Les refuges de pierre

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Les refuges de pierre Page 37

by Jean M. Auel


  Lorsque tous les Zelandonia et chefs des Cavernes se furent placés autour de l’abri funéraire – qu’on avait démonté, transporté jusqu’au Champ et remonté –, les autres s’assirent par terre et observèrent le silence. Quelqu’un avait rempli un grand plat de morceaux de choix, notamment un jarret entier de bison. Celle Qui Était la Première le prit et l’éleva pour le montrer à l’assistance, puis le posa près de la dépouille de Shevonar.

  — Les Zelandonii font ce festin en ton honneur, Shevonar, dit-elle, s’adressant au mort. Rejoins-nous par la pensée pour que nous puissions souhaiter Bon Voyage à ton esprit.

  Les autres se mirent en file pour aller se servir. La plupart du temps, lors d’une fête, le regroupement se formait au hasard, mais il s’agissait ce jour-là d’une cérémonie funèbre, une des rares fois où l’on respectait un ordre précis. Les Zelandonii se placèrent selon leur position – implicitement reconnue et rarement étalée – pour indiquer leur rang dans ce monde aux Esprits du Monde d’Après et aider l’élan de Shevonar dans ce difficile passage de l’un à l’autre.

  La compagne éplorée, Relona, et ses deux enfants se servirent en premier. Joharran, Proleva et Jaradal suivirent, puis vinrent Marthona, Willamar et Folara, Jondalar – les membres les plus éminents de la Neuvième Caverne – et Ayla.

  Sans le savoir, elle avait posé un problème épineux. En sa qualité d’étrangère, elle aurait dû occuper une place moins importante. Eût-elle été officiellement promise à Jondalar au cours d’une cérémonie, il aurait été plus facile de la placer avec la famille de son compagnon, mais leur union n’était qu’annoncée par la rumeur et son acceptation au sein de la Caverne n’avait même pas encore été approuvée dans les règles. Quand la question s’était posée, Jondalar avait déclaré que, quel que fût l’endroit où Ayla serait placée, il resterait avec elle. Dernier de la file, si on la plaçait derrière.

  Un homme tenait à l’origine son rang de sa mère. Quand il prenait une compagne, ce rang pouvait changer. Normalement, avant qu’une union fût autorisée, les familles – et quelquefois les chefs et les Zelandonia – engageaient des négociations matrimoniales qui touchaient à de nombreux aspects. On se mettait d’accord sur des échanges de dons ; on décidait que le couple vivrait dans la Caverne de l’homme ou celle de la femme, ou ailleurs ; on fixait le montant de l’indemnité matrimoniale puisque le rang de la femme était considéré comme déterminant. Et le rang du nouveau couple constituait un élément important des négociations.

  Marthona demeurait convaincue que, si Jondalar se plaçait au bout de la file, sa position serait interprétée à tort, non seulement par les Zelandonii mais aussi par les Esprits du Monde d’Après : cela eût signifié qu’il avait perdu son rang pour une raison quelconque ou que celui d’Ayla était très bas. C’est pourquoi Zelandoni avait tenu à ce qu’elle marche en tête avec les doniates. Si on lui accordait une place parmi l’élite spirituelle, elle jouirait, quoique étrangère, d’un certain prestige. Et comme les Zelandonia ne mangeaient pas pendant les repas funéraires, elle irait ensuite rejoindre la famille de Jondalar avant que quiconque pût protester.

  Si certains s’apercevaient du subterfuge, il serait trop tard pour changer et le rang de la jeune femme serait établi pour ce monde et celui d’Après. Ayla elle-même ne savait rien de cette petite supercherie, et ceux qui l’avaient manigancée estimaient qu’il ne s’agissait que d’une transgression mineure. Marthona et Zelandoni étaient toutes deux convaincues, pour des raisons différentes, qu’Ayla était une femme de haut rang. Il s’agissait simplement de le faire savoir.

