Bohemian Flats

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Bohemian Flats Page 27

by Mary Relindes Ellis


  Après avoir scruté le ciel, Magdalena estime que la lumière du jour va persister encore une heure. Le soleil est énorme au-dessus de l’horizon et son contour, semblable à l’irritation rouge sang provoquée par la corde sur le cou de Weir. Elle frissonne, car elle sait que, dans des circonstances différentes, ç’aurait pu être eux. À présent, ils savent, ils savent que le livre envoyé par Raymond en toute innocence – Le Nord du Wisconsin. Guide à l’usage de ceux qui cherchent à s’installer – est exagéré et regorge par endroits de purs mensonges. C’était très probablement le même livre qui avait attiré Joseph Weir dans cette partie de l’État. Depuis, ils ont appris qu’après avoir décimé les terres, les entreprises d’exploitation forestière se sont liguées dans le mensonge afin de pouvoir se débarrasser ce qu’elles considéraient comme des terrains sans valeur. La découverte les avait contrariés, mais pas au point de les décourager. Albert ressemble à Joseph Weir en ceci qu’il n’abandonne pas facilement la partie non plus. Lui, en revanche, n’hésite jamais à demander de l’aide. Tout comme cela l’était sur les Flats, il est indispensable ici d’aider ses voisins et de se faire aider par eux.

  Les Weir étaient restés alors que beaucoup d’autres étaient partis. Albert et elle le comprenaient, ils ne pouvaient blâmer ceux qui rendaient les armes et s’en allaient – et d’ailleurs, Joseph Weir aurait été avisé de le faire avant d’en arriver là. Ce n’était pas comme travailler dans une ferme bien établie ou s’installer sur une terre facile à cultiver telle qu’on pouvait en obtenir dans le sud du Wisconsin ou, à ce qu’ils avaient entendu, dans l’Iowa. Les Weir avaient créé leur ferme dans une région où elle n’avait pas vraiment sa place – ce qu’Albert admettait aussi. Mais pour Albert et Magdalena, il était trop tard, non pas en raison de leurs investissements physiques et financiers, mais parce que la terre exerçait sur eux une telle emprise qu’ils savaient à peine comment la décrire.

  Parfois, lorsqu’elle est occupée à sarcler le jardin, Magdalena s’arrête pour tendre l’oreille, persuadée que quelqu’un lui parle. Durant le dégel de printemps, ils entendent tout depuis la maison, le grondement du fleuve quand l’eau enfle et manque déborder de son lit. Dans la chaleur du milieu de l’été, le fleuve murmure ; attirés par ce bruit, ils ôtent leurs vêtements et se baignent dans les endroits peu profonds du Chippewa, savourant la sensation de cette eau qui s’écoule et, de temps à autre, leur éclabousse les jambes. Les garçons sont trop jeunes pour se rappeler avoir nagé dans le Lech, à la ferme des Kaufmann, et ils ne sont pas allés nager dans le vaste Mississippi, aux courants trop rapides. Mais comme l’endroit du Chippewa où ils se trouvent est peu profond et paisible durant l’été, ils peuvent y patauger. Un jour, Albert a montré aux garçons et à Hilda comment nager dans un fleuve, comment étendre leur corps à la surface et flotter, sans jamais lutter contre le courant mais en utilisant leurs bras comme gouvernails pour aller vers la rive où ils peuvent s’agripper à une branche. Quand vient septembre, le fleuve parle aussi, mais, cette fois, ce n’est pas à eux qu’il s’adresse : sa voix s’élève en direction du ciel jusqu’aux oies et aux canards qui viennent ensuite se poser sur ses eaux.

  Ils adorent les mélèzes laricins, dont les aiguilles deviennent jaune moutarde en automne, puis tombent comme celles des autres pins. Les bouleaux et les trembles leur rappellent les cinq années qu’ils ont passées sur les Flats. Leurs feuilles tournoient tels des confettis découpés dans de la crinoline et, au passage du vent, elles s’expriment en un chœur de murmures. Celles des bouleaux deviennent jaune citron à l’automne et ne tombent que quand la première violente tempête d’hiver les arrache à leurs branches. Chaque printemps, lorsque passent de grands vols de bernaches du Canada qui repartent à l’automne pour migrer vers le sud, Albert, Magdalena et les enfants sortent les regarder, dans un silence empli de respect. Des canards traversent le ciel également ; les colverts semblent bavarder telles des commères. Magdalena est particulièrement fascinée par les sarcelles à ailes bleues, qui volent à une vitesse largement supérieure à celle des hirondelles ; le seul bruit que font les canards est un sifflement aigu et bref lorsqu’ils passent au-dessus de leur tête.

