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Complete Works of Gustave Flaubert

Page 283

by Gustave Flaubert


  — Eh ! eh ! moi, je ne dis pas ça ! et il offrit son bras pour revenir dans l'autre chambre. Faites attention aux marches. Très bien ! Maintenant, observez le vitrail.

  On y distinguait un manteau d'écarlate et les deux ailes d'un ange — tout le reste se perdant sous les plombs qui tenaient en équilibre les nombreuses cassures du verre. Le jour diminuait ; des ombres s'allongeaient ; Mme Bordin était devenue sérieuse.

  Bouvard s'éloigna, et reparut, affublé d'une couverture de laine, puis s'agenouilla devant le prie-Dieu, les coudes en dehors, la face dans les mains, la lueur du soleil tombant sur sa calvitie ; — et il avait conscience de cet effet, car il dit : — Est-ce que je n'ai pas l'air d'un moine du moyen âge ? Ensuite, il leva le front obliquement, les yeux noyés, faisant prendre à sa figure une expression mystique.

  On entendit dans le corridor la voix grave de Pécuchet :

  — N'aie pas peur ! c'est moi !

  Et il entra, la tête complètement recouverte d'un casque — un pot de fer à oreillons pointus.

  Bouvard ne quitta pas le prie-Dieu. Les deux autres restaient debout.

  Une minute se passa dans l'ébahissement.

  Mme Bordin parut un peu froide à Pécuchet. Cependant, il voulut savoir si on lui avait tout montré.

  — Il me semble ? et désignant la muraille : Ah ! pardon ! nous aurons ici un objet que l'on restaure en ce moment.

  La veuve et Marescot se retirèrent.

  Les deux amis avaient imaginé de feindre une concurrence. Ils allaient en courses l'un sans l'autre, le second faisant des offres supérieures à celles du premier. Pécuchet ainsi venait d'obtenir le casque.

  Bouvard l'en félicita et reçut des éloges à propos de la couverture.

  Mélie avec des cordons, l'arrangea en manière de froc. Ils la mettaient à tour de rôle, pour recevoir les visites.

  Ils eurent celles de Girbal, de Foureau, du capitaine Heurtaux, puis de personnes inférieures, Langlois, Beljambe, leurs fermiers, jusqu'aux servantes des voisins ; — et chaque fois, ils recommençaient leurs explications, montraient la place où serait le bahut, affectaient de la modestie, réclamaient de l'indulgence pour l'encombrement.

  Pécuchet, ces jours-là, portait le bonnet de zouave qu'il avait autrefois à Paris, l'estimant plus en rapport avec le milieu artistique. À un certain moment, il se coiffait du casque, et le penchait sur la nuque, afin de dégager son visage. Bouvard n'oubliait pas la manoeuvre de la hallebarde ; enfin, d'un coup d'oeil ils se demandaient si le visiteur méritait que l'on fît le moine du moyen âge.

  Quelle émotion quand s'arrêta devant leur grille, la voiture de M. de

  Faverges ! Il n'avait qu'un mot à dire. Voici la chose.

  Hurel, son homme d'affaires, lui avait appris que cherchant partout des documents ils avaient acheté de vieux papiers à la ferme de la Aubrye.

  Rien de plus vrai.

  N'y avaient-ils pas découvert, des lettres du baron de Gonneval, ancien aide de camp du duc d'Angoulême, et qui avait séjourné à la Aubrye ? On désirait cette correspondance, pour des intérêts de famille.

  Elle n'était pas chez eux. Mais ils détenaient une chose qui l'intéressait s'il daignait les suivre, jusqu'à leur bibliothèque.

  Jamais pareilles bottes vernies n'avaient craqué dans le corridor. Elles se heurtèrent contre le sarcophage. Il faillit même écraser plusieurs tuiles, tourna le fauteuil, descendit deux marches — et parvenus dans la seconde chambre, ils lui firent voir sous le baldaquin, devant le saint Pierre, le pot à beurre, exécuté à Noron.

