Les chasseurs de mammouths

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Les chasseurs de mammouths Page 58

by Jean M. Auel


  — Non bien sûr, je n’y vois pas d’inconvénient, mais...

  — Très bien, merci.

  Jondalar prit ses fourrures de couchage, débarrassa de ses affaires la plate-forme qu’il partageait avec Ayla.

  La jeune femme était accablée, affolée à l’idée qu’il pouvait vraiment avoir envie de dormir loin d’elle. Elle était presque sur le point de le supplier de ne pas la quitter, mais l’orgueil la retint.

  Il avait partagé son lit, mais, depuis longtemps déjà, ils n’avaient pas partagé les Plaisirs : il ne l’aimait plus, elle en était convaincue. Dans ce cas, elle n’allait pas tenter de le retenir, même si, à la pensée de cette séparation, la peur et la souffrance lui nouaient l’estomac.

  Il entassait ses affaires dans une hotte.

  — Tu ferais bien de prendre aussi ta part de nourriture, dit-elle. Dans un effort pour rendre la séparation moins définitive elle ajouta :

  — Mais je ne vois pas qui te fera la cuisine, là-bas. Ce n’est même pas un véritable foyer.

  — Qui donc, à ton avis, me faisait la cuisine, quand j’accomplissais mon grand Voyage ? Une donii ? Je n’ai pas besoin de femme pour prendre soin de moi ; Je préparerai mes repas moi-même !

  Les bras chargés de fourrures, il traversa à grands pas le Foyer du Renard et le Foyer du Lion, jeta ses couvertures sur le sol, près de l’aire où travaillaient les façonneurs d’outils. Ayla, encore incapable d’y croire, le suivit des yeux.

  L’abri entier bourdonnait de la rumeur de leur séparation. Après avoir appris la nouvelle, Deegie, encore incrédule, se hâta dans le passage central. Pendant qu’Ayla faisait manger le louveteau, sa mère et elle s’étaient retirées au Foyer de l’Aurochs et s’y étaient entretenues quelque temps. Deegie, qui avait elle aussi changé de tenue, avait l’air plutôt abattue mais, en même temps, décidée. Certes, elles n’auraient pas dû rester aussi longtemps dehors, tant pour leur sécurité qu’en raison de l’inquiétude causée aux autres. Mais, non, étant donné les circonstances, Deegie n’aurait pu agir différemment. Tulie aurait aimé s’entretenir avec Ayla aussi, mais ce ne serait pas indiqué, elle le sentit, surtout après avoir entendu l’histoire contée par Deegie. Ayla avait demandé à son amie de rentrer, avant de commencer cet invraisemblable recherche des traces de la louve. Et elles étaient adultes, parfaitement capables de se tirer d’affaire seules. Pourtant, de toute sa vie, Tulie n’avait jamais été aussi inquiète pour sa fille.

  Nezzie poussa Tronie du coude. Elles préparèrent des assiettes d’aliments réchauffés et les apportèrent au Foyer du Mammouth, pour Ayla et Deegie. Peut-être tout s’arrangerait-il quand elles auraient mangé et qu’elles auraient eu l’occasion de raconter leur histoire.

  Tout le monde attendait pour poser des questions sur le louveteau, que les deux jeunes femmes et le petit loup se soient nourris et réchauffées. Ayla d’abord affamée, avait maintenant du mal à avaler quelques bouchées. Son regard se tournait sans cesse vers la direction qu’avait prise Jondalar. Les autres, apparemment, semblaient converger vers le Foyer du Mammouth, dans leur hâte d’entendre le récit d’une aventure exceptionnelle et passionnante que l’on pourrait se répéter indéfiniment. Que la jeune femme fût ou non d’humeur à conter l’histoire, tous voulaient savoir comment elle était revenue parmi eux avec un petit loup.

  Deegie commença par la capture des renards blancs dans ses pièges. C’était la louve noire, elle en était maintenant certaine, qui affaiblie, affamée, avait été conduite à s’emparer des renards pour se nourrir. La bête, suggéra Ayla, avait peut-être suivi Deegie à la trace, lorsqu’elle avait posé ses pièges. Deegie relata ensuite comment Ayla, désireuse de se procurer de la fourrure blanche pour orner le vêtement qu’elle confectionnait pour quelqu’un, mais autre que du renard, avait retrouvé la piste des hermines.

