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Complete Works of Gustave Flaubert

Page 234

by Gustave Flaubert


  Quelqu’un lui objecta qu’il allait loin.

  — “Oui ! je vais loin ! Mais, quand un vaisseau est surpris par la tempête…”

  Sans attendre la fin de la comparaison, un autre lui répondit :

  — “D’accord ! mais c’est démolir d’un seul coup, comme un maçon sans discernement…”

  — “Vous insultez les maçons !” hurla un citoyen couvert de plâtre ; et, s’obstinant à croire qu’on l’avait provoqué, il vomit des injures, voulait se battre, se cramponnait à son banc. Trois hommes ne furent pas de trop pour le mettre dehors.

  Cependant, l’ouvrier se tenait toujours à la tribune. Les deux secrétaires l’avertirent d’en descendre. Il protesta contre le passe-droit qu’on lui faisait.

  — “Vous ne m’empêcherez pas de crier : amour éternel à notre chère France ! amour éternel aussi à la République !”

  — “Citoyens !” dit alors Compain, “citoyens !”

  Et, à force de répéter : “Citoyens”, ayant obtenu un peu de silence, il appuya sur la tribune ses deux mains rouges, pareilles à des moignons, se porta le corps en avant, et, clignant des yeux :

  — “Je crois qu’il faudrait donner une plus large extension à la tête de veau.”

  Tous se taisaient, croyant avoir mal entendu.

  — “Oui ! la tête de veau !”

  Trois cents rires éclatèrent d’un seul coup. Le plafond trembla. Devant toutes ces faces bouleversées par la joie, Compain se reculait. Il reprit d’un ton furieux :

  — “Comment ! vous ne connaissez pas la tête de veau”

  Ce fut un paroxysme, un délire. On se pressait les côtes. Quelques-uns même tombaient par terre, sous les bancs. Compain n’y tenant plus, se réfugia près de Regimbart et il voulait l’entraîner.

  — “Non ! je reste jusqu’au bout !” dit le Citoyen.

  Cette réponse détermina Frédéric ; et, comme il cherchait de droite et de gauche ses amis pour le soutenir, il aperçut, devant lui, Pellerin à la tribune. L’artiste le prit de haut avec la foule.

  — “Je voudrais savoir un peu où est le candidat de l’Art dans tout cela ? Moi, j’ai fait un tableau…”

  — “Nous n’avons que faire des tableaux !” dit brutalement un homme maigre, ayant des plaques rouges aux pommettes.

  Pellerin se récria qu’on l’interrompait.

  Mais l’autre, d’un ton tragique :

  — “Est-ce que le Gouvernement n’aurait pas dû déjà abolir, par un décret, la prostitution et la misère ?”

  Et, cette parole lui ayant livré tout de suite la faveur du peuple, il tonna contre la corruption des grandes villes.

  — " Honte et infamie ! On devrait happer les bourgeois au sortir de la Maison d’or et leur cracher à la figure ! Au moins, si le Gouvernement ne favorisait pas la débauche ! Mais les employés de l’octroi sont envers nos filles et nos sœurs d’une indécence…

  Une voix proféra de loin :

  — “C’est rigolo !”

  — “A la porte !”

  — “On tire de nous des contributions pour solder le libertinage ! Ainsi, les forts appointements d’acteur…”

  — “A moi !” s’écria Delmar.

  Il bondit à la tribune, écarta tout le monde, prit sa pose ; et, déclarant qu’il méprisait d’aussi plates accusations, s’étendit sur la mission civilisatrice du comédien. Puisque le théâtre était le foyer de l’instruction nationale, il votait pour la réforme du théâtre ; et, d’abord, plus de directions, plus de privilèges !

  — “Oui ! d’aucune sorte !”

  Le jeu de l’acteur échauffait la multitude, et des motions subversives se croisaient.

  — “Plus d’académies ! plus d’Institut”

  — “Plus de missions !”

  — “Plus de baccalauréat !”

  — “A bas les grades universitaires !”

