Bohemian Flats

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Bohemian Flats Page 38

by Mary Relindes Ellis


  — Je venais de sortir de l’école pour retourner au presbytère quand j’ai vu les garçons et ensuite Hilda, dit-il.

  Stupéfait, il a regardé Hilda soulever le cartable et se mettre à courir avant de le jeter violemment sur le plus âgé des deux garçons.

  — Qui était cet enfant ? demande Ilmarinen.

  — Mason Krueger, répond le père Boland.

  Ilmarinen tressaille. Albert se passe une main sur le visage. Les Krueger, qui ont fait fortune dans l’industrie du bois, sont désormais la famille la plus importante de Chippewa Crossing. L’aîné des Krueger est un petit-cousin des Washburn, propriétaires des minoteries de Minneapolis, dont celle-là même où Albert et Raymond ont travaillé jadis. Magdalena et Albert sont surpris d’entendre que les Krueger ont un fils dans cette école : ils les croyaient protestants. Mais Mme Fishbach a confié à Magdalena que la vieille Mme Mason Krueger était catholique et que son époux s’était converti avant leur mariage.

  — Mason est une terreur, dit le prêtre, et il a déjà fait ça plusieurs fois. Il s’en prend souvent aux enfants indiens. Mais ce n’est pas tout.

  Et il leur décrit la façon dont Hilda a fait tomber le garçon sur le dos, avant de sortir la plus grosse pierre de son cartable et de se mettre ensuite debout sur Mason.

  — Si jamais tu le touches encore une fois, a-t-elle dit, je te défonce le crâne, espèce d’idiot.

  Elle a regardé Mason en tenant toujours la pierre au-dessus de lui. Une fois certaine qu’il avait parfaitement compris sa menace, elle a lâché le garçon, puis elle a fait signe à Seppo de la suivre. Ensemble, ils ont vidé son cartable et entassé les pierres sur la pile. Le prêtre était resté figé, fasciné par la rage glacée de Hilda.

  — Je ne ferme pas les yeux sur la violence, dit le père Boland, et en temps normal je serais intervenu. Mais parfois, les sœurs et moi-même ne pouvons infliger une punition appropriée ni rendre la justice comme les enfants savent le faire entre eux. Et dans la situation présente, je crois que c’était le cas.

  — Mais les Krueger ! proteste Magdalena. Ont-ils dit quelque chose ?

  Le prêtre lui fait un grand sourire.

  — Ils ne peuvent pas vraiment dire grand-chose, cette fois-ci. Je les ai prévenus que si leur fils maltraitait encore un enfant, je le ferais retirer de notre école. Ah, ils ont plusieurs fois écrit à l’évêque en disant que je n’étais pas apte à diriger cette paroisse. Mais une fillette, et plus jeune, par-dessus le marché, a battu leur fils. Croyez-vous qu’ils vont le raconter à l’évêque ?

  Les hommes rient encore lorsque Magdalena quitte le presbytère et parcourt la brève distance qui la sépare de l’école pour aller voir la mère supérieure.

  — J’ai assisté à toute la scène depuis la fenêtre, dit sœur Augusta. Je n’aurais pas cru que Hilda avait la force de soulever ce cartable. Elle a tellement maigri. Nous n’arrivons pas à la faire manger beaucoup, nous non plus.

  Elle verse du café dans deux tasses en porcelaine et en tend une à Magdalena.

  — Je sais que vous vous inquiétez pour elle. Vous tous avez subi une perte accablante. Tant d’habitants de cette ville ont souffert, entre la grippe et le conflit. Mais je crois que pour Hilda ça va aller, maintenant.

  — Je l’espère. Elle était très proche d’Eberhard.

