Les chasseurs de mammouths

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Les chasseurs de mammouths Page 57

by Jean M. Auel


  — Aïe ! Tu sais te défendre, dit-elle. Elle sourit.

  — Tu as encore de l’énergie. Allons, viens, petit loup. Tout ira bien. Viens.

  De nouveau, elle tendit la main vers le louveteau, avec le même petit gémissement suppliant, toucha une boule de fourrure floconneuse. Elle referma les doigts dessus, attira vers elle le petit animal qui crachait de colère et se débattait. Après quoi, à reculons, elle sortit de la tanière.

  — Regarde ce que j’ai trouvé, Deegie !

  Ayla, avec un sourire triomphant, brandissait un petit louveteau gris à la fourrure ébouriffée.

  23

  Jondalar faisait les cent pas dehors, entre l’entrée principale et l’abri des chevaux. Il portait une chaude pelisse qui avait appartenu à Talut mais, même ainsi, il ressentait la chute de température à mesure que le soleil se rapprochait de l’horizon. A plusieurs reprises, il avait gravi la pente dans la direction qu’avaient empruntée Ayla et Deegie et il apprêtait à le faire une fois encore.

  Depuis le départ des deux jeunes femmes, ce matin-là, il essayait d’apaiser son inquiétude. Quand, dans l’après-midi il avait commencé d’arpenter les environs immédiats de l’habitation, les autres avaient souri avec condescendance, mais il n’était plus seul, à présent, à manifester de l’anxiété. Tulie elle-même avait grimpé plusieurs fois la pente et Talut parlait de rassembler quelques hommes pour se lancer à la recherche des deux absentes avec des torches. Whinney et Rapide eux-mêmes semblaient inquiets.

  La flamme éclatante qui illuminait le couchant glissa derrière un banc de nuages. Le soleil en émergea sous la forme d’un cercle de lumière rouge aux contours précis, un disque d’un autre monde, sans profondeur ni dimension définie, trop parfait, trop symétrique pour appartenir à l’environnement naturel. Néanmoins, cet orbe rouge et lumineux prêtait de la couleur aux nuages et un air de santé à la face pâle de l’autre astre, son compagnon céleste, encore bas à l’horizon du levant.

  Au moment précis où Jondalar allait repartir deux silhouettes se découpèrent au sommet de la pente. Elles se détachaient sur un fond bleu lavande qui se fondait par degrés dans un indigo profond. Une seule étoile scintillait au-dessus d’elles. Jondalar exhala un profond soupir, se laissa aller comme pris de vertige contre les défenses qui formaient la voûte d’entrée.

  Mais pourquoi étaient-elles restées si longtemps absentes ? Elles auraient dû savoir qu’elles ne devaient pas éveiller pareille inquiétude parmi les leurs. Qu’est-ce qui avait bien pu les retenir si longtemps ? Peut-être avaient-elles dû affronter des dangers. Il aurait mieux fait de les suivre.

  — Elles sont là ! Elles sont de retour ! criait Latie.

  Des gens à demi vêtus se précipitèrent hors de l’abri. Ceux qui se trouvaient déjà à l’extérieur et chaudement habillés entamèrent la montée en courant pour aller à la rencontre des arrivantes.

  Dès qu’Ayla fût à portée de voix, Jondalar la questionna :

  — Qu’est-ce qui vous a retenues si longtemps ? Il fait presque nuit. Où étiez-vous ?

  Elle posa sur lui un regard stupéfait. Tulie intervint.

  — Laisse-les d’abord rentrer, dit-elle.

  Sa mère, Deegie le savait, n’était pas contente, mais elles avaient passé dehors la journée entière, elles étaient fatiguées, et le froid se faisait de plus en plus vif. Les récriminations viendraient par la suite, quand Tulie se serait assurée qu’elles étaient en bonne santé. On les poussa toutes les deux à l’intérieur, on leur fit traverser le foyer d’entrée pour les amener dans l’espace réservé à la cuisine.