  — “Conservons-les”, dit Sénécal, “mais qu’ils soient conférés par le suffrage universel, par le Peuple, seul vrai juge !”

  Le plus utile, d’ailleurs, n’était pas cela. Il fallait d’abord passer le niveau sur la tête des riches ! Et il les représenta se gorgeant de crimes sous leurs plafonds dorés, tandis que les pauvres, se tordant de faim dans leurs galetas, cultivaient toutes les vertus. Les applaudissements devinrent si forts, qu’il s’interrompit. Pendant quelques minutes, il resta les paupières closes, la tête renversée et comme se berçant sur cette colère qu’il soulevait.

  Puis, il se remit à parler d’une façon dogmatique, en phrases impérieuses comme des lois. L’Etat devait s’emparer de la Banque et des Assurances. Les héritages seraient abolis. On établirait un fond social pour les travailleurs. Bien d’autres mesures étaient bonnes dans l’avenir. Celles-là, pour le moment, suffisaient ; et, revenant aux élections :

  — “Il nous faut des citoyens purs, des hommes entièrement neufs ! Quelqu’un se présente-t-il ?”

  Frédéric se leva. Il y eut un bourdonnement d’approbation causé par ses amis. Mais Sénécal, prenant une figure à la Fouquier-Tinville, se mit à l’interroger sur ses nom, prénoms, antécédents, vie et mœurs.

  Frédéric lui répondait sommairement et se mordait les lèvres. Sénécal demanda si quelqu’un voyait un empêchement à cette candidature.

  — “Non ! non !”

  Mais lui, il en voyait. Tous se penchèrent et tendirent les oreilles. Le citoyen postulant n’avait pas livré une certaine somme promise pour une fondation démocratique, un journal. De plus, le 22 février, bien que suffisamment averti, il avait manqué au rendez-vous, place du Panthéon.

  — “Je jure qu’il était aux Tuileries !” s’écria Dussardier.

  — “Pouvez-vous jurer l’avoir vu au Panthéon ?” Dussardier baissa la tête. Frédéric se taisait ; ses amis scandalisés le regardaient avec inquiétude.

  — “Au moins”, reprit Sénécal, “connaissez-vous un patriote qui nous réponde de vos principes ?”

  — “Moi !” dit Dussardier.

  — “Oh ! cela ne suffit pas ! un autre !”

  Frédéric se tourna vers Pellerin. L’artiste lui répondit par une abondance de gestes qui signifiait :

  — “Ah ! mon cher, ils m’ont repoussé ! Diable ! que voulez-vous !”

  Alors, Frédéric poussa du coude Regimbart.

  — “Oui ! c’est vrai ! il est temps ! j’y vais !”

  Et Regimbart enjamba l’estrade ; puis, montrant l’Espagnol qui l’avait suivi :

  — “Permettez-moi, citoyens, de vous présenter un patriote de Barcelone.”

  Le patriote fit un grand salut, roula comme un automate ses yeux d’argent, et, la main sur le cœur :

  — “Ciudadanos ! mucho aprecio el honor que me dispensáis, y si grande es vuestra bondad mayor es vuestro atención.”

  — “Je réclame la parole !” cria Frédéric.

  — “Desde que se proclamó la constitución de Cadiz, ese pacto fondamental de las libertades españolas, hasta la última revolución, nuestra patria cuenta numerosos y heroicos mártires.”

  Frédéric encore une fois voulut se faire entendre :

  — “Mais citoyens !…”

  L’Espagnol continuait :

  — “El martes próximo tendrá lugar en la iglesia de la Magdelena un servicio fúnebre.”

  — “C’est absurde à la fin ! personne ne comprend !”

  Cette observation exaspéra la foule.

  — “A la porte ! à la porte !”

  — “Qui ? moi ?” demanda Frédéric.

  — “Vous-même !” dit majestueusement Sénécal.

  — “Sortez !”