  Jondalar, arrivé après le début de l’histoire, s’était assis au pied du mur le plus éloigné et s’efforçait de passer inaperçu. Il regrettait déjà d’être parti précipitamment et s’en voulait de sa hâte mais, en entendant la remarque de Deegie, il sentit le sang se retirer de son visage. Si Ayla confectionnait pour quelqu’un un vêtement orné de fourrure blanche et qu’elle ne voulût pas de renard, ce devait être parce qu’elle avait déjà offert à ce « quelqu’un » des fourrures de renards arctiques. Et il savait à qui elle les avait offertes, lors de la cérémonie de son adoption. Il ferma les yeux, serra les poings. Il ne voulait même pas y penser mais il était incapable d’éloigner cette idée de son esprit. Ayla devait préparer quelque chose pour l’homme à la peau noire, qui avait si grande allure, vêtu de fourrures blanches. Pour Ranec.

  Ranec lui-même se demandait de qui il s’agissait. Sans doute était-ce de Jondalar, mais il espérait qu’il s’agissait de quelqu’un d’autre, peut-être même de lui. Une inspiration lui vint. Qu’elle confectionnât quelque chose pour lui ou non, il pouvait de toute façon faire quelque chose pour elle. Il revoyait sa joie, son plaisir quand il lui avait offert le petit cheval sculpté. Une chaleur l’envahissait à l’idée de créer pour elle autre chose. Quelque chose qui la ravirait de nouveau, qui l’enthousiasmerait, surtout maintenant que le grand homme blond l’avait quittée. La présence de Jondalar lui avait toujours imposé une certaine réserve. Mais s’il renonçait de son propre chef à sa position dominante, s’il abandonnait le lit et le foyer d’Ayla, lui, Ranec, se sentait libre de lui faire une cour plus pressante.

  Le petit loup gémit dans son sommeil. Ayla, assise au bord de sa plate-forme de couchage, se pencha sur lui, le caressa pour l’apaiser. Les seuls moments de sa jeune vie où il avait trouvé un tel sentiment de chaleur et de sécurité, c’était quand il était blotti auprès de sa mère, et elle l’avait bien souvent laissé seul dans la froide obscurité de la tanière. Mais la main d’Ayla l’avait arraché à ce lieu de morne et effrayante solitude, elle lui avait apporté chaleur, nourriture et sécurité. Sous le contact rassurant, il se calma sans même s’être réveillé.

  Ayla laissait Deegie poursuivre le récit, se contentait d’y ajouter quelques commentaires, quelques explications. Elle n’avait pas grande envie de parler, et il était intéressant de constater que l’histoire contée par son amie n’était pas tout à fait semblable à celle qu’elle aurait relatée. Elle n’était pas moins véridique mais elle était vue sous un angle différent, et Ayla s’étonnait un peu de certaines impressions de sa compagne. Elle-même n’avait pas vu la situation sous un jour aussi dangereux, Deegie avait eu peur de la louve, beaucoup plus qu’elle. Elle ne paraissait pas comprendre réellement ces animaux.

  Les loups comptaient parmi les plus inoffensifs des voleurs de viande. On prévoyait très facilement leurs réactions, si l’on prêtait attention à leurs signaux. Les gloutons étaient beaucoup plus sanguinaires, les ours moins prévisibles. Les loups s’attaquaient rarement aux êtres humains.