  — Et elle l’est de vous, bien qu’elle n’en ait pas toujours donné l’impression. Oh oui, dit sœur Augusta. Je suis au courant de vos tracas. Je sais que vous vous inquiétez de son tempérament. Mais elle a vraiment du cœur et un vrai sens moral. Hilda est une fillette très intelligente, mais maladroite quand il s’agit d’exprimer ses sentiments. Pour ce qui est des émotions, elle sera toujours très entière.

  La religieuse pousse un soupir.

  — Comme vous le savez, j’ai lutté contre la volonté de votre fille à plusieurs occasions. Hilda n’est pas facile. Oui, elle nous a tous rendu un fier service, et peut-être aussi à Mason. Ce n’est pas charitable de ma part de dire cela, mais c’est la vérité. Contrairement à d’autres fillettes, son chagrin ne s’est pas manifesté par des larmes, mais sous forme de colère. Y avait-il une meilleure façon d’utiliser la colère que pour faire cesser les agissements d’un garçon qui brutalisait les autres ?

  *

  * *

  Raymond s’est embarqué sur un vapeur à Thunder Bay, plutôt que de faire à cheval le reste du trajet jusque dans le Minnesota et de traverser ensuite le Wisconsin : il n’a pas la force de voyager ainsi. Même maintenant, debout face au garde-corps, il est transpercé par le vent glacial en provenance du lac Supérieur, qui traverse les nombreuses couches de vêtements qu’il a enfilés sous un manteau tout aussi épais. Il va très bientôt gagner la cabine principale, mais pour l’instant, il savoure le froid, qui aiguise son esprit : il a besoin de réfléchir en détail à certaines choses avant de revoir Albert et Magdalena.

  Il tâte son passeport dans la poche de son manteau. Il a abandonné à Thunder Bay les papiers qu’il avait en temps de guerre, sa fausse identité. Il n’est plus Alan Edward Davies ni Friedrich Bergmann : il peut de nouveau être Raymond Kaufmann – le professeur Raymond Kaufmann, qui habite les Flats et enseigne l’Histoire à l’université du Minnesota. Hélas, le reste du conflit ne saurait s’oublier si facilement.

  Il repense à la conversation qu’il a eue avec Kell en rentrant à Londres.

  — Je ne peux pas révéler à ses parents qu’il a déserté, avait dit Raymond. Non seulement parce que cela ajouterait énormément à leur douleur, mais parce qu’il faudrait ensuite leur en dire plus. Et ça, je ne peux pas le faire – nous ne pouvons pas le faire. C’est un risque énorme en matière de sécurité. Pouvons-nous convaincre le commandement américain de passer sa désertion sous silence ? Ou, mieux encore, réécrire l’histoire pour pouvoir au moins lui accorder une démobilisation honorable ?

  — Je crois que oui, mais je ne puis rien promettre. Il faudrait que je passe par Thomson, et il rendrait la chose difficile, avait répondu Kell.

  — Ne pouvez-vous pas vous adresser directement à Lloyd George ?

  — Voilà qui risquerait tôt ou tard de causer des problèmes. Mais je peux en toucher un mot au ministre de la Guerre. Il saura faire comprendre aux Américains à quel point l’affaire est délicate. Vous avez raison, cette question pourrait ternir l’armistice. Mais vous, est-ce que vous allez bien ?

  Raymond avait lu l’inquiétude sur le visage de Kell juste avant de perdre connaissance. Il s’était réveillé quelques heures plus tard dans un hôpital de Londres.

  Lorsqu’il est arrivé à Thunder Bay, il a envoyé un télégramme à Ilmarinen Stone. Il n’a pas le courage d’affronter Albert et Magdalena dès son arrivée à la gare. Il a besoin de parcourir tout le trajet jusqu’à la ferme afin de se replonger dans leur élément, de s’imprégner du lieu avant de les revoir. Ce sera aussi l’occasion de remercier Ilmarinen d’avoir servi d’intermédiaire et d’avoir reçu ses lettres et ses télégrammes.

