La Vallée des chevaux

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La Vallée des chevaux Page 45

by Jean M. Auel


  — Tu as trouvé une compagne ! s’écria Ayla. Je savais que tu y arriverais ! Une lionne solitaire, ajouta-t-elle en regardant l’animal de plus près. Certainement une nomade. Tu vas être obligé de te battre pour avoir un territoire. Mais c’est déjà un bon début. Et un jour tu seras à la tête d’une magnifique bande de lions, Bébé !

  Le lion se détendit un peu et avança la tête pour qu’Ayla le caresse à nouveau. Elle lui gratta le front et, après une dernière tape affectueuse, revint vers Whinney. La jument était excessivement nerveuse : elle connaissait l’odeur de Bébé mais pas celle de cette lionne étrangère. Ayla monta sur la jument et, quand Bébé voulut s’approcher, elle fit le geste qui signifiait : « Arrête ! » Le lion s’immobilisa, puis il fit demi-tour. En deux bonds, il rejoignit la lionne et disparut avec elle.

  Bébé est parti maintenant, songea Ayla sur le chemin du retour. Il a rejoint les siens. Il viendra peut-être me faire une visite de temps en temps, mais jamais il ne reviendra vivre avec moi, comme l’a fait Whinney. (Elle se pencha en avant et caressa affectueusement l’encolure de la jument.) Je suis tellement heureuse que tu sois revenue, Whinney !

  Le fait d’avoir vu Bébé avec une lionne rappela à Ayla à quel point son propre futur était incertain. Bébé a trouvé une compagne. Whinney, elle aussi, a eu un compagnon. Mais moi, en trouverai-je jamais un ?

  17

  Jondalar sortit de dessous le surplomb en grès et, depuis la terrasse couverte de neige, contempla les doux contours blancs de neige des collines érodées, de l’autre côté du fleuve. Darvo lui fit signe en agitant le bras. Le jeune garçon l’attendait près d’une souche placée non loin de la paroi, presque au bout de la terrasse, là où Jondalar avait l’habitude de tailler ses silex. Il avait choisi cet emplacement à l’extérieur du surplomb rocheux et à l’écart du passage qui menait aux abris pour bénéficier d’un maximum de lumière et aussi afin que personne ne risque de se blesser sur les éclats. Jondalar allait se diriger vers le jeune garçon quand il entendit la voix de Thonolan.

  — Attends-moi, Jondalar !

  Dès que son frère l’eut rejoint, ils firent un petit tour dans la neige suffisamment tassée pour qu’on puisse y marcher sans difficulté.

  — J’ai promis à Darvo de lui enseigner quelques techniques de taille un peu particulières, expliqua Jondalar. Comment va Shamio ?

  — Elle va mieux. Elle avait pris froid, mais c’est fini. Nous étions inquiets pour elle. Elle toussait tellement que parfois Jetamio restait éveillée toute la nuit. Nous avons l’intention d’agrandir notre abri avant l’hiver prochain.

  Jondalar jeta un coup d’œil à Thonolan pour voir si les responsabilités de famille pesaient à son frère qui avait toujours été plutôt insouciant. Mais Thonolan paraissait parfaitement à l’aise et heureux de ce nouveau rôle et, voyant que son frère le regardait, il lui dit avec un sourire plein de fierté :

  — J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer, Grand Frère. As-tu remarqué que Jetamio avait pris du poids ? Je croyais que c’était simplement un signe de bonne santé. Mais je me suis trompé. Elle a de nouveau été bénie.

  — C’est formidable ! Surtout qu’elle désire tellement avoir un bébé.

  — Elle le sait depuis longtemps. Mais elle n’a rien voulu me dire de crainte que je me fasse du souci. Cette fois-ci, il semble qu’elle ait des chances de le garder. Le shamud a dit que rien n’était sûr encore mais que, si tout allait bien, elle devrait accoucher au printemps. Jetamio m’a dit qu’elle était sûre que c’était un enfant de mon esprit.

