Robur-le-Conquerant

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Robur-le-Conquerant Page 19

by Jules Verne


  Il convient d'ajouter que, si sa rapidité fut plus modérée au-dessus du littoral de l'Afrique, comme le document n'était pas encore connu, on ne s'avisa pas de chercher l'aéronef dans les hauteurs du ciel algérien. Assurément, il fut aperçu au-dessus de Tombouctou; mais l'observatoire de cette ville célèbre - s'il y en a un - n'avait pas encore eu le temps d'envoyer en Europe le résultat de ses observations. Quant au roi du Dahomey, il aurait plutôt fait couper la tête à vingt mille de ses sujets, y compris ses ministres, que d'avouer qu'il avait eu le dessous dans sa lutte avec un appareil aérien. Question d'amour-propre.

  Au-delà, ce fut l'Atlantique que traversa l'ingénieur Robur. Ce fut la Terre de Feu qu'il atteignit, puis le cap Horn. Ce furent les terres australes et l'immense domaine du pôle, qu'il dépassa, un peu malgré lui. Or, de ces régions antarctiques, il n'y avait aucune nouvelle à attendre.

  Juillet s'écoula, et nul il humain ne pouvait se vanter d'avoir même entrevu l'aéronef.

  Août s'acheva, et l'incertitude au sujet des prisonniers de Robur demeura complète. C'était à se demander si l'ingénieur, à l'exemple d'Icare, le plus vieux mécanicien dont l'histoire fasse mention, n'avait pas péri victime de sa témérité.

  Enfin les vingt-sept premiers jours de septembre s'écoulèrent sans résultat.

  Certainement, on se fait à tout en ce monde. Il est dans la nature humaine de se blaser sur les douleurs qui s'éloignent. On oublie, parce qu'il est nécessaire d'oublier. Mais, cette fois, il faut le dire à son honneur, le public terrestre se retint sur cette pente. Non! il ne devint point indifférent au sort de deux Blancs et d'un Noir, enlevés comme le prophète Elie, mais dont la Bible n'avait pas promis le retour sur la terre.

  Et ceci fut plus sensible à Philadelphie qu'en tout autre lieu. Il s'y joignait, d'ailleurs, de certaines craintes personnelles. Par représailles, Robur avait arraché Uncle Prudent et Phil Evans à leur sol natal. Certes, il s'était bien vengé, quoique en dehors de tout droit. Mais cela suffirait-il à sa vengeance? Ne voudrait-il pas l'exercer encore sur quelques-uns des collègues du président et du secrétaire du Weldon-Institute? Et qui pouvait se dire à l'abri des atteintes de ce tout-puissant maître des régions aériennes?

  Or, voilà que, le 28 septembre, une nouvelle courut la ville. Uncle Prudent et Phil Evans auraient reparu, dans l'après-midi, au domicile particulier du président du Weldon-Institute.

  Et le plus extraordinaire, c'est que la nouvelle était vraie, quoique les esprits sensés ne voulussent point y croire.

  Cependant il fallut se rendre à l'évidence. C'étaient bien les deux disparus, en personne, non leur ombre... Frycollin lui-même était de retour.

  Les membres du club, puis leurs amis, puis la foule, se portèrent devant la maison de Uncle Prudent. On acclama les deux collègues, on les fit passer de main en main au milieu des hurrahs et des hips!

  Jem Cip était là, ayant abandonné son déjeuner -un rôti de laitues cuites - puis, William T. Forbes et ses deux filles, Miss Doit et Miss Mat. Et, en ce jour, Uncle Prudent aurait pu les épouser toutes deux s'il eût été Mormon; mais il ne l'était pas et n'avait aucune propension à le devenir. Il y avait aussi Truk Milnor, Bat T. Fyn, enfin tous les membres du club. On se demande encore aujourd'hui comment Uncle Prudent et Phil Evans purent sortir vivants des milliers de bras par lesquels ils durent passer en traversant toute la ville.