  Magdalena ne peut évoquer ni ressentir la même élégance poétique quand elle songe à sa région natale ou ne serait-ce qu’à la campagne qui l’entoure. Mais pourquoi ? La Bavière recèle de magnifiques forêts et des paysages à couper le souffle. Elle l’a d’ailleurs fait remarquer à Raymond l’été dernier, quand il est venu les voir pendant ses vacances afin d’oublier ses obligations de jeune professeur d’Histoire à l’université. Debout au sommet de la pente qui descend jusqu’au fleuve, Raymond avait entrepris de trouver une explication.

  — Là-bas, la terre est encore aux mains de l’aristocratie. L’idée qu’on puisse se l’approprier n’existe pas. Tu dois obtenir une permission pour tout. Même si tu veux juste te promener sur une belle parcelle de terre. Ici, en revanche, il n’est pas question de permission parce que la seule autorité, c’est celle-ci, avait-il ajouté sur le ton de la plaisanterie.

  Ce faisant, il avait posé le pied sur un petit tas de pierres glanées dans le champ.

  Voilà ce qui a tué les Weir, se dit-elle, tandis que son cheval reprend de la vitesse et que se profilent la maison et la grange. Ils n’ont pas obéi à l’autorité qu’il fallait.

  Hannah Weir avait perdu ses parents ; on a appris récemment que ses frères et sœurs étaient dispersés dans le Minnesota, le Wyoming et le Montana, et comme il s’avère que Joseph Weir n’avait pas de proches, les enfants sont censés habiter dans le dortoir du couvent jusqu’à ce qu’on puisse leur trouver un foyer – à moins que les frères et sœurs de Hannah Weir ne répondent aux annonces que l’on a placées dans les principaux journaux des trois États. Le père Boland ne peut enfreindre la règle fixée par la religion en matière de suicide : Hannah et son enfant seront inhumés au cimetière de la ville, mais Joseph sera enterré un jour plus tard au cimetière des indigents, situé à l’extérieur de celle-ci.

  Curieusement, Jacob Bleu assiste aux funérailles de Hannah Weir et de son bébé. Eberhard est le premier à apercevoir l’Indien : les yeux baissés, il attend devant le portail en fer forgé du cimetière. Il écoute également le père Boland dire en latin la prière accompagnant la mise au tombeau. Jacob s’attarde et attend que la foule se soit dispersée, puis il s’approche du prêtre et du croque-mort. Eberhard aimerait bien savoir pourquoi Jacob est venu, mais il est encore trop sous le choc de la tragédie qui a frappé leurs voisins pour s’en soucier davantage.

  Une semaine plus tard, Albert rachète les cent soixante acres des Weir, ce qui permet d’éponger la dette laissée par ces derniers. À cette occasion, Ilmarinen vient l’aider à faire une estimation du terrain. Après avoir laissé Seppo, son fils de cinq ans, jouer avec Hilda, ils se mettent en route, accompagnés d’Eberhard. Ils ne sont plus qu’à quelques minutes de la maison des Weir lorsqu’ils découvrent une tombe toute fraîche, couverte de pierres et de rameaux de cèdre, au cœur d’un massif de jeunes pins blancs.

  — Seigneur ! Ce ne peut pas être Jacob qui a fait ça ?

  — Si, répond Ilmarinen.

  Lorsqu’il avait appris que Jacob avait assisté aux funérailles, Ilmarinen était allé jusqu’au champ où les Blancs enterraient leurs suicidés et ceux qui étaient abandonnés de tous. Il avait marché parmi les piquets anonymes qui constellaient le petit champ, mais il n’avait trouvé aucune tombe fraîchement creusée, aucun nouveau piquet.

  — Pourquoi ? demande Albert en ôtant son chapeau. Ce bonhomme n’aimait pas spécialement les Indiens. Est-ce que Jacob le connaissait ? Ou est-ce qu’il travaillait pour lui ?

  — Pas que je sache. J’ignore pourquoi Jacob a fait ça. Parfois, personne ne sait ni ne comprend ce qu’il fait. Mais il devait avoir une bonne raison, répond Ilmarinen.

  — Je ne veux pas de lui ici. Jacob aurait dû me consulter.

  — Jacob a enterré M. Weir ici à l’époque où cette terre lui a
ppartenait encore. Il n’avait pas à te consulter, remarque Eberhard.

  — Eh bien, elle est à nous, maintenant, et je ne veux pas de lui ici.

  — Pourquoi ? Parce qu’il s’est suicidé ? rétorque Eberhard.

  Il y a quelques années, une des religieuses de l’école s’était amusée à effrayer les plus jeunes en leur dressant la liste des péchés qui leur vaudraient d’être inhumés au cimetière des indigents ; heureusement, le père Boland avait fini par lui interdire de tenir ce genre de propos. Mais, à l’époque, ces récits avaient inspiré à Eberhard de nombreux cauchemars. Lorsqu’ils longeaient ce champ pour aller en ville ou en revenir, il détournait les yeux. Maintenant qu’il est assez grand pour se déplacer tout seul dans Chippewa Crossing, il reste encore à l’écart de la route et préfère mener son cheval à travers les bois.

