chasser le rhinocéros, répondit-il. Les deux frères restèrent silencieux un long moment. Thonolan avait refermé les yeux en soupirant. Il n’en pouvait plus de lutter contre la douleur. Sa poitrine le faisait souffrir chaque fois qu’il respirait et la douleur qu’il ressentait au niveau de l’aine irradiait maintenant dans tout son corps. S’il avait eu la moindre chance de s’en sortir, il aurait supporté plus facilement son état mais il voyait bien à quel point la situation était désespérée : plus Jondalar restait de ce côté-ci du fleuve et plus il avait de chance d’y être surpris par une tempête de neige. Thonolan se savait perdu mais ce n’était pas une raison pour que son frère meure, lui aussi.
— Jondalar, dit-il en ouvrant les yeux, nous savons tous les deux que sans aide, je ne m’en sortirai pas. Ce n’est pas une raison pour que tu...
— Tu es jeune et fort, l’interrompit Jondalar. Il n’y a aucune raison que tu ne t’en remettes pas.
— La saison est trop avancée. Si jamais il y a une tempête de neige, nous sommes perdus. Il faut que tu partes, Jondalar !
— Tu délires !
— Non, je...
— Si tu n’avais pas de fièvre, tu ne dirais pas des choses pareilles. Essaie de retrouver des forces et laisse-moi m’occuper du reste. Nous ne resterons pas longtemps ici. J’ai trouvé une solution.
— Quelle solution ?
— Il faut encore que je réfléchisse à certains détails. Dès que mon plan sera au point, je te l’expliquerai. Veux-tu manger quelque chose ? Thonolan ne voulait rien manger, il voulait en finir le plus vite possible pour que son frère puisse repartir.
— Je n’ai pas faim, dit-il. (Voyant qu’il faisait de la peine à Jondalar, il ajouta aussitôt :) Je boirais bien un peu d’eau.
Après lui avoir fait boire l’eau qui restait au fond de la gourde, Jondalar annonça :
— Il n’y en a plus. Je vais aller la remplir.
Ce n’était qu’une excuse pour quitter la tente et échapper au regard de son frère. Il lui avait menti : il n’avait trouvé aucune solution. Mais il n’avait pas renoncé pour autant à sauver Thonolan. Il faut absolument que je trouve un moyen de traverser cette rivière pour aller chercher de l’aide, se dit-il.
Longeant la berge, il aperçut soudain une branche coincée dans l’anfractuosité d’un rocher, juste au niveau de l’eau. Il resta un long moment à la regarder, éprouvant de la peine pour elle. Elle aussi, elle était prisonnière. Sans réfléchir, il s’approcha du rocher et libéra la branche. Puis il la regarda filer dans le courant en se demandant jusqu’où elle irait avant d’être arrêtée par un nouvel obstacle.
Finalement, il s’approcha du torrent qui se jetait dans la Sœur et lui apportait son minuscule tribut d’eau. Il avait rempli sa gourde et s’apprêtait à rebrousser chemin quand soudain, sans raison précise, il leva la tête et regarda en amont de la rivière. Il s’immobilisa alors, bouche bée.
Un monstrueux oiseau aquatique glissait sur l’eau, se dirigeant droit vers la rive où il se trouvait. Son long cou incurvé se terminait par une tête fière et crêtée et il possédait deux grands yeux aveugles. Quand l’oiseau se rapprocha, Jondalar aperçut les petites créatures qui se trouvaient sur son dos. L’une d’elles agita la main et cria :
— Holà !
Jamais encore Jondalar n’avait été aussi heureux d’entendre une voix humaine.
7
Ayla essuya du dos de la main son front couvert de sueur. Puis elle sourit au petit cheval qui venait de pousser son coude pour essayer d’insinuer son museau dans le creux de sa main. La jeune pouliche ne supportait pas d’être loin d’elle et la suivait partout. Et Ayla la laissait faire car elle était heureuse d’avoir de la compagnie.
— Quelle quantité de grains veux-tu que je ramasse pour toi ? demanda-t-elle en remuant les mains.