  Il tâte la poche intérieure de son manteau pour vérifier que le petit carnet s’y trouve bien. C’est le journal d’Eberhard. Celui-ci avait écrit sur la couverture que ce carnet ne devait être remis qu’à Frank. Raymond le lui donnera quand il retournera sur les Flats. Il n’est pas tenté de le lire : il ne peut supporter d’entendre la voix de son neveu à travers ses mots.

  Dans deux heures, il arrivera au port de Superior. De là, il trouvera un moyen de gagner Ashland, où il prendra un train pour le sud jusqu’à Chippewa Crossing.

  *

  * *

  Ils sont stupéfaits de voir Ilmarinen apparaître sur le seuil en compagnie de Raymond.

  Ils invitent Ilmarinen à rester dîner, mais celui-ci refuse : il veut retourner à Fox Lake. Magdalena le regarde s’éloigner à cheval. Elle sait qu’il a décliné son invitation parce qu’il ne voulait pas troubler les retrouvailles familiales.

  Tandis qu’il aide Raymond à ôter son manteau, Albert est choqué par son apparence squelettique. Sa peau a la couleur
et la texture du parchemin ; son crâne est d’ailleurs à présent dégarni. La première pensée de Magdalena est qu’il a eu le choléra, ou de nouveau la typhoïde.

  Ils laissent à Hilda le soin de lui poser des questions et se contentent d’écouter tandis que Raymond la console. Hilda, qui n’a toujours pas retrouvé l’appétit, monte se coucher avant le repas. Albert, Magdalena et Raymond dînent sans évoquer ni Raymond, ni la guerre, ni Eberhard. Ils préfèrent s’en tenir à des sujets anodins : les études de Frank, l’achat de plusieurs autres vaches, les projets pour l’été qui s’annonce.

  Une fois le dîner terminé, Raymond les aide à débarrasser la table. En prenant l’assiette de Raymond, Magdalena s’aperçoit qu’il n’a pas beaucoup mangé. Elle refuse de le laisser faire la vaisselle. Les deux hommes s’assoient donc autour de la table pour boire une bière.

  — Cette bière est aussi bonne que celle de papa, fait observer Raymond. Où l’as-tu achetée ?

  — C’est celle de papa, dans un sens. Je la fabrique de mémoire. Ce n’est pas encore tout à fait ça, mais je continue à l’améliorer.

  Ils ne trouvent pas grand-chose d’autre à dire qui resterait dans les limites de la conversation ordinaire. Le silence qui s’installe devient tellement insupportable que Raymond finit par le rompre :

  — Tu devrais bientôt récupérer le certificat de démobilisation d’Eberhard. Son commandant a proposé de le faire décorer à titre posthume. Cela devrait arriver bientôt. Il recevra aussi la Croix de guerre*. C’était un excellent soldat.

  Comme Raymond est encore fragile, ils hésitent à lui poser des questions qui les tracassent néanmoins depuis longtemps. Mais Albert doit savoir si Otto a survécu à la guerre et s’il a toujours pour obsession de les retrouver.

  — Sais-tu quelque chose sur Otto ? Sur la ferme ? demande-t-il

  C’est une question dangereuse, comme si prononcer le nom de leur frère aîné les vouait à la damnation.

  — Otto est mort.

  Impossible de se méprendre sur la nuance de rage dans la voix de Raymond ni sur les raisons d’une réponse aussi brutale.

  — Comment ?

  — Il escroquait l’armée allemande, alors même qu’il travaillait pour elle. Il a été fusillé.

  — Tu en es sûr ?

  — Oui, dit Raymond.

  Il affiche un visage de marbre, mais Albert n’est pas dupe. Raymond en sait davantage. Enfin, ce n’est pas grave. Si Raymond dit qu’Otto est mort, l’événement est une certitude. Otto ne peut plus les rattraper. Albert attendra. Il interrogera Raymond une fois qu’il sera remis de ses émotions. Il l’observe un instant : Raymond a les yeux rivés sur le fond de son verre. Brusquement, il relève la tête.