  Mais Deegie ne les voyait pas ainsi. La louve, à l’entendre, s’était ruée avec violence sur Ayla et elle avait eu peur. Certes, l’attaque n’était pas sans danger, mais, même si Ayla ne l’avait pas repoussée, elle était simplement défensive. La jeune femme aurait pu être blessée, mais tuée, sans doute pas. Et la louve avait battu en retraite dès qu’elle avait pu se saisir de l’hermine morte. Quand Deegie en vint à décrire comment Ayla s’était faufilée, la tête la première, dans la tanière de la louve, le Camp la considéra avec un respect révérencieux. Elle était certainement très courageuse ou très téméraire. A ses propres yeux, la jeune femme n’était ni l’une ni l’autre. Elle savait qu’il ne pouvait y avoir aucun autre loup adulte dans les parages : il n’y avait pas d’autres traces. La louve noire était une solitaire, probablement bien loin de son territoire d’origine, et la louve noire était morte.

  Pour l’un des membres de l’auditoire, le récit par Deegie des exploits d’Ayla éveillait plus que du respect. Jondalar, en esprit, noircissait encore l’histoire, il imaginait Ayla, non seulement en grand danger, mais attaquée par des loups, blessée, saignan
te, pis encore, peut-être. Il ne supportait pas ces images, et son anxiété première lui revenait avec une force redoublée. D’autres éprouvaient des sentiments tout proches.

  — Tu n’aurais jamais dû t’exposer à un tel danger, Ayla, déclara la Femme Qui Ordonne.

  — Mère ! protesta Deegie.

  Tulie, un peu plus tôt, lui avait dit qu’elle n’exprimerait pas ses inquiétudes.

  Ceux qui se passionnaient pour l’aventure s’en prirent à elle, pour avoir interrompu un récit dramatique, conté avec talent. Que l’aventure fût réelle la rendait plus excitante encore. On pourrait, par la suite, la relater bien des fois, elle n’aurait plus jamais l’impact de la nouveauté. On avait gâché l’atmosphère : après tout, Ayla était maintenant de retour, saine et sauve.

  La jeune femme regarda Tulie, avant de lancer un coup d’œil vers Jondalar. Elle avait senti sa présence, senti qu’il était furieux, et Tulie apparemment était furieuse, elle aussi.

  — Je ne courais pas grand danger, dit Ayla.

  — Tu ne crois pas qu’il soit dangereux de pénétrer dans la tanière d’un loup ? demanda Tulie.

  — Non. Il n’y avait aucun danger. C’était la tanière d’une louve solitaire, et elle était morte. Je voulais seulement trouver ses petits.

  — Peut-être, mais était-il nécessaire de rester dehors aussi tard, à traquer la louve ? Il faisait presque nuit quand vous êtes rentrées, dit Celle Qui Ordonne.

  Jondalar lui avait fait le même reproche.

  — Mais je savais que la louve avait eu des petits. Elle allaitait. Sans mère, ils allaient mourir, expliqua Ayla.

  Elle l’avait déjà dit et pensait avoir été comprise.

  — Ainsi, tu mets ta propre vie en danger...

  Et celle de Deegie, pensait Tulie, mais elle ne formula pas toute sa pensée.

  — ... pour sauver celle d’un loup ? Après l’attaque de la louve noire, il était téméraire de continuer à la poursuivre, simplement pour lui reprendre l’hermine qu’elle t’avait volée. Tu aurais dû la laisser partir.

  — Je ne suis pas de ton avis, Tulie, intervint Talut.

  Toutes les têtes se tournèrent vers le chef.

  — Il y avait une louve affamée dans le voisinage, une louve qui avait déjà suivi Deegie à la trace, quand elle avait posé ses pièges. Qui peut dire si elle ne l’aurait pas suivie jusqu’ici ? Le temps se réchauffe, les enfants jouent dehors plus souvent. Si cette louve s’était trouvée sans autre ressource, elle aurait pu s’attaquer à l’un des enfants, sans que nous nous y soyons attendus. Nous savons maintenant que la louve est morte. C’est mieux ainsi.

  Les gens hochaient la tête d’un air approbateur, mais Tulie n’allait pas se laisser dissuader aussi aisément.

  — Peut-être vaut-il mieux que la louve ait été tuée, mais tu ne peux pas dire qu’il était nécessaire de passer tout ce temps à chercher ses petits. Et maintenant qu’elle a trouvé le louveteau, qu’allons-nous en faire ?

