Complete Works of Gustave Flaubert

Home > Fiction > Complete Works of Gustave Flaubert > Page 304
Complete Works of Gustave Flaubert Page 304

by Gustave Flaubert


  III

  Vers minuit, on vit débarquer une douzaine d’hommes sur la grève ; il y en avait un qui, couvert d’un masque noir, portait une longue dague et un riche cimeterre ; deux pistolets reluisaient à sa ceinture, et le clair de lune, qui venait frapper sur les canons, semblait lui faire deux étoiles à ses côtés. À l’aide d’une échelle de corde ils escaladèrent le grand mur des jardins du doge. Déjà l’homme au masque noir s’apprêtait à dresser son échelle pour monter sur la terrasse, quand une balle vint siffler à ses oreilles et renverser un de ses compagnons… Puis il y eut du sang, des cadavres, des cris, et Vanina fut enlevée.

  Quand ils furent loin en mer, quand ils ne virent plus les phares de Gênes, l’homme ôta son masque, et la jeune fille évanouie reprit ses sens.

  Elle pleura son père, ses esclaves, ses jardins où le soir elle aimait à contempler la mer, à entendre les vagues qui venaient mourir sur le rivage ; elle pleura son beau palais, ses bains de porphyre et ses cygnes du Gange.

  Pourtant chaque jour apportait moins d’ennuis, de regrets et de larmes, et un peu plus d’amour pour Ornano.

  Au bout d’un mois, le corsaire tint sa promesse ; avec quatre frégates il vint à l’improviste attaquer Gênes, Vanina était avec lui. L’entrée du port était fermée et ses bassins défendus ; deux bordées de canon suffirent et la palissade sauta.

  Alors il entra, mais il ne s’aperçut pas que derrière lui les trois autres navires n’avaient pu passer et qu’il se trouvait emprisonné dans un port qu’il avait forcé ; alors, écumant de rage, il jura sur sa tête qu’il tuerait de sa propre main quiconque parlerait de se rendre.

  Une minute auparavant un homme s’était jeté à la mer sur les ordres de Vanina.

  — Que lui as-tu ordonné ? demanda-t-il à Vanina.

  — Oh ! excuse-moi, pardon, Ornano ; mais je t’aimais et je lui ai ordonné d’aller demander grâce à mon père.

  — Une carabine ! s’écria aussitôt San Pietro furieux, une carabine pour qu’il n’aille pas jusqu’à terre.

  Mais on ne distinguait plus le marin perdu dans la fumée des canons. Ornano était resté pensif, la tête baissée sur sa poitrine ; son regard fixé sur Vanina était sinistre ; ses lèvres, pâles et tremblantes, semblaient se contracter d’un rire lugubre.

  Un homme aux armes du doge aborda le navire et demanda à parler à Ornano ; il lui remit un message qu’il ouvrit en tremblant.

  Vanina, appuyée sur son épaule, le parcourut avec avidité.

  — Ta grâce, dit-elle.

  Il pâlit, tourna sur elle un regard plein de pitié et d’amour, puis, s’adressant à l’envoyé :

  — Ce soir, vous saurez ma réponse !

  MATTEO FALCONE

  OU

  DEUX CERCUEILS POUR UN PROSCRIT.

  C’était en Corse, dans un grand champ, sur un tas de foin que, à moitié éveillé, Albano, couché sur le dos, caressait sa chatte et ses petits, tout en regardant les nuages qui passaient sur le fond d’azur et le soleil qui reluisait de son éclat de pourpre et dardait ses rayons sur la plaine bordée de coteaux.

  C’était un bel enfant qu’Albano : de longs cheveux tombaient en boucles sur ses épaules, à chaque sourire vous auriez dit une parole de joie, à chaque regard un éclair dans les yeux.

  Il entend des coups de fusil qui se succèdent, il se détourne en sursaut, et aussitôt un homme vient se jeter en courant sur le tas de foin ; ses cheveux étaient épars, ses vêtements étaient en lambeaux, la peau de son genou était déchirée, beaucoup de sang s’en écoulait, et l’on voyait à la trace de ses pas que là un proscrit avait passé.