  Albert se met à triturer le bord de son chapeau et Eberhard se demande si son père est assez superstitieux pour croire que Joseph Weir va les hanter et que sa présence va leur porter malheur.

  — Oui, mais pas parce que je crois qu’il devrait être enterré dans le cimetière des pauvres, répond Albert, apaisant ainsi les craintes d’Eberhard. Je n’aime pas l’idée que ta sœur puisse tomber là-dessus. Ni n’importe quel autre enfant.

  Eberhard lève les yeux vers les jeunes pins qui se balancent au gré du vent. Le jour de ses dix-sept ans, ils seront majestueux et superbes.

  — Tu ne vas tout de même pas raser ce massif et retourner la terre, objecte-t-il. Regarde la taille de ces pierres ! Jacob n’a pas dû s’amuser en creusant la tombe. Cette parcelle n’est bonne que comme pâture. Et encore.

  — Donc tu penses qu’il devrait rester ?

  — Il est mort. Rien n’a jamais marché pour lui dans sa vie. Tu vas aussi lui retirer ça ?

  Ilmarinen s’éloigne légèrement du massif de pins blancs et examine la ligne des arbres.

  — Je vais couper un peu de ce tsuga, là-bas, et j’entasserai les bûches ici.

  — Je vais t’aider, dit Eberhard. Nous trois serons les seuls à savoir.

  — Avec Jacob, ajoute Albert en remettant son chapeau.

  Cette décision prise, ils montent en selle et poursuivent leur route pour finir d’évaluer le terrain. Eberhard est à la traîne, il lui semble avoir entendu une voix d’enfant. Il fait faire demi-tour à son cheval afin de regarder entre les arbres, mais tout est silencieux, hormis les rameaux qui frémissent au vent. Et soudain, il a comme une prémonition.

  — Hilda ! Si je t’attrape, je te giflerai plus fort que maman !

  Hilda a promis à sa mère que Seppo et elle resteraient jouer quelque part à portée de voix, mais les deux enfants ont suivi les trois hommes et écouté leur conversation. Au cours des jours suivants, ils guettent Ilmarinen et Eberhard tandis qu’ils coupent le tsuga et entassent le bois en une pile octogonale de deux épaisseurs : les grosses bûches en bas et les plus petites sur le dessus, si bien que la pile ressemble à une ruche. Le dernier jour, les enfants attendent qu’Ilmarinen et Eberhard aient rangé leurs outils et regagné la maison des Kaufmann, puis ils escaladent ce petit édifice.

  — Il y a un trou tout en haut, déclare Hilda.

  Elle plonge immédiatement le bras à l’intérieur.

  — Arrête, dit Seppo.

  — Pourquoi ?

  — Pour que M. Weir puisse respirer.

  — Il est mort, imbécile, répond Hilda en retirant son bras.

  — Pas respirer comme tu crois, explique Seppo. C’est pour son âme.

  Alors qu’il descend du tas de bois, Seppo comprend ce que son père a fait : il a rassuré le père de Hilda sans pour autant s’opposer au raisonnement de Jacob, quel qu’il soit.

  — Sœur Theresa-Maria dit que son âme est en enfer rétorque Hilda. Ça veut dire que son âme a brûlé. Donc il n’en a pas.

  — Elle se trompe, répond-il. Son âme, Jacob l’a récupérée.

  *

  * *

  Cet automne, Hilda commence à aller à l’école et, au grand soulagement de sa famille, elle se lie d’amitié avec quatre autres enfants, dont deux fillettes : Alice Charbonneau et Ruby, la fille de Jacob et Marie Bleu. Les deux autres sont Seppo, le fils d’Ilmarinen, et Peter Fishbach, fils d’Alexandra et Ivan Fishbach. Du jour au lendemain elle se transforme en une petite fille épanouie ; elle est moins renfermée avec sa mère et bien plus bavarde au sujet de ses activités quotidiennes à l’école. Elle est bonne élève dans toutes les matières. Pourtant, au bout d’un mois, sœur Mary-Agnes fait observer sur son livret que si Hilda fait preuve d’une assurance remarquable, elle est capricieuse et, à l’occasion, entêtée. « Toutefois, elle manifeste une tolérance surprenante envers autrui », ajoute la religieuse.

  C’est à peu près à la même époque qu’Hilda commence à témoigner d’un penchant de plus en plus prononcé pour la religion, d’un fanatisme qui ne trouve pourtant aucun écho au sein de sa famille. Sa dévotion à Dieu augmente considérablement à l’école et s’avère d’ailleurs éprouvante pour les plus pieuses des sœurs.

