Frontiere Interdite

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Frontiere Interdite Page 8

by Shepard Rifkin


  — Ça ne va pas, les gars ?

  — Si, ça va. Il me racontait une histoire avec des gestes. Allez, Bearclaw, assieds-toi, t'en fais trop.

  — Une bonne histoire ?

  — Elle me plaît.

  — Bon, content de voir que vous prenez du bon temps. Où est la fille ?

  — Elle est descendue nous chercher à boire.

  — C'est bien, ça. Si vous en voulez une autre, vous avez qu'à demander. Je veux que vous passiez une bonne soirée. Vous avez fait un long voyage.

  Bond se retira et Archie murmura à Bearclaw :

  — C'est un malin, moi je te le dis. Alors fais pas de pétard, sans ça tu vas vraiment te faire enrouler les tripes sur une échelle. Tu vas m'écouter, oui ?

  — Vas-y.

  — Tu vas pas foutre les foies à Bond avec ça. Le seul moyen de s'en tirer tous les deux sans se faire engueuler par King Fisher, c'est d'amener quelqu'un de vraiment fortiche par ici pour régler l'affaire.

  — Espèce de cinglé, sale petit morveux, qu'est-ce que...

  — Parce que, interrompit Archie en maîtrisant son impatience, y a qu'un seul gars qui peut conclure le marché. Tu sais qui. Et King Fisher l'a à la bonne. Si jamais King apprend qu'on a eu une chance de sauver Carson et qu'on l'a pas saisie, mon vieux, on fera bien de filer vers le sud et de pas s'arrêter avant le Guatemala. T'es prêt à demander à Bond une commission et à foutre le camp au Guatemala ?

  Bearclaw ne répondit pas.

  — Alors ? cria Archie.

  — Tu sais bien que j'ai une femme et deux gosses.

  Archie se leva et attendit la suite.

  — Bon Dieu, ça m'emmerde d'être d'accord avec toi ! Bougre de sale morveux, comment on va le trouver dans le noir, d'abord?

  La fille revint avec une bouteille qu'elle posa sur la table. Sa jupe était encore mouillée. Elle décrocha la lanterne du mur, l'installa à côté de la bouteille et souleva sa jupe pour la sécher à la flamme.

  — Belles gambettes, pas vrai ? observa Bearclaw.

  — Dis-lui que tu vas pisser.

  Par gestes, Bearclaw mit la fille au courant de son intention. Elle haussa les épaules et les deux hommes sortirent, déjà presque dessoûlés.

  Ils s'approchèrent sans bruit de l'écurie. Deux hommes passaient les caisses à un troisième qui les entassait. Adossé au mur sous une lanterne. Bond pointait les caisses en fumant un cigare.

  — Haut les mains, lança Archie. Et feriez bien de vous grouiller. Je suis bourré et je risque d'avoir la détente facile, même sans le faire exprès. Contre le mur, tous. Bearclaw, prends leurs flingues. Et vous autres, je vous conseille pas de vous servir de lui comme bouclier ni d'essayer de me descendre.

  — Ecoutez, s'écria Bond, vous allez vous fourrer dans un sacré guêpier. Et moi qui me suis montré si chic avec vous !

  Bearclaw jeta toutes les armes sous le siège du chariot.

  — Monsieur Bond, dit-il d'une voix pâteuse, je suis con et je le sais. Mais j'aime pas qu'on me traite comme un con, ça me fout en rogne.

  Bearclaw titubait et s'agrippait au chariot pour ne pas tomber, tout en brandissant son colt. Les quatre hommes collés au mur suivaient des yeux le canon menaçant, comme s'ils étaient hypnotisés.

  — Alors bouclez-la ! rugit Bearclaw dont le visage virait au pourpre.

  — Ils disent rien, ferme ta gueule, bon Dieu ! conseilla Archie.

  — Bon, d'accord, fit Bearclaw d'une voix radoucie.

  Il se laissa tomber contre le chariot, rota et ferma les yeux. Quelques secondes plus tard, il se redressa.

