Book Read Free

Complete Works of Gustave Flaubert

Page 442

by Gustave Flaubert


  LE GRAND PONTIFE, une écumoire à la main.

  Citoyens, bourgeois, croûtons ! En ce jour solennel, où nous sommes réunis pour adorer le trois fois saint Pot-au-Feu, emblème des intérêts matériels, autrement dit des plus chers ! si bien que, grâce à vous, le voilà maintenant presque un2 divinité !... C’est à moi, le grand pontife de ce culte sage, qu’il incombe de vous remémorer vo= ; devoirs et do vous relier tous, par un act »‘ commun, à la vénération, à l’amour, à la frénésie du Pot-au-Feu !

  Vos devoirs, ô Bourgeois, nul d’entre vous, je le déclare, n’y a transgressé ! Vous vous êtes tenus philosophiquement dans vos maisons, ne pensant qu’à vos affaires, à vous-mêmes seulement ; et vous vous êtes bien gardés de lever jamais les yeux vers les étoiles, sachant que c’est le moyen de tomber dans les puits. Continuez votre petit bonhomme de chemin, qui vous mènera au repos, à la richesse et à la considération ! Ne manquez point de haïr ce qui est exorbitant ou héroïque, — pas d’enthousiasme surtout ! — et ne changez rien à quoi que ce soit, ni à vos idées, ni à vos redingotes ; car le bonheur particulier, comme le public, ne se trouve que dans la tempérance de l’esprit, l’immutabilité des usages et le glouglou du pot-au-feu !

  Accordéons.

  A vous d’abord, colonnes de la patrie, exemples du commerce, base de la moralité, protecteurs des arts, Épiciers !

  Les épiciers se lèvent.

  Jurez-vous de toujours mettre de la chicorée dans le café ?

  LES ÉPICIERS, en chaur.

  Oui !

  LE GRAND PONTIFE.

  Et de ne pas quitter le comptai.-, sauf, bien entendu, pour venir sur votre seuil indiquer aux badauds la route qu’il faut suivre ; enfin, de vous infusionner dans le inonde par toutes sortes de moyen®, alliances et propagande, de manière à faire prévaloir vos principes et à demeurer, ce que vous êtes, les rois de l’humanité, les dominateurs universels ?

  TOUS LES ÉPICIERS, debout, la main étendue vers le pot-au-feu.

  Nous le jurons !

  LE GRAND PONTIFE.

  Ft vous, Bureaucrates !

  LES BUREAUCRATES.

  Présents !

  LE GRAND PONTIFE.

  ÈtCi-vous bien résolus à travailler toujours le moins possible, en ne songeant toujours qu’à votre avancement ?

  LES BUREAUCRATES.

  Oh ! oui !

  LE GRAND PONTIFE.

  Jurez-vous de toujours brûler effroyablement de bois flans vos po »-| ?s, d ? vous montrer incivils, de maudire vos chefs en vous plaignant de l’existence, et de dépenser pour cent écus d’écritures dans une affaire de vingt-cinq centimes, dont vous ferez attendre la solution pendant quinze ans ?

  LES BUREAUCRATES. Nous le jurons !

  LE GRAND PONTIFE. Messieurs les Savants, lumières du pays, à votre tour !

  Les Savants se présentent à di mi courbés, avec un tremblement sénile.

  LE GRAND PONTIFE, d’un ton familier. Vous vous engagez, n’est-ce pas, comme par le passé, à ne faire que des petites recherches innocentes, qui ne troublent rien ?

  TOUS LES SAVANTS, levant les mains. Oui ! oui ! N’ayez pas peur ! Nous le jurons.

  LE GRAND PONTIFE. Cela suffit ! — Venez maintenant, vous, talents honnêtes qui charmez nos soirées de famille. L’Art étant fait pour récréer, vous nous récréez. Allons !

  LES POÈTES COMIQUES étendent tous la main vers le pot-au-feu, en faisant :

  Cocorico !

  Ricanements dans l’assemblée.

