Les refuges de pierre
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Ayla réfléchit, le front plissé.
— Ils se regardent l’un l’autre. Nezzie inspectait toujours Talut avant une cérémonie, et quand Deegie – c’était mon amie – arrangeait mes cheveux, tout le monde me complimentait.
— Voyons quel effet ce pendentif fait sur toi, dit Marthona.
Elle passa le bijou autour du cou de la jeune femme, le tint par-derrière. Ayla admira le pendentif, remarqua qu’il tombait bien sur sa poitrine puis se surprit à étudier le reflet de son visage. Elle se voyait rarement et ses traits lui étaient moins familiers que ceux des gens qui l’entouraient. La pièce étant peu éclairée, l’image d’Ayla paraissait un peu sombre. Elle trouva qu’elle avait un visage sans couleur et sans vie, trop aplati.
Ayla avait grandi parmi les membres du Clan en se croyant laide. Si elle avait l’ossature plus mince que les femmes du Clan, elle était plus grande que les hommes : différente, à ses yeux comme aux leurs. Elle avait gardé l’habitude d’estimer la beauté en prenant pour critères les traits plus marqués des membres du Clan, leur visage large, leur front fuyant, leurs arcades sourcilières en saillie, leur nez fort, leurs grands yeux d’un marron profond. Ses yeux bleus paraissaient ternes en comparaison.
Après avoir vécu chez les Autres, elle se sentait moins étrange mais n’arrivait toujours pas à se trouver belle, bien que Jondalar lui répétât souvent qu’elle l’était. Elle savait ce que le Clan jugeait attirant ; elle ne savait pas définir la beauté selon les critères des Autres. A ses yeux, Jondalar, avec ses traits masculins et donc plus marqués, ses yeux bleu vif, était beaucoup plus beau qu’elle.
— Je trouve qu’il lui va bien, déclara Willamar qui s’était approché pour donner son avis.
Il ignorait que Marthona possédait ce collier. C’était lui qui était venu vivre dans la demeure de sa compagne ; elle lui avait fait de la place, elle l’avait installé confortablement. Il appréciait la façon dont elle arrangeait l’habitation et n’avait aucune envie de fouiller dans les niches et les recoins.
Jondalar s’approcha, sourit par-dessus l’épaule de Willamar.
— Tu ne m’avais jamais dit que grand-mère t’avait donné ça à ma naissance, mère.
— Elle ne me l’a pas donné pour toi. Ce bijou était destiné à la femme que tu prendrais pour compagne. Celle avec qui tu fonderais un foyer et qui y apporterait des enfants, avec la protection de la Mère.
Marthona ôta le collier du cou de la jeune femme, le déposa dans ses mains.
— Alors, tu l’as offert à la bonne personne, conclut Jondalar. Tu le porteras ce soir, Ayla ? Elle regarda le pendentif en fronçant légèrement les sourcils.
— Non. Il est trop beau pour que je le porte avec une vieille tunique. J’attendrai d’avoir une tenue appropriée.
Marthona sourit, approuva d’un hochement de tête.
Au moment où ils quittaient la pièce, Ayla remarqua une autre niche creusée dans la paroi au-dessus de la plate-forme à dormir. Plus grande, elle semblait aussi s’enfoncer plus profondément dans le mur. Une petite lampe de pierre brûlait devant, et dans sa lumière Ayla distingua en partie la statuette d’une femme aux formes pleines. Elle savait que c’était une donii, une représentation de Doni, la Grande Terre Mère, et le réceptacle de Son Esprit quand Elle le voulait ainsi.
Au-dessus de la niche, on avait accroché une natte semblable à celle qui couvrait la table, tissée avec des fibres de belle qualité pour former un motif complexe. Ayla aurait voulu l’examiner de près puis elle songea qu’elle en aurait tout le loisir plus tard. Ils ne voyageaient plus ; cet endroit serait son foyer.
Après le départ d’Ayla et de Jondalar, Folara sortit à son tour et se précipita vers une autre habitation proche. Elle avait failli leur demander si elle pouvait les accompagner puis s’était dit qu’ils avaient sans doute envie d’être seuls. De plus, ses amies devaient avoir quantité de questions à poser sur l’étrangère. Elle gratta au panneau de l’abri voisin.
— Ramila ? C’est moi, Folara.
Un instant plus tard, une jeune fille brune, dodue et attirante, écarta le rideau.
— Folara ! Nous t’attendions, mais Galeya a dû partir. Elle a demandé que nous la retrouvions près de la souche.
Les deux amies quittèrent la corniche en bavardant d’un ton animé. Comme elles parvenaient à la souche d’un genévrier abattu par la foudre, elles virent une jeune rousse à la silhouette mince et nerveuse s’approcher en venant d’une autre direction, peinant sous le poids de deux outres humides et gonflées.