  — Qu'est-ce qu'on est venu foutre ici ? demanda-t-il à Archie. On est venu pour quelque chose, non?

  — Pour récupérer nos flingues, soupira Archie.

  — C'est ça ! Alors qui est stupide ? Pas moi ! Enfin... je suis stupide, mais pas tant que vous croyez, les gars. Et pour commencer vous allez... Qu'est-ce qu'ils vont faire pour commencer, Archie ?

  — Bon Dieu de bon Dieu, mais c'est pas vrai ! T'es vraiment stupide, tu sais ? Allez, recule. Monsieur Bond, si vous vous mettiez à recharger le chariot, vous et vos gars ?

  Archie s'assit sur une balle de paille et surveilla le travail. Dix minutes plus tard, toutes les caisses étaient de nouveau entassées sur le chariot.

  — Attelez les chevaux, ordonna Archie, sellez les nôtres et puis on va vous louer un de vos chevaux de selle. Et aussi une selle.

  — Vous les volez ! J'ai des témoins, protesta Bond. Vous serez pendus pour ça !

  — Pas de danger. Mon oncle paiera. Et maintenant, couchez-vous tous à plat ventre.

  — Fais-moi plaisir, dit Archie, et range ton colt. J'ai pas envie qu'il parte tout seul et me fasse sauter une oreille sur cette route dégueulasse.

  — Tu crois qu'ils resteront ligotés longtemps ? demanda Bearclaw en rengainant son revolver.

  — Ils arriveront à se dégager avant le jour.

  — Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?

  — Faut d'abord cacher ce foutu chariot. Au lever du soleil, ils seront répandus dans la nature comme des puces sur un chien mexicain.

  — Et ils vont nous trouver !

  — Oh, ta gueule. Ce chemin-là, c'est rien que du sable. Les traces des roues se verront pas. On va tourner quelque part et on cachera le chariot dans le chaparral. Ils se figureront qu'on est retournés pleurer dans le gilet de King Fisher et ils fileront par là-bas. Ouvre l'œil et cherche un chemin de traverse.

  Cinq minutes plus tard, ils en avaient trouvé un. Ils y engagèrent le chariot et Archie sauta à terre pour effacer les traces de roues et de sabots, puis il arracha des branches et les jeta sur le chemin.

  — Comme ça, ils verront rien, déclara-t-il avec satisfaction.

  Ils cachèrent le chariot dans un fourré épais, jetèrent la selle sur le cheval supplémentaire, et Archie mit le pied à l'étrier en se tournant vers Bearclaw.

  — Prêt ?

  — Ouais. Je suis prêt, mais ça me plaît pas.

  XIII

  Carson pensait qu'il allait mourir. Il avait été suspendu dans la même position toute la nuit et à l'approche de l'aube, la température s'était rafraîchie. Ses bras et ses jambes étaient engourdis, et il avait l'impression de n'avoir plus que la tête vivante sur un corps mort

  Il respirait difficilement ; l'élongation de ses bras avait tendu ses muscles thoraciques et il n'arrivait plus à dilater ses poumons.

  Il faisait de plus en plus froid. Carson ne portait qu'une chemise déchirée et un jean élimé. Son gardien s'était enlevoppé dans une couverture et avait allumé un petit feu, mais la chaleur ne parvenait pas jusqu'à Carson. De temps en temps le garde se levait, venait s'assurer que les liens du prisonnier étaient bien serrés, puis il retournait s'asseoir.

  Deux mains énormes saisirent le cou du garde. Quand il eut cessé de se débattre, sa chemise fut arrachée, déchirée, et une partie fourrée dans sa bouche ; les manches servirent à fixer le bâillon. Puis ses bras et ses jambes furent solidement ligotés. Carson admira la rapidité du travail mais dans l'ombre, il ne distinguait pas grand-chose. L'homme fut redressé, la couverture jetée sur ses épaules, le sombrero posé sur sa tête ; de loin, il avait l'air de monter tranquillement la garde.