  Bouvard et Pécuchet avaient cru que la date, quelquefois, pouvait servir.

  Le gentilhomme par politesse inspecta leur musée. — Il répétait : Charmant, très bien ! tout en se donnant sur la bouche de petits coups avec le pommeau de sa badine, — pour sa part, il les remerciait d'avoir sauvé ces débris du moyen âge, époque de foi religieuse et de dévouements chevaleresques. Il aimait le progrès, — et se fût livré, comme eux, à ces études intéressantes. — Mais la Politique, le conseil général, l'Agriculture, un véritable tourbillon l'en détournait !

  — Après vous, toutefois, on n'aurait que des glanes ; car bientôt, vous aurez pris toutes les curiosités du département.

  — Sans amour-propre, nous le pensons dit Pécuchet.

  Et cependant, on pouvait en découvrir encore à Chavignolles, par exemple, il y avait contre le mur du cimetière dans la ruelle, un bénitier, enfoui sous les herbes, depuis un temps immémorial.

  Ils furent heureux du renseignement, puis échangèrent un regard signifiant est-ce la peine ? mais déjà le Comte ouvrait la porte.

  Mélie, qui se trouvait derrière, s'enfuit brusquement.

  Comme il passait dans la cour, il remarqua Gorju, en train de fumer sa pipe, les bras croisés.

  — Vous employez ce garçon ! Hum ! un jour d'émeute je ne m'y fierais pas.

  Et M. de Faverges remonta dans son tilbury.

  Pourquoi leur bonne semblait-elle en avoir peur ?

  Ils la questionnèrent ; et elle conta qu'elle avait servi dans sa ferme. C'était cette petite fille qui versait à boire aux moissonneuses quand ils étaient venus. Deux ans plus tard, on l'avait prise comme aide, au château — et renvoyée par suite de faux rapports.

  Pour Gorju, que lui reprocher ? Il était fort habile, et leur marquait infiniment de considération.

  Le lendemain, dès l'aube, ils se rendirent au cimetière.

  Bouvard, avec sa canne, tâta à la place indiquée. Un corps dur sonna. Ils arrachèrent quelques orties, et découvrirent une cuvette en grès, un font baptismal où des plantes poussaient.

  On n'a pas coutume cependant d'enfouir les fonts baptismaux hors des églises.

  Pécuchet en fit un dessin, Bouvard la description ; et ils envoyèrent le tout à Larsonneur.

  Sa réponse fut immédiate.

  — Victoire, mes chers confrères ! Incontestablement, c'est une cuve druidique !

  Toutefois qu'ils y prissent garde ! La hache était douteuse. — Et autant pour lui que pour eux-mêmes il leur indiquait une série d'ouvrages à consulter.

  Larsonneur confessait en post-scriptum, son envie de connaître cette cuve — ce qui aurait lieu, à quelque jour, quand il ferait le voyage de la Bretagne.

  Alors Bouvard et Pécuchet se plongèrent dans l'archéologie celtique. D'après cette science, les anciens Gaulois, nos aïeux, adoraient Kirk et Kron, Taranis, Ésus, Nétalemnia, le Ciel et la Terre, le Vent, les Eaux, — et, par-dessus tout, le grand Teutatès, qui est le Saturne des Païens. — Car Saturne, quand il régnait en Phénicie épousa une nymphe nommée Anobret, dont il eut un enfant appelé Jeüd — et Anobret a les traits de Sara, Jeüd fut sacrifié (ou près de l'être) comme Isaac ; — donc, Saturne est Abraham, d'où il faut conclure que la religion des Gaulois avait les mêmes principes que celle des Juifs.

  Leur société était fort bien organisée. La première classe de personnes comprenait le peuple, la noblesse et le roi, la deuxième les jurisconsultes, — et dans la troisième, la plus haute, se rangeaient, suivant Taillepied, les diverses manières de philosophes c'est-à-dire les Druides ou Saronides, eux-mêmes divisés en Eubages, Bardes et Vates.