  — Enfant, lui dit-il, cède-moi ta place. Oh ! je t’en prie ! que je me cache !

  Albano jouait toujours avec sa chatte.

  — Par grâce ! par pitié, oh ! cache-moi !

  — Que voulez-vous ?

  — Cache-moi !

  Et il lui jeta une pièce de monnaie qui, en tombant, affaissa le foin.

  Et le proscrit s’était mis sous la paille.

  Albano pour un moment avait abandonné son jouet, et prenant sa pièce à deux mains, couché sur le ventre, il la faisait sautiller en souriant.

  Au bout de cinq minutes, une douzaine de gardes l’entouraient. Un d’eux, qui marchait à leur tête et qui paraissait leur chef, s’approcha d’Albano et lui dit :

  — Enfant, n’as-tu pas vu un homme courir par ici ? il était blessé, avait les habits déchirés.

  — De qui voulez-vous parler ?

  — D’un homme que nous cherchons.

  — Du tout, je n’ai rien vu, si ce n’est une chèvre qui cherchait son maître ; encore marchait-elle à pas lents et je vous assure qu’elle était en fort bon état. Est-ce là votre affaire ?

  — Tu te moques de la justice, Albano.

  — Et pourquoi êtes-vous venus me réveiller ?

  — Il le fallait.

  — Allez à tous les diables !

  — Ah ! c’est ainsi que tu traites la justice du canton ? Tiens, misérable.

  Et il fit semblant de le mettre en joue.

  — Vous n’oseriez, dit l’enfant avec fermeté, car mon père me vengerait, et, voyez-vous, mon père c’est Matteo Falcone, le plus intrépide chasseur de Corse et le plus vigoureux lutteur du canton.

  Le prudent officier mit bas son arme et se tournant vers ses compagnons :

  — Allons, dit-il, il n’y a pas moyen d’en tirer quelque chose.

  Puis il se retourna vers Albano, et, lui présentant une montre, il ajouta :

  — Albano, si on te la donnait ?

  — Quoi ?

  — Voudrais-tu ? …

  Et l’enfant resta muet quelques instants, ballotté par l’envie d’avoir et un reste d’honneur qui lui surgissait alors plus fort et plus terrible, pour lui dire tout bas, mais avec puissance : Albano, tu es un lâche !

  — Si tu nous le montrais, continua l’officier.

  Albano lança un regard perçant sur le tas de foin, puis il prit la montre, et, la posant par terre, il la regarda luire aux rayons du soleil.

  En ce moment arriva Matteo Falcone, père d’Albano. Il s’informa de tout ce que c’était, ce que signifiaient ces cris et cette scène de sang.

  — Rien, lui dit-on, un prisonnier qui s’est enfui ; il s’était caché sous ce tas de foin et votre fils nous en a avertis… grâce à cette montre, dit l’officier en l’indiquant du doigt.

  Le fugitif fut tiré de dessous le tas de foin, ses genoux chancelaient, ses lèvres étaient pâles et ses yeux rouges de colère, ses mains palpitantes tâtonnaient à sa ceinture comme pour y chercher un poignard ; il n’y trouva qu’une plaie profonde et retira son poing tout ensanglanté.

  Promenant ses yeux autour de lui, il rencontra le regard de Matteo et lui dit :

  — C’est donc toi qui m’as livré ; va, tu es un lâche ! Sais-tu ce que j’ai fait, moi ? J’ai voulu venger une injure faite à ma fille ; j’ai frappé sur le prince, et son sang est retombé sur ma tête pour se mêler au mien. Adieu ! ils m’emmènent à l’échafaud ; adieu ! et l’on saura que Matteo est un traître !

  — Ah ! le roi sera content, dit tout bas l’officier ; votre fils nous a été d’une grande utilité.