  Il se leva pour sortir ; et la voix de libérien le poursuivait :

  — “Y todos los españoles desearían ver allí reunidas las deputaciones de los clubs y de la milicia nacional. Una oración fúnebre en honor de la libertad española y del mundo entero, serà pronunciada por un miembro del clero de Paris en la sala Bonne-Nouvelle. Honor al pueblo francés, que llamaría yo el primero p
ueblo del mundo, si no fuese ciudadano de otra nación”

  — “Aristo !” glapit un voyou, en montrant le poing à Frédéric, qui s’élançait dans la cour, indigné.

  Il se reprocha son dévouement, sans réfléchir que les accusations portées contre lui étaient justes, après tout. Quelle fatale idée que cette candidature ! Mais quels ânes, quels crétins ! Il se comparait à ces hommes, et soulageait avec leur sottise la blessure de son orgueil. Puis il éprouva le besoin de voir Rosanette. Après tant de laideurs et d’emphase, sa gentille personne serait un délassement. Elle savait qu’il avait dû, le soir, se présenter dans un club. Cependant, lorsqu’il entra, elle ne lui fit pas même une question.

  Elle se tenait près du feu, décousant la doublure d’une robe. Un pareil ouvrage le surprit.

  — “Tiens ? qu’est-ce que tu fais ?”

  — “Tu le vois”, dit-elle sèchement. “Je raccommode mes hardes ! C’est ta République.”

  — “Pourquoi ma République ?”

  — “C’est la mienne, peut-être ?”

  Et elle se mit à lui reprocher tout ce qui se passait en France depuis deux mois, l’accusant d’avoir fait la révolution, d’être cause qu’on était ruiné, que les gens riches abandonnaient Paris, et qu’elle mourrait plus tard à l’hôpital.

  — “Tu en parles à ton aise, toi, avec tes rentes ! Du reste, au train dont ça va, tu ne les auras pas longtemps, tes rentes.”

  — “Cela se peut”, dit Frédéric, “les plus dévoués sont toujours méconnus ; et, si l’on n’avait pour soi sa conscience, les brutes avec qui l’on se compromet vous dégoûteraient de l’abnégation !”

  Rosanette le regarda, les cils rapprochés.

  — “Hein ? Quoi ? Quelle abnégation ? Monsieur n’a pas réussi, à ce qu’il paraît ? Tant mieux ! ça t’apprendra à faire des dons patriotiques. Oh ! ne mens pas ! Je sais que tu leur as donné trois cents francs, car elle se fait entretenir, ta République ! Eh bien, amuse-toi avec elle, mon bonhomme !”

  Sous cette avalanche de sottises, Frédéric passait de son autre désappointement à une déception plus lourde.

  Il s’était retiré au fond de la chambre. Elle vint à lui.

  — “Voyons ! raisonne un peu ! Dans un pays comme dans une maison, il faut un maître ; autrement, chacun fait danser l’anse du panier. D’abord, tout le monde sait que Ledru-Rollin est couvert de dettes ! Quant à Lamartine, comment veux-tu qu’un poète s’entende à la politique ? Ah ! tu as beau hocher la tête et te croire plus d’esprit que les autres, c’est pourtant vrai ! Mais tu ergotes toujours ; on ne peut pas placer un mot avec toi ! Voilà par exemple Fournier-Fontaine, des magasins de Saint-Roch : sais-tu de combien il manque ? De huit cent mille francs ! Et Gomer, l’emballeur d’en face, un autre républicain celui-là, il cassait les pincettes sur la tête de sa femme, et il a bu tant d’absinthe, qu’on va le mettre dans une maison de santé. C’est comme ça qu’ils sont tous, les républicains ! Une République à vingt-cinq pour cent ! Ah oui ! vante-toi !”

  Frédéric s’en alla. L’ineptie de cette fille, se dévoilant tout à coup dans un langage populacier, le dégoûtait. Il se sentit même un peu redevenu patriote.

  La mauvaise humeur de Rosanette ne fit que s’accroître. Mlle Vatnaz l’irritait par son enthousiasme. Se croyant une mission, elle avait la rage de pérorer, de catéchiser, et, plus forte que son amie dans ces matières, l’accablait d’arguments.

