Robur-le-Conquerant

Home > Fiction > Robur-le-Conquerant > Page 11
Robur-le-Conquerant Page 11

by Jules Verne


  - Et qui dit que nous ne sommes pas surveillés aussi pendant la nuit? répliqua Phil Evans.

  - Il faut pourtant en finir! s'écria Uncle Prudent, oui! en finir avec cet Albatros et son maître! »

  On le voit, sous l'excitation de la colère, les deux collègues - Uncle Prudent surtout - pouvaient être conduits à commettre les actes les plus téméraires et peut-être les plus contraires à leur propre sûreté.

  Le sentiment de leur impuissance, le dédain ironique avec lequel les traitait Robur, les réponses brutales qu'il leur faisait, tout contribuait à tendre une situation dont l'aggravation était chaque jour plus manifeste.

  Ce jour même, une nouvelle scène faillit amener une altercation des plus regrettables entre Robur et les deux collègues. Frycollin ne se doutait guère qu'il allait en être le provocateur.

  En se voyant au-dessus de cette mer sans limites, le poltron fut repris d'une belle épouvante. Comme un enfant, comme un Nègre qu'il était, il se laissa aller à geindre, à protester, à crier, à se démener en mille contorsions et grimaces.

  « Je veux m'en aller!... Je veux m'en aller! criait-il. Je ne suis pas un oiseau !... Je ne suis pas fait pour voler!... Je veux qu'on me remette à terre... tout de suite!... »

  Il va sans dire que Uncle Prudent ne cherchait aucunement à le calmer, - au contraire. Aussi ces hurlements finirent-ils par impatienter singulièrement Robur.

  Or, comme Tom Turner et ses compagnons allaient procéder aux manuvres de la pêche, l'ingénieur, pour se débarrasser de Frycollin, ordonna de l'enfermer dans son roufle. Mais le Nègre continua à se débattre, à frapper aux cloisons, à hurler de plus belle.

  Il était midi. En ce moment, l'Albatros se tenait à cinq ou six mètres seulement du niveau de la mer. Quelques embarcations, épouvantées à sa vue, avaient pris la fuite. Cette portion de la Caspienne ne devait pas tarder à être déserte.

  Comme on le pense bien, dans ces conditions où ils n'auraient eu qu'à piquer une tête pour fuir, les deux collègues devaient être et étaient l'objet d'une surveillance spéciale. En admettant même qu'ils se fussent jetés par-dessus le bord, on aurait bien su les reprendre avec le canot de caoutchouc de l'Albatros. Donc, rien à faire pendant la pêche, à laquelle Phil Evans crut devoir assister, tandis que Uncle Prudent, en perpétuel état de rage, se retirait dans sa cabine.

  On sait que la mer Caspienne est une dépression volcanique du sol. En ce bassin tombent les eaux de ces grands fleuves, le Volga, l'Oural, le Kour, la Kouma, la Jemba et autres. Sans l'évaporation qui lui enlève son trop-plein, ce trou, d'une superficie de dix-sept mille lieues carrées, d'une profondeur moyenne comprise entre soixante et quatre cents pieds, aurait inondé les côtes du nord et de l'est, basses et marécageuses. Bien que cette cuvette ne soit en communication ni avec la mer Noire, ni avec la mer d'Aral, dont les niveaux sont très supérieurs au sien, elle n'en nourrit pas moins un très grand nombre de poissons - de ceux, bien entendu, auxquels ne peuvent déplaire ses eaux d'une amertume prononcée, due au naphte qu'y déversent les sources de son extrémité méridionale.

  Or, en songeant à la variété que la pêche pouvait apporter à son ordinaire, le personnel de l'Albatros ne dissimulait pas le plaisir qu'il allait y prendre.

  « Attention! » cria Tom Turner, qui venait de harponner un poisson de belle taille, presque semblable à un requin.

  C'était un magnifique esturgeon, long de sept pieds, de cette espèce Belonga des Russes, dont les ufs, mélangés de sel, de vinaigre et de vin blanc, forment le caviar. Peut-être les esturgeons pêchés dans les fleuves sont-ils meilleurs que les esturgeons de mer; mais ceux-ci furent bien accueillis à bord de l'Albatros.