  Le montagnard ne dit rien et mit une amorce à sa longue carabine.

  Le soir, le Corse dit à Albano de le suivre jusque derrière la colline.

  Il avait déjà pris son fusil et se disposait à sortir, quand sa femme lui demanda si elle ne pouvait pas aussi l’accompagner.

  — Non, femme, reste, je te l’ordonne !

  Et il y avait dans ces paroles un ton si positif et si imposant qu’elle tomba attérée sur le banc de pierre, et les regarda partir, muette d’anxiété et d’angoisse.

  Un quart d’heure après, elle entendit un coup de fusil et le bruit que fait quelque chose en tombant dans l’eau… Elle poussa un sourd râlement, s’affaissa par terre, puis elle se releva et un rire étrange contracta ses lèvres.

  Le lendemain, c’était à Ajaccio, on ve
nait de retirer un enfant de la rivière. Oh ! le pauvre enfant ! de beaux cheveux blonds tombaient sur ses épaules, ses lèvres étaient tachetées de noir, ses mains, liées par un chapelet, étaient jointes comme pour la prière ; sa poitrine était percée d’une balle et l’on distinguait encore sa sanglante trace…

  Une femme accourt, pâle, échevelée, et regarde longtemps fixement le cadavre ; elle se cramponna aux barreaux de la morgue et répétait avec douleur :

  — Oh mon enfant ! mon enfant !

  Puis elle tomba par terre en poussant un cri d’agonie…

  Aussitôt arriva le fossoyeur apportant un cercueil.

  — Vous vous êtes trompé, dit quelqu’un de la foule, il en faut deux !

  CHEVRIN

  ET LE ROI DE PRUSSE

  OU

  L’ON PREND SOUVENT LA TÊTE D’UN ROI

  POUR CELLE D’UN NE.

  Votre grand-père ne vous a-t-il jamais parlé de Frédérick, roi de Prusse ? C’était un grand homme sec et courbé, à cheveux poudrés, et qui s’appuyait toujours sur une longue canne de jonc ; le collet de son habit vert, qu’il ne brossait jamais, de son habit vert tout râpé et qui l’avait accompagné à la conquête de la Poméranie, était encore rendu plus sale par une longue queue de cheveux qui lui tombait au milieu du dos. Eh bien, cet homme, d’un génie si vaste et qui, à ce qu’il semble, ne devait s’occuper que de conquêtes et de batailles, avait encore le temps non seulement d’écrire à Voltaire, oh ! cela vous le savez, mais encore de plaisanter avec ses courtisans.

  Un jour il appela Chevrin, lui remit une petite boîte en lui disant affectueusement :

  — Chevrin, je t’ai toujours connu comme un ami fidèle, Voici un gage de ma reconnaissance.

  Vous voudriez bien savoir ce que c’était que cette boîte ; un moment, je vais vous le dire.

  Elle était petite, de bois de palissandre, incrustée d’or et ornée de pierres précieuses.

  Chevrin l’emporte chez lui, l’ouvre avec impatience et voit non son brevet de général, non quelques billets de banque, ni une décoration, ni un beau poignard, ni une lettre de noblesse, ni une nomination à la chancellerie, ni même quelques pistoles, ni même une bague, ni même un simple bijou, ni même la plus petite chose, ni même le plus mauvais madrigal, mais c’était un portrait en miniature : les narines étaient ouvertes, la bouche béante si bien qu’elle semblait braire, avec ses oreilles gracieusement rabattues sur son col, et ses grands yeux ternes étaient ouverts comme l’original.

  Ce n’était rien moins qu’un âne en toutes ses parties.

  Chevrin resta muet à cet aspect, toutes ses espérances déchues, toutes ses illusions envolées comme un brouillard. Oh ! combien d’illusions, d’espérances, de rêves d’ambition se sont envolés comme un brouillard ! Oh ! combien d’illusions, d’espérances, de rêves d’ambition se sont évanouis devant… une tête d’âne !

  ll lui vint une idée, non à l’âne, mais à l’homme. Il pensa que le roi oubliait ses services, qu’il abandonnait son ancien ami de bataille, et il pleura. Oh ! combien de pleurs ont coulé devant une tête d’âne !

