Frontiere Interdite

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Frontiere Interdite Page 1

by Rifkin,Shepard




  SHEPARD RIFKIN

  Frontière interdite

  TRADUIT DE L'AMÉRICAIN PAR F. M. WATKINS

  GALLIMARD

  Titre original : KING FISHER'S ROAD

  © Fawcett Publications, Inc. 1963.

  © Éditions Gallimard 1973, pour la traduction française.

  I

  Il y avait un nouvel écriteau, une vieille planche sur laquelle on avait tracé, au fer à marquer les bœufs: route de king fisher, prenez l'autre. Les barbelés et la barrière étaient neufs eux aussi, mais la citerne au fond de la vallée était toujours la même, celle où Tom Carson avait fait boire ses bêtes l’année passée. Il y avait également des barbelés autour du bassin, et une cabane qu'il ne connaissait pas. Les trente têtes de bétail de Carson mugirent en sentant l'eau et se pressèrent contre la barrière ; Carson avait dû les mener au fouet depuis l'aube ; il les tenait difficilement en main car le bétail assoiffé devient aveugle et s'affole.

  Il se pencha et ouvrit la barrière sans quitter sa selle. Les bêtes se bousculèrent. La monture de Carson donna des coups de tête à droite et à gauche pour les forcer à se mettre en rang. La plupart du temps elle agissait de sa propre initiative. Carson l'avait baptisée Dix Ronds ; c'était une jument alezane de trois ans et le meilleur cheval à vaches que Carson avait eu en trente-trois ans d'existence au Texas, et depuis les quatre ans qu'il faisait marcher son propre ranch. Quand tout le bétail fut passé, Dix Ronds recula en pointant les oreilles. Elle était aussi altérée que le bétail mais elle ne bougea pas. Carson contempla les bêtes qui dévalaient la pente. Elles avaient couvert trente lieues en deux jours, à travers les déserts de sable et d'alcali et elles avaient perdu au moins cinquante livres chacune. Donc, si Carson ne trouvait pas bientôt un bon pâturage, il n'en tirerait pas grand-chose au marché de Convention City.

  Il tirailla affectueusement une des oreilles de Dix Ronds et quand la dernière vache fut passée, il descendit la pente à son tour. L'année précédente, il n'y avait là qu'une petite source bordée de saules. Les saules avaient disparu et le bassin avait été élargi. Il était entouré de barbelés, avec une porte fermée par un gros cadenas tout neuf. Autour de la cabane, le terrain était jonché de boîtes de conserve rouillées et de bouteilles de whisky. Il n'y avait pas de chevaux.

  Carson tira une pince de ses fontes et coupa le barbelé. Le bétail fonça par l'ouverture et se mit à boire.

  Un vieux bonhomme aux bretelles tombant sur son pantalon, surgit en chancelant de la cabane, un fusil à la main.

  — Foutez-moi le camp ! hurla-t-il d'une voix pâteuse.

  — Mes bêtes ont besoin de boire un coup, répondit aimablement Carson.

  — T'as coupé le fil de fer, bougre de fumier !

  — Je ne l'aurais pas fait si j'avais su que vous étiez là, dit Carson sans relever l'injure.

  Il avait l'intention de faire traîner la discussion le temps que le bétail ait bu son content. Le vieux rougit de colère. Il s'approcha et se retint à un des poteaux pour ne pas vaciller.

  — J'ai le droit de te tuer, petit salaud ! Tu coupes mon fil, tu entres comme chez toi dans une propriété privée. Moi je te le dis, King Fisher il s'en fout comme d'une guigne de tes bestiaux ! Calte !

  Les fontes de Carson contenaient toute sa fortune, quatre-vingt-trois dollars d'argent.

  — Je vous paierai l'eau, dit-il en se penchant pour soulever le sac.

  Le vieux releva le canon de son arme ; sa main tremblait un peu mais le fusil restait braqué sur le ventre ou la poitrine de Tom.