  Un jour, elle arriva tout indignée contre Hussonnet, qui venait de se permettre des polissonneries, au club des femmes. Rosanette approuva cette conduite, déclarant même qu’elle prendrait des habits d’homme pour aller “leur dire leur fait, à toutes, et les fouetter” . Frédéric entrait au même moment.

  — “Tu m’accompagneras, n’est-ce pas ?”

  Et, malgré sa présence, elles se chamaillèrent, l’une faisant la bourgeoise, l’autre la philosophe.

  Les femmes, selon Rosanette, étaient nées exclusivement pour l’amour ou pour élever des enfants, pour tenir un ménage.

  D’après Mlle Vatnaz, la femme devait avoir sa place dans l’Etat. Autrefois, les Gauloises légiféraient, les Anglo-Saxonnes aussi, les épouses des Hurons faisaient partie du Conseil. L’œuvre civilisatrice était commune. Il fallait toutes y concourir, et substituer enfin à l’égoïsme la fraternité, à l’individualisme l’association, au morcellement la grande culture.

  — “Allons, bon ! tu te connais en culture, à présent” Pourquoi pas ? D’ailleurs, il s’agit de l’humanité, de son avenir ! "

  — “Mêle-toi du tien !”

  — “Ça me regarde !”

  Elles se fâchaient. Frédéric s’interposa. La Vatnaz s’échauffait, et arriva même à soutenir le Communisme.

  — “Quelle bêtise !” dit Rosanette. “Est-ce que jamais ça pourra se faire ?”

  L’autre cita en preuve les Esséniens, les frères Moraves, les Jésuites du Paraguay, la famille des Pingons, près de Thiers en Auvergne ; et, comme elle gesticulait beaucoup, sa chaîne de montre se prit dans son paquet de breloques, à un petit mouton d’or suspendu.

  Tout à coup, Rosanette pâlit extraordinairement. Mlle Vatnaz continuait à dégager son bibelot. — “Ne te donne pas tant de mal”, dit Rosanette “maintenant, je connais tes opinions politiques.”

  — “Quoi ?” reprit la Vatnaz, devenue rouge comme une vierge.

  — “Oh ! oh ! tu me comprends !”

  Frédéric ne comprenait pas. Entre elles, évidemment, il était survenu quelque chose de plus capital et de plus intime que le socialisme.

  — “Et quand cela serait”, répliqua la Vatnaz, se redressant intrépidement.

  — “C’est un emprunt, ma chère, dette pour dette !”

  — “Parbleu, je ne nie pas les miennes ! Pour quelques mille francs, belle histoire ! J’emprunte au moins ; je ne vole personne !”

  Mlle Vatnaz s’efforça de rire.

  — “Oh ! j’en mettrais ma main au feu.”

  — “Prends garde ! Elle est assez sèche pour brûler.”

  La vieille fille lui présenta sa main droite, et, la gardant levée juste en face d’elle :

  — “Mais il y a de tes amis qui la trouvent à leur convenance !”

  — “Des Andalous, alors ? comme castagnettes !”

  — “Gueuse !”

  La Maréchale fit un grand salut.

  — “On n’est pas plus ravissante !”

  Mlle Vatnaz ne répondit rien. Des gouttes de sueur parurent à ses tempes. Ses yeux se fixaient sur le tapis.

  Elle haletait. Enfin, elle gagna la porte, et, la faisant claquer vigoureusement :

  — “Bonsoir ! Vous aurez de mes nouvelles !”

  — “A l’avantage !” dit Rosanette.

  Sa contrainte l’avait brisée. Elle tomba sur le divan, toute tremblante, balbutiant des injures, versant des larmes. Etait-ce cette menace de la Vatnaz qui la tourmentait ? Eh non ! elle s’en moquait bien ! A tout compter, l’autre lui devait de l’argent, peut-être ? C’était le mouton d’or, un cadeau ; et, au milieu de ses pleurs, le nom de Delmar lui échappa. Donc, elle aimait le cabotin !