  Deegie, heureuse de se débarrasser de son fardeau, souleva la carcasse de la louve noire qui, dans la rigidité de la mort, avait pris la forme de son épaule. Il y eut des exclamations de surprise quand elle la laissa tomber sur une natte, et Jondalar pâlit visiblement. Elles avaient bien couru un danger.

  — C’est un loup ! dit Druwez.

  Il considérait sa sœur avec respect.

  — Où as-tu trouvé ce loup ?

  — Attends de voir ce que rapporte Ayla, répondit Deegie. Déjà, elle tirait de son sac les renards blancs.

  Ayla, de son côté, sortait du sien les hermines raidies par le froid. Elle y employait une seule main. L’autre restée prudemment posée sur sa taille, par-dessus sa chaude tunique de fourrure à capuchon.

  — Voilà de bien jolies hermines, dit Druwez.

  Les petites bêtes blanches l’impressionnaient beaucoup moins que le loup noir, mais il ne voulait pas se montrer vexant.

  Ayla lui sourit, avant de détacher la lanière qu’elle avait nouée autour de sa pelisse. Elle passa la main à l’intérieur, ramena une petite boule de fourrure grise. Tout le monde se pencha pour voir ce qu’elle tenait. Tout à coup, la petite boule remua.

  Le louveteau avait dormi profondément contre la chaleur du corps d’Ayla, sous la pelisse, mais la lumière, le bruit, les odeurs inconnues l’effrayaient. Il gémit, chercha à se blottir contre la femme dont l’odeur et la tiédeur lui étaient devenues familières. Elle posa la petite créature sur le lœss de la fosse à dessiner. Le louveteau se releva, fit quelques pas chancelants, avant de s’accroupir pour former une petite mare vite absorbée par la terre sèche.

  — C’est un loup dit Danug.

  — Un petit loup précisa Latie, du plaisir plein les yeux.

  Ayla vit Rydag se rapprocher prudemment pour voir de plus près le petit animal. Il tendit la main. Le louveteau la renifla, avant de la lécher. Le sourire de Rydag exprima une joie sans mélange.

  — Où as-tu eu le petit loup, Ayla ? questionna-t-il par signes.

  — Une longue histoire, lui répondit-elle dans le même langage. Je te la raconterai plus tard.

  Elle se débarrassa vivement de sa pelisse, Nezzie la prit, lui tendit une coupe d’infusion bien chaude. Avec un sourire de gratitude, elle en but une gorgée.

  — Peu importe où elle l’a eu. Que va-t-elle en faire ? questionna Frébec.

  Il comprenait le langage silencieux, Ayla le savait, même s’il prétendait l’ignorer. De toute évidence, il avait saisi la question de Rydag. Elle se tourna vers lui pour lui faire face.

  — Je vais prendre soin de lui, Frébec, déclara-t-elle, le regard flamboyant. J’ai tué sa mère, précisa-t-elle, avec un geste vers la louve noire, et je vais m’occuper de ce petit.

  — Ce n’est pas un petit, c’est un loup ! Un animal capable de blesser des êtres humains, répliqua-t-il.

  Ayla prenait rarement une position aussi tranchée, que ce fût contre lui ou contre n’importe qui d’autre. Elle lui cédait souvent, il l’avait découvert, sur des points sans grande importance, pour éviter un conflit s’il se montrait assez désagréable. Il ne s’attendait pas à un affrontement direct et il en était mécontent, d’autant qu’il redoutait de n’en pas sortir victorieux.

  Manuv regarda le louveteau, reporta son regard sur Frébec. Son visage se fendit d’un large sourire.

  — As-tu peur que cet animal ne te fasse du mal, Frébec ? Sous les rires bruyants, Frébec s’empourpra de fureur.