  Le soir même, le Weldon-Institute devait tenir sa séance hebdomadaire. On comptait que les deux collègues prendraient place au bureau. Or, comme ils n'avaient encore rien dit de leurs aventures - peut-être ne leur avait-on pas laissé le temps de parler? - on espérait aussi qu'ils raconteraient par le menu leurs impressions de voyage.

  En effet, pour une raison ou pour une autre, tous deux étaient restés muets. Muet aussi le valet Frycollin, que ses congénères avaient failli écarteler dans leur délire.

  Mais ce que les deux collègues n'avaient pas dit ou n'avaient pas voulu dire, le voici

  Il n'y a point à revenir sur ce que l'on sait de la nuit du 27 au 28 juillet, l'audacieuse évasion du président et du secrétaire du Weldon-Institute, leur impression si vive quand ils foulèrent les roches de l'île Chatam, le coup de feu tiré sur Phil Evans, le câble tranché, et l'Albatros, alors privé de ses propulseurs, entraîné au large par la brise du sud-ouest, tandis qu'il s'élevait à une grande hauteur. Ses fanaux allumés avaient permis de le suivre pendant quelque temps. Puis, il n'avait pas tardé à disparaître.

  Les fugitifs n'avaient plus rien à craindre. Comment Robur aurait-il pu revenir sur l'île, puisque ses hélices devaient encore être hors d'état de fonctionner pendant trois ou quatre heures?

  D'ici là, l'Albatros, détruit par l'explosion, ne serait plus qu'une épave flottant sur la mer, et ceux qu'il portait, des cadavres déchirés que l'Océan ne pourrait pas même rendre.

  L'acte de vengeance aurait été accompli dans toute son horreur.

  Uncle Prudent et Phîl Evans, se considérant comme en état de légitime défense, n'avaient pas eu un remords.

  Phil Evans n'était que légèrement blessé par la balle lancée de l' Albatros. Aussi tous trois s'occupèrent de remonter le littoral avec l'espoir de rencontrer quelques indigènes.

  Cet espoir ne fut pas trompé. Une cinquantaine de naturels, vivant de la pêche, habitaient la côte occidentale de Chatam. Ils avaient vu l'aéronef descendre sur l'île. Ils firent aux fugitifs l'accueil que méritaient des êtres surnaturels. On les adora, ou peu s'en faut. On les logea dans la plus confortable des cases. Jamais Frycollin ne retrouverait une pareille occasion de passer pour le dieu des Noirs.

  Ainsi qu'ils l'avaient prévu, Uncle Prudent et Phil Evans ne virent pas revenir l'aéronef. Ils devaient en conclure que la catastrophe avait dû se produire dans quelque haute zone de l'atmosphère. On n'entendrait plus jamais parler de l'ingénieur Robur ni de la prodigieuse machine que ses compagnons montaient avec lui.

  Maintenant il fallait attendre une occasion de regagner l'Amérique. Or, l'île Chatam est peu fréquentée des navigateurs. Tout le mois d'août se passa ainsi, et les fugitifs pouvaient se demander s'ils n'avaient pas changé une prison pour une autre, dont Frycollin, toutefois, s'arrangeait mieux que de sa prison aérienne.

  Enfin, le 3 septembre, un navire vint faire de l'eau à l'aiguade de l'île Chatam. On ne l'a pas oublié, au moment de l'enlèvement à Philadelphie, Uncle Prudent avait sur lui quelques milliers de dollars-papier - plus qu'il ne fallait pour regagner l'Amérique. Après avoir remercié leurs adorateurs qui ne leur épargnèrent pas les plus respectueuses démonstrations, Uncle Prudent, Phil Evans et Frycollin s'embarquèrent pour Aukland. Ils ne racontèrent rien de leur histoire, et, en deux jours, ils arrivèrent dans la capitale de la NouvelleZélande.