  — Il se peut qu’elle ait raison. Qui eût cru que mon Petit Frère, libre et sans entraves, se retrouve un jour avec une compagne qui attend un bébé !

  Le sourire de Thonolan devint radieux. Son bonheur crevait les yeux. Il a l’air tellement content, se dit Jondalar en souriant à son tour, qu’on croirait que c’est lui qui attend un bébé.

  — Là, à gauche ! dit Dolando à voix basse en montrant du doigt une saillie rocheuse qui se trouvait sur le flanc de la crête accidentée située au-dessus d’eux et dont la masse imposante bouchait toute la vue.

  Jondalar regarda dans la direction indiquée sans rien apercevoir de précis, tellement il était impressionné par la majesté du paysage. Ils étaient arrivés à la limite des arbres et la forêt qu’ils venaient de traverser se trouvait à leurs pieds. Au début de leur ascension, elle était surtout composée de chênes. Ceux-ci avaient cédé la place à des hêtres, puis à des conifères : pins de montagne, sapins et épicéas. Jondalar avait aperçu de loin les sommets imposants, résultat de l’énorme poussée subie par la croûte terrestre et à peine avaient-ils laissé les arbres derrière eux qu’il n’avait pu s’empêcher de sursauter tellement cette vue, qui lui était pourtant familière, continuait à l’impressionner.

  Les hauts sommets étaient si proches qu’on avait l’impression de pouvoir les toucher. On éprouvait alors une crainte respectueuse devant la force déployée par la nature pour donner naissance à ces hauts pics dénudés. Dépouillée de la forêt, la Grande Terre Mère exposait son squelette blanchi sur ces pentes arides. Au-dessus, le ciel était d’un bleu sublime – profond et uni –, une toile de fond parfaite pour les reflets aveuglants des rayons de soleil qui venaient se briser sur la glace recouvrant les crêtes et le fond des crevasses au-dessus des prairies de montagne balayées par le vent.

  — Je le vois ! cria Thonolan. Un peu plus sur la droite, Jondalar. Là, sur cet affleurement rocheux.

  Jondalar tourna légèrement la tête et aperçut à son tour un petit chamois plein de grâce qui se tenait en équilibre juste au-dessus du précipice. Son pelage d’hiver noir et épais dessinait des taches sur ses flancs alors que le reste de sa robe, gris-beige, se confondait avec la roche. Sur le sommet de la tête, deux petites cornes droites qui, à leur extrémité, s’incurvaient vers l’arrière.

  — Je le vois, dit Jondalar. Et j’ai l’impression que c’est un mâle.

  — Il se peut très bien que ce soit une femelle, corrigea Dolando. Elles aussi, elles portent des cornes.

  — Ils ressemblent aux bouquetins de nos régions, n’est-ce pas, Thonolan ? En un peu plus petit. Mais, vu d’ici, on croirait presque un bouquetin.

  — Comment les Zelandonii chassent-ils le bouquetin, Jondalar ? demanda une toute jeune femme, les yeux brillants de curiosité, d’excitation et d’amour.

  Elle n’avait que quelques années de plus que Darvo et s’était entichée de Jondalar. Elle était née chez les Shamudoï, mais avait été élevée par les Ramudoï car sa mère avait eu comme second compagnon un homme du fleuve. Puis elle était revenue chez les Shamudoï quand la relation entre sa mère et son second compagnon s’était terminée d’une manière orageuse. Contrairement aux jeunes Shamudoï, elle n’était pas habituée à la montagne. Récemment, en apprenant que Jondalar appréciait les femmes qui chassaient, elle s’était découvert une passion pour la chasse. A sa plus grande surprise, elle trouvait cela très excitant.