  Pendant que la famille de Jondalar mangeait, Laramar s’approcha et versa de son barma dans les coupes. Ayla se rappela l’avoir rencontré le premier soir. Elle avait cru comprendre que, si le breuvage qu’il faisait était apprécié, l’homme lui-même était souvent dénigré, et elle se demandait pourquoi. Ayla l’observa alors qu’il inclinait son outre vers la coupe de Willamar. Elle remarqua que ses vêtements étaient sales et élimés, percés de trous qu’il aurait pu raccommoder.

  — Je t’en verse ? proposa-t-il.

  Elle le laissa remplir sa coupe et, sans le regarder directement, l’examina de plus près. C’était un homme ordinaire avec des cheveux et une barbe châtain clair, des yeux bleus, ni grand ni petit, ni gros ni maigre, bien qu’il eût du ventre et une musculature qui semblait moins ferme que celle de la plupart des hommes. Elle remarqua que son cou était gris de crasse et qu’il devait rarement se laver les mains.

  C’était facile de devenir sale, en particulier en hiver, lorsqu’il fallait faire fondre la glace ou la neige pour avoir de l’eau et que gaspiller du bois à cet usage n’était pas toujours avisé. Mais en été, quand il y avait abondance d’eau et de saponaire, la plupart des gens qu’elle connaissait préféraient être propres. Il était rare de voir quelqu’un d’aussi sale que Laramar.

  — Merci, lui dit-elle avec un sourire.

  Elle but une gorgée de barma, bien que l’aspect de celui qui le fabriquait rendît le breuvage moins alléchant.

  Il lui sourit en retour, mais elle eut la nette impression que ce sourire n’était pas sincère. Elle remarqua aussi qu’il avait les dents de travers. Ce n’était pas sa faute, elle le savait, beaucoup de gens avaient les dents de travers, mais cela ajoutait à son apparence déplaisante.

  — Je comptais sur ta compagnie, dit-il.

  — Pourquoi ?

  — A un repas de funérailles, les étrangers sont toujours au bout de la file, après tous ceux qui appartiennent à une Caverne. Mais j’ai remarqué que tu étais en tête.

  Marthona parut contrariée et répondit :

  — Oui, elle aurait dû se trouver près de toi, mais, tu sais, elle fera bientôt partie de la Neuvième Caverne.

  — N’empêche qu’elle n’est pas encore zelandonii. Elle est étrangère.

  — Elle est promise à Jondalar, et le rang qu’elle occupait chez les siens était très élevé.

  — Elle n’a pas dit qu’elle avait été élevée par des Têtes Plates ? Je ne savais pas qu’une Tête Plate passait avant un Zelandonii.

  — Chez les Mamutoï, elle était guérisseuse, et fille de leur Mamut, leur Zelandoni, repartit Marthona, agacée.

  Elle n’aimait pas devoir fournir des explications à l’homme situé au plus bas niveau de la Caverne... surtout quand il avait raison.

  — Elle n’a pas fait grand-chose pour guérir Shevonar, pourtant.

  — Personne n’aurait pu faire plus qu’elle, pas même la Première, affirma Joharran. Elle a calmé sa douleur pour qu’il puisse tenir jusqu’à l’arrivée de sa compagne.

  Ayla remarqua que le sourire de Laramar était devenu malveillant. Il prenait plaisir à perturber les proches de Jondalar, à les mettre sur la défensive, pour une raison qui avait un rapport avec elle. Elle aurait voulu comprendre ce qui se passait et se promit de poser la question à Jondalar quand ils seraient seuls, mais elle commençait à comprendre pourquoi les habitants de la Neuvième Caverne avaient si piètre opinion de cet homme.

  Les Zelandonia se placèrent de nouveau autour de l’abri funéraire, pendant que les autres portaient leur écuelle dans un coin éloigné du Champ pour jeter leurs restes sur un tas de détritus. Après leur départ, divers charognards s’empareraient de la viande et des os, puis les matières végétales pourriraient et retourneraient à la terre. C’était la méthode habituelle. Laramar accompagna la famille de Jondalar au tas d’ordures – pour lui causer un peu plus de contrariété, Ayla n’en doutait pas – puis partit de son côté en titubant.