  Puis Carson sentit deux bras l'enlacer par la taille. Au même instant, le lasso qui maintenait ses bras en l'air fut tranché. Il faillit s'écrouler, mais les deux bras le retinrent. Il vit briller la lame d'un couteau et ses pieds furent détachés. Il était incapable de marcher et quand les deux hommes mirent ses bras sur leurs épaules, il faillit hurler de douleur.

  — Ce salaud peut pas marcher, grommela l'un de ses sauveteurs.

  — Je le sais bien, crétin, chuchota l'autre. Ce qui me turlupine, c'est de savoir s'il sera foutu de tenir des rênes. Parce qu'il va falloir filer vite fait. Quand ces sacrés Mexicains vont voir ça, ils seront fous de rage et si ça se trouve, même une rivière les arrêtera pas.

  Ils se turent, et traînèrent silencieusement Carson vers leurs chevaux. Il y en avait t
rois, dont une jument grise portant sur son flanc la marque K. F.

  — Archie, murmura Carson, d'un ton incrédule.

  — Ta gueule, souffla Archie.

  Il hissa Carson en selle et lui demanda rageusement :

  — Vous pouvez vous tenir?

  — Je ne crois pas. Je ne peux pas plier les doigts.

  Archie jura posément.

  — T'es pas un peu dingue ? gronda tout bas Bearclaw. Tu vas nous ramener ces bandidos sur le poil, en râlant comme ça.

  — Enfin quoi, bon Dieu, ce salaud va dégringoler et ils vont nous cueillir comme des mûres. Merde, on a fait de notre mieux. On a encore une chance de s'en tirer. Filons ! Il aurait pu pourrir sur sa branche comme un champignon pour ce que j'en ai à foutre. Mais faut le ramener. Aide-moi au lieu de chialer comme un môme !

  Bearclaw saisit Carson et le jeta à plat ventre en travers de la selle, puis le retourna sans ménagement, en jetant une de ses jambes de l'autre côté du pommeau. Carson ne put retenir un cri de douleur.

  — Gueule pas comme ça, grogna Archie. Je savais bien que t'étais un froussard.

  Carson posa sa joue sur l'encolure du cheval. C'était le seul moyen, pour lui, de ne pas perdre connaissance. Malgré son épuisement et ses souffrances, il regrettait de n'avoir pas pu emmener la fille qui l'avait tiré de la boue.

  Il mordit son pouce pour ne pas crier quand Bearclaw lui tira les jambes et les attacha sous le ventre du cheval.

  Une bouffée de vent soudaine leur apporta l'odeur de la remuda du général. Le cheval de Carson leva la tête, renifla et sentit les juments. Il poussa un hennissement. Deux des juments lui répondirent.

  — Oh, mon Dieu ! s'exclama Archie en frappant le cheval sur le museau.

  — Laisse mon cheval tranquille ! protesta Bearclaw.

  — Il va nous faire tuer ! grinça Archie. Grouille-toi d'attacher le gars et foutons le camp !

  — Donne-moi un coup de main, morveux !

  Des cris montaient du camp des bandits.

  Archie et Bearclaw poussèrent Carson pour le coucher sur l'encolure du cheval. Puis ils l'attachèrent au pommeau. Le lasso cingla ses reins, là où les clous s'étaient enfoncés, et il se mordit les lèvres pour ne pas crier de douleur.

  Ils sortirent au trot des broussailles et rejoignirent la piste. Le jour se levait et Carson put les voir tous les deux avec netteté. Ils étaient sales, pas rasés, et leur attitude laissait entendre qu'ils auraient préféré se trouver ailleurs. Ils regardèrent Carson avec irritation.

  Le soleil monta rapidement de l'horizon comme un énorme ballon rouge.

  — Bon Dieu, jura Archie, filons !