  Là, un paquebot du Pacifique les prit comme passagers, et, le 20 septembre, après une traversée des plus heureuses, les survivants de l'Albatros débarquaient à San Francisco. Ils n'avaient point dit qui ils étaient ni d'où ils venaient; mais, comme ils avaient payé d'un bon prix leur transport, ce n est pas un capitaine américain qui leur en eût demandé davantage.

  A San Francisco, Uncle Prudent, son collègue et le valet Frycollin prirent le premier train du grand chemin de fer du Pacifique. Le 27, ils arrivaient à Philadelphie.

  Voilà le récit compendieux de ce qui s'était passé depuis l'évasion des fugitifs et leur départ de l'île Chatam. Voilà comment, le soir même, le président et le secrétaire purent prendre place au bureau du Weldon-Institute, au milieu d'une affluence extraordinaire.

  Cependant, jamais ni l'un ni l'autre n'avaient été aussi calmes. Il ne semblait pas, à les voir, que rien d'anormal fût arrivé depuis la mémorable séance du 12 juin. Trois mois et demi qui ne paraissaient pas compter dans leur existence!

  Après les premières salves de hurrahs que tous deux reçurent sans que leur visage reflétât la moindre émotion, Uncle Prudent se couvrit et prit la parole. -

  Honorables citoyens, dit-il, la séance est ouverte.

  Applaudiss
ements frénétiques et bien légitimes! Car, s'il n'était pas extraordinaire que cette séance fût ouverte, il l'était du moins qu'elle le fût par Uncle Prudent, assisté de Phil Evans.

  Le président laissa l'enthousiasme s'épuiser en clameurs et en battements de mains. Puis il reprit :

  « A notre dernière séance, messieurs, la discussion avait été fort vive (Ecoutez, écoutez) entre les partisans de l'hélice avant et de l'hélice arrière pour notre ballon Go a headl (Marques de surprise). Or, nous avons trouvé moyen de ramener l'accord entre les avantistes et les arriéristes, et ce moyen, le voici c'est de mettre deux hélices, une à chaque bout de la nacelle! » (Silence de complète stupefaction.)

  Et ce fut tout.

  Oui, tout! De l'enlèvement du président et du secrétaire du Weldon-Institute, pas un mot! Pas un mot de l'Albatros ni de l'ingénieur Robur! Pas un mot du voyage! Pas un mot de la façon dont les prisonniers avaient pu s'échapper! Pas un mot enfin de ce qu'était devenu l'aéronef, s'il courait encore à travers l'espace, si l'on pouvait craindre de nouvelles représailles contre les membres du club!

  Certes, l'envie ne manquait pas à tous ces ballonistes d'interroger Uncle Prudent et Phil Evans; mais on les vit si sérieux, si boutonnés, qu'il parut convenable de respecter leur attitude. Quand ils jugeraient à propos de parler, ils parleraient, et l'on serait trop honoré de les entendre.

  Après tout, il y avait peut-être dans ce mystère quelque secret qui ne pouvait encore être divulgué.

  Et alors Uncle Prudent, reprenant la parole au milieu d'un silence jusqu'alors inconnu dans les séances du Weldon-Institute

  « Messieurs, dit-il, il ne reste plus maintenant qu'à terminer l'aérostat le Go a head auquel il appartient de faire la conquête de l'air. - La séance est levée. »

  XVIII. Qui termine cette véridique histoire de l'Albatros sans la terminer.

  Le 29 avril de l'année suivante, sept mois après le retour si imprévu de Uncle Prudent et de Phil Evans, Philadelphie était tout en mouvement. Rien de politique pour cette fois. Il ne s'agissait ni d'élections ni de meetings. L'aérostat le Go a head, achevé par les soins du Weldon-Institute, allait enfin prendre possession de son élément naturel.

  Pour aéronaute, le célèbre Harry W. Tinder, dont le nom a été prononcé au commencement de ce récit, - plus un aide-aérostier.