  Toutefois, ce qui rendit cette pêche plus fructueuse encore, ce fut la traîne des chaluts qui ramassèrent, pêle-mêle, carpes, brèmes, saumons, brochets d'eaux salées, et surtout quantité de ces sterlets de moyenne taille que les riches gourmets font venir vivants d'Astrakan à Moscou et à Pétersbourg. Ceux-ci allaient immédiatement passer de leur élément naturel dans les chaudières de l'équipage, sans frais de transport.

  Les gens de Robur halaient joyeusement les filets, après que l' Albatros les avait promenés pendant plusieurs milles. Le Gascon François Tapage, hurlant de plaisir, justifiait bien son nom. Une heure de pêche suffit à remplir les viviers de l'aéronef, qui remonta vers le nord.

  Pendant cette halte, Frycollin n'avait cessé de crier, de frapper aux parois de sa cabine, de faire en un mot un insupportable vacarme.

  « Ce maudit Nègre ne se taira donc pas! dit Robur, véritablement à bout de patience.

  - Il me semble, monsieur, qu'il a bien le droit de se plaindre! répondit Phil Evans.

  - Oui, comme moi j'ai le droit d'épargner ce supplice à mes oreilles! répliqua Robur.

  - Ingénieur Robur!... dit Uncle Prudent, qui venait d'apparaître sur la plate-forme.

  - Président du Weldon-Institute ? »

  Tous deux s'étaient avancés l'un vers l'autre. Ils se regardaient dans le blanc des yeux.

  Puis, Robur, haussant les épaules :

  « A bout de corde! » dit-il.

  Tom Turner avait compris. Frycollin fut tiré de sa cabine.

  Quels cris il poussa, lorsque le contremaître et un de ses camarades le saisirent et l'attachèrent dans une sorte de baille, à laquelle ils fixèrent solidement l'extrémité d'un câble!

  C'était précisément un de ces câbles dont Uncle Prudent voulait faire l'usage que l'on sait.

  Le Nègre avait cru d'abord qu'il allait être pendu... Non! Il ne devait être que suspendu.

  En effet, ce câble fut déroulé au-dehors sur une longueur de cent pieds, et Frycollin se trouva balancé dans le vide.

  Il pouvait crier à son aise maintenant. Mais, l'épouvante l'étreignant au larynx, il resta muet.

  Uncle Prudent et Phil Evans avaient voulu s'opposer à cette exécution ils furent repoussés.

  « C'est une infamie!... C'est une lâcheté! s'écria Uncle Prudent, qui était hors de lui.

  - Vraiment! répondit Robur.

  - C'est un abus de la force contre lequel je protesterai autrement que par des paroles!

  - Protestez!

  - Je me vengerai, ingénieur Robur!

  - Vengez-vous, président du Weldon-Institute!

  - Et de vous et des vôtres! »

  Les gens de l'Albatros s'étaient rapprochés dans des dispositions peu bienveillantes. Robur leur fit signe de s'éloigner.

  « Oui!... De vous et des vôtres!.., reprit Uncle Prudent, que son collègue essayait en vain de calmer.

  - Quand il vous plaira! répondit l'ingénieur.

  - Et par tous les moyens possibles!

  - Assez! dit alors Robur d'un ton menaçant, assez! Il y a d'autres câbles à bord! Taisez-vous, ou, sinon, tout comme le valet, le maître! »

  Uncle Prudent se tut, non par crainte, mais parce qu'il fut pris d'une telle suffocation que Phil Evans dut l'emmener dans sa cabine.

  Cependant, depuis une heure, le temps s'était singulièrement modifié. Il y avait des symptômes auxquels on ne pouvait se méprendre. Un orage menaçait. La saturation électrique de l'atmosphère était portée à un tel point que, vers deux heures et demie, Robur fut témoin d'un phénomène qu'il n'avait jamais observé.