  Puis il pensa que le roi avait voulu plaisanter et il sourit, comme on a souri… devant une tête d’âne ; ensuite, pour mieux la voir, il l’approcha de la fenêtre. Combien n’a-t-on pas mis au jour de têtes d’ânes !

  Néanmoins il se promit une vengeance.

  Qu’on veuille bien se transporter à quelques mois de là. C’était à la table du roi de Prusse ; arrivé au dessert, Chevrin tire une boîte de sa poche ; c’était la certaine petite boîte qui contenait le portrait d’âne, mais cette fois elle était ouverte, et chacun, prenant une miniature renfermée dedans, regardait le roi scrupuleusement et ramenait ses yeux vers la peinture disant : “Oui, c’est bien lui, sa bouche mi-ouverte semble parler ; c’est bien là ses larges narines et ses grands yeux ouverts.”

  Elle arrive enfin à Voltaire qui, criant plus fort en sa qualité de philosophe, dit au· roi :

  — Ah ! sire, je n’ai jamais rien vu de si ressemblant.

  Le roi, qui se ressouvenait élu présent qu’il avait fait à Chevrin, croyait que c’était une représailles ; il trépignait d’indignation, était rouge de colère, et enfin, n’en pouvant plus, il se jette sur le portrait, le regarde et dit ensuite :

  — Je prenais mon portrait pour celui d’un âne.

  Or on convint qu’il n’y a pas grande différence entre la tête d’un roi et celle d’un âne, puisque le possesseur s’y méprend.

  DERNIÈRE SCÈNE

  DE LA MORT

  DE MARGUERITE DE BOURGOGNE.

  Connaissez-vous la Normandie, ce beau pays si rempli de vieux castels dont chacun éveille le souvenir d’un nom célèbre ? la Normandie, où chaque champ a eu sa bataille, chaque pierre son nom ? la Normandie si remplie de vieilles légendes, de contes fantastiques, de traditions populaires qui tous se rattachent à quelques lambeaux de notre histoire du moyen âge ?

  Eh bien, sur les bords de la Seine, les ruines du Château-Gaillard sont encore la debout, sur le roc, et semblent se rire, à la face de chaque génération qui naît et qui meurt, des sept siècles qui, en passant, n’ont fait que lui arracher petit à petit quelques pierres qui roulent dans le ravin quand l’ouragan gronde et que la pluie tombe.

  Alors, en 1316, il était jeune encore. Au haut, c’était son drapeau blanc dont les flots se roulaient au souffle du vent ; à l’intérieur les gardes, et au bas, dans un cachot, une femme qui gémissait et regardait le soleil couchant d’un air d’adieu, de rage et de désespoir.

  Elle était jeune encore, cette femme, vingt-six ans ; vingt-six ans, et pas un sourire à la bouche ; vingt-six ans, et peut-être le nombre de ses crimes surpassait-il celui de ses jours !

  Vingt-six ans ! et c’était la Marguerite de Bourgogne, la Marguerite aux orgies sanglantes à la tour de Nesle ; Marguerite, la Femme aux nuits d’insomnie, aux rêves de sang ; Marguerite, la reine de France.

  Ce jour-là, elle avait demandé en grâce qu’on lui permît de regarder plus longtemps à travers les barreaux de sa cellule ; elle avait demandé à prendre l’air plus longtemps, comme si elle eût voulu en prendre pour l’éternité. Plusieurs fois la main du geôlier s’avança pour fermer le volet.

  — Encore cinq minutes, disait-elle d’une voix tendre et suppliante.

  Et le geôlier avait soin d’aller chez lui, de retourner son sablier, ayant compté le temps qu’il avait mis à venir et celui qu’il mettrait à retourner au cachot ; puis il revenait de nouveau.