  — Pose tes mains sur le pommeau, petit, gronda le vieillard en s'approchant.

  — J'ai de l'argent dans mes fontes. Prenez dix dollars.

  — Je veux pas de la pisse de tes vaches dans mon eau ; et je veux pas de ton foutu fric non plus. King Fisher va m'arracher les yeux quand il verra ce fil coupé et ces traces !

  — Vingt dollars.

  — Tourne pas ton cheval, fiston.

  Le vieux approchait toujours, en s'accrochant à la barrière. Carson comprit qu'il essayait de passer derrière lui.

  — Vingt-cinq.

  — King Fisher, c'est mon neveu, et il va me tomber sur le poil comme le Missouri sur un banc de sable. Je suis rien qu'un pauvre vieux, je pourrais être ton grand-papa et tu voudrais que je me fasse descendre ? Il me bouffera tout cru, et sans sel, si je te tue pas. T'as coupé ses fils de fer, tu prends son eau, et maintenant tu voudrais me soudoyer, hein ? Ben, ça suffit comme ça ! Descends de ton cheval.

  — Je vous paierai le fil de fer que j'ai coupé, mais mes bêtes avaient besoin d'eau.

  — Assez causé !

  Les deux canons tressautèrent quand le vieux arma le fusil. En entendant le bruit sec et menaçant, Dix Ronds redressa les oreilles.

  — Si vous m'abattez, dit posément Carson, vous serez pendu.

  — Foutu crétin ! ricana le vieillard. Le shérif, c'est le beau-frère de King Fisher. Et tout lui appartient à King, tout le canton de Clark, les vaches, les barrières, les prisons, les magasins et le cimetière ! Allez, descends ! De mon côté.

  Le vieux se glissa le long de la barrière. Ses bretelles se prirent dans les barbelés. Il se retourna pour les décrocher et Carson sauta à terre en dégainant son colt. Il tira de la hanche. Le vieux s'écroula, un trou bleu au milieu du front, en pressant les deux détentes. La double volée de plomb faucha la jambe antérieure gauche de Dix Ronds. Elle poussa un hennissement de douleur et Carson lui logea une balle dans la tête. Puis il vomit, tremblant de tous ses membres. Quelques bœufs levèrent la tête et se retournèrent, le muffle ruisselant. Ils se remirent à boire.

  Les montagnes se dressaient à une dizaine de lieues. A ce qu'il avait entendu dire de King Fisher, Carson savait que c'était un homme qui croyait à l'action directe. La marque de Carson était enregistrée au bureau cantonal, et apposée sur les flancs de chacune de ses bêtes.

  — Bon Dieu, grommela-t-il. Autant passer une annonce d'une page dans le journal d'El Paso pour dire que j'ai fait le coup !

  Sa selle lui avait coûté quatre-vingts dollars. Il lui faudrait l'abandonner, ainsi que sa Winchester. Il avait quelques provisions, du bœuf séché, des haricots, un peu de café. S'il y avait eu un cheval à la cabane il l'aurait pris, en laissant la somme qu'il représentait ; d'après les principes qu'on lui avait inculqués, la légitime défense était une chose, mais le vol d'un cheval n'avait pas d'excuse. Il abattit son bœuf le plus gras, le dépeça et trancha plusieurs steaks.

  Il gagnerait le Mexique par les contreforts des montagnes ; une bonne centaine de lieues à parcourir et il ne tenait pas à attirer l'attention en chassant le gibier. Il lui faudrait éviter de se montrer, même au mineur ou au petit rancher isolés. Et il n'oserait pas acheter un cheval avant d'avoir presque atteint la frontière.

  Quant au petit ranch qu'il avait acheté après avoir économisé sou à sou pendant sept ans, il pouvait lui dire adieu. Il jeta une de ses fontes sur son épaule et contempla une dernière fois Dix Ronds. La nuit passée, alors qu'il cherchait le sommeil, elle était venue le renifler et le pousser légèrement du museau, pour s'assurer que tout allait bien, et puis elle était retournée paître.