La jeune pouliche la regardait, attentive à chacun de ses gestes. Son attitude rappela à Ayla l’époque où, enfant, elle apprenait le langage par signes du Clan.
— Es-tu en train d’apprendre à parler ? Comme tu n’as pas de mains, tu ne pourras pas t’exprimer. Mais je suis sûre que tu essaies de me comprendre.
Chaque fois que, pour accompagner ses gestes, Ayla émettait un son, le jeune animal dressait les oreilles.
— Tu m’écoutes, n’est-ce pas, petite pouliche ? Je t’appelle petite pouliche ou petit cheval, mais ça ne va pas. Il faudrait que je te trouve un nom. Je me demande comment ta mère t’appelait ? Malheureusement, même si je connaissais le nom qu’elle te donnait, je ne serais pas capable de le dire...
La jeune pouliche n’avait pas quitté Ayla des yeux. Elle savait que la jeune femme était en train de s’adresser à elle et, quand les mains d’Ayla s’immobilisèrent, elle hennit comme si elle voula
it lui répondre.
— Es-tu en train de me répondre ? Whiiinneeey[5] !
Ayla avait essayé de reproduire approximativement le son émis par la pouliche. Celle-ci remua aussitôt la tête pour montrer qu’elle avait reconnu le son familier et hennit à nouveau.
— Est-ce que c’est ton nom ? demanda Ayla en souriant.
A nouveau, la pouliche remua la tête, puis elle fit un saut de côté et revint vers Ayla.
— Si c’est le cas, tous les petits chevaux doivent porter le même nom, remarqua Ayla en éclatant de rire.
Elle recommença à hennir et à nouveau la petite pouliche lui répondit. Cela lui rappela le jeu auquel elle jouait avec Durc qui, lui, était capable de répéter tous les sons que sa mère émettait. Creb avait expliqué à Ayla que lorsque Iza l’avait recueillie, elle s’exprimait à l’aide d’une gamme de sons nettement plus étendue que celle utilisée par le Clan. Et elle avait été heureuse de découvrir que son fils pouvait reproduire ces sons.
Ayla reprit sa cueillette, toujours suivie par la jeune pouliche. Elle ramassait du blé épeautre et une variété de seigle semblable à celle qui poussait près de la caverne du Clan. Tout en récoltant des grains, elle réfléchissait au nom qu’elle pourrait donner au petit cheval. Je n’ai encore jamais donné de nom à qui que ce soit, pensa-t-elle. Que diraient les membres du Clan s’ils savaient ça ? Et s’ils apprenaient que je vis avec cette jeune pouliche ? Elle jeta un coup d’œil à l’animal qui était en train de gambader non loin de là. Je suis tellement heureuse qu’elle vive maintenant avec moi ! se dit-elle, la gorge serrée par l’émotion. Je me sentais si seule avant. Je ne sais pas ce que je ferais si elle venait à me quitter.
Quand Ayla s’immobilisa et leva la tête, le soleil était en train de décliner. Le ciel était vide, immense, sans aucun nuage et d’un bleu qui semblait immuable. A l’ouest pourtant, il commençait à rougir. Pour évaluer le temps qui la séparait de la tombée de la nuit, Ayla observa la distance que le soleil devait encore parcourir avant de disparaître derrière le sommet de la falaise. Elle décida qu’il était temps de rentrer.
La jeune pouliche avait remarqué qu’elle s’était arrêtée et elle s’approcha aussitôt en hennissant joyeusement.
— Allons boire, proposa Ayla en posant sa main sur l’encolure du cheval et en l’entraînant vers la rivière.
Tel un kaléidoscope qui aurait reflété les couleurs changeantes des différentes saisons, la végétation qui poussait au bord de la rivière avait enrichi sa palette de toutes les teintes automnales : au vert sombre des pins et des sapins s’ajoutaient maintenant des ors lumineux, des bruns, quelques touches de jaune pâle et de rouge feu. Sans ce brillant échantillonnage de couleurs qui tranchait sur le beige monotone des steppes, on se serait cru au cœur de l’été, car il faisait encore très chaud dans la vallée protégée du vent par les falaises. Mais ce n’était qu’une illusion : l’hiver n’était pas loin.