  LE GRAND PONTIFE, souriant aux épiciers qui l’entourent.

  Encore un peu d’excentricité dans la forme ; mais les intentions sont si pure ; !

  Il frappe atec son éeirr.oire sur le pot-au-feu pour réclamer

  Vattentio n.

  Un dernier mot, Messieurs, à la Jcune.se, au printemps de la vie.

  Sur un signe qu’il leur fait, les coll
  leurs accordéons sous le bras.

  Approchez, Ëphèbes, approchez ! Jeunes gens, notre espoir, vous allez entrer dans l’âge des passions ! Prenez garde, c’est comme si vous pénétriez dans une poudrière ; la moindre étincelle, tombant sur vos cerveaux, peut faire sauter l’édifice ! On a eu soin d’écarter de vous toutes les torches, je le sais : n’importe ! Il n’en faut pas moins se défier des ardeurs du sang et de l’imagination ; elles ne produisent que des crimes et des folies ! ou plutôt, utilisez vos vices ! employez profitablemcnt vos mauvais instincts ! Que ceux, pa~ exemple, cjui savent gagner au jeu rapportent leur argent à la maison, et qu’ils le placent ! Amusez-vous en cachette, économiquement ; prenez un bon état, et ne rentrez, jamais passé dix heures du soir. Voila le secret. Jurez-vous de l’observer ?

  LES COLLEGIENS.

  Nous le jurons !

  Ils retournent à leur place«

  LÊ CHATEAU DÉS COEURS.

  LE GRAND PONTIFE.

  Je suL ému, Mes ;icurs ! Tant de raison dans cet âge m’a touché, et si la fête n’était pas terminée, je succomberais à mon émotion. Elle est terminée, car il n’est pas besoin de vous demander de serment, à vous...

  Il s’adresse aux feumus qui sont aux fmètres.

  gardiennes et cause de notre félicité, épouses, ménagères, petites-mamans pot-au-feu ! C’est par vos soins qu’il mijote ! Donc, persévérez dans vos deux préoccupations chéries : i° raccommoder les chaussettes de vos légitimes, et 2° être toujours en garde contre les séductions de la gaudriole. Ne songez même qu’à cela, incessamment, exclusivement. Bref, n’oubliez pas que l’attitude la plus belle p.uir une femme, sa position idéale, si j’ose m’exprimer ainsi, est de se tenir quelque peu agenouillée, avec une écumoire à la main, un bas de laine passé dans le bras gauche, tournant dos à Cupidon, et la tête perdue dans h vapeur du pjt-au-feu !

  Et vous, Chats, inconstants quadrupèdes, bohémiens des toits ! Si vous n’employez pas tout votre temps et la force de votre gueule à nous prendre des souris, on vous mettra des muselières et l’on vous empalera avec la broche, puisque la Nature vous a créés pour nous être utile ». Mais, que si vous devenez sédentaires et zélés à nous servir, on vous laissera au fond de l’as ;ictte quelques gouttes froides du pot-au-feu !

  Et toi, Soleil, puisses-tu, biil’ant toujours modérément, te transformer en un vaste paquet de chandelles, pour nous économiser l’éclairage ! et que tes rayons fassent tomber dans le creux des mers une pluie de graisse, afin que, se chauffant à la tiédeur, tout le globe entier ne soit pUi- qu’un immense pot-au-feu !

  TOUS crient : Vive le pot-au-feu !

  En retirant leurs chapeaux, ce qui laisse voir distinctement leur crânes étroits et trcs allongés, en forme de pain de sucre.

  LES FEMMES, aux fenêtres.

  Comme nos maris sont bien !

  Les autres corporations qui n’ont pas < té nomnu e ; s’empressent autour du pot-au-feu, et le grand pontife, décrivant mystiquement un cercle dans l’air, les asperge tous avec son écumoire. Après quoi, la séance étant leite, on retire les sieges, on se cherche et l’on s’aborde avec une certaine animation.

  LES BOURGEOIS.