  Lorsque la communauté fut de nouveau rassemblée autour de l’abri funéraire, Celle Qui Était la Première prit le panier d’ocre rouge qu’Ayla avait réduite en poudre.

  — Il y a cinq couleurs sacrées, commença-t-elle. Toutes les autres ne sont que des aspects différents de ces couleurs premières. La toute première est le rouge, couleur du sang, couleur de la vie. Certaines fleurs et certains fruits ont la vraie couleur du rouge, mais
ils sont éphémères.

  « Le rouge ne reste pas rouge très longtemps. En séchant, le sang s’assombrit, il devient marron. Le marron est un aspect du rouge, on l’appelle parfois vieux rouge. Les ocres rouges du sol sont le sang séché de la Grande Terre Mère, et si certains sont presque aussi vifs que le nouveau rouge, ce sont tous de vieux rouges.

  « Couvert du rouge du sang des entrailles de ta mère, tu es venu dans ce monde, Shevonar. Couvert de la terre rouge des entrailles de la Grande Mère, tu Lui retourneras pour renaître dans le Monde d’Après comme tu es né dans celui-ci.

  Zelandoni saupoudra abondamment le corps, de la tête aux pieds, avec l’oxyde de fer pulvérisé.

  — La dernière couleur primaire est le sombre, parfois appelé noir, poursuivit-elle, ce qui amena Ayla à se demander quelles étaient les quatre autres couleurs sacrées. Sombre est la couleur de la nuit, des grottes profondes, du charbon de bois après que le feu a consumé la vie du bois. Certains disent que le noir est en réalité la nuance la plus sombre du vieux rouge. La couleur qui prend le pas sur la couleur de la vie avec l’âge. Tout comme la vie devient la mort, le rouge devient noir, sombre. Le noir est l’absence de vie ; c’est la couleur de la mort. Il n’a même pas une vie éphémère : il n’y a pas de fleurs noires.

  « Shevonar, le corps que ton élan habitait est mort et il passera dans le noir sous terre ; il retournera à la terre sombre de la Mère. Mais ton esprit ira dans le Monde d’Après, il retournera à la Mère, la Source Originelle de la Vie. Prends avec toi l’Esprit de cette nourriture que nous t’avons donnée pour te sustenter pendant ton Voyage.

  La doniate souleva le plat posé à côté du corps, le montra à la foule, puis le reposa et le recouvrit de poudre d’ocre rouge.

  — Prends avec toi ta lance préférée pour chasser les animaux Esprits, dit-elle, plaçant l’arme près du corps et la saupoudrant elle aussi. Prends avec toi tes outils afin de faire des lances pour les chasseurs du Monde d’Après. (Elle posa le redresseur près de la main raidie par la mort, le couvrit d’ocre.) N’oublie pas les talents que tu avais dans ce monde, fais-en usage dans le Monde d’Après. Ne pleure pas ta vie ici. Esprit de Shevonar, pars librement, pars en confiance. Ne regarde pas en arrière, ne t’attarde pas. Ta nouvelle vie t’attend.

  Les Zelandonia enveloppèrent le mort dans la natte, tirèrent sur les cordes attachées aux extrémités puis les enroulèrent autour du corps, pour tout maintenir en place. Ils attachèrent le filet à chaque extrémité d’un poteau qui était récemment encore un jeune arbre droit. L’écorce qui le recouvrait empêchait le hamac et son fardeau macabre de glisser.

  Ceux qui avaient creusé la fosse en terre sacrée s’approchèrent et soulevèrent le corps de Shevonar. Joharran se plaça devant, le poteau sur l’épaule gauche, Rushemar derrière lui, de l’autre côté, le poteau sur l’épaule droite. Solaban était à l’arrière, du même côté que Joharran, mais le poteau reposait sur un rembourrage placé sur son épaule car il n’était pas aussi grand que Jondalar, qui le suivait.