  — Je ne suis pas très au courant, Rakario, répondit Jondalar en lui souriant gentiment. (Il savait qu’il ne pouvait pas empêcher Rakario d’être amoureuse de lui, mais il ne faisait jamais rien qui puisse l’encourager.) Même s’il y a des bouquetins dans les montagnes qui se trouvent au sud de chez nous, et plus encore dans celles qui se trouvent à l’est, nous n’allons jamais chasser dans ces montagnes car elles sont trop éloignées de notre Caverne. De temps à autre, on profite d’une Réunion d’Été pour organiser une partie de chasse dans les montagnes. Il m’est arrivé d’y aller, mais c’était simplement pour le plaisir et je suivais les directives des chasseurs qui s’y connaissaient mieux que moi. Je suis comme toi, Rakario : moi aussi j’apprends. Si tu veux l’avis d’un spécialiste, adresse-toi plutôt à Dolando.

  Le chamois sauta d’un bond du roc où il se trouvait sur un autre rocher, plus haut encore, puis profita de sa position pour observer les alentours.

  — Comment arrivez-vous à chasser un animal capable de faire de tels b
onds ? demanda Rakario, stupéfaite par la grâce et l’agilité de l’animal. Comment le chamois fait-il pour conserver son équilibre ?

  — Quand nous aurons tué une de ces bêtes, tu observeras ses sabots, répondit Dolando. Seule la partie externe est dure. La partie interne est aussi souple que la paume de ta main. C’est pourquoi les chamois ne glissent pas et qu’ils ont le pied aussi sûr. La partie la plus souple de leur sabot s’agrippe au sol et la partie la plus dure leur permet de conserver leur assise. Quand on les chasse, le plus important c’est de se rappeler que le regard des chamois est toujours dirigé vers le bas. Ils regardent où ils vont et ils savent tout ce qui se passe au-dessous d’eux. Leurs yeux sont situés assez loin à l’arrière de la tête, si bien qu’ils voient aussi ce qui est autour d’eux. Par contre, ils n’ont pas les moyens de voir ce qui vient de plus haut et de derrière. Et il faut en profiter. Le mieux c’est de les encercler en montant le plus haut possible et de les aborder par-derrière. En faisant bien attention et en étant très patient, on peut ainsi s’approcher d’eux à les toucher.

  — Que va-t-il se passer s’ils partent avant que nous nous soyons approchés ? demanda Rakario.

  — Regarde là-haut, lui conseilla Dolando. Est-ce que tu vois cette touche de vert sur les pâturages ? Pour les chamois, ces pousses de printemps constituent un véritable régal après le fourrage d’hiver. Le chamois solitaire que tu as vu est en train de faire le guet. Les autres – mâles, femelles et petits – sont cachés plus bas parmi les rochers et les buissons. Si ce pâturage leur plait, je peux t’assurer qu’ils n’iront pas plus loin.

  — Pourquoi restons-nous là à parler ? demanda Darvo. Allons-y ! Cela l’ennuyait que Rakario ne quitte pas Jondalar d’un pas et il était impatient que la chasse commence. Ce n’était pas la première fois qu’il y participait car Jondalar l’emmenait toujours avec lui lorsqu’il se joignait aux Shamudoï. Mais jusque-là il n’avait fait que traquer le gibier et observer les autres chasseurs. Tandis qu’aujourd’hui il avait la permission de tuer un animal. S’il réussissait, ce serait sa première prise et tout le monde le féliciterait. Mais ce n’était nullement une obligation. S’il ne tuait rien aujourd’hui, il pourrait essayer à nouveau une autre fois. Chasser une proie aussi agile et qui vivait dans un environnement auquel elle était parfaitement adaptée était difficile même pour les chasseurs les plus chevronnés. Quiconque réussissait à s’approcher suffisamment de l’animal pouvait tenter de le tuer, mais il fallait faire très attention à ne pas l’effrayer, car, lorsque les chamois prenaient peur et s’enfuyaient, personne n’était capable de les suivre de rocher en rocher ou de bondir comme eux par-dessus les précipices.

