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La mort de Jeanne d'Arc (trad. privee)

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by Michael Scott

William vit avec stupéfaction qu’elle luttait aussi bien avec ses mains que ses pieds, armes protégées par une barrière de métal, aussi dangereuses que ses épées. Les deux femmes se tenaient dos-à-dos et travaillaient en équipe, luttant pour récupérer le cheval noir entouré par des chevaliers et des soldats qui tentaient de l’attraper. L’énorme bête assénait des coups de pieds aux fous qui avaient eu l’idée de se placer trop près d’elle ou alors enfonçait des boucliers et des armures.

  Il se pressa contre le mur, tout comme quatre chevaliers lourdement armés qui brandissaient des sabres ou des lances. Lorsqu’ils le virent, ils se précipitèrent devant lui et allèrent à la rencontre des deux femmes. Jeanne se baissa afin d’éviter une hache et brandissait ses deux morceaux de manche en bois. Scathach évita soigneusement une lance destinée à la transpercer et, d’un coup, elle saisit le sabre du chevalier à pleines mains et l’attira à elle, ce qui le déséquilibra. Puis, il tomba lourdement sur le sol, emportant deux de ses compagnons avec lui. Le résultat fut un joyeux amas de métal et de chair. La guerrière aux cheveux rouge bondit sur le dos des chevaliers déchus, attrapa le bras de Jeanne puis la propulsa dans les airs. Pendant un instant, la guerrière en lambeaux vola, puis, le temps se figea au centre du carré avant que Jeanne n’atterrisse, au bout de ce qui semblait une éternité, sur le dos du cheval noir de Scathach.

  La guerrière aux cheveux rouge poussa alors un long, terrifiant et triomphant cri de guerre. Le cri était tellement puissant que les hommes à proximité durent se boucher les oreilles. Virevoltant sur les corps qui se tortillaient en vain, Scathach bondit sur le dos du cheval noir et lui donna un coup de talons. La bête bondit en avant, écrasant tout sur son passage. Les flèches pleuvaient mais la guerrière aux cheveux rouge les neutralisa aussi facilement que leurs sœurs tandis qu’elles galopaient vers la porte. William réalisa avec horreur qu’elles s’évadaient : Une femme avait vaincu, à elle seule, une armée entière pour sauver Jeanne d’Arc. Il se pressa contre le mur de l’allée lorsque le cheval se dirigea vers lui. Maintenant qu’il était proche, il semblait, comme sa maîtresse, surnaturel. En effet, sous la gaine métallique qui protégeait son visage, ses yeux étaient rouge sang.

  L’archer ne pouvait permettre aux deux fugitives de s’échapper. Le cheval continuait à galoper et passa devant lui. Alors, il sortit de l’ombre et tira. La flèche s’enfonça dans l’épaule de Jeanne qui frissonna puis s’affaissa sous l’effet du choc. Elle serait tombée si Scathach ne l’avait pas retenue. La jeune femme aux cheveux rouge cria de nouveau. Mais cette fois, le triomphe laissa place à l’angoisse. La guerrière se retourna vers William qui vit son visage subir une terrible transformation. La bouche de la guerrière s’ouvrit pour laisser voir une rangée de dents pointues. Elle pointa son épée vers lui et, même si les mots ne jaillissaient pas, il savait ce que ce geste signifiait. Une promesse, une promesse de vengeance :

  Vous allez payer pour cette blessure. J’en fais le serment.

  Puis, elle ôta la flèche de l’épaule de son amie et la jeta en arrière, vers William qui fut happé par une force immense. La flèche traversa la chair du haut de son bras et brisa ses os et déchira ses muscles. A cet instant, William d’York comprit que jamais plus, il ne pourrait tenir un arc et encore moins tirer.

  Dans ces derniers instants de conscience, il vit Jeanne d’Arc et la guerrière aux cheveux rouge s’enfuir sur le dos du cheval noir.

  Jeanne d’Arc s’est échappée mais personne ne l’a su. L’histoire rapporte que Jeanne d’Arc est morte en ce jour de notre Seigneur, de mai 1431, brûlée vive sur le bûcher de Rouen. Mais la fille décédée ce jour-là n’était pas Jeanne. Ivre de douleur, j’ai regardé la fille, dont la ressemblance avec le Pucelle d’Orléans était moindre, se faire traîner hors des donjons par les chevaliers afin d’être emmenée vers les lieux de l’exécution. Les chevaliers menacèrent les gens de les dénoncer comme hérétiques s’ils s’avisaient de raconter la véritable histoire. Ils seraient alors condamnés à subir le même sort que la jeune femme. Quant à moi, je ne pouvais supporter de voir une jeune fille innocente mourir. J’ai tout abandonné, quitté Rouen avant d’entamer un long voyage vers l’Angleterre. Après ce jour, je n’ai plus jamais foulé les champs de bataille. Mon bras gauche, destitué de toutes ses forces ne peut plus tenir un arc. Je me suis souvent interrogé sur les vies de la Pucelle d’Orléans et de Scathach, la guerrière aux yeux verts et aux cheveux rouge qui l’a sauvé. Où étaient-elles ? Jeanne avait-elle survécu à la blessure infligée par ma flèche ? J’espérais que oui. Et que dire de Scathach ? Vit- elle encore ? Je déduisis que oui car il semblait presque impossible de la tuer.

  Du dernier testament de William d’York, le 13 octobre 1481.

 

 

 


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