  — Allons, adieu, vieux sac à puces, murmura-t-il et, à sa grande surprise, il s'aperçut qu'il pleurait.

  Il ôta ses bottes à hauts talons, qui n'étaient pas faites pour la marche, et partit en chaussettes vers les montagnes. Il les atteignit à la tombée de la nuit, les pieds en sang, et continua de marcher jusqu'à ce qu'il ne puisse plus faire un pas. Au lever du jour, il se releva et remonta le lit desséché d'un torrent, en sautant de pierre en pierre. A neuf heures, il fit une halte, mangea un peu de bœuf séché et but de l'eau de son bidon. Il n'osait pas faire de feu tant qu'il n'aurait pas trouvé de b
ouse de bison ou un autre combustible qui ne dégage pas de fumée.

  Tout en bas, au bout de la plaine, à peu près à l'endroit où devait se trouver le point d'eau, il aperçut soudain un nuage de poussière. Il vissa précipitamment le bouchon de son bidon et prit ses jambes à son cou.

  II

  Carson passa la nuit dans un petit fossé au sommet d'une colline. Il faisait froid et il n'avait pas de couverture. La colline était couverte de gravier et de cailloux. Un Apache pourrait peut-être s'approcher sans être entendu mais toute autre personne déclencherait une petite avalanche. Un étroit ruisseau bordé de roseaux coulait au pied de la colline.

  Carson s'éveilla au lever du soleil, grignota un peu de bœuf séché et leva son bidon pour boire. Il ne contenait plus une seule goutte d'eau. Tom rampa vers un bouquet de mesquite et leva prudemment la tête. Au milieu du ruisseau, un Apache laissait boire son cheval qui avait de l'eau jusqu'au poitrail, tout en balançant les jambes le long de ses flancs. D'autres Indiens se lavaient et s'éclaboussaient. Un autre cavalier repéra un roseau cassé, à l'endroit où Carson s'était penché pour se désaltérer la veille. Il mit pied à terre, écarta les roseaux avec sa lance et se mit à suivre la piste laissée par Carson.

  Les autres Apaches étaient tous remontés à cheval et l'appelaient, mais il ne les écoutait pas. Soudain, Carson le vit s'arrêter net. Un grand crotale femelle se dressait devant lui, entourée de ses bébés serpents. L'Apache recula précipitamment et tomba à la renverse dans le ruisseau. Ses camarades se moquèrent de lui ; il sauta sur son cheval, les rejoignit et ils s'éloignèrent le long du ruisseau.

  Au bout d'un quart d'heure, Carson descendit en contournant prudemment le nid des serpents à sonnettes. Il remplit son bidon et se dirigea vers le sud en criant : « Merci, maman » au grand crotale. Dès qu'il le put, il passa sur l'autre berge, escalada une colline et vers midi, il aperçut au flanc d'une côte boisée une espèce de grotte. C'était une entrée de mine, flanquée d'un petit corral où paissaient un mulet et un cheval, et au-delà, se dressait une petite cabane. La porte était ouverte. En l'atteignant, Carson vit de dos un mineur crasseux en chemise de laine à carreaux qui faisait frire du bacon.

  — Ne vous retournez pas, et ne lâchez pas la poêle, sinon je serai forcé de vous tuer, dit Carson. Posez la poêle sur le fourneau, débouclez votre ceinturon et laissez-le tomber... Bien, maintenant faites-le glisser vers moi.

  L'homme obéit. Carson ramassa le ceinturon, prit le revolver et le passa dans sa ceinture.

  — Votre fusil ?

  — J'ai qu'une carabine, bougonna l'homme.

  — Bon. Où est-elle ?

  L'homme fit un geste, sans se retourner. La carabine était posée en travers des bois d'un cerf accrochés au-dessus de la porte. Carson la prit.

  — Qu'est-ce que vous voulez ? demanda le mineur.

  — Je vous achète votre cheval.