  Dolando commença à gravir une formation rocheuse dont les strates parallèles étaient inclinées. Sur la face exposée aux intempéries, les couches les plus tendres des dépôts sédimentaires avaient été érodées et formaient des prises pour le pied qui facilitaient l’escalade. L’ascension qui allait leur permettre d’encercler les chamois et de les approcher par-derrière serait fatigante mais non périlleuse.

  Suivant leur chef, les chasseurs se mirent en marche. Jondalar était parmi les derniers. Presque tous avaient commencé l’ascension du rocher escarpé quand il entendit la voix de Serenio. Il se retourna, très surpris. Serenio n’aimait pas chasser et en général, elle restait toute la journée à proximité des abris. Il se demandait ce qui avait pu la pousser à venir les rejoindre et, quand il aperçut son visage, un frisson de crainte le parcourut.

  — Besoin... Thonolan... réussit à dire Serenio, encore tout essoufflée par sa longue course. Jetamio... Travail...

  — Thonolan ! Thonolan ! appela Jondalar en mettant ses mains en porte-voix.

  Une des silhouettes qui se trouvaient au-dessus de lui se retourna et il fit un grand geste pour que son frère comprenne qu’il fallait qu’il redescende.

  En l’attendant, ni Serenio ni lui n’osaient parler. Jondalar avait très envie de demander si Jetamio allait bien, mais quelque chose le retenait de le faire.

  — Quand les douleurs ont-elles commencé ? demanda-t-il finalement.

  — Elle a eu mal au dos la nuit dernière, répondit Serenio. Mais elle n’a rien dit à Thonolan. Il avait prévu de partir à la chasse et elle avait peur qu’il décide de rester près d’elle si elle lui en parlait. Elle a dit qu’elle n’était pas certaine que ce soit le début du travail. Mais, à mon avis, elle voulait lui faire la surprise et qu’il trouve le bébé à son retour. Elle ne voulait pas qu’il s’inquiète ou qu’il se sente nerveux alors qu’elle était en train d’accoucher.

  Cela ressemble bien à Jetamio, se dit Jondalar. Elle tient toujours à ménager Thonolan car elle sait qu’il est fou d’elle. Si Jetamio voulait faire la surprise à Thonolan, pourquoi Serenio est-elle montée à toute vitesse pour le prévenir ? se demanda-t-il soudain avec inquiétude.

  — Il y a eu un problème, n’est-ce pas ?

  Serenio baissa les yeux et prit une grande inspiration avant de répondre :

  — Le bébé s’est présenté par le siège. Jetamio était trop étroite pour qu’il puisse passer. Le shamud pense que c’est à cause de la paralysie qu’elle a eue quand elle était jeune. Il m’a dit d’aller chercher Thonolan. Et de te demander de l’accompagner... pour l’aider... dans cette épreuve.

  — Oh, non ! Grande Doni, non !

  — Non ! Ce n’est pas possible ! Pourquoi ? Pourquoi la Mère l’a-t-Elle bénie avec un enfant pour les emporter ensuite tous les deux ?

  Thonolan faisait les cent pas à l’intérieur de l’abri qu’il avait partagé avec Jetamio, en frappant rageusement sa paume ouverte de son poing. Jondalar était près de lui et il se sentait complètement impuissant. Mis à part le réconfort de sa présence, que pouvait-il lui proposer ? Personne d’ailleurs n’aurait pu faire plus. Un moment plus tôt, fou de douleur, Thonolan avait exigé en hurlant que tout le monde sorte de l’abri.

  — Pourquoi la Mère l’a-t-Elle emportée, Jondalar ? Pourquoi elle, justement ? Elle avait si peu profité de la vie et déjà tellement souffert ! Était-ce trop demander que de vouloir un enfant ? Un être de sa propre chair et de son propre sang ?

  — Je ne sais pas, Thonolan. Même un zelandoni ne pourrait pas répondre à cette question.

  — Pourquoi est-elle partie comme ça ? Dans de telles douleurs ? demanda Thonolan en s’arrêtant en face de son frère avec un regard suppliant. Elle m’a à peine reconnu quand je suis arrivé. Et j’ai lu dans ses yeux à quel point elle souffrait. Pourquoi fallait-il qu’elle meure ?