  Il passa le premier, en tenant les rênes du cheval de Carson, et s'élança au galop sur la piste. Bearclaw suivit, sa carabine à la main. Derrière eux, les Mexicains s'étaient mis à hurler. Les trois chevaux foncèrent à toute allure sur le Rio Grande qui se trouvait à une huitaine de kilomètres de là. Le bruit se précisait ; un martèlement de sabots se mêlait aux cris.

  Carson savait que son poids mort sur l'encolure ralentissait son cheval. Archie ne cessait de jurer et de tirer sur les rênes, tandis que Bearclaw fouettait la croupe de la monture avec son lasso. Le bruit de sabots se rapprochait. Au bout d'un quart d'heure, les chevaux étaient couverts d'écume, mais ils n'étaient plus qu'à trois cents mètres du fleuve. Les Mexicains, qui gagnaient du terrain, se trouvaient à peu près à la même distance d'eux.

  Soudain, le cheval de Bearclaw fit un écart. Il avait reçu une balle dans la croupe. Dans un effort désespéré, Bearclaw réussit à le maîtriser, et le força à avancer, tout en se retournant pour tirer. Les poursuivants se dispersèrent, mais le cheval, fou de douleur, se cabra et Bearclaw fut désarçonné. Il tomba les quatre fers en l'air.

  Ils entendaient maintenant les cris de triomphe des Mexicains.

  Mais le fleuve était là, à cent pas. Bearclaw s'accrocha à l’étrier d'Archie et se laissa traîner à grands bonds jusqu'au fleuve. Les chevaux plongèrent et se mirent à nager. Le courant les entraînait vers l'aval mais ils réussirent à gagner l'autre rive. Ils étaient presque arrivés quand le premier des Mexicains apparut.

  Carson vit qu'ils n'avaient pas l'idée de sauter à terre et de se coucher pour viser ; ils tiraient au hasard, du haut de leurs montures énervées. D'autres arrivèrent.

  Une minute plus tard, les chevaux des Texans escaladaient l'autre berge. La fusillade cessa.

  Carson entendit la voix familière crier :

  — Oye, Tejano !

  Archie le détacha. Il se redressa sur sa selle. De l'autre côté du fleuve, le général le regardait, un poing sur la hanche, sa carabine dans l'autre main. Carson avait le vertige et la nausée ; il se cramponna des deux mains au pommeau et se retourna face au Mexique.

  — Que quieres ? demanda-t-il. Le général lui fit signe de venir.

  — Al frente, amigo ! Vamos hablar un poquito. Estamos amigos, Tejano !

  Carson secoua la tête, trop faible pour répondre.

  — No ? insista le général. Que làstima !

  Il se tourna vers ses hommes et leur dit que le Texan repoussait son hospitalité. Ils éclatèrent de rire.

  — Adios ! cria-t-il à Carson.

  — Dis-lui que c'est pas adios mais hasta la vista, chuchota Carson.

  — Dis-lui toi-même, répliqua Archie.

  Carson se redressa péniblement. Il était sûr que sa voix ne porterait pas au-delà du fleuve. Tout le paysage se fondait dans une brume rouge. Il se demandait quelle était parmi les silhouettes confuses celle du général.

  Il leva le majeur de sa main droite en un geste d'ironie obscène.

  Le général éclata de rire, ôta son sombrero, salua avec une politesse exagérée, puis il agita le bras et toute la troupe s'éloigna au grand galop.

  XIV

  Carson rouvrit les yeux. Il avait perdu et repris connaissance plusieurs fois. Il s'aperçut qu'il n'était plus attaché sur un cheval, et aussi qu'il n'avait plus soif ; puis il sombra de nouveau dans l'inconscience sans savoir qu'une vieille Mexicaine avait placé dans un coin de sa bouche un chiffon imprégné d'eau.

  Il se réveilla encore une fois. Il était couché à plat ventre sur un matelas de jute bourré de barbe de maïs. C'était le soir. Il était nu. La vieille femme étalait un liquide frais et calmant sur ses épaules et ses reins meurtris. Son œil gauche était toujours douloureux mais la brume rouge semblait s'être dissipée.