  — Honza m’a écrit pour me signaler que pendant la Morena il y aura une messe à la mémoire d’Eberhard, de Marek et des autres jeunes gens qui ont été tués. Je sais que vous n’êtes pas disposés à quitter la ferme ne serait-ce qu’une journée, mais cela signifierait beaucoup pour Frank, Honza et moi si vous pouviez venir tous les deux avec Hilda. Je paierai ce couple à qui vous louez la maison des Weir pour qu’ils s’occupent de la ferme pendant une semaine. Et je vous offrirai à tous le voyage en train.

  — Tu n’auras pas à te donner tant de mal. Bien sûr que nous irons. C’est ce qu’Eberhard aurait voulu qu’on fasse, répond Albert ; et puis, Frank a besoin de nous.

  Magdalena observe Albert. Voilà ce dont ils ont besoin : retourner sur les Flats, sortir de leur isolement et partager leur douleur avec de vieux amis.

  — J’ai envoyé un télégramme à Kyle et Aino. Ils seront là avec leurs enfants, dit Raymond.

  Ils bavardent maladroitement encore quelques minutes, puis montent se coucher. Albert s’endort d’un sommeil profond, mais Magdalena ne peut fermer l’œil. Les questions qu’elle n’a pu poser à Raymond se bousculent dans sa tête lorsque, soudain, elle entend qu’on ouvre la porte d’entrée. Elle se lève et, par la fenêtre, elle aperçoit Raymond qui s’éloigne de la maison, vêtu seulement d’un manteau, de son pyjama et de ses chaussettes ; il se dirige vers le fleuve. Magdalena descend l’escalier à toutes jambes, enfile son manteau et ses bottes. Elle le rattrape alors qu’il est déjà au milieu du champ. C’est une nuit de pleine lune dont la lumière pâle se reflète sur l’herbe couverte de givre.

  — Raymond ! lance-t-elle.

  Il se retourne et la regarde comme s’il ne la connaissait pas. Traumatisme de guerre, songe-t-elle, se rappelant ce qu’avait dit le père Boland en décrivant les symptômes des anciens combattants de retour chez eux. Elle ralentit afin de ne pas lui faire peur.

  — Raymond. Il fait froid ici. Tu n’as pas de bottes. Tu vas encore tomber malade. Raymond.

  Elle lui prend la main et la frotte entre les siennes.

  — Raymond. C’est moi. Magdalena.

  Alors seulement il cesse de regarder le ciel pour contempler son visage. À son expression, elle voit qu’il la reconnaît.

  — J’ai quelque chose pour toi, dit-il.

  Il fouille dans la poche de son manteau et en sort une petite boîte ; elle l’ouvre et soulève le chapelet brisé.

  — J’allais le porter à réparer. Mais ma mère m’a dit de ne pas le faire, elle m’a dit que tu le voudrais tel quel. Il l’avait sur lui quand on l’a abattu, ajoute-t-il en détournant les yeux.

  Elle examine le chapelet au creux de sa main. Il est cassé entre le premier et le deuxième Notre Père. Un bruit étrange se fait entendre et, l’espace d’un instant, elle croit que Raymond est en train de s’étrangler.

  — Respire, Raymond.

  Mais il n’est pas en train de s’étrangler : il sanglote, et si fort que sa respiration s’accélère. Elle l’attire vers elle et le serre dans ses bras le temps que la crise se calme.

  — Marchons, dit-elle.

  Elle tente de lui faire faire demi-tour pour reprendre le chemin de la maison. Comme il refuse, ils continuent de marcher. Il se repose sur elle de tout son poids, comme s’il ne sentait plus ses jambes, mais sa respiration redevient égale à mesure qu’ils traversent péniblement le reste du champ. Lorsqu’ils arrivent enfin près du fleuve, les sanglots de Raymond se sont apaisés.