  — A mon avis, Ayla a bien fait de suivre la louve et de la tuer, mais il est dommage qu’une mère qui allaitait ait dû être mise à mort. Toutes les mères méritent le droit d’élever leurs petits, même les mères louves. Mais il y a plus : les efforts d’Ayla et de Deegie pour découvrir la tanière de la louve n’ont pas été entièrement inutiles, Tulie. Elles ont fait plus que trouver un louveteau. Puisqu’elles n’ont vu qu’une seule série de traces, nous savons maintenant qu’il n’y a pas d’autres loups affamés dans le voisinage. Et si, au nom de la Mère, Ayla a pris en pitié le petit de la mère louve, je ne vois aucun mal à ça. Il est si jeune.

  — Il est tout jeune maintenant mais il ne le restera pas. Que ferons-nous d’un loup adulte ? Comment sais-tu qu’alors il ne s’attaquera pas aux enfants ? demanda Frébec. Il y aura bientôt un petit enfant à notre foyer.

  — Étant donné sa bonne entente avec les animaux, Ayla, je pense, saurait empêcher ce loup de s’en prendre à quelqu’un. Mais, mieux encore, je déclare ici, comme chef du Camp du Lion, que s’il y a le moindre soupçon que ce loup puisse attaquer quelqu’un...

  Talut fixa sur Ayla un regard pénétrant.

  — ... je le tuerai moi-même. Es-tu d’accord avec cette déclaration, Ayla ?

  Tous les yeux se tournèrent vers elle. Elle rougit, bredouilla un instant mais parla ensuite du fond du cœur.

  — Je ne peux pas affirmer que le louveteau, quand il sera adulte, ne s’attaquera à personne. Je ne peux même pas assurer qu’il restera parmi nous. J’ai élevé une jument que j’avais recueillie toute jeune. Elle m’a quittée pour rejoindre un étalon et elle a vécu pendant un certain temps avec un troupeau mais elle est revenue. J’ai élevé aussi un lion des cavernes jusqu’à l’âge adulte. Quand Bébé était petit, Whinney était pour lui comme une seconde mère, et ils sont devenus des amis. Les lions des cavernes chassent les chevaux, et il aurait été aussi très capable de s’attaquer à moi mais il ne nous a menacés ni l’un ni l’autre. Il a toujours été mon enfant adoptif.

  « Quand Bébé est parti pour trouver une femelle, il n’est plus revenu, définitivement, mais il nous rendait parfois visite, et il nous arrivait de le rencontrer sur les steppes. Jamais il ne nous a menacés, ni Whinney ni Rapide, ni moi, même après avoir trouvé une femelle et avoir fondé une famille. Bébé s’est attaqué à deux hommes qui avaient pénétré dans son antre et il en a tué un. Mais, quand je lui ai commandé de partir et de laisser Jondalar et son frère, il est parti. Un lion des cavernes et un loup sont tous deux des mangeurs de viande. J’ai vécu avec un lion des cavernes et j’ai observé les loups. A mon avis, un loup qui a grandi parmi les gens d’un Camp ne leur fera jamais de mal. Pourtant, je veux le déclarer ici : s’il y a jamais le moindre signe de danger pour un enfant ou pour n’importe qui d’autre...

  Elle avala convulsivement sa salive.

  — ... moi, Ayla des Mamutoï, je le tuerai de mes propres mains.

  Le lendemain matin, Ayla décida de présenter le louveteau à Whinney et à Rapide, afin que les chevaux s’accoutument à son odeur. Après avoir nourri le petit loup, elle le prit dans ses bras, l’emporta dans le foyer des chevaux pour lui faire rencontrer les deux autres bêtes. Elle l’ignorait, mais plusieurs personnes l’avaient vue sortir.

  Avant d’approcher les chevaux avec le louveteau elle ramassa un crottin séché, l’écrasa et frictionna le petit animal avec cette poussière fibreuse. Whinney, elle s’en souvenait, avait plus facilement accepté Bébé, à partir du moment où celui-ci s’était roulé dans son crottin.