— Il faudra aussi que je ramasse de l’herbe, rappela Ayla à sa jeune compagne. La dernière fois que j’ai changé ta litière, tu en as mangé une partie.
Lorsque la jeune pouliche se rendit compte de la direction que prenait Ayla, elle se mit à trotter un peu en avant.
— Whinney ! Whinney ! appela Ayla en reproduisant presque parfaitement le hennissement du jeune animal.
Tournant la tête, la pouliche regarda du côté d’Ayla et revint vers elle.
Ayla lui frotta la tête et lui gratta les flancs. La jeune pouliche était en train de perdre son pelage hirsute de bébé et ses longs poils d’hiver poussaient. Cela la démangeait et elle appréciait qu’Ayla lui gratte les flancs.
— J’ai l’impression que ce nom te plaît, dit-elle, et qu’il te va parfaitement. Nous allons faire une cérémonie pour t’attribuer un nom. Je ne pourrai pas te porter dans mes bras et Creb ne sera pas là pour tracer à l’ocre rouge le signe de ton totem. J’ai l’impression que c’est moi qui vais faire office de mog-ur.
Un mog-ur femme... On aura tout vu ! songea-t-elle en souriant.
En arrivant en vue du piège, elle fit un large détour pour l’éviter. Bien qu’elle l’eût rempli de terre, la jeune pouliche reniflait et grattait le sol avec ses sabots, chaque fois qu’elle s’en approchait, comme si elle sentait une odeur qui l’inquiétait ou qui lui rappelait quelque chose. Chassée par le feu et le bruit qu’avait faits Ayla, la petite troupe de chevaux n’était jamais revenue.
Ayla emmena donc la pouliche boire un peu plus près de la caverne. Les berges de la rivière étaient boueuses, et, s’approchant de l’eau, Ayla fit gicler de la boue. Quand elle vit la longue traînée qui maculait une de ses jambes, cela lui rappela la marque à l’ocre rouge que Creb avait tracée sur le front de son fils le jour où il lui avait attribué un nom. Il était inutile qu’elle cherche de l’ocre rouge : cette boue ferait parfaitement l’affaire.
Fermant les yeux, elle essaya de se remémorer ce que Creb avait fait lors de la cérémonie. Elle revoyait, comme si c’était hier, son vieux visage ravagé, le morceau de chair qui recouvrait l’emplacement où aurait dû se trouver son œil, son large nez et son front bas aux arcades proéminentes. Même si, à cette époque, sa barbe commençait à se clairsemer, même si ses tempes s’étaient dégarnies, même s’il n’était plus tout jeune, il n’avait rien perdu de son immense pouvoir.
En repensant à ce visage taillé à la serpe qu’elle avait tant aimé, les émotions qu’elle avait éprouvées ce jour-là l’envahirent à nouveau. La peur qu’elle avait eu de perdre son fils et la joie à la vue du bol qui contenait la pâte d’ocre rouge. La gorge nouée, elle essuya les larmes qui lui montaient aux yeux. Et quand la jeune pouliche s’approcha d’elle, sentant son besoin d’affection, elle se laissa tomber à genoux et, entourant l’animal de ses bras, posa son front contre son encolure.
Cette cérémonie a pour but de te donner un nom, dit-elle en s’adressant par la pensée à la pouliche. Elle se servit de sa main gauche pour ramasser une pleine poignée de boue et leva son bras droit vers le ciel comme Creb levait son bras atrophié chaque fois qu’il voulait invoquer les esprits. Ayla allait les invoquer à son tour quand soudain elle s’arrêta : les esprits du Clan verraient peut-être d’un mauvais œil qu’on fasse appel à eux pour attribuer un nom à un animal. Après avoir plongé ses doigts dans la boue, elle traça une ligne qui partait du crâne de la pouliche et s’arrêtait à la hauteur de ses naseaux, imitant le geste qu’avait fait Creb sur le front de son fils.