  — Je ne voulais pas dire ça. Je veux dire que les loups sont dangereux pour les gens. D’abord, des chevaux, et maintenant des loups. Qu’est-ce qui viendra ensuite ? Je ne suis pas un animal et je ne veux pas vivre avec des animaux.

  Il s’en fut à grandes enjambées, peu soucieux de savoir, au cas où il les obligerait à prendre parti, si les autres occupants du Camp du Lion lui préféreraient Ayla et ses animaux.

  — Il te reste encore de ce rôti de bison, Nezzie ?

  — Tu dois mourir de faim. Je vais te servir quelque chose.

  — Ce n’est pas pour moi. C’est pour le petit loup.

  Nezzie apporta à Ayla une tranche de viande, tout en se demandant comment un louveteau si jeune allait pouvoir la manger. Mais Ayla se rappelait une leçon apprise bien longtemps auparavant : les tout-petits peuvent se nourrir comme leur mère, à condition que la nourriture soit plus tendre, plus facile à mâcher et à
avaler. Naguère, elle avait ramené dans sa vallée un petit lion des cavernes blessé et elle l’avait nourri de viande et de bouillon, au lieu de lait. Les loups mangeaient de la viande eux aussi. Du temps où elle les observait, afin de tout apprendre d’eux, elle avait vu, elle s’en souvenait, des loups plus âgés mastiquer de la viande et l’avaler, pour la rapporter à la tanière et la déglutir au profit des louveteaux. Elle-même n’avait pas besoin de la mastiquer, elle avait des mains, un couteau affilé, elle pouvait la hacher.

  Après avoir fait de la tranche de bison une sorte de pulpe, Ayla la mit dans une coupe, y ajouta de l’eau tiède pour amener la température à celle du lait maternel. Le louveteau avait reniflé tout autour de la fosse à dessiner mais, apparemment, il avait peur de s’aventurer hors de ses limites. Ayla s’assit sur la natte, tendit la main, appela doucement le petit animal. Elle l’avait arraché à un endroit solitaire et froid, elle lui avait apporté la chaleur, le réconfort, et son odeur était pour lui étroitement associée à l’idée de sécurité. D’un pas chancelant, la petite boule de fourrure s’approcha de la main tendue.

  Elle souleva d’abord le louveteau pour l’examiner de plus près. Le petit loup était un mâle, encore très jeune : sans doute ne s’était-il pas écoulé plus d’un cycle lunaire depuis sa naissance. Elle se demandait s’il avait des frères et sœurs, et, si tel était le cas, quand ils étaient morts. Apparemment il était en bonne santé et ne paraissait pas mal nourri. La louve noire pourtant, était décharnée. En songeant aux terribles difficultés contre lesquelles la louve avait dû lutter pour maintenir en vie cet unique louveteau, elle se rappelait ses épreuves personnelles. Sa résolution en fut encore renforcée. Si elle le pouvait, elle garderait en vie le fils de la mère louve, en dépit de tous les obstacles, et ni Frébec ni personne d’autre ne l’en empêcherait.

  Ayla prit le louveteau sur ses genoux, trempa un doigt dans la viande finement hachée, le ramena sous le nez du petit loup. Il avait faim. Il flaira la viande, y donna un petit coup de langue, avant de nettoyer consciencieusement le doigt d’Ayla. Elle refit la même opération, et, cette fois encore, il fit avidement disparaître la viande. Elle continua de le nourrir ainsi. Elle sentait le petit ventre s’arrondir à mesure. Quand elle pensa qu’il avait assez mangé, elle lui offrit un peu d’eau, mais il l’effleura seulement du bout de la langue. Elle se leva alors, l’emporta vers le Foyer du Mammouth.

  — Tu trouveras quelques vieilles corbeilles, je crois, sur cette banquette, là-bas, dit Mamut, qui l’avait suivie.