  Les uns prophétisaient, les autres chantaient, d'autres enseignaient la Botanique, la Médecine, l'Histoire et la Littérature, bref tous les arts de leur époque. Pythagore et Platon furent leurs élèves. Ils apprirent la métaphysique aux Grecs, la sorcellerie aux Persans, l'aruspicine aux Étrusques — et aux Romains, l'étamage du cuivre et le commerce des jambons.

  Mais de ce peuple, qui dominait l'ancien monde, il ne reste que des pierres, soit toutes seules, ou par groupes de trois, ou disposées en galeries, ou formant des enceintes.

  Bouvard et Pécuchet, pleins d'ardeur, étudièrent successivement la Pierre-du-Post à Ussy, la Pierre-Couplée au Guest, la Pierre du Jarier, près de Laigie — d'autres encore !

  Tous ces blocs, d'une égale insignifiance, les ennuyèrent promptement ; — et un jour qu'ils venaient de voir le menhir du
Passais, ils allaient s'en retourner, quand leur guide les mena dans un bois de hêtres, encombré par des masses de granit pareilles à des piédestaux, ou à de monstrueuses tortues.

  La plus considérable est creusée comme un bassin. Un des bords se relève — et du fond partent deux entailles qui descendent jusqu'à terre ; c'était pour l'écoulement du sang ; impossible d'en douter ! Le hasard ne fait pas de ces choses.

  Les racines des arbres s'entremêlaient à ces rocs abrupts. Un peu de pluie tombait ; au loin, les flocons de brume montaient, comme de grands fantômes. Il était facile d'imaginer sous les feuillages, les prêtres en tiare d'or et en robe blanche, avec leurs victimes humaines les bras attachés dans le dos — et sur le bord de la cuve la druidesse, observant le ruisseau rouge, pendant qu'autour d'elle, la foule hurlait, au tapage des cymbales et des buccins faits d'une corne d'auroch.

  Tout de suite, leur plan fut arrêté.

  Et une nuit, par un clair de lune, ils prirent le chemin du cimetière, marchant comme des voleurs, dans l'ombre des maisons. Les persiennes étaient closes, et les masures tranquilles ; pas un chien n'aboya. Gorju les accompagnait, ils se mirent à l'ouvrage. On n'entendait que le bruit des cailloux heurtés par la bêche, qui creusait le gazon. Le voisinage des morts leur était désagréable ; l'horloge de l'église poussait un râle continu, et la rosace de son tympan avait l'air d'un oeil épiant les sacrilèges.

  Enfin, ils emportèrent la cuve.

  Le lendemain, ils revinrent au cimetière pour voir les traces de l'opération.

  L'abbé, qui prenait le frais sur sa porte, les pria de lui faire l'honneur d'une visite ; et les ayant introduits dans sa petite salle, il les regarda singulièrement.

  Au milieu du dressoir, entre les assiettes, il y avait une soupière décorée de bouquets jaunes.

  Pécuchet la vanta, ne sachant que dire.

  — C'est un vieux Rouen reprit le curé, un meuble de famille. Les amateurs le considèrent, M. Marescot, surtout. Pour lui, grâce à Dieu il n'avait pas l'amour des curiosités ; — et comme ils semblaient ne pas comprendre, il déclara les avoir aperçus lui-même dérobant le font baptismal.

  Les deux archéologues furent très penauds, balbutièrent. L'objet en question n'était plus d'usage.

  N'importe ! ils devaient le rendre.

  Sans doute ! Mais au moins qu'on leur permît de faire venir un peintre pour le dessiner.

  — Soit, messieurs.

  — Entre nous, n'est-ce pas ? dit Bouvard sous le sceau de la confession !

  L'ecclésiastique, en souriant les rassura d'un geste.

  Ce n'était pas lui, qu'ils craignaient, mais plutôt Larsonneur. Quand il passerait par Chavignolles, il aurait envie de la cuve — et ses bavardages iraient jusqu'aux oreilles du gouvernement. Par prudence, ils la cachèrent dans le fournil, puis dans la tonnelle, dans la cahute, dans une armoire. Gorju était las de la trimbaler.