  — Ça va mieux ? demanda une voix.

  Carson se tourna vers la gauche et aperçut une masse sombre.

  — Oui, souffla-t-il.

  — Ça en a l'air, dit Bearclaw. Jusqu'ici, chaque fois que j'ai voulu vous parler, vous tourniez de l'œil. Si vous devez recommencer, prévenez-moi tout de suite, que je cause pas pour rien.

  — Je me sens très bien.

  — Bon. Alors voilà. On est venu vous chercher pour une seule raison... King Fisher aurait eu notre peau si on l'avait pas fait. Moi, je me fous pas mal de ce qu'ils vous ont fait. Probable que vous le méritiez. Et Archie, c'est pareil. Pas vrai, Archie ?

  Archie acquiesça d'un grognement. Carson ne broncha pas.

  — On s'est dit comme ça, reprit Bearclaw, que si Bond avait possédé un vieux renard comme vous, il pourrait nous dérouiller sans se fatiguer. Et on aurait même pas le temps de savoir ce qui nous tombe dessus que ce vieux King Fisher se retrouverait le cul sur un tonneau de crotales avec nous dedans.

  — Où sommes-nous ?

  — Sais pas. On vous a regardé quand on vous a détaché et on s'est arrêté dans le premier bled venu. On leur a dit comme ça que vous aviez été désarçonné dans le noir par une branche basse et que le cheval vous avait traîné. Et qu'on vous avait trouvé comme ça.

  — Et ça, comment vous l'avez expliqué ? demanda Carson en levant ses poignets enflés.

  — Elle a rien demandé, on n'a rien dit, sauf qu'on la paierait bien. Tiens, voilà son vieux qui rapplique.

  Un vieux Mexicain attachait son burro à une branche d'arbre
, devant la hutte de pisé. Il leur adressa un regard pénétrant.

  — On Tl’a envoyé chercher des remèdes au village, dit Bearclaw.

  — Comment savez-vous qu'il ne parlera pas ?

  — On sait pas, dit Archie, mais on a de la chance. Ce général est passé par ici l'année dernière ; il lui a tué toutes ses chèvres et il les a fait rôtir, puis il a tué son neveu qui voulait le faire payer. Alors, j'y ai dit qu'on était là pour combattre le général et on est copains. Et puis, on est au sommet d'une petite colline ici, et les moutons du vieux ont brouté toute l'herbe à ras, que c'est comme un billard, alors personne peut venir nous surprendre.

  Carson approuva d'un hochement de tête et regarda la vieille préparer les onguents que son mari venait d'apporter.

  — Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? demanda Archie.

  — Rester ici un jour ou deux, pour me donner le temps de récupérer. En attendant, on va essayer de savoir ce que ces gens ont dans la tête.

  Il se tourna vers le vieillard et demanda poliment:

  — Comment vous appelez-vous, senor ?

  — Sebastiano Valdez, a sus ordenes.

  — Tomàs Carson, dit Carson en baissant la tête comme pour s'incliner. Le vieux sourit, flatté.

  — Archie, va chercher mes fontes.

  Archie obéit sans protester. Carson fouilla dans un des sacs et en tira une pièce d'or de vingt dollars. Il la donna au vieux, qui la tint dans sa main brune et calleuse en la contemplant avec respect. Sans doute n'en avait-il jamais vu, pensa Carson. Il en prit deux autres, les lui montra, et les remit dans le sac.

  — Une pour aujourd'hui. Une autre pour chaque jour qu'on restera ici.

  — Soixante dollars ! s'exclama Bearclaw. C'est ce que je gagne en un mois !

  — Lui, il va vraiment les gagner, répliqua Carson.

  Archie pouffa de rire.

  Carson expliqua qu’il paierait généreusement des renseignements précis. Si les renseignements donnés étaient faux, il n'aurait pas besoin de franchir le fleuve, comme le général, pour manifester son mécontentement. Le vieux Valdez était assis, ses mains noueuses sur les genoux. Il hocha tranquillement la tête.

 

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