  Ah ! une belle fête ! un remarquable discours ! Et quelle musique ! On a fait des progrès dans les arts ! C’est incontestable !...

  La confusion et la rumeur peu à peu s’apaisent, et tous se mettent à obsener les horloges qvi sont au-dessus de la porte, devant chaque maison. L’aiguille marque cinq heures cinquante-cinq minutes. Ils attendent le nez en l’air, et quand six heures sonnent, ils disent tous en même temps :

  Allons dîner !...

  Ils entrent dans les maisons.

  SCÈNE U

  La scène reste complètement vide. D’abord, on entend dans les maisons un bruit de gros baisers, ensuite un bruit de chaises ; presque aussitôt après, un bruit de cuillères sur les assiettes, et quelque temps après

  DES VOIX s’élèvent et disent : Ah ! ça fait bien !...

  Un petit silence, puis cliquetis de couteaux et de fourchettes.r />
  LES MÊMES VOIX.

  Voilà ce qu’on ne trouve pas au restaurant !...

  Le bruit des couteaux et des fourchettes continue. On entend déboucher des bouteilles de vin, puis

  LES MÊMES VOIX. Nous sommes entre la poire et le fromage. Alors quelques petits rires de satisfaction.

  LES VOIX DES HOMMES, seulement. Donne-nous un verro de liqueurs, hein ?

  LES VOIX DES FEMMES. Mais tu vas te faire mal !

  LES VOIX DES HOMMES. C’est pour mon estomac, une fois n’est pas coutume !...

  Ensuite un fort remaniement de chaises, et

  TOUS LES BOURGEOIS apparaissent à leurs fenêtres, étendent la main et disent :

  Il fait chaud !

  UNE FEMME arrive à chaque fenêtre. Oui ! mais le fond de l’air est froid.

  TOUS LES BOURGEOIS. C’est vrai !

  Ils se détournent un peu et tapent sur le baromètre accroché en dehors de la fenêtre.

  Ça va-t-il se maintenir ?...

  Après quelque réflexion.

  Oui !... oui... on peut prendre le frais !

  Les croistes se referment, et bientôt tous les bourgeois rentrent en scène et s’installent devant leurs portes sur des chaises, chaque ménage étant flanqué d’un petit garçon habille en turco et d’une petite file habillee en Suissesse.

  Ah ! on est bien ici !

  Les femmes prennent leur tricot, les hommes leur journal. Jeanne, en costume extra-bourgeois, s’assoit sur le seuil (i’unt maison au premier plan, à droite.

  SCÈ&CE ///

  LES BOURGEOIS, LES BOURGEOISES, JEANNE, LE ROI DES GNOMES.

  Dès que Jeanne est assise,

  LE ROI DES GNOMES, ayant retiré quelques-uns de ses attributs de Pontife du Pot-au Feu, parait derrière elle, et se penchant sur son épaule :

  Tu le vois ! tout me cède ! tout nous sert ! Je n’ai eu qu’à me montrer pour être élu bourgmestre de la ville et pontife de la religion. A part.

  Rien de plus facile : c’est dans la médiocrité que l’esprit du mal triomphe !•

  JEANNE, soupirant.

  Mais voilà tant de jours que je le cherche, que je l’attends... Et il va venir, tu crois ?

  LE ROI DES GNOMES. J’en suis sûr ! Patiente !

  JEANNE. Oh ! merci. Protège-moi toujours !

  LES MERES.

  Allons, mes anges ! Voici l’heure où les enfants doivent s’amuser !

  Les petits lurcos et les petites suissesses s’tlancent du seuil des maisons en courant, se prennent par la main et dansent en rond autour du pot-au-feu en chantant quatre ers imités de ta chanson des Spartiates :

  Nos grands-pères étaient betes,

  Nos pères l’ont été plus !

  Nous le sommes davantage,

  Nos enfants le seront encore bien plus.

  Quelques-uns de leurs bonnets tombent dans leur danse, et l’on voit leurs crânes extra-pointus.

  JEANNE, les contemplant. Ils sont jolis, ces enfants. Heureuses mères !