  La possession d'un tel morceau les attachait au celticisme de la

  Normandie.

  Ses origines sont égyptiennes. Séez, dans le département de l'Orne s'écrit parfois Saïs comme la ville du Delta. Les Gaulois juraient par le taureau, importation du boeuf Apis. Le nom latin de Bellocastes qui était celui des gens de Bayeux vient de Beli Casa, demeure, sanctuaire de Bélus. Bélus et Osiris même divinité. Rien ne s'oppose dit Mangon de la Lande à ce qu'il y ait eu, près de Bayeux, des monuments druidiques.

  — Ce pays, ajoute M. Roussel, ressemble au pays où les Égyptiens bâtirent le temple de Jupiter-Ammon. Donc, il y avait un temple et qui enfermait des richesses. Tous les monuments celtiques en renferment.

  En 1715, relate dom Martin, un sieur Héribel exhuma aux environs de Bayeux, plusieurs vases d'argile, pleins d'ossements — et conclut (d'après la tradition et des autorités évanouies) que cet endroit, une nécropole, était le mont Faunus, où l'on a enterré le Veau d'or.

  Cependant le Veau d'or fut brûlé et avalé ! — à moins que la Bible ne se trompe ?

  Premièrement, où est le mont Faunus ? Les auteurs ne l'indiquent pas. Les indigènes n'en savent rien. Il aurait fallu se livrer à des fouilles ; — et dans ce but, ils envoyèrent à M. le préfet, une pétition, qui n'eut pas de réponse.

  Peut-être que le mont Faunus a disparu, et que ce n'était pas une colline mais un tumulus ? Que signifiaient les tumulus ?

  Plusieurs contiennent des squelettes, ayant la position du foetus dans le sein de sa mère. Cela veut dire que le tombeau était pour eux comme une seconde gestation les préparant à une autre vie. Donc, le tumulus symbolise l'organe femelle, comme la pierre levée est l'organe mâle.

  En effet, où il y a des menhirs, un culte obscène a persisté. Témoin ce qui se faisait à Guérande, à Chichebouche, au Croisic, à Livarot. Anciennement, les bornes des routes et même les arbres avaient la signification de phallus — et pour Bouvard et Pécuchet tout devint phallus. Ils recueillirent des palonniers de voiture, des jambes de fauteuil, des verrous de cave, des pilons de pharmacien. Quand on venait les voir, ils demandaient : À qui trouvez-vous que cela ressemble ? puis, confiaient le mystère — et si l'on se récriait, ils levaient, de pitié, les épaules.

  Un soir, qu'ils rêvaient aux dogmes des druides, l'abbé se présenta, discrètement.

  Tout de suite, ils montrèrent le musée, en commençant par le vitrail, mais il leur tardait d'arriver à un compartiment nouveau, celui des Phallus. L'ecclésiastique les arrêta, jugeant l'exhibition indécente. Il venait réclamer son font baptismal.

  Bouvard et Pécuchet implorèrent quinze jours encore, le temps d'en prendre un moulage.

  — Le plus tôt sera le mieux dit l'abbé. Puis il causa de choses indifférentes.

  Pécuchet qui s'était absenté une minute, lui glissa dans la main un napoléon.

  Le prêtre fit un mouvement en arrière.

  — Ah ! pour vos pauvres !

  Et M. Jeufroy, en rougissant fourra la pièce d'or dans sa soutane.

  Rendre la cuve, la cuve aux sacrifices ? Jamais de la vie ! Ils voulaient même apprendre l'hébreu, qui est la langue mère du celtique, à moins qu'elle n'en dérive ? — et ils allaient faire le voyage de la Bretagne, — en commençant par Rennes où ils avaient un rendez-vous avec Larsonneur, pour étudier cette urne mentionnée dans les mémoires de l'Académie celtique et qui paraît avoir contenu les cendres de la reine Artémise — quand le maire entra, le chapeau sur la tête, sans façon, en homme grossier qu'il était.