  Dans le nord, d'où venait l'orage, montaient des volutes de vapeurs quasi lumineuses, - ce qui était certainement dû à la variation de la charge électrique des diverses couches de nuages.

  Le reflet de ces bandes faisait courir, à la surface de la mer, des myriades de lueurs, dont l'intensité devenait d'autant plus vive que le ciel commençait à s'assombrir.

  L'Albatros et le météore ne devaient pas tarder à se rencontrer, puisqu'ils allaient l'un au-devant de l'autre.

  Et Frycollin? Eh bien, Frycollin était toujours à la remorque, - et remorque est le mot juste, car le câble faisait un angle assez ouvert avec l'appareil lancé à une vitesse de cent kilomètres, ce qui laissait la baille quelque peu en arrière.

  Que l'on
juge de son épouvante, lorsque les éclairs commencèrent à sillonner l'espace autour de lui, tandis que le tonnerre roulait ses éclats dans les profondeurs du ciel.

  Tout le personnel du bord s'occupait à manuvrer en vue de l'orage, soit pour s'élever plus haut que lui, soit pour le distancer en se lançant à travers les couches inférieures.

  L'Albatros se trouvait alors à sa hauteur moyenne -mille mètres environ, - quand éclata un coup de foudre d'une violence extrême. La rafale s'éleva soudain. En quelques secondes, les nuages en feu se précipitèrent sur l'aéronef.

  Phil Evans vint alors intercéder en faveur de Frycollin et demander qu'on le ramenât à bord.

  Mais Robur n'avait point attendu cette démarche. Ses ordres étaient donnés. Déjà on s'occupait de haler la corde sur la plate-forme, quand, tout à coup, il se fit un ralentissement inexplicable dans la rotation des hélices suspensives.

  Robur bondit vers le roufle central

  « Force ! ... Force ! ... cria-t-il au mécanicien. Il faut monter rapidement et plus haut que l'orage!

  - Impossible, maître!

  - Qu'y a-t-il?

  - Les courants sont troublés!... Il se fait des intermittences!...»

  Et de fait, l'Albatros s'abaissait sensiblement.

  Ainsi qu'il arrive pour les courants des fils télégraphiques pendant les orages, le fonctionnement électrique n'opérait plus qu'incomplètement dans les accumulateurs de l'aéronef. Mais, ce qui n'est qu'un inconvénient quand il s'agit de dépêches, ici, c'était un effroyable danger, c'était l'appareil précipité dans la mer, sans qu'on pût s'en rendre maître.

  « Laisse descendre, cria Robur, et sortons de la zone électrique! Allons, enfants, du sang-froid! »

  L'ingénieur était monté sur son banc de quart. Les hommes, à leur poste, se tenaient prêts à exécuter les ordres du maître.

  L'Albatros, bien qu'il se fût abaissé de quelques centaines de pieds, était encore plongé dans le nuage, au milieu des éclairs qui se croisaient comme les pièces d'un feu d'artifice. C'était à croire qu'il allait être foudroyé. Les hélices se ralentissaient encore, et ce qui n'avait été jusque-là qu'une descente un peu rapide menaçait de devenir une chute.

  Enfin, en moins d'une minute, il était manifeste qu'il serait arrivé au niveau de la mer. Une fois immergé, aucune puissance n'aurait pu l'arracher de cet abîme.

  Soudain la nuée électrique apparut au-dessus de lui. L'Albatros n'était plus alors qu'à soixante pieds de la crête des lames. En deux ou trois secondes, elles auraient noyé la plate-forme.

  Mais, Robur, saisissant l'instant propice, se précipita vers le roufle central, il saisit les leviers de mise en train, il lança le courant des piles que ne neutralisait plus la tension électrique de l'atmosphère ambiante... En un instant, il eut rendu à ses hélices leur vitesse normale, arrêté la chute, maintenu l'Albatros à petite hauteur, pendant que ses propulseurs l'entraînaient loin de l'orage, qu'il ne tarda pas à dépasser.

  Inutile de dire que Frycollin avait pris un bain forcé,

  - pendant quelques secondes seulement. Lorsqu'il fut ramené à bord, il était mouillé comme s'il eût plongé jusqu'au fond des mers. On le croira sans peine, il ne criait plus.