  Celle Qui Était la Première ouvrit la marche vers le site d’enterrement sacré. Les hommes qui portaient le corps la suivaient immédiatement, entourés par les Zelandonia. Venaient ensuite Relona et ses deux enfants, et le reste de la communauté, dans le même ordre que pour le repas.

  Ayla marchait de nouveau près de la tête du cortège avec Marthona. Elle remarqua que Laramar l’observait en se dirigeant vers les derniers membres de la Neuvième Caverne, ce qui le plaçait devant les chefs de la Troisième. Bien que Manvelar tentât de maintenir un écart avec la Neuvième pour séparer les deux Cavernes, Laramar, accompagné d’une femme grande et osseuse, entourée d’une nombreuse nichée d’enfants turbulents, ralentissait pour que l’écart se trouvât devant lui. Ayla était sûre qu’il essayait de donner l’impression qu’il était le premier de la Caverne suivante plutôt que le dernier de la Caverne précédente, alors que tout le monde connaissait son rang et sa Caverne.

  Sur une seule file, les Zelandonii empruntèrent l’étroit sentier devant le Gros Rocher puis posèrent les pieds sur des pierres plates judicieusement placées pour traverser la Rivière aux Poissons, qui coulait au milieu de Petite Vallée. Le sentier se rétrécissant de nouveau devant le Rocher Haut, ils avancèrent l’un derrière l’autre jusqu’au Gué, mais au lieu de continuer vers le sud après avoir gagné l’autre rive, comme pour se rendre au Rocher des Deux Rivières, ils tournèrent à gauche, vers le nord, et prirent une autre piste.

  N’étant plus confinés dans un sentier étroit entre roche et rivière, ils se déployèrent, marchèrent à deux ou trois de front dans la plaine inondable, puis commencèrent à gravir la pente des collines qu’Ayla avait vues ondoyer de l’autre côté de la Rivière. Le soleil déclinait à l’ouest, frôlant les sommets des hauteurs qui se dressaient devant eux quand ils parvinrent à un affleurement rocheux derrière lequel se cachait une petite cuvette. Le cortège ralentit, fit halte.

  Ayla se retourna, inspecta le chemin qu’ils avaient parcouru. Son regard balaya une étendue de verdure d’été qui s’arrêtait à l’eau miroitante qui coulait au pied de remparts de craie. Des ombres s’étiraient ça et là derrière un arbre, un buisson, et le plus haut de ceux qui bordaient la Rivière projetait une silhouette sombre qui embrochait le cours d’au puis se redressait pour escalader la paroi. Le jaune pâle de la roche, piqueté d’impuretés noires, adoptait une chaude couleur dorée dans le soleil couchant.

  Vu sous cette perspective, le mur calcaire, couronné de broussailles et de quelques arbres, prenait une grandeur à laquelle Ayla ne s’attendait pas, mais elle était capable de reconnaître les lieux dont elle avait appris les noms. Au sud, serrant de près le bord de l’eau, les parois en à-pic du Rocher Haut et du Gros Rocher, criblées des trous noirs des grottes, encadraient Petite Vallée. Les falaises qui s’écartaient de l’eau et constituaient le fond du Champ de Rassemblement menaient ensuite aux reliefs sculpturaux des abris d’En-Aval, puis à l’énorme surplomb de la Neuvième Caverne.

  Comme ils repartaient, Ayla remarqua que plusieurs Zelandonii portaient des torches.

  — Aurais-je dû apporter un flambeau, Willamar ? demanda-t-elle à l’homme qui marchait à côté d’elle. Il fera noir avant notre retour.

  — Il faut qu’il fasse noir, dit Marthona, qui se trouvait de l’autre côté de Willamar. Et il y aura beaucoup de torches là-bas. Quand les gens quitteront le site sacré, ils les allumeront pour éclairer leur chemin, mais ils n’iront pas tous dans la même direction. Certains partiront d’un côté, certains d’un autre ; certains descendront à la Rivière, d’autres monteront à un endroit que nous appelons le Point de Guet. En nous voyant partir, l’élan de Shevonar et les Esprits qui pourraient se trouver à proximité essaieront peut-être de nous rattraper. Nous devons semer la confusion, de sorte que, s’ils parviennent à franchir la barrière des poteaux, ils ne sachent pas quelles lumières suivre.