  — “Alors, pourquoi m’a-t-elle pris ?” se demanda Frédéric. “D’où vient qu’il est revenu ? Qui la force à me garder ? Quel est le sens de tout cela ?”

  Les petits sanglots de Rosanette continuaient. Elle était toujours au bord du divan, étendue de côté, la joue droite sur ses deux mains, — et semblait un être si délicat, inconscient et endolori, qu’il se rapprocha d’elle, et la baisa au front, doucement.

  Alors, elle lui fit des assurances de tendresse ; le Prince venait de partir, ils seraient libres. Mais elle se trouvait pour le moment… gênée. “Tu l’as vu toi-même l’autre jour, quand j’utilisais mes vieilles doublures.” Plus d’équipages à présent ! Et ce n’était pas tout ; le tapissier menaçait de reprendre les meubles de la chambre et du grand salon. Elle ne savait que faire.

  Frédéric eut envie de répondre : “Ne t’inquiète pas ! je pay
erai !” Mais la dame pouvait mentir. L’expérience l’avait instruit. Il se borna simplement à des consolations.

  Les craintes de Rosanette n’étaient pas vaines ; il fallut rendre les meubles et quitter le bel appartement de la rue Drouot. Elle en prit un autre, sur le boulevard Poissonnière, au quatrième. Les curiosités de son ancien boudoir furent suffisantes pour donner aux trois pièces un air coquet. On eut des stores chinois, une tente sur la terrasse, dans le salon un tapis de hasard encore tout neuf, avec des poufs de soie rose. Frédéric avait contribué largement à ces acquisitions ; il éprouvait la joie d’un nouveau marié qui possède enfin une maison à lui, une femme à lui ; et, se plaisant là beaucoup, il venait y coucher presque tous les soirs.

  Un matin, comme il sortait de l’antichambre, il aperçut au troisième étage, dans l’escalier, le shako d’un garde national qui montait. Où allait-il donc ? Frédéric attendit. L’homme montait toujours, la tête un peu baissée : il leva les yeux. C’était le sieur Arnoux. La situation était claire. Ils rougirent en même temps, saisis par le même embarras.

  Arnoux, le premier, trouva moyen d’en sortir.

  — “Elle va mieux, n’est-il pas vrai ?” comme si, Rosanette étant malade, il se fût présenté pour avoir de ses nouvelles.

  Frédéric profita de cette ouverture.

  — “Oui, certainement ! Sa bonne me l’a dit, du moins”, voulant faire entendre qu’on ne l’avait pas reçu.

  Puis ils restèrent face à face, irrésolus l’un et l’autre, et s’observant. C’était à qui des deux ne s’en irait pas. Arnoux, encore une fois, trancha la question.

  — “Ah ! bah ! je reviendrai plus tard ! Où vouliez-vous aller ? Je vous accompagne !”

  Et, quand ils furent dans la rue, il causa aussi naturellement que d’habitude. Sans doute, il n’avait point le caractère jaloux, ou bien il était trop bonhomme pour se fâcher.

  D’ailleurs, la patrie le préoccupait. Maintenant il ne quittait plus l’uniforme. Le 29 mars, il avait défendu les bureaux de la Presse. Quand on envahit la Chambre il se signala par son courage, et il fut du banquet offert à la garde nationale d’Amiens.

  Hussonnet, toujours de service avec lui, profitait, plus que personne, de sa gourde et de ses cigares ; mais, irrévérencieux par nature, il se plaisait à le contredire, dénigrant le style peu correct des décrets, les conférences du Luxembourg, les vésuviennes, les tyroliens, tout, jusqu’au char de l’Agriculture, traîné par des chevaux à la place de bœufs et escorté de jeunes filles laides. Arnoux, au contraire, défendait le Pouvoir et rêvait la fusion des partis. Cependant, ses affaires prenaient une tournure mauvaise. Il s’en inquiétait médiocrement.

 

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