  Le lendemain, 4 juillet, l'Albatros avait franchi la limite septentrionale de la Caspienne.

  XI. Dans lequel la colère de Uncle Prudent croît comme le carré de la vitesse.

  Si jamais Uncle Prudent et Phil Evans durent renoncer à tout espoir de s'échapper, ce fut bien pendant les cinquante heures qui suivirent. Robur redoutait-il que la garde de ses prisonniers fût moins facile durant cette traversée de l'Europe? C'est possible. Il savait, d'ailleurs, qu'ils étaient décidés à tout pour s'enfuir.

  Quoi qu'il en soit, toute tentative eût alors été un suicide. Que l'on saute d'un express, marchant avec une vitesse de cent kilomètres à l'heure, ce n'est peut-être que risquer sa vie, mais, d'un rapide, lancé à raison de deux cents kilomètres, ce serait vouloir la mort.

  Or, c'est précisément cette vitesse - le maximum dont il pût disposer - qui fut imprimée à l'Albatros. Elle dépassait le vol de l'hirondelle, soit cent quatre-vingts kilomètres à l'heure.

  Depuis quelque temps, on a dû le remarquer, les vents du nord-est dominaient avec une persistance très favorable à la direction de l' Albatros, puisqu'il marchait dans le même sens, c'est-à-dire d'une façon générale vers l'ouest. Mais, ces vents commençant à se calmer, il devint bientôt impossible de se tenir sur la plate-forme, sans avoir la respiration coupée par la rapidité du déplacement. Les deux collègues, à un certain moment, eussent même été jetés par-dessus le bord, s'ils n'avaient été acculés contre leur roufle par la pression de l'air.

  Heureusement, à travers les hublots de sa cage, le timonier les aperçut, et une sonnerie électrique prévint les hommes, renfermés dans le poste de l'avant.

  Quatre d'entre eux se glissèrent aussitôt vers l'arrière, en rampant sur la plate-forme.

  Que ceux qui se sont trouvés en mer sur un navire debout au vent, pendant quelque tempête, rappellent leur souvenir, et ils comprendront ce que devait être la violence d'une pareille pression. Seulement, ici, c'était l'Albatros qui la créait par son incomparable vitesse.

  En somme, il fallut ralentir la marche - ce qui permit à Uncle Prudent et à Phil Evans de regagner leur cabine. A l'intérieur de ses roufles, ainsi que l'avait dit l'ingénieur, l'Albatros emportait avec lui une atmosphère parfaitement respirable.

  Mais quelle solidité avait donc cet appareil, pour qu'il pût résister à un pareil déplacement! C'était prodigieux. Quant aux propulseurs de l'avant et de l'arrière, on ne les voyait même plus tourner. C'était avec une infinie puissance de pénétration qu'ils se vissaient dans la couche d'air.

  La dernière ville, observée du bord, avait été Astrakan, située presque à l'extrémité nord de la Caspienne.

  L'Etoile du Désert - sans doute quelque poète russe l'a appelée ainsi - est maintenant descendue de la première à la cinquième ou sixième grandeur. Ce simple chef-lieu de gouvernement avait un instant montré ses vieilles murailles couronnées de créneaux inutiles, ses antiques tours au centre de la cité, ses mosquées contiguës à des églises de style moderne, sa cathédrale dont les cinq dômes, dorés et semés d'étoiles bleues, semblaient découpés dans un morceau de firmament, - le tout presque au niveau de cette embouchure du Volga qui mesure deux kilomètres.

  Puis, à partir de ce point, le vol de l'Albatros ne fut plus qu'une sorte de chevauchée à travers les hauteurs du ciel, comme s'il eût été attelé de ces fabuleux hippogriffes qui franchissent une lieue d'un seul coup d'aile.