  Pour passagers, le président et le secrétaire du Weldon-Institute. Ne méritaient-ils pas un tel honneur? Ne leur appartenait-il pas de venir en personne protester contre tout appareil qui reposerait sur le principe du « Plus lourd que l'air » ?

  Cependant, après sept mois, ils en étaient encore à parler de leurs aventures. Frycollin lui-même, quelque envie qu'il en eût, n'avait rien dit de l'ingénieur Robur ni de Sa prodigieuse machine. Sans doute, en ballonistes intransigeants qu'ils étaient, Uncle Prudent et Phil Evans ne voulaient pas qu'il fût question d'aéronef ou de tout autre appareil volant. Tant que le ballon le Go a head ne tiendrait pas la première place parmi les engins de locomotion aérienne, ils ne voulaient rien admettre des inventions dues aux aviateurs. Ils croyaient encore, ils voulaient croire toujours que le véritable véhicule atmosphérique, c'était l'aérostat et qu à lui seul appartenait l'avenir.

  D'ailleurs, celui dont ils avaient tiré une vengeance si terrible - si juste à leur sens -, celui-là n'existait plus. Aucun de ceux qui l'accompagnaient n'avait pu lui survivre. Le secret de l'Albatros était maintenant enseveli dans les profondeurs du Pacifique.

  Quant à admettre que l'ingénieur Robur eût une retraite, une île de relâche, au milieu de ce vaste océan, ce n'était qu'une hypothèse. En tout cas, les deux collègues se réservaient de décider plus tard s'il ne conviendrait pas de faire quelques recherches à ce sujet.

  On allait donc enfin procéder à cette grande expérience que le Weldon-Institute préparait de si longue date et avec tant de soins. Le Go a head était le type le plus parfait de ce qui avait été inventé jusqu'à cette époque dans l'art aérostatique, - ce que sont un Inflexible ou un Formidable dans l'art naval.

  Le Go a head possédait toutes les qualités que doit avoir un aérostat. Son volume lui permettait de s'élever aux dernières hauteurs qu'un ballon puisse atteindre; - son imperméabilité, de pouvoir se maintenir indéfiniment dans l'atmosphère; - sa solidité, de braver toute dilatation de gaz aussi bien que les violences de la pluie et du vent; - sa capacité, de disposer d'une force ascensionnelle assez considérable pour enlever, avec tous ses accessoires, une machinerie électrique qui devait communiquer à ses propulseurs une puissance de locomotion supérieure à tout ce qui avait été obtenu jusqu'alors. Le Go a head avait une forme allongée qui faciliterait son déplacement suivant l'horizontale. Sa nacelle, plate-forme à peu près semblable à celle du ballon des capitaines Krebs et Renard, emportait tout l'outillage nécessaire aux aérostiers, instruments de physique, câbles, ancres, guides-ropes, etc., de plus, les appareils, piles et accumulateurs qui constituaient sa puissance mécanique. Cette nacelle était munie, à l'avant, d'une hélice, et, à l'arrière, d'une hélice et d'un gouvernail. Mais, probablement, le rendement des machines du Go a head devait être très inférieur au rendement des appareils de l' Albatros.

  Le Go a head avait été transporté, après son gonflement, dans la clairière de Fairmont-Park, à la place même où s'était reposé l'aéronef pendant quelques heures.

  Inutile de dire que sa puissance ascensionnelle lui était fournie par le plus léger de tous les corps gazeux. Le gaz d'éclairage ne possède qu'une force de sept cents grammes environ par mètre cube, - ce qui ne donne qu'une insuffisante rupture d'équilibre avec l'air ambiant. Mais l'hydrogène possède une force d'ascension qui peut être estimée à onze cents grammes. Cet hydrogène pur, préparé d'après les procédés et dans les appareils spéciaux du célèbre Henry Giffard, emplissait l'énorme ballon. Donc, puisque la capacité du Go a head mesurait quarante mille mètres cubes, la puissance ascensionnelle de son gaz était quarante mille multipliés par onze cents, soit de quarante-quatre mille kilogrammes.