  Elle lui sourit. Il savait très précisément ce qu’elle avait en tête. Elle fouilla un peu, découvrit un grand panier à cuisine qui tombait en morceaux à une extrémité. Elle le plaça sur la plate-forme, à la tête de son lit. Mais, quand elle y plaça le louveteau, il gémit pour en sortir. Elle le prit, regarda autour d’elle, sans bien voir ce qui l’apaiserait. Elle fut tentée de le prendre avec elle dans son lit mais elle était déjà passée par là avec les poulains et les lionceaux. Il était trop malaisé par la suite de les amener à modifier leurs habitudes. D’ailleurs Jondalar, n’aurait peut-être pas envie de partager sa couche avec un loup.

  — Il n’est pas heureux dans son panier. Sans doute lui faudrait-il sa mère ou d’autres louveteaux pour lui tenir compagnie, dit-elle à Mamut.

  — Donne-lui quelque chose qui t’appartienne, Ayla, conseilla le vieil homme. Quelque chose de doux, de confortable, de familier. Sa mère, maintenant, c’est toi.

  Elle hocha la tête, passa en revue ses quelques vêtements. Elle ne possédait pas grand-chose. La magnifique tenue que lui avait offerte Deegie, celle qu’elle s’était confectionnée dans sa vallée avant de venir chez les Mamutoï, quelques vêtements déjà usagés que lui avaient donnés d’autres personnes pour lui permettre de se changer. Du temps, où elle vivait avec le Clan, et même dans sa vallée, elle avait de nombreuses peaux pour s’en envelopper...

  Elle remarqua tout à coup, dans un coin, la hotte qu’elle avait apportée de la vallée. Elle y fouilla, en tira d’abord le manteau de Durc, mais après l’avoir tenu un moment entre ses mains, elle le replia, le remit à sa place. Elle ne pouvait s’en séparer. Elle trouva alors la grande peau de cuir souple qu’elle avait portée au Clan. Elle en enveloppa le petit loup, le reposa ainsi dans le panier. Il renifla un peu partout, se blottit au milieu et s’endormit rapidement.

  Ayla prit soudain conscience qu’elle était épuisée. Elle avait faim, aussi, et ses vêtements étaient encore humides de neige. Elle ôta ses bottes mouillées, puis leur doublure de feutre fait de laine de mammouth, passa une tenue sèche, enfila les chaussons d’intérieur que Talut lui avait appris à faire. Intriguée par ceux qu’il portait, lors de la cérémonie d’adoption, elle l’avait persuadé de lui en expliquer la confection.

  Le procédé était basé sur une caractéristique naturelle de l’élan ou du cerf : la patte de derrière forme un angle assez aigu, à la jointure avec le jarret, pour épouser la forme naturelle d’un pied humain. On tranchait la peau au-dessus et au-dessous de l’articulation et on l’enlevait d’une seule pièce. Quand on l’avait traitée, on cousait à l’aide d’un filament de nerf l’extrémité de la partie inférieure. La partie supérieure, qui enveloppait le bas de la jambe, était fixée par des cordons ou des lanières. Le résultat donnait un chausson souple, chaud et confortable.

  Après s’être changée, Ayla passa dans l’abri des chevaux pour les voir et les rassurer, mais elle remarqua une hésitation, une certaine résistance de la part de la jument, lorsqu’elle voulut la caresser.

  — Tu sens le loup, hein, Whinney. Il faudra t’y habituer. Tous les deux ; le loup va vivre avec nous pendant un certain temps.

  Elle tendit les deux mains, laissa les deux bêtes les flairer. Rapide recula, s’ébroua, secoua la tête, revint flairer. Whinney posa le museau entre les mains de la jeune femme, mais elle couchait les oreilles, s’agitait d’un air hésitant.

  — Tu t’es bien habituée à Bébé, Whinney. Tu t’habitueras aussi à... loup. Je l’apporterai ici demain quand il se réveillera. Tu verras comme il est petit et tu comprendras qu’il ne peut pas te faire de mal.