  — Ce n'est pas tout ça, mes petits pères ! Il faut le rendre !

  — Quoi donc ?

  — Farceurs ! je sais bien que vous le cachez !

  On les avait trahis.

  Ils répliquèrent qu'ils le détenaient avec la permission de monsieur le curé.

  — Nous allons voir.

  Et Foureau s'éloigna.

  Il revint, une heure après.

  — Le curé dit que non ! Venez vous expliquer.

  Ils s'obstinèrent.

  D'abord on n'avait pas besoin de ce bénitier, — qui n'était pas un bénitier. Ils le prouveraient par une foule de raisons scientifiques. Puis, ils offrirent de reconnaître, dans leur testament, qu'il appartenait à la commune.

  Ils proposèrent même de l'acheter.

  — Et d'ailleurs, c'est mon bien ! répétait Pécuchet. Les vingt francs, acceptés par M. Jeufroy, étaient une preuve du contrat — et s'il fallait comparaître devant le juge de paix, tant pis, il ferait un faux serment !

  Pendant ces débats, il avait revu la soupière, plusieurs fois ; et dans son âme s'était développé le désir, la soif, le prurit de cette faïence. Si on voulait la lui donner, il remettrait la cuve. Autrement, non.

  Par fatigue ou peur du scandale, M. Jeufroy la céda.

  Elle fut mise dans leur collection, près du bonnet de Cauchoise. La cuve décora le porche de l'église ; et ils se consolèrent de ne plus l'avoir par cette idée que les gens de Chavignolles en ignoraient la valeur.

  Mais la soupière leur inspira le goût des faïences — nouveau sujet d'études et d
'explorations dans la campagne.

  C'était l'époque où les gens distingués recherchaient les vieux plats de Rouen. Le notaire en possédait quelques-uns, et tirait de là comme une réputation d'artiste, préjudiciable à son métier, mais qu'il rachetait par des côtés sérieux.

  Quand il sut que Bouvard et Pécuchet avaient acquis la soupière, il vint leur proposer un échange.

  Pécuchet s'y refusa.

  — N'en parlons plus ! et Marescot examina leur céramique.

  Toutes les pièces accrochées le long des murs étaient bleues sur un fond d'une blancheur malpropre ; — et quelques-unes étalaient leur corne d'abondance aux tons verts et rougeâtres, plats à barbe, assiettes et soucoupes, objets longtemps poursuivis et rapportés sur le coeur, dans le sinus de la redingote.

  Marescot en fit l'éloge, parla des autres faïences, de l'hispano-arabe, de la hollandaise, de l'anglaise, de l'italienne ; — et les ayant éblouis par son érudition : — Si je revoyais votre soupière ?

  Il la fit sonner d'un coup de doigt, puis contempla les deux S peints sous le couvercle.

  — La marque de Rouen ! dit Pécuchet.

  — Oh ! oh ! Rouen, à proprement parler, n'avait pas de marque. Quand on ignorait Moustiers toutes les faïences françaises étaient de Nevers. De même pour Rouen, aujourd'hui ! D'ailleurs on l'imite dans la perfection à Elbeuf !

  — Pas possible !

  — On imite bien les majoliques ! Votre pièce n'a aucune valeur — et j'allais faire, moi, une belle sottise !

  Quand le notaire eut disparu, Pécuchet s'affaissa dans le fauteuil, prostré !

  — Il ne fallait pas rendre la cuve dit Bouvard mais tu t'exaltes ! tu t'emportes toujours.

  — Oui ! je m'emporte et Pécuchet empoignant la soupière, la jeta loin de lui, contre le sarcophage.

  Bouvard plus calme, ramassa les morceaux, un à un ; — et, quelque temps après, eut cette idée :

  — Marescot par jalousie, pourrait bien s'être moqué de nous ?

  — Comment ?

  — Rien ne m'assure que la soupière ne soit pas authentique ? tandis que les autres pièces, qu'il a fait semblant d'admirer, sont fausses peut-être ?

 

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