  UNE DAME, à côte d lie, sur une chaise.

  Sans doute ! Vous êtes bien honnête, Mademoiselle, et le mien, quoique plus jeune, promet beaucoup !

  Elle appelle.

  Nourrice !...

  DEUXIÈME DAME. Et le mien aussi. — Nourrice !.

  TROISIÈME DAME.

  Et les deux miens donc ! — Nourrice !...

  Alors paraît une légion de nourrices dandinant des poupons dans leurs bras. Les mères s’empressent autour d’eux, pour les montrer.

  PREMIÈRE DAME.

  Envoyez un bécot à la jolie demoiselle et au bon monsieur.

  UNE MÈRE DE POUPARD, lui retirant ses langes. Regardez-moi ces membres.

  UNE AUTRE MÈRE.

  Et sa tête !

  Elle lui retire son béguin.

  Voyez !...

  TOUTES LES MÈRES DE POUPARDS. La sienne est bien plus belle ! la plus belle !

  Elles retirent toutes les béguins de leurs marmots, qui ont des crânes fantastiquement pointus.

  LE ROI, piisant.

  Encore mieux que leurs pères ! La génération s’annonce crânement !

  TOUTES LES MÈRES ET DAMES, parlant à la fois.

  Récitez votre fable !... Une risette !,,. Ah ! qu’il çst gentil ! Il aura du nanan !

  Tous les enfants envoient des baisers à Jeanne et commencent à marmotter nés vite, pendant que les mères parlent à la fois, que les poupons pleurent et que les nourrices chantonnent. Mais il s’eléve dans la coulisse un grand murmure, comme serait iirritation contenue d’une foule lointaine. Paul et Dominique paraissent. Tous les enfants, effrayes, s’enfuient, les nourrices remmenent leurs nourrissons, et beaucoup de bourgeois et de bourgeoises s’éloignent avec dts regards farouches. D’autres vocifèrent :

  A bas ! canailles, brigands, originaux !

  Sifflets, huecs.

  SCÈU^E IV

  LE ROI DES GNOMES, JEANNE, PAUL et DOMINIQUE, en costume de voyage très négligé.

  Ils arrivent par le fond du théâtre.

  DOMINIQUE. Eh bien, quoi ?... Imbéciles ! Est-ce notre costume qui nous vaut tout cela ?

  Les bourgeois sortent, en se faisant des signes d’intelligence. JEANNE, s’élançant vers Paul. Paul !... Ah ! enfin !

  LE ROI.

  Dissimule ! Tu sais qu’il faut de la simplicité !

  DOMINIQUE.

  Ils ont l’air assez rébarbatif, ces particuliers-là.

  PAUL.

  N’importe ! C’est peut-être ici que se trouve... la bien-aimée inconnue...

  DOMINIQUE.

  Ah ! nous y revoilà ! Décidément, que voulez- vous ? que cherchez-vous ? Où est le but ? Depuis le temps que nous vagabondons dans toutes sortes de pays... car c’est la bouteille à l’encre que votre histoire !

  PAUL.

  Rien de plus simple ! Je dois rencontrer quelque part une jeune fille à l’âme pure, au désintéressement absolu, la reconnaître, en être aimé, et, fort de son amour, m’emparer du château des Cœurs.

  DOMINIQUE.

  Ah ! très bien ! Une femme qui n’existe guère, un château qui n’existe pas. Car, enfin, qu’y a-t-il donc clans ce savoyard de château ? Des trésors ?

  PAUL.

  Non ! mais une fortune tellement extraordinaire que tu ne peux l’imaginer.

  DOMINIQUE.

  Oh ! oh ! reste à -avoir ! Allons, Monsieur, un bon momement ! Revenons à Paris !...

  P A U L.

  Oh ! laisse-moi, Dominique ! Je suis si plein de lassitude, de découragement ! Ft puis il y a dans cette ville, malgré sa vulgarité, je ne sais quel charme !

  JEANNE, lui offrant une chaise prés d’elle.