  À présent, elle sait de quoi il s’agit : il n’a pas souffert du choléra ni de la typhoïde. Il n’a pas écopé de balles ni reçu aucune blessure physique. Il souffre de ce qu’il ne peut pas dire, de ce qu’il a vu. Toute question qu’elle pourrait lui poser ne serait que torture.

  — Tu te rappelles Verdun ? Tu n’y es pas allée avec tes parents ? demande-t-il.

  — Si.

  — Tu ne reconnaîtrais pas le lieu. Le paysage alentour. Il a été bombardé à mort, comme une bonne partie de la France. Maintenant, il y a des vallées là où il y avait des collines. Les arbres, enfin ceux qui restent, ressemblent à des squelettes brûlés.

  Il s’essuie le visage sur la manche de son manteau ; les larmes qu’il a versées ont un aspect curieusement solide, telles des gouttes de mercure.

  — Je ne croyais pas que je reverrais tant de beauté.

  Il fait un ample geste, puis désigne le ciel.

  — Ici, on a l’impression que la guerre n’est qu’un mauvais rêve, poursuit-il.

  — Tu peux rester chez nous aussi longtemps que tu voudras. Tu as tellement manqué à Albert, et à moi aussi.

  — Je lui ai manqué ? J’aurais cru qu’il voulait me tuer.

  — Raymond, non ! Ne dis jamais cela. C’est justement le contraire. Il a honte que tu aies peur de lui, honte d’avoir insinué une telle peur en toi. Et pour ce qui est arrivé à Eberhard, il ne te considère pas comme responsable.

  — Et toi ? Je t’avais promis de veiller sur lui.

  — C’était une requête atroce de ma part. Tu ne pouvais pas être auprès de lui tout le temps. Eberhard était adulte. Tu ne lui as pas failli. Tu n’as pas failli à Albert, ni à moi. Nous t’étions si reconnaissants de tes lettres. C’était un réconfort immense de savoir que ma mère, mon père et mes sœurs allaient bien. Et ta mère
également. Ilmarinen partait à cheval en ville toutes les semaines, qu’il pleuve ou qu’il vente, pour aller chercher le courrier. Il récupérait aussi celui des familles Chosa et Two Knives. Nous voulons que tu restes avec nous pour l’été. Laisse-nous prendre soin de toi.

  — J’apprécie ton offre, mais il faut que je reparte. Il faut que je recommence à enseigner, c’est la seule chose qui me maintient en vie, et puis les Flats me manquent. Ma maison me manque. Tu sais ce qu’ils tentent de faire ?

  — Oui. Frank nous a écrit que la municipalité est en train d’essayer de récupérer les Flats et de forcer les habitants à quitter leurs logis. Mais Frank a apporté l’acte de propriété à la mairie pour prouver que tu possèdes la maison et le terrain sur lequel elle est bâtie. Nous lui avons envoyé de l’argent – certes, pas grand-chose – afin qu’il obtienne une assistance juridique pour d’autres occupants.

  Raymond regarde la pleine lune.

  — Comme c’est étrange d’être ici. J’ai l’impression qu’on est sur scène. Dans un opéra. La lumière donne vraiment l’impression d’être au théâtre.

  — C’est ce qu’Eberhard avait coutume de dire, répond-elle en souriant. Il adorait les nuits de pleine lune, surtout en hiver. Frank et lui allaient patiner sur le lac au milieu de la nuit, avec Mika Two Knives et leurs autres amis. Il aimait beaucoup ce lieu, mais pas suffisamment pour y revenir.

  — Ah, Magdalena, il adorait être ici. Il était partagé entre deux endroits. Sais-tu quel était son lieu préféré sur les Flats ?

  Elle secoue la tête. Ce n’est pas qu’elle ne sait pas, mais plutôt qu’elle en imagine plusieurs.

 

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