— Galeya, tu viens seulement d’arriver ? demanda Ramila.
— Oui. Vous attendez depuis longtemps ?
— Non. Folara est passée me chercher, dit Ramila en prenant l’une des outres.
— Laisse-moi porter l’autre, proposa la sœur de Jondalar. C’est pour la fête de ce soir ?
— Évidemment. Tiens. J’ai l’impression de n’avoir fait que porter des choses toute la journée, mais ce sera drôle d’avoir un rassemblement imprévu. Je crois qu’il y aura plus de monde qu’ils ne s’y attendent. Nous finirons peut-être dans le Champ de Rassemblement. J’ai entendu dire que plusieurs des Cavernes voisines ont envoyé des messagers proposant de la nourriture pour la fête. Ce qui signifie que la plupart de leurs membres ont envie de venir. (Galeya s’arrêta, se tourna vers Folara.) Alors, tu ne racontes rien sur elle ?
— Je ne sais pas grand-chose, nous venons de faire connaissance. Elle va vivre avec nous, Jondalar et elle sont promis l’un à l’autre, ils noueront la lanière aux Matrimoniales d’Été. C’est une sorte de Zelandoni. Enfin, pas exactement, elle n’a pas de marque ni rien, mais elle connaît les Esprits, et elle est guérisseuse. Elle a sauvé la vie de Jondalar. Thonolan voyageait déjà dans le Monde d’Après quand elle les a trouvés. Ils avaient été attaqués par un lion des cavernes ! Les histoires qu’ils ont à raconter sont incroyables !
Bavardant avec excitation, le trio franchit de nouveau l’entrée de la communauté. Un bon nombre de gens s’affairaient pour les préparatifs de la fête mais quelques-uns s’interrompirent pour regarder les jeunes filles, en particulier Folara, dont ils savaient qu’elle avait passé un moment avec l’étrangère. Plusieurs l’écoutèrent, en particulier une jolie femme aux cheveux blonds et aux yeux gris foncé. Portant un plateau en os couvert de viande fraîche, elle feignait de ne pas les avoir remarquées mais avançait dans la même direction et restait assez près pour les entendre.
— Comment est-elle ? voulut savoir Ramila.
— Je la trouve gentille. Elle a une façon de parler un peu bizarre mais elle vient de très loin. Même ses vêtements sont différents, enfin le peu qu’elle a. Juste une tenue de rechange, mais, comme elle n’a rien d’autre, elle la mettra ce soir. Elle dit qu’elle veut se coudre des vêtements de Zelandonii. Ma mère et moi allons l’aider. Demain, elle m’emmène voir les chevaux, elle me laissera peut-être monter sur leur dos. Jondalar et elle sont partis là-bas se baigner dans la Rivière.
— Tu vas vraiment monter sur le dos d’un cheval, Folara ? La femme qui les suivait n’attendit pas la réponse et s’éloigna avec un sourire malveillant.
Loup courait devant, s’arrêtant de temps à autre pour s’assurer que l’homme et la femme étaient toujours derrière. Le sentier en pente s’abaissait de la partie nord-est de la terrasse à une prairie située sur la rive droite d’un petit cours d’eau, non loin de l’endroit où il se jetait dans une rivière plus large. L’étendue plate et herbeuse était entourée de zones boisées dont le couvert devenait plus dense en amont.
Quand ils arrivèrent au pré, Whinney poussa un hennissement pour les accueillir, et ceux qui observaient la scène de loin secouèrent la tête, ébahis, lorsque le loup courut droit vers la jument et frotta son nez contre le sien. Puis le fauve prit une posture joueuse, la queue et l’arrière-train relevés, l’avant aplati, et lança un jappement de chiot en direction du jeune étalon. Rapide leva la tête en hennissant et frappa le sol du sabot en réponse.
Les chevaux semblaient heureux de les voir. La jument posa la tête sur l’épaule d’Ayla, qui enlaça son encolure musclée. Elles se tinrent un moment l’une contre l’autre en un contact réconfortant. Jondalar caressa et tapota l’étalon, gratta les endroits à démangeaison que Rapide lui présentait. Le cheval brun profond fit quelques pas pour aller frotter son chanfrein à l’épaule d’Ayla. Ils restèrent tous un moment à proximité, y compris le loup, chacun savourant la présence familière des autres dans ce lieu peuplé d’inconnus.
— J’ai envie de faire une promenade à cheval, dit Ayla qui observa la position du soleil dans le ciel de l’après-midi. Nous avons le temps, non ?
— Oui. Personne ne viendra à la fête avant la tombée de la nuit. Allons-y ! Nous nagerons après. J’ai l’impression qu’il y a toujours quelqu’un qui me regarde...
— Ce n’est pas une impression. Je sais que leur curiosité est naturelle mais ce serait agréable d’être seuls un moment.