  Tandis que le cortège se rapprochait du site, Ayla remarqua la lueur dansante d’un feu brûlant derrière l’affleurement rocheux et sentit une odeur aromatique, détectable de loin. Lorsqu’ils eurent contourné l’obstacle, elle découvrit un cercle de flambeaux qui produisaient autant de fumée que de lumière. Juste derrière, un cercle de poteaux sculptés délimitait le site sacré.

  — Les torches dégagent une forte odeur, commenta-t-elle.

  — Oui, les Zelandonia les fabriquent spécialement pour les funérailles, expliqua Marthona. Elles tiennent les Esprits à l’écart pour nous permettre de pénétrer sur le site sans danger – je devrais peut-être dire en courant moins de danger. Et s’il y a une odeur, les torches la rendent plus supportable.

  Les Zelandonia des six Cavernes se postèrent à intervalles réguliers à l’intérieur du cercle, offrant un second rideau protecteur. Celle Qui Était la Première se plaça à un bout de la fosse ; les quatre porteurs de la dépouille pénétrèrent avec leur funèbre fardeau dans la zone éclairée. Les deux hommes de devant firent le tour de la fosse par le
côté droit jusqu’à ce qu’ils fussent face à la Première, laissant les deux autres hommes à l’autre bout. Puis ils attendirent en maintenant le corps suspendu dans le hamac au-dessus de la tombe.

  La famille de Shevonar et d’autres chefs de sa Caverne les rejoignirent dans la zone éclairée ; le reste du cortège se massa à l’extérieur du cercle de poteaux gravés.

  Le Zelandoni de la Neuvième Caverne s’avança, et pendant un moment tout demeura silencieux. Pas un bruit ne s’élevait de la foule. Dans le silence, un lion des cavernes rugit au loin, une hyène ricana. Ayla sursauta en entendant un son étrange, haut perché. Un frisson lui parcourut le dos.

  Elle avait déjà entendu cette musique de flûte qui ne semblait pas de ce monde, mais pas depuis longtemps. Manen avait joué de cet instrument à la Réunion d’Été des Mamutoï. Elle se souvint qu’elle avait célébré les rites d’enterrement du Clan pour Rydag – le jeune garçon qui lui rappelait son fils – parce que les Mamutoï ne voulaient pas que l’enfant d’esprit mêlé adopté par Nezzie eût un enterrement mamutoï. Mais Manen avait joué de sa flûte malgré eux quand, avec les gestes silencieux de la langue du Clan, elle avait imploré le Grand Ours des Cavernes et l’Esprit de son totem de conduire Rydag dans le Monde d’Après du Clan.

  Elle se remémora aussi les funérailles d’Iza, lorsque Mog-ur avait fait ces signes de sa main unique au-dessus de la tombe. Puis elle se rappela la mort de Mog-ur lui-même. Elle était entrée dans la grotte après le tremblement de terre et l’avait trouvé le crâne défoncé par une pluie de pierres, gisant sur le cairn tombal d’Iza. Elle avait fait les signes pour lui puisque personne d’autre n’avait osé se risquer dans la grotte alors que la terre grondait encore.

  La flûte éveillait encore un autre souvenir. Elle avait entendu cet instrument avant de connaître Manen, pendant la cérémonie rituelle de l’Ours des Cavernes au Rassemblement du Clan. Le Mog-ur d’un autre clan avait joué d’un instrument semblable, même si le son aigu qui symbolisait la voix spirituelle d’Ursus avait un ton différent de celui de Manen et de celui qu’elle entendait maintenant. Elle fut détournée de ses pensées quand Zelandoni commença d’une voix profonde :

 

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