  — Et vous avez besoin de me coller un fusil dans les reins pour acheter un cheval?

  — Ça prouve que je parle sérieusement. Combien ?

  — Je veux pas le vendre.

  — Combien ? répéta Carson.

  — Dans ce cas, ça fera soixante-quinze dollars.

  — Pour un vieux bidet comme ça ? Quarante.

  — Ecoutez, moi je marchande pas. Vous voulez mon cheval, ça vous coûtera soixante-quinze dollars.

  — Combien pour une selle ?

  — J'en ai une, une mexicaine qui m'est revenue à quatre-vingts et quelque du temps que j'avais mon ranch.

  — Vous vous en êtes beaucoup servi ; et du cheval aussi. Je vous offre quatre-vingt-trois dollars pour les deux. Avec une couverture par-dessus le marché.

  — Pas question.

  — Quatre-vingt-trois, c'est tout ce que j'ai, dit Carson en armant le colt.

  — D'accord, acquiesça le mineur.

  Carson vida sa sacoche sur le plancher. Puis il y remit le café, le bœuf salé et les steaks.

  — J'ai vu des Apaches dans le coin, ce matin. Je laisserai votre carabine et le colt à une demi-lieue d'ici, vers le sud. Des fois qu'il vous viendrait des idées avant mon départ.

  — Merci, mais les Apaches c'est pas nouveau. Ils passent leur temps à sillonner la vallée pour voler des chevaux et les revendre au Mexique, et ils en volent là-bas pour les vendre ici. Je leur fous la paix, et ils me laissent tranquille. Vous avez des ennuis avec M. King Fisher ? demanda le mineur en fixant son mur délabré.

  — Qu'est-ce qui vous fait croire ça?

  — Vous vexez pas, mais c'est une question stupide. Vous foncez vers le Mexique comme un chat malade vers un fourneau." Autant vous éviter cette peine.

  — Comment est-il, ce King Fisher ?

  — Ma foi, c'est pas le mauvais cheval sauf quand il est soûl, et ça lui arrive souvent et ça dure longtemps. Et quand il est à jeun c'est une teigne, et ça lui arrive chaque fois qu'il est pas soûl. Quand il a pas picolé, il reste peinard et il attend qu'on passe par chez lui. Comme un foutu crotale, sauf que c'est pas un monsieur parce qu'il remue pas ses sonnettes. Aïe, aïe, aïe, v'là que cette saloperie me reprend, ça doit être mon tour de reins de cet hiver. L'a fallu que...

  — Bon, ça va, vous pouvez vous retourner.

  — Merci.

  Le mineur examina Carson, regarda ses pieds et sifflota.

  — J'ai eu des histoires avec M. King Fisher, dans le temps, dit-il. J'avais un petit ranch du côté du Rio San Miguel. Il commençait à péter le feu, ses vaches avaient toujours des jumeaux ou des triplés et les miennes et celles des voisins étaient toutes stériles, comme par hasard. Il avait pas encore installé ses barbelés, alors mes vaches, elles allaient traîner du côté des corrals de King Fisher, pleines d'envie pour les petits de ses vaches, et elles beuglaient parce qu'elles en avaient pas. J'ai discuté le coup avec deux ou trois autres petits ranchers comme moi ; on est tous allés faire un tour du côté de San Miguel et on a menacé de le pendre si ses vaches avaient encore des jumeaux. Et vous voyez le résultat de cette petite discussion? Je suis tout seul pour exploiter ma mine.

  — Qu'est-ce qui s'est passé?