Les Zelandonii assemblés pour les observer virent la femme sauter avec souplesse sur le dos de la jument louvette, tandis que le géant blond semblait n’avoir qu’à lever une jambe pour monter sur le jeune étalon brun. Ils partirent au galop, et le loup suivit facilement.
Ouvrant le chemin, Jondalar remonta d’abord la petite rivière, traversa à un gué puis longea l’autre rive jusqu’à ce qu’il découvre une étroite vallée, presque une gorge, sur sa droite. Ils empruntèrent alors la direction du nord en suivant le lit d’un torrent à sec. Au bout de la gorge, une piste escarpée mais praticable aboutissait à un haut plateau venteux qui dominait tout le paysage. Ils s’arrêtèrent pour jouir de la vue.
Avec une altitude de quelque six cent cinquante pieds, le plateau était l’un des plus hauts alentour et offrait un panorama saisissant, non seulement sur les rivières et les plaines inondables des vallées mais aussi sur l’horizon ondoyant des collines s’étendant de l’autre côté. Les causses calcaires s’élevant au-dessus des vallées fluviales n’étaient pas plats.
Le calcaire est soluble dans l’eau, selon le temps et le niveau d’acidité. Au cours des millénaires, les rivières et les nappes phréatiques accumulées avaient creusé la base calcaire de la région, découpant le fond d’une mer disparue en collines et en vallées. Les rivières avaient créé des vallées profondes et des parois escarpées, mais si les gorges enserrant les vallées présentaient souvent une certaine uniformité, leur hauteur variait selon la configuration des collines.
Au premier abord, la végétation des causses secs et venteux, de chaque côté de la rivière principale, semblait partout la même, similaire à celle des steppes continentales situées plus à l’est. C’était surtout de l’herbe, avec ça et là des genévriers, des pins et des épicéas rabougris s’accrochant à une terre ingrate près des cours d’eau et des étangs ; des broussailles et de petits arbres poussaient dans les déclivités et les vallons. Mais, selon les endroits, la flore pouvait présenter des différences étonnantes. Les hauteurs dénudées et les pentes exposées au nord favorisaient une herbe plus septentrionale qui affectionnait les endroits froids et secs, tandis que les flancs orientés au sud étaient plus verts, plus riches en plantes des climats tempérés et de basse altitude.
La large vallée de la rivière principale était couverte d’une végétation plus fournie, avec des arbres à feuilles caduques ou persistantes sur les berges. D’un vert plus pâle que celui qu’ils adopteraient plus tard dans la saison, les arbres appartenaient surtout à des espèces à petites feuilles comme les bouleaux argentés et les saules, mais des conifères tels que les épicéas et les pins montraient des aiguilles de couleur claire récemment sorties aux extrémités des branches. Des genévriers et quelques chênes verts offraient une vue plus bigarrée avec leurs couleurs de printemps au bout des branches.
Par endroits, la rivière serpentait au milieu des prairies des plaines inondables, où les hautes herbes, au début de l’été, se coloraient d’une teinte dorée. Plus loin, les méandres rétrécissaient la rivière, la forçaient à couler contre la paroi de pierre, d’un côté puis de l’autre.
Lorsque les conditions s’y prêtaient, les plaines inondables de certaines rivières, en particulier celles des affluents, étaient couvertes de petites forêts. Dans les zones protégées, notamment sur les pentes exposées au sud, à l’abri du vent, poussaient des châtaigniers, des noyers, des noisetiers et des pommiers, souvent chétifs et dépourvus de fruits certaines années, mais offrant une abondance bienvenue d’autres années. En plus de ces arbres, Ayla remarqua une grande variété de buissons et de plantes à baies : fraises, framboises, raisins, groseilles et mûres, quelques framboises jaunes et plusieurs sortes de myrtilles.
A plus haute altitude encore, en particulier sur le massif situé au nord, recouvert de glace malgré plusieurs volcans en activité – où Ayla et Jondalar avaient trouvé des sources chaudes lorsqu’ils avaient traversé la région quelques jours avant leur arrivée –, c’était la fragile végétation de la toundra qui prévalait. Des mousses aux nuances de vert et de gris panachées adoucissaient le paysage dans les régions plus humides où croissaient aussi roseaux et joncs. Des lichens collaient à la roche, des herbes s’élevaient à quelques pouces seulement au-dessus du sol, et des buissons étiques semblaient prostrés sur une terre froide, au sous-sol gelé en permanence. La diversité de la végétation de la région favorisait une variété comparable dans la vie animale.
Ils suivirent une piste qui tournait au nord-est à travers le plateau jusqu’au bord d’une paroi abrupte au bas de laquelle la rivière coulait du nord vers le sud. Sur un sol relativement plat, le sentier traversait un ruisseau qui descendait l’escarpement puis bifurquait au nord-ouest. Ils s’arrêtèrent quand la piste entama sa descente de l’autre côté.