  Enfin elle vit un cavalier qui s’avançait au galop, et rentra dans sa chambre en pensant à ce que pouvait être cet homme qui se dirigeait en toute hâte vers la porte du donjon.

  Peu de temps, après la porte du cachot roula sur ses gonds, et un homme se présenta. Il s’arrêta debout sur le seuil de la porte.

  — Quoi, c’est vous ! lui dit Marguerite, vous, vous encore ici, Lyonnet ! Oh ! Lyonnet, il faut que tu sois mon démon pour me poursuivre ainsi jusque dans ma prison, pour m’accabler jusque dans mon cercueil.

  Et elle se prit a rire amèrement :

  — Écoute, Marguerite, tous les deux nous voulions un sceptre pour appui, et un peuple pour esclave. Eh bien, Marguerite, toi tu as tué ton père et tu es reine de France ; moi je n’ai tué personne et je ne suis rien.

  — Tu m’accuses de la mort de mon père, Lyonnet, tandis que c’est toi, au contraire, toi qui a pris le poignard.

  — Oui, cela est juste.

  — D’où vient que tu me poursuis toujours ?

  — C’est que, vois-tu, Marguerite, en commençant à t’aimer j’avais aimé une enfant pure et candide, et que maintenant, Marguerite, je hais l’enfant qui est la femme adultère.

  — Non, tu ne m’as jamais aimée !

  — Oh ! Marguerite, oui je t’aimais et je t’ai donné mon bonheur, car je me suis étourdi sur le crime de ton père, et j’ai perdu ma foi, et maintenant tout mon être est le mélange de tous les vices, de toute la haine qui peuvent tenir dans le cœur
d’un homme ; mais cette haine a débordé du vase des passions, quelques gouttes sont tombées sur toi et te rongent.

  — Ciel ! serais-tu ici l’exécuteur ?

  — Écoute, Marguerite ! Non, tu ne m’as jamais aimé ! tu croyais pouvoir me dire dans mon cachot : “Lyonnet, tu m’as abaissée à la prière”, tu voyais mes larmes sans pitié, tu contemplais mon orgueil qui venait mourir aux pieds d’un assassin ; en bien, j’assisterai à ton agonie, je contemplerai tes dernières convulsions, je verrai la main gluante de l’exécuteur s’abaisser sur ta tête défaillante, et je la verrai, cette tête, tomber et rebondir sur le passé sanglant. Eh bien, maintenant, Marguerite, les temps sont changés et c’est moi qui suis le maître, et toi la victime ; oui, Marguerite, j’ai ordre de Louis de t’étrangler avec tes cheveux.

  — Lyonnet, tu ne te ressouviens pas de nos amours, en Bourgogne, de tes promesses et de tes serments ?

  — Non, non, à toi les orgies à la tour de Nesle, à toi la trace de sang que l’on voyait sur ses murs, à toi les cadavres que la Seine chaque matin roulait dans son lit ; à toi la honte, à toi l’ignominie, à toi la mort, à toi la malédiction !

  — Oh ! grâce ! grâce, Lyonnet ! Nous partirons, nous irons vivre loin d’ici, vivre dans notre premier amour, oublier tout comme un rêve sanglant. Grâce ! grâce !

  — Eh ! faisais-tu grâce à ceux qui, dans la tour de Nesle, te demandaient la vie sous le poignard de tes assassins ? Marguerite, malgré tous tes crimes, malgré toutes tes nuits sanglantes et tes orgies infâmes, quelque chose n’est-il pas resté ? As-tu quelque prière à faire ? Oh ! dis-la, et vite, car cette heure-ci est ta dernière.

  Marguerite s’agenouilla, prononça quelques mots en balbutiant. Etait-ce des sanglots ou une prière ?

  — Relève-toi, dit Lyonnet en la prenant par le bras ; bien d’autres me font attendre comme toi ; ils me demandent successivement une heure, une demi-heure, une minute, mais je donne plus : l’éternité !

 

‹ Prev