  — Personne ne sait pourquoi la Mère donne la vie et la reprend.

  — La Mère ! La Mère ! La Mère s’en moque ! Jetamio et moi nous L’honorions. Et cela ne L’a pas empêchée de reprendre Jetamio. Je La hais ! s’écria Thonolan en recommençant à faire les cent pas.

  — Jondalar... appela Roshario.

  Elle attendait à l’entrée de l’abri et n’osait pas entrer. Jondalar s’approcha d’elle.

  — Le shamud a pratiqué une incision pour essayer de récupérer l’enfant dès que Jetamio a été... (Roshario se tut un court instant, incapable de continuer.) Il espérait pouvoir sauver l’enfant, reprit-elle en ravalant ses larmes. Parfois, c’est possible. Mais là, il était trop tard. C’était un garçon. Je ne sais pas s’il faut le dire à Thonolan ou non...

  Comme elle souffre, elle aussi ! songea Jondalar. Roshario considérait Jetamio comme sa fille. C’est elle qui l’avait élevée, qui l’avait soignée lorsqu’elle avait été atteinte de paralysie et qui s’était occupée d’elle pendant sa longue guérison. Et bien entendu, elle était restée à ses côtés tout le temps qu’avaient duré l’accouchement et l’agonie finale.

  Brusquement, Thonolan les repoussa et, prenant au passage son vieux sac, il se dirigea au pas de course vers le sentier qui contournait la corniche.

  — Je crois que ce n’est pas le moment, répondit Jondalar en se lançant à la poursuite de son frère.

  Au moment où il arrivait à sa hauteur, il
lui demanda :

  — Où vas-tu ?

  — Je pars. Jamais je n’aurais dû m’arrêter. Je n’ai pas encore atteint le but de mon Voyage.

  — Tu ne peux pas partir maintenant, dit Jondalar en l’attrapant par le bras.

  Thonolan se dégagea d’un geste brusque.

  — Pourquoi pas ? Qu’est-ce qui me retient encore ici ? demanda-t-il en éclatant en sanglots.

  Jondalar l’arrêta à nouveau et, pivotant pour se retrouver en face de lui, il regarda ce visage si ravagé par la douleur qu’il en était méconnaissable. La peine de son frère était si profonde qu’il en était lui-même ébranlé jusqu’au fond de l’âme. Il y avait eu une époque où il enviait le bonheur de Thonolan et où il se demandait de quel genre d’imperfection il souffrait pour être incapable de connaître l’amour. Maintenant il en venait à se dire que cela valait peut-être mieux. A quoi bon aimer si on devait ensuite éprouver une telle angoisse et un chagrin aussi amer ?

  — Tu ne peux pas partir avant que Jetamio et son fils aient été enterrés, dit-il.

  — Son fils ? Comment sais-tu que c’était un garçon ?

  — Le shamud a essayé de sauver le bébé. Malheureusement, il était trop tard.

  — Je ne veux pas voir le fils qui l’a tuée !

  — Thonolan, voyons ! Jetamio a demandé à être bénie avec un enfant. Et elle était tellement heureuse d’être enceinte ! Qui aurait osé la priver de ce bonheur ? Aurais-tu préféré qu’elle vive dans la tristesse toute sa vie ? Sans enfant et désespérant de ne jamais en avoir ? Elle a eu à la fois l’amour, en s’unissant à toi, et le bonheur d’être bénie par la Mère. Cela n’a pas duré longtemps, mais elle m’a dit un jour que jamais elle n’aurait cru qu’on puisse être aussi heureuse, que sa plus grande joie c’était que tu l’aimes et qu’elle soit enceinte. Elle disait toujours que c’était ton enfant, l’enfant de ton esprit. Peut-être la Mère savait-Elle que Jetamio ne pourrait jamais mettre un enfant au monde, peut-être a-t-Elle décidé de lui accorder cette ultime joie.

 

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