  En rentrant au Foyer du Mammouth, Ayla trouva Jondalar debout près de leur lit. Il regardait le louveteau, et son expression était indéchiffrable. Néanmoins, elle crut lire dans ses yeux de la curiosité et quelque chose qui ressemblait à de la tendresse. Il releva la tête, vit la jeune femme. Son front se plissa en une grimace qui lui était devenue familière.

  — Ayla, pourquoi es-tu restée si longtemps dehors ? demanda-t-il. Tout le monde était sur le point de partir à votre recherche, à toi et à Deegie.

  — Nous n’avions pas eu l’intention de nous attarder, mais quand j’ai vu que la louve noire que j’avais tuée allaitait des petits, je me suis sentie obligée de voir si je pouvais les trouver.

  — Quelle différence cela faisait-il ? Il y a sans cesse des loups qui meurent, Ayla !

  Au début, il avait parlé d’un ton raisonnable, mais la peur qu’il avait éprouvée mettait maintenant dans sa voix une nuance tranchante.

  — C’était stupide de suivre ainsi les traces d’un loup. Si tu étais tombée sur une troupe, ils auraient pu te tuer.

  L’inquiétude avait torturé Jondalar, mais, avec le soulagement, venait l’incertitude, mêlée d’une dose de colère frustrée.

  Ayla explosa.

  — Pour moi, cela faisait une différence, Jondalar. Et je ne suis pas stupide. J’ai chassé des mangeurs de viande avant tout autre animal.

  — Je connais les loups. Si la louve avait fait partie d’une troupe, je n’aurais pas remonté la piste jusqu’à sa tanière. La troupe aurait pris soin de ses petits.

  — Elle était solitaire, soit. Mais pourquoi as-tu passé la journée à la recherche d’un louveteau ?

  Jondalar parlait d’une voix de plus en plus forte. Il libérait son anxiété, sa propre tension, tout en cherchant à convaincre Ayla de ne plus courir de tels risques.

  — Ce louveteau ét
ait tout ce que la mère louve avait jamais possédé. Je ne pouvais pas le laisser mourir de faim après avoir tué sa mère. Si quelqu’un n’avait pas pris soin de moi quand j’étais petite, je serais morte. Je dois, moi aussi, secourir les plus démunis, même un petit loup.

  La jeune femme, elle aussi avait élevé la voix.

  — Ce n’est pas la même chose. Un loup est un animal. Tu devrais avoir assez de bon sens, Ayla, pour ne pas mettre ta vie en danger afin de sauver un louveteau, cria Jondalar.

  Apparemment il était incapable de lui faire entendre raison.

  — Il ne fait pas un temps à rester dehors toute une journée.

  La colère flamba dans les yeux de la jeune femme.

  — J’ai du bon sens, Jondalar. C’était moi qui étais dehors. Crois-tu que je ne sais pas le temps qu’il faisait. Crois-tu que je ne sais pas quand je suis en danger ? Je me tirais d’affaire seule, avant ton arrivée, et j’ai affronté des dangers bien pires. J’ai même pris soin de toi. Je n’ai pas besoin de toi pour me dire que je suis stupide et que je manque de bon sens.

  Les gens rassemblés au Foyer du Mammouth réagissaient à la querelle, souriant nerveusement, cherchant à la minimiser. Jondalar jeta un coup d’œil autour de lui, vit ces sourires, remarqua que certains groupes échangeaient des commentaires. Mais celui qui se distinguait de tous les autres était l’homme à la peau sombre, aux yeux étincelants. Y avait-il une touche de condescendance dans son large sourire ?

  — Tu as raison, Ayla. Tu n’as pas besoin de moi, j’imagine. Pour quoi que ce soit, lança Jondalar.

  Il vit approcher Talut, demanda :

  — Verrais-tu un inconvénient à ce que je m’installe dans le foyer de la cuisine, Talut ? Je m’efforcerai de ne gêner personne.

 

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