— Whinney, prononça-t-elle distinctement. (Puis elle ajouta, à l’aide de gestes cette fois :) Cette jeune pouliche s’appelle Whinney.
Le jeune animal remua la tête pour se débarrasser de la boue mouillée.
— Ne t’inquiète pas, Whinney, lui dit Ayla en riant. Cela ne va pas tarder à sécher.
Après avoir lavé ses mains dans la rivière, elle remit son panier sur ses épaules et se dirigea vers la caverne. Elle marchait lentement et sans regarder autour d’elle, perdue dans ses pensées. La cérémonie qui venait d’avoir lieu lui rappelait douloureusement la vie du Clan. Comme elle se sentait seule ! Bien sûr Whinney marchait maintenant à ses côtés, mais ce n’était qu’un animal : la jeune pouliche ne pouvait pas savoir qu’elle était en train de pleurer.
Quand elles arrivèrent sur la plage rocheuse, Ayla dut cajoler la pouliche et la guider pour que celle-ci accepte de la suivre sur l’étroit sentier qui menait à la caverne.
— Allez Whinney, un petit effort. Je sais bien que tu n’es pas une antilope saïga, mais tu es malgré tout capable de grimper là-haut. Quand elles eurent atteint la corniche, elles pénétrèrent à l’intérieur de la caverne. Ayla commença par s’occuper du feu qui était en train de mourir, puis elle mit des grains d’épeautre à cuire. La jeune pouliche mangeait aussi de l’herbe, mais Ayla continuait à lui préparer de la bouillie car elle savait qu’elle aimait ça.
Pendant que l’épeautre cuisait, elle prit les deux lapins qu’elle avait tués un peu plus tôt dans la journée et s’insta
lla dehors pour les dépiauter. Quand elle eut fini de les préparer, elle mit les lapins à cuire et les peaux de côté pour s’en occuper plus tard. Elle avait maintenant toutes sortes de peaux en réserve : peaux de lapin, de lièvre, de hamster et d’autres animaux qu’elle avait eu l’occasion de tuer. Elle ne savait pas encore très bien ce qu’elle en ferait et comptait les travailler durant l’hiver. Comme les jours raccourcissaient et que les nuits devenaient de plus en plus froides, elle ne cessait de songer à l’hiver. Et ce soir-là, bien qu’elle sût parfaitement ce que contenait la caverne, elle éprouva le besoin de vérifier ses réserves.
Elle commença par examiner les paniers et les récipients en écorce qu’elle avait remplis de viande séchée, de fruits et de légumes secs, de grains de céréales, de noix et de graines. Puis elle jeta un coup d’œil aux tubercules et aux fruits qu’elle avait entreposés au fond de la caverne, dans l’endroit le plus sombre, et s’assura qu’ils ne portaient aucune trace de moisissure.
Contre le mur du fond, elle avait empilé du bois, du crottin de cheval sec qu’elle était allée ramasser dans la vallée et un énorme tas d’herbes sèches. Dans l’angle opposé, elle avait placé des paniers remplis de grains destinés à Whinney.
Ayla revint près du foyer pour retourner les deux lapins. Puis elle longea l’endroit où elle avait installé sa couche et alla voir les claies sur lesquelles étaient en train de sécher plantes, racines et écorces. Elle avait enfoncé les montants en bois dans le sol non loin du feu pour que les aromates puissent bénéficier durant le séchage de la chaleur dégagée par le foyer.
De l’autre côté des claies, elle avait entreposé des matériaux divers : morceaux de bois, petites branches, plantes et écorces, peaux, os, cailloux et même un sac de sable qu’elle avait prélevé sur la plage. Ces matériaux lui permettraient de s’occuper durant l’hiver. Elle savait que durant la saison froide il n’y aurait ni fête ni veillée autour du feu, ni conversation ni ragot ni discussion avec Iza ou Uba au sujet des mérites comparés des plantes médicinales, ni possibilité de tendre l’oreille pour écouter les hommes racontant leurs parties de chasse. Elle ne pourrait supporter de rester inactive et fabriquerait donc toutes sortes d’objets – et plus ils seraient difficiles à faire, mieux cela vaudrait.