Faisant demi-tour, ils lancèrent leurs montures au galop et filèrent à travers le haut plateau jusqu’à ce que les chevaux ralentissent d’eux-mêmes. Revenus au ruisseau, ils firent halte pour laisser boire les animaux et se désaltérèrent eux aussi.
Ayla n’avait pas éprouvé un sentiment de liberté aussi merveilleux depuis qu’elle était montée pour la première fois sur le dos de la jument. Il n’y avait aucune entrave, aucun fardeau, ni travois ni sacs, pas même une couverture ou un licou. Rien que ses jambes nues contre les flancs de l’animal, comme elle avait appris à le monter à l’origine, transmettant des signaux tactiles à Whinney pour la guider dans la direction voulue.
Rapide avait une bride ; ainsi Jondalar l’avait-il dressé, bien qu’il lui restât encore à inventer un système pour maintenir la tête de l’étalon, et les signaux pour lui indiquer où aller. Lui aussi était envahi d’un sentiment de liberté qu’il n’avait pas connu depuis longtemps. Le Voyage avait été long, et la responsabilité du retour avait lourdement pesé sur lui. Il était maintenant débarrassé de ce poids comme il l’était des sacs, et ce galop sur le dos de Rapide ne lui procurait plus que du plaisir.
Ils étaient tous deux excités, euphoriques, inexplicablement contents d’eux-mêmes, et ils le montrèrent par leurs expressions ravies en faisant quelques pas le long du ruisseau.
— C’était une bonne idée, cette promenade à cheval, dit Jondalar.
— Oh oui ! répondit-elle avec ce sourire qu’il avait toujours aimé.
— Femme, comme tu es belle...
Il lui enlaça la taille, la regarda de ses yeux d’un bleu intense qui exprimaient tout son amour et son bonheur. Elle n’avait vu un bleu pareil qu’au sommet d’un glacier, dans les flaques de glace fondue.
— Tu es beau, Jondalar. Je sais que, selon toi, on ne peut pas dire des hommes qu’ils sont beaux, mais, pour moi, tu l’es.
Elle lui passa les bras autour du cou, sentit la force de ce charisme naturel auquel peu résistaient.
— Tu peux dire de moi ce que tu veux, répondit-il.
Il se pencha pour l’embrasser et espéra soudain qu’ils ne s’arrêteraient pas là. Vivant seuls au milieu d’un paysage immense, loin de tout regard
curieux, ils avaient joui d’une intimité totale. Ils allaient devoir se réhabituer à être entourés de gens... mais pas maintenant.
La langue de Jondalar écarta doucement les lèvres d’Ayla, s’enfonça dans la douceur tiède de sa bouche. Ayla explora la sienne en retour, fermant les yeux pour laisser se répandre en elle les sensations qu’il commençait déjà à susciter. Il la serra plus fort, savourant le contact de son corps contre le sien. Bientôt, pensa-t-il, ils célébreraient la cérémonie de l’union, ils formeraient un couple à qui elle apporterait ses enfants, les enfants de son foyer à lui, peut-être de son esprit, et plus encore si Ayla avait raison. Ils seraient peut-être les enfants de Jondalar, les enfants de son corps, engendrés par l’essence de son être. Cette essence qu’il sentait précisément monter en lui.
Il recula pour contempler Ayla puis, saisi d’une hâte soudaine, embrassa son cou, goûta le sel de sa peau et posa une main sur un sein gonflé, qui bientôt serait plein de lait. Il dénoua la ceinture de la jeune femme, glissa une main sous le vêtement pour épouser de ses doigts la rondeur lourde et ferme, sentit le téton dur au creux de sa paume.
Il souleva le haut du vêtement et elle l’aida à le faire passer pardessus sa tête puis elle ôta son pantalon court. Il la regarda un moment, nue au soleil, se remplit les yeux de sa féminité : la beauté de son visage souriant, la fermeté de son corps, les seins hauts et ronds, les mamelons orgueilleux, la légère incurvation du ventre, les poils blond foncé de sa toison. Il l’aimait tant, il la désirait tant qu’il en avait les larmes aux yeux.
Rapidement, il se défit de ses vêtements qu’il étendit dans l’herbe. Ayla fit un pas vers lui et, quand il se redressa, elle se coula dans ses bras. Elle ferma les yeux tandis qu’il embrassait sa bouche, son cou, sa gorge, et, quand il emplit ses mains de ses seins, elle emprisonna dans les siennes sa virilité dressée. Il tomba à genoux, lécha le sel de son cou, fit courir sa langue de la gorge d’Ayla au creux de sa poitrine, lui caressant les deux seins. Elle se pencha, il prit un mamelon dans sa bouche.