  Quand elle tendit la petite boule de poils à la jument, celle-ci commença par se dérober, mais une curiosité naturelle l’emporta. Elle s’avança prudemment, flaira l’odeur familière de cheval mêlée à celle, plus inquiétante, du loup. Rapide se montra tout aussi curieux mais moins prudent. Il se méfiait d’instinct des loups, mais il n’avait jamais vécu en troupeau, n’avait jamais fait l’objet d’une poursuite de la part d’une bande de chasseurs compétents. Il s’approcha de cette chose velue, chaude, vivante, intéressante, même si elle était vaguement menaçante, qu’Ayla tenait entre ses mains, et tendit le cou pour l’examiner de plus près.

  Quand les deux chevaux eurent suffisamment reniflé pour se familiariser avec le louveteau, Ayla le posa par terre, devant les deux gros herbivores. Elle perçut un cri étouffé, se retourna vers l’entrée du Foyer du Mammouth. Latie avait soulevé le rabat. Talut, Jondalar et quelques autres se pressaient derrière elle. Ils ne voulaient pas la gêner mais ils étaient curieux, eux aussi. Ils n’avaient pu résister au désir d’assister à la première rencontre entre le louveteau et les deux chevaux. Il avait beau être tout petit, l’animal était un prédateur, et les chevaux la proie naturelle du loup. Néanmoins, les sabots et les dents constituaient des armes redoutables. On avait vu des chevaux blesser ou tuer des loups adultes pour se défendre. Ceux-là pourraient aisément se débarrasser d’un ennemi aussi petit.

  Les chevaux savaient qu’ils ne couraient aucun danger avec un chasseu
r aussi jeune. Ils ne tardèrent pas à dominer leur méfiance. Plus d’un spectateur sourit en voyant le petit loup, tout chancelant sur ses pattes, lever les yeux sur les jambes massives de ces géants. Whinney, baissa la tête, flaira l’animal, marqua un recul avant de pousser de nouveau son long nez vers le loup. Rapide, approcha par l’autre côté cette petite bête intéressante. Le louveteau se fit plus petit encore, se blottit contre le sol en voyant de si près ces deux têtes énormes. Mais, du point de vue du petit loup, le monde était peuplé de créatures gigantesques. Les humains, même la femme qui le nourrissait, le réconfortait, étaient des géants, eux aussi.

  Il ne discernait aucune menace dans le souffle chaud qui sortait des naseaux distendus. A l’odorat sensible du petit loup, l’odeur des chevaux était familière. Elle imprégnait les vêtements, les affaires d’Ayla et jusqu’à la jeune femme elle-même. Le louveteau décida que ces géants à quatre pattes faisaient partie de sa bande et, avec le désir de plaire, tout naturel chez une jeune créature, se tendit pour toucher, avec son minuscule nez noir, les doux naseaux de la jument.

  Ayla entendit le murmure distinct de Latie.

  — Ils se touchent le nez !

  Quand le loup entreprit de lécher le museau de la jument, ce qui constituait la manière dont les louveteaux prenaient contact avec les membres de leur bande, Whinney releva vivement la tête. Mais elle était trop intriguée pour refuser longtemps les avances du minuscule et surprenant animal : elle ne tarda pas à accepter ses coups de langue caressants.

  Après cette prise de contact, Ayla ramena le petit loup dans l’habitation. Le début était prometteur, mais elle ne voulait pas forcer la note. Par la suite, elle emmènerait le louveteau pour une promenade à cheval.

  Lors de la mise en présence des animaux, elle avait vu sur le visage de Jondalar une expression de tendresse amusée, expression qui lui avait été naguère très familière et qui fit monter en elle un inexplicable sentiment de bonheur. Peut-être, maintenant qu’il avait eu le temps de réfléchir, Jondalar allait-il être disposé à revenir au Foyer du Mammouth. Mais, lorsqu’en passant devant lui, elle lui adressa son beau sourire épanoui, il détourna la tête, baissa les yeux, avant de suivre Talut. La joie d’Ayla s’évapora, laissant à sa place une douloureuse pesanteur. Convaincue qu’il n’avait plus aucun attachement pour elle, elle baissa la tête.

 

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