  Il était dix heures du matin, le 4 juillet, lorsque l'aéronef pointa dans le nord-ouest en suivant à peu près la vallée du Volga. Les steppes du Don et de l'Oural filaient de chaque côté du fleuve. S'il eût été possible de plonger un regard sur ces vastes territoires, à peine aurait-on eu le temps d'en compter les villes et villages. Enfin, le soir venu, l'aéronef dépassait Moscou, sans même saluer le drapeau du Kremlin. En dix heures, il avait enlevé les deux mille kilomètres qui séparent Astrakan de l'ancienne capitale de toutes les Russies.

  De Moscou à Pétersbourg, la ligue du chemin de fer ne compte pas plus de douze cents kilomètres. C'était donc l'affaire d'une demi-journée. Aussi, l'Albatros, exact comme un express, atteignit-il Pétersbourg et les bords de la Neva vers deux heures du matin. La clarté de la nuit, sous cette haute latitude qu'abandonne si peu le soleil de juin, permit d'embrasser un instant l'ensemble de cette vaste capitale.

  Puis, ce furent le golfe de Finlande, l'archipel d'Abo, la Baltique, la Suède à la latitude de Stockholm, la Norvège à la latitude de Christiania. Dix heures seulement pour ces deux mille kilomètres! En vérité, on aurait pu le croire, aucune puissance humaine n'eût été capable désormais d'enrayer la vitesse de l' Albatros, comme si la résultante de sa force de projection et de l'attraction terrestre l'eût maintenu dans une trajectoire immuable autour du globe.

&n
bsp; Il s'arrêta, cependant, et précisément au-dessus de la fameuse chute de Rjukanfos, en Norvège. Le Gousta, dont la cime domine cette admirable région du Telemark, fut comme une borne gigantesque qu'il ne devait pas dépasser dans l'ouest.

  Aussi, à partir de ce point, l'Albatros revint-il franchement vers le sud, sans modérer sa vitesse.

  Et, pendant ce vol invraisemblable, que faisait Frycollin? Frycollin demeurait muet au fond de sa cabine, dormant du mieux qu'il pouvait, sauf aux heures des repas.

  François Tapage lui tenait alors compagnie et se jouait volontiers de ses terreurs.

  « Eh! eh! mon garçon, disait-il, tu ne cries donc plus!... Faut pas te gêner pourtant!... Tu en serais quitte pour deux heures de suspension!... Hein !... avec la vitesse que nous avons maintenant, quel excellent bain d'air pour les rhumatismes!

  - Il me semble que tout se disloque! répétait Frycollin.

  - Peut-être bien, mon brave Fry! Mais nous allons si rapidement que nous ne pourrions même plus tomber!... Voilà qui est rassurant!

  - Vous croyez?

  - Foi de Gascon! »

  Pour dire le vrai, et sans rien exagérer comme François Tapage, il était certain que, grâce à cette rapidité, le travail des hélices suspensives était quelque peu amoindri. L'Albatros glissait sur la couche d'air à la manière d'une fusée à la Congrève.

  « Et ça durera longtemps comme cela? demandait Frycollin.

  - Longtemps ?... Oh non! répondait le maître coq. Simplement toute la vie!

  - Ah! faisait le Nègre en recommençant ses lamentations.

  - Prends garde, Fry, prends garde! s'écriait alors François Tapage, car, comme on dit dans mon pays, le maître pourrait bien t'envoyer à la balançoire! »

  Et Frycollin, en même temps que les morceaux qu'il mettait en double dans sa bouche, ravalait ses soupirs.

  Pendant ce temps, Uncle Prudent et Phil Evans, qui n'étaient point gens à récriminer inutilement, venaient de prendre un parti. Il était évident que la fuite ne pouvait plus s'effectuer. Toutefois, s'il n'était pas possible de remettre le pied sur le globe terrestre, ne pouvait-on faire savoir à ses habitants ce qu'étaient devenus, depuis leur disparition, le président et le secrétaire du Weldon-Institute, par qui ils avaient été enlevés, à bord de quelle machine volante ils étaient détenus, et provoquer peut-être - de quelle façon, grand Dieu! - une audacieuse tentative de leurs amis pour les arracher aux mains de ce Robur?

 

‹ Prev