  Oui ! reste/, Monsieur ! Paul hésite.

  Asseyez-vous !

  PAUL.

  A part.

  On n’est pas plus gracieuse, ma parole !

  Il la considéré. Elle baisse les yeux.

  Diable ! quelle pudeur !

  Silence. Ils se regardent face à face.

  J E A N N E.

  On voit que vous êtes complètement étranger à la localité, Monsieur !

  Avec dédain.

  Et ce costume... excentrique !...

  4J

  PAUL.

  Mon Dieu ! Mademoiselle, je ne pensais pas qu’en voyage... !

  JEANNE, sèchement. N’importe ! Il faut suivre la coutume !

  DOMINIQUE. Mais elle est assommante, celle-là !

  A part, haussant les épaules et montrant Faut. Quel plaisir que de s’entêter !... J’ai envie de voir aux alentours s’il n’y a rien do plus drôle ! Vous permettez, n’est-ce-pas ?...

  PAUL.

  Oui ! Reviens vite !

  SCÈ^CE V

  JEANNE, PAUL et LE ROI DES GNOMES, cache par le trône du Pontife, qu’on a roulé au premier plan, à droite.

  JEANNE.

  Vous ne faites pas comme lui ? Tant mieux ! PAUL, à part.

  Ah ! elle s’humanise !

  JEAN N t.

  Pour demeurer avec
nous...

  Silence.

  PAUL.

  Eh bie 1 ?

  JEANNE, timidement.

  Il faudra... oh ! r.e m’en voulez pas... r.e rien faire, ne rien dire et même ne rien penser qui sorte des actions, dos paroles et des idées de tout le monde !

  PAUL.

  Eh ! pourquoi ? Où est le mal d’obéir à son cœur quand on sent qu’il est honnête ? Moi, quoi qu’il advienne, je soufïlète les infamies, je m’écarte des laideurs, et, devant ce qui est grand, je m’agenouille !

  JEANNE.

  Ah ! c’est bien, cela ! c’est bien !

  LE ROI DES GNOMES, derrière Jeanie.

  Prends garde !

  JEANNE.

  Pour un homme fatigué du inonde, il s^ii. doux, cependant, d’habiter une de ces rn£iiso :”S.

  Paul je détourné avec degout.

  Oh ! l’intérieur vaut mieux ! Si vous saviez comme chaque femme soigne son petit mari !

  Elle l’entoure de prévenances, fait les confitures, lui brode des pantoufles, le dorlote, le bécote, l’aide à s’habiller, et même lui présente... sa redingote !

  Jeanne offre à Paul une des redingotes locales.

  Passez-la !

  PAUL, ébahi.

  Pourquoi ?

  JEANNE.

  On est si bien dedans ! Je vous en prie !

  PAUL, mettant la redingote.

  A part.

  Elle est stupide, quoique charmante !

  Haut.

  Sans doute, cette vie-là possède des avantages. Mais ne croyez-vous pas, vous dont la voix est pure comme un chant d’oiseau et le regard cordial comme une bonne poignée de main, ne sentez-vous pas, dites, qu’il peut se rencontrer parfois des unions plus complètes, une félicité d’une telle ardeur qu’elle envoie ses rayons tout autour d’elle ? L’enchantement qu’on a l’un de l’autre fait, au milieu des fanges de la terre, comme une poésie permanente : plus on s’aime, plus on devient bon ; l’habitude seule de la tendresse conduit à l’intelligence de tout ; et ce qui paraît de la vertu n’est que l’excès du bonheur !

  JEANNE.

  Ah ! je vous comprends ! Oui ! oui !

  LE ROI DES GNOMES.

  Mais tu te perd.-, malheureuse !

  JEANNE, oppresser.

  En effet, assurément ! et, sans bannir un certain idéal, il y a moyen de s’organiser une petite existence bien tranquille. Pourquoi perdre le meilleur de soi-même en sympathies, en émotions, en démarches, au lieu de réserver tout cela pour son propre individu ?

 

‹ Prev