  — Je vais vous donner un peu de teinture d'iode, fiston. Vous n'aurez qu'à l'emporter. Ma foi, il s'est passé que sur les quatre qu'on était, y reste plus que moi. Et il a mis la main sur toutes nos terres. J'avais un fils. Il est mort, lardé de flèches d'Apaches. C'est le neveu de King Fisher, Bearclaw Hanson, qui l'a trouvé. Je suis allé à l'endroit que Bearclaw avait dit. J'ai vu des tas de traces de chevaux, tous ferrés. J'ai aussi trouvé des mégots de cigarettes. Et des empreintes de bottes, mais pas de mocassins, nulle part. Je suis vivant parce que j'ai eu les foies... il m'a fait une offre et j'ai tout vendu. Les autres sont morts ; un à Dodge City dans sa chambre d'hôtel, un accident, vu qu'il regardait ce qu'il y avait dans le fond du canon de son colt et le coup est parti. King Fisher occupait la chambre voisine et il a témoigné à l'enquête. Et puis les deux autres... un s'est brisé la nuque en passant sous une branche basse une nuit qu'il rentrait à cheval ; il était passé devant un saloon où les hommes à Fisher buvaient un coup. On l'a trouvé sous un arbre, avec son cheval qui paissait tout près et on l’a amené au shérif. Bearclaw a décrété que c'était un accident. Sa fille habitait dans l'Est et King Fisher lui a fait une offre de misère mais comme personne d'autre n'osait acheter, elle lui a tout vendu. Alors, laissez-moi vous donner un conseil, fiston. Je sais pas ce que vous avez fait pour vous amener à détaler en chaussettes, vous avez peut-être craché par terre dans le saloon ou volé une pastèque, mais vous feriez bien de changer de nom tout de suite. Et vous arrêtez pas quand vous aurez passé la frontière pour chercher du boulot dans un de ces ranchos d'espingouins... continuez sur votre lancée jusqu'au sud de Durango.

  — Salut, dit Carson.

  Il jeta son sac sur son épaule.

  — Content de la visite, répliqua le mineur. C'est pas tous les jours que j'ai l'occasion de causer. Si vous restez un brin, je vous ferai des haricots au lard.

  — Faut que je fi
le. Merci quand même.

  — Planquez mon artillerie où vous voudrez. Mais pas au soleil. Ça me plairait pas du tout de me brûler les mains en la récupérant.

  Carson jeta la couverture sur le cheval, puis la lourde selle mexicaine qu'il sangla.

  — Ça me dérangerait pas de vous faire des galettes chaudes, comme votre grand-maman en a oublié la recette, insista le mineur.

  Carson secoua la tête et s'éloigna. Le petit cheval n'était pas en bonne forme et rechignait, et sans éperons, Carson avait du mal à le faire avancer. L'animal s'arrêtait pour manger de l'herbe chaque fois qu'il le pouvait et longtemps avant d'avoir trouvé un coin d'ombre pour y déposer les armes du mineur, Carson avait entamé les lèvres de sa monture à force de la travailler au mors.

  Il fallut deux heures au cheval pour apprendre que son cavalier était encore plus entêté que lui. Alors, il consentit à trotter, et Carson le poussa jusqu'à la nuit noire.

  III

  Quatre jours plus tard, après avoir parcouru une trentaine de lieues dans la province de Sonora, Carson se réveilla en sentant la pointe d'une botte lui labourer les reins. Il glissa vivement une main sous la selle qui lui servait d'oreiller mais son colt n'y était plus.

  Quatre hommes l'entouraient. Celui qui l'avait réveillé à coups de pied était grand et gros, et portait sur son gilet une étoile de shérif. Son ventre débordait de sa ceinture ; il sentait la sueur comme ses trois compagnons.

  — Croyez que c'est lui ? grogna le shérif.

  Un des hommes s'accroupit, rengaina son revolver et déboutonna sa chemise de flanelle grise pour en tirer un bout de papier. C'était un long télégramme et Carson put lire la signature : « Respectueusement vôtre, J. Rodman, greffier cantonal, Estancia, Texas. »

  — Voyons voir, dit l'homme. En réponse... à votre dépêche du 5 courant... Qu'est-ce que c'est, courant?

  — Donne-moi ça, imbécile ! gronda le shérif. L'homme lui tendit le télégramme, et il le lut rapidement, tout en jetant de temps en temps un coup d'oeil à Carson :

 

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