  — Ce n’est qu’une phase. Ça lui passera bientôt, dit le père Boland.

  D’après lui, les filles ont une tendance particulière à avoir une conception idéalisée de la religion. Magdalena et Albert quittent le presbytère en priant pour qu’il ait raison, tout en sachant qu’il a tort.

  Peu à peu, c’est Hilda qui prend le contrôle des prières à table. Elles deviennent de plus en plus longues, jusqu’à ce qu’elle les prolonge en incantations qui mettent leurs nerfs à rude épreuve. Durant la dernière semaine d’octobre, ses longues inflexions de gratitude envers le Seigneur finissent par triompher de la patience de Frank.

  — Je crois que Dieu a compris, Hilda. Nous lui sommes reconnaissants de notre nourriture. Maintenant, on peut manger ?

  Hilda fait alors la moue et décoche à son frère un regard noir.

  — Hilda, on aime bien que tu dises les prières, tente de la rassurer Eberhard, mais abrège un peu.

  Elle se lève de table et monte bruyamment dans sa chambre.

  — Qu’est-ce qu’elle a ? demande Frank.

  Magdalena se contente de lui répéter la remarque du père Boland :

  — Ce n’est qu’une phase. Ça lui passera bientôt.

  Un petit moment plus tard, comme ils en sont au café et au dessert, ils l’entendent qui descend l’escalier et vient se camper sur le seuil de la cuisine.

  — Je veux entrer au couvent, déclare-t-elle.

  Une fois que les enfants sont partis se coucher, Magdalena et Albert s’installent dans la cuisine, à la lueur de la lampe.

  — Il fait si sombre, murmure Magdalena.

  Elle regarde par la fenêtre au-dessus de l’évier. Ils n’avaient pas de lampadaires sur les Flats, mais il y avait toujours un voisin qui veillait jusqu’à une heure incongrue, toujours une lampe à huile qui brûlait quelque part. Ici, seule la pleine lune permet d’échapper à l’obscurité totale ; ces nuits-là, Magdalena peut alors regarder au-dehors et voir les champs, ainsi que la ligne des arbres au bord du fleuve.

  — Parfois, je me dis que le père Fitzgerald avait raison, avoue-t-elle. Cette enfant a dû être substituée à une autre. Je n’ai aucune idée de ce qui se passe dans sa tête. Elle voit les choses comme si elles étaient soit bonnes, soit mauvaises. Jamais entre les deux.

  Albert se frotte le visage. Plus jeunes, les garçons avaient abusé de sa patience, ce qui était somme toute bien naturel, mais quand ils se montraient provocateurs, ils avaient presque toujours une bonne raison. Deux ans plus tôt, Frank avait lourdement insisté pour qu’ils achètent une charrue Henderson réversible, équipée d’un siège et conçue pour les terrains rocheux à flanc de colline. Albert avait dit non ; Frank avait persisté à le harceler, convaincu que cette charrue leur faciliterait d’autant plus la tâche que ses socs pouvaient être ajustés de manière à creuser des sillons larges ou étroits. Elle retournait le sol latéralement au lieu de monter et descendre la colline et, grâce à son siège r�
�glable, on pouvait s’asseoir et guider les chevaux au lieu de marcher derrière eux. Albert avait fini par céder et, quand il était apparu que Frank avait eu raison, il lui avait présenté ses excuses.

  Magdalena pense aux certitudes qui étaient les siennes à l’âge de cinq ans. Sa mère s’était inquiétée du fait qu’elle avait parlé très tôt, mais sa peur résultait de son amour et de sa volonté de la protéger, ainsi que la famille. Magdalena n’arrive pas vraiment à mettre un nom sur le problème sa fille. Mais Albert a une théorie qui la surprend quelque peu.

  — Le pouvoir, Magdalena. C’est une question de pouvoir. Obtenir quoi que ce soit avec Hilda requiert toujours de négocier d’une manière ou d’une autre. Apparemment, les fessées ne servent à rien. J’ai parfois l’impression d’avoir mon père en face de moi. Elle a son arrogance, son obstination.

  — Je regrette que ta mère ne soit pas là. Elle saurait comment s’y prendre avec cette petite.

  Magdalena se rappelle aussi ce que Marjaana avait dit quand elle lui avait ramené sa fille après la mort tragique des Weir :

  — Je ne veux souhaiter de mal à aucun enfant. Mais il faudra que Hilda traverse quelque chose d’important dans sa vie, quelque chose qui la remette suffisamment à sa place pour qu’elle pense aux autres, et pas seulement à soi-même.

  Albert se penche et prend les mains de son épouse dans les siennes.

  — Je crois que nous devrions retourner voir le père Boland.

  — J’imagine que ce n’est pas qu’une phase, concède le prêtre. Je vais demander à sœur Augusta de redresser la situation.

 

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