  Dans cette matinée du 29 avril, tout était prêt. Dès onze heures, l'énorme aérostat se balançait à quelques pieds du sol, prêt à s'élever au milieu des airs.

  Temps admirable et fait exprès pour cette importante expérience. En somme, peut-être aurait-il mieux valu que la brise eût été plus forte, ce qui aurait rendu l'épreuve plus concluante. En effet, on n'a jamais mis en doute qu'un ballon pût être dirigé dans un air calme; mais, au milieu d'une atmosphère en mouvement, c'est autre chose, et c'est dans ces conditions que les expériences doivent être tentées.

  Enfin, il n'y avait pas de vent ni apparence qu'il dût se lever. Ce jour-là, par extraordinaire, l'Amérique du Nord ne se disposait point à envoyer à l'Europe occidentale une des bonnes tempêtes de son inépuisable réserve, et jamais jour n'eût été mieux choisi pour le succès d'une expérience aéronautique.

  Faut-il parler de la foule immense réunie dans Fairmont-Park, des nombreux trains qui avaient versé sur la capitale de la Pennsylvanie les curieux de tous les Etats environnants, de la suspension de la vie industrielle et commerciale qui permettait à tous de venir assister à ce spectacle, patrons, employés, ouvriers, hommes, femmes, vieillards, enfants, membres du Congrès, représentants de l'armée, magistrats, reporters, indigènes blancs et noirs, entassés dans la vaste clairière? Faut-il décrire les émotions bruyantes de ce populaire, ces mouvements inexplicables, ces poussées soudaines qui rendaient la masse palpitante et houleuse? Faut-il chiffrer les hips! hips! hips! qui éclatèrent de toutes parts comme des détonations de boîtes d'artifice, lorsque Uncle Prudent et Phil Evans parurent sur la plate-forme, au-dessous de l'aérostat pavoisé aux couleurs américaines? Faut-il avouer enfin que le plus grand nombre des curieux n'était peut-être pas venu pour voir le Go a head, mais pour contempler ces deux hommes extraordinaires que l'Ancien Monde enviait au Nouveau?

  Pourquoi deux et non trois? Pourquoi pas Frycollin? C'est que Frycollin trouvait que la campagne de l'Albatros suff
isait à sa célébrité. Il avait décliné l'honneur d'accompagner son maître. Il n'eut donc point sa part des acclamations frénétiques qui accueillirent le président et le secrétaire du Weldon-Institute.

  Il va sans dire que, de tous les membres de l'illustre assemblée, pas un ne manquait aux places réservées en dedans des cordes et piquets qui formaient enceinte au milieu de la clairière. Là étaient Truk Milnor, Bat T. Fyn, William T. Forbes, ayant au bras ses deux filles, Miss Doll et Miss Mat. Tous étaient venus affirmer par leur présence que rien ne pourrait jamais séparer les partisans du « Plus léger que l'air » !

  Vers onze heures vingt, un coup de canon annonça la fin des derniers préparatifs.

  Le Go a head n'attendait plus qu'un signal pour partir. Un second coup de canon retentit à onze heures vingt-cinq.

  Le Go a head, maintenu par ses cordes de filet, s'éleva d'une quinzaine de mètres au-dessus de la clairière. De cette façon la plate-forme dominait cette foule si profondément émue. Uncle Prudent et Phil Evans, debout à l'avant, mirent alors la main gauche sur leur poitrine, - ce qui signifiait qu'ils étaient de cur avec toute l'assistance. Puis, ils tendirent la main droite vers le zénith, - ce qui signifiait que le plus grand des ballons connus jusqu'à ce jour allait enfin prendre possession du domaine supra-terrestre.

  Cent mille mains se portèrent alors sur cent mille poitrines, et cent mille autres se dressèrent vers le ciel.

  Un troisième coup de canon éclata à onze heures trente.

  « Lâchez tout! » cria Uncle Prudent, qui lança la formule sacramentelle.

 

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